CHAPITRE 1 : PETITS PROBLÈMES
C'est pas vrai ! Encore une nouvelle dispute avec Gillian. À force, il ne les comptait même plus... Toutes tournaient, ou presque, sur la manière de gérer le Lightman Group. Entre crise budgétaire et degrés de responsabilité, rien ne semblait vouloir rallier les deux collègues sur le même plan. Chacun bataillant avec un point de vue différent et interprétant de leur côté les principales priorités à résoudre. Évidement ce genre de désaccord, en tant qu'associés d'une telle société, n'était pas surprenante dans la mesure où elles restaient rares. Malheureusement, celles-ci rythmaient désormais leur quotidien avec l'obscur sentiment que le reste de leur vie personnelle venait d'être placée entre parenthèses…
Totalement harassé, Cal s'était réfugié dans son bureau pour s'écrouler lourdement dans son canapé. Il n'en pouvait plus. Toutes ces disputes allaient finir par le tuer. La tête renversée contre le dossier, il resta, pendant plusieurs minutes, hypnotisé par la vue de son plafond immaculé. Un rien qui aida son esprit à vagabonder dans un lointain vaporeux instant de détente. Il s'apprêta même à soupirer d'aise lorsque des coups frappés, contre sa porte fermée, le ramena à la dure réalité. Le mot tranquillité n'existait pas dans cette société. Les coups étaient devenus plus insistant. Cal, agacé contre l'importun, vociféra:
— Quoi encore ?!
— Excusez moi Dr Lightman, mais c'est Ria !
— Et ?!
— Heu bah... est-ce que je peux rentrer ?
— Si j'vous dis non vous allez quand même le faire…, marmonna t-il pour lui même. D'un long soupir, il se leva et marcha activement à sa porte pour l'ouvrir avec un air des plus blasé. À l'encadrement, Ria l'attendait avec un dossier à la main. Elle observa le visage épuisé de son patron qui s'impatienta de son inaction.
— Qu'est-ce que vous voulez ?
— Heu…C'était pour vous donner le dossier Brooks que vous m'aviez demandé.
— Ah oui c'est vrai... Il arracha le document des mains de la jeune femme, le feuilleta avec rapidité puis s'immobilisa comme resentant une gène subite. Il releva son regard et remarqua que la brune n'était toujours pas parti. — Vous comptez rester ici ou vous allez retourner bosser ?!
— Heu… Je… La brune le regarda de manière circonspecte puis, sans un mot, repartie à ses précédentes activités. Enfin seul, Cal claqua sa porte en rageant:
— Dès fois je me demande vraiment pourquoi je les paye…
Tout d'un coup, un mal de crâne prodigieux s'empara de son esprit. Il rejoignit son bureau pour y jeter lourdement son dossier puis se passa une main lasse sur son visage. Il voulut se servir un bon verre d'alcool comme antidote à sa douleur, mais il se ravisa à cette idée lorsque son portable vibra dans sa poche de jean. Il vérifia le nom de son correspondant s'affichant sur l'écran et accepta l'appel de sa petite moue habituelle.
— Qu'est-ce que tu veux Patrick ? lâcha t-il un peu épuisé, suite à la journée qu'il venait de passer. Pas qu'il n'aimait pas recevoir des appels du consultant, mais à vrai dire l'instant ne s'y prêtait guère. En fait… avec lui cela n'avait jamais été le "bon" moment. Mais… existait-il réellement ?
— Et ben ! Sympa comme bonjour pour un ami ! rétorqua le mentalist à l'autre bout du fil.
— Excuse moi, c'est juste que... Cal posa une main sur son front, ferma ses yeux puis souffla:—Non rien, laisse tomber…
— Une dispute avec Gillian ? proposa le blond, comme si cela pouvait être la seule réponse évidente.
— Entre autre...
— Si je peux te donner un conseil…
— Franchement ? Je ne pense pas que cela soit une très bonne idée...
— Haha très drôle Cal... Non sérieusement, d'après mon expérience avec les femmes, enfin surtout avec Lisbon ! J'ai appris qu'il fallait toujours se ranger de leur côté ou sinon tu finiras en hachis avant la fin de la semaine !
— Mouais… Et sinon pourquoi tu m'appelais ?
— Je n'ai pas le droit de prendre des nouvelles de l'un de mes meilleurs ami sans arrière pensée ?
Le mal de crâne de Cal s'intensifia.
— Patrick…
— Okaaay… Je voulais savoir si tu pouvais analyser une vidéo d'un suspect pour moi ?
— Envoi là et je verrais ce que je peux faire...
— Merci ! Et je voulais te demander, ça va toi en ce moment ?
— J'vais bien.
— À ta voix, tu me sembles pourtant fatigué…
Le regard de Cal se perdit un instant sur une photo de lui et de Gillian, enlacés et souriants à l'objectif, puis répondit de manière évasive:
— Il y a pas mal de boulot au bureau…
— Hmm…, fit Jane assez dubitatif quant à sa réponse. Le blond savait parfaitement que son ami lui cachait quelque chose, mais décida de passer à outre en sachant qu'il n'obtiendrait rien de lui aujourd'hui. Il fallait savoir être patient et méthodique. — Oh et je pensais bientôt venir à Washington. Je dois aller voir Gibbs pour mon enquête sur un marines transformer en glaçon. Je me suis dit que je pourrais passer te voir toi et Gill', ça serait sympa non ?
— Heu… oui si tu veux. Enfin si elle ne m'a pas découpé avant la fin de la semaine !
Patrick ria puis répondit:--Fais comme je te l'ai dit et tout se passera bien !
— Mmh…
— Au pire, tu lui offres des chocolats !
— Pourquoi des chocolats ?
Dans l'attente de sa réponse, Cal entendit du bruit provenant de l'entrée. Il pivota et aperçut la tête de sa fille unique, Emily, dépasser par l'entrebâillement de sa porte. Par un signe de la main, il indiqua à l'adolescente de le rejoindre. Elle s'avança jusqu'à lui avec un léger sourire.
— Ça procure de l'endorphine ! expliqua Jane avec sérieux. Et donc son cerveau sera plus apaisé et donc tu ne seras pas transformé en hachis ! Tu sais cause, conséquence...
— Je vois, bon faut que j'te laisse Patrick…
— Non mais atte…
L'expert en mensonge, n'avait pas attendu la fin de l'explication, qu'il avait déjà pris l'initiative de couper court à cette absurde conversation. Son portable rangé, il croisa ses bras contre son corps pour s'appuyer contre le rebord de sa table et fixer sa fille d'un air interrogatif.
— Comment va Patrick ? l'interrogea joyeusement Emily. D'un effet miroir, elle adopta la même posture que son père mais avec le sourire en plus.
— Bien ! Enfin je suppose... J'avoue que je n'ai pas vraiment demandé...
La jeune fille gloussa et songea que ces deux là ne changeraient jamais. Le feu et la glace… C'était surement ce qui faisait durer leur amitié depuis toutes ces années. Le père pencha sa tête sur le côté et demanda légèrement suspicieux:
— Alors ?
— Alors quoi ? riposta t-elle.
— Et bien que me vaux l'honneur de ta visite ?
— Je suis ta fille, ça ne te suffit pas ?
— Si bien sûr… Le père attira sa fille dans ses bras en lui offrant un tendre baiser dans ses longs cheveux châtain. Emily profita une courte seconde de ce câlin improvisé avant de quémander d'un ton feignant l'innocence:
— Et en tant que ta fille préférée... j'aimerais un peu d'argent pour aller au cinéma avec Katie...
Cal leva ses yeux au ciel et soupira:—Ça m'étonnait aussi... Il s'écarta légèrement de sa fille pour récupérer, dans la poche arrière de son jean, son portefeuille cuivré. Il extirpa quelques billets et les donna à la jeune fille qui afficha un sourire des plus éblouissant. Il ne pouvait rien lui refuser. Excepter de grandir trop vite, la hantise de tous les pères.
— Merci mon papa préféré !
En remerciement, elle embrassa tendrement son père qui répondit : — Aaah tu sais que je ne peux pas te résister…
— Dommage que cela ne marche pas pour moi ! s'éleva une autre voix féminine.
— Bonjour Gillian ! s'exclama joyeusement Emily, en regardant la femme en question venir dans leur direction.
— Bonjour Emily, répondit Gillian, avec un sourire qu'elle effaça juste après avoir posé son regard sur son collègue et ami expert en mensonge. — Cal, on pourrait finir la discussion que nous avions entamé il y a quelques minutes de cela, s'il te plait.
— Je la croyais terminée, rétorqua t-il, en maintenant le regard sombre de la psychologue.
— Non, car comme tu peux le constater, tu as semble t-il disparu en plein milieu de la conversation. Et comme tu le sais, il est assez difficile d'en avoir une toute seule !
— Ah ? Pourtant j'ai bien vu Loker parler avec lui même il y a deux jours de ça. Il avait d'ailleurs eu un monologue très intéressant sur les bonbons en ours colorés…
— Cal ! le rappela t-elle sèchement à l'ordre. Emily observa l'échange électrique entre les deux adultes et comprit qu'une autre dispute n'allait pas tarder à éclater. Afin de ne pas être victime d'une balle perdue, elle proclama avec rapidité:
— Bon bah je vous laisse ! Je vais traîner avec Katie au centre commercial avant d'aller au cinéma.
À deux pas de la sortie, elle entendit son père ordonner avec autorité:
— 20h !
La jeune fille comprit qu'il venait de lui donné l'heure limite de son couvre feu, et rétorqua exaspérée:
— Mais papa ! On est vendredi soir et demain c'est le week-end !
— Ne discute pas Em' !
Suite à cette réponse ferme et définitive, il l'entendit marmonner une phrase incompréhensible, bien qu'il pu distinguer quelques mots tel que: université, partir, tranquillité. La jeune fille parti, Cal et Gillian se dévisagèrent sombrement quand celle-ci exigea sévèrement:
— Je t'écoute !
— Aujourd'hui, j'ai découvert qu'ils avaient mis de nouveaux sachets de thé dans la salle de restauration!
— Bon sang Cal ! Arrête de faire le pitre ! Je suis sérieuse !
— Mais moi aussi !
— Je te signale qu'on vient de payer une énorme caution pour te sortir de prison alors qu'on croule déjà sous les dettes ! Il n'y a vraiment pas de quoi rire !
— Rhooo c'est bon Gill... On va trouver de nouvelles enquêtes et tout reprendra normalement !
Il se détourna et s'installa abruptement derrière son bureau afin d'étaler ses jambes de tout son long. Une attitude nonchalante et provocatrice qui augmenta d'un cran la rage de son interlocutrice.
— Ah oui ?! Tu as de nouvelles enquêtes en vu toi ?! Parce que qui dit enquête, dit clients ! Et là je dois dire qu'il n'y a pas foule devant les portes !
— C'est l'hiver c'est pour ça...
La psychologue fit abstraction de la piètre manière humoristique de son ami pour se dérober, encore une fois, de la réalité et poursuivit : — Pour couronner le tout on ne travaille plus avec le FBI. Ce qui veut dire que nous ne sommes plus prioritaire sur les enquêtes d'homicides ! Et pendant qu'on cherche à remettre le bateau à flot le Groupe Rader est entrain de tout rafler. Cal garda le silence. S'il pensait que cela allait l'arrêter, c'était mal la connaitre. Gillian le foudroya du regard alors qu'elle répliqua : — Alors ?! Quelle est ta brillante proposition pour nous trouver de nouveaux clients ?
— J'sais pas, on verra plus tard…
— Plus tard ?! Tu te moques de moi j'espère ! Si on agit pas maintenant, tu peux être sûr que d'ici deux mois il n'y aura plus que le mot "Lightman" pour le nom de ton entreprise !
Il croisa ses mains sur son ventre en soupirant: — C'est bon honey calme toi…
Elle n'en croyait pas ses oreilles ! Comment pouvait-il oser balayer ses réflexions, faire comme si rien n'avait d'importance. Il restait complètement léthargique à toutes les sonnettes d'alarmes qu'elle lui envoyait depuis plusieurs semaines.
— Attends, c'est toi qui me demande de me calmer ?! s'agaça t-elle, en le pointant d'un doigt inquisiteur. — Alors que je viens de te chercher au poste, parce que monsieur n'a pas su se contrôler ?!
— Tu sais très bien que j'avais eu raison de le frapper ! Ce mec a fait dû harcèlement sexuelle à presque dix filles, dont l'une d'elles a fait une tentative de suicide !
— On est psychologue ! Tu devais te contrôler !
— D'abord je ne suis pas "psy", j'ai juste le diplôme et deuxièmement… Il s'arrêta, sembla chercher ses mots, puis conclut : — J'ai eu raison c'est tout !
— Ben voyons… Tu sais quoi Cal... La jeune femme se massa instant les tempes de son crâne devenu douloureux.
— J'en ai plus que marre de me battre avec toi. J'en peux plus, j'en ai plus la force... Si tu ne veux pas m'aider, tant pis l'entreprise coulera. Mais il est hors de question que je m'occupe de ça toute seule. Je te rappelle qu'on est associé donc soit tu le fais avec moi ou sans, mais je ne le ferais pas seule !
L'expert en mensonge ne dit mot. La psychologue venait de remporter une bataille. Elle jeta un dernier regard à son ami puis quitta la pièce. Seul, Cal activa énervé son ordinateur pour se plonger à corps perdu dans le document que Jane lui avait envoyé. S'occuper pour ne pas penser était devenu son maitre mot…
À suivre...
Totalement harassé, Cal s'était réfugié dans son bureau pour s'écrouler lourdement dans son canapé. Il n'en pouvait plus. Toutes ces disputes allaient finir par le tuer. La tête renversée contre le dossier, il resta, pendant plusieurs minutes, hypnotisé par la vue de son plafond immaculé. Un rien qui aida son esprit à vagabonder dans un lointain vaporeux instant de détente. Il s'apprêta même à soupirer d'aise lorsque des coups frappés, contre sa porte fermée, le ramena à la dure réalité. Le mot tranquillité n'existait pas dans cette société. Les coups étaient devenus plus insistant. Cal, agacé contre l'importun, vociféra:
— Quoi encore ?!
— Excusez moi Dr Lightman, mais c'est Ria !
— Et ?!
— Heu bah... est-ce que je peux rentrer ?
— Si j'vous dis non vous allez quand même le faire…, marmonna t-il pour lui même. D'un long soupir, il se leva et marcha activement à sa porte pour l'ouvrir avec un air des plus blasé. À l'encadrement, Ria l'attendait avec un dossier à la main. Elle observa le visage épuisé de son patron qui s'impatienta de son inaction.
— Qu'est-ce que vous voulez ?
— Heu…C'était pour vous donner le dossier Brooks que vous m'aviez demandé.
— Ah oui c'est vrai... Il arracha le document des mains de la jeune femme, le feuilleta avec rapidité puis s'immobilisa comme resentant une gène subite. Il releva son regard et remarqua que la brune n'était toujours pas parti. — Vous comptez rester ici ou vous allez retourner bosser ?!
— Heu… Je… La brune le regarda de manière circonspecte puis, sans un mot, repartie à ses précédentes activités. Enfin seul, Cal claqua sa porte en rageant:
— Dès fois je me demande vraiment pourquoi je les paye…
Tout d'un coup, un mal de crâne prodigieux s'empara de son esprit. Il rejoignit son bureau pour y jeter lourdement son dossier puis se passa une main lasse sur son visage. Il voulut se servir un bon verre d'alcool comme antidote à sa douleur, mais il se ravisa à cette idée lorsque son portable vibra dans sa poche de jean. Il vérifia le nom de son correspondant s'affichant sur l'écran et accepta l'appel de sa petite moue habituelle.
— Qu'est-ce que tu veux Patrick ? lâcha t-il un peu épuisé, suite à la journée qu'il venait de passer. Pas qu'il n'aimait pas recevoir des appels du consultant, mais à vrai dire l'instant ne s'y prêtait guère. En fait… avec lui cela n'avait jamais été le "bon" moment. Mais… existait-il réellement ?
— Et ben ! Sympa comme bonjour pour un ami ! rétorqua le mentalist à l'autre bout du fil.
— Excuse moi, c'est juste que... Cal posa une main sur son front, ferma ses yeux puis souffla:—Non rien, laisse tomber…
— Une dispute avec Gillian ? proposa le blond, comme si cela pouvait être la seule réponse évidente.
— Entre autre...
— Si je peux te donner un conseil…
— Franchement ? Je ne pense pas que cela soit une très bonne idée...
— Haha très drôle Cal... Non sérieusement, d'après mon expérience avec les femmes, enfin surtout avec Lisbon ! J'ai appris qu'il fallait toujours se ranger de leur côté ou sinon tu finiras en hachis avant la fin de la semaine !
— Mouais… Et sinon pourquoi tu m'appelais ?
— Je n'ai pas le droit de prendre des nouvelles de l'un de mes meilleurs ami sans arrière pensée ?
Le mal de crâne de Cal s'intensifia.
— Patrick…
— Okaaay… Je voulais savoir si tu pouvais analyser une vidéo d'un suspect pour moi ?
— Envoi là et je verrais ce que je peux faire...
— Merci ! Et je voulais te demander, ça va toi en ce moment ?
— J'vais bien.
— À ta voix, tu me sembles pourtant fatigué…
Le regard de Cal se perdit un instant sur une photo de lui et de Gillian, enlacés et souriants à l'objectif, puis répondit de manière évasive:
— Il y a pas mal de boulot au bureau…
— Hmm…, fit Jane assez dubitatif quant à sa réponse. Le blond savait parfaitement que son ami lui cachait quelque chose, mais décida de passer à outre en sachant qu'il n'obtiendrait rien de lui aujourd'hui. Il fallait savoir être patient et méthodique. — Oh et je pensais bientôt venir à Washington. Je dois aller voir Gibbs pour mon enquête sur un marines transformer en glaçon. Je me suis dit que je pourrais passer te voir toi et Gill', ça serait sympa non ?
— Heu… oui si tu veux. Enfin si elle ne m'a pas découpé avant la fin de la semaine !
Patrick ria puis répondit:--Fais comme je te l'ai dit et tout se passera bien !
— Mmh…
— Au pire, tu lui offres des chocolats !
— Pourquoi des chocolats ?
Dans l'attente de sa réponse, Cal entendit du bruit provenant de l'entrée. Il pivota et aperçut la tête de sa fille unique, Emily, dépasser par l'entrebâillement de sa porte. Par un signe de la main, il indiqua à l'adolescente de le rejoindre. Elle s'avança jusqu'à lui avec un léger sourire.
— Ça procure de l'endorphine ! expliqua Jane avec sérieux. Et donc son cerveau sera plus apaisé et donc tu ne seras pas transformé en hachis ! Tu sais cause, conséquence...
— Je vois, bon faut que j'te laisse Patrick…
— Non mais atte…
L'expert en mensonge, n'avait pas attendu la fin de l'explication, qu'il avait déjà pris l'initiative de couper court à cette absurde conversation. Son portable rangé, il croisa ses bras contre son corps pour s'appuyer contre le rebord de sa table et fixer sa fille d'un air interrogatif.
— Comment va Patrick ? l'interrogea joyeusement Emily. D'un effet miroir, elle adopta la même posture que son père mais avec le sourire en plus.
— Bien ! Enfin je suppose... J'avoue que je n'ai pas vraiment demandé...
La jeune fille gloussa et songea que ces deux là ne changeraient jamais. Le feu et la glace… C'était surement ce qui faisait durer leur amitié depuis toutes ces années. Le père pencha sa tête sur le côté et demanda légèrement suspicieux:
— Alors ?
— Alors quoi ? riposta t-elle.
— Et bien que me vaux l'honneur de ta visite ?
— Je suis ta fille, ça ne te suffit pas ?
— Si bien sûr… Le père attira sa fille dans ses bras en lui offrant un tendre baiser dans ses longs cheveux châtain. Emily profita une courte seconde de ce câlin improvisé avant de quémander d'un ton feignant l'innocence:
— Et en tant que ta fille préférée... j'aimerais un peu d'argent pour aller au cinéma avec Katie...
Cal leva ses yeux au ciel et soupira:—Ça m'étonnait aussi... Il s'écarta légèrement de sa fille pour récupérer, dans la poche arrière de son jean, son portefeuille cuivré. Il extirpa quelques billets et les donna à la jeune fille qui afficha un sourire des plus éblouissant. Il ne pouvait rien lui refuser. Excepter de grandir trop vite, la hantise de tous les pères.
— Merci mon papa préféré !
En remerciement, elle embrassa tendrement son père qui répondit : — Aaah tu sais que je ne peux pas te résister…
— Dommage que cela ne marche pas pour moi ! s'éleva une autre voix féminine.
— Bonjour Gillian ! s'exclama joyeusement Emily, en regardant la femme en question venir dans leur direction.
— Bonjour Emily, répondit Gillian, avec un sourire qu'elle effaça juste après avoir posé son regard sur son collègue et ami expert en mensonge. — Cal, on pourrait finir la discussion que nous avions entamé il y a quelques minutes de cela, s'il te plait.
— Je la croyais terminée, rétorqua t-il, en maintenant le regard sombre de la psychologue.
— Non, car comme tu peux le constater, tu as semble t-il disparu en plein milieu de la conversation. Et comme tu le sais, il est assez difficile d'en avoir une toute seule !
— Ah ? Pourtant j'ai bien vu Loker parler avec lui même il y a deux jours de ça. Il avait d'ailleurs eu un monologue très intéressant sur les bonbons en ours colorés…
— Cal ! le rappela t-elle sèchement à l'ordre. Emily observa l'échange électrique entre les deux adultes et comprit qu'une autre dispute n'allait pas tarder à éclater. Afin de ne pas être victime d'une balle perdue, elle proclama avec rapidité:
— Bon bah je vous laisse ! Je vais traîner avec Katie au centre commercial avant d'aller au cinéma.
À deux pas de la sortie, elle entendit son père ordonner avec autorité:
— 20h !
La jeune fille comprit qu'il venait de lui donné l'heure limite de son couvre feu, et rétorqua exaspérée:
— Mais papa ! On est vendredi soir et demain c'est le week-end !
— Ne discute pas Em' !
Suite à cette réponse ferme et définitive, il l'entendit marmonner une phrase incompréhensible, bien qu'il pu distinguer quelques mots tel que: université, partir, tranquillité. La jeune fille parti, Cal et Gillian se dévisagèrent sombrement quand celle-ci exigea sévèrement:
— Je t'écoute !
— Aujourd'hui, j'ai découvert qu'ils avaient mis de nouveaux sachets de thé dans la salle de restauration!
— Bon sang Cal ! Arrête de faire le pitre ! Je suis sérieuse !
— Mais moi aussi !
— Je te signale qu'on vient de payer une énorme caution pour te sortir de prison alors qu'on croule déjà sous les dettes ! Il n'y a vraiment pas de quoi rire !
— Rhooo c'est bon Gill... On va trouver de nouvelles enquêtes et tout reprendra normalement !
Il se détourna et s'installa abruptement derrière son bureau afin d'étaler ses jambes de tout son long. Une attitude nonchalante et provocatrice qui augmenta d'un cran la rage de son interlocutrice.
— Ah oui ?! Tu as de nouvelles enquêtes en vu toi ?! Parce que qui dit enquête, dit clients ! Et là je dois dire qu'il n'y a pas foule devant les portes !
— C'est l'hiver c'est pour ça...
La psychologue fit abstraction de la piètre manière humoristique de son ami pour se dérober, encore une fois, de la réalité et poursuivit : — Pour couronner le tout on ne travaille plus avec le FBI. Ce qui veut dire que nous ne sommes plus prioritaire sur les enquêtes d'homicides ! Et pendant qu'on cherche à remettre le bateau à flot le Groupe Rader est entrain de tout rafler. Cal garda le silence. S'il pensait que cela allait l'arrêter, c'était mal la connaitre. Gillian le foudroya du regard alors qu'elle répliqua : — Alors ?! Quelle est ta brillante proposition pour nous trouver de nouveaux clients ?
— J'sais pas, on verra plus tard…
— Plus tard ?! Tu te moques de moi j'espère ! Si on agit pas maintenant, tu peux être sûr que d'ici deux mois il n'y aura plus que le mot "Lightman" pour le nom de ton entreprise !
Il croisa ses mains sur son ventre en soupirant: — C'est bon honey calme toi…
Elle n'en croyait pas ses oreilles ! Comment pouvait-il oser balayer ses réflexions, faire comme si rien n'avait d'importance. Il restait complètement léthargique à toutes les sonnettes d'alarmes qu'elle lui envoyait depuis plusieurs semaines.
— Attends, c'est toi qui me demande de me calmer ?! s'agaça t-elle, en le pointant d'un doigt inquisiteur. — Alors que je viens de te chercher au poste, parce que monsieur n'a pas su se contrôler ?!
— Tu sais très bien que j'avais eu raison de le frapper ! Ce mec a fait dû harcèlement sexuelle à presque dix filles, dont l'une d'elles a fait une tentative de suicide !
— On est psychologue ! Tu devais te contrôler !
— D'abord je ne suis pas "psy", j'ai juste le diplôme et deuxièmement… Il s'arrêta, sembla chercher ses mots, puis conclut : — J'ai eu raison c'est tout !
— Ben voyons… Tu sais quoi Cal... La jeune femme se massa instant les tempes de son crâne devenu douloureux.
— J'en ai plus que marre de me battre avec toi. J'en peux plus, j'en ai plus la force... Si tu ne veux pas m'aider, tant pis l'entreprise coulera. Mais il est hors de question que je m'occupe de ça toute seule. Je te rappelle qu'on est associé donc soit tu le fais avec moi ou sans, mais je ne le ferais pas seule !
L'expert en mensonge ne dit mot. La psychologue venait de remporter une bataille. Elle jeta un dernier regard à son ami puis quitta la pièce. Seul, Cal activa énervé son ordinateur pour se plonger à corps perdu dans le document que Jane lui avait envoyé. S'occuper pour ne pas penser était devenu son maitre mot…
À suivre...