Rendez-vous en enfer
Arrêter un meurtrier, en se faisant passer lui-même comme tel. Un jeu d'échec en grandeur nature entre ses murs. Il était prêt à tous les sacrifices pour faire éclater cette justice. À force de jouer les méchants, n'allait-il pas se laisser tomber dans l'obscurité au péril de la vérité ? (utilisation d'un personnage d'une autre série, sans être un véritable cross-over) Genre: Général - Rating T Saison: Après 3 |
CHAPITRE 2 : LA FOSSE AUX LIONS
Flash-back…
Le soleil venait de disparaître dans le ciel au profit de quelques nuages cendrée d'un automne maussade. Un vent glacial balaya des papiers délaissés devant les grandes portes noires en fer rouillées par le temps et la folie des hommes qu'on gardait ici bas enfermés. Une sinistre image qui procurait à la fois fascination et insécurité. Il eut l'étrange sensation d'être attiré par ces murs criards hurlant le désespoir. Perdu dans ses pensées, Reynolds dû attirer son attention en prononçant son nom une deuxième fois. L'agent du FBI avait accompagné l'expert en mensonge jusqu'aux portes du pénitencier afin de mettre une dernière fois au point la mission à risque qu'il allait devoir effectuer.
— Vous n'oubliez pas Cal, ne faites pas trop…enfin…ce que vous faites tout le temps. Ou ils vous repérons !
— Ouais ! Ne vous inquiétez pas Ben, ça sera comme des vacances, assura Cal, en plaçant ses mains dans les poches de son jean, pour faire barrière à la fraîcheur invisible.
— Comment vous pouvez le savoir ? Vous ne prenez jamais de vacances, répliqua l'agent du FBI, déconcerté.
— Mmh c'est vrai… Bon on y va ? Il paraît qu'aujourd'hui c'est jour de frites à la cantine !
— Je crois que vous êtes mieux en fou de psychiatrie, qu'en assassin temporaire…
— Vous trouvez ? Mouais, j'vais arranger tout ça ! certifia-t-il, d'une moue de sa bouche. Bon aller, j'vous laisse j'ai du boulot qui m'attend !
D'un large sourire, il tapa sur l'épaule de l'agent du FBI et demanda à deux gardes de l'escorter à l'intérieur du bâtiment sécurisé.
— J'ai un très mauvais pressentiment, murmura Ben pour lui-même.
L'agent du FBI regarda avec inquiétude l'expert en mensonge disparaître derrière les portes de la prison. Il était désormais livré à lui-même. Reynolds poussa un long soupir puis il s'empressa de récupérer sa voiture garée de l’autre côté de la rue. Il devait au plus vite se rendre au Lightman Group pour se mettre en liaison avec l'homme sous couverture. Celui-ci eut d'abord le droit à un check-up ainsi qu'à un changement de tenue obligatoire. Il fut ensuite jeté dans la fausse aux lions sans plus aucun moyen de protection dans la cours de la prison. L'esprit agile, il se plongea dans la peau d'un équilibriste en arpentant avec expertise les clôtures menaçantes empêchant à tout homme l'idée absurde d'une possible évasion. Il se plaqua contre un grillage séparant captivité et liberté et balaya d'un air hagard le lieu où évoluaient ces personnages dangereux, dont il faisait désormais partie du même jeu. Il glissa son regard aiguisé sur une meute de mâle dominant et analysa chacune de leurs caractéristiques. Nombreuses d’entre elles dévoilaient une partie de leur personnalité ou leur passé secrètement caché. Il cibla plusieurs tatouages superflus sur la peau de ces détenus, regroupés sur un gradin d'acier, excluant la moindre présence étrangère. D'un œil critique, il les vit se parler d'un air satisfait et devina assez vite que leur sujet de conversation devait faire l'objet d'un autre groupe plus éloigné. Par leur simple apparence, les membres de celui-ci révélaient par leur couleur de peau inversée la raison de leur rivalité. Soudain, il entendit son micro à l'oreille grésiller et une voix l'appeler à deux reprises.
— Lightman !
— Oui ça va, j'vous entends Ben, s'agaça Cal.
Il partit s'isoler dans un espace reculé pour éviter les soupçons sur sa bref détention.
— Il faut que vous entrez dans le groupe de Marshall !
— Hey j'suis pas suicidaire !
— Attendez, je vous signale que c'est vous qui nous avez dit de…
— Ce que Cal veut dire Ben, reprit Gillian, c'est qu'il ne peut pas intégrer un groupe d'appartenance s'il n'a pas prouvé qu'il partageait les mêmes centre d'intérêts ou opinions.
— Comme les pom-pom girls !
— La ferme Loker, ragea Cal, à cette intervention inutile.
— Je vois… et comment vous comptez procéder ? demanda Ben.
— Ne vous inquiétez pas pour ça, j'ai ma petite idée…
— Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu'il dit ça, je crains toujours le pire…
Sans un mot de plus, Cal se détacha de la barrière grillagée pour se mettre à vagabonder dans la cours entre les détenus se livrant à leur pause méridienne. D'une petite moue de sa bouche, il se dirigea nonchalamment vers le clan de prisonniers noirs. L'un d'entre eux le vit s'approcher et se sépara de ses associés. Cal continua son propre parcours sans se préoccuper de ce qui se passait dans les alentours. Sur son sillage, il bouscula légèrement l'homme esseulé. Le prisonnier se retourna vivement pour dévisager l'auteur de cette grande erreur.
— Hey ! Toi, le pantin ! s'écria le captif outragé, en pointant du doigt Cal qui continua de marcher.
L'expert en mensonge fit semblant de n'avoir rien entendu et continua sa balade comme si de rien n'était. Enragé, le détenu accourut vers son trouble fête et l'attrapa par son bras pour l'immobiliser et réclamer ses droits.
— J'te cause le pantin ! Tu viens de me bousculer ! s'irrita l'homme, aux sourcils froncés et à la mâchoire serrée.
— Oh pardon, j't'avais pas vu ! s'excusa Cal, avec des gestes des ses mains.
— C'est ça ouais ! J't'ai vu, t'as fait exprès de marcher sur moi !
— Aah ! Si je l'avais fait exprès, il aurait fallu que j'ai un minimum d'intérêt pour toi et vu que la crème chocolat me fait plus vomir qu'autre chose...
— Attends ? T'es entrain de m'insulter sale connard !
— Hum… si ton cerveau est trop lent pour comprendre, j'peux te l'épeler si tu veux ! À moins que je dois te le mimer ? répliqua-t-il, en affrontant son assaillant dans les yeux.
Ni une ni deux, ce qui devait arriver arriva. Le prisonnier noir ferma ses poings de rage et s'écria :
— Espèce de fils de pute !
Sans le voir venir, Cal reçut un immense crochet du droit en plein dans sa mâchoire. Il perdit l'équilibre et tomba lourdement au sol. Le visage mauvais, son agresseur s'approcha de son corps meurtri pour l'achever d'un dernier coup de pied.
— Maintenant tu me verras p'tit yaourt de merde, cracha-t-il avec fureur.
L'homme courroucé s'apprêta à lui donner une nouvelle frappe lorsqu'un homme à la posture imposante s'interposa dans le rixe improvisé.
— Laisse-le, Terrens, ordonna-t-il amèrement à l'homme noir.
— Dégage, Frank, c'est pas ton problème! répliqua le dénommé Terrens, entre ses dents.
— Désormais ça l'est.
Le prisonnier nommé Frank croisa ses bras contre son corps pour soutenir ses propos alors qu'un groupe d'hommes commença à se former derrière son dos. Une horde parée à lui prêter main forte en cas du moindre litige. En position d'infériorité, le détenu noir jeta un regard haineux à son groupe ennemi et se recula à contre cœur de sa victime. Une seconde après, il vit son propre clan se constituer à ses côtés. Tel un duel en plein soleil, les deux chefs de gang s'affrontèrent d'un regard menaçant en guettant le moindre faux pas qui pouvait déclencher une altercation avec de lourdes répercussions. Toutefois, le sort en décida autrement. Un garde cria la fin de la pause et le retour immédiat dans leur cellule respective. Les deux clans se toisèrent avec dégoût puis s'écartèrent lentement l'un de l'autre, comme deux aimants opposés. L'échauffourée évité, chacun reprit le chemin de la case prison en prenant garde d'éviter de croiser un joueur adversaire. Encore à terre, Cal essuya d'un revers de main le sang dégoulinant de sa bouche en observant au loin l'homme qui l'avait frappé et le second qui l'avait sauvé.
— Cal, ça va ? s'exclama Gillian inquiète dans son oreillette.
— Ouais j'crois, marmonna-t-il, en grimaçant de douleur sur le sol.
— Pourquoi vous avez fait ça ? s'énerva Reynolds déstabilisé.
Cal n'eut pas le temps de répondre de ses actes qu'il entendit une voix masculine lui parler.
— Hey ! T'es un fou dangereux toi pour t'attaquer au groupe des black sans filet de sécurité !
L'expert en mensonge tourna sa tête sur le côté et aperçut vaguement la silhouette d'un homme au visage émacié s'avancer.
— C'est ce qu'on dit, grimaça Cal, alors qu'un rayon de soleil avait atteint son visage blessé. J'crois même que c'est pour ça qu'on ma jeté ici !
La vision brouillée, il plaça sa main en l'air pour faire barrage au faisceau lumineux. Il améliora sa vue ainsi que son observation sur l'inconnu. Le quidam était blanc, presque blême avec un bouc taillé et des cheveux brun débraillés. Il aurait pu le confondre avec un fou sortant d'un asile psychiatrique s'il n'avait pas porté sa tenue de prisonnier. Le détenu ria légèrement et lui tendit sa main dans l'intention de l'aider à se relever. Cal regarda celle-ci avec hésitation.
— T'inquiète pas elle est propre, assura-t-il. Aujourd'hui, j'me suis pas amusé avec.
Cal attrapa la main qui lui était offerte alors que le prisonnier le tira en avant pour le remettre sur pied. Une fois debout, il mit de l'ordre dans sa tenue en dévisageant sa nouvelle connaissance le contempler de la tête aux pieds.
— T'es nouveau toi, j't'ai jamais vu dans le coin...
Le détenu pencha sa tête sur le côté pour laisser son vil regard le sonder.
— Transfert ! répondit simplement Cal.
— Quelle prison ?
— Washington Corrections Center !
— WCC hein ? J'y suis déjà allé, c'était sympa ! Tu connais le vieux Leny ?
— Leny… Leny…, répéta-t-il, en arborant une expression d’intense réflexion.
— Ouais, l'agent de sécurité qui te frappait si tu faisais un pas de travers !
— On cherche dans les bases de données Lightman ! l'informa Reynolds dans son oreille.
— Un mec de ce genre ça ne s'oublie pas! lança le prisonnier, intrigué.
— Ouais, c'est sûr…, souffla Cal.Son pouls venait de redoubler d'intensité.
— Il n'existe pas de Leny, mais un Yates, dit Ben, un agent de sécurité qui a déjà eu un blâme pour coups abusifs sur des prisonniers !
— Son nom, ce n'était pas Yates plutôt ? lâcha Cal, sans être parfaitement sûr de sa réponse.
Le visage du captif sembla réfléchir à cette réponse en maintenant un pesant silence.
— Aah oui, sûrement ! approuva-t-il soudainement. J'ai dû le confondre avec d'autres prisons !
— Les pipelettes au fond ! On rentre ! cria à nouveau le garde pour les retardataires.
Le maigrichon poussa un soupir d'exaspération et invita Cal à le suivre. D'une démarche presque similaire à celle de son collègue, le détenu lui demanda :
— Au fait, c'est quoi ton petit nom ? À part le pantin j'veux dire.
— Hunter, Hunter Fox.
— Et bien, un nom pareil ça ne s'invente pas !
— Non, c'est sûr… Et toi ?
— Moi, j'm'appel Theodore Bagwell, mais tout le monde me surnomme T-Bag !
— Pas mal.
— Ouais ! C'est pas un nom qui fait transpirer la terreur, mais ça a le mérite d'être classe.
Les deux hommes s'échangèrent un regard complice puis entrèrent dans le bâtiment hautement sécurisé.
-O-o-O-
— Attendez ! Vous voulez dire que Le Dr Lightman a fait ami-ami avec un tueur, kidnappeur, violeur et j'en passe, pour pouvoir s'intégrer au groupe de Marshall? s'exclama presque scandalisé Dall, en lisant un énorme dossier concernant T-Bag.
— Oui, confirma Torres. Bagwell était l'une des détenus les plus faciles à approcher. D'après ce que le Dr Lightman affirmait, il était en quelque sorte l'homme aux oreilles.
— M. Bagwell connaissait tous les agissements de la prison, c'est ça ?
— C'est ça, ce qui était une aubaine pour le Dr Lightman d'avoir un informateur à ses côtés.
— À quel clan appartenait ce Bagwell ?
— Celui des Marshall, mais cela ne l'empêchait pas de parler avec le groupe de Terrens.
-O-o-O-
— Bien et ensuite que s'est-il passé M. Loker ?
— Lightman a continué de s'intégrer au groupe de prisonniers, expliqua Loker à Dall. Cela prenait du temps, mais nous n'avions pas d'autres solutions pour récupérer des renseignements.
-O-o-O-
Flash-back…
À l'heure du déjeuner, Cal s'était installé seul à une table dans la salle de restauration afin d'observer tous les autres prisonniers manger. Certains d'entre eux le dévisagèrent alors que d'autres ne se préoccupèrent guère de sa personne. Il continua son analyse puis posa ses yeux sur le clan Marshall. Des membres du clan le regardait avec intérêt.
— T'es sûr qu'on peut lui faire confiance T-Bag ?
— Ouais j'en suis sûr Frank ! Enfin pas à 100% non plus… J'dirai plutôt 80% ! hésita T-Bag, d'un geste mitigé de sa main.
— J'sais pas… J'préfère attendre que Marshall revienne.
— Pourquoi attendre que Marshall revienne ? C'est toi maintenant le boss, le grand patron des lieux. C'est toi qui dois montrer qui décide dans ce château de pisse-froid ! Et si tu l'acceptes dans nos rangs, ça sera tout benef' pour toi. Un nouveau soldat et le gain d'autorité. défendit Bagwell, en appuyant ses mots par le mouvement répété de son hot-dog entamé.
— Mouais...
— Aller Frank ! Fais moi confiance…, répliqua-t-il avec un fin sourire.
T-Bag plongea son regard vicieux dans celui sceptique de son chef temporaire dans l'espoir de lui faire changer d'avis. Celui-ci émit une mine de réflexion, regarda une nouvelle fois Cal puis hocha finalement la tête pour lui donner son consentement. En retour, T-Bag lui offrit un large sourire avant de se retourner et d'ordonner :
— Hey Fox ! Viens ici !
Sans attendre, Cal se leva avec son plateau repas sous les regards intrigués des autres prisonniers et s'installa avec désinvolture aux côtés de son nouveau partenaire de séjour de captivité.
— Fox, j'te présente Frank le big boss des lieux ! le présenta Theodore avec des gestes théâtrale de ses mains.
— Jusqu'au retour de Marshall, renchérit Frank, la bouche pleine.
— C'est qui Marshall ? demanda Cal.
— J't'expliquerai plus tard, lui signala T-Bag. Frank, voici Hunter Fox ! Il venait de la prison de WCC, mais il a été transféré dans notre humble demeure !
— Hunter Fox ? répéta surpris Frank, par ce nom assez singulier.
— Mes parents aimaient beaucoup la chasse, ironisa Cal.
Un rire presque exagéré sortit de la bouche de Bagwell.
— T'as été mis en taule pour quoi ? s'intéressa Frank.
— Meurtre. Mon ex-femme me réclamait une pension, alors un jour j'suis venu chez elle et je lui ai tranché la gorge. Le pire c'est qu'elle était avocate. Ouais j'sais… c'est pas très original, mais bon comme on dit, il faut de tout pour faire un monde !
— Mouais, approuva-t-il rieur.
— J'sais pas vous les gars… mais je sens que cela va devenir le début d'une histoire d'une très longue amitié ! certifia Theodore, en passant un bras fraternel autour des épaules de l'expert en mensonge qui gratifia son geste d'un grand sourire.
À SUIVRE...
Le soleil venait de disparaître dans le ciel au profit de quelques nuages cendrée d'un automne maussade. Un vent glacial balaya des papiers délaissés devant les grandes portes noires en fer rouillées par le temps et la folie des hommes qu'on gardait ici bas enfermés. Une sinistre image qui procurait à la fois fascination et insécurité. Il eut l'étrange sensation d'être attiré par ces murs criards hurlant le désespoir. Perdu dans ses pensées, Reynolds dû attirer son attention en prononçant son nom une deuxième fois. L'agent du FBI avait accompagné l'expert en mensonge jusqu'aux portes du pénitencier afin de mettre une dernière fois au point la mission à risque qu'il allait devoir effectuer.
— Vous n'oubliez pas Cal, ne faites pas trop…enfin…ce que vous faites tout le temps. Ou ils vous repérons !
— Ouais ! Ne vous inquiétez pas Ben, ça sera comme des vacances, assura Cal, en plaçant ses mains dans les poches de son jean, pour faire barrière à la fraîcheur invisible.
— Comment vous pouvez le savoir ? Vous ne prenez jamais de vacances, répliqua l'agent du FBI, déconcerté.
— Mmh c'est vrai… Bon on y va ? Il paraît qu'aujourd'hui c'est jour de frites à la cantine !
— Je crois que vous êtes mieux en fou de psychiatrie, qu'en assassin temporaire…
— Vous trouvez ? Mouais, j'vais arranger tout ça ! certifia-t-il, d'une moue de sa bouche. Bon aller, j'vous laisse j'ai du boulot qui m'attend !
D'un large sourire, il tapa sur l'épaule de l'agent du FBI et demanda à deux gardes de l'escorter à l'intérieur du bâtiment sécurisé.
— J'ai un très mauvais pressentiment, murmura Ben pour lui-même.
L'agent du FBI regarda avec inquiétude l'expert en mensonge disparaître derrière les portes de la prison. Il était désormais livré à lui-même. Reynolds poussa un long soupir puis il s'empressa de récupérer sa voiture garée de l’autre côté de la rue. Il devait au plus vite se rendre au Lightman Group pour se mettre en liaison avec l'homme sous couverture. Celui-ci eut d'abord le droit à un check-up ainsi qu'à un changement de tenue obligatoire. Il fut ensuite jeté dans la fausse aux lions sans plus aucun moyen de protection dans la cours de la prison. L'esprit agile, il se plongea dans la peau d'un équilibriste en arpentant avec expertise les clôtures menaçantes empêchant à tout homme l'idée absurde d'une possible évasion. Il se plaqua contre un grillage séparant captivité et liberté et balaya d'un air hagard le lieu où évoluaient ces personnages dangereux, dont il faisait désormais partie du même jeu. Il glissa son regard aiguisé sur une meute de mâle dominant et analysa chacune de leurs caractéristiques. Nombreuses d’entre elles dévoilaient une partie de leur personnalité ou leur passé secrètement caché. Il cibla plusieurs tatouages superflus sur la peau de ces détenus, regroupés sur un gradin d'acier, excluant la moindre présence étrangère. D'un œil critique, il les vit se parler d'un air satisfait et devina assez vite que leur sujet de conversation devait faire l'objet d'un autre groupe plus éloigné. Par leur simple apparence, les membres de celui-ci révélaient par leur couleur de peau inversée la raison de leur rivalité. Soudain, il entendit son micro à l'oreille grésiller et une voix l'appeler à deux reprises.
— Lightman !
— Oui ça va, j'vous entends Ben, s'agaça Cal.
Il partit s'isoler dans un espace reculé pour éviter les soupçons sur sa bref détention.
— Il faut que vous entrez dans le groupe de Marshall !
— Hey j'suis pas suicidaire !
— Attendez, je vous signale que c'est vous qui nous avez dit de…
— Ce que Cal veut dire Ben, reprit Gillian, c'est qu'il ne peut pas intégrer un groupe d'appartenance s'il n'a pas prouvé qu'il partageait les mêmes centre d'intérêts ou opinions.
— Comme les pom-pom girls !
— La ferme Loker, ragea Cal, à cette intervention inutile.
— Je vois… et comment vous comptez procéder ? demanda Ben.
— Ne vous inquiétez pas pour ça, j'ai ma petite idée…
— Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu'il dit ça, je crains toujours le pire…
Sans un mot de plus, Cal se détacha de la barrière grillagée pour se mettre à vagabonder dans la cours entre les détenus se livrant à leur pause méridienne. D'une petite moue de sa bouche, il se dirigea nonchalamment vers le clan de prisonniers noirs. L'un d'entre eux le vit s'approcher et se sépara de ses associés. Cal continua son propre parcours sans se préoccuper de ce qui se passait dans les alentours. Sur son sillage, il bouscula légèrement l'homme esseulé. Le prisonnier se retourna vivement pour dévisager l'auteur de cette grande erreur.
— Hey ! Toi, le pantin ! s'écria le captif outragé, en pointant du doigt Cal qui continua de marcher.
L'expert en mensonge fit semblant de n'avoir rien entendu et continua sa balade comme si de rien n'était. Enragé, le détenu accourut vers son trouble fête et l'attrapa par son bras pour l'immobiliser et réclamer ses droits.
— J'te cause le pantin ! Tu viens de me bousculer ! s'irrita l'homme, aux sourcils froncés et à la mâchoire serrée.
— Oh pardon, j't'avais pas vu ! s'excusa Cal, avec des gestes des ses mains.
— C'est ça ouais ! J't'ai vu, t'as fait exprès de marcher sur moi !
— Aah ! Si je l'avais fait exprès, il aurait fallu que j'ai un minimum d'intérêt pour toi et vu que la crème chocolat me fait plus vomir qu'autre chose...
— Attends ? T'es entrain de m'insulter sale connard !
— Hum… si ton cerveau est trop lent pour comprendre, j'peux te l'épeler si tu veux ! À moins que je dois te le mimer ? répliqua-t-il, en affrontant son assaillant dans les yeux.
Ni une ni deux, ce qui devait arriver arriva. Le prisonnier noir ferma ses poings de rage et s'écria :
— Espèce de fils de pute !
Sans le voir venir, Cal reçut un immense crochet du droit en plein dans sa mâchoire. Il perdit l'équilibre et tomba lourdement au sol. Le visage mauvais, son agresseur s'approcha de son corps meurtri pour l'achever d'un dernier coup de pied.
— Maintenant tu me verras p'tit yaourt de merde, cracha-t-il avec fureur.
L'homme courroucé s'apprêta à lui donner une nouvelle frappe lorsqu'un homme à la posture imposante s'interposa dans le rixe improvisé.
— Laisse-le, Terrens, ordonna-t-il amèrement à l'homme noir.
— Dégage, Frank, c'est pas ton problème! répliqua le dénommé Terrens, entre ses dents.
— Désormais ça l'est.
Le prisonnier nommé Frank croisa ses bras contre son corps pour soutenir ses propos alors qu'un groupe d'hommes commença à se former derrière son dos. Une horde parée à lui prêter main forte en cas du moindre litige. En position d'infériorité, le détenu noir jeta un regard haineux à son groupe ennemi et se recula à contre cœur de sa victime. Une seconde après, il vit son propre clan se constituer à ses côtés. Tel un duel en plein soleil, les deux chefs de gang s'affrontèrent d'un regard menaçant en guettant le moindre faux pas qui pouvait déclencher une altercation avec de lourdes répercussions. Toutefois, le sort en décida autrement. Un garde cria la fin de la pause et le retour immédiat dans leur cellule respective. Les deux clans se toisèrent avec dégoût puis s'écartèrent lentement l'un de l'autre, comme deux aimants opposés. L'échauffourée évité, chacun reprit le chemin de la case prison en prenant garde d'éviter de croiser un joueur adversaire. Encore à terre, Cal essuya d'un revers de main le sang dégoulinant de sa bouche en observant au loin l'homme qui l'avait frappé et le second qui l'avait sauvé.
— Cal, ça va ? s'exclama Gillian inquiète dans son oreillette.
— Ouais j'crois, marmonna-t-il, en grimaçant de douleur sur le sol.
— Pourquoi vous avez fait ça ? s'énerva Reynolds déstabilisé.
Cal n'eut pas le temps de répondre de ses actes qu'il entendit une voix masculine lui parler.
— Hey ! T'es un fou dangereux toi pour t'attaquer au groupe des black sans filet de sécurité !
L'expert en mensonge tourna sa tête sur le côté et aperçut vaguement la silhouette d'un homme au visage émacié s'avancer.
— C'est ce qu'on dit, grimaça Cal, alors qu'un rayon de soleil avait atteint son visage blessé. J'crois même que c'est pour ça qu'on ma jeté ici !
La vision brouillée, il plaça sa main en l'air pour faire barrage au faisceau lumineux. Il améliora sa vue ainsi que son observation sur l'inconnu. Le quidam était blanc, presque blême avec un bouc taillé et des cheveux brun débraillés. Il aurait pu le confondre avec un fou sortant d'un asile psychiatrique s'il n'avait pas porté sa tenue de prisonnier. Le détenu ria légèrement et lui tendit sa main dans l'intention de l'aider à se relever. Cal regarda celle-ci avec hésitation.
— T'inquiète pas elle est propre, assura-t-il. Aujourd'hui, j'me suis pas amusé avec.
Cal attrapa la main qui lui était offerte alors que le prisonnier le tira en avant pour le remettre sur pied. Une fois debout, il mit de l'ordre dans sa tenue en dévisageant sa nouvelle connaissance le contempler de la tête aux pieds.
— T'es nouveau toi, j't'ai jamais vu dans le coin...
Le détenu pencha sa tête sur le côté pour laisser son vil regard le sonder.
— Transfert ! répondit simplement Cal.
— Quelle prison ?
— Washington Corrections Center !
— WCC hein ? J'y suis déjà allé, c'était sympa ! Tu connais le vieux Leny ?
— Leny… Leny…, répéta-t-il, en arborant une expression d’intense réflexion.
— Ouais, l'agent de sécurité qui te frappait si tu faisais un pas de travers !
— On cherche dans les bases de données Lightman ! l'informa Reynolds dans son oreille.
— Un mec de ce genre ça ne s'oublie pas! lança le prisonnier, intrigué.
— Ouais, c'est sûr…, souffla Cal.Son pouls venait de redoubler d'intensité.
— Il n'existe pas de Leny, mais un Yates, dit Ben, un agent de sécurité qui a déjà eu un blâme pour coups abusifs sur des prisonniers !
— Son nom, ce n'était pas Yates plutôt ? lâcha Cal, sans être parfaitement sûr de sa réponse.
Le visage du captif sembla réfléchir à cette réponse en maintenant un pesant silence.
— Aah oui, sûrement ! approuva-t-il soudainement. J'ai dû le confondre avec d'autres prisons !
— Les pipelettes au fond ! On rentre ! cria à nouveau le garde pour les retardataires.
Le maigrichon poussa un soupir d'exaspération et invita Cal à le suivre. D'une démarche presque similaire à celle de son collègue, le détenu lui demanda :
— Au fait, c'est quoi ton petit nom ? À part le pantin j'veux dire.
— Hunter, Hunter Fox.
— Et bien, un nom pareil ça ne s'invente pas !
— Non, c'est sûr… Et toi ?
— Moi, j'm'appel Theodore Bagwell, mais tout le monde me surnomme T-Bag !
— Pas mal.
— Ouais ! C'est pas un nom qui fait transpirer la terreur, mais ça a le mérite d'être classe.
Les deux hommes s'échangèrent un regard complice puis entrèrent dans le bâtiment hautement sécurisé.
-O-o-O-
— Attendez ! Vous voulez dire que Le Dr Lightman a fait ami-ami avec un tueur, kidnappeur, violeur et j'en passe, pour pouvoir s'intégrer au groupe de Marshall? s'exclama presque scandalisé Dall, en lisant un énorme dossier concernant T-Bag.
— Oui, confirma Torres. Bagwell était l'une des détenus les plus faciles à approcher. D'après ce que le Dr Lightman affirmait, il était en quelque sorte l'homme aux oreilles.
— M. Bagwell connaissait tous les agissements de la prison, c'est ça ?
— C'est ça, ce qui était une aubaine pour le Dr Lightman d'avoir un informateur à ses côtés.
— À quel clan appartenait ce Bagwell ?
— Celui des Marshall, mais cela ne l'empêchait pas de parler avec le groupe de Terrens.
-O-o-O-
— Bien et ensuite que s'est-il passé M. Loker ?
— Lightman a continué de s'intégrer au groupe de prisonniers, expliqua Loker à Dall. Cela prenait du temps, mais nous n'avions pas d'autres solutions pour récupérer des renseignements.
-O-o-O-
Flash-back…
À l'heure du déjeuner, Cal s'était installé seul à une table dans la salle de restauration afin d'observer tous les autres prisonniers manger. Certains d'entre eux le dévisagèrent alors que d'autres ne se préoccupèrent guère de sa personne. Il continua son analyse puis posa ses yeux sur le clan Marshall. Des membres du clan le regardait avec intérêt.
— T'es sûr qu'on peut lui faire confiance T-Bag ?
— Ouais j'en suis sûr Frank ! Enfin pas à 100% non plus… J'dirai plutôt 80% ! hésita T-Bag, d'un geste mitigé de sa main.
— J'sais pas… J'préfère attendre que Marshall revienne.
— Pourquoi attendre que Marshall revienne ? C'est toi maintenant le boss, le grand patron des lieux. C'est toi qui dois montrer qui décide dans ce château de pisse-froid ! Et si tu l'acceptes dans nos rangs, ça sera tout benef' pour toi. Un nouveau soldat et le gain d'autorité. défendit Bagwell, en appuyant ses mots par le mouvement répété de son hot-dog entamé.
— Mouais...
— Aller Frank ! Fais moi confiance…, répliqua-t-il avec un fin sourire.
T-Bag plongea son regard vicieux dans celui sceptique de son chef temporaire dans l'espoir de lui faire changer d'avis. Celui-ci émit une mine de réflexion, regarda une nouvelle fois Cal puis hocha finalement la tête pour lui donner son consentement. En retour, T-Bag lui offrit un large sourire avant de se retourner et d'ordonner :
— Hey Fox ! Viens ici !
Sans attendre, Cal se leva avec son plateau repas sous les regards intrigués des autres prisonniers et s'installa avec désinvolture aux côtés de son nouveau partenaire de séjour de captivité.
— Fox, j'te présente Frank le big boss des lieux ! le présenta Theodore avec des gestes théâtrale de ses mains.
— Jusqu'au retour de Marshall, renchérit Frank, la bouche pleine.
— C'est qui Marshall ? demanda Cal.
— J't'expliquerai plus tard, lui signala T-Bag. Frank, voici Hunter Fox ! Il venait de la prison de WCC, mais il a été transféré dans notre humble demeure !
— Hunter Fox ? répéta surpris Frank, par ce nom assez singulier.
— Mes parents aimaient beaucoup la chasse, ironisa Cal.
Un rire presque exagéré sortit de la bouche de Bagwell.
— T'as été mis en taule pour quoi ? s'intéressa Frank.
— Meurtre. Mon ex-femme me réclamait une pension, alors un jour j'suis venu chez elle et je lui ai tranché la gorge. Le pire c'est qu'elle était avocate. Ouais j'sais… c'est pas très original, mais bon comme on dit, il faut de tout pour faire un monde !
— Mouais, approuva-t-il rieur.
— J'sais pas vous les gars… mais je sens que cela va devenir le début d'une histoire d'une très longue amitié ! certifia Theodore, en passant un bras fraternel autour des épaules de l'expert en mensonge qui gratifia son geste d'un grand sourire.
À SUIVRE...