CHAPITRE 17 : DÉSIR INASSOUVI
Un mardi, Cal était venu seul au rendez-vous du psychologue. En effet, le Dr. Wild avait demandé à son patient de venir sans Gillian, afin de pouvoir parler d'un sérieux sujet qu'il ne souhaitait pas aborder en sa présence. Assit sur le canapé avec ses mains jointes, Cal racla sa gorge en regardant mal à l'aise le psychologue, sur son fauteuil en cuir, le dévisager. Ce dernier songea à toutes les stratégies pour amener son patient à évoquer ses pensées sans pour autant le braquer. Pensif, il opta pour la franchise. Celle-ci était la meilleure des armes pour son patient. Il ôta son index de ses lèvres et déclara :
— Cal, si je vous ai dit aujourd'hui de venir seul… C'est parce que depuis la semaine dernière, j'ai l'impression que quelque chose vous tracasse. Ai-je raison ?
Cal toucha mécaniquement son oreille et répondit :
— Je suis… Non, oubliez.
— Cal… Vous pouvez me dire tout ce que vous voulez. Cela restera entre vous et moi.
Devant l'air rassurant du psychologue, Cal pinça ses lèvres, et avoua :
— Depuis que je suis avec Gill'… Il y a une chose à laquelle je pense de plus en plus…
— Quelle est-elle ?
— Lorsqu'on était que de simples amis…, débuta t-il avec un geste de la main. On en parlait peu, mais je savais… qu'elle désirait avoir des enfants…
— Et aujourd'hui vous vous demandez si elle en désire encore ?
— Si elle en veut et… avec moi.
Wild avait visé juste. Il savait que Cal était tourmenté par ce genre de questions et c'est pour cette raison qu'il lui demandé de venir sans sa compagne. Il y avait encore certaines choses que l'expert en mensonge n'arrivait pas à dire devant Gillian et qu'il pouvait garder au fond de lui sans jamais un jour le communiquer. Le psychologue posa son index contre sa tempe comme pour retenir le fil de ses pensées, et demanda à son patient :
— Et vous ?
— Moi ? demanda t-il perplexe.
— Oui, vous en désirez ?
— Je… Tout ce que je veux c'est son bonheur.
— Je crois que son bonheur c'est vous.
— Mouais, soupira t-il, en renversant sa tête en arrière pour masser son front. Face au comportement désarmé de Cal, Wild argua :
— Cal… Je pense que Gillian peut se satisfaire d'être simplement avec vous.
— Moi, je pense qu'il y aura toujours une partie d'elle que je ne pourrai jamais satisfaire.
— C'est faux. Elle vous aime et je crois que ce qu'elle aime dans votre relation… c'est que finalement rien n'est planifié à l'avance. Cet inconnu qui vous fait si peur, c'est ce qu'elle attend de votre relation. De pouvoir vivre sans attendre. Vous avez réussi à lui donner plus, Cal. À lui prouver qu'elle valait plus que ses parents et Alec pensait d'elle, ou même d'elle-même. Ce qu'elle a vécu avec Alec était une histoire commune… Un mariage, une maison, un enfant… Mais vous savez, je pense que même si Sophie été restée dans leur vie, un jour où l'autre, ils auraient tout de même divorcé…
Le regard fixé sur le sol, Cal assimila les paroles du psychologue puis déclara :
— Je vois son expression de tristesse et de joie lorsqu'elle pose son regard sur une mère et son enfant ! Je sais qu'au fond d'elle… il y'a une chose qui s'est brisée et… Je veux réparer ça !
— Vous l'avez déjà réparé en lui promettant d'être là. C'est tout ce qu'elle souhaitait. Une personne qui l'aimerait et qui serait là pour elle jusqu'au bout.
— Je sais qu'elle a souffert de l'adoption de Sophie, mais… c'était avec Alec.
— Vous vous dites qu'avec vous, ça serait différent ?
— Suis-je prétentieux de le prétendre ?
— Non. Vous ne l'êtes pas. Vous l'aimez et vous souhaitez lui donner ce qu'elle désire.
Cal redressa sa tête et fixa le bout de ses pieds. Wild l'observa faire et l'interrogea :
— Vous avez essayé d'aborder ce sujet avec elle ?
— Non…, soupira t-il. À chaque fois que j'en ai l'occasion, quelque chose me retient.
— La peur.
Surpris par cette proposition, l'expert en mensonge interrogea le psychologue du regard pour connaitre la suite de son analyse. Celui-ci le comprit et s'expliqua :
— Je pense que vous avez peur de lui poser la question parce que tout simplement vous avez peur de la réponse.
Cal médita les paroles de Wild lorsqu'il ajouta :
— Vous avez peur de sa réaction et sans doute de son refus. Je crois qu'au fond de vous, vous souhaitez faire de votre relation plus qu'un lien amoureux. Vous souhaitez fonder une famille.
— Em' et Gillian sont déjà ma famille, répliqua t-il avec conviction.
— Vous savez où je veux en venir, Cal.
En effet, Cal savait que le psychologue avait raison. Au fond de lui, il voulait essayer de construire quelque chose de plus grand avec la femme qu'il aimait. Il se refusait simplement de l'admettre, de peur à devoir face à des vérités qui pourraient remettre en question cette relation amoureuse qu'il avait tant espéré. Wild analysa les différentes expressions passer sur le visage de son patient. Pour approfondir ses conclusions, il décida de le tirer de sa réflexion momentanée :
— De quoi auriez-vous le plus peur ? Qu'elle ne souhaite pas avoir d'enfant avec vous ou qu'elle ne veut pas d'enfant à cause des échecs qu'elle aurait subit ?
— Si elle ne souhaite pas avoir d'enfant avec moi, je le comprendrais, mais si elle n'en veut pas à cause des échecs qu'elle a eu dans son passé, je crois que cela me ferait peur…
— Expliquez-vous, demanda Wild, en prenant note des commentaires de Cal.
— Je ne sais pas comment expliquer ça… Si elle ne veut pas d'enfant avec moi, cela voudrait juste dire qu'elle n'en désire plus. Mais si elle affirme ne pas en vouloir à cause des douleurs et des échecs de son passé, et qu'au plus profond d'elle-même elle en désire toujours, je crois que… j'aurais peur qu'elle ne puisse pas avoir assez confiance en moi pour affronter les obstacles qui pourraient y avoir et qu'elle puisse penser que...
— Vous l'abandonniez, conclut Wild alors que son patient approuva ces dires par un léger soupir. Cal tourna un instant son regard par la fenêtre puis le porta à nouveau sur le psychologue pour déclarer avec sincérité :
— Je l'aime et je ferai tout mon possible pour qu'elle soit heureuse avec moi.
— Je n'en doute pas, Cal, sourit Wild. Gillian vous aime et je ne pense pas qu'elle puisse penser que vous n'êtes pas apte à traverser ensemble, les difficultés qui se présenteront face à vous. Je pense que cette décision ne sera pas en rapport avec vous, mais plus avec elle-même. Elle n'a sans doute pas encore tout à fait fermé les blessures de son passé. Vous a t-elle déjà parlé de Sophie ?
— Très peu. Généralement, je la laisse en parler quand elle le souhaite, mais je n'amène jamais la discussion.
— Vous devriez.
— Comment ça ?
— Vous devriez amener la discussion, clarifia Wild. Faire sorte qu'elle puisse se confier à vous. Cela la libéra et vous aussi. Et cela répondra, sans doute, à certaines de vos interrogations. Une chose est sûre, elle a besoin de vous, Cal.
L'expert en mensonge prit acte des derniers mots du psychologue et sut qu'il allait devoir prendre les devants pour aborder ce sujet que sa compagne et lui avaient toujours pris le soin d'éviter…
OoO
Au même moment, Gillian entra dans son domicile. Elle savait que Cal était occupé et elle en avait profité pour faire des courses. Les bras chargés, elle traversa un couloir pour se rendre dans la cuisine où elle déposa ses sacs remplis de nourritures. Elle s'empressa de ranger les produits frais dans le frigo lorsqu'une voix féminine l'interpella :
— Gillian !
La psychologue se retourna et découvrit avec un large sourire Emily.
— Em' ! Tu es revenue de l'université ?
— Oui, j'ai apporté mon dossier dont je t'avais parlé la dernière fois. Comme tu m'as dit que tu pouvais y jeter un oeil…
— Oui, bien sûr !
— Je sais que tu as beaucoup de travail…
— Ne t'inquiète pas. Je serai ravie de le faire, affirma t-elle souriante.
Emily lui rendit son sourire et aida la psychologue à ranger les courses. Une boite de céréales entre ses mains, elle ouvrit la porte d'un placard en hauteur alors qu'elle déclara sur un ton hésitant :
— Hum, au fait…. si je suis venue ce n'est pas seulement que pour le dossier… Je voulais aussi qu'on parle de quelque chose…
Emily fit face à Gillian qui arbora une expression concernée. La jeune fille s'empressa de lui informer :
— Ton père reviendra en fin de journée, je…
— En fait, c'est avec toi que je voudrai parler.
Surprise, Gillian se reprit et répondit :
— Oh si tu veux !
Elle proposa à la jeune fille une tasse de thé puis l'invita à s'installer avec elle sur le canapé du salon. Une expression attentive sur le visage, Gillian demanda à la jeune fille :
— De quoi voulais-tu me parler ?
Une tasse fumante entre ses mains, Emily pinça ses lèvres, comme si elle n'arrivait pas à trouver un début de paroles dans cette conversation. Elle n'avait jamais été très à l'aise lorsqu'il s'agissait de discussion personnelle car nombreuses étaient les fois où son père avait fait de cette expérience un cauchemar. Gillian remarqua son tourment et posa une main réconfortante sur sa cuisse en signe de soutient.
— Tu peux tout me dire Em'.
La jeune fille leva son regard sur celui rassurant de Gillian et esquissa un léger sourire avant de dire :
— Je… Je voulais te demander… comment tu as su que c'était le bon ?
— Quoi donc ?
— Papa, comment tu as su que c'était lui ?
Devant l'air préoccupé d'Emily, Gillian ravala son étonnement. La jeune fille devait sans doute s'inquiéter de sa relation avec Cal. Pour la rassurer, elle devait lui dire la vérité, mais aussi trouver les bons mots.
— Je… À vrai dire, je ne le savais pas. La première fois qu'on s'est rencontré, c'était dans d'étranges circonstances… Puis lorsqu'on est devenu amis… Je le trouvais si différent de tous les autres… Je n'avais jamais connu quelqu'un comme lui.
— Oui, papa est unique dans son genre, s'amusa t-elle.
— C'est certain, sourit-elle. Ce que je veux dire, c'est qu'il m'a poussé à me découvrir. À révéler la personne que je voulais être. Avant de le connaitre, je souhaitais simplement faire ma carrière au Pentagon. Ton père m'a fait comprendre que je pouvais prendre des risques et faire autre chose de mes compétences. C'est ce que j'ai aimé chez lui. Il peut révéler et mettre en lumière ce qu'on est et qu'on n'ose pas dévoiler aux autres mais aussi à nous même.
Emily arbora un sourire face au regard lointain et joyeux de Gillian. À travers ses yeux, la jeune fille pouvait discerner les nombreux souvenirs que la psychologue avait dû partager avec son père depuis toutes ces années.
— Tu l'aimes ?
À cette franche question, Gillian tourna rapidement son regard sur le visage soucieux de la jeune fille. La psychologue comprit qu'Emily avait peur pour les sentiments de son père et qu'elle devait la rassurer sur ses intentions. Elle émit un fin sourire et répondit avec la même franchise :
— Oui, je l'aime.
Souriante, Emily sembla satisfaite de cette réponse lorsque Gillian lui demanda :
— C'est tout ce que tu voulais savoir, ou il y avait autre chose ?
— En fait…, débuta t-elle, en se mordillant les lèvres. Seth et moi, ça va plutôt bien ce moment, même très bien je dois dire… Et, Seth m'a proposé que j'emménage avec lui…
— Tu en as envie ?
— Je ne sais pas… Je veux dire, je l'aime mais… J'ai mes études et je ne sais pas si je suis prête à vivre ça… Papa et toi, vous avez emménagé assez rapidement parce que vous saviez que cela allait durer, mais Seth et moi ce n'est pas pareil.
— Tu lui as dit ce que tu ressentais ?
— Non… J'avais peur qu'il puisse le prendre mal.
— S'il t'aime assez pour envisager de vivre avec toi, je pense qu'il t'aimera encore après que tu lui dises ce que tu ressens. Et s'il ne comprend pas ça…
— Ce n'est pas le bon, termina t-elle.
Gillian esquissa un léger sourire pour approuver ses propos.
— Merci Gillian… Si j'avais parlé de ça avec mon père, il m'aurait tout de suite dit de rompre avec Seth.
— C'est bien possible, ria t-elle.
— Je suis heureuse pour toi et papa, vraiment…
Gillian sourit à cette affirmation et posa une main tendre sur celle de la jeune fille.
OoO
Plus tard, Cal rentra chez lui et clama son arrivée dans l'entrée. Sans retour, il entendit des éclats de voix et de rires provenant de la salle à manger. Intrigué, il se dirigea prestement vers les rires et découvrit souriant, sa fille et sa compagne, assises autour de la table, avec des papiers et des documents éparpillés. Il s'approcha de Gillian pour l'embrasser sur sa joue et demanda, avant de prendre place à ses côtés :
— Qu'est-ce qui se passe ici ? Vous parliez de moi ?
— Tu sais papa, ce n'est pas pour te vexer, mais on ne parle pas toujours de toi, souligna sa fille.
— Mouais, fit-il d'une petite moue de sa bouche. Nonchalant, il posa son bras sur le dossier de sa chaise afin de soutenir sa tête avec sa main. Il jeta un oeil aux documents et continua son interrogatoire :
— Qu'est-ce que vous faites ?
— Gillian m'aide avec mon dossier sur la confiance, répondit Emily.
— Vraiment ? Tu ne voulais pas que je regarde ?
— Non, Gillian est comment dire… plus productive !
À ces mots, Cal lança un regard amusé à Gillian qui arbora un large sourire. Tout d'un coup, Emily se leva et rassembla tout son travail :
— Je vous laisse, je vais faire les corrections de Gillian dans ma chambre.
— Si tu as encore besoin de moi, tu m'appelles, indiqua la psychologue.
— Merci Gillian !
Ses documents sous le bras, Emily disparut à l'étage et abandonna les deux experts en mensonge. Gillian regarda son compagnon et posa une main tendre sur sa cuisse. Avec un léger sourire, elle l'interrogea :
— Alors, ça va ? Tu as passé une bonne journée ?
— Ouais… Et toi ?
— J'ai rempli ton frigo, il n'y avait plus grand chose.
— Notre frigo, corrigea t-il, d'un geste de la main.
— Oui, notre frigo, sourit-elle. Je vais faire la cuisine, riz et tomates farcis ça te va ?
— C'est parfait…, confirma t-il, avec un léger sourire. Gillian ne savait pas que son compagnon était passé chez Wild et elle interpréta son tourment émotionnel, comme une brusque fatigue causée par son travail acharné au Lightman Group. Inquiète, elle réclama :
— T'es sûr que ça va ?
— Yep ! confirma t-il, en l'embrassant furtivement sur les lèvres. Il se leva d'un bond puis lui présenta sa main. On cuisine ?
Stupéfaite par cette proposition, elle déclara presque sur un ton rieur :
— Tu veux cuisiner avec moi ?
— J'ai l'impression que tu doutes de mes compétences !
— Emily m'a raconté une anecdote de tartines carbonisées alors permet moi de douter…
Cal secoua sa tête et entraina la jeune femme dans la cuisine :
— Un échec sur plus de cinquante réussites ! Et tu sais très bien que la cuisine n'est pas mon domaine de prédilection, argua t-il avec un lourd sous-entendu qui fit éclater de rire la psychologue. Le couple se rendit rieur dans la cuisine pour préparer un repas, avec l'espoir que rien n'allait brûler ou alors seulement leurs baisers...
OoO
En ce mercredi, le ciel était particulièrement dégagé et présentait un splendide soleil sur toute la capital. L'après-midi, Cal et Gillian décidèrent de profiter de ce temps ensoleillé pour quitter leur domicile et se balader dans un parc voisin. Main dans la main, ils discutèrent de tout et de rien en marchant sur un chemin où joggeurs et familles se croisaient. Habillé d'un polo avec des lunettes de soleil, Cal profita de ce moment avec sa compagne, vêtue d'une chemise et d'un simple jean, pour parler de nouveaux projets qu'il avait en tête depuis qu'ils sortaient ensemble.
— Le Mexique ?
— Ouais, ça pourrait être sympa d'y aller cet été avec Em' !
— Ça serait une bonne idée, sourit-elle. Il y a tellement de choses à voir ! Je n'y suis jamais allée.
— Ou… on pourrait rester allongé sur les chaises longues pour profiter du soleil et des cocktails ! Et pourquoi pas… rester dans la chambre pour d'autres activités…, ajouta t-il avec un ton séducteur. Gillian gloussa à l'allusion grivoise de l'expert en mensonge et lui répondit :
— Il faudrait déjà pour ça que tu arrêtes de penser au travail quand tu es en vacances !
— Je ne pense jamais au travail quand je suis avec toi, souligna t-il, en l'embrassant tendrement sur la joue puis dans son cou. Elle ria à cette marque d'affection puis entendit tout d'un coup, une voix clamée devant elle :
— Gillian !
Surprise, elle tourna sa tête et rencontra une femme brune du même âge qu'elle, enceinte jusqu'au yeux, venir dans leur direction. À deux pas, Gillian reconnut enfin la nouvelle venue et s'exclama :
— Rachel !
La dénommée Rachel prit chaleureusement la psychologue dans ses bras puis s'écarta pour la contempler :
— Tu es superbe, dis moi !
— Toi aussi, sourit-elle, en regardant le ventre arrondie de la brune.
— Oh, je suis énorme ! réfuta Rachel, en caressant son ventre rond.
— Tu es magnifique !
Subitement, Gillian se rendit compte que son compagnon était resté en retrait lors de cette conversation. Elle s'empressa de rectifier le tire en proclamant jovialement pour la nouvelle venue :
— Excuse-moi, je te présente Cal, Cal c'est Rachel, une amie de l'université.
Rachel dériva son regard sur l'expert en mensonge et s'exclama avec enthousiasme :
— Cal ! Oui ! L'ami de Gillian, l'expert en mensonge, elle m'a beaucoup parlé de vous !
— Bonjour, la salua Cal souriant, en serrant sa main.
Rachel esquissa un sourire puis enchaina :
— Ça fait deux mois qu'on ne s'était pas revue ! Qu'est-ce tu racontes de nouveau ? Tu es toujours avec ton Andrew ?
Cal pinça ses lèvres à ce nom alors que Gillian, gênée, s'empressa de répondre :
— Je ne suis plus avec lui, mais je suis avec quelqu'un d'autre.
— Vraiment ?! Et tu ne m'as rien dit ! Qui est le heureux élu ?
Rachel attendit presque surexcitée la réponse de son amie qui sembla se faire attendre. Celle-ci jeta à un oeil à son petit-ami, esquissant un léger sourire comme pour lui laisser la liberté de répondre.
— Cal et moi, on est ensemble, avoua Gillian.
Le visage de Rachel s'illumina et regarda Cal avec un immense sourire.
— C'est vrai ?!
Gillian acquiesça avec un léger sourire.
— Je suis tellement contente pour toi ! Je t'avoue que depuis le temps que tu me parles de lui, j'avais peur que tu ne fasses jamais le premier pas !
À cette remarque, Cal lança un regard interrogateur à Gillian. Celle-ci voulu répondre à son amie, mais elle dû ravaler sa plaidoirie lorsqu'un petit garçon de six ans l'interrompit en accourant aux pieds de Rachel :
— Maman ! On peut aller jouer ?
— Un instant Tyler, répondit la mère à son fils. Le mari de Rachel survint, une seconde plus tard avec une petite fille dans ses bras, pour s'exclamer avec joie :
— Gillian ! Ça fait longtemps qu'on ne s'était pas vu.
— Bonjour, Oliver ! le salua Gillian. Comment tu vas ?
— Bien, une petite balade en famille avant de repartir au travail !
— Oliver, Cal, le présenta Rachel pour son compagnon.
— Cal ? Le fameux Cal ? s'exclama Oliver, en serrant chaleureusement la main de l'expert en mensonge. Surprit par tant réjouissance, ce dernier répliqua avec ironie :
— Je suis si célèbre que ça !
— Gillian ne tarit pas d'éloges sur vous ! assura Oliver.
— Vraiment ? fit Cal, sur un ton intéressé.
— Ils sont ensemble, signala malicieusement Rachel à Oliver.
— Non ?! C'est vrai ! s'enthousiasma le père de famille. Depuis le temps qu'on essayait de lui faire entendre raison!
Embarrassée, Gillian voulu se cacher dans un trou de souris, mais à la place elle utilisa la digression comme un moyen d'évasion. Elle tourna son regard sur les deux enfants et proclama avec un large sourire :
— Tyler et Lea ont bien grandit depuis ces derniers mois !
— Ils vont devenir aussi grand que leur papa, jubila Oliver, en ébouriffant les cheveux de son fils. Ce dernier tira sur la jupe de sa mère pour lui signifier son impatience d'aller jouer. Rachel capitula et déclara pour le couple d'experts en mensonge :
— On va vous laisser entre amoureux. J'ai été ravie de te revoir Gill'. Un de ces jours, on pourra se faire un resto' tous les quatre !
— Bien sûr, appelle-moi ! confirma la psychologue souriante.
— Super ! Au revoir Cal ! sourit-elle alors que l'expert en mensonge lui rendit son sourire. Sur place, Gillian regarda tendrement la petite famille s'éloigner vers les airs de jeu. Cal observa discrètement sa compagne et remarqua une petite lueur de tristesse passer dans ses yeux. Une expression qui l'avait mené à se poser beaucoup de questions sur l'avenir de leur relation.
— Alors, comme ça, tu parlais tout le temps de moi à tes amis ? s'amusa t-il.
La psychologue leva ses yeux au ciel et reprit leur marche en répliquant :
— Ne jubile pas… Je parlais de toi comme un ami…
— Mouais, ce n'est pas vraiment ce qu'elle avait l'air de dire…
Gillian secoua sa tête de résignation alors qu'il ria en passant un bras autour de ses épaules. Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes puis Cal intima à sa compagne de prendre place sur un banc libre. Enlacés, ils contemplèrent le parc avec ses promeneurs. Un peu plus loin, Cal cibla un enfant jouer au ballon avec son père. Ce tableau le ramena à la conversation qu'il avait eu avec Wild. Il émit une petit moue de sa bouche et songea que cela était peut-être le bon moment pour parler du sujet qu'il n'osait aborder.
— Honey ?
— Mmh ?
— Est-ce que tu… penses vouloir des enfants ?
La question était franche. Surprise, Gillian tourna sa tête dans sa direction et contempla le visage interrogateur de son compagnon. Elle avait discerné une pointe d'inquiétude dans la voix de l'expert en mensonge alors qu'elle demanda intriguée :
— Pourquoi me poses-tu cette question ?
— Ça me semble important… et depuis qu'on est ensemble, on en a jamais parlé…
— Je…, elle chercha ses mots et avoua : — Pour te dire la vérité, ce n'est pas vraiment quelque chose que je pensais depuis que je suis avec toi…
— Pourquoi ?
— Et bien… Tu as déjà eu Em' et je ne pensais pas que tu souhaitais en avoir encore… C'est le cas ?
Il capta l'air concerné de la jeune femme et répondit sur un ton rassurant :
— Je le souhaite si tu le souhaites. Je sais que tu as toujours voulu en avoir, alors je me suis dit pourquoi ne pas essayer.
— Cal… Tu sais que j'en ai toujours désiré… mais depuis… Sophie, je ne veux pas recommencer les étapes pour une adoption. Ça a été trop douloureux pour moi et Alec. Je ne veux pas revivre ça… On a essayé les injections, et tout le reste. Ça n'a jamais fonctionné. Tout ce que je veux, c'est toi…
Une expression mêlant tristesse et inquiétude passa dans le regard de Gillian.
— On n'est pas obligé d'utiliser ces méthodes, allégua t-il, d'un haussement de ses sourcils.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Ben… je connais une méthode ancestrale qui a fait ses preuves ! Il suffit juste d'un bon vin, d'un bon diner et… d'un lit…, suggéra t-il avec un air malicieux.
Elle ria puis ajouta : — Parce que tu crois réussir à faire un enfant juste avec ça ?
— J'ai fait un enfant avec Zoe avec moins que ça, plaisanta t-il.
Elle gloussa puis perdit son regard sur l'enfant et son père qui jouaient ensemble. En l'absence de paroles, Cal déplaça tendrement une mèche des cheveux de Gillian et quémanda avec un léger sourire :
— Alors ?
— Je ne veux pas que tu sois déçu, Cal…, souffla t-elle, son regard rivé sur leurs mains jointes.
— Pourquoi tu veux que je sois déçu ? Tout ce qu'on fera, c'est faire ce qu'on fait déjà et peut-être même plusieurs fois !
Elle émit un léger sourire. Il continua sur cette lancée en ancrant son regard dans le sien :
— Pas de médecins, ni d'administrations, juste nous deux. Si on arrive à avoir un enfant, je serais le plus heureux des hommes, et si je n'ai que toi, je serais le plus heureux des hommes. Mais sache que l'un ou l'autre, je suis une personne très productive !
Elle ria puis plongea son regard tendre dans celui doux de son compagnon.
— Promets-moi d'y penser…, l'implora t-il.
— Je te le promets…
— On pourra commencer mon programme dès ce soir, dit-il sur un ton séducteur alors qu'elle ria avant de l'embrasser avec tendresse.
OoO
Vendredi, Cal et Gillian étaient venus ensemble à leur séance hebdomadaire de leur psychologue. Installés dans le canapé, le couple regarda Wild ouvrir son carnet et demander avec un sourire :
— Alors, comment s'est passé votre diner familiale ?
— Mieux que je ne le pensais, répondit Gillian.
— Si on peut dire ça, répliqua Cal, d'une petite moue de sa bouche.
— Développé, les sollicita Wild.
— Au début, Cal et Zoe n'ont pas pu s'empêcher de se chamailler, conta Gillian. Bien que j'avais prévenu Cal à l'avance de ne pas faire de vague.
Wild glissa son regard sur Cal et ria intérieurement lorsqu'il vit son patient lever ses yeux au ciel au reproche de sa compagne. Celle-ci fit abstraction de son petit-ami et poursuivit sa narration :
— Puis, nous avons tous fait connaissance et à la fin du diner…
— Oui ?
— Zoe a dépassé les limites comme d'habitude ! jasa Cal agacé.
— Cal…, soupira Gillian sur un ton réprobateur.
— Quoi ? C'est vrai !
— C'est du passé, déclara t-elle, en envoyant un regard appuyé à destination de son petit-ami.
— Ça ne veut pas dire qu'elle ne t'a pas blessé !
Wild observa la conversation du couple avec attention et demanda :
— Zoe vous a blessé Gillian ?
— Elle s'est excusée, cela n'a plus d'importance.
— D'après Cal, cela semble l'être assez pour en parler aujourd'hui.
Devant le silence de Gillian, Cal décida de prendre les devants :
— En bonne commère. Zoe nous a demandé quand on allait se marier et… avoir des enfants. Le ton qu'elle a employé n'était pas d'un grand enthousiasme si vous voyez où je veux en venir.
— Je vois… parfaitement. Dites-moi, comment vous avez réagis Gillian ?
— J'ai quitté la table et je suis allée au toilette, résuma t-elle. Zoe est venue me voir et on s'est expliquées.
— Que vous a t-elle dit ?
Gillian hésita à répondre. Elle jeta un regard en biais à son compagnon et avoua :
— Elle doutait de son mariage avec Codi et c'est pour cette raison qu'elle avait dû mal à nous voir si… complices avec Cal. Des souvenirs de leur ancienne relation se sont mélangés et…
— Elle avait peur de son avenir, raisonna Wild. Parce qu'elle avait vu que Cal avait enfin avancé et qu'il avait trouvé le bonheur.
Elle opina du chef à cette analyse.
— Qu'avez vous ressenti Gillian quand Zoe vous a dit ça ?
— J'ai… Sur le coup, je me suis senti blessée.
— Pourquoi ?
— J'ai pensé à ce que j'ai vécu avec Alec et je me suis dit qu'il y avait une possibilité pour que Cal me quitte.
— Parce que vous n'arriviez pas à avoir un enfant ?
Gillian baissa son regard au sol comme pour attester ces propos. Inquiet par cette attitude, Cal demanda perturbé à la jeune femme :
— Gill', dis moi que tu ne crois pas ça.
— Cal, on a seulement parler de cette éventualité il y a deux jours, répondit-elle avec une expression contrite.
— Et avant qu'on en parle, tu pensais que je pouvais te quitter pour ça, répliqua t-il anxieux, avec des gestes de ses mains.
— Je ne doutais pas de toi, mais de la douleur que cela pouvait engendrer. J'ai vu Alec se détruire à petit feu à cause de ça et je ne voulais pas que cela nous arrive.
— C'est pour ça que tu m'as dit que tu n'envisageais pas d'avoir un enfant avec moi ?
— Oui…, avoua t-elle sur un ton désolé.
— Vous savez Gillian, dit Wild. Cal a peur que vous puissiez le quitter parce que vous refusiez d'avoir un enfant avec lui en le pensant incapable de vous aider à surmonter ces obstacles.
— Je ne le savais pas…, dit-elle attristée. Elle tourna son regard sur Cal et déclara navrée : — Tu ne me l'avais pas dit.
— Toi non plus, répliqua t-il, sur le même ton.
— Je vois qu'il y a encore des choses que vous n'osez pas partager, releva Wild devant le visage affligé des deux experts en mensonge.
— Écoutez, vous savez désormais ce qui vous empêchait de vous comprendre, maintenant le seul conseil que je peux vous donner, c'est de continuer d'en parler. Et si vous ne trouvez pas d'issu à votre problème, nous en reparlerons.
Le couple resta silencieux et perdu face à tout ce qui avait été dit. Une brèche venait de s'ouvrir pour le meilleur et pour le pire...
OoO
Après cette semaine mouvementée, entre séance de psychanalyse et affaires du Lightman Group, le couple d'experts en mensonge n'avait pas retrouvé, depuis leur promenade au parc, un seul moment de libre pour se détendre. C'est à cette dernière entorse que Cal avait mit le holà en proposant à sa bien aimée de réserver leur samedi soir pour un repas entre amoureux préparé par ses soins. Gillian avait manqué de rire à ces dernières paroles, mais elle s'était vite reprit lorsqu'il l'avait embrassé avec passion sur le canapé de son bureau. Ils n'avaient pas encore reparlé de leur dernière séance avec Wild ni des problèmes qui s'en étaient découlés, mais ils voulaient profiter de cette soirée pour s'évader.
Dans sa cuisine, Cal s'affairait, depuis plus d'une heure, derrière les fourneaux à préparer un fabuleux festin. Il souhaitait préparer à sa dulcinée un somptueux dîner à la hauteur de la soirée. Ce qui signifiait un repas en haut en couleur. Il voulait tout faire pour faire réchauffer l'ambiance et pourquoi pas leurs corps…
Tel un pianiste surdoué, il se déplaça avec rapidité dans tous les coins de la pièce à découper, remuer, ajouter, réchauffer tous les ingrédients qui allaient se retrouver dans leurs assiettes. La table déjà préparée avec soin et le vin en décantation sur la table, il ne manquait plus que la venue de son invité. Et cela ne tarda à arriver pas puisque la psychologue, de retour de son lieu de travail, sortit de sa voiture avec un large sourire à chaque pas qui la rapprochait de sa maison.
Cal goûta une cuillère de sa sauce épicé puis entendit la psychologue passer la porte d'entrée. Elle signala sa présence, se délesta de son sac et de son manteau afin de se diriger vers la cuisine. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle sentit un doux fumet s'éparpiller dans la maisonnée. Elle traversa le salon puis la salle à manger où elle découvrit la décoration à la fois sobre et chic de la table dressée pour l'occasion. Elle n'eut pas le temps de s'attarder sur les détails que Cal l'aperçut à l'encadrement et s'essuya ses mains pleines de tâches pour venir accueillir sa compagne :
— Salut, dit-elle avec un grand sourire.
— Hey, souffla t-il, en l'embrassant tendrement.
— Ça sent bon dit moi !
— J'espère bien !
Elle ne put dire un mot de plus qu'il l'obligea à s'asseoir sur leur canapé. Elle ria légèrement par ses galantes manières alors qu'il s'était empressée de lui servir un bon verre de vin qu'elle accepta avec un grand plaisir. Elle en but une gorgée et proposa :
— Tu ne veux pas que je…
— Nop ! réfuta t-il, d'un geste de la main. Tu restes ici et tu te détends. J'ai presque fini !
Il disparut dans la cuisine et continua ses activités culinaires en laissant la jeune femme imaginer ce qu'il pouvait bien préparer. Au bout de deux minutes, elle n'arriva plus à tenir en place. Elle se leva avec son verre de vin et s'appuya, contre la chambranle de la porte, pour l'observer cuisiner avec un sourire amusé.
— Tu n'as pas ressorti ton célèbre tablier floral ?
En continuant de cuisiner, Cal esquissa un fin sourire et répondit :
— Je ne le ressors que pour Thanksgiving.
— Dommage, fit-elle, en ponctuant sa réplique d'une gorgée de son alcool. Alors…qu'est-ce que tu nous prépares de bon ?
— J'espérais que tu ne le découvres que lorsque tu serais face à ton assiette.
— Je suis trop curieuse…, dit-elle sur un ton enjôleur.
La psychologue vagabonda dans la cuisine et comprit rapidement que son compagnon avait opté pour les saveurs du sud. Elle se plaça à ses côtés et l'observa émincer un poivron avec minutie et rapidité.
— Mmh en fait t'es plutôt doué !
— Pourquoi ? Tu croyais que je savais faire que mes fish and chips ?
— À vrai dire… yep ! Elle ria alors qu'il émit un soupir rieur avant de rétorquer :
— Au lieu de te moquer de moi, viens plutôt m'aider !
— Je croyais que monsieur n'avait pas besoin d'aide.
— Je n'en avais pas besoin jusqu'à ce que madame me déconcentre.
— Je te déconcentre ?
— Tu sais très bien que les filles sexy me fait perdre tous mes moyens.
— Mouais…, dit-elle entre scepticisme et amusement.
Cal argua un sourire malicieux et ajouta : — Aide moi à découper les poivrons si tu veux !
— Je n'ai pas la technique.
— Laisse-moi t'apprendre.
Gillian offrit un fin sourire à son compagnon et posa son verre de vin sur l'ilot central afin de prendre sa place. Le cuisinier en profita pour se placer derrière la jeune femme. Il posa sa main sur la sienne, pour lui montrer au ralentit le mouvement du couteau qu'il fallait opérer, pour un émincer parfait.
— Tu vois, ce n'est pas si compliqué, souffla t-il suavement au creux de son oreille. Sur le coup, la psychologue ne savait plus où se mettre. Elle semblait s'être perdue entre réalité et fiction. Elle, dans ses bras à cuisiner pour un repas de couple. Jamais elle n'aurait pu penser ça, il y a de cela quelques mois. Il était son meilleur ami et voilà qu'aujourd'hui ils avaient traversé la ligne pour quelque chose de plus fort. Cela la fit méditer sur leur dernière séance de psychanalyse. Ils terminèrent ensemble le premier découpage lorsque Cal posa un nouveau poivron devant elle.
— À toi, maintenant.
Elle sentit son souffle chaud au creux de son cou. Elle se maitrisa pour ne pas lâcher un soupir de contentement et débuta la nouvelle découpe du légume exigé. Sous l'oeil vigilant de son compagnon, elle coupa avec maitrise et perfection le légume jusqu'au bout de sa racine.
— Parfait, dit-il en récupérant tous les morceaux découpés pour les mettre dans une casserole, sur le feux, où semblait déjà mijoter une sauce rougeâtre épicée. Gillian jeta un oeil derrière son épaule et l'interrogea curieuse :
— Qu'est-ce que c'est ?
— Sauce épicée, préparée par mes soins… Si tu sens que tu pars en arrière, laisse-moi jouer les pompiers…
— J'aime quand c'est épicé, souffla t-elle, entre sérieux et amusement. Il leva un sourcil et arbora un fin sourire séducteur avant d'attraper une cuillère qui se trouvait derrière elle. Une soudaine proximité qui créa, chez l'un comme chez l'autre, une monter de chaleur en leur fort intérieur.
— Excuse-moi, sourit-il, sous le regard envieux de la jeune femme rieuse. La cuillère en main, il se retourna vers la casserole, plongea l'ustensile et récupéra une noisette de sauce avant de la présenter sous le nez de sa compagne.
— Goûte moi ça, tu m'en diras des nouvelles…
Gillian arbora un sourire aguicheur et rapprocha simplement sa bouche pour avaler la sauce présentée. Pendant que Cal scrutait la moindre émotion sur son visage, Gillian sentit une autre bouffée de chaleur très particulière l'envahir. Sauf que cette fois-ci, leur proximité n'était pas la raison de cette subite fièvre. Cal le comprit et s'en amusa:
— Trop fort pour toi.
— Je crois que t'as vidé tout ton pot de piment, signala t-elle avec une grimace.
— Vraiment ? Laisse-moi goutter…
Gillian s'apprêta à lui rendre sa cuillère lorsque Cal captura voracement ses lèvres pour mêler sa langue à la sienne. Surprise, la psychologue se retint, comme elle put, contre l'îlot central alors qu'elle ne s'attendit aucunement à ce baiser plus qu'osé. Un gémissement s'échappa de sa bouche au moment où Cal força la cadence en la soulevant pour la faire grimper sur la table. Il profita de cette position pour l'embrasser avec plus d'ardeur. Elle entoura son cou de ses bras et sa taille avec ses jambes. L'expert en langage corporel apprécia cette initiative alors qu'il sentit son plaisir augmenter. Il embrassa son cou puis à nouveau sa bouche. Manquant de souffle, il se recula légèrement de sa compagne tout aussi essoufflée et déclara envieux :
— J'trouve que c'est parfait moi…
Elle humidifia ses lèvres et plongea son regard dilaté dans celui désireux de l'expert en mensonge. Elle sourit à ce fait et murmura avec convoitise :
— Pourtant, il y avait de quoi incendier toute la maison…
— Tu crois ? J'ai peut-être mal gouté…
— Je crois que…
Cal l'interrompit encore une fois par un autre baiser plus que passionné. Elle passa ses mains dans ses cheveux courts alors qu'il passa une main le long de sa cuisse tout en l'embrassant. Au bord de l'extase, il s'écarta subitement de son visage et arbora un sourire carnassier. Enjôleuse, Gillian lui demanda en jouant distraitement avec un bouton de sa chemise noire :
— Tu veux qu'on monte ?
— Nop… Je veux que tu te mettes à table. On va diner…
— T'es sérieux ?! fit-elle scandalisée.
— Il s'agissait d'une mise en bouche, dit-il, en ponctuant sa réplique d'un baiser avant de la porter pour la remettre à terre. Elle secoua sa tête devant le visage amusé de l'expert en mensonge puis elle s'éloigna pour aller s'assoir à table. De sa place, elle l'observa préparer leurs assiettes puis déposer l'une d'elle devant elle. Il s'installa et déclara en lui servant un autre verre :
— Ne sois pas déçue, ce n'est que le début…
Tout d'un coup, Cal manqua de s'étouffer avec son vin lorsqu'il sentit une pression sur son entre-jambe.
— Je crois que… de nous deux tu l'es plus que moi, répliqua t-elle avec un malicieux sourire avant de boire à son tour une gorgée de son vin. Cal leva ses sourcils de surprise en songeant qu'elle avait osé poser un de ses pieds nues sur sa partie intime qui avait subi un changement d'état après leur petite embrassade. Il en apprenait tous les jours sur elle !
— Je ne démens pas, répondit-il avec un sourire alors qu'elle ôta son pied. Elle lui renvoya son sourire puis elle commença à déguster le plat délicieux bien qu'épicé de son compagnon. À la moitié de son assiette, il demanda :
— J'espère que ta journée n'a pas trop été épuisante…
— Quelques dossiers et un déjeuner avec un client. Je crois avoir assez d'énergie pour ce que tu vois prévois, ajouta t-elle malicieusement.
— Un déjeuner ? J'espère qu'il n'était pas meilleur que le mien.
— C'était un restaurant français, difficile de comparer.
— En effet c'est incomparable, plaisanta t-il devant le regard blasé de Gillian.
— John a adoré lui, répliqua t-elle sournoisement.
— John ? releva Cal.
— Jonathan si tu préfères.
— T'as diné avec Jonathan Rhodes ? demanda t-il entre interrogation et suspicion.
— Yep ! Et… il a payé l'addition !
— J'y crois pas, souffla t-il rieur.
— On a dit pas de jalousie !
— J'suis pas jaloux ! contra t-il, les sourcils levés. Il a commandé quoi comme boisson ?
— Un chardonnay.
Cal ria encore alors que Gillian secoua sa tête et le sermonna :
— Arrête de rire Cal.
— Ok ! accepta t-il, avec un geste de la main. Il porta son verre à sa bouche et but son vin en regardant d'un air intrigué la jeune femme déguster son plat. Il passa son bras derrière le dossier de sa chaise puis quémanda :
— Dis-moi, il y a une chose que j'aimerai savoir sur toi.
— Vas-y.
— Avec combien… d'hommes ou… de femmes es-tu sortie ?
Gillian écarquilla ses yeux et répondit :
— Tu veux vraiment qu'on parle de ça ?
— Ouais, c'est pas toi qui a dit "plus de secret" ?
— Quand j'ai dit ça, je ne pensais pas à énumérer la liste de nos conquêtes !
— Donc, tu as eu assez de conquêtes pour avoir une liste ! Recto - verso ? quémanda t-il, en plissant ses yeux comme ayant peur de la réponse.
— Cal ! s'offusqua t-elle rieuse.
— J'te promets que ça restera entre nous !
— Pourquoi tu veux savoir ça ?
— Mmh… J'aimerais savoir combien de personnes ont succombé à ton charme…
Elle esquissa un léger sourire et baissa son regard comme si elle avait été gênée par la remarque.
— Alors ? réclama t-il souriant, la tête penchée sur le côté.
Elle observa le visage impatient de son compagnon puis abdiqua avec un fin sourire :
— Assez pour une remplir le verso d'une feuille.
— Format A4 ?
Elle éclata de rire puis répliqua : — Et toi ?
— Mon premier amour, débuta t-il avec un regard lointain, s'appelait Melissa… Melissa Jackson ! Elle faisait tourner la tête de tous les garçons dans la cours de récréation à l'école primaire !
— École primaire ? Tu n'as pas tardé !
— Je n'aime pas attendre…
— Comment tu l'as séduite ?
— J'ai partagé mon goûter ! Des scones fait maison !
— Les desserts c'est le secret de la séduction ! Combien de temps cela a duré ?
— Jusqu'à l'heure du déjeuner ! L'après-midi, elle m'a quitté pour être avec un certain Harry parce que sa mère lui faisait des brownies !
Gillian ria puis écouta son compagnon lui parler de toutes ses anciennes conquêtes et elle des siennes. Un quart d'heure plus tard, ils avaient terminés leur plat chaud alors que Cal racontait avec en train, à sa compagne amusée, ses folles aventures de jeunesse.
— Sans mentir… J'ai fait des ravages dans les années 80 ! Entre les hippies et les activistes, je peux te dire que j'ai profité du power-flower !
Elle lâcha un soupir rieur et proclama :
— Je te vois bien proclamer l'amour dans le monde avec le calumet de la paix !
— Tu ne crois pas si bien dire ! confirma t-il, en la pointant avec son index. Surtout qu'à l'époque je faisais toute la tournée des Rollings Stones et crois moi que certains fumaient pas que des paquets de cigarettes ! La Dame de fer n'a pas pu tout empêcher !
— Je veux bien te croire, s'amusa t-elle.
— Une fois, j'avais rencontré une Sandy dans un pub ! Il y avait un match' à la télé et tout le monde était totalement déchiré ! conta t-il avec des gestes évasifs de ses mains. J'me souviens que je m'étais battu avec un mec, j'sais même plus pourquoi et… puis j'm'étais retrouvé dehors, rétamé sur le sol… Et là, il y a une fille… Superbe ! Qui se penche vers moi et qui me demande comment je vais. Je lui demande si je suis mort. Elle me répond que si c'était le cas, je devrais voir des nuages. Et là, je lui répond que je doute car je suis tombé sur un ange !
— C'était ta technique de drague ? plaisanta t-elle.
— Moque toi, mais ça a marché ! Elle m'a dit qu'elle était infirmière et qu'elle avait de quoi me soigner à la maison…
— Je suppose qu'elle n'a pas seulement panser que tes blessures ce soir là ?
— En effet… J'ai eu le droit à un check-up très approfondi, si tu vois ce que je veux dire ! allégua t-il, d'un haussement de sourcils subjectif.
— Je vois toujours ce que tu veux dire ! ria t-elle.
— En tout cas, ce n'est rien comparé à ton livreur de pizza, Tony !
— Il faisait ça pour payer son futur commerce !
— Ah ouais, pour quoi ?
— Il voulait vendre de l'eau allégé...
Cal ria et répondit :
— J'espère qu'il n'a pas trop été trop déçu !
— Moi je ne l'ai pas été par ses capacités ! répliqua t-elle grivoise. Les italiens sont vraiment doués dans ce domaine !
— T'as fait une approche sémantique sur le sujet ? Tu as fait des comparatifs entre l'origine, la taille…
— Tais toi ! ria t-elle.
Au moment du dessert, Cal déposa, sous les yeux époustouflés de Gillian, une part de charlotte à la fraise accompagné de scones sucrés.
— Je suis impressionnée, chéri !
— Tu n'as pas encore goûté, souligna t-il avec un fin sourire.
— Je sais que cela sera délicieux…
Cal découpa un morceau de son gâteau avec sa fourchette et le porta voluptueuse à la bouche de Gillian. Elle ferma ses yeux de plaisir aux saveurs sucrées qui explosaient dans sa bouche, puis déclara souriante :
— J'avais raison.
— Tu aimes ?
— Beaucoup ! Je vois que ta recette des scones fait toujours cet effet chez les filles !
— J'aimerais testé d'autres recettes ce soir, si tu le veux bien…
— Je crois plutôt que tu souhaiterais allongé ta liste…
— Elle est terminée. Tu es celle pour laquelle je ferai des scones pour le restant de mes jours…
Gillian sourit et posa une main tendre sur celle de son compagnon. Elle le regarda droit dans les yeux puis souffla :
— On pourrait prendre le reste de crème et de fraises et les monter à l'étage…
— On pourrait, sourit-il. Il approcha son visage du sien et chuchota : — J'ai toujours voulu te manger comme un scone…
— Il parait que c'est plus facile de les manger avec les doigts…
N'en pouvant plus, Cal captura la bouche de sa bien-aimée pour l'embrasser avec passion. Puis, yeux dans les yeux, il murmura d'une voix devenue roque par le plaisir :
— On pourrait tester ta recette…
— On pourrait…
Il arbora un large sourire et se leva en invitant la jeune femme à faire de même. Intriguée, celle-ci l'interrogea :
— Tu ne veux pas qu'on finisse ton dessert ?
— Si ! Mais… la spécialité du chef veut que cela soit servit sur un lit !
Rieuse, la psychologue attrapa la main de l'expert en mensonge qui la guida jusqu'à l'escalier pour se rendre à l'étage.
— Vraiment ? J'espère que c'est compris dans le menu !
— T'inquiètes pas on peut toujours s'arranger dans le payement !
Tout d'un coup, elle émit un cri de surprise lorsqu'il la porta dans ses bras pour l'emmener rapidement dans leur chambre à coucher. C'est alors que le chef lui présenta, comme convenu, sa spécialité qu'elle demanda à gouter de nombreuses fois avant qu'ils ne s'arrêtent tous les deux d'épuisement. Dans les bras l'un de l'autre, Cal contempla sa compagne reposer sa tête contre son torse dénudé. Elle sembla particulièrement satisfaite de leur petit corps à corps alors qu'un fin sourire resta figé sur son radieux visage.
— Gill' ?
— Oui…
— Tu penses parfois à Sophie ?
Surprise par cette question, la psychologue se déplaça pour faire face à son compagnon affichant une expression inquiète.
— Hum… Oui, parfois je pense à elle. Je me demande comment elle est… ce qu'elle fait… si elle est heureuse…
— Tu ne t'aies jamais dit que… peut-être si tu n'as pas pu l'adopter, c'était parce que Alec n'était pas la bonne personne avec qui tu devais avoir un enfant…
— Peut-être…, dit-elle alors qu'elle capta le regard de son compagnon se baisser.
Elle se demanda à quoi il pouvait penser puis elle le comprit soudainement par ses tempes qui se contractèrent.
— Chéri… Tu as peur que je ne veuille pas d'enfant avec toi, parce que tu penses que tu es comme Alec ?
Il ne répondit pas, mais elle sut qu'elle avait descellé la bonne réponse.
— Alec et toi, c'est différent, le rassura t-elle. C'est une histoire différente. J'ai simplement peur de te faire souffrir comme il a souffert…
— Je ne souffrirai pas. Emily me comble déjà de bonheur.
— À moi aussi…
— J'ai envie de te donner plus.
— J'ai déjà tout ce que je veux ! Je suis heureuse Cal…, certifia t-elle, une main posée contre son coeur.
— Je veux qu'on essaye… Je sais qu'on est ensemble que depuis peu… Mais j'ai passé trop de temps à me demander si ce que je faisais était bien ou suffisant… Et maintenant que je t'ai, je veux plus.
Elle passa une main dans ses cheveux courts et contempla son regard suppliant. Elle l'embrassa, posa son front contre le sien et souffla :
— Moi aussi…
Il sourit et dit : — Tu veux ?
— On peut toujours essayer, sourit-elle.
Heureux, il la renversa sous son corps et déclara :
— Tant mieux, parce que j'avais envie de te présenter une autre de mes spécialités qui n'était pas au menu !
Elle ria alors qu'il s'empressa de combler le vide entre eux en l'embrassant avec passion avant d'approfondir leur échange sensuel.
À SUIVRE…
— Cal, si je vous ai dit aujourd'hui de venir seul… C'est parce que depuis la semaine dernière, j'ai l'impression que quelque chose vous tracasse. Ai-je raison ?
Cal toucha mécaniquement son oreille et répondit :
— Je suis… Non, oubliez.
— Cal… Vous pouvez me dire tout ce que vous voulez. Cela restera entre vous et moi.
Devant l'air rassurant du psychologue, Cal pinça ses lèvres, et avoua :
— Depuis que je suis avec Gill'… Il y a une chose à laquelle je pense de plus en plus…
— Quelle est-elle ?
— Lorsqu'on était que de simples amis…, débuta t-il avec un geste de la main. On en parlait peu, mais je savais… qu'elle désirait avoir des enfants…
— Et aujourd'hui vous vous demandez si elle en désire encore ?
— Si elle en veut et… avec moi.
Wild avait visé juste. Il savait que Cal était tourmenté par ce genre de questions et c'est pour cette raison qu'il lui demandé de venir sans sa compagne. Il y avait encore certaines choses que l'expert en mensonge n'arrivait pas à dire devant Gillian et qu'il pouvait garder au fond de lui sans jamais un jour le communiquer. Le psychologue posa son index contre sa tempe comme pour retenir le fil de ses pensées, et demanda à son patient :
— Et vous ?
— Moi ? demanda t-il perplexe.
— Oui, vous en désirez ?
— Je… Tout ce que je veux c'est son bonheur.
— Je crois que son bonheur c'est vous.
— Mouais, soupira t-il, en renversant sa tête en arrière pour masser son front. Face au comportement désarmé de Cal, Wild argua :
— Cal… Je pense que Gillian peut se satisfaire d'être simplement avec vous.
— Moi, je pense qu'il y aura toujours une partie d'elle que je ne pourrai jamais satisfaire.
— C'est faux. Elle vous aime et je crois que ce qu'elle aime dans votre relation… c'est que finalement rien n'est planifié à l'avance. Cet inconnu qui vous fait si peur, c'est ce qu'elle attend de votre relation. De pouvoir vivre sans attendre. Vous avez réussi à lui donner plus, Cal. À lui prouver qu'elle valait plus que ses parents et Alec pensait d'elle, ou même d'elle-même. Ce qu'elle a vécu avec Alec était une histoire commune… Un mariage, une maison, un enfant… Mais vous savez, je pense que même si Sophie été restée dans leur vie, un jour où l'autre, ils auraient tout de même divorcé…
Le regard fixé sur le sol, Cal assimila les paroles du psychologue puis déclara :
— Je vois son expression de tristesse et de joie lorsqu'elle pose son regard sur une mère et son enfant ! Je sais qu'au fond d'elle… il y'a une chose qui s'est brisée et… Je veux réparer ça !
— Vous l'avez déjà réparé en lui promettant d'être là. C'est tout ce qu'elle souhaitait. Une personne qui l'aimerait et qui serait là pour elle jusqu'au bout.
— Je sais qu'elle a souffert de l'adoption de Sophie, mais… c'était avec Alec.
— Vous vous dites qu'avec vous, ça serait différent ?
— Suis-je prétentieux de le prétendre ?
— Non. Vous ne l'êtes pas. Vous l'aimez et vous souhaitez lui donner ce qu'elle désire.
Cal redressa sa tête et fixa le bout de ses pieds. Wild l'observa faire et l'interrogea :
— Vous avez essayé d'aborder ce sujet avec elle ?
— Non…, soupira t-il. À chaque fois que j'en ai l'occasion, quelque chose me retient.
— La peur.
Surpris par cette proposition, l'expert en mensonge interrogea le psychologue du regard pour connaitre la suite de son analyse. Celui-ci le comprit et s'expliqua :
— Je pense que vous avez peur de lui poser la question parce que tout simplement vous avez peur de la réponse.
Cal médita les paroles de Wild lorsqu'il ajouta :
— Vous avez peur de sa réaction et sans doute de son refus. Je crois qu'au fond de vous, vous souhaitez faire de votre relation plus qu'un lien amoureux. Vous souhaitez fonder une famille.
— Em' et Gillian sont déjà ma famille, répliqua t-il avec conviction.
— Vous savez où je veux en venir, Cal.
En effet, Cal savait que le psychologue avait raison. Au fond de lui, il voulait essayer de construire quelque chose de plus grand avec la femme qu'il aimait. Il se refusait simplement de l'admettre, de peur à devoir face à des vérités qui pourraient remettre en question cette relation amoureuse qu'il avait tant espéré. Wild analysa les différentes expressions passer sur le visage de son patient. Pour approfondir ses conclusions, il décida de le tirer de sa réflexion momentanée :
— De quoi auriez-vous le plus peur ? Qu'elle ne souhaite pas avoir d'enfant avec vous ou qu'elle ne veut pas d'enfant à cause des échecs qu'elle aurait subit ?
— Si elle ne souhaite pas avoir d'enfant avec moi, je le comprendrais, mais si elle n'en veut pas à cause des échecs qu'elle a eu dans son passé, je crois que cela me ferait peur…
— Expliquez-vous, demanda Wild, en prenant note des commentaires de Cal.
— Je ne sais pas comment expliquer ça… Si elle ne veut pas d'enfant avec moi, cela voudrait juste dire qu'elle n'en désire plus. Mais si elle affirme ne pas en vouloir à cause des douleurs et des échecs de son passé, et qu'au plus profond d'elle-même elle en désire toujours, je crois que… j'aurais peur qu'elle ne puisse pas avoir assez confiance en moi pour affronter les obstacles qui pourraient y avoir et qu'elle puisse penser que...
— Vous l'abandonniez, conclut Wild alors que son patient approuva ces dires par un léger soupir. Cal tourna un instant son regard par la fenêtre puis le porta à nouveau sur le psychologue pour déclarer avec sincérité :
— Je l'aime et je ferai tout mon possible pour qu'elle soit heureuse avec moi.
— Je n'en doute pas, Cal, sourit Wild. Gillian vous aime et je ne pense pas qu'elle puisse penser que vous n'êtes pas apte à traverser ensemble, les difficultés qui se présenteront face à vous. Je pense que cette décision ne sera pas en rapport avec vous, mais plus avec elle-même. Elle n'a sans doute pas encore tout à fait fermé les blessures de son passé. Vous a t-elle déjà parlé de Sophie ?
— Très peu. Généralement, je la laisse en parler quand elle le souhaite, mais je n'amène jamais la discussion.
— Vous devriez.
— Comment ça ?
— Vous devriez amener la discussion, clarifia Wild. Faire sorte qu'elle puisse se confier à vous. Cela la libéra et vous aussi. Et cela répondra, sans doute, à certaines de vos interrogations. Une chose est sûre, elle a besoin de vous, Cal.
L'expert en mensonge prit acte des derniers mots du psychologue et sut qu'il allait devoir prendre les devants pour aborder ce sujet que sa compagne et lui avaient toujours pris le soin d'éviter…
OoO
Au même moment, Gillian entra dans son domicile. Elle savait que Cal était occupé et elle en avait profité pour faire des courses. Les bras chargés, elle traversa un couloir pour se rendre dans la cuisine où elle déposa ses sacs remplis de nourritures. Elle s'empressa de ranger les produits frais dans le frigo lorsqu'une voix féminine l'interpella :
— Gillian !
La psychologue se retourna et découvrit avec un large sourire Emily.
— Em' ! Tu es revenue de l'université ?
— Oui, j'ai apporté mon dossier dont je t'avais parlé la dernière fois. Comme tu m'as dit que tu pouvais y jeter un oeil…
— Oui, bien sûr !
— Je sais que tu as beaucoup de travail…
— Ne t'inquiète pas. Je serai ravie de le faire, affirma t-elle souriante.
Emily lui rendit son sourire et aida la psychologue à ranger les courses. Une boite de céréales entre ses mains, elle ouvrit la porte d'un placard en hauteur alors qu'elle déclara sur un ton hésitant :
— Hum, au fait…. si je suis venue ce n'est pas seulement que pour le dossier… Je voulais aussi qu'on parle de quelque chose…
Emily fit face à Gillian qui arbora une expression concernée. La jeune fille s'empressa de lui informer :
— Ton père reviendra en fin de journée, je…
— En fait, c'est avec toi que je voudrai parler.
Surprise, Gillian se reprit et répondit :
— Oh si tu veux !
Elle proposa à la jeune fille une tasse de thé puis l'invita à s'installer avec elle sur le canapé du salon. Une expression attentive sur le visage, Gillian demanda à la jeune fille :
— De quoi voulais-tu me parler ?
Une tasse fumante entre ses mains, Emily pinça ses lèvres, comme si elle n'arrivait pas à trouver un début de paroles dans cette conversation. Elle n'avait jamais été très à l'aise lorsqu'il s'agissait de discussion personnelle car nombreuses étaient les fois où son père avait fait de cette expérience un cauchemar. Gillian remarqua son tourment et posa une main réconfortante sur sa cuisse en signe de soutient.
— Tu peux tout me dire Em'.
La jeune fille leva son regard sur celui rassurant de Gillian et esquissa un léger sourire avant de dire :
— Je… Je voulais te demander… comment tu as su que c'était le bon ?
— Quoi donc ?
— Papa, comment tu as su que c'était lui ?
Devant l'air préoccupé d'Emily, Gillian ravala son étonnement. La jeune fille devait sans doute s'inquiéter de sa relation avec Cal. Pour la rassurer, elle devait lui dire la vérité, mais aussi trouver les bons mots.
— Je… À vrai dire, je ne le savais pas. La première fois qu'on s'est rencontré, c'était dans d'étranges circonstances… Puis lorsqu'on est devenu amis… Je le trouvais si différent de tous les autres… Je n'avais jamais connu quelqu'un comme lui.
— Oui, papa est unique dans son genre, s'amusa t-elle.
— C'est certain, sourit-elle. Ce que je veux dire, c'est qu'il m'a poussé à me découvrir. À révéler la personne que je voulais être. Avant de le connaitre, je souhaitais simplement faire ma carrière au Pentagon. Ton père m'a fait comprendre que je pouvais prendre des risques et faire autre chose de mes compétences. C'est ce que j'ai aimé chez lui. Il peut révéler et mettre en lumière ce qu'on est et qu'on n'ose pas dévoiler aux autres mais aussi à nous même.
Emily arbora un sourire face au regard lointain et joyeux de Gillian. À travers ses yeux, la jeune fille pouvait discerner les nombreux souvenirs que la psychologue avait dû partager avec son père depuis toutes ces années.
— Tu l'aimes ?
À cette franche question, Gillian tourna rapidement son regard sur le visage soucieux de la jeune fille. La psychologue comprit qu'Emily avait peur pour les sentiments de son père et qu'elle devait la rassurer sur ses intentions. Elle émit un fin sourire et répondit avec la même franchise :
— Oui, je l'aime.
Souriante, Emily sembla satisfaite de cette réponse lorsque Gillian lui demanda :
— C'est tout ce que tu voulais savoir, ou il y avait autre chose ?
— En fait…, débuta t-elle, en se mordillant les lèvres. Seth et moi, ça va plutôt bien ce moment, même très bien je dois dire… Et, Seth m'a proposé que j'emménage avec lui…
— Tu en as envie ?
— Je ne sais pas… Je veux dire, je l'aime mais… J'ai mes études et je ne sais pas si je suis prête à vivre ça… Papa et toi, vous avez emménagé assez rapidement parce que vous saviez que cela allait durer, mais Seth et moi ce n'est pas pareil.
— Tu lui as dit ce que tu ressentais ?
— Non… J'avais peur qu'il puisse le prendre mal.
— S'il t'aime assez pour envisager de vivre avec toi, je pense qu'il t'aimera encore après que tu lui dises ce que tu ressens. Et s'il ne comprend pas ça…
— Ce n'est pas le bon, termina t-elle.
Gillian esquissa un léger sourire pour approuver ses propos.
— Merci Gillian… Si j'avais parlé de ça avec mon père, il m'aurait tout de suite dit de rompre avec Seth.
— C'est bien possible, ria t-elle.
— Je suis heureuse pour toi et papa, vraiment…
Gillian sourit à cette affirmation et posa une main tendre sur celle de la jeune fille.
OoO
Plus tard, Cal rentra chez lui et clama son arrivée dans l'entrée. Sans retour, il entendit des éclats de voix et de rires provenant de la salle à manger. Intrigué, il se dirigea prestement vers les rires et découvrit souriant, sa fille et sa compagne, assises autour de la table, avec des papiers et des documents éparpillés. Il s'approcha de Gillian pour l'embrasser sur sa joue et demanda, avant de prendre place à ses côtés :
— Qu'est-ce qui se passe ici ? Vous parliez de moi ?
— Tu sais papa, ce n'est pas pour te vexer, mais on ne parle pas toujours de toi, souligna sa fille.
— Mouais, fit-il d'une petite moue de sa bouche. Nonchalant, il posa son bras sur le dossier de sa chaise afin de soutenir sa tête avec sa main. Il jeta un oeil aux documents et continua son interrogatoire :
— Qu'est-ce que vous faites ?
— Gillian m'aide avec mon dossier sur la confiance, répondit Emily.
— Vraiment ? Tu ne voulais pas que je regarde ?
— Non, Gillian est comment dire… plus productive !
À ces mots, Cal lança un regard amusé à Gillian qui arbora un large sourire. Tout d'un coup, Emily se leva et rassembla tout son travail :
— Je vous laisse, je vais faire les corrections de Gillian dans ma chambre.
— Si tu as encore besoin de moi, tu m'appelles, indiqua la psychologue.
— Merci Gillian !
Ses documents sous le bras, Emily disparut à l'étage et abandonna les deux experts en mensonge. Gillian regarda son compagnon et posa une main tendre sur sa cuisse. Avec un léger sourire, elle l'interrogea :
— Alors, ça va ? Tu as passé une bonne journée ?
— Ouais… Et toi ?
— J'ai rempli ton frigo, il n'y avait plus grand chose.
— Notre frigo, corrigea t-il, d'un geste de la main.
— Oui, notre frigo, sourit-elle. Je vais faire la cuisine, riz et tomates farcis ça te va ?
— C'est parfait…, confirma t-il, avec un léger sourire. Gillian ne savait pas que son compagnon était passé chez Wild et elle interpréta son tourment émotionnel, comme une brusque fatigue causée par son travail acharné au Lightman Group. Inquiète, elle réclama :
— T'es sûr que ça va ?
— Yep ! confirma t-il, en l'embrassant furtivement sur les lèvres. Il se leva d'un bond puis lui présenta sa main. On cuisine ?
Stupéfaite par cette proposition, elle déclara presque sur un ton rieur :
— Tu veux cuisiner avec moi ?
— J'ai l'impression que tu doutes de mes compétences !
— Emily m'a raconté une anecdote de tartines carbonisées alors permet moi de douter…
Cal secoua sa tête et entraina la jeune femme dans la cuisine :
— Un échec sur plus de cinquante réussites ! Et tu sais très bien que la cuisine n'est pas mon domaine de prédilection, argua t-il avec un lourd sous-entendu qui fit éclater de rire la psychologue. Le couple se rendit rieur dans la cuisine pour préparer un repas, avec l'espoir que rien n'allait brûler ou alors seulement leurs baisers...
OoO
En ce mercredi, le ciel était particulièrement dégagé et présentait un splendide soleil sur toute la capital. L'après-midi, Cal et Gillian décidèrent de profiter de ce temps ensoleillé pour quitter leur domicile et se balader dans un parc voisin. Main dans la main, ils discutèrent de tout et de rien en marchant sur un chemin où joggeurs et familles se croisaient. Habillé d'un polo avec des lunettes de soleil, Cal profita de ce moment avec sa compagne, vêtue d'une chemise et d'un simple jean, pour parler de nouveaux projets qu'il avait en tête depuis qu'ils sortaient ensemble.
— Le Mexique ?
— Ouais, ça pourrait être sympa d'y aller cet été avec Em' !
— Ça serait une bonne idée, sourit-elle. Il y a tellement de choses à voir ! Je n'y suis jamais allée.
— Ou… on pourrait rester allongé sur les chaises longues pour profiter du soleil et des cocktails ! Et pourquoi pas… rester dans la chambre pour d'autres activités…, ajouta t-il avec un ton séducteur. Gillian gloussa à l'allusion grivoise de l'expert en mensonge et lui répondit :
— Il faudrait déjà pour ça que tu arrêtes de penser au travail quand tu es en vacances !
— Je ne pense jamais au travail quand je suis avec toi, souligna t-il, en l'embrassant tendrement sur la joue puis dans son cou. Elle ria à cette marque d'affection puis entendit tout d'un coup, une voix clamée devant elle :
— Gillian !
Surprise, elle tourna sa tête et rencontra une femme brune du même âge qu'elle, enceinte jusqu'au yeux, venir dans leur direction. À deux pas, Gillian reconnut enfin la nouvelle venue et s'exclama :
— Rachel !
La dénommée Rachel prit chaleureusement la psychologue dans ses bras puis s'écarta pour la contempler :
— Tu es superbe, dis moi !
— Toi aussi, sourit-elle, en regardant le ventre arrondie de la brune.
— Oh, je suis énorme ! réfuta Rachel, en caressant son ventre rond.
— Tu es magnifique !
Subitement, Gillian se rendit compte que son compagnon était resté en retrait lors de cette conversation. Elle s'empressa de rectifier le tire en proclamant jovialement pour la nouvelle venue :
— Excuse-moi, je te présente Cal, Cal c'est Rachel, une amie de l'université.
Rachel dériva son regard sur l'expert en mensonge et s'exclama avec enthousiasme :
— Cal ! Oui ! L'ami de Gillian, l'expert en mensonge, elle m'a beaucoup parlé de vous !
— Bonjour, la salua Cal souriant, en serrant sa main.
Rachel esquissa un sourire puis enchaina :
— Ça fait deux mois qu'on ne s'était pas revue ! Qu'est-ce tu racontes de nouveau ? Tu es toujours avec ton Andrew ?
Cal pinça ses lèvres à ce nom alors que Gillian, gênée, s'empressa de répondre :
— Je ne suis plus avec lui, mais je suis avec quelqu'un d'autre.
— Vraiment ?! Et tu ne m'as rien dit ! Qui est le heureux élu ?
Rachel attendit presque surexcitée la réponse de son amie qui sembla se faire attendre. Celle-ci jeta à un oeil à son petit-ami, esquissant un léger sourire comme pour lui laisser la liberté de répondre.
— Cal et moi, on est ensemble, avoua Gillian.
Le visage de Rachel s'illumina et regarda Cal avec un immense sourire.
— C'est vrai ?!
Gillian acquiesça avec un léger sourire.
— Je suis tellement contente pour toi ! Je t'avoue que depuis le temps que tu me parles de lui, j'avais peur que tu ne fasses jamais le premier pas !
À cette remarque, Cal lança un regard interrogateur à Gillian. Celle-ci voulu répondre à son amie, mais elle dû ravaler sa plaidoirie lorsqu'un petit garçon de six ans l'interrompit en accourant aux pieds de Rachel :
— Maman ! On peut aller jouer ?
— Un instant Tyler, répondit la mère à son fils. Le mari de Rachel survint, une seconde plus tard avec une petite fille dans ses bras, pour s'exclamer avec joie :
— Gillian ! Ça fait longtemps qu'on ne s'était pas vu.
— Bonjour, Oliver ! le salua Gillian. Comment tu vas ?
— Bien, une petite balade en famille avant de repartir au travail !
— Oliver, Cal, le présenta Rachel pour son compagnon.
— Cal ? Le fameux Cal ? s'exclama Oliver, en serrant chaleureusement la main de l'expert en mensonge. Surprit par tant réjouissance, ce dernier répliqua avec ironie :
— Je suis si célèbre que ça !
— Gillian ne tarit pas d'éloges sur vous ! assura Oliver.
— Vraiment ? fit Cal, sur un ton intéressé.
— Ils sont ensemble, signala malicieusement Rachel à Oliver.
— Non ?! C'est vrai ! s'enthousiasma le père de famille. Depuis le temps qu'on essayait de lui faire entendre raison!
Embarrassée, Gillian voulu se cacher dans un trou de souris, mais à la place elle utilisa la digression comme un moyen d'évasion. Elle tourna son regard sur les deux enfants et proclama avec un large sourire :
— Tyler et Lea ont bien grandit depuis ces derniers mois !
— Ils vont devenir aussi grand que leur papa, jubila Oliver, en ébouriffant les cheveux de son fils. Ce dernier tira sur la jupe de sa mère pour lui signifier son impatience d'aller jouer. Rachel capitula et déclara pour le couple d'experts en mensonge :
— On va vous laisser entre amoureux. J'ai été ravie de te revoir Gill'. Un de ces jours, on pourra se faire un resto' tous les quatre !
— Bien sûr, appelle-moi ! confirma la psychologue souriante.
— Super ! Au revoir Cal ! sourit-elle alors que l'expert en mensonge lui rendit son sourire. Sur place, Gillian regarda tendrement la petite famille s'éloigner vers les airs de jeu. Cal observa discrètement sa compagne et remarqua une petite lueur de tristesse passer dans ses yeux. Une expression qui l'avait mené à se poser beaucoup de questions sur l'avenir de leur relation.
— Alors, comme ça, tu parlais tout le temps de moi à tes amis ? s'amusa t-il.
La psychologue leva ses yeux au ciel et reprit leur marche en répliquant :
— Ne jubile pas… Je parlais de toi comme un ami…
— Mouais, ce n'est pas vraiment ce qu'elle avait l'air de dire…
Gillian secoua sa tête de résignation alors qu'il ria en passant un bras autour de ses épaules. Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes puis Cal intima à sa compagne de prendre place sur un banc libre. Enlacés, ils contemplèrent le parc avec ses promeneurs. Un peu plus loin, Cal cibla un enfant jouer au ballon avec son père. Ce tableau le ramena à la conversation qu'il avait eu avec Wild. Il émit une petit moue de sa bouche et songea que cela était peut-être le bon moment pour parler du sujet qu'il n'osait aborder.
— Honey ?
— Mmh ?
— Est-ce que tu… penses vouloir des enfants ?
La question était franche. Surprise, Gillian tourna sa tête dans sa direction et contempla le visage interrogateur de son compagnon. Elle avait discerné une pointe d'inquiétude dans la voix de l'expert en mensonge alors qu'elle demanda intriguée :
— Pourquoi me poses-tu cette question ?
— Ça me semble important… et depuis qu'on est ensemble, on en a jamais parlé…
— Je…, elle chercha ses mots et avoua : — Pour te dire la vérité, ce n'est pas vraiment quelque chose que je pensais depuis que je suis avec toi…
— Pourquoi ?
— Et bien… Tu as déjà eu Em' et je ne pensais pas que tu souhaitais en avoir encore… C'est le cas ?
Il capta l'air concerné de la jeune femme et répondit sur un ton rassurant :
— Je le souhaite si tu le souhaites. Je sais que tu as toujours voulu en avoir, alors je me suis dit pourquoi ne pas essayer.
— Cal… Tu sais que j'en ai toujours désiré… mais depuis… Sophie, je ne veux pas recommencer les étapes pour une adoption. Ça a été trop douloureux pour moi et Alec. Je ne veux pas revivre ça… On a essayé les injections, et tout le reste. Ça n'a jamais fonctionné. Tout ce que je veux, c'est toi…
Une expression mêlant tristesse et inquiétude passa dans le regard de Gillian.
— On n'est pas obligé d'utiliser ces méthodes, allégua t-il, d'un haussement de ses sourcils.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Ben… je connais une méthode ancestrale qui a fait ses preuves ! Il suffit juste d'un bon vin, d'un bon diner et… d'un lit…, suggéra t-il avec un air malicieux.
Elle ria puis ajouta : — Parce que tu crois réussir à faire un enfant juste avec ça ?
— J'ai fait un enfant avec Zoe avec moins que ça, plaisanta t-il.
Elle gloussa puis perdit son regard sur l'enfant et son père qui jouaient ensemble. En l'absence de paroles, Cal déplaça tendrement une mèche des cheveux de Gillian et quémanda avec un léger sourire :
— Alors ?
— Je ne veux pas que tu sois déçu, Cal…, souffla t-elle, son regard rivé sur leurs mains jointes.
— Pourquoi tu veux que je sois déçu ? Tout ce qu'on fera, c'est faire ce qu'on fait déjà et peut-être même plusieurs fois !
Elle émit un léger sourire. Il continua sur cette lancée en ancrant son regard dans le sien :
— Pas de médecins, ni d'administrations, juste nous deux. Si on arrive à avoir un enfant, je serais le plus heureux des hommes, et si je n'ai que toi, je serais le plus heureux des hommes. Mais sache que l'un ou l'autre, je suis une personne très productive !
Elle ria puis plongea son regard tendre dans celui doux de son compagnon.
— Promets-moi d'y penser…, l'implora t-il.
— Je te le promets…
— On pourra commencer mon programme dès ce soir, dit-il sur un ton séducteur alors qu'elle ria avant de l'embrasser avec tendresse.
OoO
Vendredi, Cal et Gillian étaient venus ensemble à leur séance hebdomadaire de leur psychologue. Installés dans le canapé, le couple regarda Wild ouvrir son carnet et demander avec un sourire :
— Alors, comment s'est passé votre diner familiale ?
— Mieux que je ne le pensais, répondit Gillian.
— Si on peut dire ça, répliqua Cal, d'une petite moue de sa bouche.
— Développé, les sollicita Wild.
— Au début, Cal et Zoe n'ont pas pu s'empêcher de se chamailler, conta Gillian. Bien que j'avais prévenu Cal à l'avance de ne pas faire de vague.
Wild glissa son regard sur Cal et ria intérieurement lorsqu'il vit son patient lever ses yeux au ciel au reproche de sa compagne. Celle-ci fit abstraction de son petit-ami et poursuivit sa narration :
— Puis, nous avons tous fait connaissance et à la fin du diner…
— Oui ?
— Zoe a dépassé les limites comme d'habitude ! jasa Cal agacé.
— Cal…, soupira Gillian sur un ton réprobateur.
— Quoi ? C'est vrai !
— C'est du passé, déclara t-elle, en envoyant un regard appuyé à destination de son petit-ami.
— Ça ne veut pas dire qu'elle ne t'a pas blessé !
Wild observa la conversation du couple avec attention et demanda :
— Zoe vous a blessé Gillian ?
— Elle s'est excusée, cela n'a plus d'importance.
— D'après Cal, cela semble l'être assez pour en parler aujourd'hui.
Devant le silence de Gillian, Cal décida de prendre les devants :
— En bonne commère. Zoe nous a demandé quand on allait se marier et… avoir des enfants. Le ton qu'elle a employé n'était pas d'un grand enthousiasme si vous voyez où je veux en venir.
— Je vois… parfaitement. Dites-moi, comment vous avez réagis Gillian ?
— J'ai quitté la table et je suis allée au toilette, résuma t-elle. Zoe est venue me voir et on s'est expliquées.
— Que vous a t-elle dit ?
Gillian hésita à répondre. Elle jeta un regard en biais à son compagnon et avoua :
— Elle doutait de son mariage avec Codi et c'est pour cette raison qu'elle avait dû mal à nous voir si… complices avec Cal. Des souvenirs de leur ancienne relation se sont mélangés et…
— Elle avait peur de son avenir, raisonna Wild. Parce qu'elle avait vu que Cal avait enfin avancé et qu'il avait trouvé le bonheur.
Elle opina du chef à cette analyse.
— Qu'avez vous ressenti Gillian quand Zoe vous a dit ça ?
— J'ai… Sur le coup, je me suis senti blessée.
— Pourquoi ?
— J'ai pensé à ce que j'ai vécu avec Alec et je me suis dit qu'il y avait une possibilité pour que Cal me quitte.
— Parce que vous n'arriviez pas à avoir un enfant ?
Gillian baissa son regard au sol comme pour attester ces propos. Inquiet par cette attitude, Cal demanda perturbé à la jeune femme :
— Gill', dis moi que tu ne crois pas ça.
— Cal, on a seulement parler de cette éventualité il y a deux jours, répondit-elle avec une expression contrite.
— Et avant qu'on en parle, tu pensais que je pouvais te quitter pour ça, répliqua t-il anxieux, avec des gestes de ses mains.
— Je ne doutais pas de toi, mais de la douleur que cela pouvait engendrer. J'ai vu Alec se détruire à petit feu à cause de ça et je ne voulais pas que cela nous arrive.
— C'est pour ça que tu m'as dit que tu n'envisageais pas d'avoir un enfant avec moi ?
— Oui…, avoua t-elle sur un ton désolé.
— Vous savez Gillian, dit Wild. Cal a peur que vous puissiez le quitter parce que vous refusiez d'avoir un enfant avec lui en le pensant incapable de vous aider à surmonter ces obstacles.
— Je ne le savais pas…, dit-elle attristée. Elle tourna son regard sur Cal et déclara navrée : — Tu ne me l'avais pas dit.
— Toi non plus, répliqua t-il, sur le même ton.
— Je vois qu'il y a encore des choses que vous n'osez pas partager, releva Wild devant le visage affligé des deux experts en mensonge.
— Écoutez, vous savez désormais ce qui vous empêchait de vous comprendre, maintenant le seul conseil que je peux vous donner, c'est de continuer d'en parler. Et si vous ne trouvez pas d'issu à votre problème, nous en reparlerons.
Le couple resta silencieux et perdu face à tout ce qui avait été dit. Une brèche venait de s'ouvrir pour le meilleur et pour le pire...
OoO
Après cette semaine mouvementée, entre séance de psychanalyse et affaires du Lightman Group, le couple d'experts en mensonge n'avait pas retrouvé, depuis leur promenade au parc, un seul moment de libre pour se détendre. C'est à cette dernière entorse que Cal avait mit le holà en proposant à sa bien aimée de réserver leur samedi soir pour un repas entre amoureux préparé par ses soins. Gillian avait manqué de rire à ces dernières paroles, mais elle s'était vite reprit lorsqu'il l'avait embrassé avec passion sur le canapé de son bureau. Ils n'avaient pas encore reparlé de leur dernière séance avec Wild ni des problèmes qui s'en étaient découlés, mais ils voulaient profiter de cette soirée pour s'évader.
Dans sa cuisine, Cal s'affairait, depuis plus d'une heure, derrière les fourneaux à préparer un fabuleux festin. Il souhaitait préparer à sa dulcinée un somptueux dîner à la hauteur de la soirée. Ce qui signifiait un repas en haut en couleur. Il voulait tout faire pour faire réchauffer l'ambiance et pourquoi pas leurs corps…
Tel un pianiste surdoué, il se déplaça avec rapidité dans tous les coins de la pièce à découper, remuer, ajouter, réchauffer tous les ingrédients qui allaient se retrouver dans leurs assiettes. La table déjà préparée avec soin et le vin en décantation sur la table, il ne manquait plus que la venue de son invité. Et cela ne tarda à arriver pas puisque la psychologue, de retour de son lieu de travail, sortit de sa voiture avec un large sourire à chaque pas qui la rapprochait de sa maison.
Cal goûta une cuillère de sa sauce épicé puis entendit la psychologue passer la porte d'entrée. Elle signala sa présence, se délesta de son sac et de son manteau afin de se diriger vers la cuisine. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle sentit un doux fumet s'éparpiller dans la maisonnée. Elle traversa le salon puis la salle à manger où elle découvrit la décoration à la fois sobre et chic de la table dressée pour l'occasion. Elle n'eut pas le temps de s'attarder sur les détails que Cal l'aperçut à l'encadrement et s'essuya ses mains pleines de tâches pour venir accueillir sa compagne :
— Salut, dit-elle avec un grand sourire.
— Hey, souffla t-il, en l'embrassant tendrement.
— Ça sent bon dit moi !
— J'espère bien !
Elle ne put dire un mot de plus qu'il l'obligea à s'asseoir sur leur canapé. Elle ria légèrement par ses galantes manières alors qu'il s'était empressée de lui servir un bon verre de vin qu'elle accepta avec un grand plaisir. Elle en but une gorgée et proposa :
— Tu ne veux pas que je…
— Nop ! réfuta t-il, d'un geste de la main. Tu restes ici et tu te détends. J'ai presque fini !
Il disparut dans la cuisine et continua ses activités culinaires en laissant la jeune femme imaginer ce qu'il pouvait bien préparer. Au bout de deux minutes, elle n'arriva plus à tenir en place. Elle se leva avec son verre de vin et s'appuya, contre la chambranle de la porte, pour l'observer cuisiner avec un sourire amusé.
— Tu n'as pas ressorti ton célèbre tablier floral ?
En continuant de cuisiner, Cal esquissa un fin sourire et répondit :
— Je ne le ressors que pour Thanksgiving.
— Dommage, fit-elle, en ponctuant sa réplique d'une gorgée de son alcool. Alors…qu'est-ce que tu nous prépares de bon ?
— J'espérais que tu ne le découvres que lorsque tu serais face à ton assiette.
— Je suis trop curieuse…, dit-elle sur un ton enjôleur.
La psychologue vagabonda dans la cuisine et comprit rapidement que son compagnon avait opté pour les saveurs du sud. Elle se plaça à ses côtés et l'observa émincer un poivron avec minutie et rapidité.
— Mmh en fait t'es plutôt doué !
— Pourquoi ? Tu croyais que je savais faire que mes fish and chips ?
— À vrai dire… yep ! Elle ria alors qu'il émit un soupir rieur avant de rétorquer :
— Au lieu de te moquer de moi, viens plutôt m'aider !
— Je croyais que monsieur n'avait pas besoin d'aide.
— Je n'en avais pas besoin jusqu'à ce que madame me déconcentre.
— Je te déconcentre ?
— Tu sais très bien que les filles sexy me fait perdre tous mes moyens.
— Mouais…, dit-elle entre scepticisme et amusement.
Cal argua un sourire malicieux et ajouta : — Aide moi à découper les poivrons si tu veux !
— Je n'ai pas la technique.
— Laisse-moi t'apprendre.
Gillian offrit un fin sourire à son compagnon et posa son verre de vin sur l'ilot central afin de prendre sa place. Le cuisinier en profita pour se placer derrière la jeune femme. Il posa sa main sur la sienne, pour lui montrer au ralentit le mouvement du couteau qu'il fallait opérer, pour un émincer parfait.
— Tu vois, ce n'est pas si compliqué, souffla t-il suavement au creux de son oreille. Sur le coup, la psychologue ne savait plus où se mettre. Elle semblait s'être perdue entre réalité et fiction. Elle, dans ses bras à cuisiner pour un repas de couple. Jamais elle n'aurait pu penser ça, il y a de cela quelques mois. Il était son meilleur ami et voilà qu'aujourd'hui ils avaient traversé la ligne pour quelque chose de plus fort. Cela la fit méditer sur leur dernière séance de psychanalyse. Ils terminèrent ensemble le premier découpage lorsque Cal posa un nouveau poivron devant elle.
— À toi, maintenant.
Elle sentit son souffle chaud au creux de son cou. Elle se maitrisa pour ne pas lâcher un soupir de contentement et débuta la nouvelle découpe du légume exigé. Sous l'oeil vigilant de son compagnon, elle coupa avec maitrise et perfection le légume jusqu'au bout de sa racine.
— Parfait, dit-il en récupérant tous les morceaux découpés pour les mettre dans une casserole, sur le feux, où semblait déjà mijoter une sauce rougeâtre épicée. Gillian jeta un oeil derrière son épaule et l'interrogea curieuse :
— Qu'est-ce que c'est ?
— Sauce épicée, préparée par mes soins… Si tu sens que tu pars en arrière, laisse-moi jouer les pompiers…
— J'aime quand c'est épicé, souffla t-elle, entre sérieux et amusement. Il leva un sourcil et arbora un fin sourire séducteur avant d'attraper une cuillère qui se trouvait derrière elle. Une soudaine proximité qui créa, chez l'un comme chez l'autre, une monter de chaleur en leur fort intérieur.
— Excuse-moi, sourit-il, sous le regard envieux de la jeune femme rieuse. La cuillère en main, il se retourna vers la casserole, plongea l'ustensile et récupéra une noisette de sauce avant de la présenter sous le nez de sa compagne.
— Goûte moi ça, tu m'en diras des nouvelles…
Gillian arbora un sourire aguicheur et rapprocha simplement sa bouche pour avaler la sauce présentée. Pendant que Cal scrutait la moindre émotion sur son visage, Gillian sentit une autre bouffée de chaleur très particulière l'envahir. Sauf que cette fois-ci, leur proximité n'était pas la raison de cette subite fièvre. Cal le comprit et s'en amusa:
— Trop fort pour toi.
— Je crois que t'as vidé tout ton pot de piment, signala t-elle avec une grimace.
— Vraiment ? Laisse-moi goutter…
Gillian s'apprêta à lui rendre sa cuillère lorsque Cal captura voracement ses lèvres pour mêler sa langue à la sienne. Surprise, la psychologue se retint, comme elle put, contre l'îlot central alors qu'elle ne s'attendit aucunement à ce baiser plus qu'osé. Un gémissement s'échappa de sa bouche au moment où Cal força la cadence en la soulevant pour la faire grimper sur la table. Il profita de cette position pour l'embrasser avec plus d'ardeur. Elle entoura son cou de ses bras et sa taille avec ses jambes. L'expert en langage corporel apprécia cette initiative alors qu'il sentit son plaisir augmenter. Il embrassa son cou puis à nouveau sa bouche. Manquant de souffle, il se recula légèrement de sa compagne tout aussi essoufflée et déclara envieux :
— J'trouve que c'est parfait moi…
Elle humidifia ses lèvres et plongea son regard dilaté dans celui désireux de l'expert en mensonge. Elle sourit à ce fait et murmura avec convoitise :
— Pourtant, il y avait de quoi incendier toute la maison…
— Tu crois ? J'ai peut-être mal gouté…
— Je crois que…
Cal l'interrompit encore une fois par un autre baiser plus que passionné. Elle passa ses mains dans ses cheveux courts alors qu'il passa une main le long de sa cuisse tout en l'embrassant. Au bord de l'extase, il s'écarta subitement de son visage et arbora un sourire carnassier. Enjôleuse, Gillian lui demanda en jouant distraitement avec un bouton de sa chemise noire :
— Tu veux qu'on monte ?
— Nop… Je veux que tu te mettes à table. On va diner…
— T'es sérieux ?! fit-elle scandalisée.
— Il s'agissait d'une mise en bouche, dit-il, en ponctuant sa réplique d'un baiser avant de la porter pour la remettre à terre. Elle secoua sa tête devant le visage amusé de l'expert en mensonge puis elle s'éloigna pour aller s'assoir à table. De sa place, elle l'observa préparer leurs assiettes puis déposer l'une d'elle devant elle. Il s'installa et déclara en lui servant un autre verre :
— Ne sois pas déçue, ce n'est que le début…
Tout d'un coup, Cal manqua de s'étouffer avec son vin lorsqu'il sentit une pression sur son entre-jambe.
— Je crois que… de nous deux tu l'es plus que moi, répliqua t-elle avec un malicieux sourire avant de boire à son tour une gorgée de son vin. Cal leva ses sourcils de surprise en songeant qu'elle avait osé poser un de ses pieds nues sur sa partie intime qui avait subi un changement d'état après leur petite embrassade. Il en apprenait tous les jours sur elle !
— Je ne démens pas, répondit-il avec un sourire alors qu'elle ôta son pied. Elle lui renvoya son sourire puis elle commença à déguster le plat délicieux bien qu'épicé de son compagnon. À la moitié de son assiette, il demanda :
— J'espère que ta journée n'a pas trop été épuisante…
— Quelques dossiers et un déjeuner avec un client. Je crois avoir assez d'énergie pour ce que tu vois prévois, ajouta t-elle malicieusement.
— Un déjeuner ? J'espère qu'il n'était pas meilleur que le mien.
— C'était un restaurant français, difficile de comparer.
— En effet c'est incomparable, plaisanta t-il devant le regard blasé de Gillian.
— John a adoré lui, répliqua t-elle sournoisement.
— John ? releva Cal.
— Jonathan si tu préfères.
— T'as diné avec Jonathan Rhodes ? demanda t-il entre interrogation et suspicion.
— Yep ! Et… il a payé l'addition !
— J'y crois pas, souffla t-il rieur.
— On a dit pas de jalousie !
— J'suis pas jaloux ! contra t-il, les sourcils levés. Il a commandé quoi comme boisson ?
— Un chardonnay.
Cal ria encore alors que Gillian secoua sa tête et le sermonna :
— Arrête de rire Cal.
— Ok ! accepta t-il, avec un geste de la main. Il porta son verre à sa bouche et but son vin en regardant d'un air intrigué la jeune femme déguster son plat. Il passa son bras derrière le dossier de sa chaise puis quémanda :
— Dis-moi, il y a une chose que j'aimerai savoir sur toi.
— Vas-y.
— Avec combien… d'hommes ou… de femmes es-tu sortie ?
Gillian écarquilla ses yeux et répondit :
— Tu veux vraiment qu'on parle de ça ?
— Ouais, c'est pas toi qui a dit "plus de secret" ?
— Quand j'ai dit ça, je ne pensais pas à énumérer la liste de nos conquêtes !
— Donc, tu as eu assez de conquêtes pour avoir une liste ! Recto - verso ? quémanda t-il, en plissant ses yeux comme ayant peur de la réponse.
— Cal ! s'offusqua t-elle rieuse.
— J'te promets que ça restera entre nous !
— Pourquoi tu veux savoir ça ?
— Mmh… J'aimerais savoir combien de personnes ont succombé à ton charme…
Elle esquissa un léger sourire et baissa son regard comme si elle avait été gênée par la remarque.
— Alors ? réclama t-il souriant, la tête penchée sur le côté.
Elle observa le visage impatient de son compagnon puis abdiqua avec un fin sourire :
— Assez pour une remplir le verso d'une feuille.
— Format A4 ?
Elle éclata de rire puis répliqua : — Et toi ?
— Mon premier amour, débuta t-il avec un regard lointain, s'appelait Melissa… Melissa Jackson ! Elle faisait tourner la tête de tous les garçons dans la cours de récréation à l'école primaire !
— École primaire ? Tu n'as pas tardé !
— Je n'aime pas attendre…
— Comment tu l'as séduite ?
— J'ai partagé mon goûter ! Des scones fait maison !
— Les desserts c'est le secret de la séduction ! Combien de temps cela a duré ?
— Jusqu'à l'heure du déjeuner ! L'après-midi, elle m'a quitté pour être avec un certain Harry parce que sa mère lui faisait des brownies !
Gillian ria puis écouta son compagnon lui parler de toutes ses anciennes conquêtes et elle des siennes. Un quart d'heure plus tard, ils avaient terminés leur plat chaud alors que Cal racontait avec en train, à sa compagne amusée, ses folles aventures de jeunesse.
— Sans mentir… J'ai fait des ravages dans les années 80 ! Entre les hippies et les activistes, je peux te dire que j'ai profité du power-flower !
Elle lâcha un soupir rieur et proclama :
— Je te vois bien proclamer l'amour dans le monde avec le calumet de la paix !
— Tu ne crois pas si bien dire ! confirma t-il, en la pointant avec son index. Surtout qu'à l'époque je faisais toute la tournée des Rollings Stones et crois moi que certains fumaient pas que des paquets de cigarettes ! La Dame de fer n'a pas pu tout empêcher !
— Je veux bien te croire, s'amusa t-elle.
— Une fois, j'avais rencontré une Sandy dans un pub ! Il y avait un match' à la télé et tout le monde était totalement déchiré ! conta t-il avec des gestes évasifs de ses mains. J'me souviens que je m'étais battu avec un mec, j'sais même plus pourquoi et… puis j'm'étais retrouvé dehors, rétamé sur le sol… Et là, il y a une fille… Superbe ! Qui se penche vers moi et qui me demande comment je vais. Je lui demande si je suis mort. Elle me répond que si c'était le cas, je devrais voir des nuages. Et là, je lui répond que je doute car je suis tombé sur un ange !
— C'était ta technique de drague ? plaisanta t-elle.
— Moque toi, mais ça a marché ! Elle m'a dit qu'elle était infirmière et qu'elle avait de quoi me soigner à la maison…
— Je suppose qu'elle n'a pas seulement panser que tes blessures ce soir là ?
— En effet… J'ai eu le droit à un check-up très approfondi, si tu vois ce que je veux dire ! allégua t-il, d'un haussement de sourcils subjectif.
— Je vois toujours ce que tu veux dire ! ria t-elle.
— En tout cas, ce n'est rien comparé à ton livreur de pizza, Tony !
— Il faisait ça pour payer son futur commerce !
— Ah ouais, pour quoi ?
— Il voulait vendre de l'eau allégé...
Cal ria et répondit :
— J'espère qu'il n'a pas trop été trop déçu !
— Moi je ne l'ai pas été par ses capacités ! répliqua t-elle grivoise. Les italiens sont vraiment doués dans ce domaine !
— T'as fait une approche sémantique sur le sujet ? Tu as fait des comparatifs entre l'origine, la taille…
— Tais toi ! ria t-elle.
Au moment du dessert, Cal déposa, sous les yeux époustouflés de Gillian, une part de charlotte à la fraise accompagné de scones sucrés.
— Je suis impressionnée, chéri !
— Tu n'as pas encore goûté, souligna t-il avec un fin sourire.
— Je sais que cela sera délicieux…
Cal découpa un morceau de son gâteau avec sa fourchette et le porta voluptueuse à la bouche de Gillian. Elle ferma ses yeux de plaisir aux saveurs sucrées qui explosaient dans sa bouche, puis déclara souriante :
— J'avais raison.
— Tu aimes ?
— Beaucoup ! Je vois que ta recette des scones fait toujours cet effet chez les filles !
— J'aimerais testé d'autres recettes ce soir, si tu le veux bien…
— Je crois plutôt que tu souhaiterais allongé ta liste…
— Elle est terminée. Tu es celle pour laquelle je ferai des scones pour le restant de mes jours…
Gillian sourit et posa une main tendre sur celle de son compagnon. Elle le regarda droit dans les yeux puis souffla :
— On pourrait prendre le reste de crème et de fraises et les monter à l'étage…
— On pourrait, sourit-il. Il approcha son visage du sien et chuchota : — J'ai toujours voulu te manger comme un scone…
— Il parait que c'est plus facile de les manger avec les doigts…
N'en pouvant plus, Cal captura la bouche de sa bien-aimée pour l'embrasser avec passion. Puis, yeux dans les yeux, il murmura d'une voix devenue roque par le plaisir :
— On pourrait tester ta recette…
— On pourrait…
Il arbora un large sourire et se leva en invitant la jeune femme à faire de même. Intriguée, celle-ci l'interrogea :
— Tu ne veux pas qu'on finisse ton dessert ?
— Si ! Mais… la spécialité du chef veut que cela soit servit sur un lit !
Rieuse, la psychologue attrapa la main de l'expert en mensonge qui la guida jusqu'à l'escalier pour se rendre à l'étage.
— Vraiment ? J'espère que c'est compris dans le menu !
— T'inquiètes pas on peut toujours s'arranger dans le payement !
Tout d'un coup, elle émit un cri de surprise lorsqu'il la porta dans ses bras pour l'emmener rapidement dans leur chambre à coucher. C'est alors que le chef lui présenta, comme convenu, sa spécialité qu'elle demanda à gouter de nombreuses fois avant qu'ils ne s'arrêtent tous les deux d'épuisement. Dans les bras l'un de l'autre, Cal contempla sa compagne reposer sa tête contre son torse dénudé. Elle sembla particulièrement satisfaite de leur petit corps à corps alors qu'un fin sourire resta figé sur son radieux visage.
— Gill' ?
— Oui…
— Tu penses parfois à Sophie ?
Surprise par cette question, la psychologue se déplaça pour faire face à son compagnon affichant une expression inquiète.
— Hum… Oui, parfois je pense à elle. Je me demande comment elle est… ce qu'elle fait… si elle est heureuse…
— Tu ne t'aies jamais dit que… peut-être si tu n'as pas pu l'adopter, c'était parce que Alec n'était pas la bonne personne avec qui tu devais avoir un enfant…
— Peut-être…, dit-elle alors qu'elle capta le regard de son compagnon se baisser.
Elle se demanda à quoi il pouvait penser puis elle le comprit soudainement par ses tempes qui se contractèrent.
— Chéri… Tu as peur que je ne veuille pas d'enfant avec toi, parce que tu penses que tu es comme Alec ?
Il ne répondit pas, mais elle sut qu'elle avait descellé la bonne réponse.
— Alec et toi, c'est différent, le rassura t-elle. C'est une histoire différente. J'ai simplement peur de te faire souffrir comme il a souffert…
— Je ne souffrirai pas. Emily me comble déjà de bonheur.
— À moi aussi…
— J'ai envie de te donner plus.
— J'ai déjà tout ce que je veux ! Je suis heureuse Cal…, certifia t-elle, une main posée contre son coeur.
— Je veux qu'on essaye… Je sais qu'on est ensemble que depuis peu… Mais j'ai passé trop de temps à me demander si ce que je faisais était bien ou suffisant… Et maintenant que je t'ai, je veux plus.
Elle passa une main dans ses cheveux courts et contempla son regard suppliant. Elle l'embrassa, posa son front contre le sien et souffla :
— Moi aussi…
Il sourit et dit : — Tu veux ?
— On peut toujours essayer, sourit-elle.
Heureux, il la renversa sous son corps et déclara :
— Tant mieux, parce que j'avais envie de te présenter une autre de mes spécialités qui n'était pas au menu !
Elle ria alors qu'il s'empressa de combler le vide entre eux en l'embrassant avec passion avant d'approfondir leur échange sensuel.
À SUIVRE…