Bon sang ! Chaque fin d'année c'était pareil ! Cal entra avec grand fracas dans son bureau. Il ne pouvait pas simplement pour une fois fêter le nouvel an en famille, comme tout le monde ! Chez lui, avec pour compagnie un bon thé et sa fille dans ses bras. Tous les deux assis tranquillement sur le canapé à se raconter des anecdotes sur leur vie et particulièrement sur celle de Loker... MAIS NOOON ! Encore une fois, sa fille et sa traitresse de meilleure amie avaient trouvé une des idées les plus... Comment pouvait-il qualifier ça… Attendez ! Laissez-lui une seconde… il va retrouver le mot... Génial ? Non… c'était pas ça… Brillante ? Argh non ! Il marcha activement de long en large en cherchant le mot qui conviendrait le mieux puis s'arrêta brusquement pour déclarer avec le visage mauvais :
— Stupide !
Ah bah vous voyez ! Il l'avait juste sur le bout de la langue ! Il s'apprêta à noyer sa peine dans l'alcool dissimulé dans son débarras lorsqu'il sursauta, en entendant une voix clamer derrière son dos :
— Cal !
L'expert en mensonge pivota sur lui-même et s'exclama surpris:
— Gillian !
La psychologue arborait un visage des plus furieux.
— Cal, dit-elle les bras croisés contre son corps avec un regard lourd de sens.
— Gillian ! répéta t-il, avec des gestes des mains dans sa direction comme attendant la suite de ses paroles.
— Cal ! proclama t-elle furieuse.
— Gil... il ne put finir de prononcer le prénom de son amie qu'elle lui décrocha un léger coup dans son bras. Il recula de quelques centimètres alors qu'il s'écria faussement blesser : — Ouuuch ! Mais ça va pas non !
Elle regarda l'expert en mensonge masser son bras violenté et s'exclama ahuri :
— Et c'est toi qui dis ça !
— J'peux porter plainte tu sais ! répliqua t-il, en haussant ses sourcils. J'connais une très bonne avocate en plus ! Bon j'avoue… Elle est un peu chiante par moment mais c'est une brave dame quand elle veut !
Muette, Gillian lui jeta le plus violent des regards noir. Cal plissa ses yeux et s'avança d'un seul coup vers la jeune femme pour demander :
— T'avais compris que je parlais de Zoe ?!
— Si tu ne retournes pas tout de suite là bas, crois moi que ce n'est pas d'un avocat dont tu auras besoin…, ajouta t-elle sur un ton glacial.
Face au visage réprobateur de la psychologue, Cal ouvrit sa bouche à plusieurs reprises et déclara :
— Heu… C'est pas que j'en ai pas envie mais... Il prit une pause et conclut d'un geste vif de sa main : — Si en fait ! J'en ai pas envie!
— Cal ! Chaque année c'est la même rengaine ! Chaque année tu fais ton gamin capricieux !
— Je ne le fais pas qu'un seul jour mais toute l'année ! rectifia t-il intelligemment avec un grand sourire stupide.
— Et chaque fois, je dois t'amener de force à la réception annuelle du nouvel an du Lightman Group !
Sans se préoccuper des remontrances de sa collègue, Cal continua son délire :
— Je trouve même que je m'améliore de jour en jour !
— CAL ! Tu m'écoutes quand je te parle ! s'écria t-elle exaspérée par son comportement infantile.
— Rhoo… Mais Gill'… Vous pouvez bien vous passer de moi pour cette fois ! Et franchement que je sois là ou non je ne vois pas la différence !
— Tu la verrais si tu te conduisais en bon patron !
— Mais je suis un bon patron ! s'offensa t-il, d'être injustement attaqué.
Gillian appuya son regard.
— Tiens ! commença t-il à dire d'un geste de la main. Rien qu'hier en preuve de bonne foi, j'ai offert à Loker le stylo qu'il m'avait volé dans mon bureau ! Si ça ce n'est pas être généreux, je ne sais pas ce que c'est !
Elle écarquilla ses yeux de stupeur et écarta ses bras pour lui signifier son incompréhension total à cette absurde anecdote.
— Bah quoi ? C'était mon stylo bleu préféré ! Le seul qui ne glissait pas dans la main quand on le tenait, le seul qui avait toute son encre… Et tiens toi bien… fit-il en la pointant du doigt avec un air très sérieux. Le seul qui avait son bouchon adéquat ! Ce stylo avait vraiment toute les qualités…, affirma t-il le regard rêveur. J'suis sûr qu'à l'heure qu'il est ce bouchon a dû être mâchonné par ce… Mouton... frisé…, marmonna t-il entre ses dents en plissant ses yeux de suspicion.
— Arrête ça !
Il secoua sa tête pour se remettre de sa rêverie et demanda :
— Arrêter quoi ?
— Ne fais pas semblant de ne pas me comprendre ! Tu utilises des digressions pour retarder le discours !
— Quoi ?! s'exclama t-il faussement blesser, avec une main sur son coeur. Alors là tu me vexes Gillian ! Moi ? Retarder le moment que tout le monde attend ?! Le moment où toute l'attention que je mérite est portée sur moi ! Le moment où je clame le bonheur à tous ! Le moment où ...
— CAL !
— Tu sais, je crois que c'est la première fois ou tu prononces autant de fois mon prénom en quelques secondes !
Exaspérée, elle serra sa mâchoire puis tira sur la veste de son ami pour l'entraîner sans ménagement dans le couloir. Trainé comme un sac, dans les divers couloirs de la société par sa collègue, Cal l'interrogea en employant une voix innocente :
— Tu as beaucoup de force dans les bras honey ! T'as fais de la lutte quand t'étais jeune ? J'aime les femmes qui prennent les devants ! affirma t-il avec un grand sourire sur son visage au contraire de celui de la psychologue qui semblait toujours aussi fermé.
— Tu sais… tu me fais penser à une de mes ex ! J't'ai déjà parlé de Rachel ?!
La mâchoire crispée, Gillian continua de trainer l'homme derrière elle.
— Une fois, elle m'avait entrainé dans une piscine extérieure alors qu'on était en hiver ! Elle voulait qu'on fasse l'...
Il ne put terminer sa phrase que son amie le projeta en avant. À ce geste, Cal pila net en se retenant de ne pas trop partir en avant puis émit une petite moue de sa bouche pour serrer ses dents. D'un air dégouté, il observa les lieux décorés pour l'occasion et les personnes discuter joyeusement entre elles dans le couloir principal de l'entreprise. Il arbora un air abattu et demanda penaud à sa collègue :
— J'dois vraiment faire ça ?
— Oh que oui ! répondit-elle sur un ton qui ne laissait aucune chance d'objection.
L'expert en mensonge commença à faire un pas en avant, mais s'arrêta brusquement alors qu'un sourire triomphant se dessina sur ses lèvres. Il se retourna vers la jeune femme et déclara avec des mouvements de main :
— Attends une minute... C'est pas toi qui me répète sans cesse qu'on est associé et qu'on doit se repartir les taches…
— Je vois où tu veux en venir Cal ! Et il est hors de question que je le fasse !
— Et pourquoi pas ?! C'est vrai chaque année, c'est moi qui dois le faire ! Alors moi je dis à bat les traditions et changeons les habitudes !
— Tu vas le faire Cal, un point c'est tout !
— Ah oui ? Et qu'est-ce qui m'en empêcherais de ne pas le faire ! la défia t-il, à quelque centimètre de son visage.
— Crois moi que tu ne voudrais pas le savoir, riposta t-elle avec froideur.
Cal déplaça son regard sur le visage sérieux de la psychologue en songeant qu'il ne faudrait sans doute pas la contrarier s'il voulait passer une nouvelle année. Il se recula vivement de la jeune femme et proclama:
— Mouais... J'vois vraiment pas pourquoi on doit faire ce discours pitoyable chaque année !
— Il l'est simplement parce que tu n'y mets jamais du tiens !
— Mes discours sont toujours très profonds ! contra t-il, d'un geste de la main. Mais ça, c'est peut-être parce que personne ne peut comprendre les paroles que j'utilise !
— Des paroles profondes tu dis ? Comme il y a deux ans où tu as traité Loker d'incompétent et de peureux !
— Ne dis pas ce que je n'ai pas dit !
— Ah oui ? Et bien rappels moi ce que tu avais dit !
D'un regard lointain, il bredouilla : — J'avais dit…que...que...
— Oui mais encore...
— J'avais simplement dit qu'il était dénué de sens pratique et que si un jour il avait un tant soit peu envie de devenir un homme qu'il devait arrêter de s'habiller comme un ados attardé. Et que sortir du labo' lui donnerait un peu plus de virilité !
— Tu es impossible…, soupira t-elle, en levant ses yeux au ciel.
— Telle est ma destinée ! approuva t-il avec un grand sourire.
— Oui et bien ta destinée va te conduire directement devant tes employés pour leur souhaiter à tous, une très bonne année eeet je veux que tu leur dises des choses gentilles, cette fois-ci !
— Je suis gentil ! s'offusqua t-il. Elle appuya son regard. Il ajouta : — Parfois…
— Aller vas-y ! Et pas d'entourloupe !
Les bras écartés, il marcha à reculons pour scander, non sans ironie :
— Tu me connais !
— Justement ! répliqua t-elle, en croisant ses bras.
Devant le regard insistant de sa collègue, Cal émit un léger rire puis soupira en jetant un regard circulaire dans le long couloir qui avait été joliment décoré par sa fille. Cette dernière semblait y avoir mit toute son âme songea t-il dépité, à la vue des multiples ballons colorés sur ses superbes murs immaculés.
— Papa !
À cette interpellation, Cal se retourna à une vive allure et déclara surpris avec une main sur sa poitrine : — Bon sang, mais qu'est-ce que vous avez tous à faire peur aux gens comme ça !
Emily lança un regard suspicieux à son père et dit :
— Heu… tu sais qu'il y a d'autre façon de dire "Bonne année" !
— Aaah mais c'est ce que je m'apprêtais à faire justement !
— Tu vas faire ton célèbre discours de fin d'année qui rend tout le monde morose et plonge inévitablement tes employés dans l'alcool jusqu'à s'écrouler par terre...
— Yep ! Et cette fois-ci, ça sera encore plus fantastique ! affirma t-il avec un grand sourire.
— Je crains le pire... Gillian est au courant que tu vas dire n'importe quoi ?
— Nope !
— Tu vas te venger parce que tu détestes le faire ?
— Yep !
— Elle va te tuer !
— Yep ! confirma t-il, toujours souriant alors qu'il se détourna de sa fille pour pendre une coupe de champagne sur un buffet. Il reprit sa place initiale et déclara fortement :
— Puis-je avoir votre attention !
Trop occupés à s'amuser, aucun employés ne daigna regarder l'expert en mensonge. Vexé, celui-ci souffla pour lui-même :
— Je vois…
Après quoi, il regarda un peu partout lorsqu'il eut une illumination en ciblant une de ses employée tranquillement assise sur une chaise. L'employée en question n'était autre que Sarah. Une jeune femme sourde avec beaucoup de tempérament que Cal appréciait énormément, mais qu'il gardait sous silence. Il s'approcha d'elle et proclama sur un ton autoritaire :
— Poussez-vous j'ai besoin de la chaise !
La concernée regarda son patron dans les yeux, mais ne bougea pas pour autant.
— Vous comprenez c'que je dis quand j'vous parle ! Vous êtes sourde ou quoi ?! réitéra t-il, d'un air ahuri alors qu'il savait parfaitement que Sarah était sourde.
— Oh oh ! j'vous parle là ! dit-il, en passant une main devant son visage. Cela n'eut aucun effet et l'expert en mensonge jasa :
— Vous savez que c'est impoli d'ignorer les gens lorsqu'il vous parle !
— Vous l'êtes encore plus en ne disant pas les mots magiques ! répliqua l'employée, les bras croisées contre son corps alors qu'elle avait décrypté les paroles de Cal sur ses lèvres.
— Quoi ?! Mais j'comprends rien quand vous parlez ! mentit-il.
— Les - mots - magiques ! répéta t-elle avec lenteur, en le défiant du regard.
— J'sais pas moi ! Heu… Loker est un abruti !
Sarah ne bougea pas.
— Je suis le patron le plus cool du monde ! continua t-il, d'un geste de la main.
Toujours pas…
— Dégagez toute suite de ma chaise ou sinon j'vous vire ! Ça vous va comme mots magiques ?!
Suite à ces paroles, la jeune femme le regarda avec condescendance, mais resta parfaitement immobile.
— C'est pas vrai…, siffla t-il, en crispant sa mâchoire. Et dire que je les paye !
— Pour ce que vous donner…, persiffla t-elle, en n'ayant pas peur de son patron.
Il la pointa d'un doigt inquisiteur et maugréa :
— Et baisser d'un ton je vous prie ! J'suis pas sourd non plus !
— Les mots magiques.
— Rhhaaa ! râla t-il pour ensuite proclamer de manière théâtrale : — Est-ce que sa majesté la reine aurait l'obligeance et la jouissance de déplacer ses fesses de MA chaise avant que je ne sorte de mes gongs !
Elle plissa ses yeux de suspicions comme attendant autre chose de sa part. Cal le comprit et ajouta :
— S'il vous plait !
À ces derniers mots, Sarah se leva comme par magie sous le regard noir de son patron.
— Pfff… Les jeunes d'aujourd'hui sont de plus en plus irrespectueux ! De mon temps quand un vieux vous demandait un truc et qu'on refusait on s'en mangeait une ! railla t-il, en trainant sa chaise derrière lui. Un geste qui provoqua un vacarme assourdissant dans la société. Pour la suite de son plan, il plaça stratégiquement la chaise mettre au centre du couloir et marmonna dans sa barbe avec un air blasé :
— Bon bah… quand faut y aller… faut y aller !
Sa coupe de champagne à la main, il monta sur la chaise et regarda ses employés qui ne semblaient toujours pas avoir aperçut leur patron. Décidé à faire changer les choses, Cal proclama : — Hello !
Malheureusement, personne ne focalisa son attention sur l'homme perché.
— HEY ! s'exclama t-il plus fortement.
Toujours rien…
— Ooooh Oooohhh !
Blasé, il pensa faire des signaux de fumés au risque d'incendier la soyeuse chevelure de Loker, mais rejeta cette idée lorsqu'une autre idée traversa son esprit. Il lâcha un léger soupire et s'écria :
— VOUS ÊTES TOUS VIRÉS !
À ce cri, tous les employés s'arrêtèrent de parler et se retournèrent vers leur patron. Heureux d'avoir enfin de l'attention, Cal déclara avec un grand sourire :
— Et bah voilà ! Comme je le dis toujours, il n'y a que les méthodes Lightman qui marchent ! Bon c'est pas tout ça, mais comme vous le savez tous notre chère et tyraniq... heu… sublime Dr Foster ici présente ! dit-il, en désignant Gillian qui tourna sa tête de droite à gauche en signe de désolation. — M'oblige… enfin non… Que dis-je… Me donne l'honneur et le privilège de faire le discours de fin d'année que tout le monde attend avec impatience ! se rattrapa t-il, en s'excusant d'un geste de la main.
— Je crois qu'il se ment à lui même là…, persifla soudainement un homme dans la foule.
— Loker… La ferme ! ragea Lightman qui avait reconnu la voix de l'importun.
À cette remontrance, l'homme à l'honnêteté radicale se rembrunit tandis que Ria, à ses côtés, gloussa de cet intermède.
— Bon bref ! J'en étais où ? demanda t-il avec une mine concernée.
— Heu le moment où tu te jetais des fleurs ! répondit sa fille avec un grand sourire.
— Ah oui c'est ça ! Donc comme je vous le disais, en cette fin d'année j'ai prévu de vous faire le plus fabuleux de tout les discours que chaque employé aimerait entendre de son patron !
— Je le sens pas du tout…, marmonna Loker pour Torres.
— Peut-être que cette année, il ne te traitera pas d'incapable, plaisanta t-elle.
— Mouais…, bredouilla t-il, en regardant son patron qui parlait involontairement avec ses mains, provoquant par moment des jets d'alcool sur le sol.
— Alors avant tout, j'aimerais vous dire que je sais que cette année a été très difficile pour nous tous ! Avec les problèmes de finances de la société, le FBI, l'abruti qui nous a effacé toutes nos données…, dit-il la mâchoire serrée, en faisant référence à Zach Morstein. Le petit génie de l'informatique qui se trouvait désormais dans un petit lieu débordant de chaleur humaine. À avaler pilules sur pilules, qui lui faisait un peu plus oublier chaque jour une partie de lui-même, pour la plus grande joie de Cal.
— Ou encore à l'autre imbécile de psy de pacotille…, marmonna-il avec un air haineux en repensant à Dave Burns. L'ex amant de son amie Gillian. À ce titre, tout le monde arbora des expressions d'incompréhension même Gillian qui ne comprit pas cette réflexion. Seule, Emily arborait un grand sourire en songeant que son père ne se rendait jamais vraiment compte des mots qui sortaient de sa bouche. Cal secoua sa tête et reprit :
— M'enfin bref ! Je vous remercie d'être encore là à nos côtés et à faire fonctionner cette société !
Discrètement, Eli pencha sa tête vers l'oreille de sa collègue et murmura :
— Tu vas voir que dans deux secondes, il va tous nous virer en nous disant qu'il a revendu l'entreprise au FBI
— Ne sois pas si rabat-joie Eli…, soupira Ria, un verre de champagne à la main. Je trouve que son discours n'est pas si mal que ça pour le moment.
— Pour LE moment !
— Sans vous, il est vrai que nous ne serions rien ! Car oui, je l'admet si nous sommes là aujourd'hui c'est grâce à chacun d'entre vous ! déclara t-il avec un grand sérieux.
Dans la foule, un jeune homme blond s'approcha de Ria et Loker pour leur demander avec une pointe d'inquiétude:
— Il a bu combien de verre de champagne ?!
— Bonne question Hunter…, répondit Eli avec une mine interloquée, en dévisageant son patron qui continuait son étrange discours.
— Et quand je dis "nous", je parle bien évidemment de moi-même et du Dr Foster qui sans son aide, nous ne serions pas tous là à fêter la nouvelle année !
Emily racla sa gorge et appuya son regard sur son père.
— Et bien sûr, j'allais oublier ma fille qui m'a toujours poussé à donner le meilleur de moi-même ! Je vous remercierais jamais assez ! allégua t-il, en levant son verre dans leur direction.
Plus que perturbé par les paroles de son patron, Hunter demanda :
— Non sérieusement ! Il y avait quoi dans le champagne ?!
— Nous avons traversé de dures épreuves ensemble, mais face à l'adversité nous avons réussi à rester uni ! Chaque jours qui passe nous avons fais preuve de force et d'adaptation ! Vraiment… c'est… Je n'ai pas les mots pour qualifier ce que je ressens à cet instant !
Il marqua une pause pour mimer une mine émue puis baissa sa tête avec une main sur son visage pour déclarer :
— S'cusez c'est l'émotion…
— Moi je dis 20 dollars pour de la cocaïne ! proclama un homme dans la masse.
— 50 pour du crack ! renchérit un autre employé.
— J'mettais promis de ne pas pleurer ! signifia Cal, d'un geste d'excuse de sa main en direction de l'assemblée. Il fit semblant de ravaler ses larmes et enchaina de manière ironique :
— Restons fort ! Et prenons exemple sur notre cher Loker ! Oui c'est ça ! Nous devons prendre exemple sur chacun d'entre nous ! C'est en partageant toutes nos qualités et nos défauts que nous avancerons main dans la main vers… le chemin de la réussite ! lâcha t-il avec un regard lointain et un mouvement de la main libre, comme pour désigner un futur proche. Un geste que personne ne comprit car tous les employés s'étaient retournés pour essayer de voir ce que leur patron désignait, c'est à dire… rien !
— Amphétamine ? proposa Loker à Torres qui gloussa à ces paroles.
— Je le proclame haut et fort : ensemble tout est possible ! Car mes frères enfin… Car chers employés, il n'y a pas que le mot Lightman écrit sur le mur !
Il désigna le logo de la société accroché au mur et continua : — Mais il y a aussi le mot Group... Et…et… il n'y aurait pas de Lightman sans Group et pas de Group sans Lightman ! Et sans Foster bien évidement ! s'excusa t-il, en regardant son associée qui avait les yeux écarquillés de stupeurs depuis le début du discours que déblatérait son ami.
— Et comme je le disais, c'est par nos différences à chacun et CHACUNE ! Je n'oublie pas notre chère gente féminine ! souligna t-il, en levant son verre en l'air comme pour appuyer ses propos avec un grand sourire.
— Que nous soyons homme, femme, grand, petit, gros, blanc, noir, mate, roux, blond, gay.
À ce dernier mot, Cal lança un regard appuyé en direction d'Hunter qui posa une main contre son front pour disparaître dans la masse. Loker et Ria le vit faire et froncèrent leurs sourcils.
— Sourde comme un pot, poursuivit Lightman, en regardant cette fois-ci Sarah qui émit un rictus de mépris. Il capta la micro-expression et renchérit : — Impolie. Ou mouton frisé, ados attardé, simple d'esprit, agaçant, râleur, abruti…, déblatéra t-il, en fixant Loker du début à la fin. Ce dernier comprit que ces adjectifs lui était destiné, mais il préféra marmonner mécontent :
— Il est tellement égocentrique qu'il fait son propre portrait…
Torres ria de plus bel puis continua d'écouter son patron.
— Ou intelligente, attachante, loyale, magnifique..., proclama t-il, en lançant des furtifs regards à Gillian qu'elle ne sembla pas capter. Au contraire d'Emily toujours aussi souriante.
— C'est tout ce qui fait l'autre, qui fait de nous ce nous sommes ! Car sans l'autre nous ne sommes rien, affirma t-il avec un air très sérieux.
À cela, un long silence s'en suivit alors que tout le monde arbora des air ahuris en se concertant du regard. Leur patron venait de péter un câble ! Ils ne voyaient que ça, pensèrent l'ensemble des employés en fixant Cal lever ses yeux au ciel et acquiescer à ses propres propos. Ce dernier reprit contact avec la réalité et s'exclama tout sourire :
— Et comme dans un groupe nous sommes souder les uns aux autres... J'ai une belle surprise pour vous en cette fin d'année !
— Oh-oh…, fit Loker qui sentait venir le pire.
— Je me suis dit que nous partagions déjà tellement de bonheur à travailler avec moi… que…
Sarah se plaça derrière Eli et Ria et proposa :
— Vodka ?
— Possible…, dit Torres avec un mouvement de sourcils, face au comportement de plus en plus inquiétant de leur patron.
— Que… j'ai décidé avec l'accord du Dr Foster et moi-même !
— C'est fou le nombre de "moi" qu'il y a dans chacune de ses phrases, chuchota Eli, en croisant ses bras contre son corps.
— De donner l'intégralité de vos primes de fin d'année à diverses associations du pays ! s'écria joyeusement Cal qui écarta vivement ses bras, en renversant, par la même occasion, presque tout le contenu de son verre d'alcool sur Loker qui se trouvait au première loge. Un nouveau long silence se répandit dans la salle. La bouche grande ouverte, aucun des employées, y comprit Gillian, n'avaient été mis au courant de cette idée.
— N'est-ce pas génial ?!
Un grand sourire idiot placardé sur son visage, Cal regarda avec délectation les expressions médusés de ses employés. Trop heureux, il décida contre toute attente d'en remettre une couche.
— Argh je sais ce que vous vous dites... Il n'y aura pas assez d'argent pour tous ces pauvres malheureux… Je sais, je suis autant offusqué et attristé que vous ! Et c'est pour ça... Que je me suis dit que …
— NOOON ! s'écrièrent l'ensemble des personnes avec des gestes de leurs mains, pour tenter d'empêcher leur patron devenu fou de prononcer un mot de plus. Cal occulta cette riposte et termina avec entrain :
— Nous devrions tous donner un petit quelque chose en plus. Donc dès demain, je passerai vous voir pour que nous faisions une quête géante !
À ces mots, tout le monde se lança des regards éberlués lorsque que Cal cria :
— Sur quoi, je vous souhaite à tous une heureuse et BELLE ANNÉE ! Ah et pour demain pas de chèque, juste du liquide ! C'est mieux pour ces pauvres malheureux... SANTÉ ! clama t-il soudainement, en levant son verre pour ensuite boire cul sec le peu de liquide qui se trouvait à l'intérieur. Puis telle une rock star, il sauta de sa chaise et donna son verre vide à Loker qui avait la mâchoire plus que crispée. Tout d'un coup, Cal arbora une grimace de dégout et persiffla pour le brun :
— Bah mon vieux, faut freiner un peu sur l'alcool ! Vous puez à trois kilomètres !
L'expert en mensonge se dirigea ensuite vers le buffet en laissant un Eli furieux sur place, alors qu'il se passa une main sur la visage pour tenter d'effacer le reste du liquide que son patron lui avait balancé. Devant le buffet, ce dernier regarda, avec des yeux gourmands,l es diverses petits amuse-bouches disposés sur une longue table décorée. Il cibla un sublime petit gâteau au chocolat sans défense et s'empressa de le prendre pour en enfourner la moitié dans sa bouche. Mâchant avec vigueur, il entendit soudainement une voix derrière lui, déclarée:
— Cal !
À son prénom, l'expert en mensonge se retourna rapidement pour découvrir son associée avec les sourcils froncés et les deux poings sur ses hanches. Surpris par son arrivée silencieuse, il s'exclama avec le reste de son gâteau :
— Tu peux arrêter de faire ça ! J'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque !
— Tu m'avais promis !
— De quoi ? quémanda t-il, en mangeant un autre morceau de son gâteau.
— Ne fais pas l'imbécile Cal ! Ton discours ce n'était pas du tout ce qui était convenu !
— Quoi ? C'est pas ça que tu voulais ?! Un discours rempli de solidarité, d'amitié et... d'amour, fit-il avec une geste de sa main libre.
— Tu vas t'excuser immédiatement !
— Alors là… pas question !
— Oh que si !
— Non.
— Cal !
— Tu veux un morceau de mon gâteau ? Il est délicieux ! proposa t-il, en lui proposant la dite sucrerie à moitié mangée. Pour toute réponse, Gillian lui envoya un lourd regard noir alors que Cal haussa ses épaules.
— T'as tors, tu ne sais pas ce que tu rates !
— Je veux que tu ailles voir tes employées, que tu leurs dises que tu avais bu un peu trop champagne et que leurs primes de fin d'année leurs seront bien distribuées.
— QUOI'F ?! s'offusqua t-il, la bouche pleine alors qu'il venait d'avaler le dernier bout de son gâteau. Tu as pensé à tout ces pauvres malheureux qui ont besoin de cet argent ?!
Gillian ne répondit pas, mais désigna de son index la masse de personne avec une expression dépitée. Cal lâcha un long soupir et abdiqua :
— Ok mais… C'est toi qui diras aux enfants de l'orphelinat "Mouton frisé", pourquoi ils ne pourront pas avoir de don cette année pour aller chez le coiffeur !
À ces mots, Gillian émit une mine d'incompréhension alors que Cal se faufila rapidement dans la masse pour entamer ses premières excuses. Craignant le pire, la psychologue s'empressa de le suivre pour parer à toute éventualité comme l'évanouissement d'un employé. Les mains dans les poches, Lightman cibla sa première victim… Heu employé !
— Hunter ! s'exclama le patron, sur un ton faussement joyeux, face jeune homme blond avec une coupe de champagne à la main.
— Monsieur…, souffla l'employé, quelque peu craintif quant à son arrivée.
— Alors, comment allez vous mon cher Hunter ?! l'interrogea Cal avec un grand sourire.
Bon... jusqu'à là tout allait bien, songea Gillian postée à ses côtés.
— Et bien… Je vous avoue… Que faire mon coming-out en public n'était pas vraiment dans mes résolutions pour cette année...
— Dites vous que comme ça c'est fait ! répliqua Cal, toujours souriant.
— Mais comment vous avez sut que...?
— Hunter...Hunter...mon petit Hunter... Je suis qui?
— Heu... mon patron ?
— Oui ça... j'le sais ! soupira t-il, en roulant ses yeux. Mais je suis et surtout le meilleur détecteur de mensonge de tout les temps !
— Ben voyons, persiffla un jeune homme brun qui passait par là.
— La ferme Loker ! répliqua Cal acerbe, à l'homme à l'honnêteté radical qui disparut dans la masse. Et donc mon cher Hunter quand un homme… regarde avec un grand intérêt un petit mouton frisé, croyez-moi que je sais ce que je dis ! dit-il, non sans un regard vers Eli qui discutait avec d'autres personnes. Le blond suivit le regard de son patron et bredouilla mal à l'aise :
— Hum...oui...en fait... je…
— Oh, mais ne vous inquiétez pas ! Avec moi votre secret sera bien gardé ! Ou du moins jusqu'à l'année prochaine !
— Cal ! le réprimanda Gillian.
L'expert en mensonge sursauta à son nom alors qu'il n'avait pas vu sa collègue.
— Tu veux bien arrêter honey de faire… ça ! J't'assure qu'un de ces quatre j'vais finir à l'hôpital, proclama t-il, une main appuyée contre son coeur.
— C'est moi qui vais t'y envoyer si tu ne t'excuses pas tout de suite ! clarifia t-elle avec un sourire forcée. Apeuré par cette menace, Cal haussa ses sourcils et fit rapidement face à Hunter. Il plissa ses yeux et s'expliqua avec des gestes évasifs de ses mains :
— Hunter ! J'voulais aussi vous dire que je n'étais pas tout à fait dans mon état normal dirons nous… lors de mon discours…
— Heu…, fit le bond avec des yeux ronds.
— Le Dr Foster m'a fait boire coupe de champagne sur coupe de champagne donc c'est de sa faute si je suis devenu complément dingue !
— Comme si vous aviez besoin de ça pour l'être, plaisanta une brune en passant devant eux.
— Aller voir le mouton frisé là bas si j'y suis Torres ! railla Cal pour la jeune femme qui émit une mine perplexe à cet ordre. Donc en conclusion… tout ça c'est de la faute au Dr Foster !
— Heu...
— Cal…, fit Gillian entre ses dents.
— Bon okaay... je l'avoue j'ai aussi ma part de responsabilité dans cette histoire. Je n'aurais pas dû accepter toutes ces coupes de champagne si gracieusement offerte ! Mais vous savez, comment peut-on dire non à une femme aussi splendide ! Ah oui c'est vrai que vous, votre genre c'est plutôt les grands bruns, geek, au teint terne…
Il ne termina pas sa phrase que Gillian commença à le tirer en arrière par sa veste.
— Hey Hunter ! Tentez votre chance, j'suis sûr qu'il dira oui ! Et d'après ce que j'ai entendu dire, vous êtes tout à fait son genre !
Il offrit un clin d'oeil au blond qui pencha sa tête sur le côté pour méditer les paroles de son patron. Une fois éloignés, Gillian se plaça face à son collègue en arborant un visage sévère.
— Cal... Quand je t'ai dit excuse toi, je n'ai pas dit fais le à la Made in Lightman, mais à la manière de personne civilisée !
— Tout de suite les grands mots ! rétorqua t-il, en roulant des yeux avec un geste lasse de sa main.
— Tu sais que tu es vraiment impossible ! On dirait qu'il n'y a que toi qui compte dans cette société ! Je ne sais même pas pourquoi, je gaspille ma salive à te parler tu ne m'écoutes même pas ! Cal ! s'exclama t-elle furieuse tandis qu'elle vit son ami partir vers un autre employé. Elle suivit ses pas et soupira :
— C'est pas vrai…
Cal arriva devant un homme à lunettes et s'exclama avec un sourire :
— Henry !
— Dr Lightman, le salua l'homme à lunettes, avec une petite moue timide.
— Comment va vôtre grand-mère depuis la dernière fois ? Vous m'aviez dit qu'elle était tombée malade. Je suppose que maintenant elle va mieux ! déclara l'expert en mensonge enjoué.
— Heu… ça fait maintenant un an qu'elle est décédée monsieur..., informa l'homme d'un air triste.
— Aaah... Grave maladie que la mort ! fit-il avec un air concerné. Nous y sommes tous un jour ou l'autre confronté ! Mais vous verrez, un jour nous trouverons une solution face à ce maudit fléau, touchant chaque année des centaines de milliers d'êtres humains ! Bien évidement, il sera déjà trop tard pour votre grand-mère mais…
— Heu excusez-moi je dois...enfin je dois…, bredouilla Henry avec une mine des plus triste. Excuser-moi ! finit-il par dire, en se détournant de ses deux patrons pour s'éclipser.
— Oh et bonne année... et bonne santé Henry ! s'écria joyeusement Lightman, pour le jeune homme qui partait avec la tête basse et les bras ballants. Bon bah, je vais continuer à répandre la joie ! scanda t-il avec une petite moue de sa bouche, en partant à la recherche d'une autre personne.
— Cal ! l'appela Gillian, en le poursuivant. Tu te rends compte de ce que tu viens de dire à ce pauvre Henry ?!
— Bah quoi ? J'me suis intéressé à sa vie, ce n'est pas ce que tu voulais ?!
— J'hallucine ! Cal ! s'exclama t-elle effarée alors que celui-ci avait arborer un grand sourire en voyant son nouvel objectif. Gillian suivit son regard et réfuta :
— Hors de question Cal !
— Oh que si ! répliqua t-il avec un sourire carnassier. Il s'approcha avec désinvolture de ses nouvelles cibles et proclama : — Et voilà la fine équipe ! Alors comment trouvez-vous cette splendide soirée ?!
Eli creusa ses joues et jasa :
— Quand vous dites splendide soirée ? Vous parlez du moment où vous m'avez traité d'abruti, ou quand vous m'avez jeté votre verre sur mon visage, ou peut-être du moment où vous nous avez retiré notre prime sans notre accord !
— Aaah je suis heureux de savoir que cela vous a plus autant qu'à vous qu'à moi !
— J'abandonne ! soupira Loker, en levant ses yeux au ciel.
— Excusez-le ! s'interposa Gillian dans la conversation. Il n'était pas vraiment dans son état normal lors du discours.
— Vous croyez ? Moi je pense surtout qu'il est toujours dans son état normal ! réfuta Loker qui pensait que son patron était dingue de nature.
— Et c'est un voleur de stylo qui ose me dire ça ! s'offensa Cal par de tels propos.
— Rhaaa vous n'allez pas recommencer ! Je vous l'ai rendu votre précieux stylo !
— Pas du tout ! J'vous l'ai offert peu de temps après !
— Vous ? Offrir quelque chose ?! Non mais je rêve ! Le jour où vous offrirez quelque chose à quelqu'un je crois que je sortirais avec Hunter !
— Attention à ce que vous dites Loker ! prévint Lightman, sur un ton des plus énigmatique. Loker plissa ses yeux de suspicions alors que Gillian changea brusquement de sujet pour apaiser les tensions :
— Bref quoiqu'il en soit ! Vous aurez le droit comme prévu à vos primes de fin d'année !
— Mouais bah encore heureux, répliqua Loker entre ses dents.
— Comme ça, vous pourrez enfin vous payez un coiffeur, mouton frisé.
— Quoi ? Qu'est-ce que vous avez dit ?! demanda Eli, n'ayant pas compris un traite mot des paroles bredouillées par son patron.
— Moi ? Mais j'ai rien dit ! Vous commencer à entendre des voix mon pauvre... mouton frisé..., répéta Cal, en marmonnant sur les derniers mots.
— Qu...? fit Loker vite couper par Lightman.
— Alors Helen Keller, comment trouvez-vous cette soirée ?! l'interrogea Cal enjoué, en regardant Sarah qui émit un sourire à cette comparaison.
— Cal ! s'offusqua Gillian.
— Quoi ? Helen Keller était une brillante femme qui est allée à Radcliffe College où elle a brillamment eu son diplôme ! Je ne vois ce que j'ai dit d'offensant !
— Tu...
— Je trouve que la soirée a été des plus festive ! répondit Sarah, sans se démonter. Quoiqu'il manquait un peu de musique !
À cette remarqua, Cal ria légèrement et déclara : — Bien joué !
Pour seule réponse, Sarah lui leva son verre.
— Et vous Ria ?
— Heu…bah…, bafouilla t-elle, ne sachant que répondre.
— Mouais deux verres et déjà parti dans la stratosphère ! railla Lightman avec une moue de sa bouche alors que Torres, tel un poisson, avait ouverte la sienne à plusieurs reprises.
— Bon, c'est pas que j'm'ennui mais presque ! dit-il, en se balançant d'avant en arrière avec ses pieds. Baah bonne année et... Coupez-vous les cheveux Loker ! Non sérieusement, on dirait que vous sortez d'un sèche linge ! C'est pas possible ! J'vois vraiment pas ce qu'Hunter vous trouve franchement, vous…, déblatéra t-il avec des gestes de ses mains lorsqu'il fut à nouveau emmené ailleurs pas Gillian.
— Ok…, soupira t-il, les yeux levés au ciel, toujours tiré par sa veste.
— Bon, maintenant tu vas m'écouter Cal ! le menaça la psychologue, en le pointant du doigt. Désormais, je veux que tu ne parles plus à aucun des employés et je veux que tu n'en approches aucun à moins d'un mètre ! C'est bien compris ?!
— Mmh..., marmonna l'expert en mensonge déçu alors qu'il avait commencé à trouver ce petit jeu fort amusant. Gillian souhaita une réponse concrète et répéta :
— Cal ?!
— Oui ! clarifia t-il avec un air exaspéré.
— Bien..
— Donc si je comprends bien, les seuls personnes avec qui je peux discuter sont... toi et Em'?
— Ça ne changera pas de d'habitude !
— Ha-ha très drôle !
— À force de te côtoyer on prend ton humour.
— N'est-ce pas génial ! J'suis un genre de Maître Yoda pour tout ces petits sujets ! Heuu...employés ! se rectifia t-il, devant le regard noir de la jeune femme.
— Tu ne changeras jamais…
— Nope ! Bon ! C'est vrai qu'Helen n'avait pas tort, ça manque un peu de musique tout ça !
— Ne vous inquiétez pas j'ai tout prévu ! affirma Emily, en brandissant son portable pour se rendre jusqu'à une grande enceinte. Elle positionna son smartphone dernier cri sur celle-ci et appuya sur le mode lecture.
— J'crains le pire…, s'inquiéta Cal.
— Tel père, telle fille !
— Mouais...
Un silence plus tard, les premières notes d'une musique s'échappa des enceintes. De là, Cal reconnu immédiatement la chanson et s'exclama joyeusement :
— Les Beatles !
— Oooh non…, fit Gillian.
— Oooh que si ! répliqua t-il, en prenant la main de la psychologue pour l'emmener dans la masse de gens qui s'étaient mit à danser.
— Tu sais que s'ils disent "Twist and shout" à plusieurs reprises, ce n'est pas pour rien ! déclara Cal en dansant alors qua sa meilleure amie se mouvait avec lenteur sur la piste improvisée.
— Je ne sais pas danser Cal...
— Mais on s'en fout ! réfuta t-il, en la prenant dans ses bras pour la guider dans des pas de danse rock. L'expert en mensonge enchaina les pas de danses frénétiques et Gillian s'exclama amusée :
— Whaaa doucement Cal !
— C'est du rock honey pas un slow !
— Oui et bien va plus doucement si tu ne veux pas que je tombe dans les pommes ! ria t-elle alors que son partenaire la fit tourner sur elle-même pour ensuite la reprendre dans ses bras. Ils continuèrent de danser ainsi jusqu'à la fin de la chanson lorsque que Cal renversa la jeune femme en arrière. Yeux dans les yeux.
Le souffle saccadé, Cal ne savait pas pourquoi, mais il se sentait attiré comme un aimant à la jeune femme. C'est avec une extrême lenteur qu'il approcha son visage du sien. À quelques centimètres à peine de ses lèvres, il dû vivement se reculer en entendant sa fille s'écrier :
— Aller je veux que tout le monde se trouve un partenaire pour la prochaine musique !
Gillian reconnue la musique At last d'Etta James puis regarda Cal avec un petit sourire d'excuse pour se volatiliser dans la masse. Abandonné, face aux autres couples de danseurs, il regarda déçu son amie disparaitre sans rien pouvoir faire.
— Je pense que tu devrais la rattraper papa…, conseilla sa fille qui s'était approchée de son père après avoir vu la scène. Ce n'était pas une de tes résolutions ? Dire à Gillian ce que tu ressens réellement pour elle ?
— Non, en fait ma première résolution c'était d'essayer de faire taire les jeunes filles trop bavarde !
— Papa...
Il émit une petite moue de sa bouche.
— Comme tu veux ! Mais ne viens pas te plaindre si l'année prochaine tu te retrouves à danser seul, pendant que Gillian sera accrochée au coup d'un brillant avocat, grand brun aux yeux bleus...
— Ok ! Ok ! Ça va j'ai compris ! Tu m'avais déjà convaincu à avocat tu sais ?
— Je sais ! répondit-elle avec un sourire victorieux. Elle tapota l'épaule de son père et lui souhaita une bonne année avant de rejoindre Ria qui discutait avec Loker de cette étonnante soirée. Aux paroles de sa fille, Cal songea qu'il était peut-être temps d'arrêter de jouer et de dire la vérité. Il soupira puis se faufila dans la foule pour retrouver sa meilleure amie. En passant devant Loker, il ne put s'empêcher d'émettre un léger rire, en voyant Hunter se pincer la lèvre inférieure et lui proposer : — On danse ?
À cette demande, le concerné était resté totalement stoïque avec un air indéchiffrable sur le visage. Cherchant toujours son amie, il remarqua tout d'un coup une décoration trainant sur la table des petits-fours. Une idée en tête, il subtilisa la dite décoration et tourna ensuite sa tête dans tous les sens à la recherche d'un objet en particulier. Il lâcha un long soupir lorsqu'il vit que Torres s'était assise dessus. D'un pas pressé, il s'approcha de la brune et réclama d'un ton froid : — Dégagez de ma chaise ou j'vous vire !
Ria le regarda comme s'il était devenu fou alors qu'il répliqua :
— Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans j'vous vire ?!
La brune se leva d'un seul coup et s'éloigna médusée de son patron.
— Raahh bon sang... Je sais quoi offrir à noël pour l'année prochaine ! Des sonotones pour tout le monde !
Après quoi, il déambula avec sa chaise dans les couloirs de l'entreprise et aperçut perplexe que sa porte de bureau était ouverte. Intrigué, il entra dans son espace de travail et vit, au travers de sa baie vitrée, sa collègue sur son balcon à contempler le ciel étoilé. Le sourire aux lèvres, il délaissa sa chaise près de sa porte et monta sur l'assise pour accrocher sa petite décoration sur l'encadrement. La tache effectuée, il sauta à pied joint de sa chaise et poussa celle-ci dans un coin. Mains dans les poches, il rejoignit silencieusement son amie dans la fraîcheur de la nuit.
— Les étoiles sont magnifiques ce soir, souffla Cal, la tête levée vers le ciel.
— Cal ! s'exclama la psychologue surprise, en se retournant face à lui. Je ne t'avais pas entendu...
— Ah tu vois que ça fais peur ! plaisanta t-il.
Gillian émit un léger rire et regarda l'expert en mensonge s'approcher lentement d'elle jusqu'à ne laisser que quelque centimètre entre eux. Un silence se glissa alors que les deux amis s'observaient du regard. De leur position, ils pouvaient encore entendre les notes de musiques d'Etta James et Cal en profita pour demander avec sa main tendue :
— On danse ?
— Cal…, soupira t-elle avec un air désolé.
— Une danse, répéta t-il avec un léger sourire. Pour célébrer cette magnifique année passée à tes côtés, dit-il en déplaçant une mèche de ses cheveux. À ce geste tendre, Gillian abdiqua finalement :
— Ok une danse…
Cal arbora un sourire victorieux puis attrapa la main de la psychologue tandis que celle-ci passa ses bras autour de son cou. Il l'encercla avec ses bras et commença à la bercer lentement au rythme de la musique de jazz. Il restèrent ainsi à danser sous les étoiles et même après que la chanson se soit arrêtée. Joue contre joue, Cal souffla au creux de l'oreille de sa partenaire :
— J'suis désolé d'avoir agi... je dois bien l'avouer avec… stupidité lors de cette soirée.
— Que cette soirée ? plaisanta t-elle.
— Tu devrais arrêter de trainer avec moi parfois ! Ça ne te réussi pas trop j'trouve !
— Tu trouves ? ria t-elle.
— Mouais…
Le coeur battant, Cal sut qu'il était temps. Il laissa passer un autre silence puis le brisa :
— Gillian ?
— Mmh ? fit-elle, en se sentant apaisée dans ses bras.
— Tu te rappelles quand on s'était dit plus de secret entre nous?
— Oui...
— Et bien j'en ai un que je ne t'ai jamais dévoilé…, avoua t-il alors qu'elle s'était légèrement écartée de son ami qui arborait une mine anxieuse.
— En fait, c'est un secret que je garde depuis des années… Parce que je n'ai jamais osé te le dire… de peur de ta réaction sans doute… mais depuis que j'ai parlé avec Em'… Je me sens d'être honnête avec toi...
— C'est grave ?! l'interrogea t-elle inquiète.
— Non ! réfuta t-il avec précipitation pour ne pas l'effrayer. Enfin, cela dépendra de toi...
À ces mots, Gillian exprima un air intrigué alors que leurs employés crièrent au loin le compte à rebours pour la nouvelle année :
— DIX !
— Ce que je m'apprête a te dire honey n'est pas facile...
— NEUF !
— Mais sache que si tu ne ressens pas la même chose que moi...
— HUIT !
— Je ferais en sorte de m'éloigner de toi et de garder notre limite...
— SEPT !
— Comme nous l'avons toujours fait..
— SIX !
— Cal ? s'inquiéta t-elle, en voyant le visage très sérieux de son ami qui posa une main tendre contre sa joue.
— CINQ !
— Ce que je voulais te dire, c'est que...
— QUATRE !
— Que…, hésita t-il, en ancrant son regard anxieux dans celui bleuté de la jeune femme.
— TROIS ! DEUX ! UN !
— Je t'aime...
— BONNEEE ANNEEEEEE !
Sous les cris de joie des employés, la psychologue était restée complètement interdite. Face à son expression figée, Cal déglutit d'appréhension puis, en ne voyant toujours aucune réaction de sa part, il abaissa sa tête déception. Le message était passé.
— Je comprends que tu refuses... Qu'est-ce que je m'étais imaginé ! dit-il, d'un rire ironique. Une femme intelligente et superbe comme toi ! Avec un mec stupide qui ne sait même pas se tenir pour une soirée ! C'est…, fit-il, en se passant une main lasse dans ses cheveux. Laisse tomber, oublie ce que je t'ai dit... J'espère juste que...tu veuilles bien garder notre amitié... Mais si tu ne le souhaites pas, je comprendrais et… je m'éloignerais de toi si c'est ce que veux.
Il lança un dernier regard à son amie toujours silencieuse et rebroussa le chemin. Il s'apprêta à franchir la baie vitrée, mais s'arrêta brusquement en entendant Gillian le supplier : — Cal ! Attends !
L'expert en mensonge se retourna lentement vers son amie avec un air désolé sur le visage. Il s'attendait à être traité de tous les noms suite à l'aveu qu'il avait osé faire et qui avait sans doute brisé leur amitié pour toujours. Étrangement, rien de tout cela ne se passa. Ce fut même tout le contraire... Souriante, Gillian s'était approchée de lui, puis avait entouré son cou avec ses bras afin de l'embrasser tendrement. L'embrasser ?! s'écria t-il intérieurement. Gillian ! La Gillian Foster ! La femme dont il était éperdument amoureux depuis plusieurs années, était entrain de l'embrasser LUI ! Lui l'abruti ! Lui le mec qui ne s'est pas se tenir ! Lui qui était une brute asocial ! Lui qui cognait sur tout ce qui bougeait ! Lui qui...! Il ne put penser un mot de plus que la psychologue, soucieuse par le manque de réaction de l'expert en mensonge, s'était lentement écartée de lui.
— Cal ?
— Hein quoi ? dit-il complément désorienté par ce qu'il venait de se passer.
— Ça va ?
— Heu oui...heu...c'est juste que hum… Je m'attendais à tout sauf à ça ! bafouilla t-il avec un sourire idiot sur le visage. J'pensais que t'allais me frapper ou me crier dess...
Il fut une nouvelle fois coupé dans ses paroles alors que Gillian avait posé ses lèvres contre les siennes pour échanger un baiser des plus passionné. En totale alerte, Cal y répondit cette fois-ci avec plus de ferveur. À bout de souffle, ils se séparèrent et se regardèrent avec tendresse.
— Je t'aime aussi, avoua t-elle.
Un large sourire se dessina sur le visage de Cal qui l'embrassa une nouvelle fois avant de déclarer : — On continue la fête chez toi ?
Gillian gloussa à cette proposition puis lui souffla sur un ton séducteur :
— Avec joie.
Sans ôter son sourire idiot de son visage, Cal passa un bras derrière la taille de sa nouvelle compagne afin de la pousser à avancer. Ils s'apprêtèrent à franchir la porte du bureau, lorsque Cal s'arrêta subitement à celle-ci. Ne comprenant pas la raison de son son comportement, Gillian l'interrogea du regard. Cal leva sa tête pour fixer la décoration qu'il avait précédemment accroché et demanda avec un sourire carnassier :
— Regarde ! Tu sais ce que cela signifie ?
La psychologue émit un léger rire avant de dire : — Cela signifie que tu...
Elle ne put prononcer un mot de plus que Cal l'en avait empêché en celant ses lèvres contre les siennes. Le baiser dura plusieurs longues secondes lorsque Cal souhaita avec un immense sourire : — Bonne année honey !
— Bonne année Cal, dit-elle avec un léger sourire. Mais tu ne m'as pas laissé finir ma phrase. Ce que j'allais te dire c'est que cette décoration, c'est du houx alors que la tradition veut qu'on s'embrasse sous du gui !
— Rhooo on s'en fiche, c'était juste un plan "B" ! Et puis de toute façon je n'ai jamais aimé les traditions ! réfuta t-il alors qu'il souleva soudainement la psychologue pour la transporter dans ses bras.
— Cal ! s'exclama t-elle rieuse, par son comportement impulsif. Qu'est-ce que tu fais?
— J't'emmène dans ma sublime calèche princesse !
— Quoi ? ria t-elle.
— Enfin, ma BMW pour être plus exact mais tu verras les sièges sont largement plus confortable que ceux des calèches !
— Vraiment ? dit-elle, en se pinçant la lèvre inférieure de ses dents. Lightman leva ses sourcils à ce geste et proclama:
— Ok ! J'crois que là j'vais demander au cocher de fouetter les chevaux pour aller plus vite !
Toujours avec Gillian dans ses bras, il marcha à toute vitesse vers une porte de sortie de secours, pour ne pas être vus des employés, sous les rires continus de sa nouvelle compagne. Cette nouvelle année promettait d'être la plus fantastique de sa vie ! Et pour l'année prochaine, il se promettait de dire à Loker, lors de son célèbre discours, de sauter le pas avec Hunter ! Bah quoi ?! Tout le monde avait le droit au bonheur ! Nope ?
FIN*
Moral de l'histoire : Bon et bien... BONNEEEEE ANNÉEEEEEEE À TOUS !
Cal : Et à moi surtout !
Loker : Non sérieux ? Quelqu'un peut pas lui mettre un ruban adhésif sur sa bouche !
Cal : Honey apporte-moi un ciseau s'il te plait ! J'ai un mouton à tondre !
Loker : Quoi ?!
OoO
Loker : Qu'est-ce que vous faites avec ce ciseau !
Cal : Je viens de retrouver mon stylo tout mâchonné c'est de votre faute...Voleur de stylo ! Loker arrêtez de courir et revenez tout de suite ici ou j'vous vire !
— Stupide !
Ah bah vous voyez ! Il l'avait juste sur le bout de la langue ! Il s'apprêta à noyer sa peine dans l'alcool dissimulé dans son débarras lorsqu'il sursauta, en entendant une voix clamer derrière son dos :
— Cal !
L'expert en mensonge pivota sur lui-même et s'exclama surpris:
— Gillian !
La psychologue arborait un visage des plus furieux.
— Cal, dit-elle les bras croisés contre son corps avec un regard lourd de sens.
— Gillian ! répéta t-il, avec des gestes des mains dans sa direction comme attendant la suite de ses paroles.
— Cal ! proclama t-elle furieuse.
— Gil... il ne put finir de prononcer le prénom de son amie qu'elle lui décrocha un léger coup dans son bras. Il recula de quelques centimètres alors qu'il s'écria faussement blesser : — Ouuuch ! Mais ça va pas non !
Elle regarda l'expert en mensonge masser son bras violenté et s'exclama ahuri :
— Et c'est toi qui dis ça !
— J'peux porter plainte tu sais ! répliqua t-il, en haussant ses sourcils. J'connais une très bonne avocate en plus ! Bon j'avoue… Elle est un peu chiante par moment mais c'est une brave dame quand elle veut !
Muette, Gillian lui jeta le plus violent des regards noir. Cal plissa ses yeux et s'avança d'un seul coup vers la jeune femme pour demander :
— T'avais compris que je parlais de Zoe ?!
— Si tu ne retournes pas tout de suite là bas, crois moi que ce n'est pas d'un avocat dont tu auras besoin…, ajouta t-elle sur un ton glacial.
Face au visage réprobateur de la psychologue, Cal ouvrit sa bouche à plusieurs reprises et déclara :
— Heu… C'est pas que j'en ai pas envie mais... Il prit une pause et conclut d'un geste vif de sa main : — Si en fait ! J'en ai pas envie!
— Cal ! Chaque année c'est la même rengaine ! Chaque année tu fais ton gamin capricieux !
— Je ne le fais pas qu'un seul jour mais toute l'année ! rectifia t-il intelligemment avec un grand sourire stupide.
— Et chaque fois, je dois t'amener de force à la réception annuelle du nouvel an du Lightman Group !
Sans se préoccuper des remontrances de sa collègue, Cal continua son délire :
— Je trouve même que je m'améliore de jour en jour !
— CAL ! Tu m'écoutes quand je te parle ! s'écria t-elle exaspérée par son comportement infantile.
— Rhoo… Mais Gill'… Vous pouvez bien vous passer de moi pour cette fois ! Et franchement que je sois là ou non je ne vois pas la différence !
— Tu la verrais si tu te conduisais en bon patron !
— Mais je suis un bon patron ! s'offensa t-il, d'être injustement attaqué.
Gillian appuya son regard.
— Tiens ! commença t-il à dire d'un geste de la main. Rien qu'hier en preuve de bonne foi, j'ai offert à Loker le stylo qu'il m'avait volé dans mon bureau ! Si ça ce n'est pas être généreux, je ne sais pas ce que c'est !
Elle écarquilla ses yeux de stupeur et écarta ses bras pour lui signifier son incompréhension total à cette absurde anecdote.
— Bah quoi ? C'était mon stylo bleu préféré ! Le seul qui ne glissait pas dans la main quand on le tenait, le seul qui avait toute son encre… Et tiens toi bien… fit-il en la pointant du doigt avec un air très sérieux. Le seul qui avait son bouchon adéquat ! Ce stylo avait vraiment toute les qualités…, affirma t-il le regard rêveur. J'suis sûr qu'à l'heure qu'il est ce bouchon a dû être mâchonné par ce… Mouton... frisé…, marmonna t-il entre ses dents en plissant ses yeux de suspicion.
— Arrête ça !
Il secoua sa tête pour se remettre de sa rêverie et demanda :
— Arrêter quoi ?
— Ne fais pas semblant de ne pas me comprendre ! Tu utilises des digressions pour retarder le discours !
— Quoi ?! s'exclama t-il faussement blesser, avec une main sur son coeur. Alors là tu me vexes Gillian ! Moi ? Retarder le moment que tout le monde attend ?! Le moment où toute l'attention que je mérite est portée sur moi ! Le moment où je clame le bonheur à tous ! Le moment où ...
— CAL !
— Tu sais, je crois que c'est la première fois ou tu prononces autant de fois mon prénom en quelques secondes !
Exaspérée, elle serra sa mâchoire puis tira sur la veste de son ami pour l'entraîner sans ménagement dans le couloir. Trainé comme un sac, dans les divers couloirs de la société par sa collègue, Cal l'interrogea en employant une voix innocente :
— Tu as beaucoup de force dans les bras honey ! T'as fais de la lutte quand t'étais jeune ? J'aime les femmes qui prennent les devants ! affirma t-il avec un grand sourire sur son visage au contraire de celui de la psychologue qui semblait toujours aussi fermé.
— Tu sais… tu me fais penser à une de mes ex ! J't'ai déjà parlé de Rachel ?!
La mâchoire crispée, Gillian continua de trainer l'homme derrière elle.
— Une fois, elle m'avait entrainé dans une piscine extérieure alors qu'on était en hiver ! Elle voulait qu'on fasse l'...
Il ne put terminer sa phrase que son amie le projeta en avant. À ce geste, Cal pila net en se retenant de ne pas trop partir en avant puis émit une petite moue de sa bouche pour serrer ses dents. D'un air dégouté, il observa les lieux décorés pour l'occasion et les personnes discuter joyeusement entre elles dans le couloir principal de l'entreprise. Il arbora un air abattu et demanda penaud à sa collègue :
— J'dois vraiment faire ça ?
— Oh que oui ! répondit-elle sur un ton qui ne laissait aucune chance d'objection.
L'expert en mensonge commença à faire un pas en avant, mais s'arrêta brusquement alors qu'un sourire triomphant se dessina sur ses lèvres. Il se retourna vers la jeune femme et déclara avec des mouvements de main :
— Attends une minute... C'est pas toi qui me répète sans cesse qu'on est associé et qu'on doit se repartir les taches…
— Je vois où tu veux en venir Cal ! Et il est hors de question que je le fasse !
— Et pourquoi pas ?! C'est vrai chaque année, c'est moi qui dois le faire ! Alors moi je dis à bat les traditions et changeons les habitudes !
— Tu vas le faire Cal, un point c'est tout !
— Ah oui ? Et qu'est-ce qui m'en empêcherais de ne pas le faire ! la défia t-il, à quelque centimètre de son visage.
— Crois moi que tu ne voudrais pas le savoir, riposta t-elle avec froideur.
Cal déplaça son regard sur le visage sérieux de la psychologue en songeant qu'il ne faudrait sans doute pas la contrarier s'il voulait passer une nouvelle année. Il se recula vivement de la jeune femme et proclama:
— Mouais... J'vois vraiment pas pourquoi on doit faire ce discours pitoyable chaque année !
— Il l'est simplement parce que tu n'y mets jamais du tiens !
— Mes discours sont toujours très profonds ! contra t-il, d'un geste de la main. Mais ça, c'est peut-être parce que personne ne peut comprendre les paroles que j'utilise !
— Des paroles profondes tu dis ? Comme il y a deux ans où tu as traité Loker d'incompétent et de peureux !
— Ne dis pas ce que je n'ai pas dit !
— Ah oui ? Et bien rappels moi ce que tu avais dit !
D'un regard lointain, il bredouilla : — J'avais dit…que...que...
— Oui mais encore...
— J'avais simplement dit qu'il était dénué de sens pratique et que si un jour il avait un tant soit peu envie de devenir un homme qu'il devait arrêter de s'habiller comme un ados attardé. Et que sortir du labo' lui donnerait un peu plus de virilité !
— Tu es impossible…, soupira t-elle, en levant ses yeux au ciel.
— Telle est ma destinée ! approuva t-il avec un grand sourire.
— Oui et bien ta destinée va te conduire directement devant tes employés pour leur souhaiter à tous, une très bonne année eeet je veux que tu leur dises des choses gentilles, cette fois-ci !
— Je suis gentil ! s'offusqua t-il. Elle appuya son regard. Il ajouta : — Parfois…
— Aller vas-y ! Et pas d'entourloupe !
Les bras écartés, il marcha à reculons pour scander, non sans ironie :
— Tu me connais !
— Justement ! répliqua t-elle, en croisant ses bras.
Devant le regard insistant de sa collègue, Cal émit un léger rire puis soupira en jetant un regard circulaire dans le long couloir qui avait été joliment décoré par sa fille. Cette dernière semblait y avoir mit toute son âme songea t-il dépité, à la vue des multiples ballons colorés sur ses superbes murs immaculés.
— Papa !
À cette interpellation, Cal se retourna à une vive allure et déclara surpris avec une main sur sa poitrine : — Bon sang, mais qu'est-ce que vous avez tous à faire peur aux gens comme ça !
Emily lança un regard suspicieux à son père et dit :
— Heu… tu sais qu'il y a d'autre façon de dire "Bonne année" !
— Aaah mais c'est ce que je m'apprêtais à faire justement !
— Tu vas faire ton célèbre discours de fin d'année qui rend tout le monde morose et plonge inévitablement tes employés dans l'alcool jusqu'à s'écrouler par terre...
— Yep ! Et cette fois-ci, ça sera encore plus fantastique ! affirma t-il avec un grand sourire.
— Je crains le pire... Gillian est au courant que tu vas dire n'importe quoi ?
— Nope !
— Tu vas te venger parce que tu détestes le faire ?
— Yep !
— Elle va te tuer !
— Yep ! confirma t-il, toujours souriant alors qu'il se détourna de sa fille pour pendre une coupe de champagne sur un buffet. Il reprit sa place initiale et déclara fortement :
— Puis-je avoir votre attention !
Trop occupés à s'amuser, aucun employés ne daigna regarder l'expert en mensonge. Vexé, celui-ci souffla pour lui-même :
— Je vois…
Après quoi, il regarda un peu partout lorsqu'il eut une illumination en ciblant une de ses employée tranquillement assise sur une chaise. L'employée en question n'était autre que Sarah. Une jeune femme sourde avec beaucoup de tempérament que Cal appréciait énormément, mais qu'il gardait sous silence. Il s'approcha d'elle et proclama sur un ton autoritaire :
— Poussez-vous j'ai besoin de la chaise !
La concernée regarda son patron dans les yeux, mais ne bougea pas pour autant.
— Vous comprenez c'que je dis quand j'vous parle ! Vous êtes sourde ou quoi ?! réitéra t-il, d'un air ahuri alors qu'il savait parfaitement que Sarah était sourde.
— Oh oh ! j'vous parle là ! dit-il, en passant une main devant son visage. Cela n'eut aucun effet et l'expert en mensonge jasa :
— Vous savez que c'est impoli d'ignorer les gens lorsqu'il vous parle !
— Vous l'êtes encore plus en ne disant pas les mots magiques ! répliqua l'employée, les bras croisées contre son corps alors qu'elle avait décrypté les paroles de Cal sur ses lèvres.
— Quoi ?! Mais j'comprends rien quand vous parlez ! mentit-il.
— Les - mots - magiques ! répéta t-elle avec lenteur, en le défiant du regard.
— J'sais pas moi ! Heu… Loker est un abruti !
Sarah ne bougea pas.
— Je suis le patron le plus cool du monde ! continua t-il, d'un geste de la main.
Toujours pas…
— Dégagez toute suite de ma chaise ou sinon j'vous vire ! Ça vous va comme mots magiques ?!
Suite à ces paroles, la jeune femme le regarda avec condescendance, mais resta parfaitement immobile.
— C'est pas vrai…, siffla t-il, en crispant sa mâchoire. Et dire que je les paye !
— Pour ce que vous donner…, persiffla t-elle, en n'ayant pas peur de son patron.
Il la pointa d'un doigt inquisiteur et maugréa :
— Et baisser d'un ton je vous prie ! J'suis pas sourd non plus !
— Les mots magiques.
— Rhhaaa ! râla t-il pour ensuite proclamer de manière théâtrale : — Est-ce que sa majesté la reine aurait l'obligeance et la jouissance de déplacer ses fesses de MA chaise avant que je ne sorte de mes gongs !
Elle plissa ses yeux de suspicions comme attendant autre chose de sa part. Cal le comprit et ajouta :
— S'il vous plait !
À ces derniers mots, Sarah se leva comme par magie sous le regard noir de son patron.
— Pfff… Les jeunes d'aujourd'hui sont de plus en plus irrespectueux ! De mon temps quand un vieux vous demandait un truc et qu'on refusait on s'en mangeait une ! railla t-il, en trainant sa chaise derrière lui. Un geste qui provoqua un vacarme assourdissant dans la société. Pour la suite de son plan, il plaça stratégiquement la chaise mettre au centre du couloir et marmonna dans sa barbe avec un air blasé :
— Bon bah… quand faut y aller… faut y aller !
Sa coupe de champagne à la main, il monta sur la chaise et regarda ses employés qui ne semblaient toujours pas avoir aperçut leur patron. Décidé à faire changer les choses, Cal proclama : — Hello !
Malheureusement, personne ne focalisa son attention sur l'homme perché.
— HEY ! s'exclama t-il plus fortement.
Toujours rien…
— Ooooh Oooohhh !
Blasé, il pensa faire des signaux de fumés au risque d'incendier la soyeuse chevelure de Loker, mais rejeta cette idée lorsqu'une autre idée traversa son esprit. Il lâcha un léger soupire et s'écria :
— VOUS ÊTES TOUS VIRÉS !
À ce cri, tous les employés s'arrêtèrent de parler et se retournèrent vers leur patron. Heureux d'avoir enfin de l'attention, Cal déclara avec un grand sourire :
— Et bah voilà ! Comme je le dis toujours, il n'y a que les méthodes Lightman qui marchent ! Bon c'est pas tout ça, mais comme vous le savez tous notre chère et tyraniq... heu… sublime Dr Foster ici présente ! dit-il, en désignant Gillian qui tourna sa tête de droite à gauche en signe de désolation. — M'oblige… enfin non… Que dis-je… Me donne l'honneur et le privilège de faire le discours de fin d'année que tout le monde attend avec impatience ! se rattrapa t-il, en s'excusant d'un geste de la main.
— Je crois qu'il se ment à lui même là…, persifla soudainement un homme dans la foule.
— Loker… La ferme ! ragea Lightman qui avait reconnu la voix de l'importun.
À cette remontrance, l'homme à l'honnêteté radicale se rembrunit tandis que Ria, à ses côtés, gloussa de cet intermède.
— Bon bref ! J'en étais où ? demanda t-il avec une mine concernée.
— Heu le moment où tu te jetais des fleurs ! répondit sa fille avec un grand sourire.
— Ah oui c'est ça ! Donc comme je vous le disais, en cette fin d'année j'ai prévu de vous faire le plus fabuleux de tout les discours que chaque employé aimerait entendre de son patron !
— Je le sens pas du tout…, marmonna Loker pour Torres.
— Peut-être que cette année, il ne te traitera pas d'incapable, plaisanta t-elle.
— Mouais…, bredouilla t-il, en regardant son patron qui parlait involontairement avec ses mains, provoquant par moment des jets d'alcool sur le sol.
— Alors avant tout, j'aimerais vous dire que je sais que cette année a été très difficile pour nous tous ! Avec les problèmes de finances de la société, le FBI, l'abruti qui nous a effacé toutes nos données…, dit-il la mâchoire serrée, en faisant référence à Zach Morstein. Le petit génie de l'informatique qui se trouvait désormais dans un petit lieu débordant de chaleur humaine. À avaler pilules sur pilules, qui lui faisait un peu plus oublier chaque jour une partie de lui-même, pour la plus grande joie de Cal.
— Ou encore à l'autre imbécile de psy de pacotille…, marmonna-il avec un air haineux en repensant à Dave Burns. L'ex amant de son amie Gillian. À ce titre, tout le monde arbora des expressions d'incompréhension même Gillian qui ne comprit pas cette réflexion. Seule, Emily arborait un grand sourire en songeant que son père ne se rendait jamais vraiment compte des mots qui sortaient de sa bouche. Cal secoua sa tête et reprit :
— M'enfin bref ! Je vous remercie d'être encore là à nos côtés et à faire fonctionner cette société !
Discrètement, Eli pencha sa tête vers l'oreille de sa collègue et murmura :
— Tu vas voir que dans deux secondes, il va tous nous virer en nous disant qu'il a revendu l'entreprise au FBI
— Ne sois pas si rabat-joie Eli…, soupira Ria, un verre de champagne à la main. Je trouve que son discours n'est pas si mal que ça pour le moment.
— Pour LE moment !
— Sans vous, il est vrai que nous ne serions rien ! Car oui, je l'admet si nous sommes là aujourd'hui c'est grâce à chacun d'entre vous ! déclara t-il avec un grand sérieux.
Dans la foule, un jeune homme blond s'approcha de Ria et Loker pour leur demander avec une pointe d'inquiétude:
— Il a bu combien de verre de champagne ?!
— Bonne question Hunter…, répondit Eli avec une mine interloquée, en dévisageant son patron qui continuait son étrange discours.
— Et quand je dis "nous", je parle bien évidemment de moi-même et du Dr Foster qui sans son aide, nous ne serions pas tous là à fêter la nouvelle année !
Emily racla sa gorge et appuya son regard sur son père.
— Et bien sûr, j'allais oublier ma fille qui m'a toujours poussé à donner le meilleur de moi-même ! Je vous remercierais jamais assez ! allégua t-il, en levant son verre dans leur direction.
Plus que perturbé par les paroles de son patron, Hunter demanda :
— Non sérieusement ! Il y avait quoi dans le champagne ?!
— Nous avons traversé de dures épreuves ensemble, mais face à l'adversité nous avons réussi à rester uni ! Chaque jours qui passe nous avons fais preuve de force et d'adaptation ! Vraiment… c'est… Je n'ai pas les mots pour qualifier ce que je ressens à cet instant !
Il marqua une pause pour mimer une mine émue puis baissa sa tête avec une main sur son visage pour déclarer :
— S'cusez c'est l'émotion…
— Moi je dis 20 dollars pour de la cocaïne ! proclama un homme dans la masse.
— 50 pour du crack ! renchérit un autre employé.
— J'mettais promis de ne pas pleurer ! signifia Cal, d'un geste d'excuse de sa main en direction de l'assemblée. Il fit semblant de ravaler ses larmes et enchaina de manière ironique :
— Restons fort ! Et prenons exemple sur notre cher Loker ! Oui c'est ça ! Nous devons prendre exemple sur chacun d'entre nous ! C'est en partageant toutes nos qualités et nos défauts que nous avancerons main dans la main vers… le chemin de la réussite ! lâcha t-il avec un regard lointain et un mouvement de la main libre, comme pour désigner un futur proche. Un geste que personne ne comprit car tous les employés s'étaient retournés pour essayer de voir ce que leur patron désignait, c'est à dire… rien !
— Amphétamine ? proposa Loker à Torres qui gloussa à ces paroles.
— Je le proclame haut et fort : ensemble tout est possible ! Car mes frères enfin… Car chers employés, il n'y a pas que le mot Lightman écrit sur le mur !
Il désigna le logo de la société accroché au mur et continua : — Mais il y a aussi le mot Group... Et…et… il n'y aurait pas de Lightman sans Group et pas de Group sans Lightman ! Et sans Foster bien évidement ! s'excusa t-il, en regardant son associée qui avait les yeux écarquillés de stupeurs depuis le début du discours que déblatérait son ami.
— Et comme je le disais, c'est par nos différences à chacun et CHACUNE ! Je n'oublie pas notre chère gente féminine ! souligna t-il, en levant son verre en l'air comme pour appuyer ses propos avec un grand sourire.
— Que nous soyons homme, femme, grand, petit, gros, blanc, noir, mate, roux, blond, gay.
À ce dernier mot, Cal lança un regard appuyé en direction d'Hunter qui posa une main contre son front pour disparaître dans la masse. Loker et Ria le vit faire et froncèrent leurs sourcils.
— Sourde comme un pot, poursuivit Lightman, en regardant cette fois-ci Sarah qui émit un rictus de mépris. Il capta la micro-expression et renchérit : — Impolie. Ou mouton frisé, ados attardé, simple d'esprit, agaçant, râleur, abruti…, déblatéra t-il, en fixant Loker du début à la fin. Ce dernier comprit que ces adjectifs lui était destiné, mais il préféra marmonner mécontent :
— Il est tellement égocentrique qu'il fait son propre portrait…
Torres ria de plus bel puis continua d'écouter son patron.
— Ou intelligente, attachante, loyale, magnifique..., proclama t-il, en lançant des furtifs regards à Gillian qu'elle ne sembla pas capter. Au contraire d'Emily toujours aussi souriante.
— C'est tout ce qui fait l'autre, qui fait de nous ce nous sommes ! Car sans l'autre nous ne sommes rien, affirma t-il avec un air très sérieux.
À cela, un long silence s'en suivit alors que tout le monde arbora des air ahuris en se concertant du regard. Leur patron venait de péter un câble ! Ils ne voyaient que ça, pensèrent l'ensemble des employés en fixant Cal lever ses yeux au ciel et acquiescer à ses propres propos. Ce dernier reprit contact avec la réalité et s'exclama tout sourire :
— Et comme dans un groupe nous sommes souder les uns aux autres... J'ai une belle surprise pour vous en cette fin d'année !
— Oh-oh…, fit Loker qui sentait venir le pire.
— Je me suis dit que nous partagions déjà tellement de bonheur à travailler avec moi… que…
Sarah se plaça derrière Eli et Ria et proposa :
— Vodka ?
— Possible…, dit Torres avec un mouvement de sourcils, face au comportement de plus en plus inquiétant de leur patron.
— Que… j'ai décidé avec l'accord du Dr Foster et moi-même !
— C'est fou le nombre de "moi" qu'il y a dans chacune de ses phrases, chuchota Eli, en croisant ses bras contre son corps.
— De donner l'intégralité de vos primes de fin d'année à diverses associations du pays ! s'écria joyeusement Cal qui écarta vivement ses bras, en renversant, par la même occasion, presque tout le contenu de son verre d'alcool sur Loker qui se trouvait au première loge. Un nouveau long silence se répandit dans la salle. La bouche grande ouverte, aucun des employées, y comprit Gillian, n'avaient été mis au courant de cette idée.
— N'est-ce pas génial ?!
Un grand sourire idiot placardé sur son visage, Cal regarda avec délectation les expressions médusés de ses employés. Trop heureux, il décida contre toute attente d'en remettre une couche.
— Argh je sais ce que vous vous dites... Il n'y aura pas assez d'argent pour tous ces pauvres malheureux… Je sais, je suis autant offusqué et attristé que vous ! Et c'est pour ça... Que je me suis dit que …
— NOOON ! s'écrièrent l'ensemble des personnes avec des gestes de leurs mains, pour tenter d'empêcher leur patron devenu fou de prononcer un mot de plus. Cal occulta cette riposte et termina avec entrain :
— Nous devrions tous donner un petit quelque chose en plus. Donc dès demain, je passerai vous voir pour que nous faisions une quête géante !
À ces mots, tout le monde se lança des regards éberlués lorsque que Cal cria :
— Sur quoi, je vous souhaite à tous une heureuse et BELLE ANNÉE ! Ah et pour demain pas de chèque, juste du liquide ! C'est mieux pour ces pauvres malheureux... SANTÉ ! clama t-il soudainement, en levant son verre pour ensuite boire cul sec le peu de liquide qui se trouvait à l'intérieur. Puis telle une rock star, il sauta de sa chaise et donna son verre vide à Loker qui avait la mâchoire plus que crispée. Tout d'un coup, Cal arbora une grimace de dégout et persiffla pour le brun :
— Bah mon vieux, faut freiner un peu sur l'alcool ! Vous puez à trois kilomètres !
L'expert en mensonge se dirigea ensuite vers le buffet en laissant un Eli furieux sur place, alors qu'il se passa une main sur la visage pour tenter d'effacer le reste du liquide que son patron lui avait balancé. Devant le buffet, ce dernier regarda, avec des yeux gourmands,l es diverses petits amuse-bouches disposés sur une longue table décorée. Il cibla un sublime petit gâteau au chocolat sans défense et s'empressa de le prendre pour en enfourner la moitié dans sa bouche. Mâchant avec vigueur, il entendit soudainement une voix derrière lui, déclarée:
— Cal !
À son prénom, l'expert en mensonge se retourna rapidement pour découvrir son associée avec les sourcils froncés et les deux poings sur ses hanches. Surpris par son arrivée silencieuse, il s'exclama avec le reste de son gâteau :
— Tu peux arrêter de faire ça ! J'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque !
— Tu m'avais promis !
— De quoi ? quémanda t-il, en mangeant un autre morceau de son gâteau.
— Ne fais pas l'imbécile Cal ! Ton discours ce n'était pas du tout ce qui était convenu !
— Quoi ? C'est pas ça que tu voulais ?! Un discours rempli de solidarité, d'amitié et... d'amour, fit-il avec une geste de sa main libre.
— Tu vas t'excuser immédiatement !
— Alors là… pas question !
— Oh que si !
— Non.
— Cal !
— Tu veux un morceau de mon gâteau ? Il est délicieux ! proposa t-il, en lui proposant la dite sucrerie à moitié mangée. Pour toute réponse, Gillian lui envoya un lourd regard noir alors que Cal haussa ses épaules.
— T'as tors, tu ne sais pas ce que tu rates !
— Je veux que tu ailles voir tes employées, que tu leurs dises que tu avais bu un peu trop champagne et que leurs primes de fin d'année leurs seront bien distribuées.
— QUOI'F ?! s'offusqua t-il, la bouche pleine alors qu'il venait d'avaler le dernier bout de son gâteau. Tu as pensé à tout ces pauvres malheureux qui ont besoin de cet argent ?!
Gillian ne répondit pas, mais désigna de son index la masse de personne avec une expression dépitée. Cal lâcha un long soupir et abdiqua :
— Ok mais… C'est toi qui diras aux enfants de l'orphelinat "Mouton frisé", pourquoi ils ne pourront pas avoir de don cette année pour aller chez le coiffeur !
À ces mots, Gillian émit une mine d'incompréhension alors que Cal se faufila rapidement dans la masse pour entamer ses premières excuses. Craignant le pire, la psychologue s'empressa de le suivre pour parer à toute éventualité comme l'évanouissement d'un employé. Les mains dans les poches, Lightman cibla sa première victim… Heu employé !
— Hunter ! s'exclama le patron, sur un ton faussement joyeux, face jeune homme blond avec une coupe de champagne à la main.
— Monsieur…, souffla l'employé, quelque peu craintif quant à son arrivée.
— Alors, comment allez vous mon cher Hunter ?! l'interrogea Cal avec un grand sourire.
Bon... jusqu'à là tout allait bien, songea Gillian postée à ses côtés.
— Et bien… Je vous avoue… Que faire mon coming-out en public n'était pas vraiment dans mes résolutions pour cette année...
— Dites vous que comme ça c'est fait ! répliqua Cal, toujours souriant.
— Mais comment vous avez sut que...?
— Hunter...Hunter...mon petit Hunter... Je suis qui?
— Heu... mon patron ?
— Oui ça... j'le sais ! soupira t-il, en roulant ses yeux. Mais je suis et surtout le meilleur détecteur de mensonge de tout les temps !
— Ben voyons, persiffla un jeune homme brun qui passait par là.
— La ferme Loker ! répliqua Cal acerbe, à l'homme à l'honnêteté radical qui disparut dans la masse. Et donc mon cher Hunter quand un homme… regarde avec un grand intérêt un petit mouton frisé, croyez-moi que je sais ce que je dis ! dit-il, non sans un regard vers Eli qui discutait avec d'autres personnes. Le blond suivit le regard de son patron et bredouilla mal à l'aise :
— Hum...oui...en fait... je…
— Oh, mais ne vous inquiétez pas ! Avec moi votre secret sera bien gardé ! Ou du moins jusqu'à l'année prochaine !
— Cal ! le réprimanda Gillian.
L'expert en mensonge sursauta à son nom alors qu'il n'avait pas vu sa collègue.
— Tu veux bien arrêter honey de faire… ça ! J't'assure qu'un de ces quatre j'vais finir à l'hôpital, proclama t-il, une main appuyée contre son coeur.
— C'est moi qui vais t'y envoyer si tu ne t'excuses pas tout de suite ! clarifia t-elle avec un sourire forcée. Apeuré par cette menace, Cal haussa ses sourcils et fit rapidement face à Hunter. Il plissa ses yeux et s'expliqua avec des gestes évasifs de ses mains :
— Hunter ! J'voulais aussi vous dire que je n'étais pas tout à fait dans mon état normal dirons nous… lors de mon discours…
— Heu…, fit le bond avec des yeux ronds.
— Le Dr Foster m'a fait boire coupe de champagne sur coupe de champagne donc c'est de sa faute si je suis devenu complément dingue !
— Comme si vous aviez besoin de ça pour l'être, plaisanta une brune en passant devant eux.
— Aller voir le mouton frisé là bas si j'y suis Torres ! railla Cal pour la jeune femme qui émit une mine perplexe à cet ordre. Donc en conclusion… tout ça c'est de la faute au Dr Foster !
— Heu...
— Cal…, fit Gillian entre ses dents.
— Bon okaay... je l'avoue j'ai aussi ma part de responsabilité dans cette histoire. Je n'aurais pas dû accepter toutes ces coupes de champagne si gracieusement offerte ! Mais vous savez, comment peut-on dire non à une femme aussi splendide ! Ah oui c'est vrai que vous, votre genre c'est plutôt les grands bruns, geek, au teint terne…
Il ne termina pas sa phrase que Gillian commença à le tirer en arrière par sa veste.
— Hey Hunter ! Tentez votre chance, j'suis sûr qu'il dira oui ! Et d'après ce que j'ai entendu dire, vous êtes tout à fait son genre !
Il offrit un clin d'oeil au blond qui pencha sa tête sur le côté pour méditer les paroles de son patron. Une fois éloignés, Gillian se plaça face à son collègue en arborant un visage sévère.
— Cal... Quand je t'ai dit excuse toi, je n'ai pas dit fais le à la Made in Lightman, mais à la manière de personne civilisée !
— Tout de suite les grands mots ! rétorqua t-il, en roulant des yeux avec un geste lasse de sa main.
— Tu sais que tu es vraiment impossible ! On dirait qu'il n'y a que toi qui compte dans cette société ! Je ne sais même pas pourquoi, je gaspille ma salive à te parler tu ne m'écoutes même pas ! Cal ! s'exclama t-elle furieuse tandis qu'elle vit son ami partir vers un autre employé. Elle suivit ses pas et soupira :
— C'est pas vrai…
Cal arriva devant un homme à lunettes et s'exclama avec un sourire :
— Henry !
— Dr Lightman, le salua l'homme à lunettes, avec une petite moue timide.
— Comment va vôtre grand-mère depuis la dernière fois ? Vous m'aviez dit qu'elle était tombée malade. Je suppose que maintenant elle va mieux ! déclara l'expert en mensonge enjoué.
— Heu… ça fait maintenant un an qu'elle est décédée monsieur..., informa l'homme d'un air triste.
— Aaah... Grave maladie que la mort ! fit-il avec un air concerné. Nous y sommes tous un jour ou l'autre confronté ! Mais vous verrez, un jour nous trouverons une solution face à ce maudit fléau, touchant chaque année des centaines de milliers d'êtres humains ! Bien évidement, il sera déjà trop tard pour votre grand-mère mais…
— Heu excusez-moi je dois...enfin je dois…, bredouilla Henry avec une mine des plus triste. Excuser-moi ! finit-il par dire, en se détournant de ses deux patrons pour s'éclipser.
— Oh et bonne année... et bonne santé Henry ! s'écria joyeusement Lightman, pour le jeune homme qui partait avec la tête basse et les bras ballants. Bon bah, je vais continuer à répandre la joie ! scanda t-il avec une petite moue de sa bouche, en partant à la recherche d'une autre personne.
— Cal ! l'appela Gillian, en le poursuivant. Tu te rends compte de ce que tu viens de dire à ce pauvre Henry ?!
— Bah quoi ? J'me suis intéressé à sa vie, ce n'est pas ce que tu voulais ?!
— J'hallucine ! Cal ! s'exclama t-elle effarée alors que celui-ci avait arborer un grand sourire en voyant son nouvel objectif. Gillian suivit son regard et réfuta :
— Hors de question Cal !
— Oh que si ! répliqua t-il avec un sourire carnassier. Il s'approcha avec désinvolture de ses nouvelles cibles et proclama : — Et voilà la fine équipe ! Alors comment trouvez-vous cette splendide soirée ?!
Eli creusa ses joues et jasa :
— Quand vous dites splendide soirée ? Vous parlez du moment où vous m'avez traité d'abruti, ou quand vous m'avez jeté votre verre sur mon visage, ou peut-être du moment où vous nous avez retiré notre prime sans notre accord !
— Aaah je suis heureux de savoir que cela vous a plus autant qu'à vous qu'à moi !
— J'abandonne ! soupira Loker, en levant ses yeux au ciel.
— Excusez-le ! s'interposa Gillian dans la conversation. Il n'était pas vraiment dans son état normal lors du discours.
— Vous croyez ? Moi je pense surtout qu'il est toujours dans son état normal ! réfuta Loker qui pensait que son patron était dingue de nature.
— Et c'est un voleur de stylo qui ose me dire ça ! s'offensa Cal par de tels propos.
— Rhaaa vous n'allez pas recommencer ! Je vous l'ai rendu votre précieux stylo !
— Pas du tout ! J'vous l'ai offert peu de temps après !
— Vous ? Offrir quelque chose ?! Non mais je rêve ! Le jour où vous offrirez quelque chose à quelqu'un je crois que je sortirais avec Hunter !
— Attention à ce que vous dites Loker ! prévint Lightman, sur un ton des plus énigmatique. Loker plissa ses yeux de suspicions alors que Gillian changea brusquement de sujet pour apaiser les tensions :
— Bref quoiqu'il en soit ! Vous aurez le droit comme prévu à vos primes de fin d'année !
— Mouais bah encore heureux, répliqua Loker entre ses dents.
— Comme ça, vous pourrez enfin vous payez un coiffeur, mouton frisé.
— Quoi ? Qu'est-ce que vous avez dit ?! demanda Eli, n'ayant pas compris un traite mot des paroles bredouillées par son patron.
— Moi ? Mais j'ai rien dit ! Vous commencer à entendre des voix mon pauvre... mouton frisé..., répéta Cal, en marmonnant sur les derniers mots.
— Qu...? fit Loker vite couper par Lightman.
— Alors Helen Keller, comment trouvez-vous cette soirée ?! l'interrogea Cal enjoué, en regardant Sarah qui émit un sourire à cette comparaison.
— Cal ! s'offusqua Gillian.
— Quoi ? Helen Keller était une brillante femme qui est allée à Radcliffe College où elle a brillamment eu son diplôme ! Je ne vois ce que j'ai dit d'offensant !
— Tu...
— Je trouve que la soirée a été des plus festive ! répondit Sarah, sans se démonter. Quoiqu'il manquait un peu de musique !
À cette remarqua, Cal ria légèrement et déclara : — Bien joué !
Pour seule réponse, Sarah lui leva son verre.
— Et vous Ria ?
— Heu…bah…, bafouilla t-elle, ne sachant que répondre.
— Mouais deux verres et déjà parti dans la stratosphère ! railla Lightman avec une moue de sa bouche alors que Torres, tel un poisson, avait ouverte la sienne à plusieurs reprises.
— Bon, c'est pas que j'm'ennui mais presque ! dit-il, en se balançant d'avant en arrière avec ses pieds. Baah bonne année et... Coupez-vous les cheveux Loker ! Non sérieusement, on dirait que vous sortez d'un sèche linge ! C'est pas possible ! J'vois vraiment pas ce qu'Hunter vous trouve franchement, vous…, déblatéra t-il avec des gestes de ses mains lorsqu'il fut à nouveau emmené ailleurs pas Gillian.
— Ok…, soupira t-il, les yeux levés au ciel, toujours tiré par sa veste.
— Bon, maintenant tu vas m'écouter Cal ! le menaça la psychologue, en le pointant du doigt. Désormais, je veux que tu ne parles plus à aucun des employés et je veux que tu n'en approches aucun à moins d'un mètre ! C'est bien compris ?!
— Mmh..., marmonna l'expert en mensonge déçu alors qu'il avait commencé à trouver ce petit jeu fort amusant. Gillian souhaita une réponse concrète et répéta :
— Cal ?!
— Oui ! clarifia t-il avec un air exaspéré.
— Bien..
— Donc si je comprends bien, les seuls personnes avec qui je peux discuter sont... toi et Em'?
— Ça ne changera pas de d'habitude !
— Ha-ha très drôle !
— À force de te côtoyer on prend ton humour.
— N'est-ce pas génial ! J'suis un genre de Maître Yoda pour tout ces petits sujets ! Heuu...employés ! se rectifia t-il, devant le regard noir de la jeune femme.
— Tu ne changeras jamais…
— Nope ! Bon ! C'est vrai qu'Helen n'avait pas tort, ça manque un peu de musique tout ça !
— Ne vous inquiétez pas j'ai tout prévu ! affirma Emily, en brandissant son portable pour se rendre jusqu'à une grande enceinte. Elle positionna son smartphone dernier cri sur celle-ci et appuya sur le mode lecture.
— J'crains le pire…, s'inquiéta Cal.
— Tel père, telle fille !
— Mouais...
Un silence plus tard, les premières notes d'une musique s'échappa des enceintes. De là, Cal reconnu immédiatement la chanson et s'exclama joyeusement :
— Les Beatles !
— Oooh non…, fit Gillian.
— Oooh que si ! répliqua t-il, en prenant la main de la psychologue pour l'emmener dans la masse de gens qui s'étaient mit à danser.
— Tu sais que s'ils disent "Twist and shout" à plusieurs reprises, ce n'est pas pour rien ! déclara Cal en dansant alors qua sa meilleure amie se mouvait avec lenteur sur la piste improvisée.
— Je ne sais pas danser Cal...
— Mais on s'en fout ! réfuta t-il, en la prenant dans ses bras pour la guider dans des pas de danse rock. L'expert en mensonge enchaina les pas de danses frénétiques et Gillian s'exclama amusée :
— Whaaa doucement Cal !
— C'est du rock honey pas un slow !
— Oui et bien va plus doucement si tu ne veux pas que je tombe dans les pommes ! ria t-elle alors que son partenaire la fit tourner sur elle-même pour ensuite la reprendre dans ses bras. Ils continuèrent de danser ainsi jusqu'à la fin de la chanson lorsque que Cal renversa la jeune femme en arrière. Yeux dans les yeux.
Le souffle saccadé, Cal ne savait pas pourquoi, mais il se sentait attiré comme un aimant à la jeune femme. C'est avec une extrême lenteur qu'il approcha son visage du sien. À quelques centimètres à peine de ses lèvres, il dû vivement se reculer en entendant sa fille s'écrier :
— Aller je veux que tout le monde se trouve un partenaire pour la prochaine musique !
Gillian reconnue la musique At last d'Etta James puis regarda Cal avec un petit sourire d'excuse pour se volatiliser dans la masse. Abandonné, face aux autres couples de danseurs, il regarda déçu son amie disparaitre sans rien pouvoir faire.
— Je pense que tu devrais la rattraper papa…, conseilla sa fille qui s'était approchée de son père après avoir vu la scène. Ce n'était pas une de tes résolutions ? Dire à Gillian ce que tu ressens réellement pour elle ?
— Non, en fait ma première résolution c'était d'essayer de faire taire les jeunes filles trop bavarde !
— Papa...
Il émit une petite moue de sa bouche.
— Comme tu veux ! Mais ne viens pas te plaindre si l'année prochaine tu te retrouves à danser seul, pendant que Gillian sera accrochée au coup d'un brillant avocat, grand brun aux yeux bleus...
— Ok ! Ok ! Ça va j'ai compris ! Tu m'avais déjà convaincu à avocat tu sais ?
— Je sais ! répondit-elle avec un sourire victorieux. Elle tapota l'épaule de son père et lui souhaita une bonne année avant de rejoindre Ria qui discutait avec Loker de cette étonnante soirée. Aux paroles de sa fille, Cal songea qu'il était peut-être temps d'arrêter de jouer et de dire la vérité. Il soupira puis se faufila dans la foule pour retrouver sa meilleure amie. En passant devant Loker, il ne put s'empêcher d'émettre un léger rire, en voyant Hunter se pincer la lèvre inférieure et lui proposer : — On danse ?
À cette demande, le concerné était resté totalement stoïque avec un air indéchiffrable sur le visage. Cherchant toujours son amie, il remarqua tout d'un coup une décoration trainant sur la table des petits-fours. Une idée en tête, il subtilisa la dite décoration et tourna ensuite sa tête dans tous les sens à la recherche d'un objet en particulier. Il lâcha un long soupir lorsqu'il vit que Torres s'était assise dessus. D'un pas pressé, il s'approcha de la brune et réclama d'un ton froid : — Dégagez de ma chaise ou j'vous vire !
Ria le regarda comme s'il était devenu fou alors qu'il répliqua :
— Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans j'vous vire ?!
La brune se leva d'un seul coup et s'éloigna médusée de son patron.
— Raahh bon sang... Je sais quoi offrir à noël pour l'année prochaine ! Des sonotones pour tout le monde !
Après quoi, il déambula avec sa chaise dans les couloirs de l'entreprise et aperçut perplexe que sa porte de bureau était ouverte. Intrigué, il entra dans son espace de travail et vit, au travers de sa baie vitrée, sa collègue sur son balcon à contempler le ciel étoilé. Le sourire aux lèvres, il délaissa sa chaise près de sa porte et monta sur l'assise pour accrocher sa petite décoration sur l'encadrement. La tache effectuée, il sauta à pied joint de sa chaise et poussa celle-ci dans un coin. Mains dans les poches, il rejoignit silencieusement son amie dans la fraîcheur de la nuit.
— Les étoiles sont magnifiques ce soir, souffla Cal, la tête levée vers le ciel.
— Cal ! s'exclama la psychologue surprise, en se retournant face à lui. Je ne t'avais pas entendu...
— Ah tu vois que ça fais peur ! plaisanta t-il.
Gillian émit un léger rire et regarda l'expert en mensonge s'approcher lentement d'elle jusqu'à ne laisser que quelque centimètre entre eux. Un silence se glissa alors que les deux amis s'observaient du regard. De leur position, ils pouvaient encore entendre les notes de musiques d'Etta James et Cal en profita pour demander avec sa main tendue :
— On danse ?
— Cal…, soupira t-elle avec un air désolé.
— Une danse, répéta t-il avec un léger sourire. Pour célébrer cette magnifique année passée à tes côtés, dit-il en déplaçant une mèche de ses cheveux. À ce geste tendre, Gillian abdiqua finalement :
— Ok une danse…
Cal arbora un sourire victorieux puis attrapa la main de la psychologue tandis que celle-ci passa ses bras autour de son cou. Il l'encercla avec ses bras et commença à la bercer lentement au rythme de la musique de jazz. Il restèrent ainsi à danser sous les étoiles et même après que la chanson se soit arrêtée. Joue contre joue, Cal souffla au creux de l'oreille de sa partenaire :
— J'suis désolé d'avoir agi... je dois bien l'avouer avec… stupidité lors de cette soirée.
— Que cette soirée ? plaisanta t-elle.
— Tu devrais arrêter de trainer avec moi parfois ! Ça ne te réussi pas trop j'trouve !
— Tu trouves ? ria t-elle.
— Mouais…
Le coeur battant, Cal sut qu'il était temps. Il laissa passer un autre silence puis le brisa :
— Gillian ?
— Mmh ? fit-elle, en se sentant apaisée dans ses bras.
— Tu te rappelles quand on s'était dit plus de secret entre nous?
— Oui...
— Et bien j'en ai un que je ne t'ai jamais dévoilé…, avoua t-il alors qu'elle s'était légèrement écartée de son ami qui arborait une mine anxieuse.
— En fait, c'est un secret que je garde depuis des années… Parce que je n'ai jamais osé te le dire… de peur de ta réaction sans doute… mais depuis que j'ai parlé avec Em'… Je me sens d'être honnête avec toi...
— C'est grave ?! l'interrogea t-elle inquiète.
— Non ! réfuta t-il avec précipitation pour ne pas l'effrayer. Enfin, cela dépendra de toi...
À ces mots, Gillian exprima un air intrigué alors que leurs employés crièrent au loin le compte à rebours pour la nouvelle année :
— DIX !
— Ce que je m'apprête a te dire honey n'est pas facile...
— NEUF !
— Mais sache que si tu ne ressens pas la même chose que moi...
— HUIT !
— Je ferais en sorte de m'éloigner de toi et de garder notre limite...
— SEPT !
— Comme nous l'avons toujours fait..
— SIX !
— Cal ? s'inquiéta t-elle, en voyant le visage très sérieux de son ami qui posa une main tendre contre sa joue.
— CINQ !
— Ce que je voulais te dire, c'est que...
— QUATRE !
— Que…, hésita t-il, en ancrant son regard anxieux dans celui bleuté de la jeune femme.
— TROIS ! DEUX ! UN !
— Je t'aime...
— BONNEEE ANNEEEEEE !
Sous les cris de joie des employés, la psychologue était restée complètement interdite. Face à son expression figée, Cal déglutit d'appréhension puis, en ne voyant toujours aucune réaction de sa part, il abaissa sa tête déception. Le message était passé.
— Je comprends que tu refuses... Qu'est-ce que je m'étais imaginé ! dit-il, d'un rire ironique. Une femme intelligente et superbe comme toi ! Avec un mec stupide qui ne sait même pas se tenir pour une soirée ! C'est…, fit-il, en se passant une main lasse dans ses cheveux. Laisse tomber, oublie ce que je t'ai dit... J'espère juste que...tu veuilles bien garder notre amitié... Mais si tu ne le souhaites pas, je comprendrais et… je m'éloignerais de toi si c'est ce que veux.
Il lança un dernier regard à son amie toujours silencieuse et rebroussa le chemin. Il s'apprêta à franchir la baie vitrée, mais s'arrêta brusquement en entendant Gillian le supplier : — Cal ! Attends !
L'expert en mensonge se retourna lentement vers son amie avec un air désolé sur le visage. Il s'attendait à être traité de tous les noms suite à l'aveu qu'il avait osé faire et qui avait sans doute brisé leur amitié pour toujours. Étrangement, rien de tout cela ne se passa. Ce fut même tout le contraire... Souriante, Gillian s'était approchée de lui, puis avait entouré son cou avec ses bras afin de l'embrasser tendrement. L'embrasser ?! s'écria t-il intérieurement. Gillian ! La Gillian Foster ! La femme dont il était éperdument amoureux depuis plusieurs années, était entrain de l'embrasser LUI ! Lui l'abruti ! Lui le mec qui ne s'est pas se tenir ! Lui qui était une brute asocial ! Lui qui cognait sur tout ce qui bougeait ! Lui qui...! Il ne put penser un mot de plus que la psychologue, soucieuse par le manque de réaction de l'expert en mensonge, s'était lentement écartée de lui.
— Cal ?
— Hein quoi ? dit-il complément désorienté par ce qu'il venait de se passer.
— Ça va ?
— Heu oui...heu...c'est juste que hum… Je m'attendais à tout sauf à ça ! bafouilla t-il avec un sourire idiot sur le visage. J'pensais que t'allais me frapper ou me crier dess...
Il fut une nouvelle fois coupé dans ses paroles alors que Gillian avait posé ses lèvres contre les siennes pour échanger un baiser des plus passionné. En totale alerte, Cal y répondit cette fois-ci avec plus de ferveur. À bout de souffle, ils se séparèrent et se regardèrent avec tendresse.
— Je t'aime aussi, avoua t-elle.
Un large sourire se dessina sur le visage de Cal qui l'embrassa une nouvelle fois avant de déclarer : — On continue la fête chez toi ?
Gillian gloussa à cette proposition puis lui souffla sur un ton séducteur :
— Avec joie.
Sans ôter son sourire idiot de son visage, Cal passa un bras derrière la taille de sa nouvelle compagne afin de la pousser à avancer. Ils s'apprêtèrent à franchir la porte du bureau, lorsque Cal s'arrêta subitement à celle-ci. Ne comprenant pas la raison de son son comportement, Gillian l'interrogea du regard. Cal leva sa tête pour fixer la décoration qu'il avait précédemment accroché et demanda avec un sourire carnassier :
— Regarde ! Tu sais ce que cela signifie ?
La psychologue émit un léger rire avant de dire : — Cela signifie que tu...
Elle ne put prononcer un mot de plus que Cal l'en avait empêché en celant ses lèvres contre les siennes. Le baiser dura plusieurs longues secondes lorsque Cal souhaita avec un immense sourire : — Bonne année honey !
— Bonne année Cal, dit-elle avec un léger sourire. Mais tu ne m'as pas laissé finir ma phrase. Ce que j'allais te dire c'est que cette décoration, c'est du houx alors que la tradition veut qu'on s'embrasse sous du gui !
— Rhooo on s'en fiche, c'était juste un plan "B" ! Et puis de toute façon je n'ai jamais aimé les traditions ! réfuta t-il alors qu'il souleva soudainement la psychologue pour la transporter dans ses bras.
— Cal ! s'exclama t-elle rieuse, par son comportement impulsif. Qu'est-ce que tu fais?
— J't'emmène dans ma sublime calèche princesse !
— Quoi ? ria t-elle.
— Enfin, ma BMW pour être plus exact mais tu verras les sièges sont largement plus confortable que ceux des calèches !
— Vraiment ? dit-elle, en se pinçant la lèvre inférieure de ses dents. Lightman leva ses sourcils à ce geste et proclama:
— Ok ! J'crois que là j'vais demander au cocher de fouetter les chevaux pour aller plus vite !
Toujours avec Gillian dans ses bras, il marcha à toute vitesse vers une porte de sortie de secours, pour ne pas être vus des employés, sous les rires continus de sa nouvelle compagne. Cette nouvelle année promettait d'être la plus fantastique de sa vie ! Et pour l'année prochaine, il se promettait de dire à Loker, lors de son célèbre discours, de sauter le pas avec Hunter ! Bah quoi ?! Tout le monde avait le droit au bonheur ! Nope ?
FIN*
Moral de l'histoire : Bon et bien... BONNEEEEE ANNÉEEEEEEE À TOUS !
Cal : Et à moi surtout !
Loker : Non sérieux ? Quelqu'un peut pas lui mettre un ruban adhésif sur sa bouche !
Cal : Honey apporte-moi un ciseau s'il te plait ! J'ai un mouton à tondre !
Loker : Quoi ?!
OoO
Loker : Qu'est-ce que vous faites avec ce ciseau !
Cal : Je viens de retrouver mon stylo tout mâchonné c'est de votre faute...Voleur de stylo ! Loker arrêtez de courir et revenez tout de suite ici ou j'vous vire !