Inconscient
Entre la vie et la mort, Cal se retrouve dans le coma après sa violente agression dont il a été victime dans le parking souterrain (Tel père tel fils). À son chevet, Gillian veille et espère le réveil de son mari tout en gérant les inquiétudes de sa famille et son travail. En parallèle, ses proches amis mènent une enquête qui leur permettront de découvrir la vérité de cette étrange affaire. Genre: Général - (crossover) Histoire à chapitre. Note: Cal et Gillian sont mariés - Emily a 23 ans - Nick et Louise ont 17 ans, Seth 14 ans. |
CHAPITRE 13 : HORS D'ÂGE
Le jour suivant, Cal se reposa dans le canapé du salon en l'absence de sa femme et de ses enfants. Il entendit des voix faire échos à l'entrée et reconnu immédiatement celles de Jane et de son fils. Ces derniers rentrèrent des courses et transportèrent des sacs remplis de nourritures pour les déposer dans la cuisine.
— Je t'ai acheté du vrai thé ! signala Patrick.
— Fantastique, dit Cal, en se redressant douloureusement dans le canapé qui lui servait de lit pendant la journée. Il grimaça légèrement lorsqu'il sentit la cicatrice de son opération s'étirer.
— Ça va papa ? s'inquiéta Nicholas.
Cal releva sa tête et rencontra le regard inquiet de son fils.
— Ça va mon grand, juste une petite douleur. Ça va passer…
— Tu veux tes médicaments ?
— Non, après je m'endors et je crois que j'ai assez dormis comme ça depuis qu'on est revenu.
— T'es sûr parce que…
— Je vais bien Nick, affirma son père avec un sourire.
Depuis qu'ils étaient revenus d'Irlande, Cal avait remarqué l'étrange sollicitude de son fils à son égard. Comme si chacun des ses pas, gestes, chacune de ses respirations pouvaient retenir son attention de tout instant.
— Bien… Tu veux que je t'aide à monter l'escalier pour que tu puisses te reposer dans ton lit ?
— Je suis bien ici, confirma t-il souriant.
Nicholas pinça ses lèvres et baissa son regard au sol. Cal discerna l'expression de culpabilité visible sur le visage de son fils. D'un regard implicite, Patrick lui indiqua d'entamer une discussion avec celui-ci.
— Nick, tu peux venir deux minutes. Il faut qu'on parle, demanda Cal.
Le jeune homme s'excusa auprès de Patrick puis exécuta la demande de son père en prenant place sur un fauteuil à proximité du canapé. Le jeune homme se douta que la conversation allait probablement se tenir sur ces derniers agissements qui aurait pu lui coûter la vie. Mal à l'aise, il croisa ses mains et réclama quelque peu anxieux :
— Alors… De quoi est-ce que tu veux qu'on parle ?
— Aaron m'a dit ce qui s'était passé avec Harrys.
— Papa, je suis désolé. Je croyais que…, bafouilla t-il avant d'être coupé par son père.
— Je sais que tu t'en veux et je sais aussi que tu crois que c'est de ta faute si j'étais dans le coma. N'est-ce pas ?
Il n'y avait aucun reproche dans le ton employé par le père, seulement de l'inquiétude. Nicholas ferma ses yeux puis avoua, non sans peine :
— Si j'étais arrivé plus vite, tu n'aurais pas subi tout… ça.
— Nick, tout ce qui s'est passé n'est en rien de ta faute ! Tu n'es qu'un adolescent qui doit seulement se préoccuper de ses amis et de ses études. Surement pas des histoires de criminels…, balaya t-il, d'un geste de la main.
Le jeune homme tourna son regard dépité sur celui préoccupé de son père et contra blessé :
— Je suis plus que ça, papa ! Je ne suis plus un gamin. Et puis, j'ai le sentiment qu'avec tout ce que je vous ai fait subir, je me dois de vous aider.
— Tout ce que tu nous as fait subir, est le résultat de ta colère. Un sentiment légitime étant donné ce que tu as vécu. Je ne t'en veux pas pour ce qui s'est passé en Irlande. Même si c'était complètement irresponsable et… idiot, ajouta t-il, avec un haussement de ses sourcils.
Cal fit une pause, sembla chercher ses mots puis déclara d'un geste de la main : — Tu voulais me protéger… Mais, je veux que tu comprennes que ce genre de chose ne doit plus jamais se reproduire. Ne te sacrifie pas pour moi. C'est moi qui doit te protéger et non pas le contraire. Tu es beaucoup trop jeune pour connaître ce type de milieu. Mon devoir en tant que père est de te donner des limites. Un principe sur lequel j'ai échoué ces dernières années parce que je pensais que te laisser plus de liberté te ferai aller mieux. Je veux que saches qu'aujourd'hui cela va changer. Tu dis que tu n'es plus un gamin, c'est vrai, mais à mes yeux tu seras toujours mon petit garçon. On a perdu beaucoup de temps à se combattre alors que j'aurai dû dialoguer avec toi, même si cela signifiait que nous allions devoir nous blesser… Je vais veiller sur toi à chaque instant et même si pour ça, tu ne comprendras pas mes décisions ou si tu dois me… détester parce que… je t'aime et que je ferai n'importe quoi pour toi, Nick.
Nicholas fut extrêmement touché par les paroles de son père. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il ne pleura pas, mais différentes émotions déferlèrent en lui : tristesse, joie, peur… Cela fait très longtemps qu'ils n'avaient pas eu ce genre de discussion et c'est pour cette raison que l'émotion en était plus vive. Cal le remarqua et se leva en indiquant à son fils de venir dans ses bras. Le jeune homme s'exécuta avec émotion alors que son père le serra tendrement avant de se reculer légèrement pour regarder inquiet le visage de son fils.
— Ça va aller ?
Nicholas hocha positivement sa tête alors qu'il était dans l'incapacité de formuler la moindre parole tant le moment avait été pour lui riche en émotion. Pour changer d'atmosphère, Jane proclama enjoué dans la cuisine :
— Tout est réglé ? Je vous propose de fêter ça autour d'un bon thé !
— À l'anglaise ! stipula Cal, en poussant son fils à se rendre dans la cuisine.
— Avec un soupçon de Californie !
— Ne gâche pas tout Patrick…
Le mentaliste ria puis rangea les courses avec l'aide de Nicholas. Tout d'un coup, Cal entendit son portable vibrer sur la table du salon et fit demi-tour pour décrocher :
— Lightman.
— Dr. Lightman, c'est l'agent O'Reilly du DMI. J'ai une chose importante à vous dire… votre père a disparu.
— Comment ça ? s'exclama t-il surpris.
— Un agent devait le récupérer après sa journée à l'hôpital, mais dieu sait comment, il a réussi à s'enfuir… Nos équipes le recherche depuis sans succès. Il serait devenu un vrai fantôme…
— Je veux bien le croire… Il est doué pour ça.
— Si vous avez des nouvelles, vous me les ferez parvenir.
— Bien entendu, merci de m'avoir appelé.
Cal raccrocha et fixa son portable avec un air pensif. Jane le remarqua et l'interrogea :
— Un problème ?
— Je ne sais pas encore…, souffla t-il, sans regarder son ami. Jane émit un mouvement de sourcil interrogatif, mais n'alla pas plus loin dans la conversation. Du mouvement s'opéra à l'entrée. C'était Emily qui revenait d'une sortie. Elle rejoignit les trois hommes dans la cuisine, en pleine préparation de thé, et plaisanta :
— Vous célébrez l'anniversaire de la reine d'Angleterre ?
— Non, sinon on l'aurait invité ! répliqua Patrick.
Emily arbora un sourire amusé et embrassa son père qui s'était assis autour de l'ilot central.
— Tu vas bien papa ?
— J'ai un peu mal, mais je vais voir le médecin avec Gillian.
— Au fait, où sont Seth, Gillian et Lou' ?
Patrick versa du thé dans la tasse de Cal et regarda discrètement l'air curieux de la jeune fille. Cette question semblait loin d'être anodine aux oreilles attentives du mentaliste.
— Les filles sont parties faire du shopping et ta mère a obligé ton petit frère à venir pour compléter sa punition de la crème solaire. Ta soeur avait un besoin urgent d'un nouveau haut, répondit Cal avec un air d'incompréhension sur le visage, comme si l'art vestimentaire féminin lui échappait totalement.
— Je vois, sourit-elle rieuse. Bon, je vais vous laisser à votre dégustation. Ne recrachez pas dans l'évier !
Cal ria légèrement à cette raillerie. Emily disparut à l'étage sous les yeux interrogateurs de Jane qui goûta une gorgée de son thé tout juste préparé. Son intuition lui criait que la jeune fille avait de la suite dans les idées et cela commença à fortement l'intéresser…
Quelques minutes plus tard, Jane flâna dans les couloirs de l'étage et aperçut la porte entre-ouverte de la chambre de Louise qui pourtant était encore absente. L'air de rien, il pressa lentement la porte de son index pour découvrir, à moitié surprit, Emily, assise au bureau de sa soeur, pianotant derrière un ordinateur. Les mains dans le dos, le mentaliste se glissa subtilement à ses côtés pour regarder, par-dessus son épaule, l'écran de l'ordinateur.
— Intéressant…, dit-il, avec un sourire.
Prise sur le fait, Emily sursauta et se retourna vivement en direction du nouveau venu. Les yeux écarquillés, elle bafouilla pour se défendre :
— Patrick ! Je… c'est pas ce que tu crois !
— Que dois-je croire ? quémanda t-il, l'air amusé.
— Je m'inquiète pour Lou'…
— C'est ce que je pensais, sourit-il. Dis-moi ce que tu as trouvé et je te donnerai mes sources.
Face à l'intérêt du mentaliste, Emily lui lança d'abord un regard perplexe puis comprit, à son expression attentive, qu'elle pouvait lui faire partager, en toute confiance, ses dernières découvertes.
oOo
Un peu plus tard, Jane buvait un thé aux abords de la maison des Lightman. Il aperçut la voiture du couple revenir du rendez-vous avec le médecin et leur adressa un petit signe de la main. Une fois garé, Cal et Gillian sortirent du véhicule alors que le mentaliste vint les accueillir avec son habituel sourire.
— Alors, qu'a dit le médecin ?
— Qu'il doit arrêter de courir après les criminels et rester au lit ! résuma Gillian, avec un regard appuyé pour son mari. Ce dernier haussa ses sourcils et répliqua :
— Je suis prêt à rester au lit si tu y restes avec moi !
Jane émit un léger rire alors que Gillian leva ses yeux au ciel d'exaspération.
— Va te coucher Cal ! ordonna t-elle, en se dirigeant vers la porte d'entrée pour entrer dans sa maison. Cal s'apprêta à faire la même chose, mais Jane s'y opposa.
— Il faut qu'on parle, Cal. C'est au sujet de Lou'.
Au visage inhabituellement sérieux du mentaliste, l'expert en mensonge fronça ses sourcils et commanda à son ami de le suivre dans le jardin. Loin des oreilles indiscrètes, Patrick révéla tout ce qu'il savait sur l'étrange relation entre l'adolescente et un jeune homme du nom de Jason.
— Em' a réussi à suivre le fil d'une discussion entre lui et Lou'. Il l'a invité à boire un café en fin d'après-midi.
Dépassé, Cal demanda :
— Tu dis que ça fait plus de trois mois que cela dur ?
Patrick pinça ses lèvres pour toute réponse.
— Comment… comment je n'ai pas pu voir ça !
— Louise arrive très bien à dissimuler ses secrets lorsqu'elle le veut. J'ai simplement réussi à récupérer quelques indices. Et puis… tu as eu beaucoup de choses à gérer ces derniers temps…
— Je suis son père Patrick ! Je dois être là pour elle, même si j'ai des problèmes.
— Je sais, souffla t-il, avec un air désolé.
Cal capta l'expression du mentaliste et ferma ses yeux une seconde en songeant au passé douloureux de son ami.
— Excuse-moi Patrick…
— Je t'en pris ne t'excuse pas. Je considère Lou' comme si elle était ma fille et si tu veux mon avis, je crois que tu devrais rapidement discuter de ça avec elle.
— Mouais…, maugréa t-il, en voyant sa fille, sur la terrasse du jardin, discuter au téléphone. Dans le regard du père, Jane comprit qu'il ne s'apprêtait pas seulement à avoir une conversation posée et cela ne le réjouit aucunement.
Dans la journée, Cal s'était rendu au lieu du rendez-vous de sa fille, Louise. Il se gara non loin de la terrasse de café puis sortit de son véhicule pour observer, derrière ses lunettes de soleil, où pouvait se trouver la jeune fille. Deux minutes plus tard, il l'aperçut zigzaguer entre les tables puis saluer chaleureusement un type installé à une table. Elle prit place avec lui alors qu'un serveur nota leur commande. Cal bouillonna intérieurement en découvrant le fameux Jason avec qui sa fille entretenait une relation. Le jeune homme n'était pas comme les anciens petits-amis de sa fille, parce qu'il en avait tout simplement treize ans de plus ! Un écart que Cal se promis de transformer en fosse pour le trentenaire. De sa position, il serra les dents en voyant sa fille rire aux éclats puis capta l'irréparable lorsque l'homme pris sa main dans la sienne. Son sang ne fit plus qu'un tour. La rage s'empara de lui. N'y tenant plus, il s'approcha à toute vitesse des deux amis complices.
— Hey vous ! s'exclama Cal, en pointant du doigt le trentenaire. Ça va pas ?! C'est ma fille que vous draguez !
— Papa ?! s'offusqua Louise. Qu'est-ce que tu fais ici ?!
Occultant les paroles de sa fille, Cal continua sa scène en beuglant contre Jason :
— J'peux savoir ce que tu fous avec elle, sale pervers !
— Je ne vous permets pas ! se scandalisa Jason. Et qui êtes vous d'abord ?!
— Son père ! Et vous ?!
Surpris par cette révélation, le trentenaire bafouilla :
— Je… un ami !
— Un ami qui drague les filles de 16 ans sur internet et qui les soûles avec des verres d'alcool ! argua Cal, en pointant du doigt une bière sur la table.
— J'ai 17 ans ! répliqua Louise avec vigueur.
— Pas 18 ! Va dans la voiture immédiatement !
— Tu n'as pas le droit…
Cal interrompit sa fille pour sèchement lui ordonner :
— Tout de suite ! Et ne discute pas !
Hors d'elle, Louise s'exécuta alors que son père continua son scandale :
— Vous faites ça avec toute les filles de 17 ans ?! Vous leur parler sur internet puis vous les mettez dans votre lit après plusieurs verres !
— Elle m'a dit qu'elle avait 18 ans ! se défendit Jason.
— Donc vous ne niez que vous êtes un pervers !
— Je…!
D'une extrême rapidité, Cal approcha son visage rageur de celui apeuré de Jason et le menaça :
— Écoute-moi bien mon pote, si je te vois tourner autour d'elle de près ou de loin, je me ferais un plaisir de te refaire le portrait ! En fait… si jamais je te vois t'approcher d'une autre fille de moins 18, c'est pareille et je te fais suivre par les flics ! T'as compris !
Sans voix, l'homme ne répondit pas. Souhaitant une réponse claire, Cal l'empoigna par le col de sa chemise et exigea avec autorité :
— Je te demande si tu as compris ?!
Le trentenaire hocha rapidement la tête. Satisfait, Cal jeta un dernier regard noir à Jason avant de retourner à sa voiture, sous les yeux médusés des clients du café qui regardèrent ensuite sombrement ce dernier encore sous le choc. Une fois à la voiture, Cal retrouva Louise à proximité de celle-ci.
— Tu m'as suivi ! s'exclama t-elle furieuse.
Sur le même ton, Cal répliqua avec des gestes de ses mains :
— Et heureusement ! Ce type à le double de ton âge !
— Et alors ? On ne faisait rien de mal ! Il m'invite juste à sortir de temps en temps !
— Tu es inconsciente ! Ce type veut plus que ça !
— Quoi ? Tu l'as vu sur son visage, c'est ça ?! railla t-elle. Jason est un garçon sympathique ! Il ne m'a jamais poussé à faire quoique ce soit ! Tout ce qu'il fait c'est m'écouter !
— Bien sûr et après trois verres, il t'aurait demandé de le suivre chez lui !
— J'hallucine ! De toute façon que ça soit un garçon de 16 ou plus, tu me feras jamais confiance !
Dépitée, Louise entra dans la voiture pour s'installer sur le siège passager. Les mains sur les hanches, Cal jura intérieurement puis inspira profondément avant de prendre place derrière le volant. En conduisant, Cal jeta un regard furtif à sa fille qui, les bras croisés contre son corps, fixait rageusement le paysage défilé sous ses yeux. Ni le père ni la fille ne parla de tout le trajet. La tension était encore trop vive pour que le père ose dire quoique ce soit sans que cela ne lui soit renvoyé à la figure. Au contraire de Nicholas, Louise était aussi virulente que Cal lorsqu'il s'agissait de dire la vérité ou de crier sa colère, même si généralement elle regrettait rapidement ses paroles. Arrivés chez eux, Louise s'empressa de retrouver sa chambre sous les yeux perturbés de sa mère. Cal entra à son tour, vite rejoint par sa femme qui lui demanda :
— Chéri, je peux savoir ce qu'il se passe ?
— J'ai mal réagis…, lâcha t-il, l'air désolé.
oOo
Plus tard dans la journée, Cal attendit que sa fille se calme puis décida de rassembler son courage en allant frapper à la porte de la chambre de l'adolescente. Sans obtenir de réponse, il poussa lentement la porte et vit la jeune fille assise sur son lit à écouter de la musique avec ses écouteurs.
— Lou' ?
À son prénom, l'adolescente arrêta sa musique et tourna son regard furieux vers son père.
— Qu'est-ce que tu veux ? maugréa t-elle, en détournant son regard.
— Je veux qu'on parle.
— Pour que tu me cries encore dessus ?
— Non, réfuta t-il peiné. Il pinça ses lèvres puis s'installa lentement à côté de sa fille. Il observa son visage en colère et lâcha un léger soupir avant de déclarer :
— Avant tout, je suis venu pour m'excuser. Je suis sincèrement désolé d'avoir agis de cette manière…
Surprise, Louise releva sa tête et rencontra le regard sincère de son père.
— Je n'aurai pas dû te crier dessus.
— Et faire un scandal devant tout le monde ?
— Aussi, sourit-il. Je me suis conduit comme un idiot…
— Un peu, dit-elle, moins en colère.
— Cela ne veut pas dire que je ne pense pas que tu as eu raison de sortir avec ce garçon… Je croyais qu'on avait déjà eu cette discussion et que tu avais compris que les actes avaient des conséquences ? À quoi tu pensais Lou' ? l'interrogea t-il, en plissant ses yeux d'effarement.
— Comment pourrais-je suivre tes principes alors que toi tu ne les suis pas ?
— C'est différent.
— Je suis d'accord se faire tirer dessus est totalement différent ! répliqua t-elle ahurie.
— C'est vrai, j'aurai dû vous en parler…
Louise capta l'air désolé de son père et lui demanda sur un ton plus tempéré :
— Tu sais pourquoi j'aimais sortir avec Jason ?
— Dis-moi.
— Parce qu'il m'écoutait. À chaque fois que je voulais discuter, il était là.
— Mais tu as ta famille et tes amis pour ça ?
— Les amis…, souffla t-elle tristement. Depuis que Rose est partie, j'ai dû mal à parler de certaine chose avec eux. Je sais que Christine est toujours là si j'ai besoin d'aide et la famille aussi… mais avec Jason c'est différent, il ne me regarde pas comme une petite chose fragile.
— Je ne t'ai jamais regardé comme ça.
— Si, papa, rétorqua t-elle meurtrie. Tu le fais constamment. Tu crois toujours que je ne sais jamais ce que je fais. Jason c'était quelqu'un de mature avec qui je pouvais avoir n'importe quelle discussion sans être jugée… Jamais je serai allée plus loin avec lui.
— Je te crois, mais cela ne signifie pas que lui ne le désirait pas.
— Je l'en aurai empêché et s'il n'aurait pas compris, je lui aurai dit que j'ai des oncles et des tantes dans le FBI, l'armée, la police et le Ncis.
Cal ria légèrement alors que Louise plus détendue déclara :
— Il s'est passée beaucoup de choses ces derniers temps et je comprends qu'on n'ait pas pu faire attention à moi…
— C'est faux Lou'…, objecta t-il tristement, en déplaçant une mèche de ses cheveux.
— Ce que je veux dire, reprit-elle, en fermant un instant ses yeux. C'est que parfois j'aimerai qu'on puisse parler tous les deux sans qu'on se mette à crier… Je sais que tu veux me protéger du monde qui nous entour, mais je veux que tu saches que maman et toi, vous nous avez éduqué pour l'affronter et aujourd'hui, je suis assez forte pour le faire, mais pour ça il faut que tu me fasses confiance…
— Je te fais confiance…
— J'ai eu très peur papa, dit-elle d'une voix brisée. J'ai cru que j'allais te perdre…
Le coeur de Cal serra lorsqu'il vit sa petite fille commencer à pleurer.
— Je sais que parfois tu dois prendre des risques pour ton boulot, mais j'aimerai que tu penses à nous…
Attristé, Cal s'empressa de prendre sa fille dans ses bras pour la consoler et lui souffler :
— Je pense toujours à vous, mon coeur…
Louise serra son père aussi fort qu'elle le put. Cal profita de cette étreinte pour caresser tendrement ses cheveux et lui souffler au creux de son oreille :
— Je serai toujours là pour toi, mon ange.
La jeune fille s'écarta légèrement de son père qui effaça tendrement ses larmes sur son doux visage.
— Tu sais que je t'aime.
— Moi aussi papa…
Avec un fin sourire, Cal embrassa sa fille sur la joue. Il se leva pour quitter sa chambre lorsqu'à l'encadrement de la porte, il se retourna pour l'informer :
— Oncle Patrick va bientôt partir, tu devrais descendre pour lui dire au revoir.
— J'arrive, sourit-elle.
Le père lui rendit son sourire et disparut, plus serein, pour se rendre au rez-de-chaussée.
oOo
Sur le départ, Jane dit au revoir à toute la famille Lightman devant le taxi qui devait l'emmener à l'aéroport. Il serra Nicholas dans ses bras et stipula avec un sourire :
— Nick, appelle-moi si tu as besoin de quoique ce soit !
— Promis, dit l'adolescent souriant.
— Et tu m'inviteras pour le championnat !
— Je le ferai !
Jane tapota affectueusement la joue du jeune homme puis se plaça souriant devant Cal.
— Tout est arrangé ? demanda t-il, d'un regard subtil sur Louise.
— Oui, on a parlé.
— Après avoir mis des coups de pieds aux fesses !
Les deux hommes rirent légèrement et se regardèrent sans savoir s'ils devaient se prendre dans leurs bras ou se serrer la main. Le mentaliste sourit, prit les devants en serrant chaleureusement son ami dans ses bras et se recula pour déclarer :
— Une fois par an ça ne fait pas de mal !
— Ouais… Merci pour tout Patrick…, dit Cal, avec un fin sourire.
— Oh c'est normal… Et puis, j'ai pu profiter des bons petits plats de ta femme.
— Mmh c'est vrai !
— Avec Lisbon, je vais devoir reprendre mes médocs pour la digestion !
Cal ria puis le mentaliste fit un dernier signe de la main avant d'entrer dans le taxi afin de disparaitre un peu plus loin.
oOo
De retour en Californie, Jane récupéra sa valise puis arbora un large sourire lorsqu'il découvrit son comité d'accueil lui faire des signes pour venir le rejoindre. Il prit son fils dans ses bras qui le débarrassa de sa valise puis embrassa sa femme, Teresa. Il passa un bras derrière sa taille et la poussa à traverser l'aéroport pour se diriger en direction de la sortie.
— Ça s'est bien passé ?
— Tout est rentré dans l'ordre, affirma t-il.
— La prochaine fois que tu pars à l'autre bout du pays dis le moi au lieu de mettre un mot sur la cafetière.
— Pourquoi ? Il n'était pas bon mon café ?
— Si, mais là n'est pas le problème Patrick ! jasa t-elle.
Patrick haussa ses épaules et dit :
— Je ne vois pas où est le problème.
William s'amusa de la joute verbale de ses parents et entendit sa mère le sermonner :
— N'encourage pas ton père Will' !
— Au fait, qu'est-ce qu'on mange ? J'ai une faim de loup avec ce voyage !
— Tu n'as pas manger dans l'avion ?
— Non, j'ai toujours peur de tomber malade.
— Maman a cuisiné quelque chose qui ressemble à du poulet "grillé" et des pommes de terre qui ressemble à des carottes…
Teresa fusilla son fils du regard. Jane éclata de rire avant de ravaler son amusement face au regard noir de sa femme.
— Je suis sûr que ça sera délicieux avec des comprimés, dit-il, non sans une légère frappe de sa femme vexée.
À SUIVRE...
— Je t'ai acheté du vrai thé ! signala Patrick.
— Fantastique, dit Cal, en se redressant douloureusement dans le canapé qui lui servait de lit pendant la journée. Il grimaça légèrement lorsqu'il sentit la cicatrice de son opération s'étirer.
— Ça va papa ? s'inquiéta Nicholas.
Cal releva sa tête et rencontra le regard inquiet de son fils.
— Ça va mon grand, juste une petite douleur. Ça va passer…
— Tu veux tes médicaments ?
— Non, après je m'endors et je crois que j'ai assez dormis comme ça depuis qu'on est revenu.
— T'es sûr parce que…
— Je vais bien Nick, affirma son père avec un sourire.
Depuis qu'ils étaient revenus d'Irlande, Cal avait remarqué l'étrange sollicitude de son fils à son égard. Comme si chacun des ses pas, gestes, chacune de ses respirations pouvaient retenir son attention de tout instant.
— Bien… Tu veux que je t'aide à monter l'escalier pour que tu puisses te reposer dans ton lit ?
— Je suis bien ici, confirma t-il souriant.
Nicholas pinça ses lèvres et baissa son regard au sol. Cal discerna l'expression de culpabilité visible sur le visage de son fils. D'un regard implicite, Patrick lui indiqua d'entamer une discussion avec celui-ci.
— Nick, tu peux venir deux minutes. Il faut qu'on parle, demanda Cal.
Le jeune homme s'excusa auprès de Patrick puis exécuta la demande de son père en prenant place sur un fauteuil à proximité du canapé. Le jeune homme se douta que la conversation allait probablement se tenir sur ces derniers agissements qui aurait pu lui coûter la vie. Mal à l'aise, il croisa ses mains et réclama quelque peu anxieux :
— Alors… De quoi est-ce que tu veux qu'on parle ?
— Aaron m'a dit ce qui s'était passé avec Harrys.
— Papa, je suis désolé. Je croyais que…, bafouilla t-il avant d'être coupé par son père.
— Je sais que tu t'en veux et je sais aussi que tu crois que c'est de ta faute si j'étais dans le coma. N'est-ce pas ?
Il n'y avait aucun reproche dans le ton employé par le père, seulement de l'inquiétude. Nicholas ferma ses yeux puis avoua, non sans peine :
— Si j'étais arrivé plus vite, tu n'aurais pas subi tout… ça.
— Nick, tout ce qui s'est passé n'est en rien de ta faute ! Tu n'es qu'un adolescent qui doit seulement se préoccuper de ses amis et de ses études. Surement pas des histoires de criminels…, balaya t-il, d'un geste de la main.
Le jeune homme tourna son regard dépité sur celui préoccupé de son père et contra blessé :
— Je suis plus que ça, papa ! Je ne suis plus un gamin. Et puis, j'ai le sentiment qu'avec tout ce que je vous ai fait subir, je me dois de vous aider.
— Tout ce que tu nous as fait subir, est le résultat de ta colère. Un sentiment légitime étant donné ce que tu as vécu. Je ne t'en veux pas pour ce qui s'est passé en Irlande. Même si c'était complètement irresponsable et… idiot, ajouta t-il, avec un haussement de ses sourcils.
Cal fit une pause, sembla chercher ses mots puis déclara d'un geste de la main : — Tu voulais me protéger… Mais, je veux que tu comprennes que ce genre de chose ne doit plus jamais se reproduire. Ne te sacrifie pas pour moi. C'est moi qui doit te protéger et non pas le contraire. Tu es beaucoup trop jeune pour connaître ce type de milieu. Mon devoir en tant que père est de te donner des limites. Un principe sur lequel j'ai échoué ces dernières années parce que je pensais que te laisser plus de liberté te ferai aller mieux. Je veux que saches qu'aujourd'hui cela va changer. Tu dis que tu n'es plus un gamin, c'est vrai, mais à mes yeux tu seras toujours mon petit garçon. On a perdu beaucoup de temps à se combattre alors que j'aurai dû dialoguer avec toi, même si cela signifiait que nous allions devoir nous blesser… Je vais veiller sur toi à chaque instant et même si pour ça, tu ne comprendras pas mes décisions ou si tu dois me… détester parce que… je t'aime et que je ferai n'importe quoi pour toi, Nick.
Nicholas fut extrêmement touché par les paroles de son père. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il ne pleura pas, mais différentes émotions déferlèrent en lui : tristesse, joie, peur… Cela fait très longtemps qu'ils n'avaient pas eu ce genre de discussion et c'est pour cette raison que l'émotion en était plus vive. Cal le remarqua et se leva en indiquant à son fils de venir dans ses bras. Le jeune homme s'exécuta avec émotion alors que son père le serra tendrement avant de se reculer légèrement pour regarder inquiet le visage de son fils.
— Ça va aller ?
Nicholas hocha positivement sa tête alors qu'il était dans l'incapacité de formuler la moindre parole tant le moment avait été pour lui riche en émotion. Pour changer d'atmosphère, Jane proclama enjoué dans la cuisine :
— Tout est réglé ? Je vous propose de fêter ça autour d'un bon thé !
— À l'anglaise ! stipula Cal, en poussant son fils à se rendre dans la cuisine.
— Avec un soupçon de Californie !
— Ne gâche pas tout Patrick…
Le mentaliste ria puis rangea les courses avec l'aide de Nicholas. Tout d'un coup, Cal entendit son portable vibrer sur la table du salon et fit demi-tour pour décrocher :
— Lightman.
— Dr. Lightman, c'est l'agent O'Reilly du DMI. J'ai une chose importante à vous dire… votre père a disparu.
— Comment ça ? s'exclama t-il surpris.
— Un agent devait le récupérer après sa journée à l'hôpital, mais dieu sait comment, il a réussi à s'enfuir… Nos équipes le recherche depuis sans succès. Il serait devenu un vrai fantôme…
— Je veux bien le croire… Il est doué pour ça.
— Si vous avez des nouvelles, vous me les ferez parvenir.
— Bien entendu, merci de m'avoir appelé.
Cal raccrocha et fixa son portable avec un air pensif. Jane le remarqua et l'interrogea :
— Un problème ?
— Je ne sais pas encore…, souffla t-il, sans regarder son ami. Jane émit un mouvement de sourcil interrogatif, mais n'alla pas plus loin dans la conversation. Du mouvement s'opéra à l'entrée. C'était Emily qui revenait d'une sortie. Elle rejoignit les trois hommes dans la cuisine, en pleine préparation de thé, et plaisanta :
— Vous célébrez l'anniversaire de la reine d'Angleterre ?
— Non, sinon on l'aurait invité ! répliqua Patrick.
Emily arbora un sourire amusé et embrassa son père qui s'était assis autour de l'ilot central.
— Tu vas bien papa ?
— J'ai un peu mal, mais je vais voir le médecin avec Gillian.
— Au fait, où sont Seth, Gillian et Lou' ?
Patrick versa du thé dans la tasse de Cal et regarda discrètement l'air curieux de la jeune fille. Cette question semblait loin d'être anodine aux oreilles attentives du mentaliste.
— Les filles sont parties faire du shopping et ta mère a obligé ton petit frère à venir pour compléter sa punition de la crème solaire. Ta soeur avait un besoin urgent d'un nouveau haut, répondit Cal avec un air d'incompréhension sur le visage, comme si l'art vestimentaire féminin lui échappait totalement.
— Je vois, sourit-elle rieuse. Bon, je vais vous laisser à votre dégustation. Ne recrachez pas dans l'évier !
Cal ria légèrement à cette raillerie. Emily disparut à l'étage sous les yeux interrogateurs de Jane qui goûta une gorgée de son thé tout juste préparé. Son intuition lui criait que la jeune fille avait de la suite dans les idées et cela commença à fortement l'intéresser…
Quelques minutes plus tard, Jane flâna dans les couloirs de l'étage et aperçut la porte entre-ouverte de la chambre de Louise qui pourtant était encore absente. L'air de rien, il pressa lentement la porte de son index pour découvrir, à moitié surprit, Emily, assise au bureau de sa soeur, pianotant derrière un ordinateur. Les mains dans le dos, le mentaliste se glissa subtilement à ses côtés pour regarder, par-dessus son épaule, l'écran de l'ordinateur.
— Intéressant…, dit-il, avec un sourire.
Prise sur le fait, Emily sursauta et se retourna vivement en direction du nouveau venu. Les yeux écarquillés, elle bafouilla pour se défendre :
— Patrick ! Je… c'est pas ce que tu crois !
— Que dois-je croire ? quémanda t-il, l'air amusé.
— Je m'inquiète pour Lou'…
— C'est ce que je pensais, sourit-il. Dis-moi ce que tu as trouvé et je te donnerai mes sources.
Face à l'intérêt du mentaliste, Emily lui lança d'abord un regard perplexe puis comprit, à son expression attentive, qu'elle pouvait lui faire partager, en toute confiance, ses dernières découvertes.
oOo
Un peu plus tard, Jane buvait un thé aux abords de la maison des Lightman. Il aperçut la voiture du couple revenir du rendez-vous avec le médecin et leur adressa un petit signe de la main. Une fois garé, Cal et Gillian sortirent du véhicule alors que le mentaliste vint les accueillir avec son habituel sourire.
— Alors, qu'a dit le médecin ?
— Qu'il doit arrêter de courir après les criminels et rester au lit ! résuma Gillian, avec un regard appuyé pour son mari. Ce dernier haussa ses sourcils et répliqua :
— Je suis prêt à rester au lit si tu y restes avec moi !
Jane émit un léger rire alors que Gillian leva ses yeux au ciel d'exaspération.
— Va te coucher Cal ! ordonna t-elle, en se dirigeant vers la porte d'entrée pour entrer dans sa maison. Cal s'apprêta à faire la même chose, mais Jane s'y opposa.
— Il faut qu'on parle, Cal. C'est au sujet de Lou'.
Au visage inhabituellement sérieux du mentaliste, l'expert en mensonge fronça ses sourcils et commanda à son ami de le suivre dans le jardin. Loin des oreilles indiscrètes, Patrick révéla tout ce qu'il savait sur l'étrange relation entre l'adolescente et un jeune homme du nom de Jason.
— Em' a réussi à suivre le fil d'une discussion entre lui et Lou'. Il l'a invité à boire un café en fin d'après-midi.
Dépassé, Cal demanda :
— Tu dis que ça fait plus de trois mois que cela dur ?
Patrick pinça ses lèvres pour toute réponse.
— Comment… comment je n'ai pas pu voir ça !
— Louise arrive très bien à dissimuler ses secrets lorsqu'elle le veut. J'ai simplement réussi à récupérer quelques indices. Et puis… tu as eu beaucoup de choses à gérer ces derniers temps…
— Je suis son père Patrick ! Je dois être là pour elle, même si j'ai des problèmes.
— Je sais, souffla t-il, avec un air désolé.
Cal capta l'expression du mentaliste et ferma ses yeux une seconde en songeant au passé douloureux de son ami.
— Excuse-moi Patrick…
— Je t'en pris ne t'excuse pas. Je considère Lou' comme si elle était ma fille et si tu veux mon avis, je crois que tu devrais rapidement discuter de ça avec elle.
— Mouais…, maugréa t-il, en voyant sa fille, sur la terrasse du jardin, discuter au téléphone. Dans le regard du père, Jane comprit qu'il ne s'apprêtait pas seulement à avoir une conversation posée et cela ne le réjouit aucunement.
Dans la journée, Cal s'était rendu au lieu du rendez-vous de sa fille, Louise. Il se gara non loin de la terrasse de café puis sortit de son véhicule pour observer, derrière ses lunettes de soleil, où pouvait se trouver la jeune fille. Deux minutes plus tard, il l'aperçut zigzaguer entre les tables puis saluer chaleureusement un type installé à une table. Elle prit place avec lui alors qu'un serveur nota leur commande. Cal bouillonna intérieurement en découvrant le fameux Jason avec qui sa fille entretenait une relation. Le jeune homme n'était pas comme les anciens petits-amis de sa fille, parce qu'il en avait tout simplement treize ans de plus ! Un écart que Cal se promis de transformer en fosse pour le trentenaire. De sa position, il serra les dents en voyant sa fille rire aux éclats puis capta l'irréparable lorsque l'homme pris sa main dans la sienne. Son sang ne fit plus qu'un tour. La rage s'empara de lui. N'y tenant plus, il s'approcha à toute vitesse des deux amis complices.
— Hey vous ! s'exclama Cal, en pointant du doigt le trentenaire. Ça va pas ?! C'est ma fille que vous draguez !
— Papa ?! s'offusqua Louise. Qu'est-ce que tu fais ici ?!
Occultant les paroles de sa fille, Cal continua sa scène en beuglant contre Jason :
— J'peux savoir ce que tu fous avec elle, sale pervers !
— Je ne vous permets pas ! se scandalisa Jason. Et qui êtes vous d'abord ?!
— Son père ! Et vous ?!
Surpris par cette révélation, le trentenaire bafouilla :
— Je… un ami !
— Un ami qui drague les filles de 16 ans sur internet et qui les soûles avec des verres d'alcool ! argua Cal, en pointant du doigt une bière sur la table.
— J'ai 17 ans ! répliqua Louise avec vigueur.
— Pas 18 ! Va dans la voiture immédiatement !
— Tu n'as pas le droit…
Cal interrompit sa fille pour sèchement lui ordonner :
— Tout de suite ! Et ne discute pas !
Hors d'elle, Louise s'exécuta alors que son père continua son scandale :
— Vous faites ça avec toute les filles de 17 ans ?! Vous leur parler sur internet puis vous les mettez dans votre lit après plusieurs verres !
— Elle m'a dit qu'elle avait 18 ans ! se défendit Jason.
— Donc vous ne niez que vous êtes un pervers !
— Je…!
D'une extrême rapidité, Cal approcha son visage rageur de celui apeuré de Jason et le menaça :
— Écoute-moi bien mon pote, si je te vois tourner autour d'elle de près ou de loin, je me ferais un plaisir de te refaire le portrait ! En fait… si jamais je te vois t'approcher d'une autre fille de moins 18, c'est pareille et je te fais suivre par les flics ! T'as compris !
Sans voix, l'homme ne répondit pas. Souhaitant une réponse claire, Cal l'empoigna par le col de sa chemise et exigea avec autorité :
— Je te demande si tu as compris ?!
Le trentenaire hocha rapidement la tête. Satisfait, Cal jeta un dernier regard noir à Jason avant de retourner à sa voiture, sous les yeux médusés des clients du café qui regardèrent ensuite sombrement ce dernier encore sous le choc. Une fois à la voiture, Cal retrouva Louise à proximité de celle-ci.
— Tu m'as suivi ! s'exclama t-elle furieuse.
Sur le même ton, Cal répliqua avec des gestes de ses mains :
— Et heureusement ! Ce type à le double de ton âge !
— Et alors ? On ne faisait rien de mal ! Il m'invite juste à sortir de temps en temps !
— Tu es inconsciente ! Ce type veut plus que ça !
— Quoi ? Tu l'as vu sur son visage, c'est ça ?! railla t-elle. Jason est un garçon sympathique ! Il ne m'a jamais poussé à faire quoique ce soit ! Tout ce qu'il fait c'est m'écouter !
— Bien sûr et après trois verres, il t'aurait demandé de le suivre chez lui !
— J'hallucine ! De toute façon que ça soit un garçon de 16 ou plus, tu me feras jamais confiance !
Dépitée, Louise entra dans la voiture pour s'installer sur le siège passager. Les mains sur les hanches, Cal jura intérieurement puis inspira profondément avant de prendre place derrière le volant. En conduisant, Cal jeta un regard furtif à sa fille qui, les bras croisés contre son corps, fixait rageusement le paysage défilé sous ses yeux. Ni le père ni la fille ne parla de tout le trajet. La tension était encore trop vive pour que le père ose dire quoique ce soit sans que cela ne lui soit renvoyé à la figure. Au contraire de Nicholas, Louise était aussi virulente que Cal lorsqu'il s'agissait de dire la vérité ou de crier sa colère, même si généralement elle regrettait rapidement ses paroles. Arrivés chez eux, Louise s'empressa de retrouver sa chambre sous les yeux perturbés de sa mère. Cal entra à son tour, vite rejoint par sa femme qui lui demanda :
— Chéri, je peux savoir ce qu'il se passe ?
— J'ai mal réagis…, lâcha t-il, l'air désolé.
oOo
Plus tard dans la journée, Cal attendit que sa fille se calme puis décida de rassembler son courage en allant frapper à la porte de la chambre de l'adolescente. Sans obtenir de réponse, il poussa lentement la porte et vit la jeune fille assise sur son lit à écouter de la musique avec ses écouteurs.
— Lou' ?
À son prénom, l'adolescente arrêta sa musique et tourna son regard furieux vers son père.
— Qu'est-ce que tu veux ? maugréa t-elle, en détournant son regard.
— Je veux qu'on parle.
— Pour que tu me cries encore dessus ?
— Non, réfuta t-il peiné. Il pinça ses lèvres puis s'installa lentement à côté de sa fille. Il observa son visage en colère et lâcha un léger soupir avant de déclarer :
— Avant tout, je suis venu pour m'excuser. Je suis sincèrement désolé d'avoir agis de cette manière…
Surprise, Louise releva sa tête et rencontra le regard sincère de son père.
— Je n'aurai pas dû te crier dessus.
— Et faire un scandal devant tout le monde ?
— Aussi, sourit-il. Je me suis conduit comme un idiot…
— Un peu, dit-elle, moins en colère.
— Cela ne veut pas dire que je ne pense pas que tu as eu raison de sortir avec ce garçon… Je croyais qu'on avait déjà eu cette discussion et que tu avais compris que les actes avaient des conséquences ? À quoi tu pensais Lou' ? l'interrogea t-il, en plissant ses yeux d'effarement.
— Comment pourrais-je suivre tes principes alors que toi tu ne les suis pas ?
— C'est différent.
— Je suis d'accord se faire tirer dessus est totalement différent ! répliqua t-elle ahurie.
— C'est vrai, j'aurai dû vous en parler…
Louise capta l'air désolé de son père et lui demanda sur un ton plus tempéré :
— Tu sais pourquoi j'aimais sortir avec Jason ?
— Dis-moi.
— Parce qu'il m'écoutait. À chaque fois que je voulais discuter, il était là.
— Mais tu as ta famille et tes amis pour ça ?
— Les amis…, souffla t-elle tristement. Depuis que Rose est partie, j'ai dû mal à parler de certaine chose avec eux. Je sais que Christine est toujours là si j'ai besoin d'aide et la famille aussi… mais avec Jason c'est différent, il ne me regarde pas comme une petite chose fragile.
— Je ne t'ai jamais regardé comme ça.
— Si, papa, rétorqua t-elle meurtrie. Tu le fais constamment. Tu crois toujours que je ne sais jamais ce que je fais. Jason c'était quelqu'un de mature avec qui je pouvais avoir n'importe quelle discussion sans être jugée… Jamais je serai allée plus loin avec lui.
— Je te crois, mais cela ne signifie pas que lui ne le désirait pas.
— Je l'en aurai empêché et s'il n'aurait pas compris, je lui aurai dit que j'ai des oncles et des tantes dans le FBI, l'armée, la police et le Ncis.
Cal ria légèrement alors que Louise plus détendue déclara :
— Il s'est passée beaucoup de choses ces derniers temps et je comprends qu'on n'ait pas pu faire attention à moi…
— C'est faux Lou'…, objecta t-il tristement, en déplaçant une mèche de ses cheveux.
— Ce que je veux dire, reprit-elle, en fermant un instant ses yeux. C'est que parfois j'aimerai qu'on puisse parler tous les deux sans qu'on se mette à crier… Je sais que tu veux me protéger du monde qui nous entour, mais je veux que tu saches que maman et toi, vous nous avez éduqué pour l'affronter et aujourd'hui, je suis assez forte pour le faire, mais pour ça il faut que tu me fasses confiance…
— Je te fais confiance…
— J'ai eu très peur papa, dit-elle d'une voix brisée. J'ai cru que j'allais te perdre…
Le coeur de Cal serra lorsqu'il vit sa petite fille commencer à pleurer.
— Je sais que parfois tu dois prendre des risques pour ton boulot, mais j'aimerai que tu penses à nous…
Attristé, Cal s'empressa de prendre sa fille dans ses bras pour la consoler et lui souffler :
— Je pense toujours à vous, mon coeur…
Louise serra son père aussi fort qu'elle le put. Cal profita de cette étreinte pour caresser tendrement ses cheveux et lui souffler au creux de son oreille :
— Je serai toujours là pour toi, mon ange.
La jeune fille s'écarta légèrement de son père qui effaça tendrement ses larmes sur son doux visage.
— Tu sais que je t'aime.
— Moi aussi papa…
Avec un fin sourire, Cal embrassa sa fille sur la joue. Il se leva pour quitter sa chambre lorsqu'à l'encadrement de la porte, il se retourna pour l'informer :
— Oncle Patrick va bientôt partir, tu devrais descendre pour lui dire au revoir.
— J'arrive, sourit-elle.
Le père lui rendit son sourire et disparut, plus serein, pour se rendre au rez-de-chaussée.
oOo
Sur le départ, Jane dit au revoir à toute la famille Lightman devant le taxi qui devait l'emmener à l'aéroport. Il serra Nicholas dans ses bras et stipula avec un sourire :
— Nick, appelle-moi si tu as besoin de quoique ce soit !
— Promis, dit l'adolescent souriant.
— Et tu m'inviteras pour le championnat !
— Je le ferai !
Jane tapota affectueusement la joue du jeune homme puis se plaça souriant devant Cal.
— Tout est arrangé ? demanda t-il, d'un regard subtil sur Louise.
— Oui, on a parlé.
— Après avoir mis des coups de pieds aux fesses !
Les deux hommes rirent légèrement et se regardèrent sans savoir s'ils devaient se prendre dans leurs bras ou se serrer la main. Le mentaliste sourit, prit les devants en serrant chaleureusement son ami dans ses bras et se recula pour déclarer :
— Une fois par an ça ne fait pas de mal !
— Ouais… Merci pour tout Patrick…, dit Cal, avec un fin sourire.
— Oh c'est normal… Et puis, j'ai pu profiter des bons petits plats de ta femme.
— Mmh c'est vrai !
— Avec Lisbon, je vais devoir reprendre mes médocs pour la digestion !
Cal ria puis le mentaliste fit un dernier signe de la main avant d'entrer dans le taxi afin de disparaitre un peu plus loin.
oOo
De retour en Californie, Jane récupéra sa valise puis arbora un large sourire lorsqu'il découvrit son comité d'accueil lui faire des signes pour venir le rejoindre. Il prit son fils dans ses bras qui le débarrassa de sa valise puis embrassa sa femme, Teresa. Il passa un bras derrière sa taille et la poussa à traverser l'aéroport pour se diriger en direction de la sortie.
— Ça s'est bien passé ?
— Tout est rentré dans l'ordre, affirma t-il.
— La prochaine fois que tu pars à l'autre bout du pays dis le moi au lieu de mettre un mot sur la cafetière.
— Pourquoi ? Il n'était pas bon mon café ?
— Si, mais là n'est pas le problème Patrick ! jasa t-elle.
Patrick haussa ses épaules et dit :
— Je ne vois pas où est le problème.
William s'amusa de la joute verbale de ses parents et entendit sa mère le sermonner :
— N'encourage pas ton père Will' !
— Au fait, qu'est-ce qu'on mange ? J'ai une faim de loup avec ce voyage !
— Tu n'as pas manger dans l'avion ?
— Non, j'ai toujours peur de tomber malade.
— Maman a cuisiné quelque chose qui ressemble à du poulet "grillé" et des pommes de terre qui ressemble à des carottes…
Teresa fusilla son fils du regard. Jane éclata de rire avant de ravaler son amusement face au regard noir de sa femme.
— Je suis sûr que ça sera délicieux avec des comprimés, dit-il, non sans une légère frappe de sa femme vexée.
À SUIVRE...