LIGHTMAN5
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Le prix à payer

Plusieurs meurtres font la une des journaux de Manhattan. Sous pression, Kate demande de l'aide à ses amis experts en mensonge et scientifique pour la résolution de cette périlleuse enquête avec à la clé des surprenantes révélations.

Genre : Général
Note : Cal et Gillian sont mariés (Emily a 8 ans, Nick et Louise ont 2 ans)


Postée : 26/05/18

En ce mois d'hiver, une sombre affaire avait éclaté en plein coeur de Manhattan. Le corps inerte d'une jeune femme d'une trentaine d'années avait été découvert dans la chambre d'hôtel d'un quartier chic de la ville. Des traces d'étranglement étaient présents sur son cou, or aucun signe de lutte n'avait été détecté dans la pièce où la victime avait été trouvée. Cela était la troisième femme tuée dans les mêmes conditions en moins d'une semaine. Il était inutile de dire qu'un si grand mystère avait fait l'objet d'une curiosité particulière dans les bureaux des journalistes voisins, s'empressant d'élaborer articles et montages vidéo, malgré les prérogatives de la police sur le non-ébruitement de l'affaire en cours. Un coup de projecteur dont se serait bien passé l'unité criminelle du Capitaine Kate Beckett ainsi que de son mari et consultant Richard Castle, assignés sur la résolution de ce cas complexe. Une cinglante histoire qui avait accroît en peu de temps l'inquiétude de la population New-Yorkaise, effrayée à l'idée qu'un dangereux criminel jalonnait dans les rues en toute liberté. Entre psychose et sécurité, les consciences politiques s'échauffèrent et exigèrent sans objectivité des résultats concrets de sa police. Une pression volontaire qui avait eu raison de Kate sollicitant, avec l'accord du maire, l'aide exceptionnelle de ses amis experts en mensonge Cal et Gillian Lightman ainsi que celle de Mac Taylor, expert scientifique en criminalité, pour faire avancer l'enquête et au mieux la résoudre.

Après un bref trajet en voiture, Kate et Richard, accompagnés de leurs amis, remontèrent une rue enneigée menant à un hôtel de luxe, nommé "Edouard", où avait été signalé le crime. Un établissement pour des clients privilégiés où la mise du pourboire débutait au sourire de Benjamin Franklin. Un visage souriant identique à celui des groom qui les recevaient.
Au risque de tomber malade, avant les fêtes de fin d'année, tout le groupe s'était chaudement habillé de la tête aux pieds pour se parer à ce froid vigoureux, si populaire pour les habitants de la grosse pomme.
— J'espère que ça ne cause pas de problème à ta mère Rick de garder Em' et les jumeaux chez vous ? s'angoissa Gillian. Mes parents sont en voyage et avec les vacances scolaires, Cal et moi nous n'avons trouvé personne pour les garder…
— Mais nooon Gill', réfuta Castle tout sourire, Alexis et Em' sont les meilleures amies du monde ! En plus de ça, ma mère adore les enfants ! Depuis qu'Alexis est née, c'est une vraie grand-mère gâteau !
Non-convaincu, Cal effectua un mouvement de sourcils et riposta :
— On parle d'enfants de 2 ans Rick, qui aiment courir de partout et ne s'arrêtent jamais sauf si tu mets Pokémon à la télé.
— Ça me rappelle quelqu'un, plaisanta Kate, non sans un furtif regard vers son compagnon.
Mac et Gillian rirent légèrement à ce sous-entendu à peine déguisé alors que Richard ne sembla pas en comprendre son sens. Les cinq amis continuèrent leur route jusqu'à s'immobiliser à mi-chemin lorsque Kate aperçut un attroupement de journalistes, avec caméras et micros, devant l'établissement gardé par des policiers.
— C'est pas vrai…
— Voilà une publicité dont l'hôtel se serait bien passée, assura Gillian.
— Détrompe-toi Gill', répliqua Castle, les histoires de meurtres ça fait toujours grimper le chiffre d'affaire.
La perche tendue, il n'en fallut pas plus à Cal pour ajouter avec ironie :
— Donc… si je tue un écrivain célèbre dans ma maison, sa plus value va augmenter de combien ? Parce que si c'est plus d'un million, je t'invite à prendre le brunch dimanche prochain !
— Très drôle Cal, jasa Richard.
Tout le monde ria une nouvelle fois au dépend du grand brun qui bougonna vexé dans son coin :
— J'suis sûr qu'elle vaudrait des millions…
C'est alors qu'une journaliste blonde, assistée d'un technicien, s'interposa abruptement sur leur chemin. Elle ordonna à celui-ci de cadrer sa caméra sur le groupe sans préalablement y être invité. Un manque de savoir vivre qui ne manqua pas d'agacer Kate.
— Capitaine Beckett !
Kate lâcha un long soupir d'exaspération en reconnaissant immédiatement l'impétueuse journaliste. Elle s'appelait Sally Jackson. Une grande blonde au physique avantageux. Elle était considérée comme une vraie harpie dans le milieu du journalisme avec la réputation de ne jamais lâcher un bon scoop qui pouvait faire la première page. Depuis le début de cette affaire, Sally se rendait successivement sur tous les lieux où la police menait son enquête, en dépit des refus catégorique de coopération, à la recherche de la moindre exclusivité. La policière soupçonnait Sally d'être la principale responsable de toutes les fuites d'informations divulguées au grand public.
— Tient… Sally… ça faisait longtemps…, ironisa Kate.
— Juste une semaine et demie, répondit la blonde sur le même ton.
— Vous comptez les jours ?
— Surtout lorsqu'on apprend qu'un troisième meurtre a eu lieu !
La journaliste aperçut Castle aux côtés de la policière et s'empressa de le saluer :
— Monsieur Castle.
— Sally, sourit faussement l'écrivain. Toujours aussi matinal à ce que je vois !
— Vous savez ce qu'on dit, ce sont les premiers levés qui sont les premiers servis.
— C'est pour ça que je me lève tous les jours avant mes enfants pour être sûr d'avoir des pancakes !
— Chacun ses ambitions..., soupira Sally totalement indifférente à ces propos.
D'un geste victorieux, Castle pointa la journaliste de son index pour approuver ses dires bien que son sourire forcé avait trahi ses nuisibles pensées. Cal avait silencieusement observé l'échange puis s'était penché à l'oreille de son ami pour obtenir un renseignement en aparté :
— Une amie à vous ?
— Si tu entends par "amie", comme dans j'aimerais l'attacher à une chaise et jeter les clés dans le fleuve Hudson, alors oui, c'est une de nos meilleure amie ! répondit Richard faussement tout sourire.
— Je vois…, fit Cal d'une petite moue de sa bouche.
Une férocité s'anima soudainement dans les yeux de Sally qui s'exclama :
— Dites-moi Capitaine, que fait la police pour protéger les femmes de cette ville ?
— Nous faisons tout ce que nous pouvons pour résoudre cette affaire, Jackson !
— Cela ne semble pas assez suffisant. Déjà trois femmes sont mortes à cause de cet homme.
— Qui vous dit que c'est n'est pas une femme ?
— C'est un homme ?
Kate secoua sa tête en signe de désabusement.
— Si certains journalistes avaient plus d'éthique, peut-être qu'on aurait déjà pu clore cette affaire.
Sally comprit que l'attaque verbale lui était destinée et riposta :
— Nous ne faisons que notre métier Capitaine.
— Alors laissez-nous faire le notre.
— La population a le droit d'être prévenue !
— Elle le sera lorsque nous aurons plus d'informations. D'ici là, éviter de publier nos rapports d'enquêtes qui pourraient informer le tueur sur notre avancement !
— Le premier amendement vous connaissez ?
— Je déplore seulement que certains l'usent à mauvais escient, surtout lorsque des vies sont en jeu.
Un rictus de mépris se dessina sur les lèvres de Sally qui retourna son attention sur les personnes accompagnant la policière.
— Qui sont ces personnes ?
— Vous n'avez pas besoin de le savoir.
Kate acheva la conversation et commanda au groupe de la suivre jusqu'au barrage de policiers où elle présenta son badge à un officier afin d'avoir accès au lieu hautement sécurisé. Laissée sur place, Sally suivit du regard le groupe d'investigation se dirigeant vers l'hôtel de luxe et s'exclama :
— Je le saurai à un moment donné avec ou sans votre aide, Capitaine Beckett !
Sans réponse, Sally jura entre ses dents de cet infructueux échange et commanda à son caméraman d'éteindre son appareil.

oOo

Dans l'hôtel, un policier d'origine latine du nom de Javier Esposito accueillit l'équipe sur le lieu du délit. Le lieutenant Esposito était un membre de l'équipe de Kate et travaillait depuis quelques années sous les ordres de la jeune femme ainsi qu'en étroite collaboration avec Castle. Dans l'effervescence générale, plusieurs agents s'activaient à rassembler des preuves alors qu'au même moment Esposito en profita pour exposer les faits :
— La victime s'appelle Amber Millan. 30 ans, elle vient du Queens. Elle est célibataire et sans enfant.
Cal, Gillian et Richard restèrent en retrait pendant que Mac examina avec attention la scène de crime. La quarantaine passée, grand brun aux yeux verts, bien qu'il n'en avait pas conscience, Mac Taylor était le genre d'homme qui ne laissait pas la gente féminine indifférente. Ancien Marines et originaire de Chicago, il travaillait depuis plusieurs années à New-York en tant que détective en chef d'une équipe de la police scientifique de Manhattan. Consciencieux, on pouvait décrire le détective comme un vrai bourreau de travail, s'acharnant avec ardeur sur chacune de ses affaires pour faire révéler la vérité afin d'offrir la paix aux victimes et à leur famille. C'était donc tout naturellement qu'il avait accepté d'aider Kate dans cette enquête.
En symbiose avec le scientifique, Lanie Parish, médecin légiste du département de police, étudia le corps de la victime reposant toujours sur le lit. Cal remarqua l'air quelque peu dégouté de Gillian et lui demanda si tout allait bien. Elle le rassura en affirmant que ce n'était que passager puis lui indiqua de retourner à son investigation. Il jeta un regard suspicieux à sa femme, mais obéit.
— Je ne vois aucune trace de lutte ni de sang, indiqua Taylor. Le lit n'est pas défait. Tout est net. On pourrait presque croire qu'elle dort…
En effet, c'est curieusement que la chambre avait gardé son aspect accueillant en dépit de l'horrible crime qui avait été commis. Ceci principalement grâce à la décoration à la fois noble et élégante de l'établissement chic qui lui avait valu, pour la troisième fois consécutive, une nomination dans les meilleurs hôtels de Manhattan. Un classement parut dans le magasine phare des hôteliers : "Service quatre étoiles". À croire que l'hôtel souhaitait garder son prestige en toute circonstance.
Penchée sur la dépouille, Lanie présenta ses premières impressions :
— D'après mon analyse, elle possède les mêmes signes de strangulation sur le cou retrouvés chez les autres victimes.
— Il s'agit du même mode opératoire que pour les deux autres meurtres, appuya Mac.
— Ce qui veut dire que nous avons affaire au même assassin, conclut Kate.
— C'est le troisième meurtre en moins de deux semaines, s'inquiéta Gillian.
— Le tueur augmente en puissance, il nous nargue, souligna Cal d'une petite moue de sa bouche.
Une rage interne s'empara de Kate à cet état de fait. Le coupable se jouait d'elle. Elle s'haïssait d'être si impuissante face à ces assassinats répétitifs et de n'avoir aucune emprise sur la situation. La tête penchée sur le côté, l'expert en mensonge capta l'émotivité de son amie et s'empressa de la raisonner :
— Ça sera la dernière fois.
Kate opina du chef à cette allusion et se focalisa à nouveau sur l'affaire. Le message semblait être passé. Elle devait à tout prix rester concentrer.
— Pourquoi était-elle à Manhattan ?
— Mlle Millan était ici pour un séminaire de management en communication situé dans l'hôtel même, expliqua Esposito à sa patronne.
— Combien de temps durait ce séminaire ?
— Moins d'une journée.
Cal fronça ses sourcils et demanda :
— Le Queens n'est qu'à une demie-heure d'ici en voiture, pourquoi a-t-elle prise une chambre d'hôtel?
— Elle voulait sans doute se reposer avant de repartir, ou faire du tourisme. Manhattan est un pôle culturel.
— Ou peut-être que la chambre était offerte ! s'enthousiasma Castle. Moi j'en profiterai un max !
Castle dû malheureusement ravaler son expression amusée lorsqu'il rencontra par mégarde le regard noir de son ami expert en mensonge, immunisé depuis le premier jour par son humour.
— Il n'y a pas de valise, signala Mac, elle ne souhaitait pas s'attarder ici. Avez-vous trouvé son portefeuille ?
— Sur la table de nuit avec son portable, répondit Esposito.
Mac jeta un regard circulaire dans la pièce et arbora un air perplexe.
— Étrange…
— Qu'y a-t-il ?
— La victime porte une robe…
— C'est vrai qu'avec cet hiver New-Yorkais, c'est peut-être glamour, mais on a vite fait d'attraper un rhume, approuva Richard.
Cal leva ses yeux au ciel à cette nouvelle remarque inutile. Mac esquissa un sourire et répliqua :
— Je ne remets pas en cause ses goûts vestimentaires, Rick. Ce que je trouve étrange c'est que vous dites avoir retrouvé son portefeuille et son portable sur la table de nuit alors que je ne vois aucune trace de son sac à main.
— C'est vrai, s'étonna Esposito d'avoir pu louper ce détail.
Intrigué, Mac s'approcha du corps afin de l'étudier de plus près.
— Je n'aurai sans doute pas fait le rapprochement si elle avait porté un jean ou une veste adéquat… Or d'après son apparence, elle semble porter un intérêt tout particulier à l'image qu'elle véhicule et à sa féminité. Ses ongles des pieds et des mains sont vernis. Elle porte des bijoux ainsi qu'un maquillage sophistiqué. Je ne pense pas qu'une femme de cette envergure se balade avec son portefeuille à la main.
— Il est possible qu'elle ait pu l'égarer dans l'hôtel, proposa Gillian.
— Ce n'est pas toi qui me disait qu'une femme ne se séparait jamais de son sac à main, répliqua amusé son mari.
— Seulement lorsqu'elle en est contrainte et forcée.
Cal lâcha un soupir rieur. Sans tarder, Kate ordonna à un autre agent de police de fouiller l'établissement pour retrouver le sac en question. Mac inspecta le portefeuille de Amber et trouva ses papiers d'identités avec quelques billets.
— Il n'y a aucune carte de crédit, seulement du liquide. Si l'appât du gain était le mobile du meurtre, le voleur aurait dérobé ses billets et ses bijoux. Quand la chambre a t-elle été réservée ?
— Il y a une semaine d'après le réceptionniste, répondit Javier. La chambre a été réservée au nom de Hogan.
Tout d'un coup, Mac commença à effectuer un curieux va et vient entre le corps de Millan et la carte d'identité de la victime entre ses mains. D'un air soucieux, il intima à Kate d'entamer le même processus d'étude. La jeune femme pencha son regard sur la victime et cibla une sorte de pass autour de son cou. Les mains protégées par des gants en latex, elle retira précautionneusement l'objet du cou de la victime afin de lire son intitulé à haute voix :
— Ritha Hogan.
— Ce pass n'appartient pas à la victime...
Sur la table de nuit, Kate prit le portable de la défunte et vérifia les derniers appels reçus.
— Amber a reçu un sms d'un appel inconnu, un quart d'heure avant sa mort. "RDV chambre 303, si tu ne ne viens pas je révèle à tous ton petit secret, Laura". Il faudra retracer le propriétaire du numéro.
Esposito acquiesça et nota l'information sur un carnet alors que Kate interpella un peu plus loin un policier blond discutant avec un collègue.
— Ryan, tu as des témoignages ?
Kevin Ryan, Lieutenant dans la police criminelle faisait parti, comme son meilleur ami Esposito, de l'équipe de Beckett. Père de famille, cette enquête avait pris un intérêt tout particulier lorsqu'il avait imaginé que cela pouvait arriver à sa propre fille.
Ryan s'avança et résuma :
— Le personnel n'a entendu aucun cri et les voisins de chambre n'ont rien vu rien entendu. Cet homme est une ombre…
— C'est la chambre la plus éloignée de l'établissement, informa Esposito. D'ailleurs les clients les plus proches se trouvent à un couloir après celui-ci.
— La victime a été sciemment isolée. Tout était prévu, déduit Mac.
— Rien d'autre ?
— Le Directeur de l'hôtel nous remettra les vidéos de caméras de surveillances, mais si c'est comme pour les autres scènes de crimes, j'ai peur qu'elles ont été coupées.
— Un examen toxicologique de la victime sera utile pour savoir si elle n'a pas été droguée, ajouta Mac, il faudra aussi s'assurer qu'il n'y a pas eu d'abus sexuels.
Mac et Lanie s'échangèrent un regard entendu alors que deux agents s'affairèrent à mettre le corps dans une housse de protection.
— Il n'y en a pas eu sur les autres victimes, releva Castle intrigué par cette demande.
— C'est vrai, mais comme le dit Cal, le tueur augmente en puissance. Il ne faut négliger aucun détail.
Kate plaça soigneusement le pass de la victime dans une pochette transparente et déclara :
— Je vais interroger l'organisateur du séminaire avec Rick, Cal et Gillian. Ryan tu nous accompagnes, Esposito tu préviens la famille de la victime. On va devoir l'interroger au poste.
— Je vais en profiter pour continuer d'examiner la scène de crime, signala Mac.
À proximité d'une fenêtre, Cal se pencha à celle-ci et cibla un groupe de journalistes à l'affût de la prochaine nouvelle qui allait faire sensation.
— En parlant de détail… Il faudra éviter la moindre fuite. J'ai peur que le tueur ne se servent des médias pour rectifier ses erreurs et augmenter son égo surdimensionner. Rick en est un parfait exemple…
Bouche-bée par son sens de la réplique, Richard regarda pantois l'expert en mensonge à l'air satisfait s'éclipser de la pièce. Devant le reste de ses amis, qui essayèrent tant bien que mal de camoufler leur amusement, Castle s'offusqua:
— Ne me dites pas que "ça", ça vous amuse ?!

oOo
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Au rez-de-chaussée de l'hôtel, Kate, accompagnée de son mari et des deux experts en mensonge, réclama à l'organisateur la liste des personnes présentent lors de la convention subvenue la veille. L'homme en question, la cinquantaine et le crâne dégarnit, se présenta comme une personne distinguée, avenante et coopérative avec la police. Une personnalité que Kate désirait plus côtoyer dans son métier…
​— Bien sûr, je vous donnerai la liste de tous les membres qui ont assisté à notre séminaire, Capitaine Beckett.
— Combien étaient-ils ?
L'organisateur s'accorda un instant de réflexion et répondit :
— Je dirai… un peu plus d'une cinquantaine tout au plus.
— Super, maugréa Cal, en songeant aux nombres de personnes qu'ils allaient devoir interroger.
Souhaitant en savoir plus sur le sujet, Gillian posa une autre question à l'organisateur :
— M. Barton, pouvez-vous nous dire quels étaient les profils ciblés pour cette convention ?
— Essentiellement des patrons d'entreprise, des personnes en recherche de reconversion, mais aussi à des employés souhaitant se tenir au courant des dernières innovations en terme de management. Plusieurs de nos séminaires se tiennent à Manhattan et depuis peu, grâce à l'un de nos principal partenaire et mécène, nous nous déplaçons dans toutes les villes avec un quartier d'affaires développé, expliqua t-il en offrant une brochure à Castle qui étudia les informations avec intérêt.
Gillian opina du chef, Ryan nota la réponse puis Kate présenta à M. Barton le badge retrouvé sur le corps de la victime.
— La victime portait ce badge. Quel était son usage dans le cadre du séminaire ?
— Nous avons récemment établi un partenariat avec le Directeur de l'hôtel "Edouard". Il s'agit d'un pass nominatif qui permet à chacun de nos membres d'accéder à toutes nos réunions, mais aussi aux services exclusifs de l'hôtel comprenant la salle de sport, la piscine ou le room service.
— Votre offre comprend t-elle une chambre ?
— En effet, nous mettons à disposition une chambre par membre aux frais de notre entreprise.
— Le mini-bar comprit ? le sollicita Castle particulièrement intéressé.
— Excepté cela, désolé de vous décevoir Monsieur Castle.
— Trop beau pour être vrai, marmonna l'écrivain sous les yeux dépités de Cal.
— Est-il possible de savoir quelle personne est venue assister à une réunion ou a utilisé les services de l'hôtel ?
— Malheureusement, il nous est impossible de savoir qui assiste aux réunions, Capitaine. Nos membres doivent juste présenter leur badge au poste de sécurité à chaque entrée des salles et je ne pense pas que nos employés aient pu mémoriser tous les noms ou les visages des personnes présentes. Mais, vous pouvez savoir quel client a pu accéder à un service de l'hôtel grâce à la bande magnétique de la carte mémorisant toutes les entrées et sorties.
— Savez-vous pourquoi Mlle. Millan portait un badge qui n'était pas à son nom ?
— Non… Je suis navré.
— Il est possible qu'un de vos employés aient pu donner le mauvais badge, souligna Gillian.
— J'en doute fort Dr. Lightman. Pour obtenir ce pass, l'adhérent doit obligatoirement présenter sa carte d'identité.
— C'est pire que la Zone 51 votre séminaire, railla Cal.
— Le prix est de 1500 dollars l'entrée, Dr. Lightman. Alors oui, nous sommes très vigilants, mais je suppose que rien n'est inviolable.
— Je vous remercie M. Barton. Nous vous contacterons si nous avons besoin de plus d'informations, le congédia Kate.
Barton acquiesça et vaqua à ses précédentes occupations.
— Vous avez entendu, 1500 dollars l'entrée ! s'exclama Richard ahuri.
— C'est presque le salaire de mes employés, jasa Cal.
— Ils révèlent des nouvelles infos sur l'affaire Kennedy ou quoi ?!
— Si le tueur était au séminaire, cela prouve qu'il n'a pas peur de dépenser de belles sommes d'argent pour atteindre son objectif, précisa Gillian.
— En tout cas, Barton nous a dit la vérité, confirma Cal, il n'a pas menti une seule fois.
— Même pour le mini-bar ? grimaça Richard encore plein d'espoirs.
Cal afficha un air sidéré et répliqua :
— Tu…! Oh et puis merde…
Richard afficha un air faussement incompris à la réaction désabusée de son ami. C'est alors qu'un agent de police s'approcha du groupe :
— Capitaine, l'agent Taylor m'envoie vous dire que nous avons trouvé un sac noir sur le balcon de la chambre 303. Aucune trace de sac de style féminin.
— Il est possible que le sac appartient à un autre client de l'hôtel, nota Ryan.
— Y'avait-il des papiers d'identités à l'intérieur ?
— Non, le sac était vide.
— Donnez-le à l'agent Taylor. Il fera une expertise de l'objet.
— À vos ordres.
Le badge de la victime toujours entre ses mains, Kate déclara :
— Nous devons retrouver cette Ritha Hogan. Elle a peut-être un lien avec la victime.

oOo

À l'appartement des Castle, Martha Rodgers, la mère de Richard et la grand-mère d'Alexis, ainsi que de sa petite fille Lily née du second mariage de son fils avec Kate, s'occupait tant bien que mal de la petite troupe d'enfants qui avaient assiégé les lieux. En tout et pour tout, elle avait la charge d'Emily, 8 ans, Nicholas et Louise Lightman âgés de 2 ans, ainsi que de Lily Castle du même âge que les faux-jumeaux, et de sa demi-soeur Alexis, 8 ans. Les deux plus grandes occupées à l'étage, Martha avait focalisé toute son attention sur les plus petits qui, à la moindre seconde d'inactivité, pouvaient retourner tout l'appartement spacieux et chic. Artiste dans l'âme, la grand-mère avait d'emblée proposer aux enfants de faire de la peinture afin d'éveiller leur sens artistique. C'était sans compter sur celui très prononcé de Nicholas qui avait eu le bon goût de s'en barbouiller sur tout le visage en profitant d'une seconde d'inattention de sa baby-sitter.
— Grand-mère, Nick a p'lein d'peintures ! ria Lily.
Martha extirpa du four un plateau de cookies fait maison et se retourna pour constater avec effroi le désastre.
— Seigneur…
— J'ai pas-fait exe-près, se défendit maladroitement Nick.
La grand-mère posa son plateau de gâteaux et entreprit de débarbouiller le petit garçon grimaçant à chaque frottement du tissu mouillé sur son visage peinturluré.
— Tu tiens bien de ton père…
C'est au détour d'une tache des plus résistantes qu'elle entendit un vacarme assourdissant provenant de l'étage. Elle ne mit pas à longtemps à deviner qui en était responsable et s'écria pour se faire entendre :
— Alexis, Emily ! Baissez votre musique ! On ne s'entend plus parler !
— Rhoo, oui grand-mère ! râla Alexis dans sa chambre.
— Je ne suis pas sûre que les voisins soient aussi fan de Coldplay qu'elles… Les jeunes… Je vous jure… De mon temps, ça ne se passait pas comme ça… Les enfants étaient sages et écoutaient toujours leurs parents.
Martha prit une seconde de réflexion en songeant à l'enfance de son fils puis répliqua :
— Exception faite, cela dépendait de la lignée familiale ! Et d'ailleurs… Je préfère avoir des petits démons comme vous que des enfants aussi sages que des images ! Comme je le dis toujours, il y a toujours plus de vie dans une maison lorsqu'on entend des cris et des rires !
La grand-mère chatouilla les enfants éclatant de rire à cette attaque surprise.

oOo

Du côté des investigateurs, il s'était avéré que la réelle propriétaire du badge, dénommée Mme. Ritha Hogan, travaillait pour le compte de la même entreprise de communication que Amber : SkyTouch. Une étrange coïncidence qui avait conduit les couples Castle et Lightman à se rendre à la société dans l'objectif d'obtenir de nouvelles réponses de la salariée. À la pointe de la technologie, l'entreprise aux allures de multinational se situait dans une grande tour de verre côtoyant les plus grandes sociétés du marché du moment. Un lieu au premier abord plaisant, avec sa décoration soignée et ses espaces de détentes pour ses employés, bien qu'il semblait régner un jeunisme particulier. Au bureau de réception, Hogan se présenta et convia le groupe à se rendre dans son bureau situé au 25 ème étage. La jeune femme avait le même âge que Amber et portait un tailleur formel adapté à ses conditions de travail. Derrière son bureau design, elle accepta sans contrainte de répondre à toutes les questions qui lui seraient posées.
— Je connaissais très peu Amber. Je sais qu'elle était une carriériste comme beaucoup d'entre nous et qu'elle s'imposait une exigence sur chaque dossier qu'elle traitait. J'appréciais son professionnalisme. Nous allons beaucoup la regretter…
— Vous ne la connaissiez pas en dehors du travail ?
— Comme vous avez pu le constater, nous sommes une grande entreprise Capitaine Beckett, nous n'avons pas tellement le temps de créer des liens en dehors de nos heures de travail, excepté deux trois commérages à la machine à café…
— Curieux avec une entreprise qui a pour slogan : "Toujours plus proche de vous".
— Nous sommes une entreprise de communication, Dr. Lightman. Tout est déguisement.
Une franchise ne manquant pas de faire sourire Cal.

— Nous souhaitons savoir pourquoi Mme. Millan portait votre badge lors du séminaire ? l'interrogea Kate.
— En effet… Il s'est avéré que je devais participer à ce séminaire, mais au dernier moment notre Directeur a préféré choisir Amber pour s'y rendre à ma place. Je vous avoue que j'ai de suite accepté. Ceci est pour ma part plus une corvée qu'autre chose…
— Il vous a dit pour quelle raison ?
— Tout ce que je sais, c'est que le Directeur a reçu un coup de téléphone de TechGate, une grande entreprise, avec laquelle nous entretenons de bons rapports. Nous devions prochainement créer un partenariat avec eux et le Directeur a choisi Amber comme ambassadrice.
— Y avait-il une raison particulière à ce choix ? demanda à son tour Castle.
— Pas à ma connaissance…, répondit Hogan avec une seconde de réflexion.
Satisfaite de l'entretien, Kate remercia Hogan pour le temps accordé et indiqua de lui soumettre toute nouvelle information au sujet de Millan.


oOo

​ De retour au poste de police, les parents de Amber Millan avaient été isolés dans une pièce pour que Kate annonce en toute intimité la terrible nouvelle concernant la perte de leur fille. Les parents inconsolables pleurèrent leur peine sous les yeux désolés des deux experts en mensonge, épaulant la policière dans cette épreuve avec pour objectif de ne louper aucun mensonge de l'interrogatoire qui allait suivre.
— Je suis désolée pour votre perte, Mme Millan, s'excusa avec sincérité Kate.
Jamais elle ne pourrait s'habituer à ces situations. Il n'y avait rien de pire pour elle que de dire aux proches des victimes qu'il n'existait plus aucun espoir de revoir ceux qu'ils aiment. Les yeux larmoyants, Mme Millan tenta de contrôler sa voix tremblante :
— Qui a fait ça ? Qui a tué ma fille ?
— On pense qu'il pourrait s'agir de la même personne responsable de la mort de deux autres jeunes femmes.
— Qui est cette personne ? exigea sévèrement Monsieur Millan.
— Nous ne le savons pas encore, M. Millan, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour le découvrir…
Durant la prise de parole de Kate, Gillian avait pris le temps d'analyser le comportement des deux parents. Elle remarqua que la mère était plus enclin à la communication et demanda avec douceur :
— Mme Millan, pensez-vous qu'il y aurait une raison particulière pour qu'on puisse vouloir faire dû mal à votre fille ?
— Du mal ? Amber est une fille gentille… Elle ne ferait de mal à personne…
Le regard aiguisé, Cal capta une micro-expression sur le visage du père prouvant le contraire.
— Vous n'êtes pas d'accord avec votre femme, M. Millan ?
Le concerné afficha un air étonné et répliqua sur la défensive :
— Qu'est-ce que vous entendez par là ? Que ma fille aurait quelque chose à se reprocher ?
— Ce n'est pas moi qui le pense, mais vous…
— Amber est une personne formidable ! Elle ne méritait pas ce sort !
— Je n'aurai jamais dit le contraire.
— Qui êtes vous ?!
— Ce sont des experts en détection de mensonge, expliqua posément Kate. Dr. Cal et Gillian Lightman. Ils sont là pour savoir si vous nous cachez ou omettez de dire quelque chose.
M. Millan perdit son regard dans le vide et joignit ses indexes contre sa bouche. Un geste particulièrement révélateur pour les deux experts en langage corporel. Cal pinça ses lèvres puis déclara avec un geste de la main :
— M. Millan, je vois que vous vous retenez de dire quelque chose… Vous voulez protéger votre fille, mais un tueur court toujours en liberté et d'autres femmes, comme Amber, pourraient être agressées si ne nous l'arrêtons pas.
Le père meurtrit s'imposa un instant de silence puis leva son regard blessé sur l'expert en mensonge.
— Vous avez des enfants Dr. Lightman ?
— J'en ai trois.

Derrière une vitre sans teint, Richard et Mac observèrent la scène en silence. À ce moment là, Mac discerna quelque chose d'étrange sur le visage de Gillian. Castle remarqua l'air pensif de son ami et lui demanda s'il avait relevé un détail important. L'expert scientifique secoua négativement sa tête avant de retourner son attention sur la scène devant lui.

— Alors vous savez que je ferai tout pour protéger ma fille et sa mémoire.
— En tant que père, je ferai n'importe quoi pour mes enfants, même à donner ma vie s'il le fallait, approuva Cal sans apercevoir le regard tendre de Gillian porté sur sa personne.
— Mais malgré nos efforts, nos enfants ne suivent pas toujours nos recommandations et prennent de mauvaises décisions…
La psychologue remarqua que le père Millan était prêt à craquer et ajouta :
— Votre fille mérite que vous lui rendiez justice à elle et aux autres victimes, M. Millan.
L'homme éploré joint ses mains en prière puis avoua :
— Amber a toujours voulu faire carrière dans le management. Travailler dans les plus grandes entreprises du pays… Elle n'a jamais caché son ambition de devenir la meilleure dans son domaine. Après le secondaire, elle a voulu apprendre dans les plus grandes écoles, mais même avec une bourse, ils nous étaient impossible de payer les frais de scolarité… Elle a entrepris quelques petits boulots, mais cela n'était toujours pas suffisant… Elle louait un petit appartement dans une banlieue du centre ville… Avec tous ces frais qui s'accumulaient, elle n'arrivait plus à mener ce train de vie…
Trop peiné, il s'accorda un nouveau silence.
— M. Millan ? l'interpella Kate. Que s'est-il passé ?
Une douleur sans fin pouvait se lire sur son visage. Sous l'oeil inquiet de sa femme, M. Millan entama sa narration :
— Un jour… Amber m'avait invité chez elle, et en allant chercher une serviette de bain dans son placard, j'ai découvert plusieurs vêtements de luxe et… une liasse de billets de plusieurs centaines de dollars.
— Votre fille était une call-girl, conclut Kate.
Le père baissa sa tête alors qu'une expression de totale surprise se figea sur celle de sa femme.
— Dis-moi que ce n'est pas vrai Robert ! Depuis combien de temps le savais-tu et pourquoi ne m'as-tu rien dit ?!
— J'en ai discuté avec Amber, essaya t-il de la tempérer, elle m'a fait promettre d'arrêter ce travail si je ne t'en parlais pas.
Kate pressentit le début d'une dispute et s'empressa de demander :
— Savez-vous quelle société a engagé votre fille pour ses services ?
— Je… ne sais plus… Je me souviens qu'elle avait une carte de visite… Il me semble qu'il y avait un papillon dessus…
La policière prit des notes lorsque M. Millan l'interpella :
— Ma fille a peut-être fait des erreurs dans sa vie, mais elle ne méritait pas cette fin là. Trouvez-moi l'ordure qui lui a fait ça, Capitaine Beckett. Je vous en supplie…
La policière hocha la tête puis libera le couple Millan afin d'établir un briefing de l'interrogatoire mené avec son équipe.
— Vous pensez que Amber a été tuée par un client de cette société de call-girl ? demanda Esposito.
— Tout est possible, soupira Mac. Si c'est le cas, ça signifie qu'il l'avait en ligne de mire depuis le début.
— Quel serait le mobile ?
— Nous ne le saurons pas tant que nous n'aurons pas élaboré un profil du tueur.
— Il faudrait chercher si les autres victimes étaient aussi des call-girl, dicta Gillian. Cela nous permettra de savoir si leur mort était en rapport avec le train de vie qu'elles menaient.
— Je ferai une recherche, consentit Esposito.
— Esposito, tu as du nouveau sur le numéro inconnu ? le sollicita Kate.
— C'était un numéro avec un portable prépayé. Impossible de retracer le propriétaire.
— Cette Laura est certainement au courant de quelque chose...
Ryan arriva à cet instant dans l'espace de travail en affirmant avoir du nouveau sur l'affaire en cours.
— Qu'est-ce que tu as ?
L'irlandais donna un dossier à sa patronne et résuma :
— D'après mes recherches et les relevés bancaire d'Amber, je vous confirme qu'elle a payé un taxi pour arriver à l'hôtel et qu'elle devait repartir rejoindre une amie dans un restaurant du Queens où elle a fait une réservation. L'agent Taylor avait raison, Amber ne souhaitait pas s'attarder sur les lieux.
— Mais une personne l'y a contrainte…, ajouta Cal.
— Les frais d'hôtel ont été payés par une société du nom de "TechGate", informa Ryan. Une entreprise en électronique spécialisée en cryptage. L'une des plus grande et rentable entreprise du pays.
— TechGate ? Ce n'est pas l'entreprise qu'Hogan nous avait parlé ? demanda Castle.
— Exact ! Hogan nous a dit que TechGate devait être présent au séminaire, affirma Kate. Cela dit je ne comprends pas pourquoi l'entreprise a réservé cette chambre à leur charge en sachant que l'organisme du séminaire payait tout.
— J'ai posé la question à l'organisateur. Il m'a dit qu'il avait préparé une autre chambre, mais que TechGate souhaitait spécifiquement réserver celle-ci. Ce n'est pas tout… Comme pour les autres meurtres, il n'y a pas d'image de vidéo de surveillance du moment où le meurtre a eu lieu. Le signal a été brouillé cinq minutes avant, mais cette fois-ci le tueur nous a laissé un petit message…
​
Tout le monde se regroupa autour de l'irlandais assit derrière un ordinateur afin d'activer une clé usb affichant plusieurs fichiers vidéos sur l'écran.
— Cette caméra se situe dans le couloir de la chambre où a été retrouvé le corps. Regardez…
Sur la vidéo, on apercevait le tueur déguisé tout de noir avec une cagoule sur la tête masquant son visage excepté ses yeux. Il quitta la chambre et s'approcha de la caméra pour présenter un écriteau : "Obéit. Je suis le seul maître." puis son regard se porta sur le bout du couloir. Sans tarder, il se précipita dans la chambre et de nouveau le signal se brouilla.
— Ceci se passe 5 minutes après la mort de Amber. Nous n'avons aucun moyen de l'identifier.
— Il prend plus de risque. Sa confiance s'amplifie. La prochaine fois ça sera pire…, signala Lightman.
— Pire que maintenant ?
Cal lança un regard sans équivoque à son ami écrivain déglutissant d'appréhension.
— Attendez ! Vous pouvez remonter la vidéo de quelques secondes, demanda Gillian.
Ryan s'exécuta et arrêta la vidéo lorsque Gillian lui ordonna. Cette dernière pointa du doigt le visage du tueur et s'exclama :
— Cal, t'as vu ça !
— Yeux écarquillés, bouche entre-ouverte, analysa Cal.
— De la peur mélangée à de la surprise...
— Il a dû entendre quelqu'un arriver.
— C'est peut-être pour ça qu'il a oublié le sac sur le balcon. Il a dû avoir peur d'être pris sur le fait !
— Où est passé son déguisement ?
— On a rien trouvé, même dans les poubelles extérieures de l'hôtel, signala Esposito.
— Je pense qu'il a dû le mettre dans le sac d'Amber, exposa Castle. Dans la précipitation, il s'est changé, il a mis son déguisement dans le sac de la victime puis il s'est enfui avec.

Kate reçut un message de Lanie, la médecin légiste, et dicta pour l'équipe :
— Ryan interroge le Directeur de TechGate sur le choix de Amber au séminaire et de la chambre. Puis amène tous les invités qui étaient présents lors du séminaire. Cal et Gillian s'occuperont des interrogatoires. Mac et moi on va voir Lanie, elle a dû nouveau concernant l'autopsie.
— Bien, chef.
— Et… moi ? quémanda perturbé Castle de ne pas avoir de tache affectée.
— Euh… Tu vas avec Esposito ! Il va interroger les familles des deux autres victimes.
Laissé sur place, Richard regarda sa femme s'éloigner avec Mac et soupira :
— J'ai l'impression que mon cauchemar du collège revient. Je suis toujours le dernier qu'on choisi dans une équipe.
— Pose-toi les bonnes questions, répliqua Cal alors que Richard lança un regard noir à Esposito et Ryan riant de la plaisanterie de son ami.
— Il n'y a vraiment pas de quoi rire, jasa Richard.
— Moi j'trouve que si, riposta Esposito avant de se diriger vers la sortie. Aller Castle, on a dû travail sur la planche !
— Montrez-lui l'exemple, il ne sait pas ce que c'est, lâcha Cal avec un fin sourire.
Ryan tenta de dissimuler son amusement lorsque Castle, marchant à reculons, avertit sévèrement l'expert en mensonge :
— Toi, dans mon prochain livre je te ferai un personnage sur mesure !
Cal ria légèrement bien que sa femme le réprimanda.
— Je ne peux pas réfréner mes origines Gill', se défendit-il.
— Vous venez d'où ? demanda Ryan amusé.
— Angletterre.
— Oh vous êtes anglais ! Ça explique bien des choses…
— Et vous ?
— Irlandais pure malt ! confirma fièrement Ryan.
— J'ai fait quelques voyages en Irlande.
En effet, quelques années auparavant Cal avait effectué des missions à risque auprès du gouvernement Irlandais dans le nord du pays, mais ce n'était pas ce qu'on pouvait appeler des vacances à proprement parler. À moins qu'on aimait le goût du danger et celui de nager avec les poissons...
— C'est ce qu'on m'a dit, mais vous n'êtes pas venu à la meilleure saison, plaisanta le blond. Je vous conseille de voyager en début février. Il n'y a pas beaucoup de touristes et le paysage est magnifique.
— Vous jouerez les guide ?
— Quand vous voulez ! Il faut bien se soutenir entre personne d'humour !
— J'ai toujours dit que les Américains en manquait.
— Ce n'est pas qu'ils n'ont n'en pas, c'est qu'ils ne comprennent pas le vôtre, nuance, contra Gillian.
— Ne l'écoutez pas, elle a des origines françaises.
Gillian s'empressa d'offrir un léger coup sur le bras de son mari en réprimande. Ryan ria légèrement puis s'activa ensuite sur son ordinateur en songeant qu'ils faisaient un drôle de couple.

oOo

Au sous sol du poste de police se trouvait la salle d'autopsie. Lanie Parish était entrain d'examiner le corps de Amber Millan, étendu sur une table d'examen, lorsque Kate et Mac l'interrompis en entrant sur son lieu de travail.
— Alors Lanie, qu'est-ce que tu as ?
Un rapport médical à la main, Lanie expliqua :
— Je vous confirme que le décès de Mlle Millan a été causé par un étranglement. Il n'y a aucune présence d'arme utilisée pour la tuer et je n'ai trouvé aucune trace d'ADN sur son cou. La personne qui l'a étranglée possédait des gants comme pour les autres meurtres. Elle savait ce qu'elle faisait. J'ai aussi vérifié les analyses toxicologique et il n'y a aucune drogue dans son organisme.
— Ce qui peut signifier que le tueur a pu mettre en confiance sa victime pour l'isoler et la tuer.
— Ou qu'il l'a menacée, répliqua Kate. A-t-ont abusé d'elle ?
— Non, je n'ai trouvé aucune trace d'abus.
— Son profil se précise, dit Mac, le tueur est un homme méthodique qui ne laisse rien au hasard. Il a certainement la capacité de manipuler ses victimes. Je pense qu'il a dû étudier chacune des personnalités qu'il a voulu tuer.
— Cela ne nous donne toujours pas la raison…
— Effectivement, mais à chaque meurtre, il augmente en puissance. Il n'a pas l'air d'être effrayé par la press, au contraire cela lui donne une motivation d'être vu d'où la rapidité de ses meurtres.
— Tu crois qu'il voudrait faire passer un message ?
— Certainement.
Un nouveau sms s'afficha sur le portable de Kate lâchant un léger soupir à sa lecture.
— Un problème ? l'interpella Lanie.
— Martha me dit qu'elle a de plus en plus de mal à garder les enfants…
— 5 enfants à garder, à sa place, j'aurai déjà appelé des renforts, s'amusa Lanie.
Mac ria devant l'air dépité de Kate.

oOo

​ En voiture, Richard et Esposito étaient en route pour se rendre au domicile de la famille de la première victime. Esposito était au volant et entreprit de commencer une conversation avec son passager voisin.
— Alors… comment tu as connu le plus grand expert de détection en mensonge du monde ?
— Ne lui dis jamais ça, il pourrait prendre la grosse tête, s'inquiéta l'écrivain.
— Comme toi, tu veux dire ?
— Vous vous êtes tous donner le mot ou quoi ?!
— Castle…
L'écrivain soupira et répondit :
— On s'est rencontré lors d'une soirée de poker grâce à un ami en commun.
— Quelqu'un de célèbre ?
— Assez…
— Qui c'est ?
— Tout ce qui se passe pendant ces parties, restent entre les joueurs.
— Ça va Castle, on est pote non ? Tu peux avoir confiance en moi, je ne le répéterai à personne.
— Tu veux dire comme la fois où je t'ai révélé que j'avais rêvé de Beyonce en tenue légère chantant Happy Birthday que pour moi à Kate ? répliqua Richard sur un ton réprobateur.
— Rhaa ça compte pas ça !
— J'ai dû dormir une nuit sur le canapé ! s'étrangla t-il.
— Je vois… Donc, tu l'as rencontré à une partie de poker.
— En effet, et à l'époque je peux te dire qu'il avait déjà une sacré réputation.
— C'est à dire ?
— L'ami en commun ne me l'avait pas dit, mais Cal était un fin joueur de poker. Ce jeu est pour lui une véritable récréation. Il nous a tous plumé en quelques tours.
— De combien ?
— Quelque chose comme un million si mes souvenirs sont bons.
— Un million de dollars ?! Vous misez quoi ? Votre baraque ? s'exclama Javier éberlué.
— Les droits d'auteurs ça paye bien, c'est tout ce que j'ai à dire.
— J'aurai dû être écrivain…, persiffla t-il. Et qu'est-ce qu'il a fait avec cet argent ?
— À cette époque, je n'étais pas vraiment l'homme que j'étais aujourd'hui.
— Kate m'a dit que tu étais un mégalo-égocentrique, coureur de jupon notoire.
— Mmh c'est à peu près ça… Bref, je m'amusais beaucoup, même si je restais toujours un bon père pour Alexis, par moment il me fallait voir d'autre horizon que celle de la célébrité...
Castle n'aperçut heureusement pas l'air blasé de Javier et poursuivit sa vivante narration :
-- Cal et moi, on s'est très vite entendu. Il avait une fille du même âge que la mienne et il partageait le même amour du jeu que moi. Je lui ai donc proposé de flamber un peu notre argent à la ville du vice. Et… Il a tout joué.
— Comment ça, il a tout joué ? répéta le policier intrigué.
— Le poker n'amuse pas beaucoup Cal. Ce qu'il aime c'est le goût du risque. Il a demandé un million de dollars en jetons. Il a tout misé sur le double zéro à la roulette russe et il a tout perdu en éclair.
À cette annonce, Javier pila net devant un feu rouge et s'écria presque :
— Nooon ! Mais il est complètement malade ce mec !
— C'est aussi ce que je m'étais dit, sourit Castle, mais c'est en partie grâce à ça que nous sommes devenus amis. Ce que je ne savais pas, c'était qu'il était interdit dans tous les casinos de Vegas alors je peux te dire… que je n'ai même pas eu le temps de titiller les machines à sous que cinq vigiles avaient déjà embarqué Cal vers la sortie… Je l'ai ensuite invité à boire un verre et nous avons parlé jusqu'à l'aube… Cal est une personne complexe… Ses "défauts" sont à mes yeux plus des qualités. Il est prêt à tout faire pour les personnes qu'ils lui sont chers. Il me l'a prouvé à plusieurs reprises...
Le regard de Castle venait de se perdre dans le lointain. Il reprit soudainement contact avec la réalité lorsqu'il ajouta avec un fin sourire :
— Alors même s'il me charrie beaucoup, je sais que c'est un ami fidèle sur lequel je pourrais compter toute ma vie…
— Surveille tout de même ton compte en banque.
— Crois-moi, il n'a pas besoin de ça…
Javier jeta un regard interrogateur à l'écrivain puis, une fois arrivé à destination, se gara devant le domicile des Carpenter. Ils quittèrent leur véhicule et demandèrent un entretien. Dans le salon, la mère servit du thé chaud dans deux tasses en porcelaine pour les offrir à ses invités. Castle remercia chaleureusement la maitresse de maison qui émit un faible sourire en s'installant avec son fils sur le canapé.
— Mme Carpenter, débuta Esposito, votre fille a fait des études de droit à l'université de Yale ?
— Oui, nous avons été très fière lorsqu'Emma a reçu sa lettre d'acceptation. En particulier son père.
— Les frais de scolarité sont assez conséquentes pour une école aussi réputée. Emma a t-elle eu droit à une bourse ?
— Oui, mais elle ne suffisait pas à tout payer. Et pour ne rien arrangé, mon mari est mort peu de temps après l'admission de notre fille à l'université. Emma était très proche de son père. Sa mort l'a dévastée… mais elle s'est accrochée et elle a travaillé en même temps que ses études pour payer les frais.
— Cela suffisait ?
— C'est ce qu'Emma affirmait. Elle me disait toujours, maman ne t'inquiète pas pour l'argent, j'ai trouvé une solution.
Esposito échangea un regard entendu avec Castle et demanda :
— Est-ce que vous avez déjà vu votre fille revenir avec beaucoup de liquide ?
— Non…

L'interrogatoire terminé, le fils Carpenter raccompagna les deux hommes à la porte et intima à ces derniers de rester un instant sur place. L'air ennuyé, il avoua avec difficulté :
— Agent Esposito, je ne pouvais pas dire ça devant ma mère, mais un jour j'ai surpris Emma revenir avec beaucoup de liquide sur elle. J'ai trouvé ça suspect. Je lui ai demandé d'où venait tout cet argent. Elle m'a dit que ça ne me regardait pas. J'ai attendu qu'elle parte un soir pour fouiller ses affaires et j'ai trouvé ça…
Il donna une carte de visite à Esposito qui l'examina avec attention. Sur celle-ci on pouvait lire l'adresse d'une société de Call-Girl avec le filigrane d'un papillon. Castle pencha son regard sur l'objet et releva surpris :
— Un papillon.
— À l'époque, je pensais que si j'en avais parlé cela allait entacher sa mémoire, mais aujourd'hui je me rends compte que retrouver son meurtrier est bien plus important pour la paix de son esprit…
— Nous ferons tout ce que nous pourrons pour votre soeur.
Le jeune homme pinça ses lèvres et acquiesça.

oOo

En fin de journée, Mac rentra à son domicile alors que le couple Lightman retourna à l'appartement des Castle où ils étaient hébergés le temps de leur séjour à New-York. Ces derniers furent joyeusement accueillis avec des dessins par les plus petits et plus particulièrement par Martha qui s'effondra d'épuisement dans les bras de son fils.
— Ça va mère ? s'inquiéta Richard.
— Richard, ces petits monstres vont bientôt me mettre six pieds sous terre, soupira la rouquine. Ils sont encore plus exténuant que la pièce que j'ai dû jouer en 1992 devant des critiques mal luné.
— Tu parles de "Survie en délire" ?
— Non, celle là j'ai eu le droit à une stading ovation ! Je te parle de "Miroir brisé". Tu sais la pièce où j'ai joué la mère perfide qui reprochait tout à sa fille sombrant dans la drogue et l'alcool… Cette pièce avait fait un tabac dans les années 80.
— Surement, dit-il, en levant un sourcil.
— En tout cas, c'est fini pour moi aujourd'hui. Je vais rentrer chez moi et prendre un bon bain chaud.
— Vous ne voulez pas rester diner, Martha ? proposa Kate à sa belle-mère.
— Non merci ma chérie. Je sens déjà mes yeux se fermer et un taxi m'attend en bas. Et si je dois encore garder vos garnements demain, il vaut mieux que j'ai les idées claires.
La veille dame s'approcha de Cal et de Gillian pour les embrasser tour à tour. Une fois l'au revoir effectué, elle s'éclipsa rapidement du domicile de son fils. Plus tard, les deux familles partagèrent un bon repas avant d'envoyer leurs enfants se brosser les dents pour les mettre au lit. Alexis partagea sa chambre avec Emily alors que Louise et Nicholas s'étaient installés dans celle de Lily. À la demande de ses enfants, Cal était venu border les jumeaux baillant d'épuisement sous le regard tendre de Gillian accoudée à la chambranle de la porte.
— Papa ?
— Oui, mon grand ?
— T'aimes... bien mon dessin ?
— Je l'adore, sourit-il.
— C'est toi qui combat des méchants avec Batman.
— Tu sais je crois que Batman peut très bien s'en sortir sans moi.
— Oui, mais toi... t'es un vrai héros.
Cal fut profondément touché par les mots de son jeune fils et l'embrassa sur son front avant de répondre :
— Aller, dort maintenant…
— Je t'aime papa.
— Moi aussi. Bonne nuit, mon ange.
Le père de famille se redressa et quitta la chambre en silence. Cal ferma la porte et se retrouva, face à face, dans le couloir avec sa femme.
— Batman ? sourit Gillian.
— Je crois que je porte trop de t-shirt noir.
La psychologue entoura le cou de son mari et répliqua :
— Ou qu'il admire beaucoup son père…
— Ouais, souffla t-il quelque peu gêné.
— Cal… quoique tu penses, tes enfants t'admirent énormément et moi aussi… Tu le sais ?
Il esquissa un fin sourire que Gillian lui rendit avant de combler le vide entre eux pour amoureusement l'embrasser.
— Tu veux regarder la télé avant de te coucher ?
— Pourquoi pas, accepta t-il, en passant un bras autour de la taille pour l'entrainer au rez-de-chaussée.
Dans le salon, Gillian s'installa confortablement dans le canapé avec son compagnon, au contraire de Richard et Kate épuisés qui s'étaient directement couchés. Une heure plus tard, Gillian était allongée de tout son long sur le canapé avec sa tête reposant sur les cuisses de son compagnon qui avait profité de ce moment de calme pour relire des dossiers. La psychologue redressa légèrement sa tête pour rencontrer le visage toujours aussi concentrer de l'expert en mensonge.
— Cal ?
— Mmh ?
— C'est tard, tu devrais arrêter de travailler…, souffla t-elle en retirant ses lunettes de son nez pour les poser sur la table basse.
— Je relisais les rapports des victimes…, dit-il, en passant une main dans les cheveux de la jeune femme.
— On verra ça demain, mais pour le moment…
Elle se redressa pour capturer ses lèvres et l'embrasser amoureusement. L'échange fini, elle posa son front contre le sien et ajouta :
— On va aller dormir. Ok ?
Il acquiesça et attrapa la télécommande pour éteindre la télévision. Le couple se rendit à leur chambre et se coucha pour une nuit bien méritée. Sous les couvertures, Gillian s'était rapprochée de Cal pour reposer sa tête contre son torse. Les yeux fermés, il apprécia grandement son contact et soupira d'aise en caressant tendrement ses cheveux. Il tenta de trouver le sommeil lorsque sa femme l'interpella :
— Chéri ?
— Mmh ?
— Est-ce que… tu es heureux ?
Cal ouvrit ses yeux et pencha son regard intrigué sur le visage pensif de sa compagne. Cette dernière s'expliqua :
— On a jamais parlé d'avoir une vie de famille et… je me posais la question…
— Je n'étais jamais été si heureux qu'à cet instant.
Face à une telle franchise, Gillian se déplaça pour se mettre sur le corps de son compagnon et l'embrasser amoureusement. Ce dernier la serra contre lui alors qu'elle arbora un fin sourire. Il approfondit l'échange jusqu'à l'entendre gémir de plaisir. Une expression inquiète se figea sur son visage, mais Cal ne put l'apercevoir dans le noir de la chambre.
— Cal… je… Non, rien…, dit-elle, en l'embrassant une nouvelle fois avant de s'allonger à nouveau dans ses bras. Cela n'était pas encore le bon moment. Il l'embrassa dans ses cheveux et l'intima de fermer ses yeux. La jeune femme s'exécuta bien qu'une pensée l'empêcha de trouver le sommeil avant lui.

oOo

Le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, les parents Castle et Lightman échangèrent leur place avec Martha pour garder les enfants le temps de travailler sur l'affaire en cours. Au commissariat, Mac les accueilli avec une boite de donuts tout frais que Richard s'empressa d'entamer malgré le repas qu'il venait un peu plus tôt de manger.
— D'après Ryan, on aurait du nouveau, annonça l'expert scientifique.
Un document à la main, Kevin proclama :
— J'ai établi la liste de tous les invités que les Lightman devront interrogés. Si notre tueur est bien un homme, ça nous fait une vingtaine de personnes.
— Ça f'ait du m'f'onde, s'exclama Castle la bouche pleine.
Kate jeta un regard réprobateur à son mari arborant une mine innocente.
— Nous avons trouvé l'adresse de la société de call-girl. Elle est à trente minutes des bureaux.
— Tu sembles bien connaitre l'endroit, se moqua Richard sous le regard noir d'Esposito.
— Il semblerait que toutes les victimes possèdent le même profil. Une trentaine d'année et elles auraient toutes travaillé dans cette société pour payer leurs études. Il est probable qu'un client soit l'auteur de ses meurtres.
— Bien. Cal, Gillian et moi, on va interroger les invités, dicta Kate, Rick, tu vas avec Mac et Esposito à la société de Call-Girl.
— J'adore, des donuts gratuits et une société de Call-Girl à interroger dans la même journée…
Face à l'air beaucoup trop réjoui de son mari, Kate plissa ses yeux de suspicion puis déclara presque menaçante :
— Esposito, au moindre faux pas, tu sais quoi faire.
— J'ai assez de minutions, confirma le policier.
Castle déglutit d'appréhension et suivit les pas de ses amis en silence.

oOo

Plus tard, Mac, Javier et Richard se retrouvèrent dans la société de Call-Girl et demandèrent à voir le directeur des lieux. L'endroit était feutré et décoré avec soin d'un mobilier moderne. Des jeunes filles allaient et venaient devant les trois hommes jusqu'au moment où une femme d'une soixante d'années vint à leur rencontre. Elle portait une robe sophistiquée et ses long cheveux était attachés en chignon. Une certaine sérénité se lisait sur son visage marqué par un travail peu ordinaire.
— Messieurs, bienvenue au "Night Butterfly". Je suis Amanda la directrice de cet établissement. On m'a informé que vous souhaitiez me voir pour une requête spéciale. Je vous informe que nous avons établi des tarifs pour les groupes.
— Ooh non ! On n'est pas venu pour ça ! bafouilla Castle. Enfin… eux ils sont célibataires, alors peut-être que…
— Castle ! l'interrompit sèchement Esposito.
L'écrivain émit une grimace d'excuse et se recula d'un pas.
— Nous sommes de la police, Madame, l'informa Mac en présentant son badge. Je suis l'agent Taylor et voici l'agent Esposito.
À ces titres honorifiques, Amanda adopta une toute autre posture et demanda sur un ton des plus solennel :
— Notre établissement est en règle… Je peux même vous montrer nos papiers…
— Cela ne sera pas nécessaire. Nous ne sommes pas ici pour une vérification de réglementation.
— Dans ce cas que puis-je faire pour vous ?
— Nous enquêtons sur les meurtres de trois jeunes femmes, révéla Esposito en présentant un dossier avec l'identités des trois victimes.
— D'après notre enquête, elles auraient toutes les trois travaillé pour vous. Nous pensons qu'il ne puisse pas s'agir d'une coïncidence si le tueur a choisi ces victimes. Savez-vous si durant leur période de travail, elles avaient rencontré des problèmes ? Un client violent, ou des menaces à leur encontre ?
— Agent Taylor, savez-vous combien de filles viennent et partent de notre établissement. Je ne peux pas me souvenir de toutes celles qui ont travaillé pour moi.
— Je comprends, mais n'avez vous pas un système pour savoir si une de vos filles sont en danger ?
— Notre politique est extrêmement stricte. L'identité de nos filles ne sont jamais révélées. Toutes portent un pseudonyme et pour éviter tout vol d'argent durant leur service, le transfert à lieu avant qu'elles ne se rendent à leur rendez-vous.
— Cela ne veut pas dire qu'un client n'a pas dépassé les limites, contra Esposito.
— Nous avons besoin de la liste des clients qui ont demandé les services de ces trois jeunes femmes.
— Sans mandat, cela m'est impossible d'accéder à votre requête. Nous avons une clause de confidentialité qui nous contraint à ne jamais dévoiler le nom de nos clients.
Taylor devait à tout prix trouver un moyen de convaincre la directrice. Le temps de persuader le procureur d'obtenir un mandat, ils prenaient le risque que le tueur fasse une autre victime. Il émit une expression de réflexion puis allégua sûr de lui :
— Les sociétés de Call-Girl sont fleurissantes dans une ville comme Manhattan. Avec une société aussi lucrative que la votre, j'imagine que vous avez mis des années pour construire cette réputation et garantir un excellent service à tous vos clients.
— En effet, vous comprenez alors que si j'enfreins cette règle, même pour la police, plusieurs de nos clients pourraient se sentir dupés.
— Vous ne pouvez pas vous permettre d'avoir une perte d'argent. Et si nous informons ces demoiselles que le tueur s'en prend précisément à celles qui travaillent pour votre compte, je crains qu'elles ne quittent le navire sans préavis. Votre réputation en serait entachée. Il serait dommage que vous puissiez perdre de fidèles clients que vous avez mis plusieurs années à obtenir.
Piégée, Amanda redressa sa tête en signe de fierté alors qu'Esposito en profita pour donner le coup de grâce :
— Montrez-nous votre base de données.
Contre tout attente, la directrice stoïque proclama :
— Natasha, montrez à ces messieurs notre programme informatique.
Derrière un bar, une belle jeune femme brune, au corps de rêve, s'approcha des trois hommes et les invita à la suivre. Castle sembla particulièrement ravit de sa position de second dans la file, mais Javier ne l'entendit pas de cette oreille et échangea sa place avec l'écrivain déçut.

oOo

​ Du côté de Beckett, la policière convia toutes les personnes du séminaire susceptibles d'être le tueur présumé. Chacun d'eux passèrent dans une salle sécurisée afin d'être soumis à un interrogatoire mené par Kate sous les yeux d'experts de Cal et Gillian. Au total, trois hommes se distinguèrent du lot et semblèrent correspondre au profil recherché. Monsieur Morris, Ellis et Romero. Après quelques questions, Morris et Romero furent rapidement éliminés par les deux experts en mensonge qui expliquèrent à leur amie la raison scientifique de cette conclusion.
— Ils éprouvaient une réelle attirance pour les victimes, signifia Cal avec des gestes de ses mains, mais je n'ai vu aucune trace de mensonge lorsqu'ils ont dit ne jamais les avoir rencontré.
— Bien… Il ne nous reste plus qu'à interroger, M. Ellis.
D'un même chef, les trois investigateurs tournèrent leur regard à travers la baie vitrée de la salle d'interrogatoire et observèrent l'homme, installé à la table, attendre patiemment d'être interrogé. Gillian s'approcha de plus près et déclara avec un air intrigué :
— Cal regarde. Tu as vu sa position. Regard fixe, mains jointes sur la table, posture droite et affirmée.
— Il n'a pas peur d'être ici, analysa Cal.
— Qu'est-ce que cela signifie ? demanda Kate.
— Contrairement aux autres suspects que nous avons interrogé, possédant tous des signes de peur et d'inquiétude, Ellis est au contraire très calme. Comme s'il savait ce qu'il l'attendait…, expliqua la psychologue.
— C'est peut-être notre tueur, comprit la policière.
— Je crois qu'on va un peu le bousculer, annonça l'expert en mensonge.

Dans la salle, Kate et Gillian s'installèrent en face d'Ellis. Cal, adossé contre un mur, préféra rester en retrait. Dès l'entrée des jeunes femmes, l'expert en mensonge avait capté un certain désir à leur égard, mais aussi une pointe de colère sur ses lèvres. La policière activa le microphone pour enregistrer l'entretien puis posa la première question au suspect :
— Vous vous appelez Trevor Ellis ?
— Oui, c'est mon nom, confirma l'homme souriant. Enfin, Trevor Avery Ellis serait plus juste, mais c'est vous qui voyez.
Cal esquissa un rictus de mépris à cette rectification inutile.
— Nous allons nous en tenir à M. Ellis. Vous étiez présent lors du séminaire de management de l'hôtel Edouard c'est exact ?
— Oui. Je travail en tant que second manager de mon entreprise de communication depuis plus de 10 ans alors… je fais régulièrement ce genre de convention pour l'amélioration de mon entreprise.
Cal capta immédiatement le mépris sur le visage d'Ellis ainsi que sa colère au moment de l'énonciation de son poste. Il venait de trouver un parfait angle d'attaque.
— Ça vous énerve ?
Ellis tourna son attention sur l'expert en mensonge et demanda sur un ton innocent :
— Quoi donc ?
— De n'être que 2nd depuis plus de 10 ans ?
— Je me sens très bien à ce poste. Je n'ai pas la pression de la direction et je peux en même temps subvenir au besoin de mon équipe.
— Vous dites vrai, mais… ce qui vous intéresse c'est quand même d'avoir le poste au-dessus, répliqua Cal d'un geste de la main.
Un sourire méprisant se dessina sur les lèvres du suspect. Cal venait de toucher son affect et s'en félicita.
— D'après votre dossier personnel, vous avez demandé une promotion depuis plusieurs années sans succès, ajouta Gillian.
— Ça doit vous piquer au nez…, railla Cal.
— Je l'avoue… j'ai déjà caressé l'idée d'atteindre cet objectif. Bien évidement, ce n'est pas à moi de prendre cette décision. Je sais être patient.
Les deux hommes s'échangèrent le même sourire rempli de dédain jusqu'au moment où Kate arrêta l'affrontement d'estostérone en présentant sur la table les photos des trois victimes.
— Reconnaissez-vous ces trois jeunes femmes ?
Ellis sonda les photos puis répondit sur un ton posé :
— Ces visages ne me disent rien…
— Vous mentez, répliqua Cal dans l'instantané.
— Vous savez qu'il y avait beaucoup de monde à cette convention… Je ne peux pas me souvenir de toutes les personnes à qui j'ai serré la main.
— Ces filles vous attirent.
— Quel homme ne serait pas attiré par de si belles jeunes femmes comme elles, ou comme vous…, ajouta t-il, en offrant un sourire charmeur aux deux femmes qui ne lui rendirent pas. D'un self-contrôle, Cal arbora un mesquin sourire et s'avança nonchalamment vers Ellis pour se retrouver qu'à quelques centimètres de son visage méprisant.
— Je vous promets de faire disparaitre ce sourire condescendant. Je ne vous lâcherai pas…
— Grand bien vous fasse Dr. Lightman… Si vous avez du temps à perdre qui suis-je pour vous l'interdire. Bien, si vous n'avez rien pour me retenir, je vais devoir vous laisser, je dois préparer ma prochaine intervention dans une autre convention.
Ellis boutonna machinalement sa veste de costume et se leva pour prendre le chemin de la sortie. La main sur la poignée de la porte, il s'arrêta contraint dans sa lancée lorsque l'expert en mensonge l'interpella avec une pointe de suspicion :
— Juste une question ! Comment me connaissez-vous ? Seul le Capitaine Beckett s'est présentée à vous au début de cet entretien.
L'homme argua un sourire gêné puis se retourna.
— Je regarde les informations à la télé, comme tout le monde, Dr. Lightman.
— Comme ferait le tueur, vous voulez dire ?
Devant l'air impassible de Cal, le suspect lâcha un soupir rieur et quitta la pièce sans un mot de plus.


oOo

De retour au commissariat, Castle et Esposito exposèrent leur trouvaille au reste du groupe dans la salle de conférence. Avec l'accord de la directrice, Javier avait copié toutes les données informatique du Night Butterfly pour les étudier en détail au poste de police. Devant un écran télé, Esposito expliqua :
— On s'est trompé, Laura n'est pas une personne qui en voulait à Amber.
— Alors qui est-ce ?
— Laura est Amber. C'est son pseudonyme au Night Butterfly.
— Ça voudrait dire qu'une personne était au courant de ses activités et qu'elle s'est servie de son passé pour la faire chanter.
— Cela pourrait expliquer le portefeuille laissé sur la table de nuit. Elle voulait certainement payer le tueur pour éviter un ébruitement, mais l'argent ne semblait pas être sa motivation.
— Tous les clients se servent de pseudonymes, ajouta Esposito. Et d'après leur carte de crédit… Aucun ne correspond à la liste d'invités du séminaire.
— La personne qu'on recherche essaye d'effacer ses traces, signifia Ryan.
— À sa place, pour ne pas qu'on me retrouve, je réglerais tout en liquide, allégua Cal.
— Peut-on voir qui paye en cash ? demanda Kate.
Esposito effectua une rapide recherche sur son ordinateur portable et annonça :
— Il existe que deux clients qui règlent en liquide. J'ai Charon et DonJuan pour les intimes…
D'un froncement de sourcils, Cal et Richard s'échangèrent le même regard interrogateur à ces deux pseudonymes.
— Rick, tu sais à quoi je pense…
L'écrivain pointa l'expert en mensonge du doigt et allégua :
— Dans la mythologie Grec, Charon est le passeur des morts sur le Styx pour les amener aux enfers !
— C'est sans doute notre homme…, pensa Mac.
— C'est Ellis, j'en suis persuadé, certifia Cal avec conviction.
— Nous n'avons aucune preuve Cal, se désola le scientifique. D'après l'examen du sac qu'on a retrouvé à l'hôtel, il n'y a aucune trace d'ADN. Ce sac peut appartenir à n'importe qui.
— Justement ! S'il n'y a aucune trace d'ADN, cela ne peut appartenir qu'au tueur qui portait des gants !
— On pourrait voir sur les caméras quel client portait des gants ce jour là ! proposa Ryan.
— Inutile, réfuta Mac, nous sommes en saison hivernal, cette preuve ne sera pas utilisée au tribunal et je crains que la qualité vidéo pour ce détail soit inutilisable.
Cal se passa une main lasse dans les cheveux et quémanda :
— Mac ! Le profil d'Ellis correspond ! Je peux le bousculer !
— Ellis ne se laissera pas faire une seconde fois. Au prochain interrogatoire, tu peux être certain qu'il sera accompagné d'un grand avocat du barreau et nous aurons les mains liées. Trouve-nous de quoi l'inculper et nous te laisserons l'interroger.
Les mains sur les hanches, Cal émit une petite moue de sa bouche en songeant que rien n'était encore joué.

oOo

Plus tard, Mac et Gillian décidèrent de s'accorder un moment de détente en vagabondant dans les rues vivantes de Manhattan. Malgré la distance, ils essayaient toujours de se voir ou de s'appeler le plus possible pour se tenir au courant des derniers événements surgissants dans leur vie respective. Les deux amis s'étaient connus bien avant que Gillian ne se marie avec Cal. Plus précisément, ils s'étaient rencontrés à Washington suite à un séminaire orchestré par Gillian sur le thème de la psychopathie. À la fin de la conférence, Mac, impressionné par son professionnalisme, avait sauté sur l'occasion pour inviter la jeune femme à discuter en aparté afin d'approfondir ses connaissances sur le sujet. Deux cafés plus tard, le détective et la psychologue s'étaient trouvés plusieurs points communs dont leur amitié insoupçonnée avec Aaron Hotchner, profiler pour le BAU, ainsi que leur passion pour le blues et le jazz. Au fil du temps, un lien très fort s'était tissé entre les deux êtres. Cal n'avait jamais éprouvé aucune jalousie de cette relation. Il savait que cela était de l'amitié pure et que Gillian n'avait jamais éprouvé de sentiments amoureux à l'égard du détective et vice versa.

Un gobelet de café fumant à la main, Mac et Gillian s'amusèrent à raviver de vieux souvenirs et anecdotes vécus avec leurs amis communs.
— Je me souviens parfaitement de ce Noël, s'amusa Mac, Adrian avait offert la panoplie complète de la parfaite ménagère à Greg'. Je n'oublierai jamais son visage.
Gillian ria.
— Moi non plus ! Je crois que Cal et Patrick avaient failli s'étouffer avec leur lait de poule !
— C'est vrai ! ria t-il à son tour.
— L'un de mes plus beau Noël.
— À moi aussi, sourit-il.
​ Mac plongea un bref instant son regard dans le vide avant d'avouer solennellement :
— Claire aimait beaucoup se réunir avec tout le monde…
Gillian comprit que son ami faisait référence à sa défunte femme et souffla avec émotion :
— Elle me manque beaucoup tu sais…
La psychologue capta l'expression de tristesse sur le visage de son ami silencieux et s'empressa de se glisser dans ses bras en signe de soutient. Il émit un fin sourire à ce geste et passa un bras amical autour de sa taille.
— Alors… comment ça va avec Cal et les enfants ?
— Avec le travail à l'agence… ça nous laisse peu de temps pour se retrouver, mais on fait tout pour que les enfants ne ressentent pas notre absence. Bien que Cal a parfois dû mal à ne plus penser au travail lorsqu'il est à la maison.
— Je sais ce que c'est. Le devoir avant tout.
— Mmh, soupira t-elle.
Dans leur marche, le détective capta à son tour une étrange expression sur le visage de son amie. Il la poussa du coude et demanda tout sourire :
— Allez, dis moi ce qui te tracasse Gill'.
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Pas avec moi Gillian, je te connais par coeur… Moi aussi je peux savoir si quelque chose te dérange.
Mac appuya son regard alors que Gillian lâcha un soupir rieur face à son expression conspiratrice.
— Je ne peux pas encore t'en parler…
— Mais tu me le diras ?
— Bientôt, promis.
— Bien… Dans ce cas, que dis-tu d'un slushy avant de retourner à ton devoir ?
Elle ria à nouveau et accepta volontiers l'offre plus qu'alléchante de son ami.

oOo

Au commissariat, Cal et Richard étaient restés aux bureaux pour étudier les dossiers de l'affaire et chercher un éventuel indice qui aurait manqué à leur vigilance. Les pieds sur le bureau de l'écrivain, Cal relut attentivement les dossiers de l'affaire pendant que Richard, face au tableau des victimes et des suspects, tentait de retracer un lien logique.
— Résumons, trois jeunes femmes sont tuées étrangler, exposa Castle. Aucun signe de lutte ni de trace d'ADN sur les lieux du crime. Les caméras ont été coupées à ce moment là. Le meurtrier avait à chaque fois une connaissance parfaite des lieux et de l'électronique.
— D'après les derniers résultats du labo', on n'a pas trouvé les empreinte d'Amber sur le pass d'Hogan.
— Le tueur est entré dans la chambre avec le pass d'Hogan... ça signifie qu'il l'avait depuis le début et qu'il était déjà à l'intérieur de la chambre quand Amber est entrée, puis il a lui-même placé le pass autour du cou d'Amber pour brouiller les pistes.
— Ce qui justifie la thèse de chantage.
Castle médita sur les paroles de son ami puis cibla une brochure du séminaire posée sur son bureau. Il s'empressa de la récupérer et de l'examiner avant de s'exclamer :
— Cal ! Tu te souviens quand l'organisateur nous a parlé de ses partenaires ?
L'expert en mensonge acquiesça.
— Devine quel partenaire est présent à chaque séminaire ?
Castle donna la brochure pour que son ami puisse l'étudier.
— Techgate ?
— Exact, mon cher !
Cal ôta ses pieds du bureau et déclara :
— Cela peut vouloir dire qu'un employé de TechGate a pu visiter les lieux avant et utiliser sa technologie pour pirater les systèmes de l'hôtel sans problème.
— Et si c'était un membre du Night Butterfly, il pouvait faire chanter Amber pour qu'elle la suive dans la chambre où il révélait son passé à ses collègues.
L'expert en mensonge approuva l'explication de l'écrivain lorsque Ryan les informa d'un nouvel indice :
— Les gars ! Le directeur de "SkyTouch" m'a confirmé que Amber a été choisie comme ambassadrice par le Directeur de Techgate. J'ai appelé leur Directeur et il m'a affirmé que c'était son second en communication qui a voulu sa participation. Devinez qui…
— Ellis, répondirent les deux hommes.
— Tous les indices nous mènent à lui.
Au même moment, Mac et Gillian étaient revenus de leur ballade et Castle s'empressa de tout leur résumé.
— Nous devons aller l'interroger, Mac. Tu sais qu'avec un profil comme le sien, il recommencera. Il se prend pour Dieu, si ne nous l'arrêtons pas, il fera une autre victime.
— Cal a raison Mac, l'appuya Gillian. D'ailleurs je pense qu'Ellis a dû faire l'objet d'harcèlement bien avant les meurtres. Ellis a une grande frustration envers les femmes et une position de domination surement développer au cours de son enfance… Peut-on voir son dossier ?
— Je l'ai déjà vérifié, il est vierge. Il n'a pas été condamné, mais peut-être que si je remonte plus loin, je peux trouver des plaintes à son encontre qui n'a pas donné suite.
— Il faut chercher à partir de l'université et regarder aussi si les victimes n'ont pas porté plainte à cette époque.
— Allons interroger Ellis, conclut Kate.

Deux groupes se formèrent, Mac, Gillian et Ryan d'un côté et Esposito, Kate, Castle et Cal de l'autre. Le premier groupe s'activa sur le passé d'Ellis alors que le second avait exigé un entretien au bureau de celui-ci. Prêt à partir à un rendez-vous, Ellis rassemblait ses affaires et jasa à la venu du groupe d'investigateurs :
— Tient, je vois que la police de New-York aime perdre son temps.
Kate omit sa médisance et demanda :
— Nous savons que vous avez demandé à votre patron de choisir Amber comme ambassadrice pourquoi ?
— En effet, c'est un de mes confrères qui m'a conseillé de travailler avec elle.
— C'est étrange, vous aviez pourtant dit ne pas la connaître ? répliqua Esposito.
— Et… c'est vrai. Je ne la connaissais pas au sens stricte du terme. Seulement de nom.
— Vous mentez, mal en plus, contra Cal.
— Si vous le dites…
Dans son métier, Cal avait mis en place une technique imparable pour faire avouer ce qu'une personne souhaitait à tout prix lui cacher. L'objectif était de porter l'attention du sujet sur deux tableaux. Diviser pour mieux régner. Pour semer ce trouble, l'expert en mensonge se déplaça dans le bureau sous les yeux attentifs du suspect pendant que Kate continua son interrogatoire :
— Notre équipe à découvert que votre entreprise était un partenaire de chaque séminaire, signala Kate.
— C'est moi qui l'ai découvert…, bougonna Castle.
D'un regard aiguisé, Cal analysa le langage du corps d'Ellis se crisper à mesure de ses pas qui le guida jusqu'à une étagère.
— Nous avons remarqué que les victimes ont toutes été présentes à l'un d'entre eux. Je ne crois pas aux coïncidences, ajouta Kate.
À bout de nerfs, Ellis arrêta son tri et réclama sans détour :
— Êtes-vous en train d'insinuer que je suis le meurtrier, Capitaine ?
— Tous les indices le prouvent…
— Nous sommes une entreprise de plus de 200 employés, dont une trentaine qui s'occupent de ces séminaires pourquoi cela serait spécifiquement moi ?
Toujours prostré devant vers l'étagère, Cal proclama :
— Parce que vous êtes le n°2 ! Celui qui s'occupe de la besogne comme l'organisation de ces séminaires qu'au passage vous détester. Vous serez toujours que second Ellis ! Et d'ailleurs… je crois même que vous ne pouvez pas être le meurtrier…
— Qu'est-ce qui vous a fait changé d'avis ? l'interrogea Ellis curieux.
— Vous n'avez pas assez de cran pour le faire. Seul un numéro 1, un homme digne de ce nom serait capable d'une telle prouesse.
— Détrompez-vous au poker on m'appelle le "Passeur", vous savez pourquoi ? J'aime regarder mon adverse se débattre jusqu'à sa mise à mort avant de dévoiler le reste de mon jeu.
— Ce sont des aveux ?
Cal observa une approbation sur le visage d'Ellis qui n'afficha qu'un cinglant sourire. Ce dernier transporta son attaché-case et s'excusa :
— Je vais devoir vous laissez, un rendez-vous m'attend ce fut un plaisir.
L'expert observa Ellis quitter la pièce et proclama :
— Ellis détient une fille.
— Tu l'as vu sur son visage ? demanda Kate surprise.
— La dernière fois, il ne savait pas comment réagir. Le moment où il se sent supérieur c'est quand il sait qu'il a de l'avance sur nous.
— Où est-elle ?
Cal présenta un cadre photo d'Ellis posant avec une voiture de collection devant sa maison et expliqua:
— J'ai vu Ellis paniquer lorsque je me suis approché de son étagère. Et quand j'ai regardé cette photo, j'ai vu de la peur sur son visage. Sa prochaine victime est là-bas.
— Sa propriété ? s'étonna Castle.
L'expert en mensonge acquiesça en réponse.

oOo

​ Au poste de police, Ryan étudia le dossier d'Ellis sur son ordinateur pendant que Mac et Gillian analysèrent le passé des victimes. Au bout de quelques minutes, Ryan déclara désappointé :
— Je n'ai rien sur Ellis lors de son cursus universitaire. Ces professeurs le décrivent comme un élève brillant et prometteur.
— Rien non plus du côté des victimes, Gillian ? la sollicita Mac.
La psychologue secoua sa tête de droite à gauche.
— Je commence à croire qu'il ne laisse aucune trace… Un vrai fantôme.
C'est alors qu'une idée traversa l'esprit de Gillian qui s'exclama :
— Il ne laisse aucune trace ! C'est ça ! Ryan, cherchez s'il existe dans son université des faits d'harcèlement qui remonte à l'époque de ses études !
Le policier s'exécuta puis après une rapide recherche dans la base de données de l'établissement, il proclama :
— Vous avez raison, une étudiante nommée Paige Elliot a porté plainte contre Ellis pour harcèlement sexuel et viol, mais la plainte a été classée sans suite.
— Il n'y en a même aucune trace dans les dossiers de la police.
— D'après ce que je lis, il y a eu un arrangement à l'amiable. Mlle Elliot a pu étudier dans une autre université et Ellis a pu rester dans la sienne.
— Les victimes sont toujours les coupables, ragea Gillian. Peut-on la contacter ?
— Elle s'est suicidée six mois plus tard…
Dépitée, Gillian ferma ses yeux, puis les ouvrit à nouveau lorsque Mac reçut un message de Kate informant de leur progression dans l'enquête et la possibilité qu'Ellis détenait une de ses victimes dans sa maison. Il fallait à tout prix éloigner Ellis de sa propriété et trouver le moyen de l'inculper pour l'interroger une seconde fois, mais aussi obtenir un mandat de perquisition.
— Il faut éloigner Ellis de sa maison ! annonça Mac avec gravité.
La télévision allumée, Ryan regarda un présentateur parler sur une chaine d'information en continu et affirma :
— Je sais qui pourrait nous aider…

oOo

Au même moment, Sally avait suivi l'équipe d'investigation et se trouvait au pied de l'immeuble de l'entreprise d'Ellis. Elle accepta un appel inconnu et après quelques secondes de discussion, raccrocha et annonça à son cameraman :
— Steven ! Prépare toi, on va faire les gros titres !

oOo

Peu de temps après au commissariat, les trois protagonistes focalisèrent leur attention sur le petit écran et découvrirent Sally au pied de l'immeuble de l'entreprise d'Ellis.
— D'après nos informations, M. Ellis serait le principal suspect dans le meurtre de ces trois jeunes femmes.
À l'écran, on pouvait voir Ellis sortir de son entreprise et être poursuivi puis arrêter par Sally Jackson. Dans le temps imparti, Ryan contacta le procureur pour obtenir un mandat de perquisition contre Ellis.
— C'est du rapide…, commenta Mac devant l'écran.
— M. Ellis ! La police pense que vous êtes l'auteur de ces meurtres ! Qu'avez-vous à répondre à ces accusations ?
Contraint de répondre aux questions, Ellis aperçut le groupe de Kate se précipiter à leur voiture et eut même la chance de capter le mauvais sourire de Cal à son égard. Il maitrisa sa colère et répondit avec son habituel sourire :
— Malgré leur compétence, la police peut parfois se tromper et je vous garantis que je ne me laisserai pas faire.

oOo

En route pour le domicile d'Ellis, Gillian exposa au téléphone les nouveaux éléments retrouvés sur le passé du suspect pour le groupe de Kate en voiture.
— Le dossier de Ellis est effectivement vierge, mais d'après les dossiers de son université une étudiante l'a accusé d'harcèlement et de viol. L'affaire a été classée sans suite. Malheureusement, il nous est impossible de l'interroger, elle s'est suicidée.
— Kate, Ryan a appelé le procureur, vous pouvez aller perquisitionner son domicile. Il part immédiatement vous rejoindre, ajouta Mac.
— Vous pouvez interroger Ellis ?
— On a convaincu le procureur. Esposito a vu qu'Ellis était reparti avec un sac pour femme à la fin du séminaire sur les vidéos de surveillance et d'après la secrétaire de TechGate il s'est avéré qu'il aurait réservé la chambre après le refus de la première. Ellis va être interrogé au poste, son avocat sera présent.
— Gill' ! l'interpella Cal, si Ellis retient une victime chez lui, je pense qu'il l'a kidnappé après le meurtre de Amber, mais qu'il l'a gardé séquestrer sans aller plus loin. Essaye de voir comment il réagit face à ça.
— D'accord, tenez nous au courant.
La conversation téléphonique terminée, Cal raccrocha et Kate augmenta la vitesse de son véhicule.

oOo

Dans la salle d'interrogatoire, Ellis était assis au côté de son avocat en face de Mac et Gillian.
— Je ne sais pas comment vous avez convaincu le procureur d'interroger mon client, tonna l'avocat, mais je vous promets de porter plainte pour harcèlement dès qu'on sortira de cette pièce contre votre département de police !
— C'est étonnant que vous parlez de ça, car c'est aussi la raison de la présence de votre client.
— Développez, agent Taylor.
— M. Ellis a fait l'objet d'harcèlement sexuel et de viol sur une étudiante de son université appelée Paige Elliot.
— Calomnie, le dossier de mon client est vierge. Même pas la présence d'une seule contravention. Un parfait citoyen. C'est autre chose que vos collègues.
Gillian glissa le dossier des données de l'ancienne université de Ellis.
— C'est parce que M. Ellis est doué pour ne laisser aucune trace. La plainte n'a pas donné suite, mais l'université garde en mémoire tout événement de ce type.
L'avocat prit rapidement connaissance du document et répliqua :
— Bien, mais je suis au regret de dire que s'il n'y a pas eu de suite, c'est que la plainte ne devait pas être justifiée. Que dit la victime ?
— Elle ne pourra plus parler. Paige Elliot s'est suicidé 6 mois après avoir été abusée par M. Ellis.
— Vous ne pouvez pas attaqué mon client sur des faits où il n'y a aucune preuve. Je vous conseille de mesurer vos propos M. Taylor ou nous partons sur le champ.
— Si votre client refuse de coopérer, une cellule l'attend en bas.
L'avocat jeta un oeil à Ellis qui acquiesça d'un léger signe de tête.
— Nous vous écoutons.
— Charon, ça vous dit quelque chose, M. Ellis ?
— Non, c'est un groupe de Rock ? plaisanta t-il.
— C'est le pseudonyme que vous utilisez pour une maison de passe appelé le Night Butterfly. La directrice a confirmé votre venue à plusieurs reprises.
— La vie privée de mon client n'a aucun rapport avec cette affaire, contra l'avocat.
— Oh que si. Après quelques recherches, nous avons remarqué que les trois victimes étaient des call-girl du Night Butterfly. Toutes les trois ont travaillé dans cet établissement pour payer leur étude et d'après leur rendez-vous, elles ont toutes côtoyé votre client.
— C'est pour cette raison que vous n'avez eu aucun mal à faire venir Amber dans la chambre d'hôtel. Vous avez utilisé un portable prépayé, et vous avez joué les maitres chanteur en indiquant que si elle ne venait pas, vous ferez parvenir cette rumeur pendant le séminaire. Dans le sms, vous avez utilisé son pseudonyme "Laura" pour lui faire peur. On sait que vous avez eu des relations avec elle au Night Butterfly !
— Une fois dans la chambre vous l'avez tué.
​
— Je n'ai jamais invité Amber dans une chambre d'hôtel ! Et si c'est le cas, avez-vous une preuve ?
— Vous aviez tout prévu, les caméras de surveillance ont été brouillées à distance. Vous travaillez pour une société en informatique, je suppose que c'est un jeu d'enfant pour vous.
— Aucune preuve, aucun délit.
— D'après la secrétaire de votre entreprise, vous auriez exigé de réserver spécifiquement la chambre 303 qui soit disant passant est la plus éloignée des autres invités, alors que l'organisateur du séminaire avait déjà tout planifié...
— Mon client n'a pas à se justifier quant au choix de cette réservation, contra l'avocat. Cela n'a aucune utilité dans cette enquête.
— Très bien, peut-être qu'il pourrait dans ce cas nous expliquer pourquoi on vous voit partir après le séminaire avec un sac pour femme ?
Mac présenta un cliché de la caméra de surveillance on on voyait Ellis sortir de l'hôtel avec un sac pour femme. Ellis déglutit.
— Je l'ai vu abandonné dans la salle de conférence et je l'ai pris en pensant que je pourrai le rendre à Mlle. Millan. Malheureusement, il était déjà trop tard…
​— Qu'est-ce que je vais ai dit, un parfait citoyen ! affirma l'avocat.
— Où est-il ?
— Je l'ai jété, il n'avait plus d'utilité.
— On a retrouvé ce sac noir sur le balcon de la chambre 303. Vous avez dû brouillé le signal des caméras, vous changer puis tuer Amber. Après le meurtre, vous avez certainement dû entendre un bruit dans le couloir. Vous avez pris peur et au lieu récupérer votre sac, vous vous êtes changé sur place et mis votre déguisement dans le sac d'Amber.
— Il peut appartenir à n'importe qui, réfuta dédaigneusement Ellis.
— Nous avons retrouvé vos empreintes dessus, mentit Mac.
— Impossible.
— Les tests ne mentent pas !
— Je portais des gants ! se justifia t-il, en désignant le cliché.
— Tout comme le meurtrier.
— On est en hiver je vous ferai dire, vous allez inculpé toutes les personnes qui portaient de gants ce jour là ? C'est la seule preuve que vous avez Agent Taylor ?
— Une femme du nom de Dawson a disparu un jour après le meurtre de Amber. On sait que vous l'a séquestré chez vous. Notre équipe va perquisitionner votre domicile. Et je suis sûr qu'un homme aussi perfectionniste que vous garde des documents de ses proies.
— Cherchez autant que vous vous voudrez, je n'ai rien à cacher, affirma t-il sûr de lui.
— Mlle. Elliot a été votre première victime, puis ensuite vous avez tué Mlle Carpenter. À partir de là, vous avez senti comme quelque chose de nouveau se produire en vous. Une envie de recommencer. Une telle pulsion qui vous a mené à tuer une autre fille… Vous jalousiez leur réussite. Vous les avez humilié puis vous les avez regardé mourir et se débattre sous vos mains. Vous ne pouvez pas vous empêcher de garder le dessus sur les femmes.
-- Vous avez besoin de montrer qui est l'homme, c'est ça ? ragea Mac.
— C'est une belle histoire, mais vous n'avez aucune preuve…
Mac serra sa mâchoire et quitta la salle d'interrogatoire avec Gillian sous le léger rire de Ellis. Ils rejoignirent Sally Jackson qui les attendait dans les bureaux des policiers, après avoir observé l'interrogatoire du suspect derrière la vitre sans teint.
— C'est incroyable, il est accusé de meurtre et pourtant je n'ai jamais vu un homme aussi serein ! s'exclama Sally stupéfaite.
— Je trouve aussi…, approuva Taylor.
— Le seul moment où il s'est senti mal à l'aise, c'était quand nous avons parlé de l'affaire Elliot, releva Gillian.
— Pourquoi ? C'est la seule affaire qui a été classée, déclara Sally perplexe.
— Justement… Ellis a toujours veiller à ce qu'il n'y ait aucune miette de pain… Cela doit certainement dissimuler quelque chose d'important.
Mac prit le dossier Elliot et le feuilleta :
— L'arrangement à l'amiable a été fait par le Directeur de l'université, mais devinez qui a été présent au moment du rendez-vous ? Ellis père. M. Avery Thomas Ellis.
— Que sait-on sur lui ? quémanda Gillian.
— Pendant que vous jouiez les cow-boy, j'ai mené ma petite enquête, signala Sally. Ellis père était un très grand patron d'entreprise. Il a divorcé avec sa femme à cause d'adultère et il a dû verser une coquette pension alimentaire. La mère n'a pas voulu la garde de son fils et il est resté avec son père. Elle est morte de maladie deux ans plus tard.
— Cela peut être la raison qui l'a mené à détester les femmes. L'autorité de son père mêlé par l'abandon de sa mère a pu conduire à cette pulsion, analysa la psychologue.
— Peu de temps après son arrangement, l'Université s'est vue offerte de nouveau fond et Paige Elliot a reçu un dédommagement de 10 000 dollars.
— Avery a voulu dissimulé les fautes de son fils. Il faut l'interroger.
— S'il revient d'entre les morts. Le père d'Ellis est mort après l'obtention de son poste à TechGate, indiqua Sally. Un incendie a été déclaré à son domicile. Une fuite de gaz aurait provoqué une explosion. Avery était fumeur et en allumant sa cigarette… Boum !

— Une fuite de gaz…
— Sa date de mort correspond un jour après avec le meurtre de la fille Carpenter. Ça ne peut pas être encore une coïncidence.
— Le père d'Ellis a dû découvrir qu'il était le tueur. Avoir un fils comme tueur et qui va rendre visite à des call-girl, doit certainement entaché la réputation d'un patron comme Ellis.
-- D'ailleurs, Avery a même fait changer son testament en donnant tout son héritage à son deuxième fils, Lewis.
— Le fils savait que son père allait le dénoncer, et il a été contraint de le tuer pour l'empêcher de parler.
— Je sens que l'audimat va exploser, s'enthousiasma Sally.
— Je crois qu'il n'y a pas que ça qui va exploser…, s'inquiéta Gillian. Ellis a menti lorsqu'il nous a dit qu'il n'avait rien a caché, pourtant je n'ai vu aucune peur sur son visage lorsqu'on a affirmé qu'une équipe allait perquisitionner son domicile.
— Il veut faire exploser toutes les preuves…, souffla Mac.
Ahurie, Sally demanda :
— Attendez, vous êtes en train de dire qu'il y a une bombe dans sa maison ?
Mac et Gillian écarquillèrent leurs yeux de stupeurs et se précipitèrent dans la salle d'interrogatoire. Taylor pointa un index inquisiteur sur Ellis et l'accusa :
— Vous avez posé une bombe chez vous !
— De quoi est-ce que vous parler ?! s'exclama l'avocat perdu.
Gillian occulta l'avocat et exposa à Ellis :
— Vous avez tué votre père parce qu'il était au courant pour Carpenter. Vous voulez faire la même chose chez vous ! Vous ne voulez laisser aucune preuve !
Rageur, Mac réclama :
— Ellis, est-ce qu'il y a une bombe oui ou non ?! Répondez !!!
Gillian tenta d'analyser le visage du suspect et ne capta qu'un léger sourire se dessiner sur ses lèvres.
— Mac, appelle Kate !

oOo

Sur place, Kate quitta sa voiture avec son équipe et découvrirent la propriété de Ellis à la fois grande et contemporaine. Ryan arriva sur les lieux et informa un portable en main :
— Les renforts ne vont pas tarder.
— On doit entrer, la victime peut être blessée, souligna Kate. Esposito tu vérifies l'arrière de la maison avec Rick, Ryan les alentours. Cal et moi, on prend l'entrée principale.
Les équipes faites tout le monde s'activa à sa tache. Esposito ouvrit la porte de derrière avec précaution alors que Castle, derrière ses pas, aperçut quelque chose d'étrange. Il s'avança jusqu'à un petit cabanon entreposé au fond du jardin et remarqua que ses vitres ne s'étaient pas glacées par le froid hivernal. Un détail suspect qui le mena à examiner la porte d'entrée abimée par le temps et verrouillée par un cadenas massif et neuf. Deux éléments qui contrastaient fortement en plus des outils entreposés au sol à proximité de la cabane. Ellis souhaitait plus que tout cacher ce qu'il y avait à l'intérieur de ce cabanon.
— J'aurai dû faire équipe avec Cal, soupira t-il, en songeant au passé trouble de son ami.
Il chercha un moyen d'ouvrir le verrou et cibla avec enthousiasme les quelques outils oubliés au sol.

Du côté de Kate, la policière s'avança prudemment vers la porte d'entrée principale et jeta un oeil par la fenêtre de la maison pour voir s'il n'y avait rien à l'intérieur. Au même moment, Cal était resté en retrait le temps que Kate sécurise les lieux et reçut un appel de Mac.
— Qu'est-ce qui se passe Mac ?
— Ellis a piégé sa maison avec une bombe ! Je suis en route vers sa propriété avec une équipe de démineur ! Ne rentrez pas à l'intérieur ! Je répète ne rentrez pas à l'intérieur !
Effaré par la nouvelle, Cal s'empressa de crier :
— Kate la maison est piégée !
In-extrémis, Kate se recula de la porte et s'empressa de prévenir Esposito par radio. Ce dernier venait malencontreusement de faire un pas dans la maison avant de voir une boite noire et un compteur défiler à toute vitesse.
— Je crois que ça va exploser, signala t-il sur un ton des plus calme avant de faire demi-tour pour courir à l'extérieur.
Cinq secondes après, une géante explosion se produisit dans la maison détruisant tout sur son passage. Kate avait eu juste le temps de sauter à terre pour se protéger des flammes et des débris voltigeant dans tous les sens. Hors de danger, Cal s'empressa de lui venir en aide et fut soulagé lorsqu'elle affirma que tout allait bien. Il l'aida à se relever et constatèrent tous les deux les dégâts causés par la bombe et la maison continuant de bruler sous leurs yeux impuissants. Le souffle écourté, Ryan les rejoignit puis activa sa radio afin de contacter son ami Esposito.
— Esposito ! C'est Ryan !
Sans réponse, l'équipe commença à craindre le pire.
— Esposito !
— J'suis là… derrière la maison… Je vais bien… J'ai réussi à m'échapper à temps, répondit le policier essoufflé.
Ryan ferma ses yeux de soulagement puis croisa le regard anxieux de Cal et Kate.
— Et Castle ?
Esposito regarda autour de lui sans trouver la trace de son ami. Il cria son nom mais n'obtint pas de réponse.
— Il était derrière moi ! Je ne comprends pas !
Il n'en fallut pas plus à Cal pour échanger un regard effaré avec Beckett avant de courir vers la maison en flamme pour secourir son ami.
— CASTLE ! s'écria Kate désespérée.
Plus rapide, Ryan empêcha Cal d'intervenir et ordonna :
— Vous ne pouvez pas entrer ! C'est trop dangereux ! Le toit est en train de s'effondrer et la fumé risque de vous asphyxier en moins d'une minute !
Désemparé, Cal s'écria :
— Il est peut-être encore en vie ! Je dois aller le sauver !
— Les secours ne vont pas tarder !
— C'est l'un de mes meilleurs amis !
— À moi aussi Dr. Lightman !
Ryan soutint le regard noir de l'expert en mensonge et ajouta :
— Mais il est hors de question que vous rentrez la dedans, c'est trop dangereux !
En pleine dispute, les deux hommes ne remarquèrent même pas la présence de trois silhouettes traversant un épais nuage de fumé. Kate les aperçut et reconnut immédiatement son compagnon retenant dans ses bras une jeune femme frêle et apeurée.
— Rick ! s'exclama Kate en accourant vers son mari.
Dans l'instantané, Esposito proposa à Richard de prendre le relais pour que celui-ci puisse rassurer sa femme. Cette dernière le serra dans ses bras aussi fort qu'elle put puis l'embrassa de soulagement.
— J'ai cru t'avoir perdu…, souffla t-elle contre son corps.
L'air furieux, Cal s'avança jusqu'à l'écrivain et s'exclama :
— Où étais-tu ?!
— Je ne suis pas entrer avec Esposito, j'ai vu une cabane à jardin et des pas qui menaient à elle. Les fenêtres n'étaient pas givrées, j'ai supposé que ça devait être chauffé et les outils étaient à l'extérieur, j'ai trouvé ça suspect. Ça en plus du cadenas. J'ai forcé la serrure et… je l'ai trouvé…
Castle tourna son regard sur la propriété incendiée et demanda perplexe :
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous avez fait un mikado ou quoi ?
Hors de lui, l'expert en mensonge poussa son ami en arrière en s'écriant :
— J'AI CRU QUE T'ÉTAIS MORT, IDIOT !
— Ça aurait ajouté une plue valu à la maison ! plaisanta Richard pour faire baisser la tension.
Cela n'eut malheureusement pas l'effet escompté. Encore sous le choc, Cal se passa une main nerveuse dans ses cheveux et se détourna de l'écrivain pour reprendre ses esprits un peu plus loin.
— Cal ! l'appela Richard pour que celui-ci revienne.
— Laisse-le, Rick, conseilla Kate.
Richard regarda attristé son ami s'éloigner. Il allait devoir se racheter et pas seulement avec une dédicace de son prochain livre.
Quelques minutes plus tard, les renforts sécurisèrent la maison et Ellis fut définitivement arrêté pour les meurtres.

oOo

Au poste, Cal croisa Ellis se faire emmené par des agents de police et l'interrogea avant qu'il ne disparaisse :
— Pourquoi avoir tué ces femmes ?
— Elles ne méritaient pas cette place. Elles n'avaient aucun honneur.
L'expert en mensonge pinça ses lèvres puis susurra à l'oreille du meurtrier :
— Préparez-vous à être numéro deux en prison. Ça n'a pas la même signification qu'à l'extérieur, c'est beaucoup plus douloureux, vous verrez…
Dès lors, Cal eut la satisfaction de voir le sourire moqueur d'Ellis disparaitre à jamais et être remplacé par une vive colère.

Plus tard, l'équipe d'enquêteurs regardèrent avec satisfaction le journal télévisé louangeant le professionnalisme de la police New-Yorkaise sur l'affaire Ellis. En duplexe devant la maison incendiée d'Ellis, Sally Jackson résuma la finalité de l'affaire non sans manquer d'évoquer une participation personnelle à sa résolution.
— En effet Duncan, c'est avec brio que l'unité de police du Capitaine Beckett ainsi qu'avec la participation de l'Agent Taylor et l'agence Lightman, qu'une victime d'Ellis a pu être sauvée à temps. C'est grâce à leur exceptionnel travail que la population de New-York peut de nouveau retrouver sa tranquillité.
— Enfin, une vérité qui sort de sa bouche, soupira Ryan.
— Sans elle, nous n'aurions peut-être pas pu inculper Ellis…, releva Esposito.
— Sans doute.
Sans commune mesure, Castle tapa de manière triomphale dans ses mains et s'exclama joyeusement :
— Voilà, encore une affaire de classée ! Je vous invite tous chez moi pour fêter ça !
— Tu veux dire chez nous…, reprit Kate.
— Euh bah oui ! Chez toi c'est chez moi ! Non ? plaida t-il avec un demi-sourire.
— Rattrape-toi…
Pendant que l'équipe regarda la fin du reportage, Mac en profita pour s'approcher discrètement de Richard et lui murmurer :
— Rick, avant de partir je crois que tu devrais aller parler avec Cal…
Richard suivit le regard de Taylor et remarqua Cal boire son café par la baie vitrée de la salle de restauration. L'écrivain acquiesça et prit son courage à deux mains afin d'aller rejoindre son ami. D'un air enjoué, il entra et proclama :
— Tu as manqué le fabuleux portrait que Sally à fait sur nous !
— J'ai pas dû manquer grand chose alors, répliqua Cal, sans un regard pour son ami. Ce dernier comprit que l'expert en mensonge n'était pas encore prêt à plaisanter et s'installa à table avec lui. Il jeta un regard circonspect à la boisson chaude qu'il dégustait et demanda :
— Tu prends du café maintenant ?
— Il n'y avait pas de thé.
— Un défaut chez les flics !
Cal émit une petite moue de sa bouche puis dégusta une autre gorgée de sa boisson. Face à cette réaction, Castle comprit qu'aucune plaisanterie n'allait pouvoir apaisé le tempérament belliqueux de son ami. Il prit une légère inspiration et présenta ensuite ses plus plates excuses :
— Je suis désolé Cal… de t'avoir fait peur… Ce n'était pas mon inttention. J'ai suivi mon instinct et parfois j'oublie que je suis avec d'autres personnes…
L'expert en mensonge sembla réfléchir à ces paroles sincères. Il pinça ses lèvres et avoua avec une certaine difficulté que Richard lui connaissait peu :
— Rick… Hum… Je ne dis pas souvent ce genre de chose, mais t'es comme un frère pour moi.
Touché par ses mots, l'écrivain afficha un air surpris et s'obligea à se taire pour écouter le reste des pensées de son ami.
— Et si je venais à te perdre, je ne suis pas sûr que je m'en remettrai… Alors la prochaine fois que tu me fais ce coup là, je te promets de doubler la plue value de ma maison. C'est bien compris ?
Castle esquissa un fin sourire amusé et hocha positivement la tête. Le problème résolu, Richard avoua avec sérieux:
— Dis, j'avais pensé à nous acheter une sorte de bracelet de l'amitié ou des bagues genre Team-Super Héros pour nous et les autres gars…
— Rick ! Tu gâches toujours tout c'est incroyable…
— Qu'est-ce que j'ai dit ?
Cal afficha un air déconcerté lorsqu'il comprit qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie.

oOo

Dans l'appartement des Castle, toute l'équipe trinqua à la fin de l'enquête avec du champagne pour les plus grands et du soda pour les plus petits qui étaient simplement heureux d'être réunis. Une flute à la main, Richard porta un toast:
— À la fin de cette enquête et à l'aide exceptionnelle de Mac, Cal et Gillian !
L'assemblée leva leur verre puis dégusta une gorgée de l'alcool comme le voulait la tradition. Richard remarqua que Gillian n'avait pas gouté au liquide dorée et déclara :
— Tu sais Gill', c'est un très bon millésime ! Il vient de France, prononça t-il avec un accent approximatif.
— Je n'en doute pas Rick, c'est juste que je n'ai pas envie de boire de l'alcool.
— Je sais que tu ne tiens pas l'alcool chérie, mais je doute que du champagne te fasse tournée la tête, plaisanta Cal.
Gillian leva ses yeux au ciel.
— Tu sais ça me fait penser à un épisode de la série Friends ! Au mariage de Chandler et Monica, lorsque Rachel recrache le contenu de son verre parce qu'elle est enceinte ! J'adore cet épisode ! ria Richard.
Gillian émit un demi-sourire à cette réflexion avant qu'elle ne proclame :
— Tu sais, il n'y a parfois qu'un pas entre rêve et réalité…
— C'est vrai ! affirma Castle souriant, sans prendre conscience des mots qu'elle avait prononcé. L'écrivain but une gorgée de son champagne puis afficha un air perplexe lorsqu'il remarqua l'assemblée qui s'était statufiée en regardant la psychologue souriante.
— Ne me dit pas que…, souffla Cal éberlué.
La jeune femme arbora un large sourire et acquiesça. Tout le monde applaudit la grande nouvelle.
— Gill'… tu… depuis quand ? bafouilla t-il perdu.
— Ça fait deux semaines, mais je voulais être sûre avant de t'en parler et trouver le bon moment… Je crois que ça l'est ! Je sais que c'est une surprise, et qu'on en avait pas discuté… alors j'espère que tu es heureux.
— Extrêmement, affirma t-il.
​ Le sourire aux lèvres, il embrassa tendrement son épouse.
— Heu, je peux savoir ce qu'il se passe ? demanda Richard perplexe.
— On va augmenter la plue value de notre maison, avec une chambre en plus!
— Attends… T'es en train de dire que Gill' est… enceinte ?!
— Bravo Sherlock ! T'es capable de résoudre une enquête, mais pour ça tu mets plus de temps à comprendre !
Castle roula des yeux et s'empressa comme les autres de féliciter le couple.
— Félicitations, Gill', souffla Kate dans les bras de son amie.
— Merci Kate…
— Quatre enfants Cal ! T'es sûr que tu vas pouvoir gérer ? ria Richard.
— Ça peut pas être pire que de diriger mes employés !
— J'en suis pas sûre, répliqua Gillian.
— En tout cas, si vous me re-demandez de faire de la garderie, je veux des renforts ! scanda Martha sous les rires du groupes.
— Alors, fille ou garçon ? demanda Esposito curieux.
— Il faudra attendre encore un peu pour le savoir.
— Si c'est une fille, je crois que tu vas mettre deux fois plus d'effort dans tes nouvelles techniques pour repousser les garçons ! ria Mac.
-- Tu me les donneras ! quémanda Richard.
— Je te ferai une liste !
— Cal…
— Et… vous voulez qu'on se charge de le dire aux autres ou…, demanda Richard sur un ton innocent.
— Non ! On s'en charge Rick, merci !
— Je proposais juste mon aide, ça fait beaucoup de monde…
— Ne t'inquiète pas, on se débrouillera !
Quelques minutes plus tard, chacun discuta dans son coin alors que Cal et Gillian en avait profité pour s'isoler et danser un slow sur une légère musique de jazz. Les bras autours de son cou, la psychologue remarqua l'air amusé de son compagnon et l'interrogea souriante :
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Rien, sourit-il.
— Cal… Tu sais qu'on fait le même métier…
— J'imaginais la tête de ta mère lorsqu'on allait lui apprendre la nouvelle ! Rien que pour les jumeaux, j'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque !
— J'y crois pas…
— Je plaisante, je me disais juste que… Patrick avait raison…
— Sur quoi ?
— Un jour… Il m'avait dit qu'il aimait regarder le soleil se coucher, car il mettait fin à une journée qui pouvait être la pire qu'il ait vécue, mais qu'il savait que lorsqu'il reviendrait le lendemain matin, il pourrait aussi lui offrir la plus belle de sa vie.
— Je partage sa philosophie, approuva Gillian souriante.
— C'est ce que je me dis après chaque repas de Thankgivings avec ta mère, plaisanta t-il.
— Cal ! Mais t'es pas poss…
La psychologue n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Cal s'était empressé d'écraser ses lèvres contre les siennes pour amoureusement l'embrasser. Comme prévu, elle s'abandonna dans ses bras et participa à l'échange sous les yeux indiscrets et heureux de leurs amis.

FIN*
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