CHAPITRE 2 : SOUS HAUTE TENSION
Le jour suivant, la journée au Lightman Group se déroula de manière assez pesante entre: suspect récalcitrant, FBI dans les pattes, pique de colère de Lightman contre ses employés avec Loker comme cible préférée et indifférence totale de son associée. Dans le laboratoire, Eli avait ordre avec Ria d'analyser une vidéo d'un interrogatoire mais la concentration de celui-ci s'était réduite, depuis plusieurs minutes, par la vocifération envers son patron:
— J'en ai vraiment plus qu'assez de sa manière de me traiter !
— Il est dans un mauvais jour…, relativisa la brune appliquée à disséquer méthodiquement des gestes et micro-expressions de leur suspect devant son écran d'ordinateur.
— Ouais bah… dis moi quand il se lèvera du pied droit parce que là j'en ai vraiment marre, il me traite comme si j'étais son souffre douleur !
— Tu le cherches un peu aussi…
— Quoi ?! s'étouffa presque Loker.
— Parce que tu crois que lui dire : vôtre tête ressemble à un paresseux pendu à une branche d'arbre qui aurait fumé un joint est plus convenable qu'un bonjour "monsieur comment allez vous" ?
— Mouais... Eli se gratta mécaniquement sa tête et demanda: — Mais… tu ne trouve pas qu'il est plus à cran que d'habitude ?
— Franchement ? Non.
— Et bah moi je te dis qu'il se passe quelque chose d'étrange et que nos patrons ne veulent rien nous dire…
Ria s'arrêta dans sa tâche pour tourner son regard intrigué sur son ami.
— Comme quoi ?
— Je sais pas, genre on a plus de contrat avec le maire, ou on est désolé mais la boîte va couler donc on va devoir licencier tout le monde... OU pire encore ! Gillian est enceinte de Lightman !
Torres ne put retenir un rire: — Pourquoi cela serait pire ?
— Imagine des minis-Lightman qui courent de partout dans les bureaux ! L'horreur! Rien que de l'imaginer ça me donne le tournis !
— Mais tu sais que tu pourrais aussi leur apprendre des tours ! Comme ça, ils embêterons leur père et toi tu te vengeras s'en qu'il ne soit au courant…
— Aaah ! Oui… je n'y avais jamais songé ! C'est une bonne idée !
L'homme à l'honnêteté radical retourna son attention sur le court métrage lorsqu'il déclara après un battement: — Tu sais si en ce moment Lightman et Gillian ont quelqu'un dans leur vie ?
Ria gloussa et reprit son travail sans pour autant répondre à la question. Du côté de Cal, celui-ci s'apprêta à faire un rapport analytique sur la vidéo qu'il avait décrypté pas plus tard qu'hier pour son ami mentaliste, lorsque son assistante l'interrompit sans qu'il n'ait pu commencer quoique ce soit.
— Dr Lightman ?
— Oui Anna ?
— La réunion budgétaire vient d'être avancée. Elle a lieu maintenant dans la salle de conférence. Le Dr Foster vous attend ainsi que votre équipe.
— Bien… Merci Anna.
Anna acquiesça et s'éclipsa pour vaquer à ses occupations. Sans plus tarder, l'expert en mensonge ferma sa fenêtre de traitement de texte, pour se rendre d'un pas précipité à la salle indiquée par sa réceptionniste. Il entra et découvrit plusieurs de ses employés ainsi que Gillian assis autour de la table. Cette dernière semblait être épuisée, même presque au bord de l'évanouissement alors que sa main, posée contre son front, empêchait sa tête de tomber contre la surface dure de la grande table de conférence. Soudainement, un homme au costume noir, avec un dossier soigneusement ouvert devant lui, s'exclama:
— Dr Lightman, nous n'attendions plus que vous !
— Et vous êtes ? réclama le concerné sans reconnaitre le visage de son interlocuteur. Légèrement surpris, ce dernier se redressa de sa chaise et présenta sa main avec un léger sourire:
— Ladon ! Frederick Ladon.
— Ladon ? C'est bizarre mais ce nom ne met pas inconnu, répondit Cal, en offrant une franche poignée de main à l'homme, dont il n'avait pourtant pas encore le souvenir d'avoir un jour rencontré.
— C'est normal puisque c'est notre principal investisseur…, souffla Gillian, toujours sa tête entre ses mains. Lightman s'installa sur un siège en début de table en proclamant:
— Ah bah oui ça doit être ça... Et bien enchanté !
Ladon hocha sa tête en réponse.
— Oh et sans vous paraître désobligeant qu'est-ce que vous faites ici ?
Gillian ne laissa pas le temps à Ladon de répondre qu'elle déclara en feuilletant un document entre ses mains:
— M. Ladon est venu assister à la réunion pour savoir comment se porte les comptes du Lightman Group !
— Oh…, dit Cal pas très rassuré par cette nouvelle.
— Comme tu dis…
Suite à cet échange, une mine interrogative s'était emparé du visage de Ladon.
— Un problème ? s'inquiéta l'actionnaire.
— Heuu nope ! Tout va bien ! réfuta Lightman avec un grand sourire. — Nous pouvons commencer !
De son naturel professionnel, Gillian exposa, sans langue de bois, les différents problèmes auxquels le Lightman Group était confrontés. La transparence était de rigueur après plusieurs mois de silence. Une heure d'intense écoute plus tard, c'est assez soucieux que Ladon prit enfin la parole en pointant du doigt les statistiques du dossier:
— Je vois que d'après vos derniers chiffres d'affaires vous commencer à être sérieusement en déficit.
— Cela arrive dans toutes les entreprises ! rétorqua Cal d'un geste de la main. — Qui dit baisse dit aussi augmentation !
— Oui mais entre ça, il y a le déficit et pardonnez moi Dr Lightman, en faisant partie de vos actionnaires majoritaires de votre société, il est difficile pour moi d'y mettre de l'argent sans y faire de bénéfice ! J'ai moi aussi une société à faire tournée et des employés à payés.
— Je comprends parfaitement, mais ce n'est qu'une passade, je vous promets que nous allons faire en sorte que votre compte en banque soit remplit de petits George Washington avant la fin du mois.
— Je veux bien vous croire si vous me donnez une solution !
À cette demande, Cal changea brusquement de position dans son fauteuil. Il posa son coude sur la table pour regarder l'homme d'affaire droit dans les yeux et expliquer consciencieusement son point de vue avec un mouvement de sa main: — J'entends vos craintes... mais vous savez autant que moi que notre métier n'est pas commun... Et qu'il est difficile pour nous de trouver de potentiel client. Tout comme il est difficile de les fidéliser !
— Je peux comprendre, mais je ne peux pas non plus investir sans avoir un retour. Si vous n'avez pas de solution, nous sommes dans une impasse... Et je serais contraint de me retirer de notre contrat. Car il est bien stipulé que si votre chiffre d'affaire n'est pas équivalente à celle de la demande, je peux me retirer à tout instant.
— Nous multiplierons les affaires, mêmes les moins importantes, informa Gillian. — Et nous chercherons de nouveaux investisseurs afin de combler le déficit.
Les mains croisées sur la table, Ladon sembla réfléchir à la proposition. Il jeta un oeil à ses collègues attentifs puis se leva en pointant Lightman de son index:
— Je vous donne jusqu'à la fin du mois, après ce délais, je me délègue du contrat.
Cal ne répondit pas mais hocha simplement la tête. L'homme d'affaires acquiesça à son tour et commanda à quelques uns de ses associés de sortir de la salle. La réunion terminée, Cal fusilla Gillian du regard et répéta acerbe:
— Même les enquêtes les moins importantes ? Sérieusement ?!
— Quoi ?! Tu préférais qu'on leur dise : Non on n'a pas de solution à part attendre de nouveaux clients avec de meilleures enquêtes qui ne viendront jamais!
— Ce n'est pas ce que j'ai dit ! s'énerva t-il alors que leurs employés, voyant la dispute arriver, s'étaient vite dissipés pour laisser s'entredéchirés les deux lions en cage. Gillian se leva d'un bond et contra: — Ah ?! Pourtant c'est bien ce que tu as suggéré avec cette question. Elle se sentit vaciller alors qu'elle se rattrapa rapidement en posant ses deux mains sur la table et ferma ses yeux afin de reprendre le contrôle de ses mouvements. Cal ne le remarqua pas et continua dans la même lancée:
— Je dis simplement qu'on mérite mieux qu'une enquête comme qui a volé la tortue de la classe de primaire de Mme Hanson !
— Mais tu sais Cal… comme je te l'ai dit, on est associé donc si tu as une idée, ne te gênes surtout pas à l'appliquer ! Et ne me dis pas le poker, parce que c'est hors de question!
— Pourquoi pas ?! Au moins t'es sûr qu'on aura de l'argent !
— Tu sais très bien pourquoi !
— Rhooo c'est bon Gill', je ne suis plus addict. C'est du passé!
— C'est aussi ce que mon père nous avais dit sur l'alcool… Pourtant, il se bat encore pour ne pas replonger. De toute façon tu y es interdis je te signale !
— Ce n'est qu'une petite formalité...
— Je t'interdis de le faire un point c'est tout ! s'exclama t-elle furibonde. Elle le regarda droit dans les yeux en massant légèrement son front. Elle ne devait surtout pas baisser sa garde et montrer un instant de faiblesse. Stupéfait par sa manière de lui parler, Cal s'empressa de se mettre en face de sa collègue pour lui répondre:
— Et depuis quand tu me donne des ordres ?!
— Depuis que tu ne sais plus te contrôler ! C'est à dire tout le temps !
— Je ne suis pas un gamin à qui on lui dit ce qu'il a faire ou non !
— Franchement, dès fois je me pose la question ! Vu comment tu réagis avec la société en péril !
— Tu veux que je te ramène de l'argent ?! Très bien pas de problème ! Si c'est tout ce qui t'importes ! D'un dernier regard noir, il fit volte face à la psychologue pour s'échapper précipitamment de la pièce.
— Cal ! Ne fais pas ça de manière illégale ! cria t-elle en vain. Cal était déjà loin. Elle désira le poursuivre pour le mettre en garde mais elle s'arrêta en sentant comme un léger vertige. Elle pris l'initiative de se rassoir et de patienter pour que l'effet s'estompe avant de pouvoir repartir travailler.
Le reste de la journée s'écoula rapidement avec des dossiers à traiter, des enquêtes à boucler, frasque de Loker et nouvelle indifférence entre les deux patrons. L'un d'entre eux, bien trop épuisé pour continuer son travail, décida de prendre congé afin de rentrer chez lui et retrouver sa fille. Après une journée comme celle-ci, Cal n'avait qu'une envie, s'écrouler dans son canapé avec une bonne tasse de thé ! Avant ça, il devait passer au bureau de sa collègue pour l'informer que leur ami en commun passait en ville et qu'il souhaitait les voir tous les deux. Vu ce qu'il se passait, c'était mal parti…, songea t-il un peu dépité. Il entra dans le lieu de travail de son associée, occupée à compléter des dossiers. Le visage de la psychologue était marqué par la fatigue…
— Un peu tard pour travailler tu ne crois pas ?
Gillian leva une seconde son regard pour rencontrer celui penaud de Cal.
— Il le faut bien…, souffla t-elle d'un ton neutre. — Vu que chaque dossier fini nous permet de nous éloigner du dépôt de bilan.
— Hmm… Les mains dans ses poches, Lightman s'avança de quelques pas pour s'arrêter juste en face du bureau de la jeune femme. — Patrick m'a appelé cette aprèm'.
— Ah bon ? Il va bien ?
Elle ne releva pas la tête de ses dossiers. Cal n'intercepta pas cela comme une provocation mais plus comme une sorte de punition. Elle savait que l'ignorer était la meilleure manière de le réprimander. Il l'accepta bien que son coeur se serra.
— Je suppose…, souffla t-il avant de reprendre plus fortement: — Il passe à Washington demain et il veut qu'on mange dans un petit resto tous les trois…
C'était une demande implicite pourtant elle ne répondit pas. Un silence s'était glissé entre les deux protagonistes alors que Gillian avait stoppé son travail. Cal s'inquiéta de sa non-réaction et l'interpella par deux fois.
— Gillian ?
— Hin quoi ? dit-elle un peu perdue. — Heu oui excuse moi… Je… je pensais à autre chose...
— J'ai vu ça... Et pour Patrick ?
— Dit lui que c'est bon pour demain. J'essayerais de me libérer pour le déjeuner.
— Ok je lui dirais…
— Bien… bonne soirée Cal.
Cal fronça ses sourcils au ton assez froid qu'elle venait d'usé et soupira à son tour: — Bonsoir…
Il se détourna et se volatilisa. Suite à son départ, Gillian crispa sa mâchoire et sortit son téléphone portable pour chercher le nom d'un correspondant. Elle appuya sur sa fiche de contact, positionna l'appareil au creux de son oreille pour entendre, quelques secondes plus tard, la voix de son interlocuteur.
— Allo James, c'est Gillian, il faut que je te te parle…
À suivre...
— J'en ai vraiment plus qu'assez de sa manière de me traiter !
— Il est dans un mauvais jour…, relativisa la brune appliquée à disséquer méthodiquement des gestes et micro-expressions de leur suspect devant son écran d'ordinateur.
— Ouais bah… dis moi quand il se lèvera du pied droit parce que là j'en ai vraiment marre, il me traite comme si j'étais son souffre douleur !
— Tu le cherches un peu aussi…
— Quoi ?! s'étouffa presque Loker.
— Parce que tu crois que lui dire : vôtre tête ressemble à un paresseux pendu à une branche d'arbre qui aurait fumé un joint est plus convenable qu'un bonjour "monsieur comment allez vous" ?
— Mouais... Eli se gratta mécaniquement sa tête et demanda: — Mais… tu ne trouve pas qu'il est plus à cran que d'habitude ?
— Franchement ? Non.
— Et bah moi je te dis qu'il se passe quelque chose d'étrange et que nos patrons ne veulent rien nous dire…
Ria s'arrêta dans sa tâche pour tourner son regard intrigué sur son ami.
— Comme quoi ?
— Je sais pas, genre on a plus de contrat avec le maire, ou on est désolé mais la boîte va couler donc on va devoir licencier tout le monde... OU pire encore ! Gillian est enceinte de Lightman !
Torres ne put retenir un rire: — Pourquoi cela serait pire ?
— Imagine des minis-Lightman qui courent de partout dans les bureaux ! L'horreur! Rien que de l'imaginer ça me donne le tournis !
— Mais tu sais que tu pourrais aussi leur apprendre des tours ! Comme ça, ils embêterons leur père et toi tu te vengeras s'en qu'il ne soit au courant…
— Aaah ! Oui… je n'y avais jamais songé ! C'est une bonne idée !
L'homme à l'honnêteté radical retourna son attention sur le court métrage lorsqu'il déclara après un battement: — Tu sais si en ce moment Lightman et Gillian ont quelqu'un dans leur vie ?
Ria gloussa et reprit son travail sans pour autant répondre à la question. Du côté de Cal, celui-ci s'apprêta à faire un rapport analytique sur la vidéo qu'il avait décrypté pas plus tard qu'hier pour son ami mentaliste, lorsque son assistante l'interrompit sans qu'il n'ait pu commencer quoique ce soit.
— Dr Lightman ?
— Oui Anna ?
— La réunion budgétaire vient d'être avancée. Elle a lieu maintenant dans la salle de conférence. Le Dr Foster vous attend ainsi que votre équipe.
— Bien… Merci Anna.
Anna acquiesça et s'éclipsa pour vaquer à ses occupations. Sans plus tarder, l'expert en mensonge ferma sa fenêtre de traitement de texte, pour se rendre d'un pas précipité à la salle indiquée par sa réceptionniste. Il entra et découvrit plusieurs de ses employés ainsi que Gillian assis autour de la table. Cette dernière semblait être épuisée, même presque au bord de l'évanouissement alors que sa main, posée contre son front, empêchait sa tête de tomber contre la surface dure de la grande table de conférence. Soudainement, un homme au costume noir, avec un dossier soigneusement ouvert devant lui, s'exclama:
— Dr Lightman, nous n'attendions plus que vous !
— Et vous êtes ? réclama le concerné sans reconnaitre le visage de son interlocuteur. Légèrement surpris, ce dernier se redressa de sa chaise et présenta sa main avec un léger sourire:
— Ladon ! Frederick Ladon.
— Ladon ? C'est bizarre mais ce nom ne met pas inconnu, répondit Cal, en offrant une franche poignée de main à l'homme, dont il n'avait pourtant pas encore le souvenir d'avoir un jour rencontré.
— C'est normal puisque c'est notre principal investisseur…, souffla Gillian, toujours sa tête entre ses mains. Lightman s'installa sur un siège en début de table en proclamant:
— Ah bah oui ça doit être ça... Et bien enchanté !
Ladon hocha sa tête en réponse.
— Oh et sans vous paraître désobligeant qu'est-ce que vous faites ici ?
Gillian ne laissa pas le temps à Ladon de répondre qu'elle déclara en feuilletant un document entre ses mains:
— M. Ladon est venu assister à la réunion pour savoir comment se porte les comptes du Lightman Group !
— Oh…, dit Cal pas très rassuré par cette nouvelle.
— Comme tu dis…
Suite à cet échange, une mine interrogative s'était emparé du visage de Ladon.
— Un problème ? s'inquiéta l'actionnaire.
— Heuu nope ! Tout va bien ! réfuta Lightman avec un grand sourire. — Nous pouvons commencer !
De son naturel professionnel, Gillian exposa, sans langue de bois, les différents problèmes auxquels le Lightman Group était confrontés. La transparence était de rigueur après plusieurs mois de silence. Une heure d'intense écoute plus tard, c'est assez soucieux que Ladon prit enfin la parole en pointant du doigt les statistiques du dossier:
— Je vois que d'après vos derniers chiffres d'affaires vous commencer à être sérieusement en déficit.
— Cela arrive dans toutes les entreprises ! rétorqua Cal d'un geste de la main. — Qui dit baisse dit aussi augmentation !
— Oui mais entre ça, il y a le déficit et pardonnez moi Dr Lightman, en faisant partie de vos actionnaires majoritaires de votre société, il est difficile pour moi d'y mettre de l'argent sans y faire de bénéfice ! J'ai moi aussi une société à faire tournée et des employés à payés.
— Je comprends parfaitement, mais ce n'est qu'une passade, je vous promets que nous allons faire en sorte que votre compte en banque soit remplit de petits George Washington avant la fin du mois.
— Je veux bien vous croire si vous me donnez une solution !
À cette demande, Cal changea brusquement de position dans son fauteuil. Il posa son coude sur la table pour regarder l'homme d'affaire droit dans les yeux et expliquer consciencieusement son point de vue avec un mouvement de sa main: — J'entends vos craintes... mais vous savez autant que moi que notre métier n'est pas commun... Et qu'il est difficile pour nous de trouver de potentiel client. Tout comme il est difficile de les fidéliser !
— Je peux comprendre, mais je ne peux pas non plus investir sans avoir un retour. Si vous n'avez pas de solution, nous sommes dans une impasse... Et je serais contraint de me retirer de notre contrat. Car il est bien stipulé que si votre chiffre d'affaire n'est pas équivalente à celle de la demande, je peux me retirer à tout instant.
— Nous multiplierons les affaires, mêmes les moins importantes, informa Gillian. — Et nous chercherons de nouveaux investisseurs afin de combler le déficit.
Les mains croisées sur la table, Ladon sembla réfléchir à la proposition. Il jeta un oeil à ses collègues attentifs puis se leva en pointant Lightman de son index:
— Je vous donne jusqu'à la fin du mois, après ce délais, je me délègue du contrat.
Cal ne répondit pas mais hocha simplement la tête. L'homme d'affaires acquiesça à son tour et commanda à quelques uns de ses associés de sortir de la salle. La réunion terminée, Cal fusilla Gillian du regard et répéta acerbe:
— Même les enquêtes les moins importantes ? Sérieusement ?!
— Quoi ?! Tu préférais qu'on leur dise : Non on n'a pas de solution à part attendre de nouveaux clients avec de meilleures enquêtes qui ne viendront jamais!
— Ce n'est pas ce que j'ai dit ! s'énerva t-il alors que leurs employés, voyant la dispute arriver, s'étaient vite dissipés pour laisser s'entredéchirés les deux lions en cage. Gillian se leva d'un bond et contra: — Ah ?! Pourtant c'est bien ce que tu as suggéré avec cette question. Elle se sentit vaciller alors qu'elle se rattrapa rapidement en posant ses deux mains sur la table et ferma ses yeux afin de reprendre le contrôle de ses mouvements. Cal ne le remarqua pas et continua dans la même lancée:
— Je dis simplement qu'on mérite mieux qu'une enquête comme qui a volé la tortue de la classe de primaire de Mme Hanson !
— Mais tu sais Cal… comme je te l'ai dit, on est associé donc si tu as une idée, ne te gênes surtout pas à l'appliquer ! Et ne me dis pas le poker, parce que c'est hors de question!
— Pourquoi pas ?! Au moins t'es sûr qu'on aura de l'argent !
— Tu sais très bien pourquoi !
— Rhooo c'est bon Gill', je ne suis plus addict. C'est du passé!
— C'est aussi ce que mon père nous avais dit sur l'alcool… Pourtant, il se bat encore pour ne pas replonger. De toute façon tu y es interdis je te signale !
— Ce n'est qu'une petite formalité...
— Je t'interdis de le faire un point c'est tout ! s'exclama t-elle furibonde. Elle le regarda droit dans les yeux en massant légèrement son front. Elle ne devait surtout pas baisser sa garde et montrer un instant de faiblesse. Stupéfait par sa manière de lui parler, Cal s'empressa de se mettre en face de sa collègue pour lui répondre:
— Et depuis quand tu me donne des ordres ?!
— Depuis que tu ne sais plus te contrôler ! C'est à dire tout le temps !
— Je ne suis pas un gamin à qui on lui dit ce qu'il a faire ou non !
— Franchement, dès fois je me pose la question ! Vu comment tu réagis avec la société en péril !
— Tu veux que je te ramène de l'argent ?! Très bien pas de problème ! Si c'est tout ce qui t'importes ! D'un dernier regard noir, il fit volte face à la psychologue pour s'échapper précipitamment de la pièce.
— Cal ! Ne fais pas ça de manière illégale ! cria t-elle en vain. Cal était déjà loin. Elle désira le poursuivre pour le mettre en garde mais elle s'arrêta en sentant comme un léger vertige. Elle pris l'initiative de se rassoir et de patienter pour que l'effet s'estompe avant de pouvoir repartir travailler.
Le reste de la journée s'écoula rapidement avec des dossiers à traiter, des enquêtes à boucler, frasque de Loker et nouvelle indifférence entre les deux patrons. L'un d'entre eux, bien trop épuisé pour continuer son travail, décida de prendre congé afin de rentrer chez lui et retrouver sa fille. Après une journée comme celle-ci, Cal n'avait qu'une envie, s'écrouler dans son canapé avec une bonne tasse de thé ! Avant ça, il devait passer au bureau de sa collègue pour l'informer que leur ami en commun passait en ville et qu'il souhaitait les voir tous les deux. Vu ce qu'il se passait, c'était mal parti…, songea t-il un peu dépité. Il entra dans le lieu de travail de son associée, occupée à compléter des dossiers. Le visage de la psychologue était marqué par la fatigue…
— Un peu tard pour travailler tu ne crois pas ?
Gillian leva une seconde son regard pour rencontrer celui penaud de Cal.
— Il le faut bien…, souffla t-elle d'un ton neutre. — Vu que chaque dossier fini nous permet de nous éloigner du dépôt de bilan.
— Hmm… Les mains dans ses poches, Lightman s'avança de quelques pas pour s'arrêter juste en face du bureau de la jeune femme. — Patrick m'a appelé cette aprèm'.
— Ah bon ? Il va bien ?
Elle ne releva pas la tête de ses dossiers. Cal n'intercepta pas cela comme une provocation mais plus comme une sorte de punition. Elle savait que l'ignorer était la meilleure manière de le réprimander. Il l'accepta bien que son coeur se serra.
— Je suppose…, souffla t-il avant de reprendre plus fortement: — Il passe à Washington demain et il veut qu'on mange dans un petit resto tous les trois…
C'était une demande implicite pourtant elle ne répondit pas. Un silence s'était glissé entre les deux protagonistes alors que Gillian avait stoppé son travail. Cal s'inquiéta de sa non-réaction et l'interpella par deux fois.
— Gillian ?
— Hin quoi ? dit-elle un peu perdue. — Heu oui excuse moi… Je… je pensais à autre chose...
— J'ai vu ça... Et pour Patrick ?
— Dit lui que c'est bon pour demain. J'essayerais de me libérer pour le déjeuner.
— Ok je lui dirais…
— Bien… bonne soirée Cal.
Cal fronça ses sourcils au ton assez froid qu'elle venait d'usé et soupira à son tour: — Bonsoir…
Il se détourna et se volatilisa. Suite à son départ, Gillian crispa sa mâchoire et sortit son téléphone portable pour chercher le nom d'un correspondant. Elle appuya sur sa fiche de contact, positionna l'appareil au creux de son oreille pour entendre, quelques secondes plus tard, la voix de son interlocuteur.
— Allo James, c'est Gillian, il faut que je te te parle…
À suivre...