Inconscient
Entre la vie et la mort, Cal se retrouve dans le coma après sa violente agression dont il a été victime dans le parking souterrain (Tel père tel fils). À son chevet, Gillian veille et espère le réveil de son mari tout en gérant les inquiétudes de sa famille et son travail. En parallèle, ses proches amis mènent une enquête qui leur permettront de découvrir la vérité de cette étrange affaire. Genre: Général - (crossover) Histoire à chapitre. Note: Cal et Gillian sont mariés - Emily a 23 ans - Nick et Louise ont 17 ans, Seth 14 ans. |
CHAPITRE 3 : UNE MAIN TENDUE
Une rude journée s'acheva pour Perkins. Après des heures de préparations pour le futur procès Williams, dont il était le principal inculpé, il décida de quitter son motel où il résidait pour s'aérer l'esprit. Cela malgré l'absence de son agent de sécurité et de l'interdiction du juge. Il ferma avec précaution sa porte et longea un couloir désert lorsqu'une pression sur son crâne l'arrêta dans ses pas.
— Levez vos mains, commanda une voix froide.
Perkins s'exécuta. On le fouilla, sans rien trouver.
— Agenouillez-vous, lentement.
Le soldat obtempéra sans dire un mot. L'arme s'enfonça sur sa tête. Il déglutit, mais ne tressaillit pas.
— Qu'est-ce que cela vous fait de vous retrouver sans défense… sans arme… d'être victime à votre tour ?
— Aurais-je le privilège de connaitre le visage de mon bourreau ?
— Vous le connaissez déjà. Pourquoi le revoir ?
— L'honneur.
— Vous osez parler d'honneur alors que tout ce que vous représentez en trahi son sens. Vous avez brisé des vies, vous avez tué une jeune fille qui ne méritait pas cette fin, et envoyé mon père entre la vie et la mort avec pour seule prière les larmes de ma mère. Alors non monsieur, vous méritez juste une ombre.
— La justice en décidera pour les deux premiers méfaits, mais laissez-moi vous dire que je n'ai rien fait pour votre père.
— Vous mentez ! ragea la voix. Je sais que c'est vous, ça ne peut être que vous.
— Votre père a peut-être d'autre ennemi. Réfléchissez. La vérité à ses parts d'injustices.
— Cela dépend du point de vue duquel on se place. Le votre est hors-limite.
Perkins fut violemment projeté au sol. Il gémit de douleur. Un pied s'enfonça avec force sur son crâne alors que le canon de l'arme de son assaillant était ciblé sur celui-ci. Il n'était qu'à une balle de la fin. La mâchoire serrée, l'exécuteur demanda :
— Un dernier mot ?
— Vous parlez d'honneur, mais vous salissez vos morts en agissant ainsi, gémit Perkins.
Le bourreau activa la sécurité de son arme, fit pression sur la gâchette puis…
— Nicholas ! Ne fais pas ça ! cria un homme au loin.
Le jeune homme armé reconnu la voix qui lui suppliait, mais continua de menacer le militaire au sol.
— Laisse-moi Gibbs, répliqua Nicholas amer.
À proximité, Gibbs rangea son arme alors que le reste de son équipe resta en joue sur l'adolescent. Aucun ne voulait tirer, or la situation l'exigeait. Le chef plaça ses mains en avant et s'avança d'un pas pour dire d'une voix posée:
— Rose ne mérite pas cette justice la. Ne fais pas ça.
— Ne bouge pas ! s'écria t-il, en déplaçant son arme sur l'homme au cheveux grisonnant. Ce dernier s'immobilisa et observa les mains tremblantes du jeune homme prêt à tirer au moindre faux pas. Nicholas n'arrivait plus à réfléchir, tout s'embrouillait dans son esprit. Il ne voyait plus l'ami de son père en face de lui, mais l'homme qui voulait l'empêcher d'assouvir sa vengeance.
— Ton père n'aurait pas voulu que tu fasses ça et tu le sais.
— C'est à cause de lui que mon père est en train de mourir ! cria-t-il, alors que des larmes coulaient sur ses joues.
— Ce n'est pas Perkins le coupable.
— Non ! Je sais que c'est lui !
— C'est un gang de mafieux d'Irlande qui en veut à ton grand-père. Ton père ne vous a rien dit pour vous protéger.
— Non…
Il pleura, sécha ses larmes d'une seule main et visa à nouveau Perkins.
— Perkins est coupable de la mort de Rose, et il doit être jugé pour ça. Crois-tu que ce jugement là honora la mémoire de Rose.
Gibbs s'avança d'un pas.
— Crois-tu… que faire justice soi-même la fera revenir.
Encore un pas. Nicholas contracta sa mâchoire et essaya de contrôler ses larmes.
— Crois-tu qu'elle t'a aimé pour ça…
L'adolescent déglutit, regarda le militaire avec rage.
— Il mérite de souffrir, répliqua Nicholas entre ses dents.
— Pas comme ça, ne sois pas comme lui. Donne-moi ton arme Nick.
Nicholas trembla.
— Donne la moi, pour Rose.
Au prénom de la jeune fille, il réfléchit, abaissa son arme et Gibbs en profita pour la lui subtiliser. Il éloigna le jeune homme du militaire et le prit dans ses bras pour le calmer. Ziva aida Perkins à se relever alors qu'un agent de police s'approcha de Nicholas et le menotta.
— Qu'est-ce que vous faites ?! ragea Gibbs.
— Il a fait une tentative de meurtre sur un homme coupable d'homicide, signala le policier. Je dois l'arrêter.
— C'était une erreur !
— La justice la réglera.
Nicholas se laissa faire alors que le policier l'embarqua sous les yeux dépités des agents du Ncis.
OoO
Après l'intervention, Patrick prit connaissance des événements dissimulés par le FBI. Sans attendre, il avoua en détail tout ce qu'il s'était passé à Gillian. Abasourdie, elle s'était raccrochée à son bureau pour ne pas s'évanouir malgré les paroles rassurantes de son ami. Dans tous ses états, la psychologue s'était précipitée avec Jane au siège du BAU pour réclamer ce que ses amis lui avaient sciemment caché. Arrivée dans l'espace de travail des agents fédéraux, la mère de famille cibla le patron des lieux et s'exclama d'une voix tonitruante :
— Aaron ! Il faut qu'on parle immédiatement.
Hotcher discerna dans le ton employé par son amie, une panique et une froideur qu'il ne connaissait pas et qu'il aurait voulu ne jamais connaître. Un silence pesant s'était dissipé dans la salle. Tous les regards des employés dérivèrent sur Gillian puis sur Aaron. Ce dernier comprit qu'il était temps des explications et commanda à son amie de le suivre dans son bureau. Jane resta sur place alors qu'elle traversa la salle, sous les regards perturbés de certains de ses amis, pour disparaître avec Aaron derrière la porte de son bureau. À l'intérieur, il indiqua à Gillian de s'assoir sur un fauteuil. Celle-ci refusa et préféra rester debout. Le profiler comprit le message et déclara :
— Écoute Gill', on était tous d'accord pour attendre avant te le dire mais…
— Mais quoi ?! ragea t-elle. Vous alliez me le dire lorsque mon fils a menacé un homme avec une arme à feu, ou lorsqu'il allait se faire tirer dessus par un agent ?!
— Gill'…, dit-il sur un ton désolé. On voulait te protéger.
— Arrête Aaron ! Ne joue pas à ça avec moi ! s'emporta t-elle. Je ne suis pas une petite chose fragile qui doit absolument être tenue à l'écart de peur que je me brise ! Je peux supporter l'angoisse que Cal soit encore dans le coma, l'enquête que vous menez pour retrouver les coupables, la peur de mes enfants, mais s'il y a une chose que je ne tolérais pas, c'est le mensonge ! Regarde où cela nous a mené ?! Regarde où cela l'a mené !
La colère que ressentait Gillian commença à se remplacer par de la tristesse. Elle ne pouvait plus garder ce désespoir qui la rongeait de ne pas être à la hauteur de la situation. Elle ferma ses yeux pour contrôler ses émotions, mais c'était peine perdue. Les yeux larmoyants, elle enchaina :
— Si Cal m'avait raconté pour son père, on s'y serait pris autrement et il ne serait pas entre la vie et la mort ! Il serait là, avec sa famille ! Il…
Elle se sentait désarmée. Aaron vit la carapace de la psychologue se briser une à une. Il s'empressa de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Celle-ci serra son ami et pleura sur son épaule toute la fatiguée accumulée depuis ces derniers jours.
OoO
Deux heures après son arrestation, Nicholas se trouvait menotté sur une chaise dans la salle d'interrogatoire d'un commissariat. Il était épuisé, son regard était fixé sur un point invisible sur la table. Immobile, il se ressassait toutes les fautes qu'il avait commise depuis ces dernières années et songea qu'on devait l'envoyer derrière les barreaux pour compter les minutes et les secondes afin d'espérer l'absolution. Il contracta ses tempes à plusieurs reprises lorsque la porte de la salle s'ouvrit sur une femme brune. Une expression de surprise accapara son visage alors qu'il reconnut Zoe, l'ex femme de son père. Habillée de son tailleur habituel avec une serviette en cuir à la main, elle jeta un regard à Nicholas et commanda à un agent de police à ses côtés :
— Pourquoi mon client est attaché ? Vous craignez qu'il s'enfuit à travers les murs ! Détachez-le immédiatement.
L'agent de police esquissa un rictus en coin et libéra le jeune homme avant de quitter la salle. Sans un mot, Zoe regarda un instant l'état de Nicholas. Aucune blessures n'étaient à déplorer, mais pendant un instant elle songea, troublée, qu'il ressemblait beaucoup à Cal. Il avait les mêmes traits et la même gestuelle que son père, tandis que son regard bleuté reflétait la douceur et la bienveillance de sa mère. Elle racla sa gorge pour reprendre ses esprits et s'installa en face de son client, en déposant sa serviette sur la table pour en sortir des documents.
— Tu n'es pas obligée d'être ici, signala Nicholas d'une voix à la fois posée et fatiguée.
— Et je ne le suis pas, contra t-elle avec un léger sourire.
— C'est ma mère qui t'a demandé de venir ?
— C'est ton parrain qui m'a dit que tu étais ici, mais c'est moi qui ai décidé de venir et c'est aussi moi qui vais te faire sortir d'ici.
Nicholas fixa pensivement ses mains jointes et souffla :
— C'est étrange…
— Quoi donc ?
— J'ai toujours pensé… que tu ne m'avais jamais vraiment aimé.
Surprise par ces pensées, Zoe l'interrogea :
— Pourquoi pensais-tu ça ?
— Je ne sais pas… Vu que tu étais mariée avec mon père, je pensais surement que je n'étais pas grand chose à tes yeux. Pourtant, je t'ai toujours admiré et apprécié.
— Je ne sais pas comment tu as pu pensé ça Nick, mais je t'ai toujours aimé. Tu es un garçon intelligent, gentil, protecteur avec les personnes qui t'entourent…
— Tu ne crois pas t'être trompé de personne, dit-il avec un sourire en coin.
Zoe regarda l'expression perdue du jeune homme. Elle pinça ses lèvres de manière pensive puis allégua sur un ton à la fois doux et sérieux :
— Je sais que pour le moment tu penses que les obstacles que tu vis sont infranchissables mais tu oublies, souvent comme ton père, que tu n'es pas seul. Tu as une famille qui est là pour t'aider quoiqu'il arrive.
— Je ne crois pas la mériter…, répliqua t-il, en la regardant droit dans les yeux.
— Tu as tort. Elle sortit un stylo et ajouta : — Et je vais te le prouver. Dis moi tout ce qui s'est passé.
Un fin sourire apparut sur les lèvres du jeune homme qui fixa le visage attentif et déterminé de l'avocate. Il allait s'en sortir, il le devait pour les personnes qui comptait sur lui et qui l'aimait…
OoO
Toujours au BAU, Gillian n'avait pas encore eu le droit d'aller voir son fils en garde à vue. Patrick l'avait rassuré sur l'expertise de Zoe pour tirer de nombreuses personnes dans ce genre de situation. Pour s'occuper l'esprit, elle s'était rendue dans la salle de réunion, pour regarder avec désarrois l'ensemble des documents confidentiels trouvés sur son mari et son beau-père. Elle était déboussolée, usée, à bout… La vérité ne semblait pas être ce quelle était. Sans le voir, Aaron entra et déposa devant elle une tasse de café fumante. Elle la toucha du bout des doigts mais n'en but pas. En pleine contemplation du liquide, elle lâcha :
— J'ai l'impression de ne plus le connaître… quand je vois son passé… je me dis qu'il est un homme totalement différent…
L'agent du FBI observa son visage attristé puis argua posément :
— Comme tu le dis, c'est du passé. Pour lui, tout ce qui compte c'est l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Le mari, le père et l'ami. Tu lui as donné la force de changer, de lui prouver qu'il pouvait être autre chose que ce que son père pensait de lui. Tu l'as aimé.
Gillian souhaita croire plus que tout à ces paroles, mais lorsqu'elle regarda un dossier confidentiel concernant les agissements de Cal, en Irlande du nord dans les années 90, elle se sentait complètement déboussolée. Aaron la vit faire et poursuivit :
— Certains de ses actes ne sont pas en rapport avec lui. Le gouvernement l'a obligé à faire certaine choses qu'il regrette encore aujourd'hui…
— Cal dit souvent que nous avons toujours le choix…
— J'aimerais le croire, mais je ne pense pas…, souffla le profiler. Il y a toujours des choses qui nous poussent à enfreindre nos morales les plus profondes pour des causes qui nous tiennent à coeur ou des personnes, dit-il en regardant une photo d'Emily dans un dossier. Gillian suivit son regard et lâcha un léger soupir. Elle allait devoir garder la tête hors de l'eau afin de se battre pour lui et sa famille.
À SUIVRE...
— Levez vos mains, commanda une voix froide.
Perkins s'exécuta. On le fouilla, sans rien trouver.
— Agenouillez-vous, lentement.
Le soldat obtempéra sans dire un mot. L'arme s'enfonça sur sa tête. Il déglutit, mais ne tressaillit pas.
— Qu'est-ce que cela vous fait de vous retrouver sans défense… sans arme… d'être victime à votre tour ?
— Aurais-je le privilège de connaitre le visage de mon bourreau ?
— Vous le connaissez déjà. Pourquoi le revoir ?
— L'honneur.
— Vous osez parler d'honneur alors que tout ce que vous représentez en trahi son sens. Vous avez brisé des vies, vous avez tué une jeune fille qui ne méritait pas cette fin, et envoyé mon père entre la vie et la mort avec pour seule prière les larmes de ma mère. Alors non monsieur, vous méritez juste une ombre.
— La justice en décidera pour les deux premiers méfaits, mais laissez-moi vous dire que je n'ai rien fait pour votre père.
— Vous mentez ! ragea la voix. Je sais que c'est vous, ça ne peut être que vous.
— Votre père a peut-être d'autre ennemi. Réfléchissez. La vérité à ses parts d'injustices.
— Cela dépend du point de vue duquel on se place. Le votre est hors-limite.
Perkins fut violemment projeté au sol. Il gémit de douleur. Un pied s'enfonça avec force sur son crâne alors que le canon de l'arme de son assaillant était ciblé sur celui-ci. Il n'était qu'à une balle de la fin. La mâchoire serrée, l'exécuteur demanda :
— Un dernier mot ?
— Vous parlez d'honneur, mais vous salissez vos morts en agissant ainsi, gémit Perkins.
Le bourreau activa la sécurité de son arme, fit pression sur la gâchette puis…
— Nicholas ! Ne fais pas ça ! cria un homme au loin.
Le jeune homme armé reconnu la voix qui lui suppliait, mais continua de menacer le militaire au sol.
— Laisse-moi Gibbs, répliqua Nicholas amer.
À proximité, Gibbs rangea son arme alors que le reste de son équipe resta en joue sur l'adolescent. Aucun ne voulait tirer, or la situation l'exigeait. Le chef plaça ses mains en avant et s'avança d'un pas pour dire d'une voix posée:
— Rose ne mérite pas cette justice la. Ne fais pas ça.
— Ne bouge pas ! s'écria t-il, en déplaçant son arme sur l'homme au cheveux grisonnant. Ce dernier s'immobilisa et observa les mains tremblantes du jeune homme prêt à tirer au moindre faux pas. Nicholas n'arrivait plus à réfléchir, tout s'embrouillait dans son esprit. Il ne voyait plus l'ami de son père en face de lui, mais l'homme qui voulait l'empêcher d'assouvir sa vengeance.
— Ton père n'aurait pas voulu que tu fasses ça et tu le sais.
— C'est à cause de lui que mon père est en train de mourir ! cria-t-il, alors que des larmes coulaient sur ses joues.
— Ce n'est pas Perkins le coupable.
— Non ! Je sais que c'est lui !
— C'est un gang de mafieux d'Irlande qui en veut à ton grand-père. Ton père ne vous a rien dit pour vous protéger.
— Non…
Il pleura, sécha ses larmes d'une seule main et visa à nouveau Perkins.
— Perkins est coupable de la mort de Rose, et il doit être jugé pour ça. Crois-tu que ce jugement là honora la mémoire de Rose.
Gibbs s'avança d'un pas.
— Crois-tu… que faire justice soi-même la fera revenir.
Encore un pas. Nicholas contracta sa mâchoire et essaya de contrôler ses larmes.
— Crois-tu qu'elle t'a aimé pour ça…
L'adolescent déglutit, regarda le militaire avec rage.
— Il mérite de souffrir, répliqua Nicholas entre ses dents.
— Pas comme ça, ne sois pas comme lui. Donne-moi ton arme Nick.
Nicholas trembla.
— Donne la moi, pour Rose.
Au prénom de la jeune fille, il réfléchit, abaissa son arme et Gibbs en profita pour la lui subtiliser. Il éloigna le jeune homme du militaire et le prit dans ses bras pour le calmer. Ziva aida Perkins à se relever alors qu'un agent de police s'approcha de Nicholas et le menotta.
— Qu'est-ce que vous faites ?! ragea Gibbs.
— Il a fait une tentative de meurtre sur un homme coupable d'homicide, signala le policier. Je dois l'arrêter.
— C'était une erreur !
— La justice la réglera.
Nicholas se laissa faire alors que le policier l'embarqua sous les yeux dépités des agents du Ncis.
OoO
Après l'intervention, Patrick prit connaissance des événements dissimulés par le FBI. Sans attendre, il avoua en détail tout ce qu'il s'était passé à Gillian. Abasourdie, elle s'était raccrochée à son bureau pour ne pas s'évanouir malgré les paroles rassurantes de son ami. Dans tous ses états, la psychologue s'était précipitée avec Jane au siège du BAU pour réclamer ce que ses amis lui avaient sciemment caché. Arrivée dans l'espace de travail des agents fédéraux, la mère de famille cibla le patron des lieux et s'exclama d'une voix tonitruante :
— Aaron ! Il faut qu'on parle immédiatement.
Hotcher discerna dans le ton employé par son amie, une panique et une froideur qu'il ne connaissait pas et qu'il aurait voulu ne jamais connaître. Un silence pesant s'était dissipé dans la salle. Tous les regards des employés dérivèrent sur Gillian puis sur Aaron. Ce dernier comprit qu'il était temps des explications et commanda à son amie de le suivre dans son bureau. Jane resta sur place alors qu'elle traversa la salle, sous les regards perturbés de certains de ses amis, pour disparaître avec Aaron derrière la porte de son bureau. À l'intérieur, il indiqua à Gillian de s'assoir sur un fauteuil. Celle-ci refusa et préféra rester debout. Le profiler comprit le message et déclara :
— Écoute Gill', on était tous d'accord pour attendre avant te le dire mais…
— Mais quoi ?! ragea t-elle. Vous alliez me le dire lorsque mon fils a menacé un homme avec une arme à feu, ou lorsqu'il allait se faire tirer dessus par un agent ?!
— Gill'…, dit-il sur un ton désolé. On voulait te protéger.
— Arrête Aaron ! Ne joue pas à ça avec moi ! s'emporta t-elle. Je ne suis pas une petite chose fragile qui doit absolument être tenue à l'écart de peur que je me brise ! Je peux supporter l'angoisse que Cal soit encore dans le coma, l'enquête que vous menez pour retrouver les coupables, la peur de mes enfants, mais s'il y a une chose que je ne tolérais pas, c'est le mensonge ! Regarde où cela nous a mené ?! Regarde où cela l'a mené !
La colère que ressentait Gillian commença à se remplacer par de la tristesse. Elle ne pouvait plus garder ce désespoir qui la rongeait de ne pas être à la hauteur de la situation. Elle ferma ses yeux pour contrôler ses émotions, mais c'était peine perdue. Les yeux larmoyants, elle enchaina :
— Si Cal m'avait raconté pour son père, on s'y serait pris autrement et il ne serait pas entre la vie et la mort ! Il serait là, avec sa famille ! Il…
Elle se sentait désarmée. Aaron vit la carapace de la psychologue se briser une à une. Il s'empressa de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Celle-ci serra son ami et pleura sur son épaule toute la fatiguée accumulée depuis ces derniers jours.
OoO
Deux heures après son arrestation, Nicholas se trouvait menotté sur une chaise dans la salle d'interrogatoire d'un commissariat. Il était épuisé, son regard était fixé sur un point invisible sur la table. Immobile, il se ressassait toutes les fautes qu'il avait commise depuis ces dernières années et songea qu'on devait l'envoyer derrière les barreaux pour compter les minutes et les secondes afin d'espérer l'absolution. Il contracta ses tempes à plusieurs reprises lorsque la porte de la salle s'ouvrit sur une femme brune. Une expression de surprise accapara son visage alors qu'il reconnut Zoe, l'ex femme de son père. Habillée de son tailleur habituel avec une serviette en cuir à la main, elle jeta un regard à Nicholas et commanda à un agent de police à ses côtés :
— Pourquoi mon client est attaché ? Vous craignez qu'il s'enfuit à travers les murs ! Détachez-le immédiatement.
L'agent de police esquissa un rictus en coin et libéra le jeune homme avant de quitter la salle. Sans un mot, Zoe regarda un instant l'état de Nicholas. Aucune blessures n'étaient à déplorer, mais pendant un instant elle songea, troublée, qu'il ressemblait beaucoup à Cal. Il avait les mêmes traits et la même gestuelle que son père, tandis que son regard bleuté reflétait la douceur et la bienveillance de sa mère. Elle racla sa gorge pour reprendre ses esprits et s'installa en face de son client, en déposant sa serviette sur la table pour en sortir des documents.
— Tu n'es pas obligée d'être ici, signala Nicholas d'une voix à la fois posée et fatiguée.
— Et je ne le suis pas, contra t-elle avec un léger sourire.
— C'est ma mère qui t'a demandé de venir ?
— C'est ton parrain qui m'a dit que tu étais ici, mais c'est moi qui ai décidé de venir et c'est aussi moi qui vais te faire sortir d'ici.
Nicholas fixa pensivement ses mains jointes et souffla :
— C'est étrange…
— Quoi donc ?
— J'ai toujours pensé… que tu ne m'avais jamais vraiment aimé.
Surprise par ces pensées, Zoe l'interrogea :
— Pourquoi pensais-tu ça ?
— Je ne sais pas… Vu que tu étais mariée avec mon père, je pensais surement que je n'étais pas grand chose à tes yeux. Pourtant, je t'ai toujours admiré et apprécié.
— Je ne sais pas comment tu as pu pensé ça Nick, mais je t'ai toujours aimé. Tu es un garçon intelligent, gentil, protecteur avec les personnes qui t'entourent…
— Tu ne crois pas t'être trompé de personne, dit-il avec un sourire en coin.
Zoe regarda l'expression perdue du jeune homme. Elle pinça ses lèvres de manière pensive puis allégua sur un ton à la fois doux et sérieux :
— Je sais que pour le moment tu penses que les obstacles que tu vis sont infranchissables mais tu oublies, souvent comme ton père, que tu n'es pas seul. Tu as une famille qui est là pour t'aider quoiqu'il arrive.
— Je ne crois pas la mériter…, répliqua t-il, en la regardant droit dans les yeux.
— Tu as tort. Elle sortit un stylo et ajouta : — Et je vais te le prouver. Dis moi tout ce qui s'est passé.
Un fin sourire apparut sur les lèvres du jeune homme qui fixa le visage attentif et déterminé de l'avocate. Il allait s'en sortir, il le devait pour les personnes qui comptait sur lui et qui l'aimait…
OoO
Toujours au BAU, Gillian n'avait pas encore eu le droit d'aller voir son fils en garde à vue. Patrick l'avait rassuré sur l'expertise de Zoe pour tirer de nombreuses personnes dans ce genre de situation. Pour s'occuper l'esprit, elle s'était rendue dans la salle de réunion, pour regarder avec désarrois l'ensemble des documents confidentiels trouvés sur son mari et son beau-père. Elle était déboussolée, usée, à bout… La vérité ne semblait pas être ce quelle était. Sans le voir, Aaron entra et déposa devant elle une tasse de café fumante. Elle la toucha du bout des doigts mais n'en but pas. En pleine contemplation du liquide, elle lâcha :
— J'ai l'impression de ne plus le connaître… quand je vois son passé… je me dis qu'il est un homme totalement différent…
L'agent du FBI observa son visage attristé puis argua posément :
— Comme tu le dis, c'est du passé. Pour lui, tout ce qui compte c'est l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Le mari, le père et l'ami. Tu lui as donné la force de changer, de lui prouver qu'il pouvait être autre chose que ce que son père pensait de lui. Tu l'as aimé.
Gillian souhaita croire plus que tout à ces paroles, mais lorsqu'elle regarda un dossier confidentiel concernant les agissements de Cal, en Irlande du nord dans les années 90, elle se sentait complètement déboussolée. Aaron la vit faire et poursuivit :
— Certains de ses actes ne sont pas en rapport avec lui. Le gouvernement l'a obligé à faire certaine choses qu'il regrette encore aujourd'hui…
— Cal dit souvent que nous avons toujours le choix…
— J'aimerais le croire, mais je ne pense pas…, souffla le profiler. Il y a toujours des choses qui nous poussent à enfreindre nos morales les plus profondes pour des causes qui nous tiennent à coeur ou des personnes, dit-il en regardant une photo d'Emily dans un dossier. Gillian suivit son regard et lâcha un léger soupir. Elle allait devoir garder la tête hors de l'eau afin de se battre pour lui et sa famille.
À SUIVRE...