2 VÉRITÉS ET 1 MENSONGE
Cal et Gillian sont coincés au laboratoire d'analyse suite à une panne d'électricité et nos deux "experts" en mensonge vont jouer à un petit jeu qui va faire augmenter la tension (?) entre les deux protagonistes (sans mauvais jeu de mots...Si en fait :P) Genre: Romance - Humour |
Un soir, les employés avaient déserté les bureaux du Lightman Group alors que Cal et Gillian étaient restés tardivement pour mettre fin à une longue et laborieuse rédaction sur l'affaire épineuse d'un cartel de drogue sévissant dans la capitale. Dans la salle de conférence, la psychologue, assise autour de la grande table, massa son cou ankylosé par un long travail. Lasse, elle soupira passablement épuisée:
— Nous avons enfin fini par boucler ce dossier, je n'en voyais plus la fin...
— De même, ajouta son collègue, rassemblant divers dossiers éparpillés.
— Il doit être tard non ?
L'expert en mensonge plissa ses yeux pour lire le cadran de sa montre.
— Oulà en effet, il est 22H30 passé ! répondit-il.
— Emily doit être inquiète, tu devrais te dépêcher !
— Oh non, ne t'inquiète pas, ce soir elle reste avec Zoe et... Rudi.
Une micro-expression de dégoût se révéla sur le visage de Cal à la prononciation du prénom de l'actuel compagnon de son ex-femme. Une émotion qui n'était pas restée inaperçue aux yeux de la psychologue. Intriguée par sa réaction, elle s'empressa de l'interroger :
— Ça te dérange de savoir que Zoe et lui, vont bientôt se marier ?
— Chacun fait sa vie.
Clair et sans appel. Il effectua un tas avec tous les documents et les plaça sous son bras comme pour clore cette conversation qui n'en était pas vraiment une.
— Bon on devrait partir, dit-il, sinon ton Grayson va s'inquiéter de ne pas voir sa chère et tendre revenir !
L'ironie perceptible dans sa voix ajoutée par son petit rictus en coin, venaient de largement trahir ses pensées méprisantes quant à cette nouvelle idylle entre sa meilleure amie et son "Jules" d'aujourd'hui. À croire qu'il haïssait toutes les personnes qui étaient en couple ou bien... se détestait-il de ne pas l'être ? Quoiqu'il en soit, ces digressions multiples sur le sujet démontra son profond malaise depuis l'aveu de la psychologue sur sa relation amoureuse. Cal avait toujours eu l'art et la manière de se défiler face aux questions un peu trop personnelles. Prêt à partir, il retint galamment la porte pour faire quitter la salle de conférence à sa collègue. Elle passa le seuil mais se ravisa en s'exclamant :
— Oh mince, j'ai dû oublier mon téléphone portable dans la salle d'analyse... Je ne le retrouve pas dans mon sac ! s'affola-t-elle en fouillant désespérément l'objet perdu dans son sac.
— On peut y aller ensemble si tu veux ! proposa Cal. J'en profiterais pour déposer les dossiers.
Elle acquiesça puis les deux amis marchèrent, côte à côte, dans les couloirs de l'agence. Arrivés au lieu de prédilection, Cal composa le code de la porte du laboratoire permettant d'accéder à la salle puis y entra avec sa collègue sur les talons. Foster chercha son portable dans tous les recoins de la pièce pendant que Lightman déposa et trilla ses dossiers.
— Au fait, la sollicita-t-il d'un ton faussement innocent, tu vas faire quoi en rentrant avec M. Best-seller ?
— Cal..., soupira-t-elle, alors qu'elle souleva quelques dossiers pour voir si son téléphone ne se trouvait pas sous l'un d'eux. Arrête de l'appeler comme ça...
L'expert en mensonge s'arrêta net dans son tri et s'offusqua:—Quoi ? C'est lui qui n'arrêtait pas de me le rappeler le jour où tu m'avais invité au restaurant ! Je ne sais pas comment, mais à chacune de nos conversations, il arrivait toujours à la dévier sur son bouquin qu'il avait réussi à vendre à des milliers d'exemplaires ! Il reprit son activité et maugréa:—Sérieusement qui peut acheter un bouquin qui parle de comment savoir respirer de l'oxygène ? Hein ?
Gillian se retourna face à son ami et répliqua : — Tu sais très bien que ça ne parle pas que de "ÇA" et que son livre est principalement axé sur les méthodes de méditations.
— J'crois surtout que ce mec ne respire pas que de l'O2...
— Et moi je crois que tu devrais lire le livre qu'il t'a offert ! Ça ne te fera pas de mal !
— C'est ça, pour que je me mette à bouffer des trucs immangeables, m'accroupir n'importe où et me prendre pour maître Yoda ? Très peu pour moi !
— Et bien tu as tort ! Je suis sûre que cela t'aiderais à t'apaiser. Crois-moi que tu te sentirais bien mieux après avoir suivi ces conseils.
— Tu sais ce qui me calme moi ?
La psychologue fouilla la surface du bureau d'un employé, et répondit :
— Hurler sur Loker ?
— Hmm... pas faux ! Mais je pensais plus à une bonne tasse de thé, faire un tour avec ma BMW, ou une musique de Rock à fond dans toute la maison !
— Une musique de Rock ? Ça te calme ?
— Bah ouais ! Pas autant que ton cher Sinatra, mais cela à le mérite de m'apaiser ! Surtout quand Loker a fait une bourde...
— Oh dans ce cas, file rentrer chez toi et mettre de la musique, vu ce qu'il a fait aujourd'hui ! plaisanta-t-elle.
Cal termina son rangement et engouffra ses mains dans les poches de son jean.
— Ouais c'est sûr, admit-il, pirater mon ordinateur pour je cite "apprendre un peu mieux à vous connaître", n'est pas la meilleure des choses à faire...
— Non en effet ! Elle ria et abandonna finalement ses recherches. — Bon, je ne trouve pas mon portable, tant pis je le chercherai demain...
Gillian se plaça devant son ami qui répliqua avec un sourire amusé:
— C'est "Best-seller" qui va être déçu de ne pas pouvoir t'appeler toutes les 30 secondes ! Et ne dit-on pas en psychologie qu'un oublie est toujours intentionnel…
Elle le dévisagea avec suspicion et dit:
— Il m'a appelée que deux fois dans la journée Cal... Arrête de toujours extrapoler. Et s'il fait ça, c'est parce qu'il tient à moi !
— Moi aussi je tiens à toi... et bien plus que lui...
Une étrange lueur apparut dans les yeux de l'expert en mensonge. Seulement quelques centimètres séparaient les deux collègues. Gillian pencha sa tête sur le côté afin d'analyser le visage de son ami, mais alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose, la lumière dans la pièce s'éteignit brusquement. Dans le noir total, elle tourna sa tête dans tous les sens et demanda inquiète la raison de cette obscurité.
— J'crois que les plombs ont sauté... soupira Cal. Bon, la meilleure solution c'est de sortir d'ici et d'appeler l'électricien demain. Vu l'heure, le tarif risque d'être élevé et déjà que la société n'offre plus que de l'eau à ses clients...
À l'aide de son smartphone, il se guida dans la pénombre grâce au mode lampe de poche et s'approcha de la porte sécurisée pour composer le code habituel. Il la poussa mais celle-ci demeura obstinément close.
— Bizarre...
Il retenta l'opération, mais elle se solda encore par un échec. Gillian pensa que son ami avait dû faire une erreur en composant le code et le remplaça pour tenter à son tour sa chance.
— Attends, laisse-moi essayer...
Une manipulation plus tard, la porte resta toujours fermée. Lightman s'en amusa et ricana :
— Alors McGaver ?
— C'est coincé...
— Quelle brillante déduction !
— Au lieu de te moquer, trouve plutôt une solution !
— Ne stress pas... je vais appeler un électricien. On payera le double mais au moins ton Grayson ne sera pas mort d'inquiétude...
Un subtil rictus de mépris s'était dessiné sur ses lèvres au nom du compagnon de son amie. Il chercha un numéro de téléphone, l'activa et déclara après un battement :
— Allo ?... ...Oui bonjour, Cal Lightman je viens d'avoir une panne dans mon entreprise, au Lightman Group... ... Oui c'est ça et le problème c'est que nous sommes coincés dans une pièce sécurisée par un code d'accès directement relié au panneau électrique de l'entreprise donc... Hmm... Vous ne pouvez pas venir plus tôt ?... ... Non, je comprends... ...Bien on vous attend... Merci encore !
Après la brève conversation téléphonique, Cal émit une petite moue de sa bouche et tourna son regard impassible sur le visage interrogative de son amie.
— Alors ? s'enquit-elle.
— J'espère que tu as bien lu le livre de ton Gresyon, car tu vas devoir rester zen ! L'électricien vient de m'informer qu'une panne générale sévissait dans tout le quartier. Ce qui signifie qu'il ne pourra pas passer avant plusieurs heures...
— C'est pas vrai..., soupira-t-elle avec une main lasse sur son front.
C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Un vendredi soir de rêve. Un portable perdu et une prison sans lumière. Et dire que son petit-ami avait réservé une table dans le restaurant le plus chic de la ville... Les mains dans les poches, Cal balaya son regard sur le visage déconfit de la psychologue et compatit :
— Désolé pour ta soirée honey...
— Non, ce n'est pas grave. Grayson va comprendre... Enfin j'espère...
— Tu veux l'appeler ?
La mâchoire de Cal s'était légèrement contractée à la simple idée qu'elle puisse lui parler. Évidemment qu'il aurait pu passer cette idée sous silence, mais en tant qu'ami, il était normal d'agir comme tel. (Toutefois, devait-il "réagir" comme tel ?) À contre cœur, il présenta son portable à sa collègue qui l'en remercia en composant le numéro de son compagnon.
— Grayson ? C'est Gillian... ...Oui je sais excuse-moi, mais il y a eu une panne d'électricité au Lightman Group... ...Oui, Cal et moi on est coincés dans le labo et l'électricien ne pourra pas venir nous libérer avant plusieurs heures. Il doit encore s'occuper d'autres personnes qui sont dans le même cas que nous...
Soudain, Cal regarda d'un air perplexe son amie lui faire volte-face et employer un ton beaucoup plus bas.
— Non je ne te mens pas. Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?... ...Puisque je te dis qu'il y a une panne générale dans le quartier !... ...Bon écoute, on en parlera plus tard... ...C'est ça, bonne soirée.
Sur ces dernières paroles, elle coupa la communication et rendit le téléphone à son propriétaire. Celui-ci capta son air légèrement défait et l'interrogea avec une pointe d'inquiétude :
— Tout va bien ?
— Oui... Il est simplement déçu qu'on ne passe pas la soirée ensemble.
Il savait qu'elle ne lui disait pas toute la vérité, mais il lui répondit simplement:
— Je le comprends parfaitement...
Elle resta interrogative face à ces propos. Il détourna son regard et repéra une chaise à proximité. Il s'y installa avec ses jambes tendues et son portable en mode lampe de poche puis remarqua que son amie n'avait toujours pas bougé.
— Tu devrais t'assoir, j'pense qu'on va rester ici encore pas mal de temps...
D'un signe de la tête, Cal présenta une chaise identique situé dans son axe. Elle s'exécuta alors qu'il en profita pour poser un coude sur l'accoudoir et tenir sa tête dans le creux de sa main. Quelques secondes s'écoulèrent, puis Cal décida de briser ce silence :
— Alors ?
— Alors quoi ?
— Bah j'sais pas, vu qu'on est là pour un bon bout de temps... Quoi de neuf ?
— Quoi de neuf ? répéta-t-elle rieuse.
— Bah quoi ? C'est pas comme ça que parlent les jeunes ? Toi qui est psy' tu as bien dû les observer !
— Premièrement, je te signale que tu es aussi psychologue !
— Juste le diplôme ! objecta-t-il avec un geste évasif de sa main libre.
— Eeet deuxièmement, je crois que tu as déjà dépassé la ligne d'adolescent attardé pour pouvoir de toi même utiliser ce genre d'expression !
— En parlant d'adolescent attardé... Il ne laisse pas des bonbons dans son tiroir Loker?
Il se leva d'un bon et fouilla sans remord le bureau de son employé.
— Cal..., le réprimanda-t-elle. Pourquoi tu traites Loker comme un gamin?
— Parce qu'il en est un ! Il continua d'inspecter le bureau avec son portable puis ragea:—Il les cache où bon sang ? J'suis sûr de l'avoir vu en manger pas plus tard qu'hier...
— Tu sais que c'est un adulte ! Et qu'il cherche par tous les moyens de te prouver qu'il vaut quelque chose dans cette société !
— Rhoo tu ne vas pas me ressortir ton charabia de psy... en me disant qu'il a été rejeté en tant qu'enfant et que je posséderais… "Une image paternel pour lui" ! déblatéra-t-il blasé, en mimant des guillemets sur ses derniers mots.
— Tu sais très bien qu'Eli n'a pas de confiance en lui ! Et ce n'est pas en le rabaissant sans cesse que tu le pousseras vers le haut !
— J'vais pas lui offrir une petite tape amicale à chaque fois qu'il fait du bon boulot quand même ? s'offusqua-t-il.
— Je n'ai pas dit ça..., dit-elle en roulant des yeux. Je dis juste que le féliciter de temps en temps ça ne lui ferait pas de mal et à toi aussi par la même occasion...
— En quoi féliciter mes employés serait une bonne chose pour moi ?
— Tu connais le mot "altruisme" ? Si tu dis à ton employé qu'il fait du bon boulot, il sera plus performant. Par conséquent l'agence évoluera, tu te sentiras valoriser et tu seras plus calme ! Ce qui serait une bonne chose pour tout le monde!
— Ha-ha ! Trouvé ! s'écria-t-il, en brandissant victorieusement un paquet de bonbons. J'savais bien qu'il en avait !
— Tu m'as écouté au moins ?
Il ouvrit le paquet et marmonna:—Ouais...
— Et qu'est-ce que j'ai dit ?
— Loker, être plus gentil, avoir plus d'argent..., déblatéra-t-il avec un autre mouvement de la main avant de gober une friandise.
— T'es pas croyable...
— T'en veux un ? Il tendit son paquet. Elle le refusa. — Mmh comme tu veux...
Il reprit abruptement sa place et écouta son amie reprendre la parole.
— Tu sais bien que le fait qu'il dise toujours la vérité sans retenue n'est qu'un mécanisme de défense pour lui !
— Je sais... J'suis pas stupide non plus ! Il avala d'autres bonbons et allégua presque blasé:—En avouant celle-ci, il pense pouvoir tout contrôler, les autres, en disant ce qu'il pense avant eux, et lui-même en disant ce qu'eux pense de lui avant qu'ils ne le disent !
Les sourcils froncés, Gillian chercha encore à rassembler les dires de son ami lorsque celui-ci s'exclama brusquement :
— Bon, ce n'est pas que parler de Loker toute la soirée soit ch... inintéressant ! se rattrapa-t-il de justesse devant le regard noir de son amie. Mais on pourrait faire autre chose !
— Comme ? Le laboratoire ne regorge pas trop d'activités amusantes comme tu peux le constater.
— J'sais pas de...
Mâchant vigoureusement ses sucreries, il exprima une mine de réflexion puis déclara avec un haussement de sourcils et un grand sourire:
— 2 vérités et 1 mensonge !
— Rhoo Cal…
2 vérités et 1 mensonge. Le jeu favori de l'entreprise. Avec un titre aussi explicite, l'explication restait toute aussi courte. Il suffisait pour chaque adversaire de trouver où pouvait se dissimuler le mensonge entre deux vérités. Avec pour règle: l'obligation de dévoiler des vérités personnelles et une unique chance pour découvrir le mensonge.
— Allez Gill' ça peut être super amusant ! Et puis franchement on n'a pas grand chose à faire...
La psychologue leva les yeux au ciel et accepta avec un léger soupir.
— Génial ! J'commence !
Heureux de la participation de son amie, Cal mangea un nouveau bonbon et énonça:
— Hmm... J'ai déjà mangé un piment entier, ma couleur préférée est le vert, et j'ai appris à jouer de la guitare quand j'étais ado ! Alors ? Où ai-je menti ?
Gillian réfléchit. Elle élimina d'emblée le choix du piment bien qu'elle songea que c'était bien le genre de chose stupide qu'il pourrait faire...
— Hmm... Elle médita encore un instant et proposa incertaine:—Je ne sais pas... La guitare !
— Nope !
— Alors c'était quoi ? Ne me dis pas que c'était la couleur verte parce que je sais que tu aimes le bleu !
— J'ai appris à jouer de la guitare à 14 ans pour impressionner une fille !
— Toi ? s'étonna-t-elle. Jouer d'un instrument pour une fille ? Mais tu es un grand romantique dis moi !
Elle ria et le regarda manger une autre sucrerie avant d'ajouter:
— Elle s'appelait... Rachel ! Rachel Wilson !
— Et tu as réussi à conclure ? l'interrogea-t-elle avec espièglerie.
— Non ! Et pourtant j'lui avais joué la chanson la plus romantique du monde!
— Qui était ?
— All You need is Love !
— Les Beatles ?
— Bah ouais ! Toutes les filles en étaient dingues... Gillian ria de plus belle alors qu'elle imagina son ami dédier cette chanson à l'élue de son coeur. Faussement blessé dans son orgueil, Cal répliqua:—Au lieu de te moquer de moi, joue !
— Ok ! J'ai triché à un examen à l'université ! J'ai failli épouser un milliardaire. Alors qu'elle déblatérait ses réponses, son adversaire pencha sa tête afin de capter la moindre trace de mensonge sur son visage. — Et je suis une fan inconditionnelle de Woody Allen !
Cal savait parfaitement que son amie idolâtrait le réalisateur aux célèbres lunettes rectangulaire et à la philosophie exacerbée. Le mensonge ne pouvait donc pas se trouver là. Il ne restait plus qu'une possibilité...
— Quoi ? s'exclama-t-il, les yeux écarquillés. Tu as failli sortir avec Bill Gates et tu ne m'as rien dit ?
— Rhoo t'es bête ! gloussa-t-elle. Eeet non ce n'était pas ça…
— Attends... tu ne vas pas me dire que... Il regarda pantois sa collègue arborer un magnifique sourire et piquer un bonbon dans son paquet pour le manger. Il était soufflé... — J'y crois pas... La Sainte Gillian a triché à un exam'!
— Pour ma défense, je n'avais pas eu le choix ! Je venais de bosser toute la semaine pour des petits boulots et je n'avais pas eu le temps de réviser !
— Moi qui croyais tout connaître de toi !
— Chacun a ses petits secrets...
— Hmm en parlant de petits secrets, pimentons un peu le jeu...
Un curieux sourire s'étala sur son visage qui avait pris un air machiavélique. Gillian plissa ses yeux de suspicion et réclama souriante:
— Tu proposes quoi ?
— Écoute ça, je l'ai déjà fait dans un avion, dans les toilettes d'un resto chinois et dans la piscine d'une voisine!
— Dans les trois cas t'es un grand malade ! Tu le sais ça ?
Il tourna avec sa chaise de droite à gauche en approuvant fièrement:
—Yep ! C'est ce qui fait mon charme !
— Je pense que tu l'as déjà fait dans un resto chinois...
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, peut-être parce que tu commandes souvent chinois !
— Nope !
— Donc... tu l'as fait dans un avion et dans une piscine..., résuma-t-elle éberluée par ces vérités.
— Yep !
— Sérieusement ?
— Ouaip ! Pour l'avion j'te passe les détails, balaya-t-il d'un revers de la main. Elle leva les yeux au ciel en réponse. — Mais pour la piscine, j'avais 20 ans, c'était une fille avec qui j'étais sorti deux ou trois fois. Une vraie cinglée ! On était en hiver, il faisait -15 ! J'men souviens parfaitement car en sortant de l'eau j'avais attrapé une fièvre virulente ! Coincé au lit pendant deux semaines !
— Et elle n'a pas pu te réchauffer après ça..., plaisanta-t-elle avec un lourd sous-entendu.
— Très drôle… Non, après ça j'ai fait le mort pour ne plus la revoir !
— Ben voyons, c'est tellement plus simple que de dire "excuse-moi mais je crois qu'on devrait arrêter là".
— C'est clair ! Bon aller à toi !
— Pff les mecs... Bon alors... Ma première fois c'était avec un homme de 5 ans plus âgé que moi...
— J'espère que ce n'est pas celle là ! Il croisa ses doigts pour se donner plus de chance. Elle sourit et continua :
— Ma cousine avait eu la bonne idée de m'offrir le livre du "Kamasutra" à mon mariage et j'ai fait ça une fois avec un anglais...
— Le livre ? demanda-t-il avec une légère grimace d'appréhension. Il espéra réellement que cela soit la bonne réponse.
— Nope, l'anglais !
— Rhaaa dommage ! L'anglais m'étonnais un peu aussi...
— Pourquoi tu dis ça ?
— Si tu étais sorti avec un anglais, tu serais encore avec lui !
— Et pourquoi ça ?
— Bah dans ce domaine... on excelle !
Il haussa ses sourcils de manière subjective. Elle ria et lui aussi.
— Un homme de 5 ans de plus ? fit-il amusé. Et ben, j'espère que tu avais l'âge de boire de l'alcool sinon cela pourrait être considéré comme du détournement de mineur!
L'expert en mensonge continua de rire puis s'étrangla avec un bonbon à la vue du petit sourire en coin de la femme. Dites lui qu'il rêvait...
— Oh mon dieu ! Dr Gillian Foster ! Ne me dis pas que tu avais juste l'âge de conduire quand tu l'as fait ?
Avec un sourire mystérieux, elle se pencha en avant, piqua un autre bonbon et le mangea. Cal comprit que son amie n'en dirait pas plus mais pointa son visage avec son index en alléguant:
— Mouais... Tu ne me le diras jamais mais ton visage parle pour toi !
— Aller à toi maintenant !
— Hmm... Il prit le temps de méditer sa proposition. Il contempla avec attention la superbe femme au sourire ravageur puis une idée traversa son esprit mal tourné. C'était une occasion unique de l'amener sur ce terrain là, mais devait-il prendre le risque ?
— Je n'aime pas M. Best Seller, j'ai lu son livre plus de 6 fois et... je te trouve super sexy quand tu portes cette robe rouge...
Il pinça sa lèvre inférieure et reluqua la psychologue des pieds à la tête. Il savait parfaitement qu'elle connaissait la réponse. À ces mots, elle ravala sa surprise et décroisa ses jambes pour les re-croiser dans l'autre sens. Cela ne pouvait pas être ça... Et pourtant son visage affirmait tout le contraire. Elle regarda son ami avec suspicion et souffla:—Tu n'as jamais lu le livre de Grayson…
— À toi !
Il arbora un grand sourire et se demanda intérieurement si elle allait ou non entrer dans son jeu. Un silence se glissa entre les deux joueurs. Elle fixa de manière assez intense son collègue et…
— J'ai toujours eu un penchant pour Loker... Cal exprima une trace de dégoût à cette idée. Cela fit intérieurement rire la psychologue qui continua: — Je trouve ton accent anglais super sexy et... Grayson et moi, ce n'est pas sérieux.
Un large sourire s'était agrandi sur le visage de Lightman. Elle était entrée dans son jeu... D'une petite moue de sa bouche, il certifia presque de manière détachée:
— Loker.
— À toi ! dit-elle avec un fin sourire.
— J'aime le thé, je n'ai jamais regardé un film de Tarantino et je me contrôle tous les jours pour ne pas te sauter dessus...
Gillian ria à cette dernière proposition et répondit: — Tu es un grand fan de Tarantino.
Cal sourit puis lui indiqua d'un geste de la main que la réponse était correct.
— Je sors avec Grayson principalement pour te voir jaloux, je déteste le pouding et tu es l'homme le plus dingue que je connaisse !
L'expert en mensonge ria légèrement puis confirma en la pointant du doigt:
— Le pouding.
— Mmh Mmh.
Il ancra son regard dans celui attentif de la psychologue et déblatéra avec un extrême sérieux:
— À cet instant précis, je me dis que la table à côté de nous va nous servir à autre chose qu'à travailler, j'ai déjà dit à Loker qu'il faisait du bon boulot, et je trouve ta mère insupportable !
— Je vois...
Elle savait parfaitement où se situait la vérité mais ne désira pas pour autant la proclamer. Il voulait la déstabiliser mais c'était mal la connaître. Elle passa une main séductrice dans ses cheveux blonds et dit:—Hmm... J'ai lu le livre de Grayson seulement pour qu'il arrête de m'en parler ! Quand je te regarde j'ai envie de t'embrasser et un jour j'ai eu envie de travailler avec Jack Rader.
— Le livre ! proposa-t-il, en sachant parfaitement que ce n'était pas ça.
— Nan !
Elle se pinça la lèvre inférieure avec ses dents. L'expert en langage corporel aperçut le geste séducteur avec une certaine excitation interne. Cette femme allait le tuer ! Incontrôlable, il passa sa langue sur ses lèvres et s'avança d'un seul coup avec sa chaise à roulettes jusqu'à se retrouver à quelques centimètres de son corps. Les pupilles dilatées, il posa ses mains sur chaque accoudoir du fauteuil où la psychologue était installée. Yeux dans les yeux. Il déclara: — Je suis ton ami, j'ai toujours pensé vouloir être plus que ça et cette limite entre nous, bousille toutes mes journées !
Foster se figea complètement. Cal ne la lâcha pas du regard. Un silence extatique se propagea. Tout d'un coup… le téléphone de Cal s'éteignit par manque de batterie. La pièce plongea dès lors dans l'obscurité presque totale. Cal sentit le souffle chaud de sa collègue caresser sa bouche. Il n'en pouvait plus. Il serra avec force les accoudoirs. L'impossibilité de devoir encore se contrôler le ravagea. Gillian ferma ses yeux d'enivrement et souffla: — Je crois que cette limite est la pire idée qu'on ait eu, je n'aime pas ton humour et... Elle déglutit et termina avec un sourire: — Je t'aime.
Sans plus attendre, Cal fondit littéralement sur les lèvres de la psychologue. Il venait de perdre totalement ses esprits. Elle s'abandonna complètement à son nouvel amant puis entoura son cou lorsqu'il se révéla plus insistant en approfondissant leur baiser. Heureux de cette initiative, il sourit contre ses lèvres et l'obligea à se lever en l'embrassant. Il la transporta dans ses bras alors qu'elle emprisonna sa taille avec ses jambes. Sa maîtrise depuis longtemps disparut, Cal plaqua Gillian contre une armoire et l'embrassa avec fougue. Durant de longue secondes passionnées, leur langue se caressa et leur souffle s'intensifia. Il était vraiment doué pour un expert en langage corporel songea-t-elle exaltée en caressant ses cheveux courts. Il se déplaça avec elle dans ses bras jusqu'au bureau de Loker et valdingua tout ce qui était sur la surface. Il la posa sur la table, l'embrassa encore avec passion et l'obligea à s'allonger.
— Caméra..., signala-t-elle alors qu'ils s'embrassaient toujours.
— Éteinte...plus d'électricité... répondit-il de manière saccadée. Il passa sa main le long de sa cuisse, embrassa son décolleté et l'entendit gémir de plaisir. Chacun de ses gestes étaient lents et sensuels. Elle adorait ça, mais à vrai dire cela la rendait plus folle d'envie d'aller au but ultime que de continuer à se découvrir comme des adolescents. Il dépassa la limite de son entrejambe puis, n'en pouvant plus, elle se redressa et déclara:
- Oh bon sang... Ok fini de jouer !
Elle déboutonna la chemise de l'homme qui ne resta pas inactif en descendant la fermeture éclair dorsal de sa robe. Ils continuèrent de sauvagement s'embrasser lorsque la lumière fit soudainement apparition dans la salle. Cela n'arrêta pas pour autant les deux experts en mensonge dans leur soif avide de sens et de plaisir sensuel. Des coups résonnèrent contre la porte vitrée du laboratoire. Aucune réaction, jusqu'au moment où ceux-ci devinrent plus insistants. Ils stoppèrent dès lors tout mouvement. Leurs lèvres toujours scellées, ils tournèrent lentement leur tête en direction du bruit pour découvrir avec stupéfaction un homme avec une boîte à outils de l'autre côté de la porte vitrée.
— Oups ! lâcha Lightman à moitié dénudé. Foster lui jeta un regard noir alors qu'il s'exclama la bouche en cœur: — Quoi ?
— Retourne-toi et cache-moi !
— Pourquoi j'aime bien la vue moi !
— Cal !
— O-kay... Moi qui croyais que tu voulais que je devienne un personne altruiste!
— Je ne vois pas le rapport !
Elle plaça Cal face à elle, et commença à remettre de l'ordre dans ses habits. Transformé en paravent humain, Cal jasa:—Bah en le laissant te regarder t'habiller je fais preuve de générosité non ?
La seule réponse qu'il obtenu fut celle d'une légère frappe sur le haut de son crâne.
— Ouch ! Hey faut savoir !
Il massa sa tête devenue douloureuse alors que la psychologue leva ses yeux au ciel et s'approcha de la porte de sécurité. L'homme derrière la vitre lui indiqua avec son doigt de taper le code sur le boitier de commande. Elle hocha positivement la tête puis procéda à la requête. C'est avec soulagement qu'elle pu enfin ouvrir la porte blindée.
— B'jour M'sieur Dame, je suis l'électricien que vous avez appelé !
Cal réajusta sa chemise ainsi que sa veste et répliqua:
— Argh je croyais que c'était Angelina Jolie !
L'électricien fronça ses sourcils d'incompréhension. L'humour Lightmanien était incompréhensible… Gillian soupira et objecta:—Laisser tomber ! Alors, vous avez réussi à réparer la panne ?
— Heu... Oui ! C'était pas très compliqué, tout fonctionne désormais parfaitement. Le problème c'était que votre porte de sécuritée n'est pas connectée au groupe électrogène de secours. Ce qui est dommage puisque vous auriez pu sortir plus vite ! J'peux faire des branchements si vous vous voulez...
— Oh non ! réfuta l'expert en mensonge avec précipitation.
D'un même mouvement, la tête de Gillian et celle de l'électricien se retourna interloquée sur sa personne.
— Heu...enfin je veux dire que c'est très bien comme ça ! Et puis niveau fric on est un peu juste ! C'est à peine si on peut payer nos employés alors imaginez refaire toute l'électricité ça serait la clé sous la porte et...
— Cal ! l'arrêta-t-elle.
— O—k... soupira l'électricien incrédule. Bon bah j'dois encore voir d'autres personnes, j'vous laisse. Oh et pour la note c'est à quel ordre ?
— Groupe..., commença à répondre Gillian, vite couper par son ami avec un grand sourire: — Rader !
— Groupe Lightman ! rectifia-t-elle d'un regard réprobateur pour son ami.
— Vous êtes sûr parce que... ?
— Lightman ! répéta-t-elle avec vigueur.
— Ok, bon bah je vous donnerai la note demain alors !
— Oh joie..., marmonna ironiquement Cal.
— Au revoir M'sieur M'dame.
— Merci encore, dit Gillian, en regardant l'électricien disparaître de leur vue. Bras croisés contre son corps, elle se retourna vers son nouveau compagnon pour lui lancer un regard des plus noir qu'il puisse exister. Il ne comprit pas la raison de ce ressentiment à son égard et s'exclama avec les bras écartés:
— Quoi ?!
— Tu n'es pas possible... D'un volte-face, elle rejoignit le couloir principal suivit des pas rapides de son ami qui lui courut après afin de passer un bras autour de sa taille. Ils marchèrent, bras dessus bras dessous, vers la sortie et dit:
— Rhaa luv'... Je suis désolé, tu sais que j'peux pas m'en empêcher...
— De quoi ? De faire des blagues stupides ou d'embêter Jack dès que tu le peux ?
Il émit une petite moue de sa bouche et lâcha:—Les deux !
— C'est pas vrai..., soupira-t-elle exaspérée. Il remarqua son air un peu contrit et trouva une brillante idée pour retrouver son sourire qu'il aimait tant...
— Je pense que Loker est mon meilleur employé, il peut toujours rêver pour une promotion et je t'aime.
Gillian ria légèrement.
— Mouais...Tu sais bien te rattraper...
— Alors ? Pardonné ?
En marchant, il plissa ses yeux d'appréhension et attendit anxieusement sa réponse. Il avait toujours été très doué pour les excuses. Il fallait bien l'avouer, elle ne pouvait pas lui résister.
— Oui...
Cal sourit comme un dingue et l'embrassa.
— Ça te dis de continuer ce qu'on a commencé ici, chez moi...Hein ? suggéra-t-il, d'un haussement subjectif de ses sourcils. Il n'en ratait pas une. Elle arbora un sourire enjôleur et répondit: — Je pense que cela peut se faire..
— Bah alors dépêchons nous parce que sinon je crois que j'vais pas pouvoir me contrôler bien longtemps !
Il souleva la jeune femme qui ria comme si c'était pas permis puis traversa activement tout le couloir avec elle dans ses bras.
Le lendemain matin, Cal se réveilla à la lueur du jour. Il tourna sa tête sur le côté et élargit son sourire en découvrant la femme dormant paisiblement à ses côtés.
— Arrête de me fixer Cal...
Pas si endormie que ça... Il se déplaça sur le matelas et se positionna au dessus de sa compagne qui gardait les yeux fermés. L'expert mensonge sourit de plus belle lorsqu'il remarqua qu'elle essayait de lui dissimuler son amusement. Il pencha lentement sa tête et captura tendrement ses lèvres. Elle mêla sa langue à la sienne puis il s'écarta de son visage pour plonger son regard amoureux dans celui bleuté de sa nouvelle petite-amie.
— Hello, souffla-t-il tout sourire.
— Hello, s'amusa-t-elle par ce réveil "Made in Lightman".
Il nicha sa tête contre son cou, le mordilla en chuchotant: — J'ai pas envie d'aller au boulot aujourd'hui. Elle passa ses bras dans son dos et répondit avec un sentiment de bien être:—Ben voyons et tu sais que l'électricien doit passer ce matin pour qu'on paye la note de frai ?
— Mmmh…Loker…s'en…occupera..., répliqua-t-il, en ponctuant chacun de ses mots par un baiser. Il déplaça sa bouche sous sa mâchoire et l'embrassa voluptueusement. En extase, elle retomba un peu plus sa tête en arrière pour lui laisser un libre accès. Un long soupir d'aise s'échappa de ses lèvres.
— Ok ! Tu as gagné ! On reste ici mais juste ce matin !
— Ah bon ? Parce que j'avais perdu ? ria-t-il.
— Rhoo tais-toi et embrasse-moi !
— Yep !
L'homme s'exécuta joyeusement. Le baiser s'intensifia et évolua rapidement en quelque chose de plus en plus fougueux. L'excitation commune amena Cal à passer à la vitesse supérieure. Il caressa et embrassa avec expertise sa poitrine puis descendit sa main jusqu'à ses cuisses lorsque, sans comprendre pourquoi, Gillian l'arrêta en repoussant sa tête à quelques centimètres de son visage. Coupé dans son élan, il protesta:
— Gillian !
— Je viens de penser à un truc !
— Mouais et bah moi aussi mais tu viens de me le briser !
— Non, je parle sérieusement Cal !
— Quoi ? demanda-t-il vraiment très frustré.
— Les caméras de surveillance sont branchées au groupe électrogène de secours non ?
Les deux amants s'échangèrent un regard, arborèrent la même expression de stupéfaction et tournèrent simultanément leur tête en direction du réveil posé sur la table de nuit. Une vague d'angoisse s'empara de Gillian qui s'exclama inquiète: — Il est 8h ! Les employés arrivent dans 30 min au bureau ! Et c'est toujours Loker qui...
— Regarde les vidéos de surveillance de nuit..., finit Cal pour Gillian. Ils se regardèrent à nouveau. Un silence. D'un seul bond, ils quittèrent leur lit avec précipitation. Pendant que Cal tentait vainement de remettre son pantalon en sautillant sur place, Gillian était descendue au rez-de-chaussé afin de récupérer sa robe qu'elle avait abandonné au sol la veille au soir.
— Commence à démarrer ma voiture, je te rejoins ! cria l'expert en mensonge, encore en plein combat vestimentaire dans sa chambre, pour que la psychologue puisse l'entendre.
— Elles sont où tes clefs ?! cria-t-elle paniquée. Cal essaya d'enfiler sa deuxième jambe de son pantalon, mais perdit inexorablement l'équilibre et retomba lourdement au sol en jurant: — Ah merde ! Il se débattit avec son jean au sol et s'écria:— Dans le vide poche !
— Elles y sont pas !
— Mais si, regarde bien !
— Je te dis qu'elles y sont pas !
— Rhooo mais... Il termina de mettre son pantalon récalcitrant puis courut rejoindre Gillian au rez-de chaussé. — Je te dis qu'elles sont...
— Laisse tomber Cal, soupira Gillian d'un air dépité.
— Pourquoi ?
Pour seule réponse, elle lui présenta un petit mot et il lut :
— Nous avons enfin fini par boucler ce dossier, je n'en voyais plus la fin...
— De même, ajouta son collègue, rassemblant divers dossiers éparpillés.
— Il doit être tard non ?
L'expert en mensonge plissa ses yeux pour lire le cadran de sa montre.
— Oulà en effet, il est 22H30 passé ! répondit-il.
— Emily doit être inquiète, tu devrais te dépêcher !
— Oh non, ne t'inquiète pas, ce soir elle reste avec Zoe et... Rudi.
Une micro-expression de dégoût se révéla sur le visage de Cal à la prononciation du prénom de l'actuel compagnon de son ex-femme. Une émotion qui n'était pas restée inaperçue aux yeux de la psychologue. Intriguée par sa réaction, elle s'empressa de l'interroger :
— Ça te dérange de savoir que Zoe et lui, vont bientôt se marier ?
— Chacun fait sa vie.
Clair et sans appel. Il effectua un tas avec tous les documents et les plaça sous son bras comme pour clore cette conversation qui n'en était pas vraiment une.
— Bon on devrait partir, dit-il, sinon ton Grayson va s'inquiéter de ne pas voir sa chère et tendre revenir !
L'ironie perceptible dans sa voix ajoutée par son petit rictus en coin, venaient de largement trahir ses pensées méprisantes quant à cette nouvelle idylle entre sa meilleure amie et son "Jules" d'aujourd'hui. À croire qu'il haïssait toutes les personnes qui étaient en couple ou bien... se détestait-il de ne pas l'être ? Quoiqu'il en soit, ces digressions multiples sur le sujet démontra son profond malaise depuis l'aveu de la psychologue sur sa relation amoureuse. Cal avait toujours eu l'art et la manière de se défiler face aux questions un peu trop personnelles. Prêt à partir, il retint galamment la porte pour faire quitter la salle de conférence à sa collègue. Elle passa le seuil mais se ravisa en s'exclamant :
— Oh mince, j'ai dû oublier mon téléphone portable dans la salle d'analyse... Je ne le retrouve pas dans mon sac ! s'affola-t-elle en fouillant désespérément l'objet perdu dans son sac.
— On peut y aller ensemble si tu veux ! proposa Cal. J'en profiterais pour déposer les dossiers.
Elle acquiesça puis les deux amis marchèrent, côte à côte, dans les couloirs de l'agence. Arrivés au lieu de prédilection, Cal composa le code de la porte du laboratoire permettant d'accéder à la salle puis y entra avec sa collègue sur les talons. Foster chercha son portable dans tous les recoins de la pièce pendant que Lightman déposa et trilla ses dossiers.
— Au fait, la sollicita-t-il d'un ton faussement innocent, tu vas faire quoi en rentrant avec M. Best-seller ?
— Cal..., soupira-t-elle, alors qu'elle souleva quelques dossiers pour voir si son téléphone ne se trouvait pas sous l'un d'eux. Arrête de l'appeler comme ça...
L'expert en mensonge s'arrêta net dans son tri et s'offusqua:—Quoi ? C'est lui qui n'arrêtait pas de me le rappeler le jour où tu m'avais invité au restaurant ! Je ne sais pas comment, mais à chacune de nos conversations, il arrivait toujours à la dévier sur son bouquin qu'il avait réussi à vendre à des milliers d'exemplaires ! Il reprit son activité et maugréa:—Sérieusement qui peut acheter un bouquin qui parle de comment savoir respirer de l'oxygène ? Hein ?
Gillian se retourna face à son ami et répliqua : — Tu sais très bien que ça ne parle pas que de "ÇA" et que son livre est principalement axé sur les méthodes de méditations.
— J'crois surtout que ce mec ne respire pas que de l'O2...
— Et moi je crois que tu devrais lire le livre qu'il t'a offert ! Ça ne te fera pas de mal !
— C'est ça, pour que je me mette à bouffer des trucs immangeables, m'accroupir n'importe où et me prendre pour maître Yoda ? Très peu pour moi !
— Et bien tu as tort ! Je suis sûre que cela t'aiderais à t'apaiser. Crois-moi que tu te sentirais bien mieux après avoir suivi ces conseils.
— Tu sais ce qui me calme moi ?
La psychologue fouilla la surface du bureau d'un employé, et répondit :
— Hurler sur Loker ?
— Hmm... pas faux ! Mais je pensais plus à une bonne tasse de thé, faire un tour avec ma BMW, ou une musique de Rock à fond dans toute la maison !
— Une musique de Rock ? Ça te calme ?
— Bah ouais ! Pas autant que ton cher Sinatra, mais cela à le mérite de m'apaiser ! Surtout quand Loker a fait une bourde...
— Oh dans ce cas, file rentrer chez toi et mettre de la musique, vu ce qu'il a fait aujourd'hui ! plaisanta-t-elle.
Cal termina son rangement et engouffra ses mains dans les poches de son jean.
— Ouais c'est sûr, admit-il, pirater mon ordinateur pour je cite "apprendre un peu mieux à vous connaître", n'est pas la meilleure des choses à faire...
— Non en effet ! Elle ria et abandonna finalement ses recherches. — Bon, je ne trouve pas mon portable, tant pis je le chercherai demain...
Gillian se plaça devant son ami qui répliqua avec un sourire amusé:
— C'est "Best-seller" qui va être déçu de ne pas pouvoir t'appeler toutes les 30 secondes ! Et ne dit-on pas en psychologie qu'un oublie est toujours intentionnel…
Elle le dévisagea avec suspicion et dit:
— Il m'a appelée que deux fois dans la journée Cal... Arrête de toujours extrapoler. Et s'il fait ça, c'est parce qu'il tient à moi !
— Moi aussi je tiens à toi... et bien plus que lui...
Une étrange lueur apparut dans les yeux de l'expert en mensonge. Seulement quelques centimètres séparaient les deux collègues. Gillian pencha sa tête sur le côté afin d'analyser le visage de son ami, mais alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose, la lumière dans la pièce s'éteignit brusquement. Dans le noir total, elle tourna sa tête dans tous les sens et demanda inquiète la raison de cette obscurité.
— J'crois que les plombs ont sauté... soupira Cal. Bon, la meilleure solution c'est de sortir d'ici et d'appeler l'électricien demain. Vu l'heure, le tarif risque d'être élevé et déjà que la société n'offre plus que de l'eau à ses clients...
À l'aide de son smartphone, il se guida dans la pénombre grâce au mode lampe de poche et s'approcha de la porte sécurisée pour composer le code habituel. Il la poussa mais celle-ci demeura obstinément close.
— Bizarre...
Il retenta l'opération, mais elle se solda encore par un échec. Gillian pensa que son ami avait dû faire une erreur en composant le code et le remplaça pour tenter à son tour sa chance.
— Attends, laisse-moi essayer...
Une manipulation plus tard, la porte resta toujours fermée. Lightman s'en amusa et ricana :
— Alors McGaver ?
— C'est coincé...
— Quelle brillante déduction !
— Au lieu de te moquer, trouve plutôt une solution !
— Ne stress pas... je vais appeler un électricien. On payera le double mais au moins ton Grayson ne sera pas mort d'inquiétude...
Un subtil rictus de mépris s'était dessiné sur ses lèvres au nom du compagnon de son amie. Il chercha un numéro de téléphone, l'activa et déclara après un battement :
— Allo ?... ...Oui bonjour, Cal Lightman je viens d'avoir une panne dans mon entreprise, au Lightman Group... ... Oui c'est ça et le problème c'est que nous sommes coincés dans une pièce sécurisée par un code d'accès directement relié au panneau électrique de l'entreprise donc... Hmm... Vous ne pouvez pas venir plus tôt ?... ... Non, je comprends... ...Bien on vous attend... Merci encore !
Après la brève conversation téléphonique, Cal émit une petite moue de sa bouche et tourna son regard impassible sur le visage interrogative de son amie.
— Alors ? s'enquit-elle.
— J'espère que tu as bien lu le livre de ton Gresyon, car tu vas devoir rester zen ! L'électricien vient de m'informer qu'une panne générale sévissait dans tout le quartier. Ce qui signifie qu'il ne pourra pas passer avant plusieurs heures...
— C'est pas vrai..., soupira-t-elle avec une main lasse sur son front.
C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Un vendredi soir de rêve. Un portable perdu et une prison sans lumière. Et dire que son petit-ami avait réservé une table dans le restaurant le plus chic de la ville... Les mains dans les poches, Cal balaya son regard sur le visage déconfit de la psychologue et compatit :
— Désolé pour ta soirée honey...
— Non, ce n'est pas grave. Grayson va comprendre... Enfin j'espère...
— Tu veux l'appeler ?
La mâchoire de Cal s'était légèrement contractée à la simple idée qu'elle puisse lui parler. Évidemment qu'il aurait pu passer cette idée sous silence, mais en tant qu'ami, il était normal d'agir comme tel. (Toutefois, devait-il "réagir" comme tel ?) À contre cœur, il présenta son portable à sa collègue qui l'en remercia en composant le numéro de son compagnon.
— Grayson ? C'est Gillian... ...Oui je sais excuse-moi, mais il y a eu une panne d'électricité au Lightman Group... ...Oui, Cal et moi on est coincés dans le labo et l'électricien ne pourra pas venir nous libérer avant plusieurs heures. Il doit encore s'occuper d'autres personnes qui sont dans le même cas que nous...
Soudain, Cal regarda d'un air perplexe son amie lui faire volte-face et employer un ton beaucoup plus bas.
— Non je ne te mens pas. Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?... ...Puisque je te dis qu'il y a une panne générale dans le quartier !... ...Bon écoute, on en parlera plus tard... ...C'est ça, bonne soirée.
Sur ces dernières paroles, elle coupa la communication et rendit le téléphone à son propriétaire. Celui-ci capta son air légèrement défait et l'interrogea avec une pointe d'inquiétude :
— Tout va bien ?
— Oui... Il est simplement déçu qu'on ne passe pas la soirée ensemble.
Il savait qu'elle ne lui disait pas toute la vérité, mais il lui répondit simplement:
— Je le comprends parfaitement...
Elle resta interrogative face à ces propos. Il détourna son regard et repéra une chaise à proximité. Il s'y installa avec ses jambes tendues et son portable en mode lampe de poche puis remarqua que son amie n'avait toujours pas bougé.
— Tu devrais t'assoir, j'pense qu'on va rester ici encore pas mal de temps...
D'un signe de la tête, Cal présenta une chaise identique situé dans son axe. Elle s'exécuta alors qu'il en profita pour poser un coude sur l'accoudoir et tenir sa tête dans le creux de sa main. Quelques secondes s'écoulèrent, puis Cal décida de briser ce silence :
— Alors ?
— Alors quoi ?
— Bah j'sais pas, vu qu'on est là pour un bon bout de temps... Quoi de neuf ?
— Quoi de neuf ? répéta-t-elle rieuse.
— Bah quoi ? C'est pas comme ça que parlent les jeunes ? Toi qui est psy' tu as bien dû les observer !
— Premièrement, je te signale que tu es aussi psychologue !
— Juste le diplôme ! objecta-t-il avec un geste évasif de sa main libre.
— Eeet deuxièmement, je crois que tu as déjà dépassé la ligne d'adolescent attardé pour pouvoir de toi même utiliser ce genre d'expression !
— En parlant d'adolescent attardé... Il ne laisse pas des bonbons dans son tiroir Loker?
Il se leva d'un bon et fouilla sans remord le bureau de son employé.
— Cal..., le réprimanda-t-elle. Pourquoi tu traites Loker comme un gamin?
— Parce qu'il en est un ! Il continua d'inspecter le bureau avec son portable puis ragea:—Il les cache où bon sang ? J'suis sûr de l'avoir vu en manger pas plus tard qu'hier...
— Tu sais que c'est un adulte ! Et qu'il cherche par tous les moyens de te prouver qu'il vaut quelque chose dans cette société !
— Rhoo tu ne vas pas me ressortir ton charabia de psy... en me disant qu'il a été rejeté en tant qu'enfant et que je posséderais… "Une image paternel pour lui" ! déblatéra-t-il blasé, en mimant des guillemets sur ses derniers mots.
— Tu sais très bien qu'Eli n'a pas de confiance en lui ! Et ce n'est pas en le rabaissant sans cesse que tu le pousseras vers le haut !
— J'vais pas lui offrir une petite tape amicale à chaque fois qu'il fait du bon boulot quand même ? s'offusqua-t-il.
— Je n'ai pas dit ça..., dit-elle en roulant des yeux. Je dis juste que le féliciter de temps en temps ça ne lui ferait pas de mal et à toi aussi par la même occasion...
— En quoi féliciter mes employés serait une bonne chose pour moi ?
— Tu connais le mot "altruisme" ? Si tu dis à ton employé qu'il fait du bon boulot, il sera plus performant. Par conséquent l'agence évoluera, tu te sentiras valoriser et tu seras plus calme ! Ce qui serait une bonne chose pour tout le monde!
— Ha-ha ! Trouvé ! s'écria-t-il, en brandissant victorieusement un paquet de bonbons. J'savais bien qu'il en avait !
— Tu m'as écouté au moins ?
Il ouvrit le paquet et marmonna:—Ouais...
— Et qu'est-ce que j'ai dit ?
— Loker, être plus gentil, avoir plus d'argent..., déblatéra-t-il avec un autre mouvement de la main avant de gober une friandise.
— T'es pas croyable...
— T'en veux un ? Il tendit son paquet. Elle le refusa. — Mmh comme tu veux...
Il reprit abruptement sa place et écouta son amie reprendre la parole.
— Tu sais bien que le fait qu'il dise toujours la vérité sans retenue n'est qu'un mécanisme de défense pour lui !
— Je sais... J'suis pas stupide non plus ! Il avala d'autres bonbons et allégua presque blasé:—En avouant celle-ci, il pense pouvoir tout contrôler, les autres, en disant ce qu'il pense avant eux, et lui-même en disant ce qu'eux pense de lui avant qu'ils ne le disent !
Les sourcils froncés, Gillian chercha encore à rassembler les dires de son ami lorsque celui-ci s'exclama brusquement :
— Bon, ce n'est pas que parler de Loker toute la soirée soit ch... inintéressant ! se rattrapa-t-il de justesse devant le regard noir de son amie. Mais on pourrait faire autre chose !
— Comme ? Le laboratoire ne regorge pas trop d'activités amusantes comme tu peux le constater.
— J'sais pas de...
Mâchant vigoureusement ses sucreries, il exprima une mine de réflexion puis déclara avec un haussement de sourcils et un grand sourire:
— 2 vérités et 1 mensonge !
— Rhoo Cal…
2 vérités et 1 mensonge. Le jeu favori de l'entreprise. Avec un titre aussi explicite, l'explication restait toute aussi courte. Il suffisait pour chaque adversaire de trouver où pouvait se dissimuler le mensonge entre deux vérités. Avec pour règle: l'obligation de dévoiler des vérités personnelles et une unique chance pour découvrir le mensonge.
— Allez Gill' ça peut être super amusant ! Et puis franchement on n'a pas grand chose à faire...
La psychologue leva les yeux au ciel et accepta avec un léger soupir.
— Génial ! J'commence !
Heureux de la participation de son amie, Cal mangea un nouveau bonbon et énonça:
— Hmm... J'ai déjà mangé un piment entier, ma couleur préférée est le vert, et j'ai appris à jouer de la guitare quand j'étais ado ! Alors ? Où ai-je menti ?
Gillian réfléchit. Elle élimina d'emblée le choix du piment bien qu'elle songea que c'était bien le genre de chose stupide qu'il pourrait faire...
— Hmm... Elle médita encore un instant et proposa incertaine:—Je ne sais pas... La guitare !
— Nope !
— Alors c'était quoi ? Ne me dis pas que c'était la couleur verte parce que je sais que tu aimes le bleu !
— J'ai appris à jouer de la guitare à 14 ans pour impressionner une fille !
— Toi ? s'étonna-t-elle. Jouer d'un instrument pour une fille ? Mais tu es un grand romantique dis moi !
Elle ria et le regarda manger une autre sucrerie avant d'ajouter:
— Elle s'appelait... Rachel ! Rachel Wilson !
— Et tu as réussi à conclure ? l'interrogea-t-elle avec espièglerie.
— Non ! Et pourtant j'lui avais joué la chanson la plus romantique du monde!
— Qui était ?
— All You need is Love !
— Les Beatles ?
— Bah ouais ! Toutes les filles en étaient dingues... Gillian ria de plus belle alors qu'elle imagina son ami dédier cette chanson à l'élue de son coeur. Faussement blessé dans son orgueil, Cal répliqua:—Au lieu de te moquer de moi, joue !
— Ok ! J'ai triché à un examen à l'université ! J'ai failli épouser un milliardaire. Alors qu'elle déblatérait ses réponses, son adversaire pencha sa tête afin de capter la moindre trace de mensonge sur son visage. — Et je suis une fan inconditionnelle de Woody Allen !
Cal savait parfaitement que son amie idolâtrait le réalisateur aux célèbres lunettes rectangulaire et à la philosophie exacerbée. Le mensonge ne pouvait donc pas se trouver là. Il ne restait plus qu'une possibilité...
— Quoi ? s'exclama-t-il, les yeux écarquillés. Tu as failli sortir avec Bill Gates et tu ne m'as rien dit ?
— Rhoo t'es bête ! gloussa-t-elle. Eeet non ce n'était pas ça…
— Attends... tu ne vas pas me dire que... Il regarda pantois sa collègue arborer un magnifique sourire et piquer un bonbon dans son paquet pour le manger. Il était soufflé... — J'y crois pas... La Sainte Gillian a triché à un exam'!
— Pour ma défense, je n'avais pas eu le choix ! Je venais de bosser toute la semaine pour des petits boulots et je n'avais pas eu le temps de réviser !
— Moi qui croyais tout connaître de toi !
— Chacun a ses petits secrets...
— Hmm en parlant de petits secrets, pimentons un peu le jeu...
Un curieux sourire s'étala sur son visage qui avait pris un air machiavélique. Gillian plissa ses yeux de suspicion et réclama souriante:
— Tu proposes quoi ?
— Écoute ça, je l'ai déjà fait dans un avion, dans les toilettes d'un resto chinois et dans la piscine d'une voisine!
— Dans les trois cas t'es un grand malade ! Tu le sais ça ?
Il tourna avec sa chaise de droite à gauche en approuvant fièrement:
—Yep ! C'est ce qui fait mon charme !
— Je pense que tu l'as déjà fait dans un resto chinois...
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, peut-être parce que tu commandes souvent chinois !
— Nope !
— Donc... tu l'as fait dans un avion et dans une piscine..., résuma-t-elle éberluée par ces vérités.
— Yep !
— Sérieusement ?
— Ouaip ! Pour l'avion j'te passe les détails, balaya-t-il d'un revers de la main. Elle leva les yeux au ciel en réponse. — Mais pour la piscine, j'avais 20 ans, c'était une fille avec qui j'étais sorti deux ou trois fois. Une vraie cinglée ! On était en hiver, il faisait -15 ! J'men souviens parfaitement car en sortant de l'eau j'avais attrapé une fièvre virulente ! Coincé au lit pendant deux semaines !
— Et elle n'a pas pu te réchauffer après ça..., plaisanta-t-elle avec un lourd sous-entendu.
— Très drôle… Non, après ça j'ai fait le mort pour ne plus la revoir !
— Ben voyons, c'est tellement plus simple que de dire "excuse-moi mais je crois qu'on devrait arrêter là".
— C'est clair ! Bon aller à toi !
— Pff les mecs... Bon alors... Ma première fois c'était avec un homme de 5 ans plus âgé que moi...
— J'espère que ce n'est pas celle là ! Il croisa ses doigts pour se donner plus de chance. Elle sourit et continua :
— Ma cousine avait eu la bonne idée de m'offrir le livre du "Kamasutra" à mon mariage et j'ai fait ça une fois avec un anglais...
— Le livre ? demanda-t-il avec une légère grimace d'appréhension. Il espéra réellement que cela soit la bonne réponse.
— Nope, l'anglais !
— Rhaaa dommage ! L'anglais m'étonnais un peu aussi...
— Pourquoi tu dis ça ?
— Si tu étais sorti avec un anglais, tu serais encore avec lui !
— Et pourquoi ça ?
— Bah dans ce domaine... on excelle !
Il haussa ses sourcils de manière subjective. Elle ria et lui aussi.
— Un homme de 5 ans de plus ? fit-il amusé. Et ben, j'espère que tu avais l'âge de boire de l'alcool sinon cela pourrait être considéré comme du détournement de mineur!
L'expert en mensonge continua de rire puis s'étrangla avec un bonbon à la vue du petit sourire en coin de la femme. Dites lui qu'il rêvait...
— Oh mon dieu ! Dr Gillian Foster ! Ne me dis pas que tu avais juste l'âge de conduire quand tu l'as fait ?
Avec un sourire mystérieux, elle se pencha en avant, piqua un autre bonbon et le mangea. Cal comprit que son amie n'en dirait pas plus mais pointa son visage avec son index en alléguant:
— Mouais... Tu ne me le diras jamais mais ton visage parle pour toi !
— Aller à toi maintenant !
— Hmm... Il prit le temps de méditer sa proposition. Il contempla avec attention la superbe femme au sourire ravageur puis une idée traversa son esprit mal tourné. C'était une occasion unique de l'amener sur ce terrain là, mais devait-il prendre le risque ?
— Je n'aime pas M. Best Seller, j'ai lu son livre plus de 6 fois et... je te trouve super sexy quand tu portes cette robe rouge...
Il pinça sa lèvre inférieure et reluqua la psychologue des pieds à la tête. Il savait parfaitement qu'elle connaissait la réponse. À ces mots, elle ravala sa surprise et décroisa ses jambes pour les re-croiser dans l'autre sens. Cela ne pouvait pas être ça... Et pourtant son visage affirmait tout le contraire. Elle regarda son ami avec suspicion et souffla:—Tu n'as jamais lu le livre de Grayson…
— À toi !
Il arbora un grand sourire et se demanda intérieurement si elle allait ou non entrer dans son jeu. Un silence se glissa entre les deux joueurs. Elle fixa de manière assez intense son collègue et…
— J'ai toujours eu un penchant pour Loker... Cal exprima une trace de dégoût à cette idée. Cela fit intérieurement rire la psychologue qui continua: — Je trouve ton accent anglais super sexy et... Grayson et moi, ce n'est pas sérieux.
Un large sourire s'était agrandi sur le visage de Lightman. Elle était entrée dans son jeu... D'une petite moue de sa bouche, il certifia presque de manière détachée:
— Loker.
— À toi ! dit-elle avec un fin sourire.
— J'aime le thé, je n'ai jamais regardé un film de Tarantino et je me contrôle tous les jours pour ne pas te sauter dessus...
Gillian ria à cette dernière proposition et répondit: — Tu es un grand fan de Tarantino.
Cal sourit puis lui indiqua d'un geste de la main que la réponse était correct.
— Je sors avec Grayson principalement pour te voir jaloux, je déteste le pouding et tu es l'homme le plus dingue que je connaisse !
L'expert en mensonge ria légèrement puis confirma en la pointant du doigt:
— Le pouding.
— Mmh Mmh.
Il ancra son regard dans celui attentif de la psychologue et déblatéra avec un extrême sérieux:
— À cet instant précis, je me dis que la table à côté de nous va nous servir à autre chose qu'à travailler, j'ai déjà dit à Loker qu'il faisait du bon boulot, et je trouve ta mère insupportable !
— Je vois...
Elle savait parfaitement où se situait la vérité mais ne désira pas pour autant la proclamer. Il voulait la déstabiliser mais c'était mal la connaître. Elle passa une main séductrice dans ses cheveux blonds et dit:—Hmm... J'ai lu le livre de Grayson seulement pour qu'il arrête de m'en parler ! Quand je te regarde j'ai envie de t'embrasser et un jour j'ai eu envie de travailler avec Jack Rader.
— Le livre ! proposa-t-il, en sachant parfaitement que ce n'était pas ça.
— Nan !
Elle se pinça la lèvre inférieure avec ses dents. L'expert en langage corporel aperçut le geste séducteur avec une certaine excitation interne. Cette femme allait le tuer ! Incontrôlable, il passa sa langue sur ses lèvres et s'avança d'un seul coup avec sa chaise à roulettes jusqu'à se retrouver à quelques centimètres de son corps. Les pupilles dilatées, il posa ses mains sur chaque accoudoir du fauteuil où la psychologue était installée. Yeux dans les yeux. Il déclara: — Je suis ton ami, j'ai toujours pensé vouloir être plus que ça et cette limite entre nous, bousille toutes mes journées !
Foster se figea complètement. Cal ne la lâcha pas du regard. Un silence extatique se propagea. Tout d'un coup… le téléphone de Cal s'éteignit par manque de batterie. La pièce plongea dès lors dans l'obscurité presque totale. Cal sentit le souffle chaud de sa collègue caresser sa bouche. Il n'en pouvait plus. Il serra avec force les accoudoirs. L'impossibilité de devoir encore se contrôler le ravagea. Gillian ferma ses yeux d'enivrement et souffla: — Je crois que cette limite est la pire idée qu'on ait eu, je n'aime pas ton humour et... Elle déglutit et termina avec un sourire: — Je t'aime.
Sans plus attendre, Cal fondit littéralement sur les lèvres de la psychologue. Il venait de perdre totalement ses esprits. Elle s'abandonna complètement à son nouvel amant puis entoura son cou lorsqu'il se révéla plus insistant en approfondissant leur baiser. Heureux de cette initiative, il sourit contre ses lèvres et l'obligea à se lever en l'embrassant. Il la transporta dans ses bras alors qu'elle emprisonna sa taille avec ses jambes. Sa maîtrise depuis longtemps disparut, Cal plaqua Gillian contre une armoire et l'embrassa avec fougue. Durant de longue secondes passionnées, leur langue se caressa et leur souffle s'intensifia. Il était vraiment doué pour un expert en langage corporel songea-t-elle exaltée en caressant ses cheveux courts. Il se déplaça avec elle dans ses bras jusqu'au bureau de Loker et valdingua tout ce qui était sur la surface. Il la posa sur la table, l'embrassa encore avec passion et l'obligea à s'allonger.
— Caméra..., signala-t-elle alors qu'ils s'embrassaient toujours.
— Éteinte...plus d'électricité... répondit-il de manière saccadée. Il passa sa main le long de sa cuisse, embrassa son décolleté et l'entendit gémir de plaisir. Chacun de ses gestes étaient lents et sensuels. Elle adorait ça, mais à vrai dire cela la rendait plus folle d'envie d'aller au but ultime que de continuer à se découvrir comme des adolescents. Il dépassa la limite de son entrejambe puis, n'en pouvant plus, elle se redressa et déclara:
- Oh bon sang... Ok fini de jouer !
Elle déboutonna la chemise de l'homme qui ne resta pas inactif en descendant la fermeture éclair dorsal de sa robe. Ils continuèrent de sauvagement s'embrasser lorsque la lumière fit soudainement apparition dans la salle. Cela n'arrêta pas pour autant les deux experts en mensonge dans leur soif avide de sens et de plaisir sensuel. Des coups résonnèrent contre la porte vitrée du laboratoire. Aucune réaction, jusqu'au moment où ceux-ci devinrent plus insistants. Ils stoppèrent dès lors tout mouvement. Leurs lèvres toujours scellées, ils tournèrent lentement leur tête en direction du bruit pour découvrir avec stupéfaction un homme avec une boîte à outils de l'autre côté de la porte vitrée.
— Oups ! lâcha Lightman à moitié dénudé. Foster lui jeta un regard noir alors qu'il s'exclama la bouche en cœur: — Quoi ?
— Retourne-toi et cache-moi !
— Pourquoi j'aime bien la vue moi !
— Cal !
— O-kay... Moi qui croyais que tu voulais que je devienne un personne altruiste!
— Je ne vois pas le rapport !
Elle plaça Cal face à elle, et commença à remettre de l'ordre dans ses habits. Transformé en paravent humain, Cal jasa:—Bah en le laissant te regarder t'habiller je fais preuve de générosité non ?
La seule réponse qu'il obtenu fut celle d'une légère frappe sur le haut de son crâne.
— Ouch ! Hey faut savoir !
Il massa sa tête devenue douloureuse alors que la psychologue leva ses yeux au ciel et s'approcha de la porte de sécurité. L'homme derrière la vitre lui indiqua avec son doigt de taper le code sur le boitier de commande. Elle hocha positivement la tête puis procéda à la requête. C'est avec soulagement qu'elle pu enfin ouvrir la porte blindée.
— B'jour M'sieur Dame, je suis l'électricien que vous avez appelé !
Cal réajusta sa chemise ainsi que sa veste et répliqua:
— Argh je croyais que c'était Angelina Jolie !
L'électricien fronça ses sourcils d'incompréhension. L'humour Lightmanien était incompréhensible… Gillian soupira et objecta:—Laisser tomber ! Alors, vous avez réussi à réparer la panne ?
— Heu... Oui ! C'était pas très compliqué, tout fonctionne désormais parfaitement. Le problème c'était que votre porte de sécuritée n'est pas connectée au groupe électrogène de secours. Ce qui est dommage puisque vous auriez pu sortir plus vite ! J'peux faire des branchements si vous vous voulez...
— Oh non ! réfuta l'expert en mensonge avec précipitation.
D'un même mouvement, la tête de Gillian et celle de l'électricien se retourna interloquée sur sa personne.
— Heu...enfin je veux dire que c'est très bien comme ça ! Et puis niveau fric on est un peu juste ! C'est à peine si on peut payer nos employés alors imaginez refaire toute l'électricité ça serait la clé sous la porte et...
— Cal ! l'arrêta-t-elle.
— O—k... soupira l'électricien incrédule. Bon bah j'dois encore voir d'autres personnes, j'vous laisse. Oh et pour la note c'est à quel ordre ?
— Groupe..., commença à répondre Gillian, vite couper par son ami avec un grand sourire: — Rader !
— Groupe Lightman ! rectifia-t-elle d'un regard réprobateur pour son ami.
— Vous êtes sûr parce que... ?
— Lightman ! répéta-t-elle avec vigueur.
— Ok, bon bah je vous donnerai la note demain alors !
— Oh joie..., marmonna ironiquement Cal.
— Au revoir M'sieur M'dame.
— Merci encore, dit Gillian, en regardant l'électricien disparaître de leur vue. Bras croisés contre son corps, elle se retourna vers son nouveau compagnon pour lui lancer un regard des plus noir qu'il puisse exister. Il ne comprit pas la raison de ce ressentiment à son égard et s'exclama avec les bras écartés:
— Quoi ?!
— Tu n'es pas possible... D'un volte-face, elle rejoignit le couloir principal suivit des pas rapides de son ami qui lui courut après afin de passer un bras autour de sa taille. Ils marchèrent, bras dessus bras dessous, vers la sortie et dit:
— Rhaa luv'... Je suis désolé, tu sais que j'peux pas m'en empêcher...
— De quoi ? De faire des blagues stupides ou d'embêter Jack dès que tu le peux ?
Il émit une petite moue de sa bouche et lâcha:—Les deux !
— C'est pas vrai..., soupira-t-elle exaspérée. Il remarqua son air un peu contrit et trouva une brillante idée pour retrouver son sourire qu'il aimait tant...
— Je pense que Loker est mon meilleur employé, il peut toujours rêver pour une promotion et je t'aime.
Gillian ria légèrement.
— Mouais...Tu sais bien te rattraper...
— Alors ? Pardonné ?
En marchant, il plissa ses yeux d'appréhension et attendit anxieusement sa réponse. Il avait toujours été très doué pour les excuses. Il fallait bien l'avouer, elle ne pouvait pas lui résister.
— Oui...
Cal sourit comme un dingue et l'embrassa.
— Ça te dis de continuer ce qu'on a commencé ici, chez moi...Hein ? suggéra-t-il, d'un haussement subjectif de ses sourcils. Il n'en ratait pas une. Elle arbora un sourire enjôleur et répondit: — Je pense que cela peut se faire..
— Bah alors dépêchons nous parce que sinon je crois que j'vais pas pouvoir me contrôler bien longtemps !
Il souleva la jeune femme qui ria comme si c'était pas permis puis traversa activement tout le couloir avec elle dans ses bras.
Le lendemain matin, Cal se réveilla à la lueur du jour. Il tourna sa tête sur le côté et élargit son sourire en découvrant la femme dormant paisiblement à ses côtés.
— Arrête de me fixer Cal...
Pas si endormie que ça... Il se déplaça sur le matelas et se positionna au dessus de sa compagne qui gardait les yeux fermés. L'expert mensonge sourit de plus belle lorsqu'il remarqua qu'elle essayait de lui dissimuler son amusement. Il pencha lentement sa tête et captura tendrement ses lèvres. Elle mêla sa langue à la sienne puis il s'écarta de son visage pour plonger son regard amoureux dans celui bleuté de sa nouvelle petite-amie.
— Hello, souffla-t-il tout sourire.
— Hello, s'amusa-t-elle par ce réveil "Made in Lightman".
Il nicha sa tête contre son cou, le mordilla en chuchotant: — J'ai pas envie d'aller au boulot aujourd'hui. Elle passa ses bras dans son dos et répondit avec un sentiment de bien être:—Ben voyons et tu sais que l'électricien doit passer ce matin pour qu'on paye la note de frai ?
— Mmmh…Loker…s'en…occupera..., répliqua-t-il, en ponctuant chacun de ses mots par un baiser. Il déplaça sa bouche sous sa mâchoire et l'embrassa voluptueusement. En extase, elle retomba un peu plus sa tête en arrière pour lui laisser un libre accès. Un long soupir d'aise s'échappa de ses lèvres.
— Ok ! Tu as gagné ! On reste ici mais juste ce matin !
— Ah bon ? Parce que j'avais perdu ? ria-t-il.
— Rhoo tais-toi et embrasse-moi !
— Yep !
L'homme s'exécuta joyeusement. Le baiser s'intensifia et évolua rapidement en quelque chose de plus en plus fougueux. L'excitation commune amena Cal à passer à la vitesse supérieure. Il caressa et embrassa avec expertise sa poitrine puis descendit sa main jusqu'à ses cuisses lorsque, sans comprendre pourquoi, Gillian l'arrêta en repoussant sa tête à quelques centimètres de son visage. Coupé dans son élan, il protesta:
— Gillian !
— Je viens de penser à un truc !
— Mouais et bah moi aussi mais tu viens de me le briser !
— Non, je parle sérieusement Cal !
— Quoi ? demanda-t-il vraiment très frustré.
— Les caméras de surveillance sont branchées au groupe électrogène de secours non ?
Les deux amants s'échangèrent un regard, arborèrent la même expression de stupéfaction et tournèrent simultanément leur tête en direction du réveil posé sur la table de nuit. Une vague d'angoisse s'empara de Gillian qui s'exclama inquiète: — Il est 8h ! Les employés arrivent dans 30 min au bureau ! Et c'est toujours Loker qui...
— Regarde les vidéos de surveillance de nuit..., finit Cal pour Gillian. Ils se regardèrent à nouveau. Un silence. D'un seul bond, ils quittèrent leur lit avec précipitation. Pendant que Cal tentait vainement de remettre son pantalon en sautillant sur place, Gillian était descendue au rez-de-chaussé afin de récupérer sa robe qu'elle avait abandonné au sol la veille au soir.
— Commence à démarrer ma voiture, je te rejoins ! cria l'expert en mensonge, encore en plein combat vestimentaire dans sa chambre, pour que la psychologue puisse l'entendre.
— Elles sont où tes clefs ?! cria-t-elle paniquée. Cal essaya d'enfiler sa deuxième jambe de son pantalon, mais perdit inexorablement l'équilibre et retomba lourdement au sol en jurant: — Ah merde ! Il se débattit avec son jean au sol et s'écria:— Dans le vide poche !
— Elles y sont pas !
— Mais si, regarde bien !
— Je te dis qu'elles y sont pas !
— Rhooo mais... Il termina de mettre son pantalon récalcitrant puis courut rejoindre Gillian au rez-de chaussé. — Je te dis qu'elles sont...
— Laisse tomber Cal, soupira Gillian d'un air dépité.
— Pourquoi ?
Pour seule réponse, elle lui présenta un petit mot et il lut :
— Et merde..., pestiféra encore Cal. Il échangea un regard désabusé avec la psychologue et songea qu'il devrait donner une promotion à Loker s'il voulait qu'il se taise sur les images compromettantes qu'il s'apprêtait à visionner. Bien que cela n'était pas gagné d'avance...
FIN*
Moral de l'histoire : Mentir : C'est pas bien ! Hééé oui Gillian a trompé Grayson ! Ah bah oui... Elle a fait certaines choses avec l'expert en langage corporel... sans avoir rompu avec M. Best Seller ce qui fait qu'elle l'a trompé dans son dos. Une seule chose à dire : OH-Mon-Dieu ! Je suis choquée Gillian ! Donc ce qui arrive à nos experts est: juste ! Muhahaha Dommage qu'on ne soit pas là pour voir Eli regarder la vidéo ! Ça doit être bien drôle...!
FIN*
Moral de l'histoire : Mentir : C'est pas bien ! Hééé oui Gillian a trompé Grayson ! Ah bah oui... Elle a fait certaines choses avec l'expert en langage corporel... sans avoir rompu avec M. Best Seller ce qui fait qu'elle l'a trompé dans son dos. Une seule chose à dire : OH-Mon-Dieu ! Je suis choquée Gillian ! Donc ce qui arrive à nos experts est: juste ! Muhahaha Dommage qu'on ne soit pas là pour voir Eli regarder la vidéo ! Ça doit être bien drôle...!