Rendez-vous en enfer
Arrêter un meurtrier, en se faisant passer lui-même comme tel. Un jeu d'échec en grandeur nature entre ses murs. Il était prêt à tous les sacrifices pour faire éclater cette justice. À force de jouer les méchants, n'allait-il pas se laisser tomber dans l'obscurité au péril de la vérité ? (utilisation d'un personnage d'une autre série, sans être un véritable cross-over) Genre: Général - Rating T Saison: Après 3 |
CHAPITRE 13 : DE L'OMBRE À LA LUMIÈRE
Une semaine plus tard, Cal se trouvait dans un taxi en route pour l'hôpital. Bercé par les remous du véhicule, il laissa son regard s'évader par la fenêtre givrée. Il se remémora de ce jour funeste où il avait failli rejoindre l’au-delà puis de la conversation qui s'en était suivi avec sa fille après être rentrée chez lui…
Flash-Back…
De retour chez lui, Cal remarqua de la lumière s'échapper des fenêtres de son salon. Il entra dans son domicile et fut happé par une odeur appétissante de plat cuisiné. Sans tarder, il se rendit dans la cuisine et afficha un sourire lorsqu'il rencontra sa fille installée autour de l'îlot central en train de travailler sur son ordinateur portable. L'adolescente était revenue de son séjour avec sa mère pour passer le reste de sa semaine chez son père.
— Salut ! Tu rentres tard dis moi ? s'exclama joyeusement Emily, en rabattant l'écran de son d'ordinateur.
Cal s'approcha de sa fille et la serra dans ses bras. Après ce qu'il venait de vivre, c'était la seule chose qu'il voulait ressentir. L'amour de sa fille
— Ouais, j'suis désolé, répondit-il, en offrant un baiser dans ses cheveux.
— Ça fait une semaine qu'on ne s'est pas vus et toi, tout ce que tu me dis, c'est je suis désolé ! répliqua-t-elle hébétée.
— J'ai eu une longue journée…
La jeune fille regarda son père avec étrangeté. Elle connaissait ce regard. Elle l'avait déjà croisé le jour où il avait réussi à clore l'affaire du meurtre de l'amie de Gillian. Il lui en avait peu parlé, mais elle savait que cette affaire l'avait beaucoup touché…
— Ça va ?
— Oui ça va, pourquoi ça n'irait pas ? répliqua-t-il, en caressant ses cheveux avec tendresse.
— Je ne sais pas… tu sembles bizarre.
— Bizarre ?
— Oui enfin… plus bizarre que d'habitude. Il s'est passé quelque chose au travail ?
— Non juste… quelques petits contre temps, mentit-il, avec un mince sourire.
Emily remarqua que son père n'était pas tout à fait sincère. Elle voulut l'interroger sur la raison de son air attristé, mais sachant qu'elle n'obtiendrait pas de réponse, elle préféra lui poser une toute autre question.
— Tu ne lui as pas encore dit à Gillian ?
— Dit quoi, mon coeur ?
— Que tu l'aimais.
Cal se raidit. Il se remémora de cette conversation qu'il avait eue avec sa fille. Du jour où il avait pour le première fois avoué à haute voix son amour pour sa meilleure amie de toujours. La révélation n'avait pas été facile, mais le refoulement de cette vérité qui s'en était suivi avait été encore plus dévastatrice. Le dire à haute voix avait fait remonter beaucoup d'émotions en lui. Des vérités et des blessures profondes qu'il avait jusqu'à présent réussies à dissimuler. Depuis ce jour, il n'en avait plus jamais reparlé. Il se détacha légèrement de sa fille et caressa son doux visage.
— Non, avoua-t-il.
— Et… tu vas le faire quand ?
Cal ne sut quelle réponse offrir à sa fille, car lui-même ne le savait pas. À la place, il s'était contenté de contempler sa fille dans le plus grand silence.
JOUR PRÉSENT...
Arrivé à destination, Cal paya le chauffeur pour sa course et entra dans le bâtiment qui avait pour nom : "Washington adventist hospital". L'heure des droits de visite du lieu médicalisé n'allait pas tarder à être bientôt clôtuée. Il s'empressa de s'engouffrer dans un ascenseur pour atteindre l'étage supérieur. Il sillonna les couloirs jusqu'à arriver à la porte d'une chambre dans laquelle déjà d'autres visiteurs du soir étaient présents.
— Alors, comment tu te sens mon pote ? demanda Killian, au malade étendu dans son lit.
— Ça va mieux… Beaucoup mieux, affirma Hunter, en regardant son compagnon lui sourire.
— Tu sais que tu nous a fait peur !
— On est heureux que tu te sentes mieux, dit Ria, en posant une main réconfortante sur son avant bras.
— Grâce à Lightman, on a pu identifier des membres du groupe de Marshall qui t'ont fait ça, renchérit Loker. Ils vont être mis en examen.
— Et comment s'est passé la rencontre avec Dall ?
— On a bien géré la situation. Les entretiens se sont plutôt bien passés, on a même les félicitions du président !
— Et le Dr Lightman, comment il va ?
Torres s'apprêta à lui répondre, mais Cal fit son entrée.
— Qu'est-ce qui se passe ici ? C'est la file d'attente pour un nouveau job ?
— Si seulement…, soupira Loker, d'un pincement de lèvres.
— Faites gaffe Loker, vous n'êtes plus à l'abri d'un licenciement !
— Le FBI partit, le patron tyrannique reprend du service.
— Bonsoir Dr. Lightman, souhaita faiblement Hunter.
— Bonsoir Hunt… Zach, se rectifia Cal.
L'expert en mensonge s'avança près du lit de son employé et ajouta :
— Je suis venu voir… comment vous alliez.
— Je vais mieux, juste de la fatigue mais le médecin m'a dit que je pourrai bientôt sortir.
— Tant mieux.
— On m'a dit que vous aviez tout fait pour attraper les coupables. Je voulais vous remercier.
— Vous n'avez pas à le faire. C'est totalement de ma faute si vous…
— Arrêtez… Ceci n'est de la faute de personne à part de ce groupe…Je…Cela aurait pu arriver à une autre personne. J'avais confiance en vous, je savais que vous réussiriez à clore cette affaire. Vous n'avez pas à tout endosser, Dr Lightman.
— Je suis le patron.
Cette réflexion résuma toutes les pensées de Cal. Tout ce que l'agence subissait était à sa charge. Si on s'attaquait à l'un de ses employés, cela signifiait qu'on s'attaquait à son entourage donc sa famille. L'un de ses plus grands principes était de ne jamais abandonner l'un des siens. Jamais. Les deux hommes s'échangèrent un regard entendu puis une infirmière vint les avertir que l'heure des visites étaient terminées. Le groupe de visiteurs souhaita bonne soirée au patient et quittèrent la pièce. Cal s'apprêta à faire de même, mais s'arrêta à l'encadrement de la porte lorsqu'il entendit Hunter l'interpeller.
— J'ai vécu pire vous savez. Je m'en sortirai.
Cal fixa silencieusement son employé. Au delà de sa jovialité de chaque instant ou de son exubérance, Hunter semblait avoir déjà vécu des moments extrêmement difficiles. Là où certain aurait déjà plié, lui était resté debout. Il faisait parti de ces personnes qui se servaient de ses batailles et de ses blessures pour démontrer sa force et son combat qu'il menait chaque jour dans ce monde qui ne lui offrait pas toujours sa reconnaissance. Il était un homme fort et courageux. Cal savait qu'il s'en sortirait. Le patron lança un regard compréhensif à son employé et quitta sa chambre pour le laisser se reposer. Une fois à l'extérieur, il ferma les pans de son manteau pour se protéger de la fraîcheur automnale. Il regarda hypnotisé les passants aller et venir devant lui. Un fin sourire apparut sur ses lèvres lorsque son regard se perdit sur le trottoir d'en face. Une couple de jeune amoureux riait en s'embrassant tendrement. Un taxi s'approcha. Cal sortit de sa rêverie et fit signe au véhicule de s'arrêter. Après une demi-heure de route, il reconnut les habitations d'un quartier et demanda à son chauffeur de le laisser au coin d'une rue. Il marcha sur les trottoirs pluvieux de la ville et grimpa les marches d'un escalier en pierre maint fois emprunté pour se retrouver devant une maison éclairée. Il hésita longuement. Il repensa à cet instant où il avait frôlé la mort puis il afficha un air décidé. Il frappa contre la porte boisée et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Après un bref instant, le verrou s'enclencha et la porte s'ouvrit sur une femme surprise.
— Cal ?
— Bonsoir Gillian, j'espère que je ne te dérange pas trop…, s'excusa-t-il.
La psychologue était vêtue d'une tenue décontractée et il songea qu'il l'avait peut-être dérangée.
— J'passais dans le coin, je sais qu'il est tard… Je peux passer demain si tu veux !
— Euh non reste ! Tu ne me déranges pas du tout…, affirma-t-elle, d'un fin sourire.
Les deux amis s'observèrent souriant avec une légère gêne. Ils s'étaient évités toute la semaine et n'avaient à aucun moment parlé de ce qui s'était passé sur ce toit. En particulier Cal qui avait prétexté de nombreuses affaires à traitées, par peur d'affronter la vérité qui l'avait toujours fait reculé.
— Je voulais… je voulais juste te dire qu'Hunter était sorti d'affaire. Je viens de le voir à l'hôpital.
— Tant mieux, on s'inquiétait tous pour lui…, dit-elle, en croisant ses bras contre son corps pour retenir le peu de chaleur qu'offrait l'extérieur.
— Ouais… Oh et le FBI a retrouvé les armes dont Marshall se servait pour tuer ses victimes. Ils les ont retrouvées dans la planque du clan, caché dans un faux mur… Ils ont aussi réussi à prouver qu'Adams avait tué la fille du juge Johnson. Cox sera jugé pour complicité de meurtre et Adkins sera aussi jugé, mais il sera suivi par un psychiatre. Ils pensent qu'ils ne savaient pas trop ce qu'il faisait…
— Et toi, tu penses quoi ?
— Je pense qu'il avait besoin de se sentir apprécié à sa juste valeur et qu'on ne lui a jamais accordé ce droit… Une frustration qui l'a fait basculé dans la folie. Je suppose que si on l'avait aidé plus tôt, il n'aurait certainement pas atterri en prison et aidé le clan Marshall... Je ne sais pas s'il a le droit à une seconde chance, mais ses actes ne doivent pas restés impunis...
— Sans doute…
Elle ancra son regard tendre dans celui impassible de son ami. Cal dévia son regard puis ajouta :
— Bon, je vais te laisser, t'as surement d'autres choses à faire…
Il s'approcha du visage de son amie, l'embrassa sur sa joue et se recula en lui souhaitant une bonne soirée. Elle le regarda repartir avec une pointe de déception puis ferma la porte de sa maison. Cal fit à peine un mètre avant de se demander ce qu'il était en train de faire... Il ferma ses yeux et retourna sur ses pas pour frapper à nouveau sur la porte close. Cette fois-ci, il n'eut pas besoin d'attendre très longtemps pour revoir la propriétaire qui afficha une expression interrogative.
— Tu as oublié de me dire quelque chose ?
Figé sur place, Cal reprit ses esprits et lâcha :
— C'est ça !
— Et de quoi s'ag…
Gillian ne put dire un mot de plus que Cal venait de poser ses lèvres contre les siennes. Un baiser doux et tendre. Il se recula et regarda la réaction de la psychologue. Très surprise, elle n'avait pas bougé d'un iota. Une non-réaction qui embarrassa rapidement l'expert en mensonge. Il venait de commettre une terrible erreur. Plus que gêné, Cal fixa muet les yeux bleus de son amie déconcertés.
— Hum… je devrais… Je devrais sans doute te lai…
Elle le coupa à son tour dans ses paroles en capturant ses lèvres avec une folle envie. Cal se laissa d'abord faire puis revint à la raison en participant à l'échange. Transportés par leur baiser, les deux experts en mensonge ne s'arrêtèrent qu'au moment où ils manquèrent de souffle. Dans les bras l'un de l'autre, ils s'échangèrent un regard rempli de tendresse et déclarèrent au même instant:
— Je crois qu'il faut qu'on parle…
Ils rirent de cette réponse simultanée et se regardèrent amoureusement. Cal déplaça tendrement une mèche de cheveux de la psychologue souriante. Il n'avait jamais ressenti ça, cet intense bonheur. Leur souffle se mélangeant, il rapprocha son visage pour frôler ses lèvres avec les siennes. Il fit durer ce moment et l'embrassa beaucoup plus chastement. L'échange terminé, ils se contemplèrent du plaisir partagé. Gillian prit la main de Cal et l'entraina dans sa maison. Pendant une bonne partie de la nuit, les deux amis discutèrent de leur relation, leurs non-dits ainsi que de cette limite qui les avaient empêchés de vivre un autre amour. Ils étaient arrivés à la même conclusion. Leurs sentiments étaient réciproques et ils étaient enfin prêts à risquer leur lien d'amitié pour quelque chose de plus fort et de plus grand. Cal ne savait pas ce que l'avenir lui réservait et étrangement il ne voulait pas s'en prémunir. Pour une fois dans son existence, il souhaitait tout simplement vivre chaque moment avec intensité sans se soucier du futur avec la femme qui partagerait désormais sa vie. Après tout ce qu'il venait de vivre, il pensa que même si on avait traversé les pires des enfers, nous n'étions pas conditionnés à devenir comme ceux qui nous avait détruits ou du moins à refouler ce que nous souhaitions être. Que ces blessures nous rendaient finalement plus forts et plus aptes à affronter les obstacles de la vie. Qu'au fond personne n'avait le droit de dicter nos choix ou notre manière d'être. Et que certains plus chanceux que d'autres devaient en user deux fois plus pour ne pas laisser l'opportunité de laisser filer ces instants si précieux. Cal se sentait comme l'un d'entre eux. Il lui avait fallu du temps pour s'apercevoir qu'il avait déjà tout pour être heureux. Des amis, une fille et une femme qu'il aimait plus que tout. C'était peut-être cliché, mais cela lui suffisait. Il n'avait jamais eu besoin de plus que le bonheur d'être aimé ainsi qu'une bonne tasse de thé à proximité ! Tant qu'on était encore en vie, on avait encore le droit à sa fin heureuse et prouver au monde que le bonheur n'était pas réservé qu'aux personnes "aux belles histoires".
FIN*
Flash-Back…
De retour chez lui, Cal remarqua de la lumière s'échapper des fenêtres de son salon. Il entra dans son domicile et fut happé par une odeur appétissante de plat cuisiné. Sans tarder, il se rendit dans la cuisine et afficha un sourire lorsqu'il rencontra sa fille installée autour de l'îlot central en train de travailler sur son ordinateur portable. L'adolescente était revenue de son séjour avec sa mère pour passer le reste de sa semaine chez son père.
— Salut ! Tu rentres tard dis moi ? s'exclama joyeusement Emily, en rabattant l'écran de son d'ordinateur.
Cal s'approcha de sa fille et la serra dans ses bras. Après ce qu'il venait de vivre, c'était la seule chose qu'il voulait ressentir. L'amour de sa fille
— Ouais, j'suis désolé, répondit-il, en offrant un baiser dans ses cheveux.
— Ça fait une semaine qu'on ne s'est pas vus et toi, tout ce que tu me dis, c'est je suis désolé ! répliqua-t-elle hébétée.
— J'ai eu une longue journée…
La jeune fille regarda son père avec étrangeté. Elle connaissait ce regard. Elle l'avait déjà croisé le jour où il avait réussi à clore l'affaire du meurtre de l'amie de Gillian. Il lui en avait peu parlé, mais elle savait que cette affaire l'avait beaucoup touché…
— Ça va ?
— Oui ça va, pourquoi ça n'irait pas ? répliqua-t-il, en caressant ses cheveux avec tendresse.
— Je ne sais pas… tu sembles bizarre.
— Bizarre ?
— Oui enfin… plus bizarre que d'habitude. Il s'est passé quelque chose au travail ?
— Non juste… quelques petits contre temps, mentit-il, avec un mince sourire.
Emily remarqua que son père n'était pas tout à fait sincère. Elle voulut l'interroger sur la raison de son air attristé, mais sachant qu'elle n'obtiendrait pas de réponse, elle préféra lui poser une toute autre question.
— Tu ne lui as pas encore dit à Gillian ?
— Dit quoi, mon coeur ?
— Que tu l'aimais.
Cal se raidit. Il se remémora de cette conversation qu'il avait eue avec sa fille. Du jour où il avait pour le première fois avoué à haute voix son amour pour sa meilleure amie de toujours. La révélation n'avait pas été facile, mais le refoulement de cette vérité qui s'en était suivi avait été encore plus dévastatrice. Le dire à haute voix avait fait remonter beaucoup d'émotions en lui. Des vérités et des blessures profondes qu'il avait jusqu'à présent réussies à dissimuler. Depuis ce jour, il n'en avait plus jamais reparlé. Il se détacha légèrement de sa fille et caressa son doux visage.
— Non, avoua-t-il.
— Et… tu vas le faire quand ?
Cal ne sut quelle réponse offrir à sa fille, car lui-même ne le savait pas. À la place, il s'était contenté de contempler sa fille dans le plus grand silence.
JOUR PRÉSENT...
Arrivé à destination, Cal paya le chauffeur pour sa course et entra dans le bâtiment qui avait pour nom : "Washington adventist hospital". L'heure des droits de visite du lieu médicalisé n'allait pas tarder à être bientôt clôtuée. Il s'empressa de s'engouffrer dans un ascenseur pour atteindre l'étage supérieur. Il sillonna les couloirs jusqu'à arriver à la porte d'une chambre dans laquelle déjà d'autres visiteurs du soir étaient présents.
— Alors, comment tu te sens mon pote ? demanda Killian, au malade étendu dans son lit.
— Ça va mieux… Beaucoup mieux, affirma Hunter, en regardant son compagnon lui sourire.
— Tu sais que tu nous a fait peur !
— On est heureux que tu te sentes mieux, dit Ria, en posant une main réconfortante sur son avant bras.
— Grâce à Lightman, on a pu identifier des membres du groupe de Marshall qui t'ont fait ça, renchérit Loker. Ils vont être mis en examen.
— Et comment s'est passé la rencontre avec Dall ?
— On a bien géré la situation. Les entretiens se sont plutôt bien passés, on a même les félicitions du président !
— Et le Dr Lightman, comment il va ?
Torres s'apprêta à lui répondre, mais Cal fit son entrée.
— Qu'est-ce qui se passe ici ? C'est la file d'attente pour un nouveau job ?
— Si seulement…, soupira Loker, d'un pincement de lèvres.
— Faites gaffe Loker, vous n'êtes plus à l'abri d'un licenciement !
— Le FBI partit, le patron tyrannique reprend du service.
— Bonsoir Dr. Lightman, souhaita faiblement Hunter.
— Bonsoir Hunt… Zach, se rectifia Cal.
L'expert en mensonge s'avança près du lit de son employé et ajouta :
— Je suis venu voir… comment vous alliez.
— Je vais mieux, juste de la fatigue mais le médecin m'a dit que je pourrai bientôt sortir.
— Tant mieux.
— On m'a dit que vous aviez tout fait pour attraper les coupables. Je voulais vous remercier.
— Vous n'avez pas à le faire. C'est totalement de ma faute si vous…
— Arrêtez… Ceci n'est de la faute de personne à part de ce groupe…Je…Cela aurait pu arriver à une autre personne. J'avais confiance en vous, je savais que vous réussiriez à clore cette affaire. Vous n'avez pas à tout endosser, Dr Lightman.
— Je suis le patron.
Cette réflexion résuma toutes les pensées de Cal. Tout ce que l'agence subissait était à sa charge. Si on s'attaquait à l'un de ses employés, cela signifiait qu'on s'attaquait à son entourage donc sa famille. L'un de ses plus grands principes était de ne jamais abandonner l'un des siens. Jamais. Les deux hommes s'échangèrent un regard entendu puis une infirmière vint les avertir que l'heure des visites étaient terminées. Le groupe de visiteurs souhaita bonne soirée au patient et quittèrent la pièce. Cal s'apprêta à faire de même, mais s'arrêta à l'encadrement de la porte lorsqu'il entendit Hunter l'interpeller.
— J'ai vécu pire vous savez. Je m'en sortirai.
Cal fixa silencieusement son employé. Au delà de sa jovialité de chaque instant ou de son exubérance, Hunter semblait avoir déjà vécu des moments extrêmement difficiles. Là où certain aurait déjà plié, lui était resté debout. Il faisait parti de ces personnes qui se servaient de ses batailles et de ses blessures pour démontrer sa force et son combat qu'il menait chaque jour dans ce monde qui ne lui offrait pas toujours sa reconnaissance. Il était un homme fort et courageux. Cal savait qu'il s'en sortirait. Le patron lança un regard compréhensif à son employé et quitta sa chambre pour le laisser se reposer. Une fois à l'extérieur, il ferma les pans de son manteau pour se protéger de la fraîcheur automnale. Il regarda hypnotisé les passants aller et venir devant lui. Un fin sourire apparut sur ses lèvres lorsque son regard se perdit sur le trottoir d'en face. Une couple de jeune amoureux riait en s'embrassant tendrement. Un taxi s'approcha. Cal sortit de sa rêverie et fit signe au véhicule de s'arrêter. Après une demi-heure de route, il reconnut les habitations d'un quartier et demanda à son chauffeur de le laisser au coin d'une rue. Il marcha sur les trottoirs pluvieux de la ville et grimpa les marches d'un escalier en pierre maint fois emprunté pour se retrouver devant une maison éclairée. Il hésita longuement. Il repensa à cet instant où il avait frôlé la mort puis il afficha un air décidé. Il frappa contre la porte boisée et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Après un bref instant, le verrou s'enclencha et la porte s'ouvrit sur une femme surprise.
— Cal ?
— Bonsoir Gillian, j'espère que je ne te dérange pas trop…, s'excusa-t-il.
La psychologue était vêtue d'une tenue décontractée et il songea qu'il l'avait peut-être dérangée.
— J'passais dans le coin, je sais qu'il est tard… Je peux passer demain si tu veux !
— Euh non reste ! Tu ne me déranges pas du tout…, affirma-t-elle, d'un fin sourire.
Les deux amis s'observèrent souriant avec une légère gêne. Ils s'étaient évités toute la semaine et n'avaient à aucun moment parlé de ce qui s'était passé sur ce toit. En particulier Cal qui avait prétexté de nombreuses affaires à traitées, par peur d'affronter la vérité qui l'avait toujours fait reculé.
— Je voulais… je voulais juste te dire qu'Hunter était sorti d'affaire. Je viens de le voir à l'hôpital.
— Tant mieux, on s'inquiétait tous pour lui…, dit-elle, en croisant ses bras contre son corps pour retenir le peu de chaleur qu'offrait l'extérieur.
— Ouais… Oh et le FBI a retrouvé les armes dont Marshall se servait pour tuer ses victimes. Ils les ont retrouvées dans la planque du clan, caché dans un faux mur… Ils ont aussi réussi à prouver qu'Adams avait tué la fille du juge Johnson. Cox sera jugé pour complicité de meurtre et Adkins sera aussi jugé, mais il sera suivi par un psychiatre. Ils pensent qu'ils ne savaient pas trop ce qu'il faisait…
— Et toi, tu penses quoi ?
— Je pense qu'il avait besoin de se sentir apprécié à sa juste valeur et qu'on ne lui a jamais accordé ce droit… Une frustration qui l'a fait basculé dans la folie. Je suppose que si on l'avait aidé plus tôt, il n'aurait certainement pas atterri en prison et aidé le clan Marshall... Je ne sais pas s'il a le droit à une seconde chance, mais ses actes ne doivent pas restés impunis...
— Sans doute…
Elle ancra son regard tendre dans celui impassible de son ami. Cal dévia son regard puis ajouta :
— Bon, je vais te laisser, t'as surement d'autres choses à faire…
Il s'approcha du visage de son amie, l'embrassa sur sa joue et se recula en lui souhaitant une bonne soirée. Elle le regarda repartir avec une pointe de déception puis ferma la porte de sa maison. Cal fit à peine un mètre avant de se demander ce qu'il était en train de faire... Il ferma ses yeux et retourna sur ses pas pour frapper à nouveau sur la porte close. Cette fois-ci, il n'eut pas besoin d'attendre très longtemps pour revoir la propriétaire qui afficha une expression interrogative.
— Tu as oublié de me dire quelque chose ?
Figé sur place, Cal reprit ses esprits et lâcha :
— C'est ça !
— Et de quoi s'ag…
Gillian ne put dire un mot de plus que Cal venait de poser ses lèvres contre les siennes. Un baiser doux et tendre. Il se recula et regarda la réaction de la psychologue. Très surprise, elle n'avait pas bougé d'un iota. Une non-réaction qui embarrassa rapidement l'expert en mensonge. Il venait de commettre une terrible erreur. Plus que gêné, Cal fixa muet les yeux bleus de son amie déconcertés.
— Hum… je devrais… Je devrais sans doute te lai…
Elle le coupa à son tour dans ses paroles en capturant ses lèvres avec une folle envie. Cal se laissa d'abord faire puis revint à la raison en participant à l'échange. Transportés par leur baiser, les deux experts en mensonge ne s'arrêtèrent qu'au moment où ils manquèrent de souffle. Dans les bras l'un de l'autre, ils s'échangèrent un regard rempli de tendresse et déclarèrent au même instant:
— Je crois qu'il faut qu'on parle…
Ils rirent de cette réponse simultanée et se regardèrent amoureusement. Cal déplaça tendrement une mèche de cheveux de la psychologue souriante. Il n'avait jamais ressenti ça, cet intense bonheur. Leur souffle se mélangeant, il rapprocha son visage pour frôler ses lèvres avec les siennes. Il fit durer ce moment et l'embrassa beaucoup plus chastement. L'échange terminé, ils se contemplèrent du plaisir partagé. Gillian prit la main de Cal et l'entraina dans sa maison. Pendant une bonne partie de la nuit, les deux amis discutèrent de leur relation, leurs non-dits ainsi que de cette limite qui les avaient empêchés de vivre un autre amour. Ils étaient arrivés à la même conclusion. Leurs sentiments étaient réciproques et ils étaient enfin prêts à risquer leur lien d'amitié pour quelque chose de plus fort et de plus grand. Cal ne savait pas ce que l'avenir lui réservait et étrangement il ne voulait pas s'en prémunir. Pour une fois dans son existence, il souhaitait tout simplement vivre chaque moment avec intensité sans se soucier du futur avec la femme qui partagerait désormais sa vie. Après tout ce qu'il venait de vivre, il pensa que même si on avait traversé les pires des enfers, nous n'étions pas conditionnés à devenir comme ceux qui nous avait détruits ou du moins à refouler ce que nous souhaitions être. Que ces blessures nous rendaient finalement plus forts et plus aptes à affronter les obstacles de la vie. Qu'au fond personne n'avait le droit de dicter nos choix ou notre manière d'être. Et que certains plus chanceux que d'autres devaient en user deux fois plus pour ne pas laisser l'opportunité de laisser filer ces instants si précieux. Cal se sentait comme l'un d'entre eux. Il lui avait fallu du temps pour s'apercevoir qu'il avait déjà tout pour être heureux. Des amis, une fille et une femme qu'il aimait plus que tout. C'était peut-être cliché, mais cela lui suffisait. Il n'avait jamais eu besoin de plus que le bonheur d'être aimé ainsi qu'une bonne tasse de thé à proximité ! Tant qu'on était encore en vie, on avait encore le droit à sa fin heureuse et prouver au monde que le bonheur n'était pas réservé qu'aux personnes "aux belles histoires".
FIN*