La boîte à idée
Aaah mais quelle bonne idée de la part de sa fille d'avoir installé ce dispositif pour ses chers employés ! Non vraiment! Quelle bonne idée de leurs laisser l'opportunité de donner leurs avis personnels sur le fonctionnement de la société et sur sa manière de diriger ! De leur offrir ce droit de parole ! Non vraiment c'est... L'idée la plus STUPIDE qui puisse exister ! Genre: Romance - Humour Note: Saison aucune en particulier |
— C'est stupide !
— Cal…, soupira Gillian.
De retour d'un rendez-vous en ville, les deux experts en mensonge marchèrent activement dans les couloirs du Lightman Group et menèrent un débat contrasté depuis qu'ils avaient passé les portes principales de l'agence.
— Non, je n'ai rien à dire de plus que… c'est stupide ! répliqua-t-il avec des mouvements de ses mains.
— Je te signale que c'est une idée d'Emily !
— Et parce que c'est ma fille, elle n'aurait pas des idées stupides ? s'offusqua-t-il. Je te signale qu'elle détient aussi une partie de l'ADN de Zoe !
— Cal !
— Et oui Gillian ! Il faut être deux pour avoir des enfants !
— Tu…
La psychologue dû redoubler d'effort pour garder la même cadence que son collègue plus rapide que Seepdy Gonzales.
— Ou une petite contribution…, répliqua-t-il avec une petite moue de sa bouche.
— Arrête de…
— Enfin ça dépend…, dit-il d'un geste de la main, en marchant toujours à vive allure.
— Cal ! s'exclama-t-elle exaspérée.
Elle s'arrêta face à lui et plaça ses deux mains en avant pour l'immobiliser totalement.
— Tu veux bien m'écouter deux minutes !
Il écarta ses bras et s'offensa :
— Et tu crois que je faisais quoi jusqu'à présent ?
— Tu te faisais la conversation ! répliqua-t-elle hébétée.
— Je suis une personne très intéressante et la seule à pouvoir à me comprendre c'est moi ! Donc c'est normal que je parle avec… moi ! conclut-il, sa tête penchée sur le côté.
Gillian écarquilla ses yeux de stupeur, tourna sa tête de droite à gauche en signe de résignation et déclara avec sa plus grande maitrise de soi :
— Écoute… Je pense que c'est une très bonne idée pour l'entreprise…
— Si pour toi "bonne idée" signifie perdre son temps ! Alors oui c'est une bonne idée!
— Cal ! Arrête d'être si réfractaire !
— J'peux pas être réfractaire à une idée si je ne l'ai même pas cautionner ! réfuta-t-il avec des gestes de ses mains.
— Quoi…
Une expression d'incompréhension se figea sur le visage de la psychologue. Cal leva ses yeux au ciel, dépassa son amie et soupira :
— Et c'est pour ça que mon miroir est mon ami !
— Cal !
Elle courut rattraper l'expert en mensonge et emprisonna son bras pour l'obliger à rester sur place une seconde fois. — Tu sais autant que moi qu'en ce moment avec nos problèmes de budget et la crise… Nos employés ne sont plus vraiment motivés…
— Et quoi ? Il veulent que je leur donne des bonbons en chocolat ? Il paraît que ça a des effets antidépresseurs sur le cerveau !
— Cal…
— On dit aussi que cela a des effets aphrodisiaques…
Il resta momentanément songeur à ce fait.
— Je pense que…
— Mais si les employées sont trop décontractés et que ça a aussi des effets aphrodisiaques sur eux… L'entreprise se transformera en club échangiste ! s'exclama-t-il scandalisé par cette pensée.
Éberluée par son comportement, Gillian entreprit de l'interpeller plus fortement pour le raisonner et le faire revenir à la réalité : — CAL !
Il agrandit ses yeux de stupéfaction et s'offusqua:
— Attends… tu veux que Loker se ramène avec un fouet ?!
— Quoi ?!
Il la pointa du doigt et la prévint avec un air extrêmement sérieux:
— Tu m'entends Gillian ! Moi vivant jamais un mouton frisé ne dépassera cette porte avec une combinaison de Catwoman !
— Bon sang ! Est-ce que tu pourrais te taire et m'écouter deux minutes ! Ça serait trop te demander ? S'il te plait…
Face à l'expression plus qu'excédée de son amie, Cal ferma sa bouche et ne prononça plus aucun mot. Gillian comprit que c'était sa manière de lui signifier qu'elle avait toute son attention.
— Merci ! Donc comme je le disais… Je pense que c'est un bon moyen pour les employées d'évacuer leur stress…
Toujours dans son délire, Cal ne put s'empêcher de s'exclamer:
— Tu parles du club échangiste ?!
Exaspérée au plus au point, elle posa une main contre la bouche de son ami pour répliquer menaçante:
— Si tu parles encore une fois, je te promets qu'à la prochaine c'est moi qui me ramène avec un fouet ! Et crois-moi que je m'en servirais pour tout autre chose…
Cela tranquillisa Cal instantanément. Les yeux rond comme des soucoupes, il fixa silencieusement sa collègue toujours avec sa main collée contre sa bouche.
— Bien… Donc comme je le disais, je pense que l'idée d'Em' est excellente. Cela nous permettrait en tant que patron d'en savoir un peu plus sur leur attente de la société ! Comme ça nous pourrions, lors de réunion, améliorer quelques points ensemble. Et si nous améliorons le confort de nos employés, nous améliorons l'efficacité de l'entreprise et donc son rendement ! Tu comprends ?
Elle ôta enfin sa main de sa bouche, mais Cal resta plongé dans son mutisme.
— Cal ? s'inquiéta t-elle.
— S'cuse j'étais en train de t'imaginer tout en cuir ! Moi et mon esprit mal tourné…, bredouilla-t-il, d'un geste las de sa main. Il haussa ses sourcils, et demanda : — Tu disais ?
— Tu n'es pas possible…, soupira-t-elle, en levant ses yeux au ciel. Bon écoute… Je pense que la meilleure chose à faire pour le moment c'est que tu viennes avec moi pour le premier dépouillement, afin de voir le déroulement. Et si vraiment on voit que ce n'est pas une bonne idée, on arrêtera.
— Et quoi ? Tu veux aussi qu'on appelle Jeff Probs pour nous aider ? pesta-t-il.
— De quoi tu parles ?
— Non rien…
Elle ne comprendrait jamais son humour...
— Bon suis moi, ils nous attendent en salle de conférence !
— Aaah parce qu'en plus lorsqu'on doit faire ça, ils ne bossent pas ?! s'étrangla Cal.
— Cal…
— Ok ! Mais ça sera compris dans leur temps de pause !
Cal reprit sa folle course et s'aperçut que Gillian ne la suivait pas.
— Bah alors tu viens Catwoman ! scanda-t-il.
Elle soupira de sa bêtise pour la vingtième fois de la journée puis emboîta les pas de son collègue jusqu'au lieu de rassemblement. Cal entra en trombe dans la salle de conférence déjà remplie d'une vingtaine d'employés prêts à écouter la réunion qui allait se dérouler. Il se plaça avec désinvolture devant l'assemblée circonspecte par son entrée fracassante et s'exclama :
— Bon dépêchez-vous, parce que j'ai pas que ça à faire de jouer à "Survivor" !
— Cal…, soupira Gillian en se plaçant à ses côtés.
L'expert en mensonge plaça ses mains dans les poches de son jean et répliqua d'une voix aiguë :
— Quoi c'est vrai ?
La psychologue tourna son attention sur leurs employés et déclara:
— Avant de commencer, je voulais tous vous remercier d'être venus !
— Surtout en sachant que c'est compris dans votre temps de pause ! ajouta Cal. Je trouve que vous êtes des employés très compréhensifs pour une idée aussi stupide ! D'un côté, vous me direz si vous la suivez c'est qu'il y a bien une raison…
Il émit une moue de sa bouche et se balança d'avant en arrière avec ses pieds. Gillian se colla un peu plus à son ami et marmonna avec un sourire forcé devant les yeux interloqués de leurs employés :
— Cal tais-toi immédiatement…
— C'est toi qui m'a dit de venir…, répliqua-t-il avec le même sourire.
— Oui… mais crois moi que si tu continues avec tes remarques, je dirais à tout le monde ce que j'ai vu hier dans ton placard…
Cal se tut et sembla réfléchir sérieusement à ces paroles. Il évalua le sérieux de cette menace sur le visage de son amie et comprit qu'elle ne ne plaisantait pas. Après quelques secondes d'intense réflexion, il déclara joyeusement avec des grands gestes de ses bras:
— Que la fête commence !
— De pire en pire…, murmura Loker à Ria qui s'empêcha de rire.
— Alors comme je le disais merci d'être venu, reprit Gillian avec un sourire. Comme vous le savez, voilà une semaine que nous avons mit en place une boite à idée dans le service ! Celle-ci à été mise à disposition afin que vous puissiez tous mettre des remarques sur la manière de travailler, des idées d'améliorations, ou des appréciations… Cela nous permettra d'échanger nos points de vues et de contribuer ensemble à faire évoluer l'entreprise ! Hunter pouvez-vous me passer la boite je vous prie !
Elle se tourna vers un employé aux cheveux blond et désigna le dit objet sur la table de conférence. Pendant ce temps, Cal observa l'ensemble de ses employés, plissa ses yeux de suspicions et demanda à voix basse :
— Gillian, tu peux me dire pourquoi ils me regarde tous avec de grands sourires ?
— Je ne sais pas. Peut-être qu'ils sont tout simplement contents de cette idée et que tu sois là avec eux.
Il tourna son visage blasé en direction de sa collègue et jasa: — Très drôle ! Non sérieusement ?
— Arrête de voir le mal partout !
— Mouais…, fit-il, d'une petite moue de sa bouche. Gillian remercia Hunter, et récupéra la petite boite customisée par les soins d'Emily. Cal la contempla du coin de l'oeil et demanda avec une mine de dégout: — Elle n'est pas un peu trop rose ?
En effet, la boite en question avait été peinte d'un rose flashy avec inscrit avec des grosses lettres rouge "boite à idée". On ne pouvait pas la rater à 3km à la ronde…
— Vous-aimez ? C'est moi qui l'ai faite avec votre fille ! informa Hunter tout sourire. Cal lui lança un long regard appuyé. — Heu… Je vais… Me rassoir ! s'exécuta t-il sous l'air ahuri de son patron. Après cet intermède, Gillian joint ses mains et proclama jovialement:
— Bon ! Nous allons pouvoir commencer !
— Génial ! s'extasia Hunter en applaudissant. Il perçut les regards réprobateurs de ses collègues et reprit de manière plus timorée: — Enfin je veux dire… Allez y Dr Foster hum!
La psychologue ouvrit avec précaution la petite boite et découvrit avec stupéfaction un nombre important de papiers.
— Waah ! Et bien je suis heureuse de voir que tout le monde a pris l'idée avec enthousiasme !
Cal pencha sa tête sur le côté pour analyser les visages étrangement joyeux de ses employés et marmonna:
— J'sais pas pourquoi… Mais j'le sens pas du tout…
— Bien, nous allons demander à une main innocente de tirer le premier papier !
Gillian plaça la boite sous le nez de Cal. À ce geste, le patron entendit des ricanements et exigea:
— Le prochain qui rit, il comprendra la signification des mots : congé sans solde.
Un silence général s'empara de la salle.
— Aller pioche Cal ! ordonna son associée souriante.
— T'as de la chance que j'ai bu mon thé, bredouilla t-il. Il extirpa un papier de la boite, le déplia et plissa ses yeux à sa lecture. Toujours sans réponse, Gillian le sollicita avec impatience:
— Alors ? Qu'est-ce qui est marqué ?
— Mettre plus de chocolat dans le distributeur…, répondit t-il d'un air blasé.
— Ha..heu.. Et bien nous allons prendre en compte cette remarque et…, commença à dire Gillian, perplexe par cette idée, vite coupée par son ami.
— Et rien du tout ! On est dans une entreprise ici, pas dans un sex-shop ! Il froissa le papier et le jeta au sol devant les visages d'incompréhension de ses employés. — Enfin… je voulais dire dans un restaurant ! se rattrapa t-il avec des gestes de ses mains.
— Hum ! Nous allons passer à une autre idée ! Cal, dit-elle en lui désignant du regard de prendre un nouveau papier.
— Sérieusement ?! s'offusqua t-il de devoir jouer encore les cobayes de foire. La psychologue appuya son regard pour toute réponse. Cal soupira et prit un nouveau papier pour lire: — Peindre les murs en couleurs…
Tous les regards se tournèrent en direction d'Hunter massant son front de manière mécanique.
— Hunter…, marmonna Lightman entre ses dents.
— Hum… c'est juste que je trouve que l'entreprise est un peu trop austère à mon goût ! Donc je pensais que si on peignait les murs d'une autre couleur… La société serait plus chaleureuse ! s'expliqua le blond avec un sourire crispée.
— Et puis quoi encore ?! Vous vous croyez dans Extreme Makeover ?! s'agita Cal avec ses bras. Déjà qu'on arrive pas à payer du café à nos clients ! Vous croyez que j'vais m'amuser à claquer nos bénéfices dans la peinture ?!
— Heu je…en fait…, bafouilla Hunter perdu.
— Cal…, le tempéra Gillian. C'était juste une idée…
— Ouais bah ! C'est stupide, contra t-il d'un geste lasse de sa main.
— Hunter… Nous comprenons votre idée mais…
— Tu comprends ! rétorqua t-il.
— Je comprends votre idée…, reprit la psychologue d'un soupir. Mais malheureusement nous allons garder la peinture d'origine !
— Malheureusement ?! répéta Cal incrédule. Non mais on ne vit pas dans le monde des bisounours !
— Ça c'est sûr je dirais plus… 1984 de George Orwell…, marmonna un employé. Cal n'eut aucun mal à reconnaitre la voix masculine responsable de cette boutade et vociféra:
— La ferme Killian !
— Cal, s'il te plait…, souffla Gillian.
— Non mais c'est vrai ?! déclara t-il en piochant rageusement un autre papier. Incapable de décrypter l'écriture de ce chiffon, il essaya de séparer les mots en grimaçant à chacun d'eux:
— Avoir… des… Pro… filiation… Partitions…
Il abandonna et soupira en jetant le papier avec le précédent.
— Cal ! s'offusqua Gillian.
— Quoi ?! J'arrivais pas à le lire !
Elle soupira et récupéra le papier au sol pour lire :
— Avoir des promotions. Blasée, elle lança un regard de désolation à son ami faisant semblant de regarder ailleurs.
— C'est dingue de voir qu'il comprend que ce qu'il souhaite…, marmonna Eli d'un petit rictus en coin.
— Hey Loker ! Quand on ne sait pas écrire, on ne vole pas des stylos ! répliqua Lightman à l'homme à l'honnêteté radical alors qu'il avait immédiatement reconnu l'écriture de son employé. — Et ne me regarder pas comme ça ! Ce n'est pas moi qui ne sait pas écrire ! ajouta t-il après avoir vu le regard désappointé du brun sur sa personne.
— Hum… Donc pour répondre à la demande, reprit Gillian avec embarras, pour le moment nous ne pouvons pas vous accorder de promotion puisque l'entreprise subit en ce moment même des problèmes de budget…
— Comme depuis le jour où je suis arrivé ici. C'est à dire il y a 10 ans…, bredouilla Eli d'un air faussement pensif.
— Vous savez Loker ! Personne ne vous retient ! La porte est grande ouverte ! Je suis sûr que Rader sera ravi de faire votre berger ! proclama Cal avec de grands gestes de ses mains pour désigner la porte de sortie à son employé.
— Quoi ? fit le jeune homme perplexe.
— Hum ! toussota Gillian. Alors je sais que tout le monde voudrait un peu plus d'argent pour couvrir les frais et les fins de mois difficiles mais nous ne pouvons malheureusement pas vous donner plus que ce que nous vous offrons aujourd'hui…
— On comprend Gillian ! la rassura Ria avec un sourire. De toute façon si nous travaillons ici c'est plus par passion…
— Oui c'est sûr que ce n'est pas pour le patron…, chuchota Loker acerbe, son regard rivé au sol.
— Vous entendez ! J'entends comme des bêlements dans le couloir ! Je crois que ce sont vos semblables qui vous appelle Loker ! rétorqua Lightman en haussant ses sourcils.
— Vous avez dû mal entendre, comme d'habitude ! Vous commencer à vous faire vieux, vous devriez songer à acheter un sonotone !
— Pourquoi ? Vous avez quelque chose contre les sourds ? Vous savez que vos propos doivent être extrêmement blessant pour Sarah ?! rétorqua le patron d'un air faussement outré en désignant la jeune femme concernée assise à côté de Ria.
— Quoi ?! Mais non je…, bafouilla gêné le brun.
— Vous me décevez Loker…, soupira t-il avec un rictus méprisant. Se moquer des handicapés… franchement c'est moche…
— Ok ! déclara rapidement Gillian avec un sourire pour couper court à la discussion. — Passons à la prochaine idée ! signifia t-elle en présentant la boîte à son ami.
— Est-ce qu'au moins il y'a une idée de potable la dedans ?! demanda Lightman revêche avant de tirer un nouveau papier. — Arrêter d'être menacé de licenciement toutes les dix minutes…, lut-il avec une petite moue de sa bouche.
— Qu'est-ce que je disais ! Des idées stupides ! railla t-il en jetant à nouveau le papier par terre.
— Cal…, soupira Gillian d'un regard réprobateur. D'un hochement de tête, elle désigna à son ami le groupe d'employés mécontents de ne pas être pris au sérieux. Ne voyant pas ce qu'il avait fait de mal, il répliqua la bouche en coeur:
— Quoi ?
— Je pense que tu devrais leur dire qu'à partir de maintenant tu seras plus clément avec eux…, suggéra t-elle à voix basse.
— Mais je suis clément ! Rien qu'hier j'ai autorisé un dossier en police "Times" et non "Times new roman" ! Alors ne dis pas que je ne suis pas… compréhensif !
— Cal… le placard…
— Je vous promet que si vous faites votre boulot correctement, j'arrêterais de vous menacer ! affirma t-il avec un grand sourire idiot et des gestes théâtrale de ses mains.
— Cal !
— O—k ! Je serai plus… "gentil" ! concéda t-il avec des mouvements évasifs de ses mains comme si cela lui avait arraché une dent de devoir prononcer ses mots.
— C'est marrant mais j'ai comme dû mal a y croire…, murmura Loker à Ria.
— Tout le monde peut changer, répliqua sa collègue d'un haussement d'épaules.
— Tout le monde… sauf lui !
— Bon ça vous va comme résolution ou vous voulez aussi que j'arrête de fumer ?! quémanda ironiquement le patron.
— Tu fumes ?! l'interrogea Gillian plus scandalisée que surprise.
— Passons à la prochaine idée ! contra Cal avec un sourire béat en piochant un autre papier sous les yeux suspicieux de sa collègue. — Alors… voyons voir qu'elle autre fabuleuse idée est sortie de ces cerveaux de génies…, marmonna t-il entre ses dents lorsqu'une seconde plus tard son visage devint comme… enragé !
— Cal ? l'interpella Gillian inquiète alors qu'il lança un regard noir à la masse d'employé.
— Si je découvre celui qui a écrit ça… Croyez-moi qu'il priera pour qu'un jour il puisse revoir la lumière ! ragea Lightman le poing serré.
— Tu vois… Je t'avais bien dit que sa "bienveillance" ne durerait pas longtemps ! murmura Eli à Ria.
— Il a au moins battu son record ! répondit-elle sur le même ton. Eli ria mais s'arrêta bien vite lorsqu'il vit son patron s'approcher dangereusement en rageant:
— Et ça vous fait rire Loker ?!
Gillian posa rapidement une main contre son torse pour le repousser. Elle savait qu'un rien pouvait le sortir de ses gonds et l'envoyer au commissariat le plus proche.
— Hey ! Doucement Cal ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Cet abruti trouve que cette idée est amusante ! Et bah j'vais lui montrer que la mienne est encore plus drôle ! affirma t-il la mâchoire crispée en jetant un regard meurtrier à l'homme à l'honnêteté radical.
— Comment voulez-vous que je trouve l'idée amusante si vous ne l'avez même pas encore lu ?! riposta Eli incrédule.
Suite à cette réflexion, Cal ouvrit sa bouche, sembla réfléchir quelques secondes puis reprit sa place initial pour répondre bougon: — Mouais… Mais ça ne prouve pas que ce n'est pas vous l'auteur de ce chiffon ! Quoique depuis vos sorties à répétitions avec Hunter… Je ne sais plus que penser…, déclara t-il en mimant une expression d'intense réflexion.
Interloqué par ces prétendues allusions, Loker s'exclama:
— Mais de quoi est-ce que vous parler ?!
— Lis le papier Cal ! ordonna Gillian éreintée par son comportement.
— J'suis pas sûr que ça soit une bonne idée Honey…
— Cal !
— Ok ! Mais c'est toi qui l'auras voulu ! accepta t-il en positionnant ses deux mains en avant comme pour s'innocenter de ses futurs paroles. — Il est écrit que la patronne devrait mettre des robes plus souvent afin qu'on soit plus motivé pour travailler ! proclama t-il en observant les visages de ses employés. Les joues de Gillian étaient devenues cramoisies alors qu'elle avait tiré mécaniquement sur un pan de sa robe.
— Je trouve que c'est une excellente idée ! concéda un homme souriant dans la salle.
— Arthur ! Vous êtes viré ! répliqua Lightman en ayant entendu les paroles du rouquin.
— Quoi mais…?!
— Et vous aussi Killian ! ajouta le patron en pointant le brun d'un doigt inquisiteur.
— Pourquoi moi aussi ?! s'offusqua ce dernier.
— Parce que c'est vous l'auteur de cette idée stupide ! Quand j'lai lu, j'ai vu votre sourire de vainqueur et votre regard plus que déplacé sur ses jambes ! Donc Monsieur le Casanova et Spirou, vont tous les deux prendre leurs petites affaires et…
— Cal ! Il est hors de question qu'on les vires ! objecta vivement Gillian.
— Pourquoi ?! Moi j'trouve que c'est la meilleure idée qu'on ait eu pour le moment ! assura t-il avec des mouvements de ses mains pour expliquer ses propos. — Et surtout la plus utile, en sachant qu'on se débarrassera de deux abrutis avec en prime deux salaires en moins à payer ! J'appelle ça le tiercer gagnant !
— C'est sûr que c'était une idée…stupide… Mais à mon avis il voulait juste faire son malin… Tu connais Killian…, souffla t-elle d'un regard entendu avec son collègue.
— Mouais, n'empêche qu'il ne s'en sortira pas comme ça…, marmonna t-il en lançant un regard noir au concerné qui déglutit d'appréhension.
— Prends un nouveau papier…, conseilla t-elle.
— Mmh…, bredouilla t-il en continuant de fixer haineusement l'importun.
— S'il te plait !
— Ok, soupira t-il en piochant une nouvelle fois un papier pour lire: — Changer de patron…, Le visage furieux, Cal entendit quelques personnes glousser puis proclama: — Loker! On a dit qu'une idée à la fois !
— En fait, on n'a pas vraiment lister de limite d'idée Cal…, signifia son amie à voix basse.
— Ouais bah… Vous êtes viré ! répliqua t-il d'un geste lasse de sa main.
— Quoi ?! Mais pour quel motif ?! questionna contrarié le brun.
— Pour… humour déplacé !
— Dixit l'homme qui me traite de mouton frisé !
— Et sans prime ! ajouta t-il en le pointant du doigt.
— Mais…!
— Cal ! s'outragea la psychologue de ses méthodes pas vraiment orthodoxes.
— Ok ! j'prends un autre papier ! s'exclama t-il en faisant abstraction de la protestation de son amie pour tirer un nouveau billet et déclarer: — Pour le prochain budget prévisionnel, mettre en place de nouveaux objectifs et trouver d'autres investisseurs pour appuyer la demande.
— C'est une bonne idée ! confirma Gillian contente d'entendre enfin "une idée" concrète. — J'y avais déjà songé et en effet je pense que de nouveaux investisseurs pour notre entreprise, nous donnerais un peu plus de souffle ! C'est pour cela que j'ai contacté la société Keller&Co et…
Pendant qu'elle donnait son point de vue sur la question, Cal, trouvant cela peu intéressant pour ne pas dire barbant, fixa Killian d'un regard glacial. Ce dernier se sentant observé, changea par mécanisme de position corporel lorsqu'il remarqua perplexe son patron en train de regarder droit devant lui. L'employé fronça ses sourcils d'incompréhension à cet intérêt soudain. Il tourna sa tête sur le côté pour voir s'il n'y avait pas quelque chose en particulier qui pouvait le gêner mais ne voyant rien, il retourna son regard sur son patron et remarqua que celui-ci semblait toujours aussi captivé. C'est seulement après quelques secondes que le brun réalisa avec effarement que la cible fixée… c'était lui !
Déglutissant de peur, il comprit que son patron devait encore lui en vouloir pour son idée de génie… C'est mal à l'aise de cette pensée qu'il commença à laisser divaguer son regard dans la pièce bien que Lightman ne le lâcha toujours pas du regard. Bon sang s'il continuait de le fixer comme ça, il allait finir par exploser, c'était sûr ! Personne ne lui avait jeté un regard aussi meurtrier de toute sa vie ! Enfin à part Loker… Le jour où il lui avait par "mégarde" mangé tout ses bonbons en ours colorés… Loker ! s'écria t-il mentalement. Il ne voulait pas finir comme lui ! songea t-il effrayé. Et oui… le jour où l'homme à l'honnêteté radical s'était fait laminé par le patron pour avoir embrassé sa fille, avait fait l'objet de commérage et de raillerie pendant plus d'une semaine dans l'entreprise. Alors si son patron souhaitait le punir pour avoir lorgnée la femme qu'il… enfin son associée, il n'allait jamais sortir vivant d'ici ! Il imaginait déjà l'épitaphe de sa future tombe avec gravée sur celle-ci:-Ici gît Killian Mc Kell: L'homme aux idées stupides. Ps:-Ne pas lorgner sur "la femme" du Boss ! Seigneur aider-le ! supplia t-il en voyant l'expression de colère de son patron s'aggraver de seconde en seconde.
— Cal ? l'interpella pour la seconde fois Gillian alors que son ami ne réagissait pas à ses interpellations.
— …
— Cal ?!
— Hein quoi ? fit-il perturbé avec une petite moue de sa bouche afin de reprendre le dessus sur ses envies de meurtre.
— Je te disais qu'on avait fini de parler de l'idée des investisseurs. Tu peux prendre un autre papier.
— Ok... voyons s'il y'a une idée encore plus lumineuse que ça ! ironisa Lightman en tirant un nouveau papier. — Acheter plus de café et moins de thé. J'en ai marre de m'endormir sur mon bureau pour me réveiller brusquement une heure plus tard et courir au toilette pour faire la queue pendant 15 mn !
Il subsista une seconde de flottement. Cal plissa ses yeux de suspicion puis écarta ses bras de chaque côté de son corps pour déclarer désabusé: — Non sérieusement qui a écrit ça ?!
— En tout cas, la personne qui a écrit ça n'a pas tort…, approuva Jennifer qui était une employée de la société.
— Ouais, c'est vrai qu'ici on se croirait plus qu'en Angleterre qu'autre chose ! renchérit un homme mécontent, nommé Willy.
Elisa, une jeune femme aux cheveux ébène répliqua: — Moi je suis d'origine italienne et chez nous le café ça ne se loupe pas !
— C'est sûr que ça serait plus utile d'avoir une plus grande réserve de café que de thé ! Vu les nombres d'heures qu'on passe ici ! allégua un rouquin.
— Arthur a raison, surtout si on compte les heures supplémentaires qu'on fait sans être rémunéré ! approuva Sydney.
Éberlué par ces propos, Cal railla:
— Non mais tu les entends ! Regarde moi tous ces français ! Bientôt on va avoir le droit à une grève !
— Cal ! le sermonna Gillian.
— Quoi ?! rétorqua t-il d'un mouvement de sourcil.
— Avoues qu'on achète plus de thé qu'autre chose…
— Et alors ?! Le thé c'est bon pour la santé ! Tous les diététiciens te le dirons ! Ça a des vertus pour le corps et l'esprit! expliqua t-il avec des gestes de ses mains.
— Hein Jake ?! quémanda t-il en regardant subitement un jeune homme astatique surpris par cette soudaine attention.
— Il faut en boire combien de fois par jour pour avoir une chance d'obtenir un résultat potable ? Parce que là on attend toujours !
— La ferme Loker ! Retourner à votre chocolat chaud ! riposta acerbe le patron.
— Cappuccino ! rectifia Eli avec mépris.
— Mouais c'est pareille… boisson de femme…, dit-il avec sa moue habituelle.
— Cal ! s'offusqua encore son amie.
— Quoi ? C'est vrai ! Il y a plus de mousse que de café là-dedans ! argua t-il d'un geste vague de la main.
— Vu qu'il y'a une majorité de personne qui prend du café, je pense que pour la prochaine livraison il serait plus judicieux de doubler la commande ! clarifia sérieusement un homme noir dans l'assistance.
— Ah oui ? Parce que maintenant c'est vous le patron Devon ?! persiffla l'expert en mensonge. L'employé esquissa une expression de mépris en réponse.
— Et surveiller votre langage jeune homme ! ordonna t-il en captant la micro-expression. — De toute façon je suis le patron donc si vous voulez jouer à ça… Mes droits de vote sont égal à celui de la totalité des employés dans cette pièce et vu que Gillian est avec moi… Et bien si on fait le total… c'est le thé qui l'emporte ! contra t-il avec un grand sourire de vainqueur.
— Quoi ?! s'outragèrent les employés.
— God save the queen ! renchérit joyeusement le patron.
— Cal… Qui t'a dit que je serais de ton côté…, lui signala Gillian avec un regard interrogateur.
— Bah… J'sais pas… Parce que tu es mon associée et que… tu ne peux pas me résister ! répondit-il tout sourire.
Gillian soupira et rétorqua contre tout attente: — Sur ce coup là je rejoins les employés…
— Donc le café l'emporte ! s'enthousiasma Arthur par ce revirement de situation
— Deux minutes Spirou ! l'arrêta Cal d'un geste de la main afin de stopper net les ardeurs du rouquin se rembrunissant au surnom donné. — J'vous signale qu'il y a une autre personne qui est avec moi ! Donc vu que le total de mes droits de vote est égal à l'ensemble des employés, plus moi et l'autre personne… Encore une fois le thé l'emporte ! rectifia t-il d'un fin sourire.
— Même si votre calcul ne rime à rien…, jasa Loker, on peut savoir qui est la personne que vous incluez dans votre pseudo vote ?
— Bah Jake ! répondit Cal d'un ton sonnant l'évidence, en désignant le brun assis devant lui. Le concerné agrandit ses yeux comme des soucoupes et stipula offensé:
— Heu… Excuser moi Dr Lightman mais avec tout le respect que je vous dois… Ce n'est pas parce que j'ai des origines Japonaises que je me gave de thé toute la journée !
— Bah…
— Vous savez… je mange des hot-dog et des pizza comme tout le monde !
— Excuser moi Jake de vous avoir vexé ! Je ne savais pas que vous aviez besoin de renier vos origines pour ne pas vous sentir rejeté par votre groupe d'appartenance !
Lightman exprima une mine d'excuse en plaçant une main sur son torse afin de prouver sa bonne foi.
— Quoi ?! s'indigna Jake. Ce que vous venez de dire est un tantinet raciste non ?!
— J'vois pas pourquoi ! Moi j'vais pas me mettre à bouffer des croissants tous les matins pour faire plaisir à Gillian et honorer ses origines françaises ! Surtout pour sa mère…, termina t-il avec une nouvelle moue de sa bouche.
— Cal…, soupira Gillian fatiguée.
— Non mais c'est vrai… Un bon porridge ! Et là tu es parti pour 20 jours de jeun ! certifia t-il d'un geste énergique de sa main.
— Quoiqu'il en soit, je vote pour le café ! proclama Jake, en croisant ses bras contre son corps pour soutenir sa position.
— Donc si on fait le calcul… Tout le monde contre vous… Le café l'emporte ! déclara victorieux Eli devant le regard dégoûté de son patron.
— Exalter vous Loker… Mais ne venez pas pleurer le jour où votre tension artérielle chutera et qu'il n'y aura aucun médecin pour vous secourir !
— Quoi ?
— À part si bien entendu vous faites un pneumothorax ! Là je viendrais avec plaisir ! Il me faut juste un petit couteau, un briquet et une paille ! s'exclama t-il souriant.
À cette information plus qu'étrange toutes les personnes présentent dans la pièce lancèrent des regards circonspects à l'expert en mensonge arborant un joyeux sourire.
— Vous inquiétez pas ! J'ai regardé Scrubs comme tout le monde ! les rassura t-il avec un geste de la main dans leur direction.
— De toute façon le problème est réglé ! À la prochaine livraison on double la commande de café ! confirma Gillian sous les soupirs de soulagement des employés.
— Et après on dit qu'on a des problèmes de fric…, marmonna Cal en prenant un autre papier pour lire à voix haute : — Avoir plus de stylo…
L'expert en mensonge leva ses sourcils de surprise et répliqua: — Ce n'est pas avec moi qu'il faut voir ça ! Loker…, dit-il en indiquant au brun de venir le rejoindre.
— Arrêter avec cette histoire ! Je ne vous ai pris qu'un stylo ! se défendit Eli d'être toujours accusé pour le moindre prétexte.
— Et il était unique ! rétorqua Lightman, un index en l'air.
— N'importe quoi ! Vous savez très bien que c'était un stylo lambda et de toute façon je vous l'ai rendu !
— Ouais mais il était tout mâchonné !
— Ça, ce n'est pas de ma faute ! C'est vous et votre fâcheuse tendance à vouloir dé-stressé avec tout ce qui vous tombe sous la main ! Comme crier sur vos employés par exemple !
En accord avec les dires de Loker, tous les employés regardèrent avec insistance leur patron qui pinça ses lèvres en se balançant d'avant en arrière avec ses pieds.
— J'vois pas en quoi c'est dérangeant ! C'est une méthode de travail comme une autre ! réfuta t-il innocemment.
— On n'est pas à l'armée ici ! s'exclama Eli ahuri.
— C'est sûr que si vous y étiez… Ça fait longtemps que vous auriez couru rejoindre les jupes de votre mère.
— Cal ! l'arrêta Gillian avec des yeux ronds alors que Loker grommela sa frustration. Reprenant contenance, elle déclara: — Pour les stylos…Et bien… on fera en sorte d'en avoir plus !
— Et mettez les sous coffre-fort la prochaine fois ! C'est ce que j'ai fait moi ! attesta Cal, les sourcils levés.
— Et en ce qui concerne les méthodes…
— De tyran ! termina Loker pour Gillian.
— Ne prenez pas trop vos aises Eli… Ce n'est pas un conseil de famille, il y a des répercussions après la petite causette…, menaça Cal avec un regard en biais destiné Killian qui dégluti d'appréhension.
— On promettra d'être plus…souple ! garantit-elle d'un léger sourire.
— Ouais et bien si c'est comme pour le fait d'être plus clément je crains le pire !
— Ne vous inquiétez pas Devon, le pire vous ne l'avez pas encore connu croyez moi…, argua Lightman sur un ton énigmatique. Ce qui eu pour effet de faire dilater les pupilles de peur du jeune homme.
— Bon passons à une autre idée ! proclama faussement joyeuse la psychologue. Cal ne lâcha pas du regard Devon et prit un papier pour lire entre ses dents:
— Que le Dr Lightman arrête de revenir avec le visage défiguré, au moins pour l'image de la clientèle… Aaah c'est fou comme on se sent aimé dans cette entreprise ! Cet esprit de famille, si chaleureuse ! Non vraiment ! Je me demande même pourquoi Emily me demande sans cesse pourquoi on ne fête pas plus Noël ici ! déclara t-il sarcastiquement avec un faux sourire.
— Parce que vous trouvez ça stupide et que vous ne voyez pas l'intérêt de claquer 200 dollars dans un arbre mort ! répondit tout naturellement Willy.
— Pas faux ! approuva t-il devant l'air blasé de son associée. Quoi c'est vrai ?! Autant acheter un Bonsaï dans ces cas-là ! Hein Jake ?!
— J'abandonne…, soupira le brun en croisant ses bras sur la table pour reposer sa tête de dépit.
Cal pencha sa tête sur le côté pour observer le visage épuisé de son employé et souffla: — J'connais quelqu'un qui aurait besoin d'un bon thé…
— Cal… Il est vrai que tu reviens souvent avec des blessures au bureau…, fit remarquer Gillian quelque peu irritée par ce fait persistant.
— Ça s'appelle les risques du métier ! s'amusa t-il.
Contrariée qu'il ne prenne pas cela plus au sérieux, elle rétorqua:
— Je te rappelle qu'on est psychologue pas agent de police ou je ne sais quoi !
— Je cherche la vérité ! Et vu qu'elle ne plait pas à tout le monde et bah… parfois il y a des petites complications… Et tu sais ce qu'on dit il n'y a que la vérité qui blesse…, se justifia t-il avec des gestes vagues de ses mains.
— Des petites complications ?! répéta t-elle incrédule. — Comme là fois où tu es revenu en sang pour t'être entrainé dans une affaire de banditisme ?!
— J'ai eu quelques bleus et alors…
— Ah ? Parce qu'une côte cassée c'est normal ? Tout va bien pour toi ?!
— J'ai eu pire crois moi !
— Et ça devrais me rassurer ?
— Heu… oui !
— Parfois j'aimerais que tu arrêtes de prendre des risques démesurés, si ça ne serait pas trop te demander !
— Le Dr Foster n'a pas tort ! renchérit Henry.
— Ouais c'est vrai ! approuva Killian. On ne sait jamais la prochaine fois que vous reviendrez !
— On s'est même fait des paris sur l'état de vos retours au Lightman Group ! révéla Arthur.
— Michael s'est fait 300 dollars depuis ! annonça Jennifer hébétée.
— 450 en fait…, rectifia le dénommé Michael avec une mine désolée.
— Ouais bref ! On aimerait que vous soyez plus… prudent ! Avant de devoir vous rendre visite, la gueule cassée, à l'hôpital ! Parce que là c'est sûr qu'à la longue le thé sera la seule boisson que vous pourrez avaler ! prévint Devon.
— Bien que ça me coûte toute mon estime de devoir dire ça…, grimaça Loker. Mais ils n'ont pas tort Dr Lightman… Vous prenez trop de risque et souvent au péril de votre propre vie. Surtout qu'en général vous la jouer plutôt solo alors pour couvrir vos arrières c'est un peu compliqué.
— Eli a raison ! dit Jake. Dieu sait comment on vous retrouvera la prochaine fois si vous nous dites pas vos plans à l'avance !
— Et on ne dit pas ça que pour le bien de votre fille ou de Gillian…, stipula Hunter alors que sa patronne gênée venait de baisser sa tête. — Mais parce qu'on tient aussi à vous.
À l'écoute de ces paroles, Cal observa muet les visages inquiets de ses employés et songea qu'au fond ils pouvaient être les employés aux idées les plus stupides qui puissent exister… Mais que c'étaient ses employés à "lui "! Et à Gillian bien évidement hum… Et ça, il ne les échangeraient pour rien au monde…
— Écoutez…, commença à dire l'expert en mensonge en passant mal à l'aise une main dans les cheveux. — Je sais que parfois je me montre un peu trop impulsif et que… ça puisse vous inquiétez… hum… Mais j'essaierai de faire plus attention…
— Mouais… c'est qu'on tient à nos chèques nous ! ajouta Arthur pour détendre l'ambiance alors qu'il avait senti l'embarras de leur patron face à l'attention qu'on lui portait. Ce qui bien évidement ne manqua pas de faire rire toute la salle et d'émettre un soupir rieur à Lightman.
— Le tyran a tout de même ses fans…, souffla rieuse Gillian à Cal en lui tendant la boite.
— Mouais…, dit-il avec un léger sourire. Il prit un autre papier lorsque son visage prit se décomposa pour une expression des plus embarrassée.
— Alors ? demanda Gillian.
— Bah…
— Et bien quoi ? Lis-le.
— J'pense pas que…
— Ça ne peut pas être pire que celui de Killian…
Cal ne répondit pas. Il racla sa gorge et s'apprêta à jeter le papier mais Gillian plus rapide le lui arracha des mains. L'homme dériva après coup son regard sur le sol. Elle fronça ses sourcils d'incompréhension et lut mécaniquement:
— Que le Dr Lightman et Foster s'avouent enfin la vérité sur leur sentiment pour qu'on puisse enfin travailler normalement !
La psychologue se pétrifia. Elle s'attendait à tout sauf à ça ! Perturbée, elle ouvrit sa bouche à plusieurs reprises et bafouilla: — Je…hurm…c'est…
— Je trouve que c'est la meilleure idée qu'on ait eu jusqu'à présent ! déclara Jennifer alors que tous les autres employés approuvèrent avec vigueur.
— Passons à une autre idée ! proclama subitement Cal en prenant un nouveau mot. — Que Foster et Lightman s'embrasse pour que cette tension sexuelle s'arrête! Mais c'est quoi ce bordel…, ragea t-il tandis que le visage de Gillian semblait avoir prit une couleur tomate. — Que Lightman demande en mariage Foster ! lut-il sur un autre papier pour le jeter tout aussitôt et prendre le suivant. - Lightman et Foster en couple ! - Que Lightman prend enfin les devants et avoue ses sentiments à Gillian. - Payer une chambre d'hôtel aux patrons ! - Que ma glace arrête de fondre quand Lightman et Foster sont dans la même pièce, je ne peux plus manger de sorbet ! Et j'en ai marre des Haagen Daz ! - Vive Callian ! - Que la vérité éclate au grand jour et que le grand amour soit révélé entre deux âmes aveugles…, lut-il interloqué alors qu'Hunter, souriant, semblait chuchoter les mêmes paroles que lui au même instant. - Que Foster et Lightman fassent des séances de psychanalyse pour qu'ils se rendent compte de leur sentiment. - Lightman et Foster en couple. - Lightman et Gillian en couple. - Que Lightman arrête de fixer les fesses de la patronne et qu'il fasse le premier pas pour les…, Cal ne put même pas lire la fin de l'idée, trouvant celle-ci un peu trop déplacée, mais crispa simplement sa mâchoire en prenant d'autres papiers. - Des bébés Foster et Lightman.
- Lightman et Gillian ensemble - Je trouve cette boite à idée stupide. - Lightman et Foster en couple. - Viré Loker et Lightman-Foster en couple. - Gillian et Cal en couple…, continua t-il de lire effaré en remarquant que le reste des papiers indiquaient la même idée avec des écritures différentes. Muet de stupeur, il lança un regard déboussolé à son associée qui était en train de se masser honteusement son front. Le regard noir, il fixa l'assistance arborant de grand sourire. Ce qui énerva au plus au point le patron qui vociféra: — On peut savoir c'est quoi que ce bor…!
Cal ne pu dire un mot de plus que Killian répliqua: — Avant que vous ne disiez quoique ce soit, je pense que c'est plutôt à nous de vous dire ce que l'on pense !
— Killian a raison ! renchérit Arthur. Parce qu'en somme, le réel problème dans cette société ce n'est pas le fait que vous soyez un patron tyrannique, que cette société est toujours en crise, qu'on risque d'être viré dans deux minutes, qu'un de ces quatre on va vous récupérer en sang ou qu'on doit faire la révolution du café ! Non ! Le gros problème ici…c'est vous deux ! affirma t-il en désignant ses deux patrons d'un va et vient.
— C'est vrai ! clamèrent en choeur les employés.
— On a l'impression qu'il n'y a que vous qui vous ne vous en rendez pas compte ! Pourtant c'est vous les pros du mensonge dans cette entreprise ! Et vous n'arrivez même pas à voir que vous êtes fou l'un de l'autre ! constata Jennifer blasée.
— Quoif'…, failli s'étouffer Cal par ces propos.
— Le problème, c'est que cela entraine des répercussions au boulot ! rajouta Jake.
— Ouais ! Rien que l'autre jour je devais étudier une vidéo d'un suspect mais vu que celui-ci n'arrêtait pas de draguer le Dr Foster durant toute l'entrevue, le Dr Lightman n'a pas pu s'empêcher d'interférer dans l'interrogatoire ! Ce qui a fait que les seuls émotions que j'ai pu décrypter c'était de la peur ! conta Devon désabusé.
— Et moi j'en ai marre que Lightman m'embauche pour surveiller les fréquentations de Gillian ! Ça fait deux week-end de suite que je ne peux pas aller à la piscine ! râla Killian alors que la psychologue, choquée par cet aveu, jeta un regard meurtrier à son ami.
— Ne me regarde pas comme ça…, bredouilla ce dernier, le regard divaguant.
— Et moi que Gillian lance des regards envieux sur Lightman, plus précisément sur ses lèvres ! Cela la déstabilise complètement et après on ne peut même plus travailler correctement ! avoua Sydney excédée.
— Des regards envieux ?! répéta interloqué l'expert en mensonge en voyant sa collègue poser une main sur son front. Gênée à l'extrême, la psychologue sentit une vive chaleur monter à ses joues.
— Et que Lightman nous menace de manière déguisée à chaque fois qu'on regarde ou qu'on ose parler au Dr Foster ! proclama Arthur mécontent.
— Des menaces ?! dit Gillian hébétée en fixant Cal qui émit une petite moue de sa bouche pour serrer ses dents.
— Je… c'est pas…, tenta t-il de s'expliquer.
— Conclusion… si on doit travailler dans des bonnes conditions, il serait temps que vous vous avouez la vérité ! affirma Jake avec sérieux.
— Ouais ! déclarèrent tous les employés.
— Sinon on fait la grève ! menaça Killian avant de rectifier apeuré devant le regard noir de son patron: — Du thé !
— Si dans une minute vous n'êtes pas tous partis vous remettre au boulot…, prévint Lightman entre ses dents.
— On est viré ?
— Aaah ! C'est la meilleure idée que j'ai entendu aujourd'hui de votre bouche Killian !
— On apprend des meilleurs ! répliqua t-il tout sourire.
— SORTEZ ! hurla t-il en désignant la sortie. À l'ordre hurlé, tous les employés bougonnèrent et trainèrent des pieds jusqu'à la porte en question.
— La bonne idée aurait été de ne jamais avoir eu l'idée de faire cette boite ! marmonna Arthur dépité.
— Je sais pas pourquoi mais je savais qu'il allait le prendre mal…, dit Killian d'un air songeur.
— Non tu crois ?! s'exclama Jennifer d'un ton ironique.
— 10 secondes ! cria Cal ce qui fit étrangement sortir tout les employés d'un seul coup de la pièce. Les deux patrons seuls, Cal se passa une main lasse dans les cheveux alors que Gillian croisa ses bras contre son ventre, en pinçant ses lèvres, pour se mettre à fixer un point visible sur le sol. Un petit silence d'embarras plus tard, elle s'éclaircit la voix et déclara sans y croire:
— Ça s'est plutôt bien passé finalement…
— Tu trouves ?! demanda t-il interloqué.
— Franchement Cal… Les connaissant je m'attendais à pire !
— Mouais pas faux…
Gillian se pencha en avant afin de ramasser un par un tous les petits papiers jetés précédemment par terre. Profitant de sa position, Cal put observer à loisir le bas des reins de sa collègue avec un sourire narquois placardé sur ses lèvres.
— C'est vrai qu'il y avait de bonnes idées…, affirma t-il d'une voix mielleuse en se pinçant la lèvre inférieure.
— Desquelles tu parles ? l'interrogea t-elle intriguée en tournant sa tête sur le côté pour apercevoir blasé le regard langoureux que portait son ami sur une certaine partie de son corps. — Je vois… Arrête Cal ! Et aide moi plutôt à ramasser ce que tu as fais tombé !
— Et on me traite de patron tyrannique ?!
Gillian leva ses yeux au ciel et se remit à la tâche avec l'aide de son ami. Ils terminèrent celle-ci en peu de temps lorsque Cal, les deux mains dans les poches de son jean, allégua d'un ton mystérieux:
— Je trouve qu'il y'a quand même une idée en particulier qui m'a le plus attirée…
— Oui, je pense que trouver de nouveaux objectifs pour les investisseurs, soit aussi une bonne idée ! Tu sais, je pense qu'on pourrait…
— Bien que cela soit une "bonne idée" honey ! Je pensais plus à une toute autre chose…, suggéra t-il, d'un pas en avant pour se placer à quelques centimètre d'elle. Il pencha sa tête sur le côté en arborant un petit sourire séducteur. Il ancra son regard dans celui intrigué de sa collègue qui demanda:
— Ah oui et à laquelle ?
— À celle que tu envie au point d'en être déstabilisée !
Les joues de la psychologue venaient encore de prendre une jolie teinte rosée.
— Hum… Je ne vois pas de quoi tu parles…, marmonna t-elle gênée, en se passant une mèche de cheveux derrière son oreille. Cal émit un large sourire en songeant qu'il adorait la voir embarrassée. Il lui présenta un bout de papier et demanda:
— Et ça ? Ça t'aide ?
— Ah ça ! dit-elle, d'un ton feignant l'innocence.
— Alors ? Bonne idée ou pas ? l'interrogea t-il implicitement d'un va et vient du regard entre ses yeux et l'objet de ses désirs. Elle sentit le souffle chaud de son ami à quelques centimètres de son visage et bafouilla:
— C'est à dire que…
— Alors ? réitéra t-il impatient avec un sourire charmeur.
— Et bien je ne sais pas… Il faudrait que je la teste afin de voir si elle est bonne ou non…, dit-elle quelque peu hypnotisée par son regard langoureux.
— Un bon scientifique à le devoir de tout vérifier…
Il approcha lentement son visage du sien et captura avec lenteur ses lèvres sans aucun recul de la part de sa partenaire. Bien que la sensation d'embrasser sa meilleure amie était "presque" nouvelle, cela lui parut étrangement tout à fait naturel. Au point même qu'il voulu pousser plus loin l'échange en passant le barrage de ses dents à l'aide de sa langue. C'est avec une main contre sa joue et l'autre sur sa taille qu'il décida d'y approfondir son baiser. Devenant de plus en plus passionné, Gillian ne put s'empêcher d'y laisser un gémissement de plaisir s'échapper de ses lèvres. Cal sourit contre ses lèvres lorsqu'elle passa ses deux bras autour de son cou puis en profita pour entourer sa taille des siens. Enfermés dans leur bulle, les deux experts en mensonge ne remarquèrent même pas la présence voyeuriste de leurs employés derrière la vitre de la salle de réunion. Tout d'un coup un vacarme assourdissant les stoppa à regret dans leur activité. Cal tourna sa tête en direction du bruit et découvrit avec surprise la masse d'employée crier et siffler leur joie de l'autre côté de la salle.
— Ok… je vois…, soupira t-il alors que Gillian ria contre son cou.
— Les bonnes idées sont parfois à partager…, souffla t-elle dans ses bras.
— Mouais… Sauf que sur ce coup là je ne suis pas très partageur…, répliqua t-il en l'embrassant furtivement avant de se tourner vers ses employés. Sans un mot, il hissa sa main en l'air et leva un doigt à chaque seconde.
— Mais qu'est-ce qu'il fait ? marmonna Devon en applaudissant toujours avec le reste de ses collègues.
— J'sais pas… Je crois qu'il fait une sorte de décompte…, répondit Hunter en fronçant ses sourcils.
— Un décompte pour quoi ? demanda Jennifer perplexe.
— De…, commença à dire Sydney vite coupée par un cri.
— LICENCIEMEEENT ! cria Killian apeuré alors qu'il poussa tout le monde sur son passage pour courir comme un dingue dans le couloir. Sur ses talons, Arthur s'écria:— Chacun pour soi !
— J'ai mon loyer à payer ! Poussez vous ! proclama Loker en écartant ses collègues.
— Je ne veux pas encore manger un mois de pâte ! Dégageeez ! hurla Devon en courant.
— Je vois que les femmes et les enfants d'abord c'est plus ce que c'était…, soupira Jennifer en marchant tranquillement avec les autres filles de l'entreprise qui éclatèrent de rire. Du côté de la salle de conférence, Cal émit un fin sourire en coin pour faire face à une Gillian rieuse.
— Bien joué, s'amusa t-elle.
— Merci ! déclara t-il, en l'enveloppant de ses bras. Tu vois qu'être un patron tyrannique cela a des avantages…
— Je vois ça…, souffla t-elle en regardant avec envie ses lèvres tentatrices. Il remarqua son regard scrutateur et demanda:
— Un problème ?
— Non… Je me demandais juste, si je pouvais tester cette idée de s'embrasser pour baisser la tension sexuelle entre nous afin de voir si elle fonctionne vraiment…
— Tu peux la tester autant de fois que tu veux honey…, certifia t-il sur un ton enjôleur en caressant ses lèvres avec les siennes. — On pourra même tester l'idée de la chambre d'hôtel après ça…
Elle ria et Cal en profita pour capturer ses lèvres afin d'échanger un baiser des plus langoureux sous les regards enjoués d'Emily et d'Anna qui se trouvaient dans le couloir de l'entreprise.
— Je savais bien que l'idée de la boite à idée était une bonne idée ! déclara Emily souriante qui capta après coup l'air d'incompréhension d'Anna. — Ne vous inquiétez pas c'est de famille…, la rassura la jeune fille en comprenant l'expression d'incompréhension de la jeune femme.
— Bon ! Une bonne chose de faite ! Thé ou café ? proposa Anna souriante.
— Thé ! C'est une bonne idée ! accepta jovialement Emily pour laisser les deux amoureux à leur expérience scientifique.
FIN*
Morale de l'histoire: Les idées stupides peuvent être les meilleures ! Et qu'avec Cal c'est Koh-Lanta tout les jours !
Cal: Loker j'ai décidé de vous viré et ma sentence est irrévocable !
Loker: Quoi ?!
Cal: Donnez moi votre stylo ! J'ai pas de flambeau sur moi ! C'est pour signer votre contrat de licenciement !
Gillian: Cal...
Cal: C'est de l'humour ! Rhoo... Ou peut-être pas...
— Cal…, soupira Gillian.
De retour d'un rendez-vous en ville, les deux experts en mensonge marchèrent activement dans les couloirs du Lightman Group et menèrent un débat contrasté depuis qu'ils avaient passé les portes principales de l'agence.
— Non, je n'ai rien à dire de plus que… c'est stupide ! répliqua-t-il avec des mouvements de ses mains.
— Je te signale que c'est une idée d'Emily !
— Et parce que c'est ma fille, elle n'aurait pas des idées stupides ? s'offusqua-t-il. Je te signale qu'elle détient aussi une partie de l'ADN de Zoe !
— Cal !
— Et oui Gillian ! Il faut être deux pour avoir des enfants !
— Tu…
La psychologue dû redoubler d'effort pour garder la même cadence que son collègue plus rapide que Seepdy Gonzales.
— Ou une petite contribution…, répliqua-t-il avec une petite moue de sa bouche.
— Arrête de…
— Enfin ça dépend…, dit-il d'un geste de la main, en marchant toujours à vive allure.
— Cal ! s'exclama-t-elle exaspérée.
Elle s'arrêta face à lui et plaça ses deux mains en avant pour l'immobiliser totalement.
— Tu veux bien m'écouter deux minutes !
Il écarta ses bras et s'offensa :
— Et tu crois que je faisais quoi jusqu'à présent ?
— Tu te faisais la conversation ! répliqua-t-elle hébétée.
— Je suis une personne très intéressante et la seule à pouvoir à me comprendre c'est moi ! Donc c'est normal que je parle avec… moi ! conclut-il, sa tête penchée sur le côté.
Gillian écarquilla ses yeux de stupeur, tourna sa tête de droite à gauche en signe de résignation et déclara avec sa plus grande maitrise de soi :
— Écoute… Je pense que c'est une très bonne idée pour l'entreprise…
— Si pour toi "bonne idée" signifie perdre son temps ! Alors oui c'est une bonne idée!
— Cal ! Arrête d'être si réfractaire !
— J'peux pas être réfractaire à une idée si je ne l'ai même pas cautionner ! réfuta-t-il avec des gestes de ses mains.
— Quoi…
Une expression d'incompréhension se figea sur le visage de la psychologue. Cal leva ses yeux au ciel, dépassa son amie et soupira :
— Et c'est pour ça que mon miroir est mon ami !
— Cal !
Elle courut rattraper l'expert en mensonge et emprisonna son bras pour l'obliger à rester sur place une seconde fois. — Tu sais autant que moi qu'en ce moment avec nos problèmes de budget et la crise… Nos employés ne sont plus vraiment motivés…
— Et quoi ? Il veulent que je leur donne des bonbons en chocolat ? Il paraît que ça a des effets antidépresseurs sur le cerveau !
— Cal…
— On dit aussi que cela a des effets aphrodisiaques…
Il resta momentanément songeur à ce fait.
— Je pense que…
— Mais si les employées sont trop décontractés et que ça a aussi des effets aphrodisiaques sur eux… L'entreprise se transformera en club échangiste ! s'exclama-t-il scandalisé par cette pensée.
Éberluée par son comportement, Gillian entreprit de l'interpeller plus fortement pour le raisonner et le faire revenir à la réalité : — CAL !
Il agrandit ses yeux de stupéfaction et s'offusqua:
— Attends… tu veux que Loker se ramène avec un fouet ?!
— Quoi ?!
Il la pointa du doigt et la prévint avec un air extrêmement sérieux:
— Tu m'entends Gillian ! Moi vivant jamais un mouton frisé ne dépassera cette porte avec une combinaison de Catwoman !
— Bon sang ! Est-ce que tu pourrais te taire et m'écouter deux minutes ! Ça serait trop te demander ? S'il te plait…
Face à l'expression plus qu'excédée de son amie, Cal ferma sa bouche et ne prononça plus aucun mot. Gillian comprit que c'était sa manière de lui signifier qu'elle avait toute son attention.
— Merci ! Donc comme je le disais… Je pense que c'est un bon moyen pour les employées d'évacuer leur stress…
Toujours dans son délire, Cal ne put s'empêcher de s'exclamer:
— Tu parles du club échangiste ?!
Exaspérée au plus au point, elle posa une main contre la bouche de son ami pour répliquer menaçante:
— Si tu parles encore une fois, je te promets qu'à la prochaine c'est moi qui me ramène avec un fouet ! Et crois-moi que je m'en servirais pour tout autre chose…
Cela tranquillisa Cal instantanément. Les yeux rond comme des soucoupes, il fixa silencieusement sa collègue toujours avec sa main collée contre sa bouche.
— Bien… Donc comme je le disais, je pense que l'idée d'Em' est excellente. Cela nous permettrait en tant que patron d'en savoir un peu plus sur leur attente de la société ! Comme ça nous pourrions, lors de réunion, améliorer quelques points ensemble. Et si nous améliorons le confort de nos employés, nous améliorons l'efficacité de l'entreprise et donc son rendement ! Tu comprends ?
Elle ôta enfin sa main de sa bouche, mais Cal resta plongé dans son mutisme.
— Cal ? s'inquiéta t-elle.
— S'cuse j'étais en train de t'imaginer tout en cuir ! Moi et mon esprit mal tourné…, bredouilla-t-il, d'un geste las de sa main. Il haussa ses sourcils, et demanda : — Tu disais ?
— Tu n'es pas possible…, soupira-t-elle, en levant ses yeux au ciel. Bon écoute… Je pense que la meilleure chose à faire pour le moment c'est que tu viennes avec moi pour le premier dépouillement, afin de voir le déroulement. Et si vraiment on voit que ce n'est pas une bonne idée, on arrêtera.
— Et quoi ? Tu veux aussi qu'on appelle Jeff Probs pour nous aider ? pesta-t-il.
— De quoi tu parles ?
— Non rien…
Elle ne comprendrait jamais son humour...
— Bon suis moi, ils nous attendent en salle de conférence !
— Aaah parce qu'en plus lorsqu'on doit faire ça, ils ne bossent pas ?! s'étrangla Cal.
— Cal…
— Ok ! Mais ça sera compris dans leur temps de pause !
Cal reprit sa folle course et s'aperçut que Gillian ne la suivait pas.
— Bah alors tu viens Catwoman ! scanda-t-il.
Elle soupira de sa bêtise pour la vingtième fois de la journée puis emboîta les pas de son collègue jusqu'au lieu de rassemblement. Cal entra en trombe dans la salle de conférence déjà remplie d'une vingtaine d'employés prêts à écouter la réunion qui allait se dérouler. Il se plaça avec désinvolture devant l'assemblée circonspecte par son entrée fracassante et s'exclama :
— Bon dépêchez-vous, parce que j'ai pas que ça à faire de jouer à "Survivor" !
— Cal…, soupira Gillian en se plaçant à ses côtés.
L'expert en mensonge plaça ses mains dans les poches de son jean et répliqua d'une voix aiguë :
— Quoi c'est vrai ?
La psychologue tourna son attention sur leurs employés et déclara:
— Avant de commencer, je voulais tous vous remercier d'être venus !
— Surtout en sachant que c'est compris dans votre temps de pause ! ajouta Cal. Je trouve que vous êtes des employés très compréhensifs pour une idée aussi stupide ! D'un côté, vous me direz si vous la suivez c'est qu'il y a bien une raison…
Il émit une moue de sa bouche et se balança d'avant en arrière avec ses pieds. Gillian se colla un peu plus à son ami et marmonna avec un sourire forcé devant les yeux interloqués de leurs employés :
— Cal tais-toi immédiatement…
— C'est toi qui m'a dit de venir…, répliqua-t-il avec le même sourire.
— Oui… mais crois moi que si tu continues avec tes remarques, je dirais à tout le monde ce que j'ai vu hier dans ton placard…
Cal se tut et sembla réfléchir sérieusement à ces paroles. Il évalua le sérieux de cette menace sur le visage de son amie et comprit qu'elle ne ne plaisantait pas. Après quelques secondes d'intense réflexion, il déclara joyeusement avec des grands gestes de ses bras:
— Que la fête commence !
— De pire en pire…, murmura Loker à Ria qui s'empêcha de rire.
— Alors comme je le disais merci d'être venu, reprit Gillian avec un sourire. Comme vous le savez, voilà une semaine que nous avons mit en place une boite à idée dans le service ! Celle-ci à été mise à disposition afin que vous puissiez tous mettre des remarques sur la manière de travailler, des idées d'améliorations, ou des appréciations… Cela nous permettra d'échanger nos points de vues et de contribuer ensemble à faire évoluer l'entreprise ! Hunter pouvez-vous me passer la boite je vous prie !
Elle se tourna vers un employé aux cheveux blond et désigna le dit objet sur la table de conférence. Pendant ce temps, Cal observa l'ensemble de ses employés, plissa ses yeux de suspicions et demanda à voix basse :
— Gillian, tu peux me dire pourquoi ils me regarde tous avec de grands sourires ?
— Je ne sais pas. Peut-être qu'ils sont tout simplement contents de cette idée et que tu sois là avec eux.
Il tourna son visage blasé en direction de sa collègue et jasa: — Très drôle ! Non sérieusement ?
— Arrête de voir le mal partout !
— Mouais…, fit-il, d'une petite moue de sa bouche. Gillian remercia Hunter, et récupéra la petite boite customisée par les soins d'Emily. Cal la contempla du coin de l'oeil et demanda avec une mine de dégout: — Elle n'est pas un peu trop rose ?
En effet, la boite en question avait été peinte d'un rose flashy avec inscrit avec des grosses lettres rouge "boite à idée". On ne pouvait pas la rater à 3km à la ronde…
— Vous-aimez ? C'est moi qui l'ai faite avec votre fille ! informa Hunter tout sourire. Cal lui lança un long regard appuyé. — Heu… Je vais… Me rassoir ! s'exécuta t-il sous l'air ahuri de son patron. Après cet intermède, Gillian joint ses mains et proclama jovialement:
— Bon ! Nous allons pouvoir commencer !
— Génial ! s'extasia Hunter en applaudissant. Il perçut les regards réprobateurs de ses collègues et reprit de manière plus timorée: — Enfin je veux dire… Allez y Dr Foster hum!
La psychologue ouvrit avec précaution la petite boite et découvrit avec stupéfaction un nombre important de papiers.
— Waah ! Et bien je suis heureuse de voir que tout le monde a pris l'idée avec enthousiasme !
Cal pencha sa tête sur le côté pour analyser les visages étrangement joyeux de ses employés et marmonna:
— J'sais pas pourquoi… Mais j'le sens pas du tout…
— Bien, nous allons demander à une main innocente de tirer le premier papier !
Gillian plaça la boite sous le nez de Cal. À ce geste, le patron entendit des ricanements et exigea:
— Le prochain qui rit, il comprendra la signification des mots : congé sans solde.
Un silence général s'empara de la salle.
— Aller pioche Cal ! ordonna son associée souriante.
— T'as de la chance que j'ai bu mon thé, bredouilla t-il. Il extirpa un papier de la boite, le déplia et plissa ses yeux à sa lecture. Toujours sans réponse, Gillian le sollicita avec impatience:
— Alors ? Qu'est-ce qui est marqué ?
— Mettre plus de chocolat dans le distributeur…, répondit t-il d'un air blasé.
— Ha..heu.. Et bien nous allons prendre en compte cette remarque et…, commença à dire Gillian, perplexe par cette idée, vite coupée par son ami.
— Et rien du tout ! On est dans une entreprise ici, pas dans un sex-shop ! Il froissa le papier et le jeta au sol devant les visages d'incompréhension de ses employés. — Enfin… je voulais dire dans un restaurant ! se rattrapa t-il avec des gestes de ses mains.
— Hum ! Nous allons passer à une autre idée ! Cal, dit-elle en lui désignant du regard de prendre un nouveau papier.
— Sérieusement ?! s'offusqua t-il de devoir jouer encore les cobayes de foire. La psychologue appuya son regard pour toute réponse. Cal soupira et prit un nouveau papier pour lire: — Peindre les murs en couleurs…
Tous les regards se tournèrent en direction d'Hunter massant son front de manière mécanique.
— Hunter…, marmonna Lightman entre ses dents.
— Hum… c'est juste que je trouve que l'entreprise est un peu trop austère à mon goût ! Donc je pensais que si on peignait les murs d'une autre couleur… La société serait plus chaleureuse ! s'expliqua le blond avec un sourire crispée.
— Et puis quoi encore ?! Vous vous croyez dans Extreme Makeover ?! s'agita Cal avec ses bras. Déjà qu'on arrive pas à payer du café à nos clients ! Vous croyez que j'vais m'amuser à claquer nos bénéfices dans la peinture ?!
— Heu je…en fait…, bafouilla Hunter perdu.
— Cal…, le tempéra Gillian. C'était juste une idée…
— Ouais bah ! C'est stupide, contra t-il d'un geste lasse de sa main.
— Hunter… Nous comprenons votre idée mais…
— Tu comprends ! rétorqua t-il.
— Je comprends votre idée…, reprit la psychologue d'un soupir. Mais malheureusement nous allons garder la peinture d'origine !
— Malheureusement ?! répéta Cal incrédule. Non mais on ne vit pas dans le monde des bisounours !
— Ça c'est sûr je dirais plus… 1984 de George Orwell…, marmonna un employé. Cal n'eut aucun mal à reconnaitre la voix masculine responsable de cette boutade et vociféra:
— La ferme Killian !
— Cal, s'il te plait…, souffla Gillian.
— Non mais c'est vrai ?! déclara t-il en piochant rageusement un autre papier. Incapable de décrypter l'écriture de ce chiffon, il essaya de séparer les mots en grimaçant à chacun d'eux:
— Avoir… des… Pro… filiation… Partitions…
Il abandonna et soupira en jetant le papier avec le précédent.
— Cal ! s'offusqua Gillian.
— Quoi ?! J'arrivais pas à le lire !
Elle soupira et récupéra le papier au sol pour lire :
— Avoir des promotions. Blasée, elle lança un regard de désolation à son ami faisant semblant de regarder ailleurs.
— C'est dingue de voir qu'il comprend que ce qu'il souhaite…, marmonna Eli d'un petit rictus en coin.
— Hey Loker ! Quand on ne sait pas écrire, on ne vole pas des stylos ! répliqua Lightman à l'homme à l'honnêteté radical alors qu'il avait immédiatement reconnu l'écriture de son employé. — Et ne me regarder pas comme ça ! Ce n'est pas moi qui ne sait pas écrire ! ajouta t-il après avoir vu le regard désappointé du brun sur sa personne.
— Hum… Donc pour répondre à la demande, reprit Gillian avec embarras, pour le moment nous ne pouvons pas vous accorder de promotion puisque l'entreprise subit en ce moment même des problèmes de budget…
— Comme depuis le jour où je suis arrivé ici. C'est à dire il y a 10 ans…, bredouilla Eli d'un air faussement pensif.
— Vous savez Loker ! Personne ne vous retient ! La porte est grande ouverte ! Je suis sûr que Rader sera ravi de faire votre berger ! proclama Cal avec de grands gestes de ses mains pour désigner la porte de sortie à son employé.
— Quoi ? fit le jeune homme perplexe.
— Hum ! toussota Gillian. Alors je sais que tout le monde voudrait un peu plus d'argent pour couvrir les frais et les fins de mois difficiles mais nous ne pouvons malheureusement pas vous donner plus que ce que nous vous offrons aujourd'hui…
— On comprend Gillian ! la rassura Ria avec un sourire. De toute façon si nous travaillons ici c'est plus par passion…
— Oui c'est sûr que ce n'est pas pour le patron…, chuchota Loker acerbe, son regard rivé au sol.
— Vous entendez ! J'entends comme des bêlements dans le couloir ! Je crois que ce sont vos semblables qui vous appelle Loker ! rétorqua Lightman en haussant ses sourcils.
— Vous avez dû mal entendre, comme d'habitude ! Vous commencer à vous faire vieux, vous devriez songer à acheter un sonotone !
— Pourquoi ? Vous avez quelque chose contre les sourds ? Vous savez que vos propos doivent être extrêmement blessant pour Sarah ?! rétorqua le patron d'un air faussement outré en désignant la jeune femme concernée assise à côté de Ria.
— Quoi ?! Mais non je…, bafouilla gêné le brun.
— Vous me décevez Loker…, soupira t-il avec un rictus méprisant. Se moquer des handicapés… franchement c'est moche…
— Ok ! déclara rapidement Gillian avec un sourire pour couper court à la discussion. — Passons à la prochaine idée ! signifia t-elle en présentant la boîte à son ami.
— Est-ce qu'au moins il y'a une idée de potable la dedans ?! demanda Lightman revêche avant de tirer un nouveau papier. — Arrêter d'être menacé de licenciement toutes les dix minutes…, lut-il avec une petite moue de sa bouche.
— Qu'est-ce que je disais ! Des idées stupides ! railla t-il en jetant à nouveau le papier par terre.
— Cal…, soupira Gillian d'un regard réprobateur. D'un hochement de tête, elle désigna à son ami le groupe d'employés mécontents de ne pas être pris au sérieux. Ne voyant pas ce qu'il avait fait de mal, il répliqua la bouche en coeur:
— Quoi ?
— Je pense que tu devrais leur dire qu'à partir de maintenant tu seras plus clément avec eux…, suggéra t-elle à voix basse.
— Mais je suis clément ! Rien qu'hier j'ai autorisé un dossier en police "Times" et non "Times new roman" ! Alors ne dis pas que je ne suis pas… compréhensif !
— Cal… le placard…
— Je vous promet que si vous faites votre boulot correctement, j'arrêterais de vous menacer ! affirma t-il avec un grand sourire idiot et des gestes théâtrale de ses mains.
— Cal !
— O—k ! Je serai plus… "gentil" ! concéda t-il avec des mouvements évasifs de ses mains comme si cela lui avait arraché une dent de devoir prononcer ses mots.
— C'est marrant mais j'ai comme dû mal a y croire…, murmura Loker à Ria.
— Tout le monde peut changer, répliqua sa collègue d'un haussement d'épaules.
— Tout le monde… sauf lui !
— Bon ça vous va comme résolution ou vous voulez aussi que j'arrête de fumer ?! quémanda ironiquement le patron.
— Tu fumes ?! l'interrogea Gillian plus scandalisée que surprise.
— Passons à la prochaine idée ! contra Cal avec un sourire béat en piochant un autre papier sous les yeux suspicieux de sa collègue. — Alors… voyons voir qu'elle autre fabuleuse idée est sortie de ces cerveaux de génies…, marmonna t-il entre ses dents lorsqu'une seconde plus tard son visage devint comme… enragé !
— Cal ? l'interpella Gillian inquiète alors qu'il lança un regard noir à la masse d'employé.
— Si je découvre celui qui a écrit ça… Croyez-moi qu'il priera pour qu'un jour il puisse revoir la lumière ! ragea Lightman le poing serré.
— Tu vois… Je t'avais bien dit que sa "bienveillance" ne durerait pas longtemps ! murmura Eli à Ria.
— Il a au moins battu son record ! répondit-elle sur le même ton. Eli ria mais s'arrêta bien vite lorsqu'il vit son patron s'approcher dangereusement en rageant:
— Et ça vous fait rire Loker ?!
Gillian posa rapidement une main contre son torse pour le repousser. Elle savait qu'un rien pouvait le sortir de ses gonds et l'envoyer au commissariat le plus proche.
— Hey ! Doucement Cal ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Cet abruti trouve que cette idée est amusante ! Et bah j'vais lui montrer que la mienne est encore plus drôle ! affirma t-il la mâchoire crispée en jetant un regard meurtrier à l'homme à l'honnêteté radical.
— Comment voulez-vous que je trouve l'idée amusante si vous ne l'avez même pas encore lu ?! riposta Eli incrédule.
Suite à cette réflexion, Cal ouvrit sa bouche, sembla réfléchir quelques secondes puis reprit sa place initial pour répondre bougon: — Mouais… Mais ça ne prouve pas que ce n'est pas vous l'auteur de ce chiffon ! Quoique depuis vos sorties à répétitions avec Hunter… Je ne sais plus que penser…, déclara t-il en mimant une expression d'intense réflexion.
Interloqué par ces prétendues allusions, Loker s'exclama:
— Mais de quoi est-ce que vous parler ?!
— Lis le papier Cal ! ordonna Gillian éreintée par son comportement.
— J'suis pas sûr que ça soit une bonne idée Honey…
— Cal !
— Ok ! Mais c'est toi qui l'auras voulu ! accepta t-il en positionnant ses deux mains en avant comme pour s'innocenter de ses futurs paroles. — Il est écrit que la patronne devrait mettre des robes plus souvent afin qu'on soit plus motivé pour travailler ! proclama t-il en observant les visages de ses employés. Les joues de Gillian étaient devenues cramoisies alors qu'elle avait tiré mécaniquement sur un pan de sa robe.
— Je trouve que c'est une excellente idée ! concéda un homme souriant dans la salle.
— Arthur ! Vous êtes viré ! répliqua Lightman en ayant entendu les paroles du rouquin.
— Quoi mais…?!
— Et vous aussi Killian ! ajouta le patron en pointant le brun d'un doigt inquisiteur.
— Pourquoi moi aussi ?! s'offusqua ce dernier.
— Parce que c'est vous l'auteur de cette idée stupide ! Quand j'lai lu, j'ai vu votre sourire de vainqueur et votre regard plus que déplacé sur ses jambes ! Donc Monsieur le Casanova et Spirou, vont tous les deux prendre leurs petites affaires et…
— Cal ! Il est hors de question qu'on les vires ! objecta vivement Gillian.
— Pourquoi ?! Moi j'trouve que c'est la meilleure idée qu'on ait eu pour le moment ! assura t-il avec des mouvements de ses mains pour expliquer ses propos. — Et surtout la plus utile, en sachant qu'on se débarrassera de deux abrutis avec en prime deux salaires en moins à payer ! J'appelle ça le tiercer gagnant !
— C'est sûr que c'était une idée…stupide… Mais à mon avis il voulait juste faire son malin… Tu connais Killian…, souffla t-elle d'un regard entendu avec son collègue.
— Mouais, n'empêche qu'il ne s'en sortira pas comme ça…, marmonna t-il en lançant un regard noir au concerné qui déglutit d'appréhension.
— Prends un nouveau papier…, conseilla t-elle.
— Mmh…, bredouilla t-il en continuant de fixer haineusement l'importun.
— S'il te plait !
— Ok, soupira t-il en piochant une nouvelle fois un papier pour lire: — Changer de patron…, Le visage furieux, Cal entendit quelques personnes glousser puis proclama: — Loker! On a dit qu'une idée à la fois !
— En fait, on n'a pas vraiment lister de limite d'idée Cal…, signifia son amie à voix basse.
— Ouais bah… Vous êtes viré ! répliqua t-il d'un geste lasse de sa main.
— Quoi ?! Mais pour quel motif ?! questionna contrarié le brun.
— Pour… humour déplacé !
— Dixit l'homme qui me traite de mouton frisé !
— Et sans prime ! ajouta t-il en le pointant du doigt.
— Mais…!
— Cal ! s'outragea la psychologue de ses méthodes pas vraiment orthodoxes.
— Ok ! j'prends un autre papier ! s'exclama t-il en faisant abstraction de la protestation de son amie pour tirer un nouveau billet et déclarer: — Pour le prochain budget prévisionnel, mettre en place de nouveaux objectifs et trouver d'autres investisseurs pour appuyer la demande.
— C'est une bonne idée ! confirma Gillian contente d'entendre enfin "une idée" concrète. — J'y avais déjà songé et en effet je pense que de nouveaux investisseurs pour notre entreprise, nous donnerais un peu plus de souffle ! C'est pour cela que j'ai contacté la société Keller&Co et…
Pendant qu'elle donnait son point de vue sur la question, Cal, trouvant cela peu intéressant pour ne pas dire barbant, fixa Killian d'un regard glacial. Ce dernier se sentant observé, changea par mécanisme de position corporel lorsqu'il remarqua perplexe son patron en train de regarder droit devant lui. L'employé fronça ses sourcils d'incompréhension à cet intérêt soudain. Il tourna sa tête sur le côté pour voir s'il n'y avait pas quelque chose en particulier qui pouvait le gêner mais ne voyant rien, il retourna son regard sur son patron et remarqua que celui-ci semblait toujours aussi captivé. C'est seulement après quelques secondes que le brun réalisa avec effarement que la cible fixée… c'était lui !
Déglutissant de peur, il comprit que son patron devait encore lui en vouloir pour son idée de génie… C'est mal à l'aise de cette pensée qu'il commença à laisser divaguer son regard dans la pièce bien que Lightman ne le lâcha toujours pas du regard. Bon sang s'il continuait de le fixer comme ça, il allait finir par exploser, c'était sûr ! Personne ne lui avait jeté un regard aussi meurtrier de toute sa vie ! Enfin à part Loker… Le jour où il lui avait par "mégarde" mangé tout ses bonbons en ours colorés… Loker ! s'écria t-il mentalement. Il ne voulait pas finir comme lui ! songea t-il effrayé. Et oui… le jour où l'homme à l'honnêteté radical s'était fait laminé par le patron pour avoir embrassé sa fille, avait fait l'objet de commérage et de raillerie pendant plus d'une semaine dans l'entreprise. Alors si son patron souhaitait le punir pour avoir lorgnée la femme qu'il… enfin son associée, il n'allait jamais sortir vivant d'ici ! Il imaginait déjà l'épitaphe de sa future tombe avec gravée sur celle-ci:-Ici gît Killian Mc Kell: L'homme aux idées stupides. Ps:-Ne pas lorgner sur "la femme" du Boss ! Seigneur aider-le ! supplia t-il en voyant l'expression de colère de son patron s'aggraver de seconde en seconde.
— Cal ? l'interpella pour la seconde fois Gillian alors que son ami ne réagissait pas à ses interpellations.
— …
— Cal ?!
— Hein quoi ? fit-il perturbé avec une petite moue de sa bouche afin de reprendre le dessus sur ses envies de meurtre.
— Je te disais qu'on avait fini de parler de l'idée des investisseurs. Tu peux prendre un autre papier.
— Ok... voyons s'il y'a une idée encore plus lumineuse que ça ! ironisa Lightman en tirant un nouveau papier. — Acheter plus de café et moins de thé. J'en ai marre de m'endormir sur mon bureau pour me réveiller brusquement une heure plus tard et courir au toilette pour faire la queue pendant 15 mn !
Il subsista une seconde de flottement. Cal plissa ses yeux de suspicion puis écarta ses bras de chaque côté de son corps pour déclarer désabusé: — Non sérieusement qui a écrit ça ?!
— En tout cas, la personne qui a écrit ça n'a pas tort…, approuva Jennifer qui était une employée de la société.
— Ouais, c'est vrai qu'ici on se croirait plus qu'en Angleterre qu'autre chose ! renchérit un homme mécontent, nommé Willy.
Elisa, une jeune femme aux cheveux ébène répliqua: — Moi je suis d'origine italienne et chez nous le café ça ne se loupe pas !
— C'est sûr que ça serait plus utile d'avoir une plus grande réserve de café que de thé ! Vu les nombres d'heures qu'on passe ici ! allégua un rouquin.
— Arthur a raison, surtout si on compte les heures supplémentaires qu'on fait sans être rémunéré ! approuva Sydney.
Éberlué par ces propos, Cal railla:
— Non mais tu les entends ! Regarde moi tous ces français ! Bientôt on va avoir le droit à une grève !
— Cal ! le sermonna Gillian.
— Quoi ?! rétorqua t-il d'un mouvement de sourcil.
— Avoues qu'on achète plus de thé qu'autre chose…
— Et alors ?! Le thé c'est bon pour la santé ! Tous les diététiciens te le dirons ! Ça a des vertus pour le corps et l'esprit! expliqua t-il avec des gestes de ses mains.
— Hein Jake ?! quémanda t-il en regardant subitement un jeune homme astatique surpris par cette soudaine attention.
— Il faut en boire combien de fois par jour pour avoir une chance d'obtenir un résultat potable ? Parce que là on attend toujours !
— La ferme Loker ! Retourner à votre chocolat chaud ! riposta acerbe le patron.
— Cappuccino ! rectifia Eli avec mépris.
— Mouais c'est pareille… boisson de femme…, dit-il avec sa moue habituelle.
— Cal ! s'offusqua encore son amie.
— Quoi ? C'est vrai ! Il y a plus de mousse que de café là-dedans ! argua t-il d'un geste vague de la main.
— Vu qu'il y'a une majorité de personne qui prend du café, je pense que pour la prochaine livraison il serait plus judicieux de doubler la commande ! clarifia sérieusement un homme noir dans l'assistance.
— Ah oui ? Parce que maintenant c'est vous le patron Devon ?! persiffla l'expert en mensonge. L'employé esquissa une expression de mépris en réponse.
— Et surveiller votre langage jeune homme ! ordonna t-il en captant la micro-expression. — De toute façon je suis le patron donc si vous voulez jouer à ça… Mes droits de vote sont égal à celui de la totalité des employés dans cette pièce et vu que Gillian est avec moi… Et bien si on fait le total… c'est le thé qui l'emporte ! contra t-il avec un grand sourire de vainqueur.
— Quoi ?! s'outragèrent les employés.
— God save the queen ! renchérit joyeusement le patron.
— Cal… Qui t'a dit que je serais de ton côté…, lui signala Gillian avec un regard interrogateur.
— Bah… J'sais pas… Parce que tu es mon associée et que… tu ne peux pas me résister ! répondit-il tout sourire.
Gillian soupira et rétorqua contre tout attente: — Sur ce coup là je rejoins les employés…
— Donc le café l'emporte ! s'enthousiasma Arthur par ce revirement de situation
— Deux minutes Spirou ! l'arrêta Cal d'un geste de la main afin de stopper net les ardeurs du rouquin se rembrunissant au surnom donné. — J'vous signale qu'il y a une autre personne qui est avec moi ! Donc vu que le total de mes droits de vote est égal à l'ensemble des employés, plus moi et l'autre personne… Encore une fois le thé l'emporte ! rectifia t-il d'un fin sourire.
— Même si votre calcul ne rime à rien…, jasa Loker, on peut savoir qui est la personne que vous incluez dans votre pseudo vote ?
— Bah Jake ! répondit Cal d'un ton sonnant l'évidence, en désignant le brun assis devant lui. Le concerné agrandit ses yeux comme des soucoupes et stipula offensé:
— Heu… Excuser moi Dr Lightman mais avec tout le respect que je vous dois… Ce n'est pas parce que j'ai des origines Japonaises que je me gave de thé toute la journée !
— Bah…
— Vous savez… je mange des hot-dog et des pizza comme tout le monde !
— Excuser moi Jake de vous avoir vexé ! Je ne savais pas que vous aviez besoin de renier vos origines pour ne pas vous sentir rejeté par votre groupe d'appartenance !
Lightman exprima une mine d'excuse en plaçant une main sur son torse afin de prouver sa bonne foi.
— Quoi ?! s'indigna Jake. Ce que vous venez de dire est un tantinet raciste non ?!
— J'vois pas pourquoi ! Moi j'vais pas me mettre à bouffer des croissants tous les matins pour faire plaisir à Gillian et honorer ses origines françaises ! Surtout pour sa mère…, termina t-il avec une nouvelle moue de sa bouche.
— Cal…, soupira Gillian fatiguée.
— Non mais c'est vrai… Un bon porridge ! Et là tu es parti pour 20 jours de jeun ! certifia t-il d'un geste énergique de sa main.
— Quoiqu'il en soit, je vote pour le café ! proclama Jake, en croisant ses bras contre son corps pour soutenir sa position.
— Donc si on fait le calcul… Tout le monde contre vous… Le café l'emporte ! déclara victorieux Eli devant le regard dégoûté de son patron.
— Exalter vous Loker… Mais ne venez pas pleurer le jour où votre tension artérielle chutera et qu'il n'y aura aucun médecin pour vous secourir !
— Quoi ?
— À part si bien entendu vous faites un pneumothorax ! Là je viendrais avec plaisir ! Il me faut juste un petit couteau, un briquet et une paille ! s'exclama t-il souriant.
À cette information plus qu'étrange toutes les personnes présentent dans la pièce lancèrent des regards circonspects à l'expert en mensonge arborant un joyeux sourire.
— Vous inquiétez pas ! J'ai regardé Scrubs comme tout le monde ! les rassura t-il avec un geste de la main dans leur direction.
— De toute façon le problème est réglé ! À la prochaine livraison on double la commande de café ! confirma Gillian sous les soupirs de soulagement des employés.
— Et après on dit qu'on a des problèmes de fric…, marmonna Cal en prenant un autre papier pour lire à voix haute : — Avoir plus de stylo…
L'expert en mensonge leva ses sourcils de surprise et répliqua: — Ce n'est pas avec moi qu'il faut voir ça ! Loker…, dit-il en indiquant au brun de venir le rejoindre.
— Arrêter avec cette histoire ! Je ne vous ai pris qu'un stylo ! se défendit Eli d'être toujours accusé pour le moindre prétexte.
— Et il était unique ! rétorqua Lightman, un index en l'air.
— N'importe quoi ! Vous savez très bien que c'était un stylo lambda et de toute façon je vous l'ai rendu !
— Ouais mais il était tout mâchonné !
— Ça, ce n'est pas de ma faute ! C'est vous et votre fâcheuse tendance à vouloir dé-stressé avec tout ce qui vous tombe sous la main ! Comme crier sur vos employés par exemple !
En accord avec les dires de Loker, tous les employés regardèrent avec insistance leur patron qui pinça ses lèvres en se balançant d'avant en arrière avec ses pieds.
— J'vois pas en quoi c'est dérangeant ! C'est une méthode de travail comme une autre ! réfuta t-il innocemment.
— On n'est pas à l'armée ici ! s'exclama Eli ahuri.
— C'est sûr que si vous y étiez… Ça fait longtemps que vous auriez couru rejoindre les jupes de votre mère.
— Cal ! l'arrêta Gillian avec des yeux ronds alors que Loker grommela sa frustration. Reprenant contenance, elle déclara: — Pour les stylos…Et bien… on fera en sorte d'en avoir plus !
— Et mettez les sous coffre-fort la prochaine fois ! C'est ce que j'ai fait moi ! attesta Cal, les sourcils levés.
— Et en ce qui concerne les méthodes…
— De tyran ! termina Loker pour Gillian.
— Ne prenez pas trop vos aises Eli… Ce n'est pas un conseil de famille, il y a des répercussions après la petite causette…, menaça Cal avec un regard en biais destiné Killian qui dégluti d'appréhension.
— On promettra d'être plus…souple ! garantit-elle d'un léger sourire.
— Ouais et bien si c'est comme pour le fait d'être plus clément je crains le pire !
— Ne vous inquiétez pas Devon, le pire vous ne l'avez pas encore connu croyez moi…, argua Lightman sur un ton énigmatique. Ce qui eu pour effet de faire dilater les pupilles de peur du jeune homme.
— Bon passons à une autre idée ! proclama faussement joyeuse la psychologue. Cal ne lâcha pas du regard Devon et prit un papier pour lire entre ses dents:
— Que le Dr Lightman arrête de revenir avec le visage défiguré, au moins pour l'image de la clientèle… Aaah c'est fou comme on se sent aimé dans cette entreprise ! Cet esprit de famille, si chaleureuse ! Non vraiment ! Je me demande même pourquoi Emily me demande sans cesse pourquoi on ne fête pas plus Noël ici ! déclara t-il sarcastiquement avec un faux sourire.
— Parce que vous trouvez ça stupide et que vous ne voyez pas l'intérêt de claquer 200 dollars dans un arbre mort ! répondit tout naturellement Willy.
— Pas faux ! approuva t-il devant l'air blasé de son associée. Quoi c'est vrai ?! Autant acheter un Bonsaï dans ces cas-là ! Hein Jake ?!
— J'abandonne…, soupira le brun en croisant ses bras sur la table pour reposer sa tête de dépit.
Cal pencha sa tête sur le côté pour observer le visage épuisé de son employé et souffla: — J'connais quelqu'un qui aurait besoin d'un bon thé…
— Cal… Il est vrai que tu reviens souvent avec des blessures au bureau…, fit remarquer Gillian quelque peu irritée par ce fait persistant.
— Ça s'appelle les risques du métier ! s'amusa t-il.
Contrariée qu'il ne prenne pas cela plus au sérieux, elle rétorqua:
— Je te rappelle qu'on est psychologue pas agent de police ou je ne sais quoi !
— Je cherche la vérité ! Et vu qu'elle ne plait pas à tout le monde et bah… parfois il y a des petites complications… Et tu sais ce qu'on dit il n'y a que la vérité qui blesse…, se justifia t-il avec des gestes vagues de ses mains.
— Des petites complications ?! répéta t-elle incrédule. — Comme là fois où tu es revenu en sang pour t'être entrainé dans une affaire de banditisme ?!
— J'ai eu quelques bleus et alors…
— Ah ? Parce qu'une côte cassée c'est normal ? Tout va bien pour toi ?!
— J'ai eu pire crois moi !
— Et ça devrais me rassurer ?
— Heu… oui !
— Parfois j'aimerais que tu arrêtes de prendre des risques démesurés, si ça ne serait pas trop te demander !
— Le Dr Foster n'a pas tort ! renchérit Henry.
— Ouais c'est vrai ! approuva Killian. On ne sait jamais la prochaine fois que vous reviendrez !
— On s'est même fait des paris sur l'état de vos retours au Lightman Group ! révéla Arthur.
— Michael s'est fait 300 dollars depuis ! annonça Jennifer hébétée.
— 450 en fait…, rectifia le dénommé Michael avec une mine désolée.
— Ouais bref ! On aimerait que vous soyez plus… prudent ! Avant de devoir vous rendre visite, la gueule cassée, à l'hôpital ! Parce que là c'est sûr qu'à la longue le thé sera la seule boisson que vous pourrez avaler ! prévint Devon.
— Bien que ça me coûte toute mon estime de devoir dire ça…, grimaça Loker. Mais ils n'ont pas tort Dr Lightman… Vous prenez trop de risque et souvent au péril de votre propre vie. Surtout qu'en général vous la jouer plutôt solo alors pour couvrir vos arrières c'est un peu compliqué.
— Eli a raison ! dit Jake. Dieu sait comment on vous retrouvera la prochaine fois si vous nous dites pas vos plans à l'avance !
— Et on ne dit pas ça que pour le bien de votre fille ou de Gillian…, stipula Hunter alors que sa patronne gênée venait de baisser sa tête. — Mais parce qu'on tient aussi à vous.
À l'écoute de ces paroles, Cal observa muet les visages inquiets de ses employés et songea qu'au fond ils pouvaient être les employés aux idées les plus stupides qui puissent exister… Mais que c'étaient ses employés à "lui "! Et à Gillian bien évidement hum… Et ça, il ne les échangeraient pour rien au monde…
— Écoutez…, commença à dire l'expert en mensonge en passant mal à l'aise une main dans les cheveux. — Je sais que parfois je me montre un peu trop impulsif et que… ça puisse vous inquiétez… hum… Mais j'essaierai de faire plus attention…
— Mouais… c'est qu'on tient à nos chèques nous ! ajouta Arthur pour détendre l'ambiance alors qu'il avait senti l'embarras de leur patron face à l'attention qu'on lui portait. Ce qui bien évidement ne manqua pas de faire rire toute la salle et d'émettre un soupir rieur à Lightman.
— Le tyran a tout de même ses fans…, souffla rieuse Gillian à Cal en lui tendant la boite.
— Mouais…, dit-il avec un léger sourire. Il prit un autre papier lorsque son visage prit se décomposa pour une expression des plus embarrassée.
— Alors ? demanda Gillian.
— Bah…
— Et bien quoi ? Lis-le.
— J'pense pas que…
— Ça ne peut pas être pire que celui de Killian…
Cal ne répondit pas. Il racla sa gorge et s'apprêta à jeter le papier mais Gillian plus rapide le lui arracha des mains. L'homme dériva après coup son regard sur le sol. Elle fronça ses sourcils d'incompréhension et lut mécaniquement:
— Que le Dr Lightman et Foster s'avouent enfin la vérité sur leur sentiment pour qu'on puisse enfin travailler normalement !
La psychologue se pétrifia. Elle s'attendait à tout sauf à ça ! Perturbée, elle ouvrit sa bouche à plusieurs reprises et bafouilla: — Je…hurm…c'est…
— Je trouve que c'est la meilleure idée qu'on ait eu jusqu'à présent ! déclara Jennifer alors que tous les autres employés approuvèrent avec vigueur.
— Passons à une autre idée ! proclama subitement Cal en prenant un nouveau mot. — Que Foster et Lightman s'embrasse pour que cette tension sexuelle s'arrête! Mais c'est quoi ce bordel…, ragea t-il tandis que le visage de Gillian semblait avoir prit une couleur tomate. — Que Lightman demande en mariage Foster ! lut-il sur un autre papier pour le jeter tout aussitôt et prendre le suivant. - Lightman et Foster en couple ! - Que Lightman prend enfin les devants et avoue ses sentiments à Gillian. - Payer une chambre d'hôtel aux patrons ! - Que ma glace arrête de fondre quand Lightman et Foster sont dans la même pièce, je ne peux plus manger de sorbet ! Et j'en ai marre des Haagen Daz ! - Vive Callian ! - Que la vérité éclate au grand jour et que le grand amour soit révélé entre deux âmes aveugles…, lut-il interloqué alors qu'Hunter, souriant, semblait chuchoter les mêmes paroles que lui au même instant. - Que Foster et Lightman fassent des séances de psychanalyse pour qu'ils se rendent compte de leur sentiment. - Lightman et Foster en couple. - Lightman et Gillian en couple. - Que Lightman arrête de fixer les fesses de la patronne et qu'il fasse le premier pas pour les…, Cal ne put même pas lire la fin de l'idée, trouvant celle-ci un peu trop déplacée, mais crispa simplement sa mâchoire en prenant d'autres papiers. - Des bébés Foster et Lightman.
- Lightman et Gillian ensemble - Je trouve cette boite à idée stupide. - Lightman et Foster en couple. - Viré Loker et Lightman-Foster en couple. - Gillian et Cal en couple…, continua t-il de lire effaré en remarquant que le reste des papiers indiquaient la même idée avec des écritures différentes. Muet de stupeur, il lança un regard déboussolé à son associée qui était en train de se masser honteusement son front. Le regard noir, il fixa l'assistance arborant de grand sourire. Ce qui énerva au plus au point le patron qui vociféra: — On peut savoir c'est quoi que ce bor…!
Cal ne pu dire un mot de plus que Killian répliqua: — Avant que vous ne disiez quoique ce soit, je pense que c'est plutôt à nous de vous dire ce que l'on pense !
— Killian a raison ! renchérit Arthur. Parce qu'en somme, le réel problème dans cette société ce n'est pas le fait que vous soyez un patron tyrannique, que cette société est toujours en crise, qu'on risque d'être viré dans deux minutes, qu'un de ces quatre on va vous récupérer en sang ou qu'on doit faire la révolution du café ! Non ! Le gros problème ici…c'est vous deux ! affirma t-il en désignant ses deux patrons d'un va et vient.
— C'est vrai ! clamèrent en choeur les employés.
— On a l'impression qu'il n'y a que vous qui vous ne vous en rendez pas compte ! Pourtant c'est vous les pros du mensonge dans cette entreprise ! Et vous n'arrivez même pas à voir que vous êtes fou l'un de l'autre ! constata Jennifer blasée.
— Quoif'…, failli s'étouffer Cal par ces propos.
— Le problème, c'est que cela entraine des répercussions au boulot ! rajouta Jake.
— Ouais ! Rien que l'autre jour je devais étudier une vidéo d'un suspect mais vu que celui-ci n'arrêtait pas de draguer le Dr Foster durant toute l'entrevue, le Dr Lightman n'a pas pu s'empêcher d'interférer dans l'interrogatoire ! Ce qui a fait que les seuls émotions que j'ai pu décrypter c'était de la peur ! conta Devon désabusé.
— Et moi j'en ai marre que Lightman m'embauche pour surveiller les fréquentations de Gillian ! Ça fait deux week-end de suite que je ne peux pas aller à la piscine ! râla Killian alors que la psychologue, choquée par cet aveu, jeta un regard meurtrier à son ami.
— Ne me regarde pas comme ça…, bredouilla ce dernier, le regard divaguant.
— Et moi que Gillian lance des regards envieux sur Lightman, plus précisément sur ses lèvres ! Cela la déstabilise complètement et après on ne peut même plus travailler correctement ! avoua Sydney excédée.
— Des regards envieux ?! répéta interloqué l'expert en mensonge en voyant sa collègue poser une main sur son front. Gênée à l'extrême, la psychologue sentit une vive chaleur monter à ses joues.
— Et que Lightman nous menace de manière déguisée à chaque fois qu'on regarde ou qu'on ose parler au Dr Foster ! proclama Arthur mécontent.
— Des menaces ?! dit Gillian hébétée en fixant Cal qui émit une petite moue de sa bouche pour serrer ses dents.
— Je… c'est pas…, tenta t-il de s'expliquer.
— Conclusion… si on doit travailler dans des bonnes conditions, il serait temps que vous vous avouez la vérité ! affirma Jake avec sérieux.
— Ouais ! déclarèrent tous les employés.
— Sinon on fait la grève ! menaça Killian avant de rectifier apeuré devant le regard noir de son patron: — Du thé !
— Si dans une minute vous n'êtes pas tous partis vous remettre au boulot…, prévint Lightman entre ses dents.
— On est viré ?
— Aaah ! C'est la meilleure idée que j'ai entendu aujourd'hui de votre bouche Killian !
— On apprend des meilleurs ! répliqua t-il tout sourire.
— SORTEZ ! hurla t-il en désignant la sortie. À l'ordre hurlé, tous les employés bougonnèrent et trainèrent des pieds jusqu'à la porte en question.
— La bonne idée aurait été de ne jamais avoir eu l'idée de faire cette boite ! marmonna Arthur dépité.
— Je sais pas pourquoi mais je savais qu'il allait le prendre mal…, dit Killian d'un air songeur.
— Non tu crois ?! s'exclama Jennifer d'un ton ironique.
— 10 secondes ! cria Cal ce qui fit étrangement sortir tout les employés d'un seul coup de la pièce. Les deux patrons seuls, Cal se passa une main lasse dans les cheveux alors que Gillian croisa ses bras contre son ventre, en pinçant ses lèvres, pour se mettre à fixer un point visible sur le sol. Un petit silence d'embarras plus tard, elle s'éclaircit la voix et déclara sans y croire:
— Ça s'est plutôt bien passé finalement…
— Tu trouves ?! demanda t-il interloqué.
— Franchement Cal… Les connaissant je m'attendais à pire !
— Mouais pas faux…
Gillian se pencha en avant afin de ramasser un par un tous les petits papiers jetés précédemment par terre. Profitant de sa position, Cal put observer à loisir le bas des reins de sa collègue avec un sourire narquois placardé sur ses lèvres.
— C'est vrai qu'il y avait de bonnes idées…, affirma t-il d'une voix mielleuse en se pinçant la lèvre inférieure.
— Desquelles tu parles ? l'interrogea t-elle intriguée en tournant sa tête sur le côté pour apercevoir blasé le regard langoureux que portait son ami sur une certaine partie de son corps. — Je vois… Arrête Cal ! Et aide moi plutôt à ramasser ce que tu as fais tombé !
— Et on me traite de patron tyrannique ?!
Gillian leva ses yeux au ciel et se remit à la tâche avec l'aide de son ami. Ils terminèrent celle-ci en peu de temps lorsque Cal, les deux mains dans les poches de son jean, allégua d'un ton mystérieux:
— Je trouve qu'il y'a quand même une idée en particulier qui m'a le plus attirée…
— Oui, je pense que trouver de nouveaux objectifs pour les investisseurs, soit aussi une bonne idée ! Tu sais, je pense qu'on pourrait…
— Bien que cela soit une "bonne idée" honey ! Je pensais plus à une toute autre chose…, suggéra t-il, d'un pas en avant pour se placer à quelques centimètre d'elle. Il pencha sa tête sur le côté en arborant un petit sourire séducteur. Il ancra son regard dans celui intrigué de sa collègue qui demanda:
— Ah oui et à laquelle ?
— À celle que tu envie au point d'en être déstabilisée !
Les joues de la psychologue venaient encore de prendre une jolie teinte rosée.
— Hum… Je ne vois pas de quoi tu parles…, marmonna t-elle gênée, en se passant une mèche de cheveux derrière son oreille. Cal émit un large sourire en songeant qu'il adorait la voir embarrassée. Il lui présenta un bout de papier et demanda:
— Et ça ? Ça t'aide ?
— Ah ça ! dit-elle, d'un ton feignant l'innocence.
— Alors ? Bonne idée ou pas ? l'interrogea t-il implicitement d'un va et vient du regard entre ses yeux et l'objet de ses désirs. Elle sentit le souffle chaud de son ami à quelques centimètres de son visage et bafouilla:
— C'est à dire que…
— Alors ? réitéra t-il impatient avec un sourire charmeur.
— Et bien je ne sais pas… Il faudrait que je la teste afin de voir si elle est bonne ou non…, dit-elle quelque peu hypnotisée par son regard langoureux.
— Un bon scientifique à le devoir de tout vérifier…
Il approcha lentement son visage du sien et captura avec lenteur ses lèvres sans aucun recul de la part de sa partenaire. Bien que la sensation d'embrasser sa meilleure amie était "presque" nouvelle, cela lui parut étrangement tout à fait naturel. Au point même qu'il voulu pousser plus loin l'échange en passant le barrage de ses dents à l'aide de sa langue. C'est avec une main contre sa joue et l'autre sur sa taille qu'il décida d'y approfondir son baiser. Devenant de plus en plus passionné, Gillian ne put s'empêcher d'y laisser un gémissement de plaisir s'échapper de ses lèvres. Cal sourit contre ses lèvres lorsqu'elle passa ses deux bras autour de son cou puis en profita pour entourer sa taille des siens. Enfermés dans leur bulle, les deux experts en mensonge ne remarquèrent même pas la présence voyeuriste de leurs employés derrière la vitre de la salle de réunion. Tout d'un coup un vacarme assourdissant les stoppa à regret dans leur activité. Cal tourna sa tête en direction du bruit et découvrit avec surprise la masse d'employée crier et siffler leur joie de l'autre côté de la salle.
— Ok… je vois…, soupira t-il alors que Gillian ria contre son cou.
— Les bonnes idées sont parfois à partager…, souffla t-elle dans ses bras.
— Mouais… Sauf que sur ce coup là je ne suis pas très partageur…, répliqua t-il en l'embrassant furtivement avant de se tourner vers ses employés. Sans un mot, il hissa sa main en l'air et leva un doigt à chaque seconde.
— Mais qu'est-ce qu'il fait ? marmonna Devon en applaudissant toujours avec le reste de ses collègues.
— J'sais pas… Je crois qu'il fait une sorte de décompte…, répondit Hunter en fronçant ses sourcils.
— Un décompte pour quoi ? demanda Jennifer perplexe.
— De…, commença à dire Sydney vite coupée par un cri.
— LICENCIEMEEENT ! cria Killian apeuré alors qu'il poussa tout le monde sur son passage pour courir comme un dingue dans le couloir. Sur ses talons, Arthur s'écria:— Chacun pour soi !
— J'ai mon loyer à payer ! Poussez vous ! proclama Loker en écartant ses collègues.
— Je ne veux pas encore manger un mois de pâte ! Dégageeez ! hurla Devon en courant.
— Je vois que les femmes et les enfants d'abord c'est plus ce que c'était…, soupira Jennifer en marchant tranquillement avec les autres filles de l'entreprise qui éclatèrent de rire. Du côté de la salle de conférence, Cal émit un fin sourire en coin pour faire face à une Gillian rieuse.
— Bien joué, s'amusa t-elle.
— Merci ! déclara t-il, en l'enveloppant de ses bras. Tu vois qu'être un patron tyrannique cela a des avantages…
— Je vois ça…, souffla t-elle en regardant avec envie ses lèvres tentatrices. Il remarqua son regard scrutateur et demanda:
— Un problème ?
— Non… Je me demandais juste, si je pouvais tester cette idée de s'embrasser pour baisser la tension sexuelle entre nous afin de voir si elle fonctionne vraiment…
— Tu peux la tester autant de fois que tu veux honey…, certifia t-il sur un ton enjôleur en caressant ses lèvres avec les siennes. — On pourra même tester l'idée de la chambre d'hôtel après ça…
Elle ria et Cal en profita pour capturer ses lèvres afin d'échanger un baiser des plus langoureux sous les regards enjoués d'Emily et d'Anna qui se trouvaient dans le couloir de l'entreprise.
— Je savais bien que l'idée de la boite à idée était une bonne idée ! déclara Emily souriante qui capta après coup l'air d'incompréhension d'Anna. — Ne vous inquiétez pas c'est de famille…, la rassura la jeune fille en comprenant l'expression d'incompréhension de la jeune femme.
— Bon ! Une bonne chose de faite ! Thé ou café ? proposa Anna souriante.
— Thé ! C'est une bonne idée ! accepta jovialement Emily pour laisser les deux amoureux à leur expérience scientifique.
FIN*
Morale de l'histoire: Les idées stupides peuvent être les meilleures ! Et qu'avec Cal c'est Koh-Lanta tout les jours !
Cal: Loker j'ai décidé de vous viré et ma sentence est irrévocable !
Loker: Quoi ?!
Cal: Donnez moi votre stylo ! J'ai pas de flambeau sur moi ! C'est pour signer votre contrat de licenciement !
Gillian: Cal...
Cal: C'est de l'humour ! Rhoo... Ou peut-être pas...