CHAPITRE 4 : DÉCHÉANCE
Un air furieux sur le visage, Cal marchait d'un pas précipité dans les couloirs du Lightman Group et passa devant Morgan sans pour autant la remarquer. Elle l'appella mais celui-ci ne fit nullement attention à la jeune femme et poursuivit sa marche jusqu'à sortir du bâtiment. Désormais à l'extérieur, l'expert en mensonge continua sa course effrénée puis fut soudainement arrêté par Morgan qui déclara avec un air inquiet sur le visage : « Cal bon sang ! Tu ne m'as pas entendu ? Ni vu d'ailleurs...
— Laisse-moi, j'ai besoin... j'ai besoin d'être seul » dit-il en se détournant de la journaliste afin de continuer sa route. Interloquée, elle cria son nom pour le faire revenir, mais cela n'eut aucun effet. L'expert en mensonge fila droit devant lui et disparut à l'angle d'une rue.
Cal déambula pendant plusieurs heures dans les rues de Washington. Il avait d'abord traînassé dans le bar d'un ami se nommant Charlie pour en sortir une heure plus tard quelque peu éméché. Sous la pluie, il s'était mis à chanceler dans la pénombre de la nuit en tentant avec peine de retrouver le chemin de sa maison. Il retrouva enfin sa maison et entra dans celle-ci avec difficulté. Il manqua presque de trébucher sur son perron puis tituba jusqu'à son salon. Tel un automate, il se déplaça vers un buffet où était entreposé diverses photos de lui et de sa fille Emily. Il les contempla puis attrapa un cadre qui ne ressemblait à aucun autre. Il l'emporta avec lui et s'installa lourdement dans un fauteuil. Il fixa longuement le cliché puis sentit un vif sentiment d'amertume l'envahir. D'un geste de rage, il jeta celui-ci à travers la pièce. Suite au choc, le verre du support se brisa en mille morceaux. Il cracha un juron et prit sa tête entre ses mains. Pourquoi ce genre de chose n'arrivait qu'à lui ? Pourquoi avait-il fallu qu'il rencontre cette femme ? Pourquoi avait-il fallu qu'ils dépassent cette ligne... Harassé, il se leva pour s'allonger sur son canapé et tenter de retrouver un semblant de sérénité.
Les heures défilèrent et le soleil se leva enfin sur la ville. Dormant toujours à point fermé, Cal ne s'aperçut même pas qu'une personne se baladait dans son domicile. Elle se déplaça dans le salon lorsque le cadre photo brisé au sol attira son attention. Elle se pencha pour le prendre et fit tomber quelques morceaux de verre sur le parquet. Elle examina la photo de plus près et fronça ses sourcils en soufflant de manière interrogative: « Que s'est-il passé ici...»
À ces mots presque murmurés, Cal gigota sur le canapé et émit un léger grognement en sentant son dos craqué en raison de la mauvaise position qu'il avait gardé toute la nuit. Il ouvrit un premier œil et tomba surpris sur le visage d'une jeune fille penchée au-dessus du sien.
« Em' ? s'étonna Cal d'une voix épuisée.
— Bien dormis ? demanda l'adolescente, les deux poings sur les hanches.
Cal gémit à nouveau, se redressa et passa une main sur son visage comme pour tenter d'effacer son mal de tête de la veille.
« Tu es seul ? Morgan n'est pas avec toi ?
— Non...
— T'as bu hier soir ou quoi ?
— J'ai... J'ai pris un ou deux verres c'est tout. Ne t'inquiète pas Em'.
— D'après la tête que tu as, je dirais que tu as dû boire plus de six verres ! Pour ne pas dire une bouteille entière ! Et deuxièmement, c'est normal que je m'inquiète, car au cas où l'alcool a un effet amnésique sur toi, je suis ta fille !
— Je ne risque pas de l'oublier, vu comment tu hurles, soupira-t-il en massant son crâne meurtri.
— Et c'est moi qui devrait être l'adolescente irresponsable, lança-t-elle exaspérée en levant ses yeux au ciel. « Au fait, tu peux me dire pourquoi je viens de retrouver une photo de toi et de Gillian de Thanksgiving par terre ?»
Cal regarda le cadre brisé entre les mains de sa fille, se leva d'un bond du canapé pour récupérer l'objet et le ranger sans un mot dans le tiroir d'un meuble.
« Tu ne devrais pas être chez ta mère toi ? »
Emily le regarda faire mais n'avait rien répliqué en songeant qu'il ne fallait pas trop brusquer son père, au risque de le voir se renfermer complètement sur lui-même.
« Tu sais que lors de votre divorce, maman et toi vous aviez établi une garde partagée?
— Aah c'est vrai...on est mercredi...
— L'alcool fait cet effet parfois ! ironisa la jeune fille en voyant son père lui lancer un regard noir.
— Tu veux manger un truc ? lui proposa Cal, en se dirigeant dans la cuisine.
— Non c'est bon, j'ai déjà pris un petit dej' chez maman. »
Elle rejoignit son père qui était en train de se préparer du café, s'installa autour de l'îlot central et ajouta inquiète : « Tu vas bien papa ?
— Oui, pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? demanda-t-il en versant du liquide chaud dans une tasse.
— Tu viens de te préparer du café !
— Et alors ? fit-il, en buvant une gorgée du liquide noir.
— Non, laisse tomber... Alors, Morgan n'est pas là aujourd'hui ? demanda-t-elle de manière détachée.
— Non.
— Et ça va toujours entre vous ?
— Em'... soupira-t-il sur un ton réprobateur.
— Quoi ? Je m'intéresse à ta vie c'est tout ! Tu sais, la base d'une relation entre parent et enfant c'est avant tout le dialogue!
— Tu devrais arrêter de regarder Oprah à la télé...
— Et toi tu devrais arrêter de dévier mes questions ! Tu vois tout le monde ne fait pas ce que l'autre veut !
Cal tourna sa tête de droite à gauche puis son portable se mit à sonner. Il sortit l'objet de sa poche et le plaça contre son oreille.
« Lightman, dit-il en écoutant les paroles de son interlocuteur tout en buvant une autre gorgée de son café. Allez avec Eli voir Mme Simmons et poser lui des questions sur ce que vous avez vu sur la vidéo... ...Oui j'arriverai dans une heure... ...Vous avez pris le rendez-vous avec M. Davis comme je vous l'avais demandé ?... ...Bien, parfait merci.»
La conversation finie, il rangea son portable, prit sa tasse de café pour la boire cul sec et dit : « Em' j'vais partir au boulot, donc s'il y a un problème tu m'appelles !
— Ça fonctionne aussi dans les deux sens, souffla-t-elle alors que son père l'embrassa affectueusement dans ses cheveux. Cal sortit de la cuisine et monta se préparer à l'étage pour se rendre au travail.
Après le coup de file à leur patron, Eli et Ria s'étaient rendus sur le lieu de travail de Mme Simmons pour un interrogatoire improvisé. Les deux employés patientèrent un long moment au pied d'un immeuble jusqu'au moment où Torres s'exclama : « Eli ! C'est elle ! »
La brune pointa du doigt Judith qui s'apprêtait à entrer dans le bâtiment.
« Mme Simmons ! Excusez nous ! clama Ria en se plaçant devant elle. Bonjour je m'appelle Ria Torres et voici mon collègue Eli Loker ! » Le jeune homme émit un léger sourire en guise de salutation. « Nous travaillons pour le Lightman Group sur l'enquête Davis.
— J'ai déjà répondu à toutes vos questions, donc si vous le voulez bien j'aimerais aller travailler.
— Nous en avons de nouvelles. Cela ne prendra pas plus de cinq minutes.
— Bien, allez y...
— Quand nous vous avons parlé de M. Davis en vous disant qu'il ne laissait pas indifférent les femmes vous avez eu une expression de dégoût. Et lorsqu'on vous a parlé de votre promotion vous avez ressenti de la colère.
— Et alors ? fit Simmons sur la défensive.
— Ce n'est pas un peu paradoxal pour une personne qui semble idolâtrer son patron, releva Eli en plaçant ses mains dans les poches de sa veste.
— Pourquoi avoir ressenti du dégoût pour cet homme ? demanda à son tour Ria intriguée.
— Je n'ai rien à vous dire.
— On peut vous emmenez chez le FBI si vous préférez, proposa Loker.
— Écoutez... Ce n'est pas le genre de chose que je pourrais dire ici... » signala Judith en regardant inquiète ses collègues qui passaient devant eux pour rentrer dans l'enceinte de l'entreprise. « Pourrait-on parler de cela ailleurs ? »
Eli et Ria se concertèrent du regard puis hochèrent positivement leur tête.
À SUIVRE...
— Laisse-moi, j'ai besoin... j'ai besoin d'être seul » dit-il en se détournant de la journaliste afin de continuer sa route. Interloquée, elle cria son nom pour le faire revenir, mais cela n'eut aucun effet. L'expert en mensonge fila droit devant lui et disparut à l'angle d'une rue.
Cal déambula pendant plusieurs heures dans les rues de Washington. Il avait d'abord traînassé dans le bar d'un ami se nommant Charlie pour en sortir une heure plus tard quelque peu éméché. Sous la pluie, il s'était mis à chanceler dans la pénombre de la nuit en tentant avec peine de retrouver le chemin de sa maison. Il retrouva enfin sa maison et entra dans celle-ci avec difficulté. Il manqua presque de trébucher sur son perron puis tituba jusqu'à son salon. Tel un automate, il se déplaça vers un buffet où était entreposé diverses photos de lui et de sa fille Emily. Il les contempla puis attrapa un cadre qui ne ressemblait à aucun autre. Il l'emporta avec lui et s'installa lourdement dans un fauteuil. Il fixa longuement le cliché puis sentit un vif sentiment d'amertume l'envahir. D'un geste de rage, il jeta celui-ci à travers la pièce. Suite au choc, le verre du support se brisa en mille morceaux. Il cracha un juron et prit sa tête entre ses mains. Pourquoi ce genre de chose n'arrivait qu'à lui ? Pourquoi avait-il fallu qu'il rencontre cette femme ? Pourquoi avait-il fallu qu'ils dépassent cette ligne... Harassé, il se leva pour s'allonger sur son canapé et tenter de retrouver un semblant de sérénité.
Les heures défilèrent et le soleil se leva enfin sur la ville. Dormant toujours à point fermé, Cal ne s'aperçut même pas qu'une personne se baladait dans son domicile. Elle se déplaça dans le salon lorsque le cadre photo brisé au sol attira son attention. Elle se pencha pour le prendre et fit tomber quelques morceaux de verre sur le parquet. Elle examina la photo de plus près et fronça ses sourcils en soufflant de manière interrogative: « Que s'est-il passé ici...»
À ces mots presque murmurés, Cal gigota sur le canapé et émit un léger grognement en sentant son dos craqué en raison de la mauvaise position qu'il avait gardé toute la nuit. Il ouvrit un premier œil et tomba surpris sur le visage d'une jeune fille penchée au-dessus du sien.
« Em' ? s'étonna Cal d'une voix épuisée.
— Bien dormis ? demanda l'adolescente, les deux poings sur les hanches.
Cal gémit à nouveau, se redressa et passa une main sur son visage comme pour tenter d'effacer son mal de tête de la veille.
« Tu es seul ? Morgan n'est pas avec toi ?
— Non...
— T'as bu hier soir ou quoi ?
— J'ai... J'ai pris un ou deux verres c'est tout. Ne t'inquiète pas Em'.
— D'après la tête que tu as, je dirais que tu as dû boire plus de six verres ! Pour ne pas dire une bouteille entière ! Et deuxièmement, c'est normal que je m'inquiète, car au cas où l'alcool a un effet amnésique sur toi, je suis ta fille !
— Je ne risque pas de l'oublier, vu comment tu hurles, soupira-t-il en massant son crâne meurtri.
— Et c'est moi qui devrait être l'adolescente irresponsable, lança-t-elle exaspérée en levant ses yeux au ciel. « Au fait, tu peux me dire pourquoi je viens de retrouver une photo de toi et de Gillian de Thanksgiving par terre ?»
Cal regarda le cadre brisé entre les mains de sa fille, se leva d'un bond du canapé pour récupérer l'objet et le ranger sans un mot dans le tiroir d'un meuble.
« Tu ne devrais pas être chez ta mère toi ? »
Emily le regarda faire mais n'avait rien répliqué en songeant qu'il ne fallait pas trop brusquer son père, au risque de le voir se renfermer complètement sur lui-même.
« Tu sais que lors de votre divorce, maman et toi vous aviez établi une garde partagée?
— Aah c'est vrai...on est mercredi...
— L'alcool fait cet effet parfois ! ironisa la jeune fille en voyant son père lui lancer un regard noir.
— Tu veux manger un truc ? lui proposa Cal, en se dirigeant dans la cuisine.
— Non c'est bon, j'ai déjà pris un petit dej' chez maman. »
Elle rejoignit son père qui était en train de se préparer du café, s'installa autour de l'îlot central et ajouta inquiète : « Tu vas bien papa ?
— Oui, pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? demanda-t-il en versant du liquide chaud dans une tasse.
— Tu viens de te préparer du café !
— Et alors ? fit-il, en buvant une gorgée du liquide noir.
— Non, laisse tomber... Alors, Morgan n'est pas là aujourd'hui ? demanda-t-elle de manière détachée.
— Non.
— Et ça va toujours entre vous ?
— Em'... soupira-t-il sur un ton réprobateur.
— Quoi ? Je m'intéresse à ta vie c'est tout ! Tu sais, la base d'une relation entre parent et enfant c'est avant tout le dialogue!
— Tu devrais arrêter de regarder Oprah à la télé...
— Et toi tu devrais arrêter de dévier mes questions ! Tu vois tout le monde ne fait pas ce que l'autre veut !
Cal tourna sa tête de droite à gauche puis son portable se mit à sonner. Il sortit l'objet de sa poche et le plaça contre son oreille.
« Lightman, dit-il en écoutant les paroles de son interlocuteur tout en buvant une autre gorgée de son café. Allez avec Eli voir Mme Simmons et poser lui des questions sur ce que vous avez vu sur la vidéo... ...Oui j'arriverai dans une heure... ...Vous avez pris le rendez-vous avec M. Davis comme je vous l'avais demandé ?... ...Bien, parfait merci.»
La conversation finie, il rangea son portable, prit sa tasse de café pour la boire cul sec et dit : « Em' j'vais partir au boulot, donc s'il y a un problème tu m'appelles !
— Ça fonctionne aussi dans les deux sens, souffla-t-elle alors que son père l'embrassa affectueusement dans ses cheveux. Cal sortit de la cuisine et monta se préparer à l'étage pour se rendre au travail.
Après le coup de file à leur patron, Eli et Ria s'étaient rendus sur le lieu de travail de Mme Simmons pour un interrogatoire improvisé. Les deux employés patientèrent un long moment au pied d'un immeuble jusqu'au moment où Torres s'exclama : « Eli ! C'est elle ! »
La brune pointa du doigt Judith qui s'apprêtait à entrer dans le bâtiment.
« Mme Simmons ! Excusez nous ! clama Ria en se plaçant devant elle. Bonjour je m'appelle Ria Torres et voici mon collègue Eli Loker ! » Le jeune homme émit un léger sourire en guise de salutation. « Nous travaillons pour le Lightman Group sur l'enquête Davis.
— J'ai déjà répondu à toutes vos questions, donc si vous le voulez bien j'aimerais aller travailler.
— Nous en avons de nouvelles. Cela ne prendra pas plus de cinq minutes.
— Bien, allez y...
— Quand nous vous avons parlé de M. Davis en vous disant qu'il ne laissait pas indifférent les femmes vous avez eu une expression de dégoût. Et lorsqu'on vous a parlé de votre promotion vous avez ressenti de la colère.
— Et alors ? fit Simmons sur la défensive.
— Ce n'est pas un peu paradoxal pour une personne qui semble idolâtrer son patron, releva Eli en plaçant ses mains dans les poches de sa veste.
— Pourquoi avoir ressenti du dégoût pour cet homme ? demanda à son tour Ria intriguée.
— Je n'ai rien à vous dire.
— On peut vous emmenez chez le FBI si vous préférez, proposa Loker.
— Écoutez... Ce n'est pas le genre de chose que je pourrais dire ici... » signala Judith en regardant inquiète ses collègues qui passaient devant eux pour rentrer dans l'enceinte de l'entreprise. « Pourrait-on parler de cela ailleurs ? »
Eli et Ria se concertèrent du regard puis hochèrent positivement leur tête.
À SUIVRE...