CHAPITRE 13 : ERREUR TACTIQUE
Le jour "j" était arrivé. La grande réunion budgétaire du Lightman Group devait se jouer cette après-midi. Un grand stress avait submergé la pauvre Gillian à l'approche de l'heure fatidique. Elle semblait avoir dû mal à mettre de l'ordre dans ses idées et à maitriser ses émotions. Un simple geste maladroit valdingua toute sa pile de documents, parfaitement triée sur son bureau, pour se retrouver éparpiller au sol.
— Bon sang, mais c'est pas vrai…, soupira t-elle, en passant une main lasse sur son front. Elle lâcha un long soupir et s'accroupit au sol pour rassembler l'ensemble de son dossier. C'est alors qu'à l'encadrement de la porte, une voix masculine s'éleva:
— Jolie vue !
La psychologue se redressa avec ses papiers entre ses mains et répliqua :
— C'est pas drôle Cal. J'ai passé plus d'une heure à tout organiser pour la réunion et voilà le résultat ! Dans même pas dix minutes plusieurs de nos actionnaires seront présents, avec nos employés… et comme une imbécile, je viens de mettre en l'air plus d'une heure de classement… Je…
Touché par la fragilité de la jeune femme, Cal s'empressa d'entrer dans son bureau en refermant la porte pour plus d'intimité. Il se plaça devant la psychologue et passa une main chaleureuse contre sa joue.
— Hey, honey… tout va bien se passer, tu verras !
— Comment tu peux savoir ça ! Je n'ai pas dormis de la nuit et…
— Moui mais moi aussi ! plaisanta t-il avec un large sous entendu.
— Cal…
Il caressa son visage de son pouce: — Chérie… Ça fait plus d'un mois que tu travailles dessus, tu connais ton sujet par coeur…
— Oui mais, si je n'arrive pas à convaincre nos actionnaires et les nouveaux investisseurs, l'agence n'aura plus le budget nécessaire et…
Dépassée par les événements, elle s'arrêta dans ses explications en réfugiant son visage entre ses mains. Cal détestait la voir ainsi et il essaya de la réconforter comme il pu :
— Quoiqu'il arrive on se débrouillera ! On est toujours retombé sur nos pieds… mmh ?
— Mmh…
— Tu vas réussir ! Et puis… si jamais vraiment personne ne veut investir, je file direct à Vegas !
— Cal ! le réprimanda t-elle, en le poussant légèrement en arrière. Il ria, se rapprocha pour caresser son visage puis ancra son regard tendre dans celui très inquiet de celle-ci.
— Tout va bien se passer… Je te le promets. Tu me fais confiance ?
Elle acquiesça. Il sourit et l'embrassa tendrement. Après ça, il l'enlaça en soufflant au creux de son oreille:
— Si tu penses que tu vas flancher, regarde moi… je serais ton inspiration !
Elle ria encore alors qu'il offrit un baiser sur sa joue. Elle entoura son cou avec ses bras pour affirmer le plus sincèrement du monde: — Je ne sais pas ce que je ferai sans toi…
— On n'a pas besoin de le savoir…
Elle lâcha un soupir rieur puis souffla: — Je t'aime…
Il afficha un léger sourire et l'embrassa encore une fois.
Quelques minutes plus tard, tous les employés, actionnaires, futurs investisseurs étaient réunis dans la salle de conférence du Lightman Group. Gillian avait mené toutes ses explications avec un enchainement parfait de maquettes, statistiques, propositions… à l'appuie. Une argumentation digne d'une grande patronne d'entreprise. Un professionnalisme qui avait ravis plus d'une personne présentes. Et surtout Cal, assit autour de la table, l'observant avec fierté. Il tourna son regard sur l'assemblé et remarqua, par l'expression de leur visage, qu'elle avait réussi à conquérir son auditoire.
— Je vais terminer cette présentation par notre budget prévisionnel des six prochains mois…
Gillian chercha le dossier désiré pour le trouver à proximité de son compagnon. Elle tendit sa main dans sa direction et réclama:—Chéri, tu peux me passer le dossier devant toi.
Cal attrapa le document pour le tendre naturellement vers la jeune femme. Un long silence se propagea dans la pièce. Tous les regards s'étaient figés sur les deux experts en mensonge immobiles. C'est pas vrai… Dites lui que ce n'était pas réel, que c'était un cauchemar et qu'elle allait se réveiller dans son lit entourer par les bras chaleureux de son petit-ami !
OoO
— Je vois, dit Wild.
Gillian marchait de long en large dans le bureau du psychologue à lunettes. Ahurie, elle écarta ses bras et s'exclama:
— Et c'est tout ?!
— Gill'…, soupira Cal sur le canapé, pour tenter de la raisonner. Sans prêter attention à l'expert en mensonge, elle continua de faire les cents pas lorsque Wild décida de prendre la situation en main:
— Gillian vous êtes d'accord pour dire qu'on ne peut pas revenir en arrière. Ce qui est arrivé est arrivé.
— Mais…mais… c'est une catastrophe !
— Je crois que vous extrapoler un peu la situation.
— Extrapoler ?! J'ai dit ça devant une salle pleine d'investisseurs et devant tous nos employés que…
Gillian s'interrompit elle-même.
— Que ? Wild comprit que sa patiente n'allait pas terminer sa phrase et déclara: — Il ne s'agissait que d'un mot.
— Un mot qui a révélé une vérité !
— Et cette vérité, ne vous sentez vous pas mieux de l'avoir dite.
— Je…je… je ne sais pas…
Elle s'effondra dans le canapé. Cal prit sa main dans la sienne pour la rassurer:
— Gill'… calme toi…
— Me calmer ?! Tu…tu sais ce qui s'est passé !
— Gillian...
— Je t'ai appelé "Chéri" devant tous nos actionnaires et nos employés !
— Ça n'a aucune importance, ils ont adoré ton discours.
— J'ai saccagé un mois de travail !
— Des nouveaux investisseurs ont signé les contrats et les anciens les ont reconduits. Tu n'as rien gaché du tout.
— Mais…maintenant tout le monde est au courant et… et…
— Je sais que vous pensez que cela affectera votre manière de travailler avec votre équipe, mais tout dépendra de la façon dont vous allez aborder la chose avec eux. Si vous leur demander de restez professionnel. Ils le resteront. Si vous continuez de nier les faits, ils chercheront des réponses. Ce qui vous mettra dans des situations inconfortables…
Les deux patients tiquèrent à ses mots. Wild en prit mentalement note.
— Comment ont réagi vos employés ?
— On ne sait pas…, répondit Gillian. Ça s'est passé dans l'après-midi et vu qu'on avait rendez-vous avec vous, on est parti directement…
— Avez-vous peur de leur réaction lorsque vous les reverrez ?
— Un peu… oui…
— Dites moi… qu'est-ce qui pourrait vous arriver de pire maintenant que votre relation est connue de tous ?
— Bah…
— Le manque de concentration ! proclama Cal.
— Pour vous ou pour eux ?
Aucun des deux ne répondirent.
— Vous savez ce que je pense… Je crois qu'en ôtant la limite au travail, vous avez peur de ne pas pouvoir vous maitriser mais aussi de voir que cela fonctionne parfaitement entre vous et de passer aux étapes suivantes. Je pense que vous avez peur de la suite… Donc vous vous créez des obstacles inutiles à votre bonheur, comme vous l'avez toujours fait avec vos anciennes relations. Vous essayez de renouer avec une certaine routine parce que vous ne savez pas encore ce que réserve votre relation. Mon conseil, serait d'agir comme vous le faites d'habitude. S'il y a des débordements, alors seulement dans ce cas là vous parlerez des règles à respecter avec vos employés pour l'équilibre de l'entreprise, ok ?
Cal et Gillian acquiescèrent. Rien n'était encore joué mais ils avanceraient.
— Bien, sourit-il. À part ça, racontez moi comme s'est passé votre semaine au travail ou en dehors. Gillian, vous avez réussi à vous montrez plus tactile avec Cal ?
— Et bien…
OoO
LUNDI…
Dans la salle de restauration du Lightman Group, Gillian se prépara son café matinal sur le comptoir, lorsque deux bras masculins entoura amoureusement sa taille. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour découvrir l'auteur de ce câlin improvisé et soupirer entre amusement et remontrance:
— Caaal…
— Dieu que j'aime quand tu prononces mon prénom comme ça…
— Si tu ne t'éloignes pas toute de suite, je te promets que je ne t'appellerais plus que par ton nom.
— Cool, ça donne un petit côté sauvage. Genre deux patrons d'entreprise qui s'envoient en l'air devant la machine à café…
Il la retourna dans ses bras pour l'embrasser tendrement.
— Cal ! ria t-elle, en jetant un regard derrière son épaule. Tu sais que des gens pourraient nous voir…
— Et alors…, soupira t-il un peu lasse. Il s'adossa contre le comptoir et l'observa remuer son café.
— On en a déjà parlé… Je ne suis pas encore prête pour que notre entourage professionnel soit au courant…
Cal baissa son regard sur le sol en émettant une petite moue de sa bouche. Gillian le vit faire. Un poids venait d'emprisonner son coeur. Elle posa une main réconfortante sur la sienne et souffla :
— Chéri… c'est pas contre toi… tu sais que je t'aime…
— Je sais, sourit-il. Je comprends.
Il caressa tendrement sa joue puis, entendant des pas venir dans leur direction, il s'éloigna d'elle pour quitter la pièce sous son regard désolé. Elle soupira et but une gorgée de son liquide chaud après avoir souhaité le bonjour à Hunter et Sydney qui venaient d'entrer.
OoO
MARDI…
Cal et Gillian se trouvaient dans un petit restaurant sophistiqué, pour un brunch bien mérité avant la poursuite d'une épineuse affaire de meurtre. Un endroit affectionné par la psychologue et quelque peu fuit par l'expert en mensonge préférant les choses les plus simples au possible. Face à ses oeufs parfaitement symétriques, Cal resta dubitatif alors que sa compagne s'amusa de sa mésaventure.
— Cal… mange-les je suis sûre qu'ils sont délicieux.
— Franchement… je crois que c'est un mensonge. Même la serveuse qui me les a servis ne semblait pas être très sûre d'elle.
Elle ria puis posa son coude sur la table pour reposer sa tête dans le creux de sa main. Elle regarda avec tendresse l'homme en train d'expliquer en trois points pourquoi il ne fallait pas prendre de petit déjeuner. Elle n'arrivait toujours pas à croire de ce qu'ils vivaient. Tout avait changé en seulement quelques jours. Autrefois, ils n'étaient que de simples amis partageant un repas ou deux dans la semaine pour discuter de travail, famille et relation personnelle respective... Aujourd'hui, cela était toujours bien évidemment le cas, mais maintenant ils pouvaient parler "d'eux". Et même s'il désertait sur la notion des oeufs cuits à l'anglaise, elle songea qu'elle pouvait rester là à l'écouter juste parce que... c'était lui ! En effet... elle était vraiment tombée amoureuse. Un instant de monologue plus tard, Cal se rendit enfin compte que son interlocutrice ne semblait pas vraiment l'écouter et l'interpella souriant :
— Chérie ?
— Oui ?
— Je croyais t'avoir perdu, s'amusa t-il.
— Excuse moi…, s'excusa t-elle gênée.
— C'est pas grave, j'espère juste que la chose à laquelle tu pensais ce n'était pas de revenir ici pour notre prochain brunch.
— Non, gloussa t-elle. Je pensais à toi… et à tous ces brunch qui nous attend…
Cal sourit à ce sous-entendu. Il caressa avec tendresse la main de la jeune femme lorsqu'une serveuse les interrompit dans ce moment de complicité. Il savait que Gillian n'était pas encore très à l'aise en public et s'apprêta à retirer celle-ci, mais chose surprenante, une emprise l'obligea à garder leurs mains liées. En vérité, il ne savait pas si c'était un moyen "non-verbal" pour dire à la serveuse à la superbe plastique que c'était chasse gardée ou tout simplement une marque d'affection sans arrière pensée. Dans tous les cas, il adora sa prise d'initiative. Il en oublia même de demander à la serveuse la composition exact de ce plat venu d'ailleurs et se promis de revenir avec sa nouvelle petite-amie si elle le souhaitait, bien évidement !
OoO
MERCREDI…
Cal plaqua Gillian contre sa porte de bureau close et embrassa son cou à sa merci avec une passion dévorante. Elle essaya de contrôler ses ardeurs mais cela fut peine perdue. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comme toutes les autres fois… Sur une bourde d'un de leur employé, Gillian avait tenté de calmer son compagnon avec des paroles réconfortantes puis souhaitant désactiver complètement la bombe, elle l'avait embrassé pour lui faire oublier toutes idées de représailles. Une idée qui avait tellement bien fonctionné que Cal n'avait pas trouvé une autre mission plus passionnante que de la remercier par un long baiser amoureux. Un simple baiser qui s'était vite modifié pour un échange des plus langoureux…
— Cal…, soupira t-elle d'aise.
— Gill', répondit-il sur le même ton avant de capturer sa bouche pour l'embrasser avec fougue.
— Ils sont juste à côté… on…on ne devrait pas faire ça…
— Faire quoi ? répliqua t-il en caressant ses jambes sous sa robe.
— Ça…, dit-elle alors qu'il se montra plus avenant en descendant sa bouche sur son décolleté. Cela n'arrêta pas l'expert en mensonge qui continua son exploration. Au bord de l'explosion de déchirer sa chemise, Gillian rassembla ses esprits et le força à échanger leur place. Cal sourit grandement de ce revirement de situation et l'embrassa tendrement avant d'être légèrement repoussé.
— Chéri, dit-elle avec le souffle saccadé. Faut vraiment qu'on arrête… ok ? dit-elle en posant une main contre son torse et la seconde contre sa joue. Il la regarda complètement perdue.
— C'est pas contre toi… Crois moi que…j'aimerais vraiment, mais vraiment continuer… c'est juste qu'on est au boulot et…
— Et je suis encore allé trop loin…, soupira t-il, en fermant ses yeux.
Elle capta son expression désolée et s'empressa de le rassurer : — Non, non ! C'est pas ça ! C'est juste que… j'ai peur de ne pas me contrôler tu comprends…
Il afficha un air d'incompréhension. Cela ne sembla pas ravir Gillian qui s'expliqua avec maladresse: — Hum comment dire… quand toi et moi on… tu vois ?
Il hocha sa tête.
— C'est fantastique ! Tellement que…parfois je ne peux pas m'empêcher de faire certaines choses… que je ne partagerais pas avec nos collègues, tu comprends ?
Il sourit et affirma: — Je comprends.
— Ok, sourit-elle. Elle l'embrassa et posa son front contre le sien. — Je t'aime…
OoO
JEUDI…
Au domicile de Gillian, le couple partageait un moment de calme devant la télé diffusant le film de l'après-midi. Et Cal n'avait rien trouvé de mieux comme couverture que sa petite-amie allongée contre lui avec leurs jambes étalées de tout leur long sur le canapé. Au petit écran, il regarda un policier plaider la cause d'un présumer coupable et déclara:
— Je suis sûr que c'est lui le meurtrier.
— Comment tu peux le savoir ?
— Je l'ai vu sur son visage !
— N'importe quoi ! ria t-elle. Ce sont des acteurs, pas la réalité.
— Dis ça à nos politiques…
Elle leva ses yeux au ciel et l'entendit dire:
— Je suis sûr que c'est lui et de toute façon c'est toujours le personnage le plus discret le meurtrier.
— Si tu le dis…
— Tu crois que c'est qui ?
— La blonde !
— Quoi ?! s'offusqua t-il. Comment tu peux oser dire ça, elle a un alibi ! Elle était à son bureau au moment des faits !
Cal venait d'employé un certain ton offusqué comme si le sort de la blonde du film était entre ses mains. Bien évidement, Gillian n'en crut pas un mot. Un mâle face à une femme aussi aguicheuse lui donnerait le bon dieu sans confession.
— Mais bien sûr… De toute façon dès qu'une blonde avec des formes là où il faut, s'approcherait de toi, tu coucherais avec elle…
Une raillerie qu'elle avait balancée avec un fort sous-entendu pour toutes les ex de son compagnons dont la plus part étaient grandes, blondes et magnifiques… Elle contracta sa mâchoire aux souvenirs de ses rivales. L'expert en mensonge capta sa rancune et répliqua amusé :
— T'es jalouse ? Tu sais que c'est une actrice ?
— Rhaa tai toi…
Il ria puis regarda avec ravissement son petit air renfrogné. Il aimait tellement ce côté possessif de sa personnalité même si c'était juste pour une actrice télé ! Il glissa sa main sous son chemisier puis commença à lui procurer de douces caresses. Elle sentit l'intruse mais garda ses yeux rivés sur l'écran en soupirant légèrement réprobatrice:
— Cal…
— Mmh ?
— Qu'est-ce que tu fais ?
— D'après toi, j'peux pas résister à une blonde avec des formes là où il faut. Donc je teste ta théorie…
Elle soupira mais cela n'arrêta pas l'expert en mensonge dans ses caresses lascives. Désireux d'approfondir leur échange, Cal posa sa bouche sur le cou de la psychologue pour offrir plusieurs tendres baisers sur sa peau dénudée. Concentrée dans son film, elle ne se préoccupa pas de ses marques d'affection mais ne lutta étrangement pas pour l'arrêter. D'une main experte, il déboutonna le chemiser de la jeune femme. Son excitation était à son comble. Malheureusement pour lui, la propriétaire, n'étant pas de cet avis, emprisonna sa main pour stopper son dangereux avancement.
— Cal !
— Quoi ?
— Je veux savoir qui est le meurtrier !
— Je te l'ai déjà dit, c'est le policier !
— Et moi je te dis que c'est la blonde !
— Et bien tu as tors !
Elle tourna son visage dans sa direction en plissant ses yeux de suspicions:
— Comment tu peux en être si sûr ?
— Parce que je te le dit, que j'ai toujours raison et parce que… j'ai déjà vu le film !
— Quoi ?!
Sans plus de cérémonie, Cal chevaucha sa compagne et l'embrassa avec passion. Il déplaça sa bouche à son oreille et murmura:
— Maintenant que tu connais la fin, on peut faire mon film à moi. Et je présage déjà de bonnes critiques…
Elle voulut répliquer quelque chose mais lorsqu'elle le regarda enlever sensuellement son t-shirt par le haut et dévoiler son torse… les mots moururent instantanément dans sa bouche asséchée. Il sourit de sa réaction et déboucla avec soin le jean de sa bien-aimée avant de s'allonger sur son corps pour capturer passionnément ses lèvres. Il reprit son souffle et ajouta:
— Et puis, vu qu'on est chez toi tu pourras faire autant de bruits que tu veux…
Il se jeta sur sa bouche et caressa sa langue avec la sienne. Elle avait déjà perdu le combat et songea qu'elle devrait regarder la fin du film en replay. Il est vrai que le réel était bien meilleur que le jeu d'acteur. Elle s'abandonna à lui et gémit de plaisir en passant ses bras dans son dos avant d'y caresser ses cheveux courts.
OoO
VENDREDI…
Il ne restait plus que quelques heures avant la grande réunion budgétaire. Cal avait vu sa compagne prête à exploser et s'était empressé de la faire quitter l'agence pour quelques minutes avant de la voir craquer sur un pauvre employé. Il l'avait convié à prendre l'air sur la grande place non loin de leurs bureaux. Elle voulut refuser mais Cal l'avait obligé si elle ne voulait pas qu'il la traine de force dans les couloirs de l'entreprise. Elle s'était retrouvée assise sur un banc attendant impatiemment le retour de son petit-ami qui lui avait demandé de patienter un court instant. Elle désespéra de ne pas le voir revenir jusqu'à l'apercevoir tout sourire avec un gobelet à la main. Elle fronça ses sourcils d'incompréhension. Il campa devant elle et offrit le récipient en s'expliquant :
— Milkshake à la fraise, ton préféré !
Elle arbora un immense sourire en le regardant prendre place à ses côtés. Il n'y avait que lui pour y penser…
— Merci, le remercia t-elle d'un baiser furtif sur ses lèvres. Il passa un bras derrière son dos et répondit:
— C'est normal…
Elle regarda pensivement le milkshake et n'en but aucune gorgée. Un noeud s'était formé au creux de son estomac l'empêchant d'apprécié sa boisson laitée préférée.
— Il va refroidir si tu continues à le regarder ainsi, plaisanta t-il. Elle ria légèrement puis déclara plus sérieusement:
— Je pensais à la réunion de tout à l'heure…
— Tu me rassures, j'avais peur de m'être trompé avec le chocolat !
Elle gloussa encore. Il faisait toujours tout pour la faire sourire. Cal l'observa. Il capta son expression d'inquiétude et dit avec une grande sincérité: — Je sais que tu ne me croiras pas, mais tu vas réussir… Tu as toujours réussi dans ce domaine contrairement à moi…
— Cal…
— Non c'est vrai ! Depuis qu'on travaille ensemble tu as toujours su gérer les budgets, les investisseurs, tu sais parler à nos clients… Je sais que sans toi, je ne serai pas là… Tu travailles deux fois plus que moi. Tu as toujours été le pilier à la réussite de l'agence. Sans toi le nom de l'entreprise s'appellerait juste "Lightman." Et les gens auraient simplement pensé que je bossais dans les luminaires !
Elle ria de plus belle. Elle fut très touchée par les mots de l'expert en mensonge et ancra son regard souriant pour répondre:
— Mais sans toi et tes découvertes, je n'aurai pas fais toutes ces choses incroyables…
— Je crois qu'on peut dire qu'on se complète bien.
— Plus que bien…
Un grand sourire se dessina sur le visage de Gillian. Elle embrassa tendrement son compagnon puis se cala dans ses bras pour profiter pleinement du moment. Plus légère, elle aspira une gorgée de son milkshake avec délectation.
— Il est bon ?
— Délicieux, sourit-elle. Il l'embrassa dans ses cheveux et la serra un peu plus contre lui en regardant les passants défiler devant leurs yeux.
OoO
Wild esquissa un léger sourire amusé par ce rapport de la semaine plus qu'amoureux en tout point de vue… Et dire qu'il y avait seulement quelques jours ils refusaient encore de voir la vérité. Bien évidement, en tant que psychologue, Wild avait détecté certains points à éclaircir.
— Je vois que votre semaine a été plus tôt riche en rapprochement.
Les deux patients semblèrent plutôt gênés par ces dires mais esquissèrent un fin sourire.
— Ce qui est parfaitement bien ! les rassura Wild. — Je suis très heureux que votre vie amoureuse soit des plus évolutives mais…
— Toujours un mais…, soupira Lightman.
— J'ai remarqué un manque d'affection dans vos récits.
— Un manque d'affection ?! s'étrangla Cal. — Je crois que vous ne devriez plus utiliser le mot "mais"…
— Ce que j'entends par là, Cal, c'est qu'au niveau corporel il n'y a rien à redire. Vous avez passé toutes les étapes qu'il faut et Gillian arrive parfaitement à se montrer plus démonstratif avec vous lorsque vous êtes en public. Une chose qui lui a demandé un peu de temps. Mais sans parler des moments où vous êtes au travail, ce qui est tout autre chose, je vois Cal que vous avez encore des problèmes à vous montrer expressif dans le privé.
L'expert en mensonge était éberlué par ces propos et persiffla:
— Non sérieusement, le "mais" devrait être banni.
— Je ne parle pas d'un point de vue tactile mais émotionnelle. Chose que j'avais déjà remarqué précédemment. Depuis que vous êtes ensemble, vous n'avez pas dit à Gillian ce que vous ressentez pour elle.
— Bien sûr que si ! Je le fais tous les jours !
— Avez-vous déjà dit à Gillian que vous teniez à elle, que vous l'aimiez autrement que par le corps ?
— Heu je… mais…, bafouilla t-il.
— Ah je croyais que vous vouliez bannir le "mais" ?
Cal ne savait plus quoi dire. Wild venait de toucher un point sensible…
— Cal… Je sais que vous n'arrivez pas encore à le dire parce qu'elle vous a déjà repoussé par le passé… Et qu'inconsciemment vous avez peur que cela se réitère. De même que vous vous pensez incapable d'exprimer ce que vous ressentez autrement que par le corps. Vous pensez pouvoir "retenir" Gillian en lui montrant de manière charnelle à quel point vous pouvez l'aimer. Si vous avez agit aussi impulsivement ces derniers jours, c'était pour cacher votre malaise alors que Gillian a depuis longtemps dépassé ce stade…
Plus que surpris par cette analyse, Gillian regarda son compagnon et l'interrogea inquiète:
— Chéri, c'est vrai ?
Bien trop gêné pour répondre, Cal se gratta instinctivement l'oreille. Wild comprit le message et ajouta:
— Vous savez Cal… Je pense que Gillian aime autant ses moments de calme avec vous autour d'un bon petit déjeuner ou devant la télé sans que cela se finisse par du sexe. Et simplement profiter du moment présent juste tous les deux. Gillian ?
— Bien sûr ! Je veux dire, on en a déjà parlé. Je pensais qu'on était d'accord pour dire que ce n'était pas que pour ça qu'on était ensemble. Que cela allait au de là…
Elle lança un regard attristé à son compagnon qui répondit avec des gestes de ses mains:
— Je sais… c'est juste que je… n'arrive pas encore à faire tout ça… Je pensais que si je te montrais à quel point je tenais à toi de cette manière… tu serais d'une certaine manière… satisfaite…
— Parce que c'est ce que vous avez toujours fait. Vous avez toujours usé de cela pour montrer ce que vous éprouvez avec la personne que vous aimez. Je ne dis pas que vous devez le dire ici et maintenant, ni en sortant de mon bureau. Je vous demande simplement de vous dire que le sexe n'est pas le seul moyen d'expression… que vous êtes plus que ça. Vous n'êtes pas réduit qu'à des gestes. Vous pouvez et vous avez le droit de lui dire ce que vous ressentez. Vous pensez en être incapable parce que vous avez appris à ne pas montrer vos réelles émotions de peur de souffrir par la suite. Vous allez apprendre, avec Gillian, à voir les relations différemment. Surtout que vous avez déjà prouvé que vous êtes parfaitement capable de la soutenir dans des moments difficiles avec des paroles justes et réconfortantes. Il vous faut simplement un peu plus d'assurance. Peut-être que ça prendra du temps, peut-être pas mais je vous garanti que vous y arriverez.
— J'aime ce "mais", sourit Gillian.
— Moi aussi, s'amusa Wild avant de reprendre plus sérieusement. Je sais que vous avez peur que Gillian puisse partir à cause de vous, parce que vous avez peur de la maladresse de vos paroles et de la blesser par ce que vous pensez être. Vous avez encore peur de réitérer les mêmes erreurs qu'avec votre ex-femme ou d'autres de vos relations. Il faut juste que vous compreniez que Gillian n'est pas comme vos autres relations. Elle sait que vous avez besoin de temps, qu'une relation n'est pas parfaite, qu'il existe des difficultés surtout avec une amitié aussi forte. Elle ne partira pas.
Cal sourit légèrement alors que Gillian caressa sa main pour confirmer les propos. Le psychologue fut heureux de ce dénouement plutôt encourageant et regarda l'heure sur sa pendule.
— La séance touche à sa fin. Avant de partir, j'aimerais savoir, Cal, si vous aviez, comme promis, fait des efforts avec le petit-ami de votre fille ?
— Vu que je ne l'ai pas revu depuis la dernière fois… Yep ! J'ai été un parfait gentleman.
— D'accord…, soupira t-il rieur. Je suppose que vous n'avez pas non plus revu Emily ?
— Nop !
— Bien, comme je le disais, lors de notre dernière séance, si elle a besoin de parler n'hésitez pas à communiquer tous les trois. Ou avec vous Gillian, si Emily n'arrive pas à parler de certains sujets avec Cal.
Gillian hocha positivement sa tête à ce conseil.
— Au fait, il n'y a toujours qu'elle qui est courante ?
— Heu oui…, confirma Cal sur ses gardes.
— Vous n'avez toujours pas parlé de votre relation à vos parents Gillian ?
— Non…
— Et vous Cal vous n'avez toujours pas…
— Je vous arrête tout de suite, ça risque d'être compliqué !
— Vous ne m'avez pas laissé terminé, sourit-il. — Avez-vous parlé de votre relation à Zoé ?
Cal resta complètement muet et tourna son regard de droite à gauche comme pour trouver une échappatoire à cette question…
— Je suppose que ça veut dire non… Vous savez je pense qu'il est désormais temps de parler a votre famille de ce qui se passe. Je sais que vous pensez que c'est mieux ainsi, mais plus vous attendrez plus il sera difficile de le faire.
Cal et Gillian semblèrent assez septique par cette idée.
— Écoutez, voilà ce qu'on va faire. La semaine prochaine, je veux que vous parliez soit à Zoé soit aux parents de Gillian. Par qui préférez-vous commencer ?
— Zoé/mes parents ! dirent en même temps le couple.
— Je vois, s'amusa le psychologue. — Vous pouvez faire les deux. Rien ne vous en empêche ! J'en serais même ravie !
Wild se leva et accompagna le couple jusqu'à sa porte. Avant de partir, Cal se retourna vers le professionnel pour demander avec intérêt:
— On est vraiment obligé de leur dire ? Parce qu'il y a un match de foot super important et j'aimerai rester encore un peu en vie avant de…
Gillian leva ses yeux aux ciel et poussa son compagnon: — Avance, au lieu de dire des bêtises !
— Non, mais c'est vrai ! Ta mère va me tuer à coup de baguette de pain et Zoé elle va me tuer… en me gueulant dessus toute la journée, voir des mois entiers !
— Ça ne te fera pas de mal…
— Quoi ?!
Le psychologue regarda amusé ses patients se chamailler et songea qu'il lui tardait d'être à la semaine prochaine pour savoir comment ces deux experts du langage "non-verbal" aller avouer à leurs proches une vérité aussi grande ! Au moins, avec eux, on ne s'ennuyait jamais !
À SUIVRE...
— Bon sang, mais c'est pas vrai…, soupira t-elle, en passant une main lasse sur son front. Elle lâcha un long soupir et s'accroupit au sol pour rassembler l'ensemble de son dossier. C'est alors qu'à l'encadrement de la porte, une voix masculine s'éleva:
— Jolie vue !
La psychologue se redressa avec ses papiers entre ses mains et répliqua :
— C'est pas drôle Cal. J'ai passé plus d'une heure à tout organiser pour la réunion et voilà le résultat ! Dans même pas dix minutes plusieurs de nos actionnaires seront présents, avec nos employés… et comme une imbécile, je viens de mettre en l'air plus d'une heure de classement… Je…
Touché par la fragilité de la jeune femme, Cal s'empressa d'entrer dans son bureau en refermant la porte pour plus d'intimité. Il se plaça devant la psychologue et passa une main chaleureuse contre sa joue.
— Hey, honey… tout va bien se passer, tu verras !
— Comment tu peux savoir ça ! Je n'ai pas dormis de la nuit et…
— Moui mais moi aussi ! plaisanta t-il avec un large sous entendu.
— Cal…
Il caressa son visage de son pouce: — Chérie… Ça fait plus d'un mois que tu travailles dessus, tu connais ton sujet par coeur…
— Oui mais, si je n'arrive pas à convaincre nos actionnaires et les nouveaux investisseurs, l'agence n'aura plus le budget nécessaire et…
Dépassée par les événements, elle s'arrêta dans ses explications en réfugiant son visage entre ses mains. Cal détestait la voir ainsi et il essaya de la réconforter comme il pu :
— Quoiqu'il arrive on se débrouillera ! On est toujours retombé sur nos pieds… mmh ?
— Mmh…
— Tu vas réussir ! Et puis… si jamais vraiment personne ne veut investir, je file direct à Vegas !
— Cal ! le réprimanda t-elle, en le poussant légèrement en arrière. Il ria, se rapprocha pour caresser son visage puis ancra son regard tendre dans celui très inquiet de celle-ci.
— Tout va bien se passer… Je te le promets. Tu me fais confiance ?
Elle acquiesça. Il sourit et l'embrassa tendrement. Après ça, il l'enlaça en soufflant au creux de son oreille:
— Si tu penses que tu vas flancher, regarde moi… je serais ton inspiration !
Elle ria encore alors qu'il offrit un baiser sur sa joue. Elle entoura son cou avec ses bras pour affirmer le plus sincèrement du monde: — Je ne sais pas ce que je ferai sans toi…
— On n'a pas besoin de le savoir…
Elle lâcha un soupir rieur puis souffla: — Je t'aime…
Il afficha un léger sourire et l'embrassa encore une fois.
Quelques minutes plus tard, tous les employés, actionnaires, futurs investisseurs étaient réunis dans la salle de conférence du Lightman Group. Gillian avait mené toutes ses explications avec un enchainement parfait de maquettes, statistiques, propositions… à l'appuie. Une argumentation digne d'une grande patronne d'entreprise. Un professionnalisme qui avait ravis plus d'une personne présentes. Et surtout Cal, assit autour de la table, l'observant avec fierté. Il tourna son regard sur l'assemblé et remarqua, par l'expression de leur visage, qu'elle avait réussi à conquérir son auditoire.
— Je vais terminer cette présentation par notre budget prévisionnel des six prochains mois…
Gillian chercha le dossier désiré pour le trouver à proximité de son compagnon. Elle tendit sa main dans sa direction et réclama:—Chéri, tu peux me passer le dossier devant toi.
Cal attrapa le document pour le tendre naturellement vers la jeune femme. Un long silence se propagea dans la pièce. Tous les regards s'étaient figés sur les deux experts en mensonge immobiles. C'est pas vrai… Dites lui que ce n'était pas réel, que c'était un cauchemar et qu'elle allait se réveiller dans son lit entourer par les bras chaleureux de son petit-ami !
OoO
— Je vois, dit Wild.
Gillian marchait de long en large dans le bureau du psychologue à lunettes. Ahurie, elle écarta ses bras et s'exclama:
— Et c'est tout ?!
— Gill'…, soupira Cal sur le canapé, pour tenter de la raisonner. Sans prêter attention à l'expert en mensonge, elle continua de faire les cents pas lorsque Wild décida de prendre la situation en main:
— Gillian vous êtes d'accord pour dire qu'on ne peut pas revenir en arrière. Ce qui est arrivé est arrivé.
— Mais…mais… c'est une catastrophe !
— Je crois que vous extrapoler un peu la situation.
— Extrapoler ?! J'ai dit ça devant une salle pleine d'investisseurs et devant tous nos employés que…
Gillian s'interrompit elle-même.
— Que ? Wild comprit que sa patiente n'allait pas terminer sa phrase et déclara: — Il ne s'agissait que d'un mot.
— Un mot qui a révélé une vérité !
— Et cette vérité, ne vous sentez vous pas mieux de l'avoir dite.
— Je…je… je ne sais pas…
Elle s'effondra dans le canapé. Cal prit sa main dans la sienne pour la rassurer:
— Gill'… calme toi…
— Me calmer ?! Tu…tu sais ce qui s'est passé !
— Gillian...
— Je t'ai appelé "Chéri" devant tous nos actionnaires et nos employés !
— Ça n'a aucune importance, ils ont adoré ton discours.
— J'ai saccagé un mois de travail !
— Des nouveaux investisseurs ont signé les contrats et les anciens les ont reconduits. Tu n'as rien gaché du tout.
— Mais…maintenant tout le monde est au courant et… et…
— Je sais que vous pensez que cela affectera votre manière de travailler avec votre équipe, mais tout dépendra de la façon dont vous allez aborder la chose avec eux. Si vous leur demander de restez professionnel. Ils le resteront. Si vous continuez de nier les faits, ils chercheront des réponses. Ce qui vous mettra dans des situations inconfortables…
Les deux patients tiquèrent à ses mots. Wild en prit mentalement note.
— Comment ont réagi vos employés ?
— On ne sait pas…, répondit Gillian. Ça s'est passé dans l'après-midi et vu qu'on avait rendez-vous avec vous, on est parti directement…
— Avez-vous peur de leur réaction lorsque vous les reverrez ?
— Un peu… oui…
— Dites moi… qu'est-ce qui pourrait vous arriver de pire maintenant que votre relation est connue de tous ?
— Bah…
— Le manque de concentration ! proclama Cal.
— Pour vous ou pour eux ?
Aucun des deux ne répondirent.
— Vous savez ce que je pense… Je crois qu'en ôtant la limite au travail, vous avez peur de ne pas pouvoir vous maitriser mais aussi de voir que cela fonctionne parfaitement entre vous et de passer aux étapes suivantes. Je pense que vous avez peur de la suite… Donc vous vous créez des obstacles inutiles à votre bonheur, comme vous l'avez toujours fait avec vos anciennes relations. Vous essayez de renouer avec une certaine routine parce que vous ne savez pas encore ce que réserve votre relation. Mon conseil, serait d'agir comme vous le faites d'habitude. S'il y a des débordements, alors seulement dans ce cas là vous parlerez des règles à respecter avec vos employés pour l'équilibre de l'entreprise, ok ?
Cal et Gillian acquiescèrent. Rien n'était encore joué mais ils avanceraient.
— Bien, sourit-il. À part ça, racontez moi comme s'est passé votre semaine au travail ou en dehors. Gillian, vous avez réussi à vous montrez plus tactile avec Cal ?
— Et bien…
OoO
LUNDI…
Dans la salle de restauration du Lightman Group, Gillian se prépara son café matinal sur le comptoir, lorsque deux bras masculins entoura amoureusement sa taille. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour découvrir l'auteur de ce câlin improvisé et soupirer entre amusement et remontrance:
— Caaal…
— Dieu que j'aime quand tu prononces mon prénom comme ça…
— Si tu ne t'éloignes pas toute de suite, je te promets que je ne t'appellerais plus que par ton nom.
— Cool, ça donne un petit côté sauvage. Genre deux patrons d'entreprise qui s'envoient en l'air devant la machine à café…
Il la retourna dans ses bras pour l'embrasser tendrement.
— Cal ! ria t-elle, en jetant un regard derrière son épaule. Tu sais que des gens pourraient nous voir…
— Et alors…, soupira t-il un peu lasse. Il s'adossa contre le comptoir et l'observa remuer son café.
— On en a déjà parlé… Je ne suis pas encore prête pour que notre entourage professionnel soit au courant…
Cal baissa son regard sur le sol en émettant une petite moue de sa bouche. Gillian le vit faire. Un poids venait d'emprisonner son coeur. Elle posa une main réconfortante sur la sienne et souffla :
— Chéri… c'est pas contre toi… tu sais que je t'aime…
— Je sais, sourit-il. Je comprends.
Il caressa tendrement sa joue puis, entendant des pas venir dans leur direction, il s'éloigna d'elle pour quitter la pièce sous son regard désolé. Elle soupira et but une gorgée de son liquide chaud après avoir souhaité le bonjour à Hunter et Sydney qui venaient d'entrer.
OoO
MARDI…
Cal et Gillian se trouvaient dans un petit restaurant sophistiqué, pour un brunch bien mérité avant la poursuite d'une épineuse affaire de meurtre. Un endroit affectionné par la psychologue et quelque peu fuit par l'expert en mensonge préférant les choses les plus simples au possible. Face à ses oeufs parfaitement symétriques, Cal resta dubitatif alors que sa compagne s'amusa de sa mésaventure.
— Cal… mange-les je suis sûre qu'ils sont délicieux.
— Franchement… je crois que c'est un mensonge. Même la serveuse qui me les a servis ne semblait pas être très sûre d'elle.
Elle ria puis posa son coude sur la table pour reposer sa tête dans le creux de sa main. Elle regarda avec tendresse l'homme en train d'expliquer en trois points pourquoi il ne fallait pas prendre de petit déjeuner. Elle n'arrivait toujours pas à croire de ce qu'ils vivaient. Tout avait changé en seulement quelques jours. Autrefois, ils n'étaient que de simples amis partageant un repas ou deux dans la semaine pour discuter de travail, famille et relation personnelle respective... Aujourd'hui, cela était toujours bien évidemment le cas, mais maintenant ils pouvaient parler "d'eux". Et même s'il désertait sur la notion des oeufs cuits à l'anglaise, elle songea qu'elle pouvait rester là à l'écouter juste parce que... c'était lui ! En effet... elle était vraiment tombée amoureuse. Un instant de monologue plus tard, Cal se rendit enfin compte que son interlocutrice ne semblait pas vraiment l'écouter et l'interpella souriant :
— Chérie ?
— Oui ?
— Je croyais t'avoir perdu, s'amusa t-il.
— Excuse moi…, s'excusa t-elle gênée.
— C'est pas grave, j'espère juste que la chose à laquelle tu pensais ce n'était pas de revenir ici pour notre prochain brunch.
— Non, gloussa t-elle. Je pensais à toi… et à tous ces brunch qui nous attend…
Cal sourit à ce sous-entendu. Il caressa avec tendresse la main de la jeune femme lorsqu'une serveuse les interrompit dans ce moment de complicité. Il savait que Gillian n'était pas encore très à l'aise en public et s'apprêta à retirer celle-ci, mais chose surprenante, une emprise l'obligea à garder leurs mains liées. En vérité, il ne savait pas si c'était un moyen "non-verbal" pour dire à la serveuse à la superbe plastique que c'était chasse gardée ou tout simplement une marque d'affection sans arrière pensée. Dans tous les cas, il adora sa prise d'initiative. Il en oublia même de demander à la serveuse la composition exact de ce plat venu d'ailleurs et se promis de revenir avec sa nouvelle petite-amie si elle le souhaitait, bien évidement !
OoO
MERCREDI…
Cal plaqua Gillian contre sa porte de bureau close et embrassa son cou à sa merci avec une passion dévorante. Elle essaya de contrôler ses ardeurs mais cela fut peine perdue. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comme toutes les autres fois… Sur une bourde d'un de leur employé, Gillian avait tenté de calmer son compagnon avec des paroles réconfortantes puis souhaitant désactiver complètement la bombe, elle l'avait embrassé pour lui faire oublier toutes idées de représailles. Une idée qui avait tellement bien fonctionné que Cal n'avait pas trouvé une autre mission plus passionnante que de la remercier par un long baiser amoureux. Un simple baiser qui s'était vite modifié pour un échange des plus langoureux…
— Cal…, soupira t-elle d'aise.
— Gill', répondit-il sur le même ton avant de capturer sa bouche pour l'embrasser avec fougue.
— Ils sont juste à côté… on…on ne devrait pas faire ça…
— Faire quoi ? répliqua t-il en caressant ses jambes sous sa robe.
— Ça…, dit-elle alors qu'il se montra plus avenant en descendant sa bouche sur son décolleté. Cela n'arrêta pas l'expert en mensonge qui continua son exploration. Au bord de l'explosion de déchirer sa chemise, Gillian rassembla ses esprits et le força à échanger leur place. Cal sourit grandement de ce revirement de situation et l'embrassa tendrement avant d'être légèrement repoussé.
— Chéri, dit-elle avec le souffle saccadé. Faut vraiment qu'on arrête… ok ? dit-elle en posant une main contre son torse et la seconde contre sa joue. Il la regarda complètement perdue.
— C'est pas contre toi… Crois moi que…j'aimerais vraiment, mais vraiment continuer… c'est juste qu'on est au boulot et…
— Et je suis encore allé trop loin…, soupira t-il, en fermant ses yeux.
Elle capta son expression désolée et s'empressa de le rassurer : — Non, non ! C'est pas ça ! C'est juste que… j'ai peur de ne pas me contrôler tu comprends…
Il afficha un air d'incompréhension. Cela ne sembla pas ravir Gillian qui s'expliqua avec maladresse: — Hum comment dire… quand toi et moi on… tu vois ?
Il hocha sa tête.
— C'est fantastique ! Tellement que…parfois je ne peux pas m'empêcher de faire certaines choses… que je ne partagerais pas avec nos collègues, tu comprends ?
Il sourit et affirma: — Je comprends.
— Ok, sourit-elle. Elle l'embrassa et posa son front contre le sien. — Je t'aime…
OoO
JEUDI…
Au domicile de Gillian, le couple partageait un moment de calme devant la télé diffusant le film de l'après-midi. Et Cal n'avait rien trouvé de mieux comme couverture que sa petite-amie allongée contre lui avec leurs jambes étalées de tout leur long sur le canapé. Au petit écran, il regarda un policier plaider la cause d'un présumer coupable et déclara:
— Je suis sûr que c'est lui le meurtrier.
— Comment tu peux le savoir ?
— Je l'ai vu sur son visage !
— N'importe quoi ! ria t-elle. Ce sont des acteurs, pas la réalité.
— Dis ça à nos politiques…
Elle leva ses yeux au ciel et l'entendit dire:
— Je suis sûr que c'est lui et de toute façon c'est toujours le personnage le plus discret le meurtrier.
— Si tu le dis…
— Tu crois que c'est qui ?
— La blonde !
— Quoi ?! s'offusqua t-il. Comment tu peux oser dire ça, elle a un alibi ! Elle était à son bureau au moment des faits !
Cal venait d'employé un certain ton offusqué comme si le sort de la blonde du film était entre ses mains. Bien évidement, Gillian n'en crut pas un mot. Un mâle face à une femme aussi aguicheuse lui donnerait le bon dieu sans confession.
— Mais bien sûr… De toute façon dès qu'une blonde avec des formes là où il faut, s'approcherait de toi, tu coucherais avec elle…
Une raillerie qu'elle avait balancée avec un fort sous-entendu pour toutes les ex de son compagnons dont la plus part étaient grandes, blondes et magnifiques… Elle contracta sa mâchoire aux souvenirs de ses rivales. L'expert en mensonge capta sa rancune et répliqua amusé :
— T'es jalouse ? Tu sais que c'est une actrice ?
— Rhaa tai toi…
Il ria puis regarda avec ravissement son petit air renfrogné. Il aimait tellement ce côté possessif de sa personnalité même si c'était juste pour une actrice télé ! Il glissa sa main sous son chemisier puis commença à lui procurer de douces caresses. Elle sentit l'intruse mais garda ses yeux rivés sur l'écran en soupirant légèrement réprobatrice:
— Cal…
— Mmh ?
— Qu'est-ce que tu fais ?
— D'après toi, j'peux pas résister à une blonde avec des formes là où il faut. Donc je teste ta théorie…
Elle soupira mais cela n'arrêta pas l'expert en mensonge dans ses caresses lascives. Désireux d'approfondir leur échange, Cal posa sa bouche sur le cou de la psychologue pour offrir plusieurs tendres baisers sur sa peau dénudée. Concentrée dans son film, elle ne se préoccupa pas de ses marques d'affection mais ne lutta étrangement pas pour l'arrêter. D'une main experte, il déboutonna le chemiser de la jeune femme. Son excitation était à son comble. Malheureusement pour lui, la propriétaire, n'étant pas de cet avis, emprisonna sa main pour stopper son dangereux avancement.
— Cal !
— Quoi ?
— Je veux savoir qui est le meurtrier !
— Je te l'ai déjà dit, c'est le policier !
— Et moi je te dis que c'est la blonde !
— Et bien tu as tors !
Elle tourna son visage dans sa direction en plissant ses yeux de suspicions:
— Comment tu peux en être si sûr ?
— Parce que je te le dit, que j'ai toujours raison et parce que… j'ai déjà vu le film !
— Quoi ?!
Sans plus de cérémonie, Cal chevaucha sa compagne et l'embrassa avec passion. Il déplaça sa bouche à son oreille et murmura:
— Maintenant que tu connais la fin, on peut faire mon film à moi. Et je présage déjà de bonnes critiques…
Elle voulut répliquer quelque chose mais lorsqu'elle le regarda enlever sensuellement son t-shirt par le haut et dévoiler son torse… les mots moururent instantanément dans sa bouche asséchée. Il sourit de sa réaction et déboucla avec soin le jean de sa bien-aimée avant de s'allonger sur son corps pour capturer passionnément ses lèvres. Il reprit son souffle et ajouta:
— Et puis, vu qu'on est chez toi tu pourras faire autant de bruits que tu veux…
Il se jeta sur sa bouche et caressa sa langue avec la sienne. Elle avait déjà perdu le combat et songea qu'elle devrait regarder la fin du film en replay. Il est vrai que le réel était bien meilleur que le jeu d'acteur. Elle s'abandonna à lui et gémit de plaisir en passant ses bras dans son dos avant d'y caresser ses cheveux courts.
OoO
VENDREDI…
Il ne restait plus que quelques heures avant la grande réunion budgétaire. Cal avait vu sa compagne prête à exploser et s'était empressé de la faire quitter l'agence pour quelques minutes avant de la voir craquer sur un pauvre employé. Il l'avait convié à prendre l'air sur la grande place non loin de leurs bureaux. Elle voulut refuser mais Cal l'avait obligé si elle ne voulait pas qu'il la traine de force dans les couloirs de l'entreprise. Elle s'était retrouvée assise sur un banc attendant impatiemment le retour de son petit-ami qui lui avait demandé de patienter un court instant. Elle désespéra de ne pas le voir revenir jusqu'à l'apercevoir tout sourire avec un gobelet à la main. Elle fronça ses sourcils d'incompréhension. Il campa devant elle et offrit le récipient en s'expliquant :
— Milkshake à la fraise, ton préféré !
Elle arbora un immense sourire en le regardant prendre place à ses côtés. Il n'y avait que lui pour y penser…
— Merci, le remercia t-elle d'un baiser furtif sur ses lèvres. Il passa un bras derrière son dos et répondit:
— C'est normal…
Elle regarda pensivement le milkshake et n'en but aucune gorgée. Un noeud s'était formé au creux de son estomac l'empêchant d'apprécié sa boisson laitée préférée.
— Il va refroidir si tu continues à le regarder ainsi, plaisanta t-il. Elle ria légèrement puis déclara plus sérieusement:
— Je pensais à la réunion de tout à l'heure…
— Tu me rassures, j'avais peur de m'être trompé avec le chocolat !
Elle gloussa encore. Il faisait toujours tout pour la faire sourire. Cal l'observa. Il capta son expression d'inquiétude et dit avec une grande sincérité: — Je sais que tu ne me croiras pas, mais tu vas réussir… Tu as toujours réussi dans ce domaine contrairement à moi…
— Cal…
— Non c'est vrai ! Depuis qu'on travaille ensemble tu as toujours su gérer les budgets, les investisseurs, tu sais parler à nos clients… Je sais que sans toi, je ne serai pas là… Tu travailles deux fois plus que moi. Tu as toujours été le pilier à la réussite de l'agence. Sans toi le nom de l'entreprise s'appellerait juste "Lightman." Et les gens auraient simplement pensé que je bossais dans les luminaires !
Elle ria de plus belle. Elle fut très touchée par les mots de l'expert en mensonge et ancra son regard souriant pour répondre:
— Mais sans toi et tes découvertes, je n'aurai pas fais toutes ces choses incroyables…
— Je crois qu'on peut dire qu'on se complète bien.
— Plus que bien…
Un grand sourire se dessina sur le visage de Gillian. Elle embrassa tendrement son compagnon puis se cala dans ses bras pour profiter pleinement du moment. Plus légère, elle aspira une gorgée de son milkshake avec délectation.
— Il est bon ?
— Délicieux, sourit-elle. Il l'embrassa dans ses cheveux et la serra un peu plus contre lui en regardant les passants défiler devant leurs yeux.
OoO
Wild esquissa un léger sourire amusé par ce rapport de la semaine plus qu'amoureux en tout point de vue… Et dire qu'il y avait seulement quelques jours ils refusaient encore de voir la vérité. Bien évidement, en tant que psychologue, Wild avait détecté certains points à éclaircir.
— Je vois que votre semaine a été plus tôt riche en rapprochement.
Les deux patients semblèrent plutôt gênés par ces dires mais esquissèrent un fin sourire.
— Ce qui est parfaitement bien ! les rassura Wild. — Je suis très heureux que votre vie amoureuse soit des plus évolutives mais…
— Toujours un mais…, soupira Lightman.
— J'ai remarqué un manque d'affection dans vos récits.
— Un manque d'affection ?! s'étrangla Cal. — Je crois que vous ne devriez plus utiliser le mot "mais"…
— Ce que j'entends par là, Cal, c'est qu'au niveau corporel il n'y a rien à redire. Vous avez passé toutes les étapes qu'il faut et Gillian arrive parfaitement à se montrer plus démonstratif avec vous lorsque vous êtes en public. Une chose qui lui a demandé un peu de temps. Mais sans parler des moments où vous êtes au travail, ce qui est tout autre chose, je vois Cal que vous avez encore des problèmes à vous montrer expressif dans le privé.
L'expert en mensonge était éberlué par ces propos et persiffla:
— Non sérieusement, le "mais" devrait être banni.
— Je ne parle pas d'un point de vue tactile mais émotionnelle. Chose que j'avais déjà remarqué précédemment. Depuis que vous êtes ensemble, vous n'avez pas dit à Gillian ce que vous ressentez pour elle.
— Bien sûr que si ! Je le fais tous les jours !
— Avez-vous déjà dit à Gillian que vous teniez à elle, que vous l'aimiez autrement que par le corps ?
— Heu je… mais…, bafouilla t-il.
— Ah je croyais que vous vouliez bannir le "mais" ?
Cal ne savait plus quoi dire. Wild venait de toucher un point sensible…
— Cal… Je sais que vous n'arrivez pas encore à le dire parce qu'elle vous a déjà repoussé par le passé… Et qu'inconsciemment vous avez peur que cela se réitère. De même que vous vous pensez incapable d'exprimer ce que vous ressentez autrement que par le corps. Vous pensez pouvoir "retenir" Gillian en lui montrant de manière charnelle à quel point vous pouvez l'aimer. Si vous avez agit aussi impulsivement ces derniers jours, c'était pour cacher votre malaise alors que Gillian a depuis longtemps dépassé ce stade…
Plus que surpris par cette analyse, Gillian regarda son compagnon et l'interrogea inquiète:
— Chéri, c'est vrai ?
Bien trop gêné pour répondre, Cal se gratta instinctivement l'oreille. Wild comprit le message et ajouta:
— Vous savez Cal… Je pense que Gillian aime autant ses moments de calme avec vous autour d'un bon petit déjeuner ou devant la télé sans que cela se finisse par du sexe. Et simplement profiter du moment présent juste tous les deux. Gillian ?
— Bien sûr ! Je veux dire, on en a déjà parlé. Je pensais qu'on était d'accord pour dire que ce n'était pas que pour ça qu'on était ensemble. Que cela allait au de là…
Elle lança un regard attristé à son compagnon qui répondit avec des gestes de ses mains:
— Je sais… c'est juste que je… n'arrive pas encore à faire tout ça… Je pensais que si je te montrais à quel point je tenais à toi de cette manière… tu serais d'une certaine manière… satisfaite…
— Parce que c'est ce que vous avez toujours fait. Vous avez toujours usé de cela pour montrer ce que vous éprouvez avec la personne que vous aimez. Je ne dis pas que vous devez le dire ici et maintenant, ni en sortant de mon bureau. Je vous demande simplement de vous dire que le sexe n'est pas le seul moyen d'expression… que vous êtes plus que ça. Vous n'êtes pas réduit qu'à des gestes. Vous pouvez et vous avez le droit de lui dire ce que vous ressentez. Vous pensez en être incapable parce que vous avez appris à ne pas montrer vos réelles émotions de peur de souffrir par la suite. Vous allez apprendre, avec Gillian, à voir les relations différemment. Surtout que vous avez déjà prouvé que vous êtes parfaitement capable de la soutenir dans des moments difficiles avec des paroles justes et réconfortantes. Il vous faut simplement un peu plus d'assurance. Peut-être que ça prendra du temps, peut-être pas mais je vous garanti que vous y arriverez.
— J'aime ce "mais", sourit Gillian.
— Moi aussi, s'amusa Wild avant de reprendre plus sérieusement. Je sais que vous avez peur que Gillian puisse partir à cause de vous, parce que vous avez peur de la maladresse de vos paroles et de la blesser par ce que vous pensez être. Vous avez encore peur de réitérer les mêmes erreurs qu'avec votre ex-femme ou d'autres de vos relations. Il faut juste que vous compreniez que Gillian n'est pas comme vos autres relations. Elle sait que vous avez besoin de temps, qu'une relation n'est pas parfaite, qu'il existe des difficultés surtout avec une amitié aussi forte. Elle ne partira pas.
Cal sourit légèrement alors que Gillian caressa sa main pour confirmer les propos. Le psychologue fut heureux de ce dénouement plutôt encourageant et regarda l'heure sur sa pendule.
— La séance touche à sa fin. Avant de partir, j'aimerais savoir, Cal, si vous aviez, comme promis, fait des efforts avec le petit-ami de votre fille ?
— Vu que je ne l'ai pas revu depuis la dernière fois… Yep ! J'ai été un parfait gentleman.
— D'accord…, soupira t-il rieur. Je suppose que vous n'avez pas non plus revu Emily ?
— Nop !
— Bien, comme je le disais, lors de notre dernière séance, si elle a besoin de parler n'hésitez pas à communiquer tous les trois. Ou avec vous Gillian, si Emily n'arrive pas à parler de certains sujets avec Cal.
Gillian hocha positivement sa tête à ce conseil.
— Au fait, il n'y a toujours qu'elle qui est courante ?
— Heu oui…, confirma Cal sur ses gardes.
— Vous n'avez toujours pas parlé de votre relation à vos parents Gillian ?
— Non…
— Et vous Cal vous n'avez toujours pas…
— Je vous arrête tout de suite, ça risque d'être compliqué !
— Vous ne m'avez pas laissé terminé, sourit-il. — Avez-vous parlé de votre relation à Zoé ?
Cal resta complètement muet et tourna son regard de droite à gauche comme pour trouver une échappatoire à cette question…
— Je suppose que ça veut dire non… Vous savez je pense qu'il est désormais temps de parler a votre famille de ce qui se passe. Je sais que vous pensez que c'est mieux ainsi, mais plus vous attendrez plus il sera difficile de le faire.
Cal et Gillian semblèrent assez septique par cette idée.
— Écoutez, voilà ce qu'on va faire. La semaine prochaine, je veux que vous parliez soit à Zoé soit aux parents de Gillian. Par qui préférez-vous commencer ?
— Zoé/mes parents ! dirent en même temps le couple.
— Je vois, s'amusa le psychologue. — Vous pouvez faire les deux. Rien ne vous en empêche ! J'en serais même ravie !
Wild se leva et accompagna le couple jusqu'à sa porte. Avant de partir, Cal se retourna vers le professionnel pour demander avec intérêt:
— On est vraiment obligé de leur dire ? Parce qu'il y a un match de foot super important et j'aimerai rester encore un peu en vie avant de…
Gillian leva ses yeux aux ciel et poussa son compagnon: — Avance, au lieu de dire des bêtises !
— Non, mais c'est vrai ! Ta mère va me tuer à coup de baguette de pain et Zoé elle va me tuer… en me gueulant dessus toute la journée, voir des mois entiers !
— Ça ne te fera pas de mal…
— Quoi ?!
Le psychologue regarda amusé ses patients se chamailler et songea qu'il lui tardait d'être à la semaine prochaine pour savoir comment ces deux experts du langage "non-verbal" aller avouer à leurs proches une vérité aussi grande ! Au moins, avec eux, on ne s'ennuyait jamais !
À SUIVRE...