LIGHTMAN5
  • ACCUEIL
  • Quoi de neuf ?
  • Fanfiction
  • Commentaires
  • Montage Photo
Photo
Rôdeurs de nuit

Une musique de jazz, de l'alcool, des cigarettes... Une ambiance qu'il appréciait tout particulièrement, surtout lorsqu'une rencontre imprévue allait changer le cours de sa soirée. Le hasard existait-il vraiment ?

Genre : Romance

Un léger brouhaha de foule se mêlait à une musique jazzy interprétée par les plus grands musiciens de la ville. Ces derniers jouaient de leur instrument comme une danse langoureuse sur un rythme à la fois lent et lancinant. Un choix musical en raccord avec le lieu racoleur et tamiser de sensualité qu'était ce bar. Dieu qu'il adorait cet endroit… Accoudé au comptoir du bar, il sirotait tranquillement son whisky sans glaçon en observant la salle remplie d'hommes et de femmes riant et discutant des dernières nouvelles du jour.

La fumée des cigares et des cigarettes ondulait comme un serpent entre les tables, et s'échappait après coup par la porte de l'établissement qui s'ouvrait au grès des entrées et sorties de la clientèle pour le plus souvent habituelle. Elle était composée pour la plupart d'hommes au costume impeccable et aux cheveux gominés qui ne laissaient divulguer leur sourire charmeur qu'aux femmes les plus belles tentées par l'aventure d'un soir. Plus séductrices que jamais, elles laissaient entrevoir leurs longues jambes de déesses bénis par les robes courtes qu'elles portaient. Bien heureusement ou non, celles-ci étaient le plus souvent camouflées des yeux envieux sous les tables protégées d'une nappe rouge avec en leur centre, rose rouge et cendrier.

Des regards divaguants de tout part, des chuchotements au creux des oreilles, des lèvres pincées, des caresses déguisées… C'était le genre d'ambiance qu'il aimait retrouvé après une dure journée. C'est alors que l'envie de fumer le prit. Il retira un briquet métallique avec ses initiales gravées sur le dessus dans la poche intérieure de sa veste, cadeau de son ex… Le seul et l'unique songea t-il avec un petit rictus de mépris sur les lèvres. Il récupéra dans une autre poche une petite boîte où était précieusement rangée ses cigarettes et plaça l'une d'elles entre ses lèvres. Il actionna la petite roulette du briquet où une flamme jaune vive émergea du réservoir. Il rapprocha la flamme qui s'attaqua avec rapidité au bâtonnet se mettant à briller d'un rouge flamboyant. Il rangea son matériel, aspira avec plaisir la douceur amer procurer par sa cigarette et l'extirpa ensuite d'un seul souffle.
— Un autre monsieur ?
Il releva sa tête et rencontra le visage attentif du serveur derrière le comptoir. Sans un mot, il hocha positivement sa tête. Le barman s'affaira derrière le comptoir et versa encore une fois du liquide brun dans le verre du client assoiffé. Une fois servit, il glissa l'alcool à l'homme avant de s'occuper d'un autre qui avait hélé son nom pour réclamer son attention.
L'habitué coinça le bâtonnet fumant entre ses deux doigts. À l'aide de sa main libre, il porta son verre alcoolisé à sa bouche et trempa ses lèvres dans le liquide fort. Un parfum acre envahit son odorat. Il avala une gorgée et afficha une légère grimace au goût très prononcé du whisky. Il reposa son verre et posa un coude sur le comptoir pour mettre sa tête dans le creux de sa main. Il continua à fumer sa récompense de la journée en omettant les quelques regards aguicheurs fixés sur sa personne. Nullement intéressé, il poursuivit son observation de la pièce vivante…

Tout d'un coup, il remarqua quelque chose d'inhabituelle dans les regards et les expressions de ces "gentleman" en cravate, qui devaient pourtant se montrer imperturbable dans leur activité de conquête du soir. D'un froncement de sourcils, il suivit leur regard longeant le sol pour remonter lentement tel des autruches en manque de soleil. Il les imita et fit la surprenante découverte, au pied de la porte de l'établissement, des jambes de femme aussi interminables qu'affriolantes.

Il pencha sa tête sur le côté pour mieux les détailler. Il aspira une nouvelle bouffée. D'un glissement de frustration volontaire, il remonta lentement son regard et arriva avec une légère déception au vêtement féminin. Il ôta sa cigarette de sa bouche pour expirer toute la fumée restante et focalisa sa vision sur ce qu'il convoitait le plus chez une femme. D'une petite moue de sa bouche, il s'obligea à lever son regard pour contempler, avec un sourire en coin, le visage de la plus belle créature qu'il pouvait exister. Il éleva légèrement sa tête et souffla un nouveau nuage grisonnant.
Des lèvres fines, des cheveux aux reflets châtains tombant sur ses épaules dénudées et les yeux d'un azur éther pouvant faire tomber plus d'une étoile accrochée à sa toile noirâtre. Un seul détail manqua à l'appel de ce sublime tableau… Comment une si belle sirène pouvait venir ici sans être accompagnée au bras d'un bel étalon ?
Intrigué, il regarda la jeune femme s'avancer d'un air déterminé vers le comptoir, sous les yeux envieux de ces primates sans décence et de leurs jalouses accompagnatrices. Il fixa la démarche plus que féline de la parfaite inconnue et faillit faire tomber sa cigarette de sa bouche lorsqu'il la vit s'assoir à deux chaises du bar où il était accoudé. Au vu de la chance qu'il avait accumulé aujourd'hui, il aurait dû jouer au poker comme lui avait conseillé un de ses collègues de son agence d'affaires privées. Il repositionna sa cigarette dans sa bouche et en profita pour lorgner discrètement la jeune femme passer sensuellement une mèche de cheveux derrière son oreille. Son esprit venait déjà de s'embrumer par cette vision divine. Il commença dès lors à chercher toutes les ruses du monde pour l'aborder sans qu'elle ne prenne ses jambes à son coup, mais une nuisible présence l'empêcha d'aller plus loin dans son imaginaire charnelle. Il s'agissait d'un homme brun avide de confiance en soi qui s'approchait dangereusement de sa cible à la robe rouge. D'un seul geste de son bras, l'homme à la cigarette s'empressa de barrer la route au coureur de jupon pour lui cracher :
— Retournez à votre liqueur et à votre bridge Loker. Cette femme n'est pas faite pour vous.
Le dragueur fortuit s'éloigna désabusé de sa cible pour rejoindre sa table. C'est à cet instant que tous les hommes présents dans la salle arrêtèrent leur regard langoureux sur la belle inconnue. Tous comprirent dans l'immédiat qu'elle était chasse gardée et qu'il ne valait pas mieux se mettre en travers de l'homme le plus puissant de la capitale. Désormais seul avec son objectif, l'homme à la cigarette contempla encore quelque instant la jeune femme qui ne semblait rien vouloir commander. Il aperçut là une chance inespérée de l'aborder. D'un seul geste de la main, il appela le serveur à venir auprès de lui et murmura quelques mots à son oreille. Ce dernier acquiesça puis déposa un verre de martini devant sa nouvelle cliente. Surprise, elle s'apprêta à refuser le verre, mais le barman s'était rapproché de son oreille pour lui murmurer :
— C'est de la part du monsieur au bout du comptoir.
D'un hochement de la tête, il désigna l'homme à la cigarette qui leva son verre de whisky à ce geste. L'inconnue esquissa un fin sourire et dégusta une gorgée de son verre en signe d'acception. Un fin sourire se dessina sur le visage du fumeur du soir. Il avala cul sec son verre et se leva prestement de sa chaise pour s'approcher nonchalamment de la déesse aux yeux saphir. D'un voix posée, il désigna la chaise à ses côtés et demanda :
— Bonsoir, cette place est prise ?
— Il n'y a personne…, répondit-elle sans pour autant le regarder.
Elle avait le sens de la répartie et il aimait ça… D'un sourire en coin, il s'installa silencieusement sur le siège libre puis la regarda boire son martini de manière assez sensuelle. Il se fit violence pour détourner son regard et commander au barman :
— Tom, un autre s'il vous plait.
— Tout de suite monsieur, s'exécuta le barman. Ce dernier s'éclipsa préparer un autre verre de whisky alors qu'un silence plaisant venait de se glisser entre les deux protagonistes. Chacun semblait vouloir profiter du moment présent. L'homme à la cigarette observa la belle inconnue jouer avec le cure dent de son martini et déclara :
— J'espère que votre mari ne vous en voudra pas trop si je vous ai offert ce verre.
— Je ne suis pas mariée, répliqua t-elle toujours sans lui accorder aucune attention.
— Vraiment ? fit-il perplexe en penchant sa tête sur le côté. Pourtant, ce n'est pas ce que dit votre alliance…
Il fixa la main gauche posée sur le comptoir où une bague rutilante ornait son annulaire pour démontrer la véracité de ses propos. À cette déduction, l'inconnue s'empressa de la recouvrir avec son autre main.
— Elle ne représente plus rien.
D'une petite moue de sa bouche, il réclama :
— Si elle ne représentait plus rien, pourquoi la porteriez-vous dans ce cas?
— Pour faire éloigner les hommes qui pensent avoir une chance.
L'homme à la cigarette lâcha un soupir rieur et ajouta :
— Cela veut dire que j'ai manqué la mienne ?
— Vous êtes là.
Elle ponctua sa réplique d'une autre gorgée de son martini et capta le léger pincement de lèvres de son voisin.
— Voilà monsieur votre whisky sans glaçon, annonça Tom en déposant respectueusement le dit verre devant son client offrant un léger signe de tête en remerciement. Tom partit, un nouveau silence s'insinua entre le couple jusqu'au moment où l'homme à la cigarette décida de prendre les devants :
— Vous ne parlez pas beaucoup.
— Je ne parle jamais pour rien dire. Les mots ne sont que secondaires comparer à ce que le langage du corps peut exprimer.
— Pas faux, approuva t-il, en tournoyant son liquide brun pour en boire une gorgée.
— Les mots peuvent être aussi trompeurs que la première impression que vous vous faites d'une personne.
Il posa son coude sur le comptoir pour retenir sa tête dans le creux de sa main. Une position volontaire pour démontrer sa décontraction face à la situation qui pourtant pouvait déstabiliser plus d'un homme face à une telle créature de rêve.
— Et que pensez vous de moi ?
La jeune femme dériva lentement son regard sur son interlocuteur. Elle l'analysa un bref instant et déblatéra sans hésitation :
— Vous êtes un homme à poigne. À en juger par le choix de votre boisson vous semblez tenir l'alcool, surtout que vous ne devez pas en être à votre premier. Votre costume semble valoir aussi cher que ce que vous sembler être prêt à payer pour m'emmener loin d'ici. Au vu du peu de temps que vous avez mit pour m'offrir ce verre, vous êtes un homme qui sait ce qu'il veut et qui fait tout pour l'obtenir. Vous êtes un grand séducteur à en juger par les regards des femmes qui vous convoitent depuis que je suis entrée ici. Et pour finir… vous êtes une personne très influente au vu de la peur que vous inspirez aux malheureux hommes qui croisent votre regard…
Elle ancra son regard séducteur dans celui impressionné de sa nouvelle connaissance.
— Pas mal, souffla t-il. Sauf que je ne payerai jamais une femme pour qu'elle me suive. Je préfère la convaincre par mes propres moyens.
— Vous pouvez toujours essayer.
— J'aime jouer.
— Espérons que vous sortirez les bonnes cartes.
Comprenant l'image, il ne put s'empêcher de passer discrètement sa langue sur ses lèvres avant de proclamer d'un geste de la main :
— À moi ! Je pense que vous êtes une femme qui a conscience de l'effet que vous produisez et de toutes les têtes qui se retournent à votre passage. À en juger par le port de votre bague, vous ne sembler pas aussi sûr de vous que vous tenter de le faire croire. Vous l'utilisez comme leurre pour repousser tous les hommes qui tenteraient leur chance.
La concernée esquissa un fin sourire à la dernière information avant de retourner à la contemplation de son verre.
— Je pense que vous aimez ça et que vous appréciez le fait qu'on vous courtise. Cela vous rassure car vous pensez que, suite à votre rupture, vous ne pourriez plus plaire à aucun homme. Et cela se traduirait par l'acceptation de mon invitation.
— Vous parlez du verre ?
— Du verre, mais aussi du pincement de vos lèvres lorsque vous m'avez aperçu.
— Qui vous dit que je vous regardais vous et non pas le serveur ? signala t-elle suspicieuse.
L'assurance que dégageait cet homme pouvait faire déborder plus d'une des bouteilles d'alcool qui se trouvaient dans ce bar.
— Vous n'auriez jamais accepter le verre.
— C'est gratuit, répondit-elle comme une évidence en se caressant l'intérieur de son bras.
Soupirant son amusement, il se redressa et tendit sa main en déclarant :
— Cal Lightman.
Elle accepta la poignée de main et répondit :
— Je sais qui vous êtes.
— Vraiment ?
Il garda sa main dans la sienne en ancrant son regard séducteur dans le sien.
— Qui ne connait pas le plus grand homme d'affaires de la capitale ou si communément appelé : "L'expert des affaires…"
— Il n'y a pas qu'en cela où je suis un expert…
D'un regard sans équivoque, il posa ses lèvres sur le dos de la main de son interlocutrice. L'inconnue devina ses pensées et racla sa gorge lorsqu'elle sentit une vive chaleur monter en elle. Elle dégagea avec lenteur sa main de la bouche envieuse du dénommé Lightman qui remarqua la légère teinte rosée qu'avaient pris les joues de son invitée. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il se félicita mentalement de lui avoir provoqué cet embarras.
— Pour une femme qui semble savoir qui je suis, je suis assez impressionné de voir que vous n'ayez pas peur de la réputation qui me colle à la peau.
— Je vous l'ai déjà dit, les mots m'importe peu. C'est le langage de notre corps qui détermine nos pensées.
Il la dévisagea et demanda avec un sourire charmeur :
— Et qu'est-ce que je pense ?
La jeune femme souhaita s'amuser de cet échange.
— Que vous voulez m'offrir un autre verre…
Il plissa ses yeux et remarqua en effet que le verre de son interlocutrice était vide.
— Vous n'avez pas peur que l'alcool vous monte à la tête et que vous ne puissiez plus maitriser vos actes?
L'inconnue esquissa un sourire ravageur. Elle se pencha en avant, posa une main sur sa cuisse et susurra au creux de son oreille :
— Ne vous inquiétez pas… Je sais me contrôler…
Elle se redressa et c'est avec une légère joie interne qu'elle vit l'homme d'affaires déglutir. Il tenta de reprendre contenance en claquant ses doigts pour interpeller le serveur afin qu'il serve un autre verre à la jeune femme. Ceci fait, son gain de confiance en lui refit surface et demanda:-Et vous ne m'avez toujours pas dit quel était votre nom…
— A-t-on vraiment besoin de cela. L'inconnu est tellement plus… motivant que le savoir.
— Vous souhaitez que je devine votre prénom ?
— Même si vous le deviniez cela ne vous avancera à rien… Pourquoi vouloir toujours tout connaitre et anticiper ce que nous vivons ? Et ne pas simplement vivre l'instant présent.
— Vous connaissez mon nom. On se doit d'être à égalité.
— Vous pensez réellement qu'il existe une égalité dans ce monde d"hommes…, riposta t-elle presque amer en buvant son martini.
— Vous pensez que je suis comme eux ?
— Vous en êtes le chef.
— En vous imaginant dans l'instantané la personnalité des personnes que vous rencontrez… Vous ne semblez pas vouloir les laisser devenir ce qu'elles sont au fond d'elles même.
— J'ai déjà laissé une seconde chance à ces personnes… Mais leur vraie nature revenait toujours au galop.
Lightman capta l'expression de tristesse passer sur le visage de son interlocutrice.
— Laissez-moi vous convaincre que je peux être autre.
La jeune femme sembla réfléchir à cette proposition et demanda :
— Vous avez une cigarette ?
Il comprit qu'elle lui donnait une chance, mais qu'il n'aurait probablement pas le droit à l'erreur. D'un geste rapide, il extirpa sa boite de cigarettes de sa poche. Sans un mot, l'inconnue retira l'une d'elles de sa boite et la plaça voluptueusement entre ses lèvres tentatrices. Elle s'apprêta à réclamer du feu, mais Lightman plus rapide présenta son zippo métallique avec une petite flamme. La jeune femme émit un petit sourire en coin. Sans couper le contact visuel avec son interlocutrice, Cal approcha presque trop sensuellement son briquet du bout de la cigarette qui s'embrasa au contact de la flamme. Elle prit une bouffée et déclara avec un sourire narquois :
— Vous êtes plutôt pragmatique…
— Il le faut bien pour une femme comme vous…
— Pourquoi, vous avez déjà rencontré des femmes comme moi ?
— Non… mais j'imagine qu'on se doit de l'être.
Elle ne répondit pas. Elle dériva son regard sur le bar et cibla le petit briquet de son propriétaire.
— Joli briquet.
Elle coinça après coup la petite cigarette fumante entre deux doigts.
— Cadeau de mon ex.
— Divorcé ?
— Depuis deux ans.
— Me montrerais-je trop intrusive si je vous demandais la raison de cette séparation ?
— Nous n'étions pas fait pour être ensemble, répondit-il d'un regard direct.
— Vous croyez au destin ?
— Non, je crois aux choix qu'on entreprend. Et vous ?
— De même, bien que je pense qu'une dose de mystère règne dans nos vie.
— Tel que ?
— Cette rencontre.
Il but une gorgée de son whisky et l'interrogea :
— Vous pensez qu'on était fait pour se rencontrer ?
— Je pense que rien n'est un hasard et que les choses nous arrivant nous sont voulus.
— J'espère simplement que vous ne regretterez pas cette rencontre…
— Le regret n'est pas une chose que je préconise. Je préfère me dire que c'est un moment à passer entre deux instants de bonheur.
— Et comment définiriez vous cet instant ?
D'un air pensif, elle reprit une bouffée de sa cigarette comme pour trouver une réponse à cette question. Elle lui lança un regard espiègle et répondit :
— Je ne sais pas, je n'en connais pas encore le dénouement.
— Vous avez peur de le connaitre ?
— J'ai peur qu'il arrive plus tôt que prévu et qu'il ne nous laisse pas le temps d'en profiter…
— Dans ce cas, laissons-le durer…, dit-il en levant son verre.
Elle esquissa un fin sourire à cette invitation et l'imita afin d'entrechoquer son verre avec celui de son voisin. Après ça, chacun dégusta une gorgée de leur boisson alcoolisé.
— Si je ne peux connaitre votre nom… Pouvez-vous au moins me dire une chose sur vous que personne d'autre ne sait.
— L'inconnu vous fait peur ?
— Je préfère le contrôler.
— Vous devez vous sentir comme un lion en cage dans votre existence.
— Je fais avec…
— Le monde est bien trop imprévisible pour en avoir la folie d'essayer de le comprendre ou de l'anticiper.
— La difficulté ne me fait pas peur, c'est la seule chose qui me fait avancer.
— Vous aimez les choses qui vous résiste ?
— Oui… Mais pas indéfiniment…
Elle esquissa un nouveau sourire à ce sous-entendu. Elle but une autre gorgée avant que son interlocuteur ne lui demande :
— Alors ?
— Alors quoi ?
Elle se permit de caresser voluptueusement une de ses jambes découvertes. Un geste inattendu qui provoqua chez Lightman une sueur froide. C'est alors qu'il maitrisa tout son être pour ne pas lui montrer qu'il voulait être à la place de cette main séductrice.
— Dites-moi une chose de vous que personne ne sait…, exigea t-il, d'une voix légèrement roque.
— Vous êtes un obstiné dites moi…
— Et cela dans plusieurs domaines…
— Il me tarde de les découvrir…
Elle lança un regard séducteur à l'homme qui, en retour, se pinça légèrement la lèvre inférieure.
— Et pour répondre à votre question…
Elle pencha son corps en avant afin d'approcher sa bouche contre son oreille et de suavement lui murmurer :
— J'aime les hommes qui conduisent…, Elle frôla ensuite sa joue de ses lèvres et reprit sa place pour replacer sa cigarette dans sa bouche.
— Cela vous convient-il M. Lightman ?
— Plus que du nécessaire…, répliqua t-il, droit dans les yeux empreint d'un grand désir non dissimulé.
— Et vous ?
— D'après ce que j'ai pu comprendre, vous savez déjà tout de moi.
— Vous jouez là un jeu dangereux M. Lightman.
Dès lors, Lightman comprit qu'il devait satisfaire ses moindre exigences, s'il voulait encore rester dans la partie.
— Très bien ! Une chose que personne ne sait ?
— C'est cela.
D'un petit mouvement de la tête, l'homme intima à la jeune femme de s'approcher, argua un sourire charmeur puis s'approcha de son oreille pour lui susurrer à son tour :
— J'ai envie de vous…
L'inconnue émit un soupir rieur. Elle aperçut son interlocuteur s'apprêtant à se reculer et attrapa sa cravate entre ses mains pour lui souffler :
— Oui mais ça… ce n'est pas un secret.
Perturbé, l'homme sentit qu'il devait à tout prix reprendre le contrôle de l'échange. Il sentit le souffle chaud de la jeune femme contre cou et déclara :
— Vous aimez toujours les hommes qui conduisent ?
— Plus que tout…
— Et bien… laissez moi vous dévoiler le reste de mon jeu…
— Vous avez déjà mit deux As sur le tapis.
— Je ferai tout pour en faire une quinte royal…
— Espérons dans ce cas là que le hasard soit clément avec vous…
— Je pensais que vous ne croyez pas au hasard mais aux actes.
— Et bien jouer mon cher…
— Tout ce que vous voudrez… Honey, dit-il, en affichant un air mystérieux.
Il se leva d'un bond de sa chaise et termina cul sec son verre d'alcool avant de tendre implicitement sa main en direction de sa partenaire.
— Une danse ?
— C'est cela vos jetons que vous miser ? demanda t-elle presque déçue.
— Ne refusez pas une mise si vous ne prenez pas au moins le risque de l'essayez.
Lightman capta l'hésitation dans le regard de la jeune femme.
— Auriez-vous peur ?
— La seule chose dont j'ai peur c'est que vous me déceviez en me proposant un slow…
— Mais qui vous a dit que je vous proposerai un slow ?
L'inconnue émit un air intrigué face au sourire enjôleur de l'homme d'affaires.
— Prenez-vous le risque ?
— J'ai bien accepté votre verre !
Elle attrapa sa main et il l'entraina souriant, sous les regards envieux de la clientèle, sur la piste de danse réservée pour l'occasion.
— Vous savez danser le tango ?
— Bien évidement, répondit-elle avec un large sourire. — Mais vous savez que les pas de cette danse sont en soit imprévisibles et que vous êtes une personne à vouloir à tout prix connaître la suite des événements.
— Vos yeux azur me guiderons.
Il plaça une main dans son dos et l'étreignit contre son torse.
— Ne clignez pas les vôtres… vous pourriez tomber, le prévint-elle amusée.
— N'ayez crainte, je ne m'y risquerai pas. Et quand bien même, comment pourrais-je dériver mon regard du votre sans en subir le manque ?
— Vous savez parler… Mais agissez pour que je me rende compte de vos talents.
— Le tango est l'expression verticale d'un désir horizontal…
Elle lui offrit un grand sourire et répliqua presque suavement :
— Espérons que vous ne soyez pas trop bon…
Au sous-entendu, il lui rendit son sourire et proclama fortement :
— Osvaldo Pugliese Ahora no me conoces !

De là, une musique latine langoureuse s'échappa des instruments joués par les musiciens sur scène. Quelques notes envolés après, le groupe s'accompagna de la voix d'un chanteur à la passion exigée. Yeux dans les yeux, Lightman laissa une distance voulut alors qu'il entraina sa conquête du soir dans un jeu de jambes endiablés. Nullement déstabilisée, la jeune femme enchaina avec divers pas plus rapides que jamais comme s'il essayait de le perdre. Tous les deux dansant sur cet immense jeu d'échec, cherchant à faire craquer l'autre le premier, ils en oublièrent complètement les regards du public admiratifs. Croisant, décroisant leurs jambes sans jamais couper l'échange visuel. L'homme guidait la femme jusqu'à l'extase. Le rythme devint soudainement plus lent. La belle inconnue se colla dos contre le torse de l'homme d'affaires qui, se laissant faire, en profita pour en humer l'odeur de sa peau. Le tempo s'intensifia à nouveau, Lightman en profita pour la faire tourner sur elle-même afin de la rattraper après coup dans ses bras. Il reprit les pas d'avant en arrière, les guidant tous les deux sur un chemin tortueux. D'une posture rigide, ils tournèrent sur eux-même et chacun put ainsi percevoir le désir enfouit de l'autre dans un simple échange de regard. Tous deux sentirent le souffle saccadé de l'autre par leurs deux corps presque collés. La mâchoire serrée, l'homme leva légèrement du sol sa partenaire qui effectua un jeu de jambes avant d'enchainer, par un mimétisme presque parfait, les mêmes pas que le danseur. Glissant, arpentant, frôlant la piste à chaque instant, aucun d'eux ne souhaitèrent que cette danse ne puisse un jour se terminer.

Lightman tenta de reprendre ses esprits et re-positionna, contre son torse, la belle inconnue à la robe rouge afin de commencer à faire de nouveaux pas en arrière pour qu'elle puisse y glisser voluptueusement une de ses jambes. Elle revint dans ses bras et posa une main possessive contre son cou pour encrer ses pupilles dilatées dans ceux noir de désir du danseur. L'échange était devenu tellement sensuel que la jeune femme avait presque émit un soupir de contentement lorsque l'homme l'avait plaqué contre lui. Leurs lèvres se frôlèrent sans pour autant se toucher. Ils ne se quittèrent pas du regard et continuèrent jusqu'au bout leur jeu du chat et de la souris.
Le rythme de la musique venait de ralentir. La fin était proche. D'un accord commun, ils décidèrent de ralentir les pas pour laisser place à une sensualité plus que débordante. Joue contre joue, ils fermèrent leurs yeux pour apprécié au plus près le contact charnel. D'un dernier jeu de jambes croisés, l'homme fit pivoter la jeune femme pour la reprendre une seconde après dans ses bras et la renverser en la retenant dans ses bras puissant. La musique terminée, un tonnerre d'applaudissement félicita le couple de danseurs qui, essoufflés de cet effort physique, s'échangea un simple regard brulant, valant tous les mots du monde. Leurs lèvres se frôlèrent à nouveau, mais Lightman se fit violence pour se redresser avec sa conquête dans ses bras.
— Alors ? l'interrogea t-il avec un regard ardent.
— Si vous êtes aussi bon danseur que parleur. Je me demande quelles sont vos autres qualités…
— Si vous me laissez vous guider je pourrais peut-être vous les montrer…
— Il commence à se faire tard… Cela vous dirait de boire un dernier verre chez moi…
— Rien ne me ferai le plus plaisir.
D'un sourire charmeur, il l'invita à revenir au bar afin de régler leur consommation et récupéra ensuite le manteau de la belle aux yeux bleus en l'aidant galamment à l'enfiler. Il se vêtit ensuite de son pardessus ainsi que de son chapeau feutre qu'il plaça respectueusement sur son crâne avant d'indiquer à la jeune femme de le suivre à l'extérieur.
La porte du bar passée, l'homme et la femme se retrouvèrent côte à côte dans la fraicheur de la nuit. Au bord du trottoir, Lightman demanda :
— Vous êtes venue en taxi ?
— Oui et vous ?
— À pieds. On a qu'à attendre au bord du trottoir. Je pense qu'il y en a un qui ne devrait plus trop tarder.
— Je l'espère…, souffla t-elle en lançant un regard des plus séducteur à l'homme qui esquissa un fin sourire. Ce dernier sortit sa boite de cigarettes et le tendit implicitement à sa voisine. Elle refusa l'offre et regarda Lightman placer l'une d'entre elle dans sa bouche avant de ranger sa petite boite pour l'échanger contre son briquet métallique.
Sans la voir venir, elle récupéra, lentement et sans un mot, la cigarette dans la bouche de l'homme pour la mettre dans la sienne. Elle subtilisa ensuite son zippo entre ses mains et l'actionna pour faire jaillir une flamme dansante. D'un geste assuré, elle plaça sa main contre le briquet pour faire barrage au vent glacial de l'automne et, yeux dans les yeux, alluma avec succès la petite chose incandescente. Souriante, elle redonna le briquet à son propriétaire qui le rangea précieusement dans la poche intérieure de son manteau. Elle plaça lentement la cigarette entre les lèvres fines de son compagnon du soir aspirant avec plaisir la fumée. Cette femme était incroyable. Il la dévisagea un instant puis lui demanda sans détour :
— Maintenant que vous avez allumé ma mèche, aurais-je le privilège de connaitre votre prénom ?
Comprenant l'allusion, elle ria légèrement et déplaça mécaniquement une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de lui répondre :
— Gillian… Gillian Foster.
— Gillian…, répéta t-il, en découpant son prénom comme pour le faire durer. Il expira après coup toute la fumée contenue dans sa bouche et dévora du regard l'inconnue qui ne l'était plus vraiment.
— Je ne me lasserai jamais de dire ce prénom…
— Si vous le dites.
— Je me demande encore pourquoi vous n'avez pas trouvé un homme à votre bras…
— Vous êtes là.
— Oui enfin… je voulais dire…
— J'avais compris. Vous savez… je n'ai pas besoin d'homme dans ma vie pour me sentir bien.
— Il a dû vous faire trop pleurer pour que vous disiez une chose pareille. Suite à une nouvelle brise, il dégagea tout naturellement une autre mèche de ses cheveux masquant ses magnifiques yeux bleus. Gillian frissonna de cette caresse impromptue. Cal le remarqua et demanda avec inquiétude :
— Vous avez froid ?
Gênée de devoir avouer que le vent n'était pas la cause de son frissonnement, elle se pinça les lèvres et croisa ses bras contre son corps en déclarant :
— Oui… Le vent est assez glacial ce soir…
— Venez…, commanda t-il, les bras légèrement écartés.
Elle mima une petite moue hésitante à cette proposition. Lightman comprit la raison et répliqua :
— Je ne serai que votre cape contre ce vent qui vous refroidi. Il serait dommage que vous attrapiez un rhume juste parce que vous avez refusé d'être secouru par un homme…
Elle émit un autre sourire gêné et changea finalement d'avis pour se mettre contre le torse de l'homme heureux de cette décision. Il jeta sa cigarette au sol et l'écrasa avec son pied pour envelopper la jeune femme frigorifiée dans ses bras.
— N'est-ce pas mieux ?
Elle se laissa aller contre lui.
— Nettement mieux, souffla t-elle souriante.
Enlacés, l'homme en profita pour caresser lentement le dos de la jeune femme alors que son nez chatouilla la chevelure de celle-ci.
— Ça vous arrive souvent de sauver les femmes en manque de chaleur ? demanda t-elle quelque peu amusée.
— Seulement celle qui frisonne contre ma main.
Elle se raidit complément dans ses bras et songea déstabilisée qu'il n'avait pas été si dupe que cela.
— Ne vous sentez pas gênée. Je prends ça comme un privilège.
Elle ne lui répondit pas mais leva légèrement sa tête pour ancrer son regard songeur dans celui souriant de l'homme. Ce dernier cibla subitement un taxi venant à leur rencontre et le siffla avec ses doigts pour le faire arrêter à leurs pieds. Ceci fait, il ouvrit la portière arrière du véhicule, poussa Gillian à entrer et s'installa à ses côtés. Elle donna ensuite son adresse au chauffeur pour qu'il puisse démarrer. Durant le voyage, Cal avait passé un bras protecteur autour des épaules de sa belle qui, n'ayant pas protesté, avait posé tout naturellement sa tête contre son épaule.

Plusieurs minutes plus tard, le couple arriva enfin à destination et Lightman paya la course au conducteur. Les deux protagonistes sortirent du véhicule pour faire quelques pas jusqu'à la porte d'un immeuble assez chic.
— Vous n'étiez pas obliger de payer…, dit Gillian embarrassée par toutes ces petites d'attention qu'il lui faisait depuis le début de leur rencontre.
Les mains dans les poches de son trench-coat, il répondit :
— Vous m'inviter, je pense que c'est la moindre des choses que je puisse faire.
Il discerna un nouveau sourire de son interlocutrice et renchérit :
— Et puis si cela peut me permettre de voir votre sourire, j'en suis plus que comblé.
— Vous dites cela à toutes vos conquêtes ? le questionna t-elle soupçonneuse de cette répartie plutôt facile.
— Non, la plus part du temps je ne dis rien.
— Dans ce cas… Je trouve que l'improvisation vous vas très bien, sourit-elle.
— C'est un exercice de style que j'essaye d'adopter, répliqua t-il avec le même sourire.
— Continuez et je pense que vous pourrez peut-être gagner quelque chose à la fin…
— J'ai déjà trois As sur le tapis, ne l'oubliez pas.
Gillian émit un soupir rieur et s'approcha de son oreille pour lui souffler :
— Comment pourrais-je l'oublier…
Elle embrassa tendrement sa joue, ouvrit la porte de l'immeuble et entrèrent tous les deux dans celui-ci. Une fois dans le hall, Lightman appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur et c'est seulement après quelques secondes d'attente que celui-ci ouvrit ses portes. L'homme entra dans l'appareil et se plaqua au fond. Gillian préféra se positionner dos à lui pour fixer les portes closes. Chanceux de sa position, Cal pouvait observer à loisir la belle aux jambes de déesses. C'est alors que cette dernière effectua un chignon éphémère avec ses cheveux pour les laisser retomber dans le seconde. Il pinça sa lèvre inférieure de désir et ferma ses yeux pour garder le contrôle de ses actes. Il se frappa mentalement pour ne pas prendre la jeune femme dans ses bras et lui faire subir toutes les choses les plus folles que son esprit mal tourné rêvait de faire dans cette boîte de métal. C'est avec soulagement qu'il constata qu'ils étaient enfin arrivés à l'étage voulut. Ils sortirent tous les deux d'un seul chef de l'appareil et se retrouvèrent devant le palier d'un appartement. Gillian l'ouvrit à l'aide de sa clé et invita son gentleman du soir à entrer dans son domicile.
— Donnez-moi votre manteau, je vais le mettre de côté.
Sans dire un mot, l'homme enleva sa veste ainsi que son chapeau et les donna avec délicatesse à la maîtresse de maison.
— Faites comme chez vous. Vous n'avez qu'à vous installer dans le salon le temps que je range ça.
Gillian abandonna un instant son invité qui, main dans les poches de son pantalon, vagabonda jusqu'au lieu énoncé où régnait ordre et propreté. Il débuta une exploration des lieux et regarda rapidement les quelques visages inconnus posant sur les photos décorant une petite commode boisée. Il se déplaça ensuite vers une grande baie vitrée offrant un splendide panorama de la capitale nocturne. Il lâcha un soupir de bien être face à cette vision peu commune puis s'écarta de celle-ci pour s'approcher d'une plus belle encore. Au centre de la pièce trônait un superbe piano ébène à queue. Mélomane dans l'âme, il s'approcha posément du sublime instrument et pencha sa tête sur le côté afin d'observer ses courbes. D'une caresse presque hésitante, il frôla du bout des doigts le bois lisse du grand piano jusqu'à l'apparition de la maitresse de maison qui se plaça aux côtés de l'homme curieux.
— Vous jouez ?
— Non, réfuta t-elle, il appartenait à mon ancien compagnon. Il me l'a laissé, il n'en voulait plus.
Il pointa du doigt le clavier et demanda :
— Puis-je ?
— Allez-y ! Cela fait longtemps que vous jouez ?
— Mon grand-père m'a appris à jouer depuis que je suis gamin. Et depuis, ça ne m'a jamais quitté.
Il prit place sur le petit tabouret puis sortit son briquet et une cigarette de son veston.
— Ça vous dérange si…
— Aucunement ! Je vais aller vous chercher un cendrier.
Gillian joint le geste à la parole et déposa délicatement l'objet sur le couvercle de l'instrument avec deux verres d'alcool.
— Merci, sourit-il.
Il alluma sa cigarette et posa ses mains sur le clavier de l'instrument pour jouer quelques notes hasardeuses avant d'interpréter un petit air jazzy. Un coude posé sur le piano, Gillian contempla rêveusement le pianiste jouer avec sa tête reposant dans le creux de sa main et un verre de scotch dans l'autre.
— The best is yet to come, Frank Sinatra, reconnut-elle souriante.
— Vous aimez ?
— C'est mon chanteur préféré.
— Je ne suis pas aussi bon que lui mais je me débrouille.
— Vous avez le charme…
Elle ponctua sa réplique d'une gorgée de sa boisson. Il ria légèrement et continua de jouer en regardant par moment la jeune femme dans les yeux avec un air charmeur. Elle argua un fin sourire puis décida de s'assoir à ses côtés pour apprécier encore plus le jeu et le musicien. À cette proximité, Lightman joua avec encore plus de sensualité jusqu'à la fin du morceau où il acheva la partition d'un long glissement de ses doigts sur toutes les touches du clavier.
— Alors ?
— Magnifique…
— Pas autant que vous.
Elle sourit puis se dirigea d'un pas lancinant jusqu'à un petit tourne-disque qu'elle actionna après avoir mit un vinyle. Un air de musique de Sinatra pour les deux protagonistes venait d'envahir la pièce.
— Vous avez aussi ses disques ? s'amusa t-il.
— Je suis une fan…
Il écrasa sa cigarette dans le cendrier et quitta sa position pour rejoindre celle de la jeune femme.
— J'espère ne pas mettre trop ridiculisé avec la chanson que je vous ai interprété.
— Je vous l'ai déjà dit, c'était parfait…
— En effet…, souffla t-il, en passant tendrement une main contre la joue de Gillian qui pinça légèrement sa lèvre inférieure.
— Je sais que vous n'appréciez pas trop les choses attendus… Mais m'accorderiez vous cette danse ?
— Sur du Sinatra je ne pourrai jamais refuser…
— Dans ce cas…
Il prit sa main pour l'entrainer au milieu du salon et posa les siennes sur sa fine taille en la berçant sur le rythme lent de la chanson. Elle esquissa un fin sourire et entoura le cou de son danseur avec ses bras pour poser sa tête au creux de son cou. Comblée, elle profita de cette instant entre rêve et réalité puis demanda avec une pointe d'inquiétude :
— Vous pensez que nous nous reverrons ?
— Parce que vous pensez que nous nous quitterons ?
Elle lâcha un soupir rieur.
— Ça dépend de votre quatrième As…
— Mais je suis entrain de l'utiliser, ma chère…, susurra t-il au creux de son oreille avant de descendre lentement sa bouche sur son cou pour l'embrasser avec passion.
— Cal…, soupira t-elle d'aise.
Lightman recula légèrement sa tête et posa son front contre le sien pour dire avec un sourire charmeur :
— Jamais je n'aurai cru que vous entendre prononcer mon nom me ferai autant d'effet…
La bouche entre-ouverte, elle ferma ses yeux et souffla :
— J'espère que vous savez vous contrôler… Parce que je ne pense pas que cela soit la seule fois où je prononcerai votre prénom ce soir… Cal…
Il approcha lentement ses lèvres de celles de sa conquête et les captura avec une extrême sensualité.
— C'est étrange… en vous embrassant j'ai eu l'impression de vous avoir toujours connu…
Elle avait prononcé ses mots sur un ton suave suite à l'échange effectué.
— C'est que le hasard fait bien les choses…
— N'oubliez pas, je ne crois pas au hasard…
— C'est vrai, il n'y a que les actes qui compte…
Il écrasa une nouvelle fois ses lèvres contre les siennes et passa cette fois-ci le barrage de ses dents à l'aide de sa langue pour caresser celle de la jeune femme avec la plus grande douceur. Au fur et à mesure, le baiser s'intensifia pour devenir passionné alors que Lightman, ne se contrôlant presque plus, glissa ses mains au niveau du bas des reins de la belle aux yeux bleus. Elle lâcha un râle de satisfaction avant de passer ses mains dans les cheveux courts de l'homme qui continua de l'embrasser. Le coeur battant et le souffle saccadé, Cal se recula à nouveau de Gillian pour proclamer d'une voix roque causée par le plaisir :
— Je sais que ce n'est plus un secret, loin de là… Mais j'ai envie de vous Gillian… maintenant…
— Les mots sont une chose… Le langage du corps en est une autre…
— J'espère que vous aimez toujours les hommes qui conduisent…
— Plus que tout…
— Tant mieux, parce que pour ces choses là, je préfère mener la danse comme pour le tango, affirma t-il avec un sourire carnassier, en descendant avec lenteur la fermeture éclair dorsal de la robe rouge de la jeune femme.
— Si vous dansez aussi bien que vous faites l'amour. Je crois que je ne pourrais plus jamais me passer de vous…
— Ça reste encore à prouver.
Le regard noir de désir, il l'observa défaire sensuellement sa cravate et ôter sa veste de costume pour les laisser tomber toutes les deux sur le sol.
— Jusque là vous n'avez encore fait aucune fausse note…, murmura t-elle sur un ton profond, en déboutonnant un à un les boutons de la chemise blanche de son futur amant. Sans couper l'échange visuel, il renchérit :
— C'est parce que je sais imprégner les rythmes qu'il faut, chérie…
​ Il fit glisser les brettelles de sa robe rejoignant une seconde plus tard ses affaires au sol.
— Le rythme c'est bien mais… le doigté c'est mieux…
Déglutissant d'envie, l'homme sentit subitement sa chemise glisser de ses épaules pour à son tour se retrouver par terre. Désormais torse nu, il sentit la jeune femme caresser celui-ci avec un désir non dissimulé. L'expression de son visage changea brusquement pour quelque chose de plus sérieux. Il l'embrassa sous sa mâchoire en caressant son corps svelte avec ses mains experte alors qu'elle déboucla sa ceinture. Hors de contrôle, il prit sa conquête dans ses bras pour la plaquer avec force contre un mur de la pièce et l'embrassa avec fougue.
— Oh seigneur…, gémit-elle, en le sentant l'embrasser au niveau de sa poitrine. — Cal…
— Gillian…, l'imita t-elle, en continuant sa tâche pour cette fois-ci former un sillon de sa bouche sur son ventre plat.
- Cal…, répéta t-elle, en passant ses mains dans ses cheveux masculin.
Descendant toujours plus bas, il arriva enfin à la barrière interdite et éleva son regard brûlant pour poser une question silencieuse à sa nouvelle compagne. Pour toute réponse, elle ferma ses yeux puis, comprenant le message, l'homme émit un fin sourire avant de faire l'irréparable.
— Cal…
— Vous êtes magnifique…
— Cal !
— Tellement…
— Cal !
— Superbe…
— CAL !
— Gillian…
— CAAAAL !
À ce cri venant du coeur, il sentit son corps être secoué dans tous les sens. Avaient-ils déjà fini leur préliminaires ? s'interrogea t-il perplexe.
— CAAAL !
— Pourtant il l'entendait encore crier…
— Bon sang CAL !
Suite à ce nouveau cri, il marmonna avec un sourire triomphant :
— Laissez-moi vous montrer le reste de l'étendu de mes talents. Mon doigté n'est pas l'unique de mes qualités… Honey.
— Quoi ?! Mais de quoi est-ce que tu parles ?! ragea t-elle.
— Oh ! On passe au tutoiement maintenant ? marmonna t-il souriant.
— CAAAL ! Mais réveille toi bon sang ! s'écria presque Gillian, penchée au-dessus du corps de son ami qui était endormi dans le canapé de son bureau.
— Réveillé ? Mais ma chère…Comment pourrais-je dormir avec ce que nous sommes en train de faire…
Les bras croisés contre, la psychologue s'énerva quelque peu :
— Tu te moques de moi c'est ça ?!
— Me moquer de vous ? Jamais… Seigneur Dieu existe…, marmonna t-il tout sourire, en touchant la poitrine de son amie alors qu'il nageait toujours en plein rêve.
— Hey ! Non mais ça va pas ?! s'offusqua t-elle à ce geste plus que déplacé.
— Si très bien pourquoi ?
— Ok ! Bon maintenant ça suffit !
Elle jeta un regard circulaire dans la pièce et cibla un verre d'eau sur la table basse avec un grand sourire.
— Mais nous venons à peine de commencer… J'ai tellement rêvé de ce moment depuis notre ren…
L'expert en mensonge ne put jamais finir sa phrase qu'il se redressa en sursaut de son canapé suite à une projection de liquide froid sur son visage.
— Mais qu'est-ce que…?!
Complètement perdu, il cligna ses paupières à plusieurs reprises pour reprendre contact avec son environnement.
— Ah bah enfin ! Il t'en faut beaucoup pour te réveiller toi !
— Réveiller ?! Comment ça réveiller ? réclama t-il déboussolé, en essuyant l'eau sur son visage.
— Ça fait une heure que tu dors ici Cal ! Mais vu que tout le monde t'attend pour la réunion, je me devais de te réveiller, expliqua sa collègue fatiguée.
— Mais alors…, bredouilla t-il, en fixant perdu la psychologue lui lancer un regard impatient. — Tout ça n'était qu'un rêve…
— De quoi tu parles ?
— Du bar ! De la robe, du tango ! Des cigarettes, du jazz et de toi et moi en train de…
Il s'autocensura alors que son regard s'était laissé subitement captivé par la table basse où se trouvait deux verres de whisky, un cendrier avec un mégot, et son smartphone avec des musiques de jazz en mode aléatoire. C'est à ce moment là que tout lui revint en mémoire. En effet, c'est après avoir résolu l'affaire de son dernier client qu'il l'avait invité à régler la note de ses services dans son bureau. Le budget serré, Lightman n'avait pu qu'offrir un verre d'eau à son client fortuné qui préféra trinquer avec un whisky de luxe acheté pour l'occasion. Lorsqu'on était l'un des homme d'affaire les plus riches de la ville, on pouvait très bien se le permettre. Fumeur, il avait poliment demandé à Lightman l'autorisation de fumer dans son bureau. Ni voyant là aucun inconvénient, l'expert en mensonge lui avait simplement donné un cendrier pour la cendre de sa cigarette. Après trois verres, son client avait déclaré devoir partir en laissant après coup un Cal Lightman embrumé sur son canapé. Sans savoir pourquoi, il s'était mit en tête de mettre un peu de jazz pour se détendre de cette rude journée et somnola seconde après seconde avec la voix d'un des plus grand crooner en fond. Les paupières lourdes, il avait sombré peu de temps après dans les bras de Morphée pour vivre l'un des plus beau rêve de sa vie. En ce qui concerne Gillian dans son rêve ? Bof… ça ne changeait pas de d'habitude…, songea t-il avec une petite moue de sa bouche en observant sa collègue habillée d'une magnifique robe rouge raffermissant parfaitement ses courbes de déesses…
— Mouais… ça ne pouvait être qu'un rêve ! C'était bien trop beau pour que ça soit vrai, soupira t-il déçu.
— Je peux savoir en quoi consistait ton rêve ?
— Si je te le disais tu ne me croirais pas !
Il sauta si vite du canapé que cela eut pour effet de lui provoquer un léger étourdissement.
— Raconte-moi au moins !
— Nope !
Il se dirigea ensuite nonchalamment vers la sortie, mais Gillian l'empêcha d'aller plus loin en faisant barrage avec son propre corps.
— Dis le moi Cal. Je t'ai entendu dire mon prénom ! Donc ça veut dire que j'étais dedans… Dooonc… tu te dois de me dire ce qu'il y avait de si perturbant pour toi dans ce rêve pour que je te réveille avec un verre d'eau !
Devant l'air plus que déterminé de son amie, Cal passa une main nerveuse dans ses cheveux en contemplant la sublime robe rouge qu'elle portait.
— Tu crois aux univers parallèles ou aux vies antérieures ?
— Scientifiquement parlant il peut exister des univers parallèles…
— Non je ne te parle pas de manière scientifique ! réfuta t-il avec des gestes de ses mains. — Mais toi ! Est-ce que tu crois… que des doubles de nous existent quelque part dans l'immensité de cet espace. Et que nos vies sont complètement différentes de celles que nous vivons aujourd'hui parce que nos choix sont totalement autres. Mais qu'il subsisterait une force innommable qui ferait qu'on rencontrerait toujours la même personne parce qu'il n'y a quelle qui est faite pour nous ? déblatéra t-il sous les yeux écarquillés de sa collègue.
— Tu vas bien Cal ? demanda t-elle de plus en plus inquiète
— Oui c'est juste que…! souffla t-il presque désespéré d'un geste lasse de sa main. Il plongea son regard déboussolé dans celui bleuté de la psychologue et demanda : — Les mots ou les actes ?
— Quoi ?
D'un geste vif de sa main, il répéta :
— Choisi sans réfléchir ! Les mots ou les actes ?
— Heu les actes.
Souriant comme un imbécile, Cal murmura pour lui-même :
— Seul le langage du corps démontre la vérité…
— Je peux savoir pourquoi tu m'as demandé…
Gillian ne put jamais terminer sa question que, ni une ni deux, l'expert en mensonge l'avait prise dans ses bras pour la renverser en arrière et plonger son regard noir d'envie dans celui perplexe de son amie.
— Cal mais qu'est-ce que…
Toujours sans rien dire, il posa ses lèvres contre les siennes et l'embrassa avec une passion non mesurée. Surprise par l'échange, la psychologue n'y avait pas répondu mais s'était complément laissée aller dans ses bras en laissant même un soupir de contentement involontaire s'échapper de ses lèvres. À bout de souffle, Lightman se sépara de sa collègue et déclara :
— Mouais… C'est bien ce que je pensais… la réalité est bien meilleure !
Après quoi, il se détourna de la jeune femme et proclama fortement dans le couloir : — Tu viens Honey ?! L'expert des affaires reprend du service !
Complètement paralysée, Gillian posa ses doigts tremblants sur sa bouche comme pour tenter de reprendre conscience avec la réalité. Elle fronça ses sourcils d'incompréhension, secoua sa tête de droite à gauche et le coeur battant à vive allure, demanda en accourant vers l'expert en mensonge :
— Cal ! Dis moi qu'est-ce que c'était que ce rêve ?!
— Nope ! Ça serait te dévoiler un spoiler!
— Caaal ! ragea t-elle sur ses talons.
— The best is yet to come Honey ! The best is yet to come…, dit-il avec un énorme sourire.


FIN*

Morale de l'histoire : Entre rêve et réalité il n'y a parfois qu'un pas !
Powered by Create your own unique website with customizable templates.
  • ACCUEIL
  • Quoi de neuf ?
  • Fanfiction
  • Commentaires
  • Montage Photo