Inconscient
Entre la vie et la mort, Cal se retrouve dans le coma après sa violente agression dont il a été victime dans le parking souterrain (Tel père tel fils). À son chevet, Gillian veille et espère le réveil de son mari tout en gérant les inquiétudes de sa famille et son travail. En parallèle, ses proches amis mènent une enquête qui leur permettront de découvrir la vérité de cette étrange affaire. Genre: Général - (crossover) Histoire à chapitre. Note: Cal et Gillian sont mariés - Emily a 23 ans - Nick et Louise ont 17 ans, Seth 14 ans. |
CHAPITRE 7 : L'ASTUCE DU CHEF
Au petit matin, la famille Lightman s'était rassemblée, autour de la table de la salle à manger, pour partager un petit déjeuner. Malgré la douleur, Cal avait rejoins sa famille pour profiter de ce moment rare où ils étaient tous ensemble. Le père dégusta une tasse de thé alors que sa femme trempa ses lèvres dans celle d'un café tout juste préparé. Dégustant leurs tartines et céréales, les quatre enfants ne semblèrent pas très bavards pour un début de journée. Cal souhaita briser ce silence et décida d'entreprendre une conversation avant que chacun ne parte pour une nouvelle journée.
— Alors ? Qu'est-ce qui vous attend aujourd'hui ? les interrogea leur père. Nick ? T'as un match aujourd'hui ?
— J'ai un entrainement de basket, répondit le jeune homme.
— Ça fait deux jours de suite cette semaine, releva sa mère intriguée.
— Le coach dit qu'on doit bosser plus dur à cause du championnat. En plus, il y aura bientôt un sélectionneur qui viendra voir notre jeu.
— C'est vrai ? s'enthousiasma son père de cette nouvelle.
— Si je me débrouille bien, je pourrais décrocher une bourse pour aller dans n'importe quelle université, expliqua souriant Nicholas, avant de boire une gorgée de son jus d'orange.
— J'hallucine, jasa Louise, juste parce que tu es bon en sport t'as le droit à une bourse, alors que moi je dois trimer toute l'année pour avoir de bonnes notes de partout !
— Hé ouais ! persiffla son frère. 'Fallait pas faire semblant d'être malade à chaque fois qu'il était temps de courir !
Louise lança un regard noir à Nicholas qui afficha un large sourire alors que Seth avait ri de cet échange.
— Au lieu de rire, M. Anarchist, maman m'a dit que tu aurais rempli le cassier de Stuart Atkins de crème solaire d'après l'un de tes professeurs ?
— Innocent jusqu'à la preuve du contraire, se défendit l'adolescent.
— Mouais... Je crois surtout que ton visage vient de cautionner les faits !
— Argument irréfutable dans un tribunal !
— Dans le mien, c'est moi le juge.
— On appelle ça un conflit d'intérêt ! Mais je peux demander à Zoe de me représenter si tu veux !
Cal soupira devant l'air réjouit de son fils, puis s'intéressa ensuite à son ainé :
— Et toi Em' ?
— Je termine un dossier sur l'impact des informations sur la société. Puis, je retournerai à l'université pour le donner à mon professeur.
— Tu souhaiterais avoir une relecture de ton dossier par moi ou Gill' avant de le donner à ton prof' ? proposa t-il, d'un regard entendu avec sa femme.
— Ça ne sera pas de refus ! J'ai tellement travaillé dessus que je ne vois même plus mes erreurs.
— Ne t'inquiète pas, Em', la rassura Gillian. La première fois que j'ai relu le premier manuscrit de ton père, les fautes étaient nombreuses.
— Quoi ?! s'injuria Cal. T'as dû te tromper avec celui de Rick !
— Non, c'était bien le tient. Heureusement que j'étais là, sinon il se serait retrouvés sous les étagères poussiéreuses des librairies... pendant que les best-seller de Rick seraient présentés devant la vitrine en se vendant par millier.
— Mmh, marmonna t-il. Et toi Lou' ?
— Oh rien de spécial, dit-elle, sans regarder son père.
— Et tes cours de photos ? sourit-il. Je croyais que ton professeur d'audiovisuel voulait t'exposer ?
— Je… Je ne sais pas encore… J'ai beaucoup de choses à faire, bafouilla t-elle, en penchant son regard sur son smartphone. Cal s'inquiéta du peu d'enthousiasme de sa fille. Depuis qu'il était revenu, il avait remarqué que quelque chose d'anormal la tourmentait, mais il ne savait pas encore quoi. Tout d'un coup, le père émit un air perplexe lorsque sa benjamine se leva brusquement pour déclarer :
— Hum ! On devrait y aller ! Sinon on va être en retard pour les cours.
Gillian regarda l'heure afficher sur la pendule. Il était en effet plus que temps pour ses enfants de partir pour l'école.
— Je vais vous y accompagner, proposa Emily en allant chercher ses clés de voiture dans le vestibule, pendant que ses frères et sa soeur embrassèrent leur parents en leur souhaitant une bonne journée. Une fois leurs enfants partis, Cal demanda à sa femme qui termina son café :
— Gill', tout va bien avec Lou' ?
— Je crois que oui, pourquoi elle t'a dit quelque chose ?
— Non, souffla t-il avant de reprendre sur une tout autre discussion. Tu vas voir Aaron aujourd'hui ?
— Il souhaite me voir pour l'affaire…
— Gillian, Aaron m'a dit qu'il avait dû te mettre au courant. Je sais que tu as peur pour moi et je regrette de ne pas t'en avoir parlé avant.
— Tu voulais nous protéger.
Cal lança un regard désolé à son épouse puis déclara :
— Il s'agit de mon père et comme tu l'as dit, je dois tourner la page…
— Je sais, dit-elle. Je ne t'empêcherai pas de participer à cette enquête, si c'est ce qui t'inquiète.
— C'est vrai ?
— Oui, mais je veux être là. Je veux être au courant de tout ce qui se passe.
— Tu le seras. On est une équipe, non ?
— Oui, sourit-elle avant de l'embrasser.
OoO
Malgré les prérogatives de Vance, Cal avait demandé au FBI d'amener Kane et Clark pour un petit entretien privilégié au Lightman Group. Dans le couloir, l'expert en mensonge rencontra les deux hommes menottés garder par des agents du FBI. Il examina rapidement les deux suspects puis commanda à Reynolds d'envoyer Kane en premier dans la salle d'interrogatoire. Avant d'entrer dans la salle, Cal glissa quelques mots à Reynolds puis entra pour s'installer silencieusement en face de Kane. Derrière la vitre sans teint, trois spectateurs étaient présents : Aaron, Patrick et Gillian. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'aucun homme dans la salle ne parle. Cal jouait depuis le début de l'entretien avec son portable alors que Reynolds ne procédait toujours à aucun questionnement. Les bras croisés contre son corps, Kane sembla perplexe par leur comportement, mais il garda la bouche close.
À l'extérieur, Aaron s'interrogea de ce silence et demanda :
— Cal a un problème ?
— Je ne sais pas…, répondit Gillian intriguée par le stoïcisme de son mari.
— On devrait peut-être voir s'il a besoin d'aide ?
— Je crois qu'il sait parfaitement ce qu'il fait, répliqua Jane avec un curieux sourire sur son visage. Gillian et Aaron lancèrent un regard interrogateur au mentaliste puis retournèrent leur attention sur l'étrange scène qui se déroulait devant leurs yeux.
Tout d'un coup, Cal regarda l'heure sur son portable et proclama :
— Je crois que c'est bon.
Reynolds acquiesça et tira Kane hors de la salle d'interrogatoire pour l'échanger contre Clark. Celui-ci était différent de son prédécesseur. Une expression de peur accaparait son regard et dans sa manière de se tenir. Toujours assis, Cal esquissa un fin sourire alors qu'il fixa toute sa concentration sur le nouveau suspect. Debout, Reynolds joua les dominants, en présentant à Clark tout un dossier le concernant :
— On sait tout sur toi Clark. Il est inutile de perdre du temps. Tout ce qu'on peut faire pour toi, c'est d'alléger ta peine.
Clark ne sembla pas convaincu.
— Tu sais, ton ami Kane, il est déjà passé aux aveux… Alors, si tu veux le même arrangement que lui, tu devrais parler…
— J'vous crois pas…, contra Clark avec dédain.
— Comme tu veux ! s'exclama Cal d'un geste de la main. À ta place, j'aurai peur de me retrouver en tôle et pas seulement pour les lits inconfortables…
Clark plissa ses yeux de suspicions et réclama :
— Où voulez-vous en venir ?
— Connaissant Sletter, enchaina Reynolds, il va rapidement apprendre que ton pote Kane aura tout cafté aux fédéraux et un gars comme Sletter, il a surement des amis en prison ou le moyen d'en avoir… Je ne crois pas que ça soit l'endroit où on se sent le plus en sécurité, mais si tu préfères y aller, c'est comme tu veux…
Le suspect déglutit alors que Cal se leva d'un bond et proclama :
— Bon ! On y va, j'ai envie d'un hamburger !
— Moi aussi ! Y'a un fast food au coin de la rue !
Cal et Reynolds s'apprêtèrent à quitter la salle lorsque Clark les arrêta :
— Attendez ! Je… je vais parler !
Cal et Reynolds s'échangèrent un regard entendu et retournèrent auprès de Clark qui changea subitement de gestuelle. Le regard livide, ce dernier était prêt à tout dévoiler. L'agent du FBI posa ses deux mains sur la table et exigea :
— Dis nous pourquoi vous étiez après le Dr. Lightman ?
— Sletter nous a dit de chercher Logan, mais on ne l'a pas trouvé alors on a utilisé une autre méthode. On l'a débusqué en menaçant un membre de sa famille.
— C'était plus qu'une menace. J'ai failli mourrir, cracha Cal.
— Logan n'a pas eu le temps d'apparaitre qu'on s'était déjà fait arrêter par le FBI…
— Où se trouve Sletter ? exigea Reynolds.
— Vous croyez tout de même pas que j'vais vous le dire !
— Mouais, fit Cal d'une petite moue de sa bouche. Il est en Irlande du nord ?
Clark ne dit rien, mais Cal capta un rictus sur ses lèvres.
— Belfast ? continua t-il, en fixant son regard sur la moindre fuite gestuelle du suspect. Toujours sans réponse, il observa le visage de Clark et sut qu'il venait de viser juste.
— Parfait, il ne nous reste plus qu'à prendre nos billets !
— Vous tiendrez votre promesse ! réclama mécontent Clark.
— Bien sûr ! Et en prime, vous partagerez la même cellule que votre ami !
Reynolds et Cal commencèrent à sortir de la salle lorsque ce dernier clama :
— Oh et petite précision… Ton ami, il n'a rien dit de tout l'interrogatoire ! En fait… on ne lui a même pas posé de question ! Je savais qu'il ne dirait rien au contraire de toi.
La bouche grande ouverte de surprise, Clark arbora une expression des plus effrayées, en imaginant au pire que ce que son collègue allait lui faire subir en prison. De l'autre côté, Cal et Reynolds rejoignirent Aaron, Jane et Gillian dans le laboratoire d'analyse.
— Je suis impressionné Cal, le louangea Aaron.
— Oh… c'était rien… Dans le couloir, j'ai vu que Kane n'était pas du genre à trahir ses amis. Il avait un tatouage de son gang à son bras alors que Clark était plus facilement impressionnable.
— Maintenant, on sait où se trouve Sletter, conclut Reynolds.
— Et Logan Lightman est prêt a nous aider, signala Aaron.
Surpris par cette nouvelle, Cal demanda :
— Vous l'avez retrouvé ?
— Oui, il est chez nous. Tu veux le voir ?
— Non, je veux d'abord qu'on mette notre plan en marche.
— Bien, accepta Aaron.
L'heure du déjeuner plus que dépassée, Jane proposa tout sourire :
— Moi j'ai bien envie de manger un hamburger, pas vous ?
— J'avoue que cet interrogatoire m'a donné faim ! approuva Cal.
L'air désolé, Aaron refusa poliment l'invitation :
— Le Directeur Vance souhaite que je mette le BAU en relation avec le gouvernement Irlandais avant d'avancer une quelconque opération. Je crois que je vais devoir passer l'heure du déjeuner !
— Gill' ? l'interrogea Patrick.
— Je suis désolée, mais j'ai encore certaines choses à voir avec le NCIS…
— Je viendrais avec vous, signala Reynolds. L'agent David souhaite me voir pour l'arrestation de Logan.
Avec le même enthousiasme, Jane proclama pour son ami expert en mensonge :
— Bien, je crois que nous serons que nous deux !
Avant de partir, Gillian embrassa la joue de son compagnon et ajouta :
— On mangera ensemble ce soir !
Cal hocha positivement sa tête puis quitta les lieux avec Patrick pour se rendre au "Royal Diner". Les deux amis s'installèrent à une table libre qui donnait sur la rue en mouvement puis commandèrent chacun un généreux repas. Une fois servi, Cal mangea ses frites alors que Jane étancha sa soif avec un verre d'eau avant de lui demander :
— Alors, tu te sens comment ?
— Ça fait un mal de chien mais ça va. J'ai eu pire, répondit-il, en gobant une nouvelle frite.
— J'en doute pas, sourit le mentaliste. On n'a pas encore eu le temps d'en parler, mais qu'est-ce que tu penses de tout ça ?
— Bah, je crois que mon steack mériterait une meilleure cuisson, mais je comprends que Seeley aime manger ici.
Jane regarda Cal triturer sa viande avec le bout de sa fourchette et répliqua :
— Tu sais que je parlais de ton père.
À ces mots, Cal soupira et s'effondra dans son siège pour alléguer :
— Que veux tu que je te dise…
— Il y a tellement à dire.
— Pourtant, je ne vois rien…
— Tu es parti à l'âge de 16 ans de chez toi. Ton père vous a abandonné. Ça fait plus de trente ans que tu ne l'as pas revu… Cet homme refait surface dans ta vie, et tu ne ressens rien ?
Perdu dans ses pensées, Cal tourna son regard sur la vitrine du restaurant pour observer mélancoliquement les allées et venues des passants. Le regard rivé sur l'extérieur, il demanda :
— Sincèrement ?
— Oui.
— Je crois que j'ai tellement espéré ce moment où je pourrai lui dire tout ce que je pensais de lui et de ce qu'il nous a fait subir que lorsque s'est arrivé… J'ai été terriblement déçu. Je pensais que je ressentirai du soulagement, mais à la place j'ai simplement ressenti un vide…
Il retourna son regard sur son interlocuteur et conclut :
— Maintenant pour moi, il n'existe plus. Tout ce qu'il pourra devenir après cette affaire, n'aura plus aucune importance.
— Tu sais que c'est faux. C'est ton père, ta famille. Il aura toujours une importance pour toi malgré ce qu'il a fait.
— Je sais… mais maintenant j'ai la mienne. Je n'ai plus le temps de penser à lui.
Les bras croisés sur la table, Jane pinça ses lèvres et médita sur les paroles de son ami. Il comprenait ses sentiments. En définitif, cela faisait longtemps qu'il était passé à autre chose et qu'il était difficile pour lui de revenir à ce passé devenu bien trop lointain. Le mentaliste regarda Cal reposer son verre d'eau puis demanda :
— Tu as parlé à Nick ?
— Pas encore, je le ferai en temps voulu.
— Ce qu'il a fait pour toi est exactement ce que tu aurais fait à son âge.
— Je sais… et ça me fait peur, avoua Cal, en massant mécaniquement son front.
— Qu'il puisse te ressembler ?
— Ouais…
Jane aperçut l'air inquiet de son ami et s'empressa de plaisanter :
— Dis toi qu'il a aussi les gênes de Gill'.
Les deux hommes rirent légèrement à ce fait lorsqu'un individu, d'une vingtaine d'année en costume et un gobelet fumant dans une main, les interrompis avec un large sourire :
— Dr. Lightman ?
Cal regarda le nouveau venu et fronça ses sourcils devant le visage juvénile qui semblait parfaitement le connaître. Ce dernier comprit que l'expert en mensonge n'avait pas le souvenir de sa personne et enchaina avec le même entrain:
— Vous ne vous souvenez pas de moi ? Dr. Sweets !
Cal arbora une grimace d'excuse alors que Jane regarda la scène avec un léger sourire.
— Je travaille avec le Dr. Brennan et l'agent Booth ! Nous nous étions même rencontrés sur une affaire !
— Heu… Je suis désolé ça ne me dit rien.
— Vraiment ? fit déçu le jeune psychologue. Le squelette dans la voiture piégée !
Cal pinça ses lèvres en signe d'excuse alors que Sweets poursuivit :
— Vous aviez réussi à clore l'affaire en faisant avouer au suspect qu'il avait honte d'avoir trompé sa femme ! C'était fantastique !
Malheureusement, Sweets aperçut l'air toujours contraint de l'expert en mensonge et s'apprêta à abandonner lorsqu'il s'écria victorieusement en le pointant du doigt :
— Vous m'appeliez toujours Dr. Guimauve !
Tout d'un coup, le visage de Cal s'illumina alors qu'il proclama :
— Oh oui ! Je me souviens maintenant ! Dr. Sweets !
— Aah ! sourit le brun. Je savais que vous ne m'aviez pas oublié ! Ça fait plaisir de vous revoir !
— De même.
— Vous êtes de passage ?
— Je souhaitais profiter d'un moment de libre pour manger avec mon ami.
Sweets tourna enfin son regard sur le second homme et s'empressa de se présenter avec une chaleureuse poignée de main :
— Oh ! Veuillez m'excuser, je manque à tous mes devoirs ! Lance Sweets !
— Enchanté Lance, répondit malicieusement le mentaliste par ce curieux prénom. Patrick Jane.
— Patrick Jane ? Le Patrick Jane ?! répéta t-il, comme éberlué.
— Heu oui… c'est comme ça que je m'appelle en tout cas !
— Oh mon dieu ! s'extasia le brun. Je n'arrive pas à croire que je suis devant deux des plus grands experts mondiaux du mensonge ! Enfin... vous et bien évidement votre femme ! ajouta t-il pour Cal.
Lightman le gratifia d'un sourire alors que Sweets continua son jeu de question, réponse :
— Vous travaillez sur une affaire ?
— Je ne peux pas…, commença à dire Cal vite coupé par le jeune psychologue.
— Oh oui ! Je comprends, dit Lance d'un geste de la main. Secret professionnel ! Je connais !
En silence, Jane regarda un brin amusé Sweets qui était particulièrement euphorique de cette rencontre.
— Oh bah ça alors ! Si on m'avait dit que je rencontrais le Dr. Lightman et Patrick Jane à la même table, je ne l'aurais pas cru ! Le monde est si petit !
— C'est ce que je me suis dit, marmonna Cal pour ne pas que Lance puisse l'entendre, mais assez pour que Jane lâche un soupir rieur déguisé.
— Vous savez, votre ami Booth m'a beaucoup parlé de vous !
— En bien j'espère, plaisanta Jane.
— Bien sûr ! Ne vous inquiétez pas ! Il ne tarit pas d'éloges sur vos compétences ! D'ailleurs, il garde toujours un des livres du Dr. Lightman dans le tiroir de son bureau ! précisa t-il, d'un singulier geste de son index.
Cal tiqua à cette information. Soudainement très intéressé par la présence de Sweets, il échangea un regard amusé avec Patrick et dit sur un ton assez mutin :
— Vraiment ?
— Tout à fait, il dit que c'est une bible de l'expertise du langage du corps qui est très importante pour le FBI. Il relit très souvent votre livre pour réviser certains thèmes !
— Tiens donc, dit l'expert en mensonge en s'adossant contre son siège avec ses mains croisées contre son ventre. Il arbora un air victorieux et demanda : — Il vous a dit ça ?
— Vous savez, l'agent Booth vous admire énormément !
— Il ne me l'avait jamais dit !
— Oh vous connaissez Booth… même s'il ne vous le dit pas en face, il met souvent en avant vos compétences et vos méthodes dans certaines enquêtes. Le Dr. Brennan ne comprend pas toujours pourquoi, mais vous savez comment elle est.
— Oui, Temp' a toujours eu un côté très… réaliste des choses, approuva Jane.
— Ça c'est sûr, souffla Sweets avant de reprendre plus gaiement : — Bon et bien, j'ai été très heureux de vous revoir !
— Nous aussi ! affirma étrangement Cal. Vous ne savez pas à quel point !
— C'est vrai ? l'interrogea Sweets surpris. Pourtant, vous n'aviez pas l'air de beaucoup m'apprécier à notre dernière rencontre. Je pensais que vous me preniez pour un psy sous extasie !
— Je devais surement être dans un mauvais jour, répondit Cal.
— Et il y en a beaucoup, marmonna Jane, derrière son verre d'eau qu'il s'apprêtait à boire, alors que son ami lui envoya un regard noir. Le mentaliste bu une gorgée du liquide et évita de ne pas s'étrangler avec le fou rire interne qu'il tentait bien que mal de réprimer.
— Vous m'en voyez soulagé ! J'ai tant d'admiration pour vous que j'ai eu peur que vous me détestiez !
— Rassurez-vous ce n'est pas le cas, objecta Cal. Pour vous le prouver, je vous inviterai un jour à diner et nous pourrons discuter… de l'agent Booth entre autre chose…
— J'en serai très honoré !
Sweets reçu un sms sur son portable et déclara : — Veuillez m'excusez, je vais devoir vous laisser, une affaire en cours ! Vous connaissez ! Oh j'ai failli oublié ! Pour le diner, je vous laisse mon numéro de téléphone !
Le jeune psychologue extirpa une carte de visite ainsi qu'un stylo, de la poche intérieure de sa veste, pour noter rapidement un autre numéro sur le dos de celle-ci.
— Je vous note mon numéro de portable ainsi que ma ligne fixe, si vous n'arrivez pas à me joindre sur ma ligne professionnelle !
Tout sourire, Lance donna sa carte à Cal puis serra sa main ainsi que celle de Jane.
— Dr. Lightman, M. Jane, j'ai été ravie de vous voir.
— Faites attention à votre mousse, ça déborde, conseilla Cal, en signalant du regard la mousse abondante qui recouvrait le cappuccino du jeune homme.
— Oh oui ! Merci, dit-il en buvant une gorgée de son café pour éviter la catastrophe du liquide renversé. Cal remarqua la fine moustache de lait qui s'était dessinée sur la lèvre supérieure du psychologue imberbe, mais préféra garder ce détail amusant sous silence. Sweets commença à s'éloigner des deux hommes, mais pila net lorsqu'il demanda :
— Heu… Je sais que cela peut vous paraitre étrange... mais je pourrais faire un selfie ? Parce que j'ai un ami psychologue et il est fan de vous… alors si j'avais une photo…
Cal arbora un visage perplexe à cette demande et Lance comprit qu'il était peut-être aller un peu trop loin. Il pinça ses lèvres et marcha à reculons en déclarant : — Heu ouais, peut-être pas… Bonne journée !
Lance quitta enfin le restaurant avec son café hautement laité alors que Jane lâcha un léger rire qu'il avait retenu depuis que celui-ci les avait accostés. Rieur il jeta un regard par la vitrine du restaurant pour voir le jeune psychologue dans la rue se tacher avec son café, et proclama amusé :
— Et bien, tu n'avais pas menti ! C'est un curieux numéro !
— Yep ! Et encore, tu ne l'as vu que quelques minutes, moi je l'ai eu toute une journée !
— Tu vas vraiment diner avec lui ?
— Bien sûr ! Je crois que Dr. Guimauve a encore pleins d'histoires à nous raconter sur notre cher agent Booth, argua Cal d'un soubresaut de ses sourcils, en tapotant malicieusement la carte de visite de Sweets sur la table.
— Tu ne vas pas le rater à notre prochaine visite à la grande maison, plaisanta Jane.
— Oh que non ! affirma t-il avec un grand sourire.
Une serveuse débarrassa les assiettes vides des deux clients qui décidèrent de commander deux thés avant de devoir reprendre leur enquête.
À SUIVRE...
— Alors ? Qu'est-ce qui vous attend aujourd'hui ? les interrogea leur père. Nick ? T'as un match aujourd'hui ?
— J'ai un entrainement de basket, répondit le jeune homme.
— Ça fait deux jours de suite cette semaine, releva sa mère intriguée.
— Le coach dit qu'on doit bosser plus dur à cause du championnat. En plus, il y aura bientôt un sélectionneur qui viendra voir notre jeu.
— C'est vrai ? s'enthousiasma son père de cette nouvelle.
— Si je me débrouille bien, je pourrais décrocher une bourse pour aller dans n'importe quelle université, expliqua souriant Nicholas, avant de boire une gorgée de son jus d'orange.
— J'hallucine, jasa Louise, juste parce que tu es bon en sport t'as le droit à une bourse, alors que moi je dois trimer toute l'année pour avoir de bonnes notes de partout !
— Hé ouais ! persiffla son frère. 'Fallait pas faire semblant d'être malade à chaque fois qu'il était temps de courir !
Louise lança un regard noir à Nicholas qui afficha un large sourire alors que Seth avait ri de cet échange.
— Au lieu de rire, M. Anarchist, maman m'a dit que tu aurais rempli le cassier de Stuart Atkins de crème solaire d'après l'un de tes professeurs ?
— Innocent jusqu'à la preuve du contraire, se défendit l'adolescent.
— Mouais... Je crois surtout que ton visage vient de cautionner les faits !
— Argument irréfutable dans un tribunal !
— Dans le mien, c'est moi le juge.
— On appelle ça un conflit d'intérêt ! Mais je peux demander à Zoe de me représenter si tu veux !
Cal soupira devant l'air réjouit de son fils, puis s'intéressa ensuite à son ainé :
— Et toi Em' ?
— Je termine un dossier sur l'impact des informations sur la société. Puis, je retournerai à l'université pour le donner à mon professeur.
— Tu souhaiterais avoir une relecture de ton dossier par moi ou Gill' avant de le donner à ton prof' ? proposa t-il, d'un regard entendu avec sa femme.
— Ça ne sera pas de refus ! J'ai tellement travaillé dessus que je ne vois même plus mes erreurs.
— Ne t'inquiète pas, Em', la rassura Gillian. La première fois que j'ai relu le premier manuscrit de ton père, les fautes étaient nombreuses.
— Quoi ?! s'injuria Cal. T'as dû te tromper avec celui de Rick !
— Non, c'était bien le tient. Heureusement que j'étais là, sinon il se serait retrouvés sous les étagères poussiéreuses des librairies... pendant que les best-seller de Rick seraient présentés devant la vitrine en se vendant par millier.
— Mmh, marmonna t-il. Et toi Lou' ?
— Oh rien de spécial, dit-elle, sans regarder son père.
— Et tes cours de photos ? sourit-il. Je croyais que ton professeur d'audiovisuel voulait t'exposer ?
— Je… Je ne sais pas encore… J'ai beaucoup de choses à faire, bafouilla t-elle, en penchant son regard sur son smartphone. Cal s'inquiéta du peu d'enthousiasme de sa fille. Depuis qu'il était revenu, il avait remarqué que quelque chose d'anormal la tourmentait, mais il ne savait pas encore quoi. Tout d'un coup, le père émit un air perplexe lorsque sa benjamine se leva brusquement pour déclarer :
— Hum ! On devrait y aller ! Sinon on va être en retard pour les cours.
Gillian regarda l'heure afficher sur la pendule. Il était en effet plus que temps pour ses enfants de partir pour l'école.
— Je vais vous y accompagner, proposa Emily en allant chercher ses clés de voiture dans le vestibule, pendant que ses frères et sa soeur embrassèrent leur parents en leur souhaitant une bonne journée. Une fois leurs enfants partis, Cal demanda à sa femme qui termina son café :
— Gill', tout va bien avec Lou' ?
— Je crois que oui, pourquoi elle t'a dit quelque chose ?
— Non, souffla t-il avant de reprendre sur une tout autre discussion. Tu vas voir Aaron aujourd'hui ?
— Il souhaite me voir pour l'affaire…
— Gillian, Aaron m'a dit qu'il avait dû te mettre au courant. Je sais que tu as peur pour moi et je regrette de ne pas t'en avoir parlé avant.
— Tu voulais nous protéger.
Cal lança un regard désolé à son épouse puis déclara :
— Il s'agit de mon père et comme tu l'as dit, je dois tourner la page…
— Je sais, dit-elle. Je ne t'empêcherai pas de participer à cette enquête, si c'est ce qui t'inquiète.
— C'est vrai ?
— Oui, mais je veux être là. Je veux être au courant de tout ce qui se passe.
— Tu le seras. On est une équipe, non ?
— Oui, sourit-elle avant de l'embrasser.
OoO
Malgré les prérogatives de Vance, Cal avait demandé au FBI d'amener Kane et Clark pour un petit entretien privilégié au Lightman Group. Dans le couloir, l'expert en mensonge rencontra les deux hommes menottés garder par des agents du FBI. Il examina rapidement les deux suspects puis commanda à Reynolds d'envoyer Kane en premier dans la salle d'interrogatoire. Avant d'entrer dans la salle, Cal glissa quelques mots à Reynolds puis entra pour s'installer silencieusement en face de Kane. Derrière la vitre sans teint, trois spectateurs étaient présents : Aaron, Patrick et Gillian. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'aucun homme dans la salle ne parle. Cal jouait depuis le début de l'entretien avec son portable alors que Reynolds ne procédait toujours à aucun questionnement. Les bras croisés contre son corps, Kane sembla perplexe par leur comportement, mais il garda la bouche close.
À l'extérieur, Aaron s'interrogea de ce silence et demanda :
— Cal a un problème ?
— Je ne sais pas…, répondit Gillian intriguée par le stoïcisme de son mari.
— On devrait peut-être voir s'il a besoin d'aide ?
— Je crois qu'il sait parfaitement ce qu'il fait, répliqua Jane avec un curieux sourire sur son visage. Gillian et Aaron lancèrent un regard interrogateur au mentaliste puis retournèrent leur attention sur l'étrange scène qui se déroulait devant leurs yeux.
Tout d'un coup, Cal regarda l'heure sur son portable et proclama :
— Je crois que c'est bon.
Reynolds acquiesça et tira Kane hors de la salle d'interrogatoire pour l'échanger contre Clark. Celui-ci était différent de son prédécesseur. Une expression de peur accaparait son regard et dans sa manière de se tenir. Toujours assis, Cal esquissa un fin sourire alors qu'il fixa toute sa concentration sur le nouveau suspect. Debout, Reynolds joua les dominants, en présentant à Clark tout un dossier le concernant :
— On sait tout sur toi Clark. Il est inutile de perdre du temps. Tout ce qu'on peut faire pour toi, c'est d'alléger ta peine.
Clark ne sembla pas convaincu.
— Tu sais, ton ami Kane, il est déjà passé aux aveux… Alors, si tu veux le même arrangement que lui, tu devrais parler…
— J'vous crois pas…, contra Clark avec dédain.
— Comme tu veux ! s'exclama Cal d'un geste de la main. À ta place, j'aurai peur de me retrouver en tôle et pas seulement pour les lits inconfortables…
Clark plissa ses yeux de suspicions et réclama :
— Où voulez-vous en venir ?
— Connaissant Sletter, enchaina Reynolds, il va rapidement apprendre que ton pote Kane aura tout cafté aux fédéraux et un gars comme Sletter, il a surement des amis en prison ou le moyen d'en avoir… Je ne crois pas que ça soit l'endroit où on se sent le plus en sécurité, mais si tu préfères y aller, c'est comme tu veux…
Le suspect déglutit alors que Cal se leva d'un bond et proclama :
— Bon ! On y va, j'ai envie d'un hamburger !
— Moi aussi ! Y'a un fast food au coin de la rue !
Cal et Reynolds s'apprêtèrent à quitter la salle lorsque Clark les arrêta :
— Attendez ! Je… je vais parler !
Cal et Reynolds s'échangèrent un regard entendu et retournèrent auprès de Clark qui changea subitement de gestuelle. Le regard livide, ce dernier était prêt à tout dévoiler. L'agent du FBI posa ses deux mains sur la table et exigea :
— Dis nous pourquoi vous étiez après le Dr. Lightman ?
— Sletter nous a dit de chercher Logan, mais on ne l'a pas trouvé alors on a utilisé une autre méthode. On l'a débusqué en menaçant un membre de sa famille.
— C'était plus qu'une menace. J'ai failli mourrir, cracha Cal.
— Logan n'a pas eu le temps d'apparaitre qu'on s'était déjà fait arrêter par le FBI…
— Où se trouve Sletter ? exigea Reynolds.
— Vous croyez tout de même pas que j'vais vous le dire !
— Mouais, fit Cal d'une petite moue de sa bouche. Il est en Irlande du nord ?
Clark ne dit rien, mais Cal capta un rictus sur ses lèvres.
— Belfast ? continua t-il, en fixant son regard sur la moindre fuite gestuelle du suspect. Toujours sans réponse, il observa le visage de Clark et sut qu'il venait de viser juste.
— Parfait, il ne nous reste plus qu'à prendre nos billets !
— Vous tiendrez votre promesse ! réclama mécontent Clark.
— Bien sûr ! Et en prime, vous partagerez la même cellule que votre ami !
Reynolds et Cal commencèrent à sortir de la salle lorsque ce dernier clama :
— Oh et petite précision… Ton ami, il n'a rien dit de tout l'interrogatoire ! En fait… on ne lui a même pas posé de question ! Je savais qu'il ne dirait rien au contraire de toi.
La bouche grande ouverte de surprise, Clark arbora une expression des plus effrayées, en imaginant au pire que ce que son collègue allait lui faire subir en prison. De l'autre côté, Cal et Reynolds rejoignirent Aaron, Jane et Gillian dans le laboratoire d'analyse.
— Je suis impressionné Cal, le louangea Aaron.
— Oh… c'était rien… Dans le couloir, j'ai vu que Kane n'était pas du genre à trahir ses amis. Il avait un tatouage de son gang à son bras alors que Clark était plus facilement impressionnable.
— Maintenant, on sait où se trouve Sletter, conclut Reynolds.
— Et Logan Lightman est prêt a nous aider, signala Aaron.
Surpris par cette nouvelle, Cal demanda :
— Vous l'avez retrouvé ?
— Oui, il est chez nous. Tu veux le voir ?
— Non, je veux d'abord qu'on mette notre plan en marche.
— Bien, accepta Aaron.
L'heure du déjeuner plus que dépassée, Jane proposa tout sourire :
— Moi j'ai bien envie de manger un hamburger, pas vous ?
— J'avoue que cet interrogatoire m'a donné faim ! approuva Cal.
L'air désolé, Aaron refusa poliment l'invitation :
— Le Directeur Vance souhaite que je mette le BAU en relation avec le gouvernement Irlandais avant d'avancer une quelconque opération. Je crois que je vais devoir passer l'heure du déjeuner !
— Gill' ? l'interrogea Patrick.
— Je suis désolée, mais j'ai encore certaines choses à voir avec le NCIS…
— Je viendrais avec vous, signala Reynolds. L'agent David souhaite me voir pour l'arrestation de Logan.
Avec le même enthousiasme, Jane proclama pour son ami expert en mensonge :
— Bien, je crois que nous serons que nous deux !
Avant de partir, Gillian embrassa la joue de son compagnon et ajouta :
— On mangera ensemble ce soir !
Cal hocha positivement sa tête puis quitta les lieux avec Patrick pour se rendre au "Royal Diner". Les deux amis s'installèrent à une table libre qui donnait sur la rue en mouvement puis commandèrent chacun un généreux repas. Une fois servi, Cal mangea ses frites alors que Jane étancha sa soif avec un verre d'eau avant de lui demander :
— Alors, tu te sens comment ?
— Ça fait un mal de chien mais ça va. J'ai eu pire, répondit-il, en gobant une nouvelle frite.
— J'en doute pas, sourit le mentaliste. On n'a pas encore eu le temps d'en parler, mais qu'est-ce que tu penses de tout ça ?
— Bah, je crois que mon steack mériterait une meilleure cuisson, mais je comprends que Seeley aime manger ici.
Jane regarda Cal triturer sa viande avec le bout de sa fourchette et répliqua :
— Tu sais que je parlais de ton père.
À ces mots, Cal soupira et s'effondra dans son siège pour alléguer :
— Que veux tu que je te dise…
— Il y a tellement à dire.
— Pourtant, je ne vois rien…
— Tu es parti à l'âge de 16 ans de chez toi. Ton père vous a abandonné. Ça fait plus de trente ans que tu ne l'as pas revu… Cet homme refait surface dans ta vie, et tu ne ressens rien ?
Perdu dans ses pensées, Cal tourna son regard sur la vitrine du restaurant pour observer mélancoliquement les allées et venues des passants. Le regard rivé sur l'extérieur, il demanda :
— Sincèrement ?
— Oui.
— Je crois que j'ai tellement espéré ce moment où je pourrai lui dire tout ce que je pensais de lui et de ce qu'il nous a fait subir que lorsque s'est arrivé… J'ai été terriblement déçu. Je pensais que je ressentirai du soulagement, mais à la place j'ai simplement ressenti un vide…
Il retourna son regard sur son interlocuteur et conclut :
— Maintenant pour moi, il n'existe plus. Tout ce qu'il pourra devenir après cette affaire, n'aura plus aucune importance.
— Tu sais que c'est faux. C'est ton père, ta famille. Il aura toujours une importance pour toi malgré ce qu'il a fait.
— Je sais… mais maintenant j'ai la mienne. Je n'ai plus le temps de penser à lui.
Les bras croisés sur la table, Jane pinça ses lèvres et médita sur les paroles de son ami. Il comprenait ses sentiments. En définitif, cela faisait longtemps qu'il était passé à autre chose et qu'il était difficile pour lui de revenir à ce passé devenu bien trop lointain. Le mentaliste regarda Cal reposer son verre d'eau puis demanda :
— Tu as parlé à Nick ?
— Pas encore, je le ferai en temps voulu.
— Ce qu'il a fait pour toi est exactement ce que tu aurais fait à son âge.
— Je sais… et ça me fait peur, avoua Cal, en massant mécaniquement son front.
— Qu'il puisse te ressembler ?
— Ouais…
Jane aperçut l'air inquiet de son ami et s'empressa de plaisanter :
— Dis toi qu'il a aussi les gênes de Gill'.
Les deux hommes rirent légèrement à ce fait lorsqu'un individu, d'une vingtaine d'année en costume et un gobelet fumant dans une main, les interrompis avec un large sourire :
— Dr. Lightman ?
Cal regarda le nouveau venu et fronça ses sourcils devant le visage juvénile qui semblait parfaitement le connaître. Ce dernier comprit que l'expert en mensonge n'avait pas le souvenir de sa personne et enchaina avec le même entrain:
— Vous ne vous souvenez pas de moi ? Dr. Sweets !
Cal arbora une grimace d'excuse alors que Jane regarda la scène avec un léger sourire.
— Je travaille avec le Dr. Brennan et l'agent Booth ! Nous nous étions même rencontrés sur une affaire !
— Heu… Je suis désolé ça ne me dit rien.
— Vraiment ? fit déçu le jeune psychologue. Le squelette dans la voiture piégée !
Cal pinça ses lèvres en signe d'excuse alors que Sweets poursuivit :
— Vous aviez réussi à clore l'affaire en faisant avouer au suspect qu'il avait honte d'avoir trompé sa femme ! C'était fantastique !
Malheureusement, Sweets aperçut l'air toujours contraint de l'expert en mensonge et s'apprêta à abandonner lorsqu'il s'écria victorieusement en le pointant du doigt :
— Vous m'appeliez toujours Dr. Guimauve !
Tout d'un coup, le visage de Cal s'illumina alors qu'il proclama :
— Oh oui ! Je me souviens maintenant ! Dr. Sweets !
— Aah ! sourit le brun. Je savais que vous ne m'aviez pas oublié ! Ça fait plaisir de vous revoir !
— De même.
— Vous êtes de passage ?
— Je souhaitais profiter d'un moment de libre pour manger avec mon ami.
Sweets tourna enfin son regard sur le second homme et s'empressa de se présenter avec une chaleureuse poignée de main :
— Oh ! Veuillez m'excuser, je manque à tous mes devoirs ! Lance Sweets !
— Enchanté Lance, répondit malicieusement le mentaliste par ce curieux prénom. Patrick Jane.
— Patrick Jane ? Le Patrick Jane ?! répéta t-il, comme éberlué.
— Heu oui… c'est comme ça que je m'appelle en tout cas !
— Oh mon dieu ! s'extasia le brun. Je n'arrive pas à croire que je suis devant deux des plus grands experts mondiaux du mensonge ! Enfin... vous et bien évidement votre femme ! ajouta t-il pour Cal.
Lightman le gratifia d'un sourire alors que Sweets continua son jeu de question, réponse :
— Vous travaillez sur une affaire ?
— Je ne peux pas…, commença à dire Cal vite coupé par le jeune psychologue.
— Oh oui ! Je comprends, dit Lance d'un geste de la main. Secret professionnel ! Je connais !
En silence, Jane regarda un brin amusé Sweets qui était particulièrement euphorique de cette rencontre.
— Oh bah ça alors ! Si on m'avait dit que je rencontrais le Dr. Lightman et Patrick Jane à la même table, je ne l'aurais pas cru ! Le monde est si petit !
— C'est ce que je me suis dit, marmonna Cal pour ne pas que Lance puisse l'entendre, mais assez pour que Jane lâche un soupir rieur déguisé.
— Vous savez, votre ami Booth m'a beaucoup parlé de vous !
— En bien j'espère, plaisanta Jane.
— Bien sûr ! Ne vous inquiétez pas ! Il ne tarit pas d'éloges sur vos compétences ! D'ailleurs, il garde toujours un des livres du Dr. Lightman dans le tiroir de son bureau ! précisa t-il, d'un singulier geste de son index.
Cal tiqua à cette information. Soudainement très intéressé par la présence de Sweets, il échangea un regard amusé avec Patrick et dit sur un ton assez mutin :
— Vraiment ?
— Tout à fait, il dit que c'est une bible de l'expertise du langage du corps qui est très importante pour le FBI. Il relit très souvent votre livre pour réviser certains thèmes !
— Tiens donc, dit l'expert en mensonge en s'adossant contre son siège avec ses mains croisées contre son ventre. Il arbora un air victorieux et demanda : — Il vous a dit ça ?
— Vous savez, l'agent Booth vous admire énormément !
— Il ne me l'avait jamais dit !
— Oh vous connaissez Booth… même s'il ne vous le dit pas en face, il met souvent en avant vos compétences et vos méthodes dans certaines enquêtes. Le Dr. Brennan ne comprend pas toujours pourquoi, mais vous savez comment elle est.
— Oui, Temp' a toujours eu un côté très… réaliste des choses, approuva Jane.
— Ça c'est sûr, souffla Sweets avant de reprendre plus gaiement : — Bon et bien, j'ai été très heureux de vous revoir !
— Nous aussi ! affirma étrangement Cal. Vous ne savez pas à quel point !
— C'est vrai ? l'interrogea Sweets surpris. Pourtant, vous n'aviez pas l'air de beaucoup m'apprécier à notre dernière rencontre. Je pensais que vous me preniez pour un psy sous extasie !
— Je devais surement être dans un mauvais jour, répondit Cal.
— Et il y en a beaucoup, marmonna Jane, derrière son verre d'eau qu'il s'apprêtait à boire, alors que son ami lui envoya un regard noir. Le mentaliste bu une gorgée du liquide et évita de ne pas s'étrangler avec le fou rire interne qu'il tentait bien que mal de réprimer.
— Vous m'en voyez soulagé ! J'ai tant d'admiration pour vous que j'ai eu peur que vous me détestiez !
— Rassurez-vous ce n'est pas le cas, objecta Cal. Pour vous le prouver, je vous inviterai un jour à diner et nous pourrons discuter… de l'agent Booth entre autre chose…
— J'en serai très honoré !
Sweets reçu un sms sur son portable et déclara : — Veuillez m'excusez, je vais devoir vous laisser, une affaire en cours ! Vous connaissez ! Oh j'ai failli oublié ! Pour le diner, je vous laisse mon numéro de téléphone !
Le jeune psychologue extirpa une carte de visite ainsi qu'un stylo, de la poche intérieure de sa veste, pour noter rapidement un autre numéro sur le dos de celle-ci.
— Je vous note mon numéro de portable ainsi que ma ligne fixe, si vous n'arrivez pas à me joindre sur ma ligne professionnelle !
Tout sourire, Lance donna sa carte à Cal puis serra sa main ainsi que celle de Jane.
— Dr. Lightman, M. Jane, j'ai été ravie de vous voir.
— Faites attention à votre mousse, ça déborde, conseilla Cal, en signalant du regard la mousse abondante qui recouvrait le cappuccino du jeune homme.
— Oh oui ! Merci, dit-il en buvant une gorgée de son café pour éviter la catastrophe du liquide renversé. Cal remarqua la fine moustache de lait qui s'était dessinée sur la lèvre supérieure du psychologue imberbe, mais préféra garder ce détail amusant sous silence. Sweets commença à s'éloigner des deux hommes, mais pila net lorsqu'il demanda :
— Heu… Je sais que cela peut vous paraitre étrange... mais je pourrais faire un selfie ? Parce que j'ai un ami psychologue et il est fan de vous… alors si j'avais une photo…
Cal arbora un visage perplexe à cette demande et Lance comprit qu'il était peut-être aller un peu trop loin. Il pinça ses lèvres et marcha à reculons en déclarant : — Heu ouais, peut-être pas… Bonne journée !
Lance quitta enfin le restaurant avec son café hautement laité alors que Jane lâcha un léger rire qu'il avait retenu depuis que celui-ci les avait accostés. Rieur il jeta un regard par la vitrine du restaurant pour voir le jeune psychologue dans la rue se tacher avec son café, et proclama amusé :
— Et bien, tu n'avais pas menti ! C'est un curieux numéro !
— Yep ! Et encore, tu ne l'as vu que quelques minutes, moi je l'ai eu toute une journée !
— Tu vas vraiment diner avec lui ?
— Bien sûr ! Je crois que Dr. Guimauve a encore pleins d'histoires à nous raconter sur notre cher agent Booth, argua Cal d'un soubresaut de ses sourcils, en tapotant malicieusement la carte de visite de Sweets sur la table.
— Tu ne vas pas le rater à notre prochaine visite à la grande maison, plaisanta Jane.
— Oh que non ! affirma t-il avec un grand sourire.
Une serveuse débarrassa les assiettes vides des deux clients qui décidèrent de commander deux thés avant de devoir reprendre leur enquête.
À SUIVRE...