LIGHTMAN5
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Vie brisée

Une épreuve qui les avaient tous plongés dans une tristesse infinie et qui avait fait sombrer son ami dans le pire des enfers. Il n’était désormais plus que l'ombre de lui-même. Une partie de lui avait disparu en ce jour funeste où il avait tout perdu.
Cal s'était promis d'être là pour lui... mais sa promesse l'avait rattrapée en songeant à son propre passé. Pourtant, il se devait de le faire à nouveau respirer comme son ami l'avait fait pour lui...

Genre: OS - Amitié - Famille - Hurt/comfort

Note: Nicholas et Louise ne sont pas nés, Cal et Gillian ne sont pas ensemble. Gillian est avec Alec.


C'était un jour originaire. Il faisait ni trop chaud ni trop froid. Un doux soleil s'échappait des nuages éclairant la ville active et ses passants en constant mouvement. Chacun d'eux représentaient une histoire. Un récit différent que le monde rassemblait à celui de l'humanité. Personne ne connaissait son avenir. Pour tous, vivre semblait suffire. Tous pensaient que nous restions la même personne et qu'il nous était impossible de changer parce que tous les jours se suivaient et se ressemblaient tant qu'on avait pas vécu le pire. Une perpétuelle continuité de nos actes qui écrivait à tous notre histoire. Une joie, un rire, une larme, des cris… Des émotions partagées construisant la vie et la fin de toute personne. On ne savait pas ce que demain serait mais on ne préférait pas rester à aujourd'hui. Parce qu'on fond, on était tous les mêmes, partageant les mêmes inquiétudes face à notre avenir et à celles des autres.

Un appel, qui changea son histoire, leur histoire… Ce fut un jeudi. Il se souvenait de ce jour comme si c'était hier. Il se souvenait encore de la brise du vent qui s'était échappé, de sa porte-fenêtre, au moment où son portable s'était mit à raisonner dans son bureau. Il se souvenait d'avoir hésité à répondre alors que la fatigue de la journée passée l'avait totalement consumé. Il se souvenait de chaque mots prononcés par Derek lorsqu'il lui avait appris la nouvelle. Il se souvenait de n'en avoir prononcé aucun… Les émotions qu'il avait ressenti à cet instant: un vide. Pas de colère, ni de tristesse juste le néant. Un sentiment de ne plus être. De son bureau, il avait vu sa collègue entrer. Le sourire au lèvre, Gillian allait lui proposer de boire un café. Il l'avait regardé sans rien dire. Pas un mot, à ce moment précis, n'avait pu sortir de sa bouche. Perdu entre deux mondes, il souhaitait encore la garder dans cette minute d'ignorance et d'inconscience. Elle lui avait demandé ce qu'il n'allait pas. Peut-être avait-il laissé passer une micro-expression qu'elle seule pouvait voir. Il s'était ensuite levé, sans un mot, puis s'était placé devant son corps intrigué. D'un long soupir, il lui avait tout avoué. L'appel, la nouvelle et le reste… Elle s'était effondrée et, lui, il l'avait retenu. Elle avait longuement pleuré dans ses bras, en répétant pourquoi. Il n'avait pas su quoi lui répondre, lui-même ne comprenait pas. Il ne comprendrait jamais. La vie donnait et reprenait, sans qu'on ait à dire quoique ce soit. Ce jour là, tout ce qu'il avait pu faire, s'était d'être là et de la serrer dans ses bras. Ce n'était pas la première fois qu'ils vivaient ce genre de chose, ni la dernière. Mais cette fois-ci, cela sembla différent, c'était une chose qu'il ne pouvait lui arrivé pas à lui. Pas à cet homme qui aimait la vie.
Ils avaient pris le premier avion pour se rendre à l'autre bout du pays. Pendant le voyage, Cal n'avait pas cessé de penser à ce qu'il allait pouvoir lui dire ou faire pour le réconforter. Réconforter, s'était-il répété amèrement. Comment pouvait-on réconforter un homme qui avait tout perdu en un seul jour. Une fois sur place, ils s'étaient rendus chez Derek et Meredith. C'était ici qu'il l'avait placé le temps que la police termine son inspection.
Devant la porte, Cal resta figé sur place. Il hésita à frapper à celle-ci. Il savait que dès qu'il aurait passé le pas de la porte, plus rien ne serait comme avant. Gillian l'avait vu se débattre avec ses pensées puis elle avait glissé sa main dans la sienne en signe de soutient. C'était donc ensemble qu'ils étaient entrés dans la demeure des Shepherd ; les accueillant avec le même désarrois et la même peine qu'ils pouvaient eux-mêmes ressentir. Cal entra dans le salon, et c'est là qu'il le vit. Assit sur le canapé, le regard posé dans le vide sans afficher le moindre tressaillement. Il semblait être parti, loin de tout et de la réalité. Cal n'avait jamais vu cette partie de lui et il n'aurait jamais voulu la connaître. Il n'avait pas pu faire un pas dans sa direction. C'était trop dur. Gillian avait pris les devants et s'était précipitée à ses côtés. Elle l'avait pris dans ses bras et lui avait susurré des mots réconfortants. Il n'avait ni bouger, ni parler. Dans ses yeux, il avait perdu cette lueur qui faisait de lui le rayon de soleil du groupe. Ne pouvant assister à cette scène, Cal s'était détourné puis il s'était enfui…
​
Trois jours plus tard avait eu lieu l'enterrement. Gillian l'avait aidé à mettre son costume. Il s'était laissé faire comme une marionnette. Encore une fois, Cal s'était tenu à l'écart en fumant sa cigarette à l'extérieur. Il ne pouvait pas le regarder et lui dire que tout allait bien se passer. Cela serait un mensonge… Il était son ami et il ne pas pouvait lui mentir.
Une fois prêt, Aaron l'avait aidé à entrer dans sa voiture. Amis et famille s'étaient tous réunis à l'église pour lui offrir une parole de réconfort. L'expert en mensonge avait vu du mépris apparaître sur son visage d'homme inconsolable. Pendant la messe, Gillian avait continué de le soutenir alors que son regard était droit et livide. Il ne faisait que respirer mécaniquement. Parce qu'à l'intérieur, il était mort. Castle et Beckett avaient déclaré un discours fort émouvant pour les deux cercueils au pied du choeur. Cal les avait regardés en songeant que le second était bien trop petit pour la fin de son récit. Beaucoup de larmes avaient été versées, mais lui, il n'avait toujours pas pleuré. Même lors de la mise en terre, il n'avait fait qu'observer. D'un dernier adieu, chaque personne avait jeté une fleur puis l'avait un instant pris dans ses bras. Il n'avait rien dit. Cal s'était mis à sa place un bref instant et il avait pensé à la douleur qu'il pouvait ressentir. Ce sentiment avait été si fort qu'il l'avait refoulé au plus profond de lui. Il n'y avait eu que Gibbs qui avait pu comprendre ce qu'il pouvait ressentir. En effet, c'était le seul à avoir réussi à lui décrocher un regard lorsqu'il lui avait soufflé quelques mots à son oreille. Personne n'avait su ce qu'il lui avait dit et personne n'avait cherché à savoir. Ils partageaient la même peine et c'était déjà bien assez. L'enterrement terminé, Gillian l'avait emmené loin des deux stèles alors que Cal, campant devant elles, avait contracté ses tempes en lisant : Rebecca et Anne-Charlotte — Jane. D'un volte-face, il emprunta le chemin de la sortie en songeant que son meilleur ami avait perdu sa famille et que jamais plus rien ne serait comme avant…

Une semaine après l'enterrement, ils s'étaient tous réunis à la grande maison pour le sentir dans cette terrible épreuve. Un lieu de protection et de second souffle pour tous. Gillian avait eu l'idée d'y emmener leur ami mentaliste pour l'éloigner des médias et de l'horreur de ces images qui avaient envahie son esprit. Là bas, il n'avait toujours pas évoqué le souvenir de ses disparues ou du drame vécu. Assit sur un canapé du salon, il respirait et fixait un point invisible. C'était tout ce qu'il faisait…
Au même instant dans la cuisine, Gillian et Kate discutaient de leur ami meurtri en débarrassant la table sur laquelle ils venaient de déjeuner.
— Il a mangé ? demanda Kate à Gillian qui était revenue avec une assiette remplie de nourriture.
— Non…
— Je n'arrive pas encore à réaliser…
— Personne ne le peut…
— Comment une personne peut faire ça, c'est…
— Il ne faut pas chercher à comprendre, il n'y a pas de réponse. Tout ce qu'on peut faire c'est être là pour lui…
— Il n'a pas parlé de… ça, depuis l'enterrement.
"Ça", c'était le mot qu'ils avaient choisi pour ne pas dire à haute voix le drame qui s'était déroulé. Le fait de le dire en grandissait la réalité. Ils avaient alors implicitement choisi ce terme pour se masquer de toute douleur.
— Cela prend du temps… beaucoup de temps, affirma Gillian en gardant au frais le reste de nourriture non-entamée.
— Mmh… je sais… Quand ma mère est morte j'avais l'impression que tout mon monde s'était écroulé. Alors pour Patrick, je n'ose imaginer…
Les deux jeunes femmes continuèrent de débarrasser la table lorsque Kate demanda :
— Et Cal, il lui a parlé ?
— Non. Je crois qu'il a peur de le faire
— Pourtant c'est son meilleur ami, je crois que ça pourrait lui faire que du bien.
— Patrick était présent, le jour où la mère de Cal s'est suicidée, il l'a vu se transformer au jour le jour… Il a toujours eu cette force d'aider les autres, mais Cal a toujours eu dû mal à faire face à ses propres émotions. Il pense qu'il le blessera encore plus, s'il tentait de l'aider.
— Il a tort. Il devrait le faire.
Un peu plus tard, Cal était revenu de sa balade. Il entrevit le mentaliste léthargique sur le canapé du salon. Il n'avait pas bougé depuis qu'il l'avait quitté. Il hésita encore une fois à aller le voir.
— Tu devrais, lui répondit une voix.
— Que veux-tu que je lui dise, Aaron…
— Rien. Reste avec lui, simplement. Il a besoin de ses amis, de son meilleur ami…
Aaron Hotchner tapa amicalement l'épaule de son ami et s'en alla en laissant Cal seul à ses réflexions. Cal poussa un soupir et entra dans le salon pour s'approcher de Jane. Il émit une petite moue de sa bouche en le regardant. Sans rien dire, il disparut quelques minutes pour revenir avec une fine tasse en porcelaine remplie de thé. Il s'assit sur la table basse puis la tendit au mentaliste. Celui-ci leva son regard et l'aperçut. Une fine fumée s'élevait au-dessus du liquide chaud. D'une main tremblante, il l'attrapa et en but une larme. Il s'agissait, entre eux, d'un message implicite. Cal s'était souvenu du moment où son ami l'avait soutenu lors de la mort de sa mère. À chaque fois qu'il se sentait triste ou désemparé, Patrick était venu lui apporter une tasse de thé. En le regardant boire sa boisson, Cal se jura d'être avec lui jusqu'au bout, comme Patrick l'avait fait dans les moments de sa vie les plus obscurs. Il serait là. Il le promettait.

Deux jours passèrent alors que Jane reprenait des forces. Parfois, il se promenait à l'extérieur avec l'aide de l'un de ses amis. Il ne mangeait toujours pas, mais il buvait encore de son thé. Il n'avait pas encore pleuré ou exprimé sa colère sur les événement passés. Ce qui avait légèrement inquiété Gillian jusqu'au jour où…
Jane était seul dans le salon. Les rayons du soleil percèrent les baies vitrées de la pièce permettant à sa chaleur naturelle de le tenir en alerte. Une légère barbe recouvrait son visage. Celle-ci démontrait sa fatigue de chaque jour. Il se sentait affaibli physiquement et usé mentalement. Son regard se perdit sur la table basse. Sa tasse de thé était vide. Il avait soif. Il cligna des yeux lorsque d'un effort surhumain, il prit la petite chose entre ses main. Dans une autre pièce de la maison, son groupe d'amis tenait une vive discussion de ce qui allait être de son avenir. Tous étaient d'accord pour dire que Patrick ne pouvait plus rester dans cet état et qu'il était impossible pour eux de le surveiller à chaque instant. Alors une seule solution était survenue…
— Non ! Il est hors de question qu'on fasse ça ! objecta vivement Cal.
— Cal… c'est pour son bien, tenta de lui expliquer calmement Gillian.
— Ah oui ?! Parce que le foutre dans un hôpital psychiatrique c'est pour son bien ? Excuse-moi, mais je crois qu'on a pas le même notion de ce qui est bien pour lui ! s'outragea t-il avec des gestes de ses mains.
— Cal, Patrick ne mange plus ! Il ne fait plus rien par lui-même, il… il se laisse presque mourir, répliqua Castle, dépité.
— Je ne le laisserai pas aller là-bas ! Jamais !
— Et qu'est-ce que tu veux faire ? demanda posément James Wilson.
— Je… Je l'emmènerai chez moi et je m'occuperais de lui ! bredouilla t-il, d'une main lasse dans ses cheveux.
— Tu sais que c'est impossible…, souffla Aaron. Tu ne pourras pas tout gérer, tu as ton boulot, ta famille…
— J'y arriverais ! J'suis sûr que lorsqu'il sera avec moi, il ira mieux, il a besoin de voir autre chose… Il ira mieux…
— Il a besoin de plus d'aide, déclara Booth.
— J'EN AI RIEN À FOUTRE ! s'écria t-il, totalement désemparé par toutes ces remarques insensées. Un silence se fit. Tous regardaient l'expert en mensonge prêt à exploser. Il voulait continuer de crier, mais il se ravisa en pensant à son ami, rester là-bas.
— Personne ne l'emmènera là-bas ! Vous ne savez pas ce que c'est !
— Cal, je sais que tu as le souvenir de ta mère mais…, dit Gillian vite coupé par son ami.
— Il a besoin d'un ami pas d'un docteur en blouse blanche lui apportant des pilules pour qu'il perde conscience ! Je refuse qu'il aille là bas, un point c'es tout ! riposta-t-il, d'un geste vif de sa main.
— Si tu dis être son ami, fais ça pour lui. Ce qu'il a vécu dépasse notre amitié et notre solidarité, ajouta David Rossi.
— Il a besoin d'aide Cal. S'il te plait, accepte-le, ajouta Kate.
Contractant ses tempes à vive allure, le concerné regarda part la fenêtre du petit salon le soleil se coucher dans l'horizon. Il savait au fond que ses amis avaient raison mais une partie de lui souhaitait que sa simple présence l'aide à se départir de ses souvenirs. Il baissa sa tête de dépit lorsqu'un bruit l'alerta brusquement.
— C'était quoi ? demanda Penelope inquiète.
Lightman s'était vivement retourné pour sortir précipitamment de la pièce. Ne voyant pas Patrick dans le salon, il s'apprêta à crier son nom. Lorsqu'entendant du bruit dans la cuisine, c'est là qu'il l'aperçut. Debout, tremblant, avec à ses pieds une tasse de thé brisée.
— Je…je voulais prendre du thé…et…la tasse…, bafouilla t-il perdu.
L'expert en mensonge le fixa d'un air stoïque. Ce moment là resta à jamais gravé dans sa mémoire. Le visage du mentaliste s'était décomposé en une tristesse infinie. Ses jambes vacillaient, il était prêt à rejoindre le sol lorsque Cal, plus rapide, s'était précipité sur lui pour le prendre dans ses bras. Il sombra et pleura contre son ami.
— Je suis là…, répéta Cal. Au sol, il le tint contre lui alors que Jane pleura toute sa rage et sa peine.
— Elles sont mortes Cal…
— Je sais…
— C'est ma faute… j'aurais dû…
— Non, ce n'est pas de ta faute… tu n'y es pour rien, c'est un psychopathe.
— Il y avait du sang partout… Je…
— J'suis là, dit-il, en retenant sa tête contre lui.
— Elles sont parties… Charlotte Anne est morte, pleura t-il.
Cal serra son ami encore plus dans ses bras. Il ne pouvait faire que ça, le soutenir. Le corps de Patrick tremblait. Il était épuisé de se battre, il voulait partir, les rejoindre, ne plus vivre… Il ne le méritait pas.
— Ma petite fille est morte… Il a tué ma fille ! sanglota t-il, d'une voix déchirée par la douleur de la réalité.
— J'suis là, j'te lâcherai pas, je te le promet… Je suis là…

En entendant du bruit, le reste du groupe avait suivit et en arrivant, devant la porte de la cuisine, le tableau qu'ils en découvrirent les avaient émut jusqu'au plus profond d'eux même. La vision d'un père détruit dans les bras de son meilleur ami, n'était pas à rester de marbre. Ne pouvant plus se contenir, Kate s'était précipitée sur un canapé pour lâcher toute sa peine. Son compagnon l'avait vu faire et s'était empressé de la réconforter. Horatio s'était approché du couple afin de poser une main réconfortante sur l'épaule de la détective.
Aaron n'avait rien dit alors que Gibbs avait prit Penelope, en pleure, dans ses bras. La blonde n'avait pas cessé de pleurer depuis l'annonce mais elle avait su ravaler ses larmes en la présence du père meurtrie. Ils avaient tous essayé de garder la face mais à la vue de cette scène, c'était trop. Ils devaient lâcher prise, ensemble. Gillian essaya tant qu'elle pu de contrôler ses émotions mais c'était peine perdue. Quittant le groupe, elle s'était réfugiée dans un couloir pour se laisser glisser contre un mur et pleurer son incompréhension. Mac, l'ayant suivit, s'était assit à ses côtés pour l'encercler et la bercer dans ses bras. Ducky s'était laissé aller lorsqu'Abby s'était réfugiée contre lui. House, lui, avait fuit. Il ne pouvait rester. La peine des autres, il ne savait pas la gérer. À l'intérieur de lui, il était effondré mais il ne pouvait pas le montrer. Face aux malheurs de la vie, il s'était blindé une telle carapace, que lui-même ne savait pas s'il pouvait encore pleurer. Wilson savait ce qu'il pouvait ressentir et l'avait donc laissé tranquille. Plus émotif, l'oncologue avait lâché discrètement quelques larmes le long de sa joue. Morgan, incontrôlable, avait fait les cents pas dans une pièce vide pour brusquement crier sa rage. Il était profiler. Il voyait des choses horribles tous les jours mais quand cela touchait une personne qu'on connaissait, le sentiment n'était pas le même. La vision du monde n'était pas la même… Booth et Brenan se réconfortaient mutuellement pendant que David Rossi regarda leur ami pleurer sans discontinuer. Tous pleuraient leur peine parce qu'ils étaient tous les mêmes.

La vague de tristesse passée, Cal avait placé Patrick dans une chambre où il s'était endormit d'épuisement. L'expert en mensonge l'avait veillé, longtemps. Assit à son chevet, il l'avait regardé dormir paisiblement, en songeant qu'il était peut-être mieux dans ses rêves que dans la vie réelle. Comment les choses avaient pu changer si vite, comment la vie pouvait-elle montrer le pire à un homme prouvant chaque jour qu'il la chérissait. Bien sûr, comme tout homme, il n'était pas parfait mais, lui, il méritait le bonheur. Il avait encore le souvenir d'avoir prit Charlotte Anne riant dans ses bras. Cette petite fille aux cheveux d'or qui riait à la vie comme son père à son sourire. Tout ça c'était fini…
Une main chaleureuse se posa sur son épaule, surprit, il tourna sa tête et aperçut Gillian, les yeux légèrement rougis, lui allouant un léger sourire.
— Ça va ? lui murmura t-elle.
— Il dort depuis une heure…
— Tant mieux. Elle observa un instant Patrick dormir lorsqu'elle demanda:—Et toi ?
— Je n'ai pas à me plaindre.
— Cal… tu as le droit de pleurer tu sais…
— Je sais… mais…
Il ne termina pas sa phrase et se passa une main lasse sur le visage.
— Mais ?
— Mais… je dois garder la face comme lui l'a fait pour moi…
Gillian comprit et s'agenouilla au près de lui. Elle posa tendrement sa main sur la sienne et lui dit :
— Cal, Patrick est ton ami. L'un de tes meilleurs amis. Ce qu'il a vécu est inimaginable tout comme le suicide de ta mère.
— Ce n'est pas pareil.
— Tu ne peux pas comparer les souffrances.
— Il a perdu sa femme et sa fille, objecta t-il, d'un regard appuyé. Je… Je ne sais pas dans quel état je serais, si j'avais perdu Em'… Mais je sais qu'il aurait été là, à chaque instant. Je veux être là pour lui.
— Et tu l'es. Mais Patrick a besoin d'aide.
— Je…
— Psychologique, Cal. Il a besoin de se faire aider. Ce traumatisme va le changer et il va devoir vivre avec. Je sais que cela te fait peur, mais c'est la seule solution. Il a besoin de ça pour avancer.
— Je ne veux pas qu'il finisse comme…elle, avoua t-il, d'un soupir.
— Si on est là pour le soutenir, il pourra faire face. On est une famille. On y arrivera, ensemble…
— Mmh…
Pendant plus d'une heure, les deux amis restèrent ensemble à veiller sur leur ami dans le silence de la nuit. Ils ne savaient pas comment demain serait, mais ils savaient qu'ils l'affronteront ensemble.

Quelques jours plus tard, l'état du mentaliste avait empiré. Le choix fatidique de le placer dans un hôpital, pour l'aider dans sa guérison psychique, fut établi. Tous avaient conviés pour que celui-ci se situe à Washington. Pour permettre au plus proche d'entre eux de lui rendre visite, comme Gillian qui venait au moins une fois par jour lui dire bonjour au contraire de Cal qui était venu que pour la première visite. Il lui avait promit d'être là pour lui mais la vision de le voir dans ce genre d'endroit, lui avait fait monter trop de souvenir en lui.

Les premiers jours, le mentaliste était tellement médicamenté que cela avait été impossible de lui parler. Ce qui n'avait pas empêché Gillian de venir le voir pour lui prendre la main et de lui faire partager les derniers événements passés. Les jours suivants, le blond avait reprit une certaine autonomie à l'aide des séances de psychanalyse et des médicaments administrés. Pendant les visites, Gillian lui apportait toujours des sucreries ainsi qu'un jeu de société pour lui faire oublier, juste quelques minutes, le fait d'être coincé entre ces quatre murs. Dans la grande salle, où était installée les malades, Patrick se trouvait toujours à la même place. Dans un fauteuil face à la fenêtre donnant sur la cour et le ciel. Passant la porte de sécurité, la psychologue, le vit au loin, et arbora un sourire pour le motiver.
— Bonjour Patrick, le salua t-elle, en prenant place à ses côtés.
L'homme affaiblit tourna sa tête dans sa direction et esquissa un fin sourire.
— Gillian, souffla t-il.
À la prononciation de son prénom, la jeune femme élargit son sourire en songeant qu'une semaine auparavant, il en aurait été incapable. Elle prit sa main dans la sienne et lui demanda:—Ça va ?
— Cal…
Gillian comprit ce que lui demandait son ami mais elle n'avait pas le coeur de lui dire. Sous son regard insistant, elle lui avoua tristement:—Il n'est pas venu avec moi, aujourd'hui…
Elle aperçut sa déception sur son visage. Une émotion qui lui transperça le coeur et qu'elle dû rapidement effacer pour un sourire déguisé. Face à lui, elle devait rester positive en toute circonstance.
— Regarde, je t'ai apporté des cookies ! Tes préférés, chocolat et amande ! avait-elle argué, en posant l'assiette de biscuit sur la petite table à leur côté.
Il n'avait rien dit, ni esquisser le moindre sourire. Il avait simplement tourné son regard sur la fenêtre et s'était muré à nouveau dans son silence. Gillian savait la raison de ce mutisme, et préférant ne pas le brusquer, elle lui avait caressé sa main en signe de soutient.

Le jour suivant au Lightman Group, Cal était en train de contempler des dossiers en cours dans son bureau. En pleine concentration, il n'avait pas vu la jeune femme qui venait d'entrée jusqu'au moment où il l'entendit proclamer:—Cal, il faut qu'on parle.
Il releva sa tête et distingua le langage du corps déterminé de sa collègue. Il savait ce qu'elle désirait et, d'un bond de sa chaise, il se leva pour rassembler des documents sur sa table de travail.
— On peut parler plus tard, j'dois aller voir Loker pour lui dire de recommencer son dossier ! répliqua t-il, en s'apprêtant à passer devant la jeune femme qui, plus rapide, lui barra la route de son corps.
— Non, maintenant ! exigea t-elle.
— Ce dossier doit être remit au maire demain, donc comme tu vois, c'est important !
— Plus important que ton ami qui attend ta visite ?!
Il l'avait regardé sans rien répliquer. Il savait qu'un jour ou l'autre cela le rattraperait. D'une petite moue de sa bouche, il serra ses dents puis la devança pour sortir de sa pièce de travail.
— Cal ! l'interpella exaspérée en le poursuivant dans les couloirs de leur entreprise.—C'est ton ami! Et il a besoin de toi !
— J'ai du travail ! riposta t-il, de sa démarche active.
— Moi aussi je te signale ! Et je vais le voir tous les jours !
— Parce que tu sais que ton cher mari t'attends à la maison.
Il l'avait blessé, il le savait mais c'était son seulement moyen de s'échapper. Il continua d'avancer bien que la psychologue ne s'arrêta pas dans sa poursuite.
— Ne joue pas à ça avec moi Cal !
— De quoi tu parles ?!
— Je te connais !
— Pas autant que tu ne le penses.
— Me blesser pour échapper à la réalité ne te mènera à rien ! Cette fois-ci, je ne te laisserais pas fuir ! À ma dernière visite Patrick t'a demandé !
— Comment a t-il pu faire ça, il est incapable de parler avec tous les médicaments que ces savants fous lui donne ! ragea t-il, d'un dégout non feint sur le visage.
— Cal, c'était à la première visite ! Il a progressé depuis ! Tu le saurais si tu venais !
— Tu comptes me suivre longtemps parce qu'après je dois aller au toilette et malheureusement je ne crois pas que les talons aiguilles soient autorisés… Quoique Loker…
— Cal ! s'exaspéra t-elle, en l'arrêtant dans sa course à l'aide de sa main. Désormais face à face, elle lui déclara:—Il a besoin de toi !
— La dernière fois que je suis venu, il avait été tellement drogué qu'il ne me voyait même pas ! Alors je crois que ma présence ne lui serait d'aucune utilité ! contra t-il, amèrement.
— Tu as tors !
— C'est vous qui vouliez le foutre là-bas ! Pas moi ! Et voilà le résultat ! Un mort-vivant dans un fauteuil à attendre que le temps passe ! s'exclama t-il, désabusé.
— Il en avait besoin ! Les séances de psychanalyse l'ont aidé !
— Aider à quoi ?! À boire du jus de fruit ! Merci Freud !
— Cal, c'est ton meilleur ami.
— Non ! Cette personne là, n'est pas mon ami ! réfuta t-il, d'un regard noir en la pointant d'un doigt inquisiteur.—Mon ami est mort en même temps que sa femme et sa fille ! Il n'est plus rien ! Je l'ai vu sur son visage ! Le néant !
— Cal…, souffla t-elle attristée.
— Quand on était gosse, on s'était juré de rester ensemble, de se protéger mutuellement, parce qu'il avait toujours été là pour moi, comme un frère ! On a tout vécu ensemble ! Tout ! J'ai toujours su ce qu'il pensait à chaque instant ! Il n'y avait que lui qui me comprenait ! déblatéra t-il avec des gestes de ses mains. Il fit une pause et reprit plus durement:—Et là lorsque je l'ai vu… Il n'était plus qu'une ombre, un vide. J'avais déjà vu cette expression, alors je sais ce qu'il pense… je sais ce qu'il fera lorsqu'il sortira. Et il hors de question que je revive ça.
— Je sais que tu as peur qu'il fasse comme ta mère mais…, argua t-elle alors qu'en posant tendrement sa main sur l'épaule de son ami, celui-ci s'en déroba brusquement.
— Non ! Tais toi ! Ne fais pas ça ! l'arrêta t-il, avec des gestes vifs de ses mains.—Si tu veux jouer les psy' fais le avec Alec pas avec moi ! Vu ce qu'il est, je crois que de nous deux c'est lui qui devrait avoir besoin d'aide ! Alors occupe toi de tes problèmes avant de te mêler des miens !
L'homme jeta un dernier regard noir à la jeune femme avant de lui faire volte-face afin de poursuivre sa marche. Suite à cet échange infructueux, Gillian l'observa s'éloigner en émettant une mine désappointée. Elle avait besoin d'aide. Seule, elle n'arriverait pas à le faire changer d'avis. Elle songea dès lors que le seule moyen de lui faire comprendre que son ami avait besoin de lui, c'était de lui montrer la souffrance qu'il pouvait endurer et l'aide dont il avait besoin pour avancer.
Le lendemain après-midi, Cal se trouvait toujours dans son bureau à travailler sur un dossier. Cloîtré à l'intérieur depuis le début de la journée, il n'avait ni avaler son déjeuner ni bu une seule goutte d'eau pour se désaltérer. La faim et la soit semblait l'avoir quitté. Il ne faisait que travailler de manière acharnée. Sans doute dans le but d'évincer sa culpabilité. Mais alors qu'il ne s'y attendait pas, un homme fit brusquement irruption dans sa salle de travail.
— Gibbs ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? l'interrogea t-il, étonné.
— Il faut qu'on parle, dicta le nouveau venu, d'un air extrêmement décidé.
— Gillian t'a appelé ! s'offusqua t-il, en se levant de son bureau pour se déplacer jusqu'à son ami.
— Assis toi.
— J'ai du travail !
— Assis—toi, lui ordonna t-il une seconde fois, d'un regard appuyé.
L'expert en mensonge soupira et prit abruptement place sur son canapé. Le voyant faire, Gibbs émit un léger rictus en coin alors qu'il s'installa, sur un fauteuil, face à lui.
— Écoute…, débuta son invité.
— Avant que tu ne dises quoique ce soit, rien de ce que tu me diras me fera changer d'avis ! argua Lightman, d'un mouvement de sa main.
L'agent du Ncis le dévisagea, réfléchit aux paroles qu'il allait prononcé et déclara:—Il n'ira pas mieux si tu ne viens pas le voir.
C'était franc et direct mais il savait qu'avec Cal, il ne fallait pas jouer dans la dentelle pour requérir son attention.
— Je…
— Laisse moi terminé, après tu feras ce tu voudras. Je ne te forcerais à rien. Je te dis simplement les choses pour que tu es conscience de ce que cela implique.
Cal massa son front de manière mécanique alors qu'il indiqua, d'un geste lasse de sa main, à son ami de poursuivre sa plaidoirie.
— Ce que peut ressentir Patrick, personne ne peut l'imaginer ou le comprendre, si soi-même on ne l'a pas vécu. Tu peux compatir, mais jamais tu ne comprendras. Comme pour toi et le suicide de ta mère.
— Leroy…
— C'est un fait, on a tous notre vécu et nos blessures. Bien sûr, certaines sont plus importantes que d'autres mais… cela ne veut pas dire qu'elles doivent être mises de côté ou que certaines sont plus faciles à surmonter. Ce que j'essaye de te dire, c'est que Patrick peut réussir à se relever de tout ça, si toi-même tu arrives à surmonter tes propres peurs. Je sais que tu es effrayé à l'idée de voir ce qu'il est devenu, comme tu l'as été en voyant ta mère changer… C'est vrai, il ne sera plus le même qu'avant mais si tu n'es pas là pour lui, maintenant, il ne sera pas demain, non plus.
L'expert en mensonge écouta attentivement la déclaration de Gibbs sans rien dire. Ce dernier aperçut sa réflexion dans ses yeux et pour terminer son argumention, il lâcha un long soupir, en alléguant :
— Quand j'ai perdu ma femme et ma fille, je pensais que je ne pourrais plus jamais vivre sans elles. Ou du moins que je ne le méritai pas… Ma culpabilité ne s'effacera jamais mais, si je décide de continuer de vivre, mes souvenirs avec elles non plus. Il n'arrivera pas à faire face tout seul. Il vient de perdre sa raison de vivre… Si tu ne le soutiens pas dès aujourd'hui, tu le laisses mourir. Je ne dis pas ça pour te faire peur, mais pour te faire comprendre qu'il est dur d'affronter la vie, seul… Et qu'une aide, d'un ami, n'est pas à négliger…
Cal resta muet. Il ne savait pas quoi répondre à vrai dire. Son ami venait de lui faire partager ses pensées et ses sentiments, choses qu'il ne faisait que rarement. Il comprenait ce qu'il lui disait mais cela n'en resta pas moins difficile à assimiler…
Leroy soupira, se leva et déclara:—Il t'a toujours considéré comme un frère. Prouves lui que les liens du sang ne sont qu'une barrière. L'agent lança un dernier regard à l'expert en mensonge puis, d'une main chaleureuse sur son épaule, il l'abandonna à ses pensées. Seul, Cal se leva, fit les cents pas pour brusquement faire valdinguer toutes ses affaires qui se trouvaient sur son bureau. Harassé, il posa ses mains sur ce dernier pour essayer de reprendre son souffle, devenu saccadé, et la maitrise de ses émotions chamboulées. Contractant ses tempes à plusieurs reprises, il ne s'était jamais senti aussi seul de sa vie. Même à la mort de sa mère, il y avait eu des personnes pour le soutenir. Là, le monde continuait de vivre mais lui, se sentait toujours aussi désarçonné face aux événements incontrôlés. La culpabilité le gagnait peu à peu. Il devait faire un choix…
En fin d'après-midi, Gillian était, comme d'habitude, venue rendre visite au mentaliste. Sur place, un médecin était venu lui informé d'une rechute du patient dans la journée. Patrick était donc toujours sous médicament mais il pouvait décemment comprendre tout ce qu'il se passait autour de lui. Prenant place à ses côtés, elle enveloppa sa main de la sienne en lui posant la question habituelle.
— Comment tu vas ?
— Cal.
La jeune femme s'apprêtait à lui donner la même réponse que les précédents jours, mais à la vue de l'expression jovial se dessinant sur son visage, elle ravala ses mots pour suivre son regard. Et c'est là qu'elle le vit. Surprise, elle le regarda s'approcher de leurs personnes avec un léger sourire.
— Alors, on veut commencer à jouer sans moi ? dit-il, d'un regard implicite sur le jeu de dame posé sur la table.
— Cal, souffla Jane, d'un fin sourire.
— Hey ! T'as vu, Gillian te fais des super cookies alors qu'elle n'en fait jamais pour moi ! T'y crois ça ?
Cal tira une chaise autour de la table et prit place sur celle-ci sous le regard souriant de Patrick et rassuré de Gillian.
— J'hallucine, en plus ils sont super bons ! s'offusqua t-il, en mangeant l'un des petits gâteaux proposés.
— Et qu'est-ce que je dois comprendre ? l'interrogea t-elle malicieusement, en comprenant que cette risible discussion n'avait que pour but d'amuser leur ami hospitalisé.
— Que tu as tendance à les faire ressembler à des gâteaux au chocolat !
— T'insinue que je ne sais pas cuisiner ?
— Mmh, ce n'est pas moi qui l'ait dit ! se défendit-il, en positionnant ses deux mains en avants.
— Tu mens Cal !
— Moi, je mens ? Non, mais t'entends ça ? Elle dit que je mens, elle qui déclare n'avoir jamais volé mon pouding dans le frigo ! plaisanta t-il, pour son ami mentaliste.
— Quoi ?! fit-elle faussement vexée.
— Parfaitement ! On sait tous que la voleuse de dessert, c'est toi !
— N'importe quoi… Tu…!
— Bref, ne gaspilles pas ta salive pour une défense aussi vaine ! On l'a fait cette partie ?
— Mouais…, souffla t-elle, en plissant ses yeux de suspicions.
— J'prend les noirs ! Et je vais te mettre la raclé de ta vie !
— Que tu crois !
— On la joue, cow-boy hein…fais gaffe je suis prêt à sortir mon flingue à tout instant ! affirma t-il, d'un haussement subjectif de ses sourcils.
— Cal…, soupira t-elle, en comprenant son allusion.
— Quoi ? fit-il, d'une voix aiguë.
— T'es un vrai gamin.
Les deux collègues rirent de leur joute verbal alors que Gillian commença à mettre le plateau de jeu en place. Jane regarda ses deux amis sans quitter son sourire. Au contact de Cal, il commença à reprendre des forces et il espérait que ses visites continueraient pour avoir l'espérance de quitter cet enfer. Combattre seul ses démons se résumait souvent par un échec mais avec l'aide… d'un frère cela paraissait plus accessible. Les trois amis restèrent plusieurs heures à partager ce moment de rire et de tranquillité. Et les jours suivants furent parfaitement identiques. Lightman avait fait le choix d'être là et à l'encontre de tous ses doutes et de ses peurs, Jane s'était rétabli. Il n'était pas encore prêt à reprendre totalement goût à la vie mais entouré de ses amis, il rapprenait à l'aimer sans oublier… Il ne cachait pas à son entourage sa blessure et sa culpabilité sur ce qu'il s'était passé. La seule chose qu'il gardait au plus profond de lui, c'était son désire de vengeance. Celui de chasser et de trouver l'homme qui avait détruit sa vie. Un désir s'accroissant de jour en jour comme le venin d'un serpent s'infiltrant dans ses veines. Il était prêt à tout pour arriver à son but même à mentir au plus proche de lui.

Plus tard, Jane avait été invité à passer quelques jours à la grande maison et s'était installé sur un fauteuil de la terrasse boisée. D'un air apaisé, il observait le lointain horizon qui s'offrait à lui en profitant simplement de l'instant présent. Dans ce moment de tranquillité, une personne vint le tirer de sa rêverie en lui proposant une tasse de thé.
— Merci Cal, accepta t-il volontiers.
Ce dernier lui sourit puis s'installa à ses côtés avec sa propre tasse de thé. Les deux amis restèrent ainsi à fixer l'horizon avec pour seul bruit celui des oiseaux et du vent. Buvant quelques gorgées de leur boisson, ils ne prononcèrent aucun mot. Le silence n'était pas pesant juste rassurant. Jane se sentait bien, il semblait respirer, enfin…
— J'ai toujours aimé être ici, souffla t-il.
Au moment où il avait prononcé ces mots, Cal ravala sa surprise et lui répondit qu'il partageait cette émotion.
— Ce silence… cet horizon… On a toujours cette impression d'être seul au monde. Son regard se perdait par moment entre le ciel et la terre. Il ne pleurait pas mais ne souriait pas non plus. — Angela aimait beaucoup cet endroit… Elle disait que c'était notre deuxième maison.
— Elle l'est pour tous.
Un nouveau silence se glissa lorsque Patrick demanda : — Cal ?
— Mmh ?
— Merci.
— De quoi ?
— D'être là.
Touché par ces mots, Cal se tût mais offrit un fin sourire en compensation. Ils n'avaient pas besoin de se parler. Ils voyaient déjà leurs pensées. Tout devenait implicite quand on connaissait la définition d'une émotion. Leurs regards se perdirent à nouveau dans la nature lorsque Gillian les interrompit pour leur tenir compagnie.
— Pause thé ? leur demanda t-elle gaiement, en s'installant à leurs pieds.
— Comme tu vois ! répondit Cal, d'un sourire.
— Je peux en avoir ?
— Mmh…nop ! dirent-ils en choeur, en buvant leur boisson.
— Comment ça non ?
— Il y a certaine chose qu'un homme ne partage pas Gillian et le thé en fait partie ! argua Lightman.
— Tout à fait d'accord ! approuva Jane.
— J'hallucine !
— C'est comme si on allait se barbouiller le visage avec ton maquillage ! expliqua son collègue, d'un geste de sa main libre.
— C'est vrai !
— Mouais… vous avez la flemme d'en refaire, conclut la psychologue, d'un rictus en coin.
— C'est une des principales raisons ! avoua l'expert en mensonge.
— Je le savais.
— Bah quoi ?
— Vous êtes irrécupérables ! soupira t-elle.
— Et à jamais, déclarèrent, encore en même temps, les deux hommes en entrechoquant leur tasse. Gillian leva ses yeux au ciel alors que Patrick et Cal rirent de son désabusement.
Le chemin serait long mais ils arriveraient à faire face. Parce qu'ils étaient une famille et qu'ils avaient une nouvelle fois prouvé que les liens du sang n'avaient encore aucune importance, tant qu'ils restaient ensemble.

FIN*
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